Les Rameaux
Zacharie 9:9-10 , Matthieu 21:1-9
Culte du 9 avril 2017
Prédication de pasteur Gilles Castelnau
Vidéo de la partie centrale du culte
film réalisé bénévolement par Soo-Hyun Pernot
Culte du dimanche 9 avril 2017
prédication pasteur Gilles Castelnau
Nous sommes en 333 avant Jésus-Christ.
Alexandre le Grand surgit de Macédoine et de Grèce. Avec sa grande armée, il traverse la Turquie et arrive au Proche-Orient. La ville de Tyr, en Phénicie prétend résister : Alexandre la prend, fait massacrer 8000 habitants et en fait vendre 30 000 comme esclaves. Les autres villes ont compris et ouvrent leurs portes au vainqueur prestigieux.
Il est, en effet séduisant. Il apporte la brillante culture hellénistique avec ses constructions à colonnes, ses théâtres, ses concerts, ses courses de chevaux, ses Dieux, ses philosophes, sa vision moderne de la société et du monde. C’est une magnifique ouverture intellectuelle et spirituelle, culturelle. Par contraste la manière d’être ancienne paraît bien terne, étroite, ennuyeuse.
Alexandre arrive sur son char de guerre, entouré de ses officiers. Il est jeune et brillant, volontaire, capable, vivant, dynamique. Il traverse Israël, il va en Egypte. Il fonde Alexandrie. Les prêtres le nomment « Dieu ».
Sa prestance impressionnait. C’était un libérateur, un jeune Dieu. Tout le monde était ébloui : sa puissance, sa vision moderne. Il a du succès. Il embauche les garçons dans sa cavalerie et les filles lorgnent les beaux uniformes. Il encourage ses soldats à épouser des filles du pays. Lui-même épousera la belle Roxane, une fille de Babylone, car il va continuer sa marche en avant à travers l’Iraq, l’Iran, l’Afghanistan, jusqu’à l’Inde. Un enthousiasme nouveau apparaît. On se sent dirigé, respecté, ouvert à un monde nouveau.
Évidemment c’était la loi des victorieux, des forts, des « sauveurs ». Tant pis pour les faibles, ceux qui ne savaient pas monter à cheval qui n’ont pas d’initiatives... tant pis : cela fait plaisir quand les choses marchent.
Le prophète Zacharie semble participer à l’enthousiasme général. Il proclame sur le mont du Temple : Sois transportée d’allégresse, fille de Sion ! pousse des cris de joie fille de Jérusalem Voici ton roi vient à toi. Il est juste et victorieux.
« Il est juste » . Bien sûr on n’oublie pas ce qu’il a fait à Tyr, ses 8000 massacrés et 30 000 esclaves. Mais après tout tant pis pour eux : ces gens étaient frileux, il fermaient leur porte à la modernité dynamique. Mais que suggère Zacharie en disant qu’il est « juste » ?
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On se souvient de la liturgie de couronnement des rois d’Israël que l’on répète souvent et qui prend place parmi les Psaumes :
Psaume 72
O Dieu, donne ton jugement au roi et ta justice à ce fils de roi !
Pour qu’il conduise ton peuple avec justice
et tes malheureux avec équité.
Pour qu’il fasse droit aux malheureux du peuple,
et qu’il sauve les enfants du pauvre
Le roi dont on attend qu’il fasse régner l’ordre juste de Dieu dont il est l’oint, le messie, le christ, est de promouvoir la justice où, selon le slogan plusieurs fois répété chacun pour vivre en paix « sous sa vigne et sous son figuier » (I Rois 5.5)
Mais ce n’est pas tout à fait ce qui se passe avec Alexandre. D’autant plus que Zacharie continue :
Il est doux et monté sur un âne, sur un âne,
le petit d'une ânesse.
Je détruirai (dit Dieu) les chars de combat
et les chevaux de Jérusalem
Les arcs de guerre seront anéantis.
Il annoncera la paix aux nations
Le roi d’Israël que l’on couronnait avec ces paroles liturgiques, celui que l’on attendait toujours, qui ne venait jamais mais dont on gardait l’idéal dans le cœur ne devait pas être dominateur. Il ne devait pas faire de massacre, ni vendre des esclaves. Il était un roi de justice et de paix. Il apportait la paix aux nations.
la paix aux nations se dit en hébreu : « chalôm la goïm ». Le « chalôm » est plus que l’absence de guerre, c’est une paix intérieure totale. Chacun sous sa vigne et sous son figuier et buvant l’eau de sa propre citerne.
Ce roi annoncé par Zacharie n’était donc pas Alexandre. Aucun autre non plus n’est venu investi de ces éminentes qualités. On a pourtant continué à lire le Psaume 72 et à l’enseigner aux enfants. Il représente bien le roi qui est digne de notre fidélité. Les croyants ne pourront pas donner vraiment leur cœur à un autre.
Nous sommes en l’an 33 de notre ère.
Jésus, justement, entre à Jérusalem monté sur un âne, comme le rapportent les évangélistes. Ceux-ci écrivent un demi siècle plus tard mais ils attribuent tout naturellement à Jésus la qualité du messie dont parlait Zacharie.
N’a-t-il pas dit, par exemple : Heureux les doux, la terre leur appartiendra (Mat.5.5).
Jésus est celui qui, par ses paroles et par ses actes répondait parfaitement au roi couronné par la liturgie du Psaume 72. Il est celui à qui on peut véritablement donner son cœur.
Zacharie proposait une alternative au règne d’Alexandre, les évangélistes en proposent désormais une aux règnes de Ponce Pilate, de Tibère, de Néron, de Domitien... Un règne si beau, (bien plus que ne l’avait été celui d’Alexandre, bien plus que ne peuvent l’être les règnes des empereurs si prestigieux de Rome la magnifique.), si enthousiasmant que les premiers chrétiens ont même souvent affronté le martyre plutôt que de renoncer à cet idéal.
Nous sommes en l’an 2017
Et nous lisons encore Zacharie et Matthieu et nous pouvons nous aussi sentir notre cœur s’émouvoir et se gonfler à cette histoire d’entrée du roi sur un âne dans Jérusalem. Zacharie interpellait les Israélites de l’an 333 en leur demandant s’ils avaient raison d’approuver celui qui entrait dans Jérusalem sur son cheval de guerre. Convenait-il vraiment de lui être fidèle ? Son royaume est-il vraiment le nôtre ? Les évangélistes posaient à nouveau la question à propos de celui dont ils disaient qu’il était entré dans Jérusalem sur un âne.
Nous pouvons nous aussi nous vouloir plutôt citoyen d’un roi comme celui dont parlait Zacharie et qu’incarnait Jésus, un roi préoccupé de justice, de paix et d’ouverture aux nations. Un roi virtuel, certes, mais dont on aime l’ambiance, le style, la politique, la morale. Un idéal auquel on donne son cœur.
Aujourd’hui en France il y a aussi et toujours des idéaux qui s’opposent, plusieurs manières de considérer la vie des hommes et de prendre position. Parmi tous les dirigeants qui se proposent de régner dans nos vies, il nous faut discerner l’idéal qu’en réalité nous acclamons.
Être fidèle à Dieu, confesser notre foi en Dieu est exercer nos yeux à regarder le mode, non avec les yeux d’Alexandre, de Tibère ou de Domitien mais avec les yeux du roi dont parle Zacharie, couronné au son du chant du Psaume 72, les yeux de Jésus entré à Jérusalem sur un âne.
On reconnaît les chrétiens à l’Esprit qui les anime, Esprit qui animait Zacharie et Matthieu, Esprit de justice, de paix et de chalôm aux goïm, d’ouverture aux nations.
Lecture de la Bible
Zacharie 9:9-10
9 Sois transportée d’allégresse, fille de Sion! Pousse des cris de joie, fille de Jérusalem! Voici, ton roi vient à toi; Il est juste et victorieux, Il est humble et monté sur un âne, Sur un âne, le petit d’une ânesse.
10 Je détruirai les chars d’Ephraïm, Et les chevaux de Jérusalem; Et les arcs de guerre seront retranchés. Il annoncera la paix aux nations, Et il dominera d’une mer à l’autre, Depuis le fleuve jusqu’aux extrémités de la terre.
Matthieu 21:1-9
1 Lorsqu’ils approchèrent de Jérusalem, et qu’ils furent arrivés à Bethphagé, vers la montagne des Oliviers, Jésus envoya deux disciples,
2 en leur disant: Allez au village qui est devant vous; vous trouverez aussitôt une ânesse attachée, et un ânon avec elle; détachez-les, et amenez-les-moi.
3 Si, quelqu’un vous dit quelque chose, vous répondrez: Le Seigneur en a besoin. Et à l’instant il les laissera aller.
4 Or, ceci arriva afin que s’accomplisse ce qui avait été annoncé par le prophète:
5 Dites à la fille de Sion: Voici, ton roi vient à toi, Plein de douceur, et monté sur un âne, Sur un ânon, le petit d’une ânesse.
6 Les disciples allèrent, et firent ce que Jésus leur avait ordonné.
7 Ils amenèrent l’ânesse et l’ânon, mirent sur eux leurs vêtements, et le firent asseoir dessus.
8 La plupart des gens de la foule étendirent leurs vêtements sur le chemin; d’autres coupèrent des branches d’arbres, et en jonchèrent la route.
9 Ceux qui précédaient et ceux qui suivaient Jésus criaient: Hosanna au Fils de David! Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur! Hosanna dans les lieux très hauts!
(Cf. Traduction Colombe)
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