Le loup et l’agneau vivront ensemble...
Ésaïe 11:1-6
Culte du 12 décembre 2010
Prédication de pasteur Marc Pernot
( Ésaïe 11:1-10 )
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Culte du dimanche 12 décembre 2010 à l'Oratoire du Louvre
prédication du pasteur Marc Pernot
Nous sommes parfois déçus par ce monde qui est comme une jungle où les loups dévorent les agneaux, un monde où les ours, les lions sauvages agressent les plus faibles, les malheureux, des peuples entiers de pauvres gens. Nous sommes parfois déçus de nous-mêmes parce que cette violence du monde... nous la reconnaissons en nous-mêmes, si nous voulons bien être lucide et honnête une seconde. Ce texte d’Ésaïe, mais aussi l'Évangile de Noël, nous disent que Dieu a pour projet de nous sauver. Que Dieu est auprès de nous pour nous sauver.
Dieu ne nous rejette pas, ni le loup qui est en nous, ni l’agneau qui est en nous. L’un comme l’autre sont des créatures magnifiques dans leur genre. Dieu ne vient pas pour détruire ce monde mais pour le sauver. Il fait tout pour que le méchant progresse, Dieu ne se moque pas de ceux qui ont besoin de tendresse, il ne méprise pas l’incapable que tous méprisent… Dieu vient pour réconcilier partout le loup et l'agneau, la panthère et le veau. Il vient pour que le puissant devienne capable d’aider le faible, que le fort soit au service de ce qui est beau et bon, de ce qui est juste. Il vient nous aider à réconcilier toutes les dimensions de notre être, pour réconcilier notre force, nos blessures et notre soif de reconnaissance, nos muscles et nos élans spirituels.
Nous sommes parfois inquiet pour l'avenir, certains se sentent comme dans une impasse, voués à la mort dans un monde usé, pollué, fini. Et bien non, nous dit Dieu. Même d'une vieille souche pourrie, il peut sortir une nouvelle pousse. Quand l'Esprit nous anime, nous sommes ce frais rameau plein de vie et de bonté... Vous, individuellement, même si vous êtes petits, pauvres, même si vous ne savez pas bien lire, même si vous avez des penchants de loup féroce ou de sanglier furieux… vous êtes la partie vivante du monde, vous êtes son avenir, vous êtes la joie de Dieu, vous êtes même, ou vous pouvez être, son bras puissant, sa bouche, son cœur et étant avec lui...
En Jésus de Nazareth, nous comprenons ce que la promesse d’Ésaïe signifie. C’est le salut dont parle ce texte que nous fêtons à Noël.
Mais que fêtons nous donc à Noël ? Est-ce que nous fêtons un surhomme, comme ces héros de la mythologie grecque, pleins d’une force extraordinaire comme Hercule, ou pleins de sagesse et d’intelligence ?
Non, ce n’est pas cela que nous fêtons en Jésus. Ce n’est pas un Dieu ou un demi-dieu qui nous aurait rendu visite sur terre que nous fêtons. Ce que nous fêtons c’est qu’en lui, en Jésus de Nazareth, le salut de l’Éternel a été donné aux humains de toutes les nations. Que ce salut nous a été donné et qu’il n’y a plus qu’à tendre la main, l’esprit et le cœur pour en vivre, pour que nous devenions comme un frais rameau qui deviendra un bel arbre plein de vitalité.
Dans le livre du prophète Ésaïe, quelques pages avant ce passage que nous lisons aujourd’hui, il y a une prophétie qui annonce la venue du messie, et Ésaïe propose qu’on l’appelle « Emmanuel » c’est-à-dire « Dieu avec nous ». C’est vrai qu’en Christ, on voit vraiment que Dieu est avec nous, mais ce terme d’Emmanuel est ambigu, certains auraient pu penser que le Christ serait Dieu qui s’est fait homme, Dieu qui se promènerait comme en sandale sur les chemins et dans les villages d’Israël. La Bible n’a jamais dit ça, Dieu est Dieu. La Bible n’a jamais dit, à mon avis, que Jésus serait un surhomme, et encore moins qu’il serait Dieu, ni même un demi-Dieu (comme dans la mythologie grecque qui raconte des histoire où des dieux font des enfants avec des femmes humaines). Non, ce n’est pas cela que dit la Bible, ce n’est pas de cela que parle Ésaïe dans cette prophétie, ce n’est pas ce genre de contes que nous célébrons à Noël.
Ce que Dieu nous donne en Jésus, ce que nous fêtons à Noël est bien plus intéressant pour nous, car cela nous concerne bien plus directement qu’un conte à dormir debout.
Ce qui est donné en Jésus, c’est le salut de l’Éternel, le salut qui nous est donné.
C’est pourquoi Jésus n’a pas été appelé, finalement, Emmanuel « Dieu parmi nous », mais il a été appelé Jésus, c’est à dire « le salut de l’Éternel ». Jésus n’est pas Dieu fait homme, la Bible n’a jamais dit ça. Jésus, c’est le salut de Dieu donné au monde, Jésus c’est la Parole de Dieu faite chair, nous dit l’Évangile selon Jean, c’est le salut de Dieu qui illumine chaque humain, précise-t-il, donnant le pouvoir à chacun, par la foi, de devenir véritablement enfant de Dieu (Jn 1).
De qui donc parle Ésaïe quand il annonce une personne extraordinaire, pleine de sagesse et de force, pleine de bonté, bourrée de capacité pour faire du bien autour d’elle ? C’est de nous, il parle de chaque être humain, et donc de vous-mêmes, en tout premier lieu.
L’Évangile est une bonne nouvelle pour chacun, ce n’est pas un merveilleux petit conte de Noël avec un Dieu qui descend rendre visite aux hommes comme le Père Noël avec ses rennes. En Jésus, ce qui devient merveilleux, c’est nous-mêmes, c’est la vie en ce monde qui devient enthousiasmante, nous donnant envie de faire mille bons projets, c’est notre cœur et notre tête qui deviennent merveilleux, avec mille bons sentiments pour ceux que nous rencontrons. Et c’est nos bouches qui parlent alors pour faire vivre et non pour tuer, nos bras qui se tendent et nos mains qui s’ouvrent.
Alors, nous dit Ésaïe,
un rameau sortira du tronc d’Isaï…
l’Esprit de l’Eternel reposera sur lui:
Esprit de sagesse et d’intelligence,
Esprit de bon sens et de force,
Esprit de foi en l’Eternel….
C’est de nous qu’Ésaïe parle avec cette image d’un frais rameau plein de promesse et de vie.
C’est de nous qu’Ésaïe parle quand il évoque une personne sur qui repose vraiment l’Esprit de l’Éternel, un Esprit plein de sagesse et d’intelligence, plein de bons sens, de force et de foi.
C’est de nous qu’Ésaïe parle quand il raconte que le loup et l’agneau feront équipe ensemble.
C’est de nous qu’il est question et c’est cela que le Christ nous montre, c’est cela qu’il nous rend possible en nous montrant ce que donne le projet de Dieu.
Bien entendu, ce n'est pas pour demain que les lions brouteront de l'herbe et qu’ils seront amis des gazelles. Ésaïe n’est pas un imbécile et il n’a pas pensé une seconde que l’on lirait au pied de la lettre l’histoire qu’il raconte. C’est comme si, pour les fables de La Fontaine, on essayait de nous faire croire qu’il existe vraiment des renards qui parlent aux corbeaux pour leur faire lâcher le fromage qu’ils ont dans le bec. On est vraiment pas obligé de lire la Bible comme ça. Jésus n'a pas cherché à évangéliser les loups pour qu’ils soient plus gentils. Et Jésus n’est pas un loup transformé en agneau, il n’est pas non plus un dieu transformé en homme… Le loup que le Christ convertit, ce loup c’est une part de nous-mêmes. Cette vielle souche d’arbre morte qui reprend vie, c’est notre cœur trop sec, c’est notre monde, c’est notre vie quand elle a perdu le sens, perdu espoir, quand elle se sent enfermée, prisonnière de la mort.
Jésus n’est pas un héros de la mythologie grecque. Il nous montre l’exemple, en incarnant le salut de Dieu. Si on fait de Jésus un Dieu, l’histoire est belle, mais quel rapport y aurait-il alors entre Jésus et nous ? Au contraire, Jésus nous montre que le salut de Dieu n'est pas un événement auquel on assisterait en spectateur, mais que ce salut de Dieu est une conversion de notre propre être qui nous est proposée par Dieu. Le salut de Dieu est vécu par Jésus-Christ pour que nous le vivions. Ce salut de Dieu est donné en Christ pour qu’il s’incarne en nous de trois façons essentielles nous dit ici Ésaïe.
Un rameau sortira du tronc d’Isaï,
Et une pousse nouvelle naîtra de ses racines
Par ce salut, nous sommes encore nous-mêmes, nous sommes encore issus d’une famille comme David descend d’Isaï, nous sommes héritiers d’une culture et d’une histoire qui sont la nôtre. Et pourtant l’Esprit de Dieu nous ouvre à des dons surnaturels, bien au-dessus de ce que nous aurions été capables avant. La souche existe elle est solide, mais elle ne progresse pas. Le petit rameau, lui, est vivant, il grandit, progresse.
Ésaïe abandonne alors la métaphore de l’arbre pour mieux décrire ce que nous pouvons attendre comme dons surnaturels :
l’Esprit de l’Eternel reposera sur lui:
Esprit de sagesse et d’intelligence
Le projet de Dieu c’est de nous donner de savoir la vraie valeur des choses, des gens et de la vie. Le projet de Dieu c’est de nous donner de voir d’où tout cela vient et où tout cela peut mener, de voir ce qui est invisible et que seule le cœur peut voir, ce que seule l’espérance peut voir…
Esprit de bon sens et de force
Le projet de Dieu, c’est de nous donner du bon sens, c’est là une extraordinaire qualité qui rend capable de réfléchir par nous-mêmes et de bien décider. Dieu veut nous donner aussi un Esprit de force qui nous permet de nous dominer nous-mêmes, d’abord, pour effectivement faire ce que l’on a décidé, mais encore pour arriver à surmonter le mal que nous rencontrons, de le surmonter par le bien, comme Dieu cherche à le faire.
Esprit de connaissance et de foi en l’Éternel
Pour que nous fassions équipe, avec lui, et tous ensemble.
Ce salut de l’Éternel, nous pouvons le vivre alors par des actes, c’est la 2e façon de vivre le salut de l’éternel.
Ésaïe vient de nous dire que Dieu nous donne d’être génial, dans une certaine mesure, qu’il nous donne d’être capable de choses extraordinaires. Nous avons vu en Christ que cette promesse n’est pas seulement une promesse mais qu’elle se réalise aujourd’hui. Heureusement, parce que comme le dit Ésaïe, c’est maintenant que les pauvres ont besoin de justice, c’est aujourd’hui que ceux qui pleurent doivent être consolés, c’est aujourd’hui que le salut est donné.
Dieu vient nous sauver aujourd’hui pour que nous ne jugions plus selon la seule apparence mais sur le cœur, que nous ne jugions plus sur de simples ragots mais avec bienveillance et espérance, pour que nous renoncions à la méchanceté, que nous fassions même obstacle à la méchanceté et aux mauvaises humeurs. Que notre force soit la fidélité, la foi, le bon cœur, la parole au lieu du bâton, qu’à l’image de Dieu, nous ne fassions ni tort ni dommage dans ce monde qu’il aime, et surtout pas aux humains, qu’il adore tendrement.
Ce salut de l’Éternel, nous dit alors Ésaïe, il s’incarne dans une réconciliation de notre être tout entier, une réconciliation de l’humanité.
C’est pour exprimer cela qu’Ésaïe utilise un autre langage symbolique, un peu comme dans les fables de La Fontaine.
Le loup habitera avec l’agneau…
Et un petit enfant les conduira.
L’idéal c’est que notre force, notre férocité et nous douceur, notre besoin de tendresse soient réconciliées. Que toutes les dimensions de notre être soient gouvernées par l’enfant de Dieu qui est en nous, notre humanité qui a l’humilité de reconnaître qu’elle a soif de tendresse, soif de lait et de soins, et de conseils qui vienne de Dieu pour grandir et devenir meilleur.
C’est pour réjouir cet enfant-là que la Bible prend souvent la forme d’un conte pour nous parler du salut de Dieu. La réalité de ce salut est plus belle à vivre que le plus beau des contes.
Amen.
Lecture de la Bible
Ésaïe 11:1-10
Alors un rameau sortira du tronc d’Isaï, Et un rejeton naîtra de ses racines.
2 L’Esprit de l’Eternel reposera sur lui:
Esprit de sagesse et d’intelligence,
Esprit de bon sens et de force,
Esprit de connaissance et de respect de l’Eternel.
3 Il respirera le respect de l’Eternel; Il ne jugera pas sur l’apparence, Il ne prononcera pas sur un ouï-dire. 4 Mais il jugera les pauvres avec équité, Et il prononcera avec droiture un jugement sur les malheureux de la terre;
Il frappera la terre de sa parole comme d’un bâton, Et du souffle de ses lèvres, il fera disparaître la méchanceté. 5 La justice sera la ceinture de ses flancs, Et la fidélité la ceinture de ses reins.
6 Le loup habitera avec l’agneau, Et la panthère se couchera avec le chevreau; Le veau, le lionceau, et le bétail qu’on engraisse, seront ensemble, Et un petit enfant les conduira.
7 La vache et l’ourse auront un même pâturage, Leurs petits un même gîte; Et le lion, comme le boeuf, mangera de la paille.
8 Le nourrisson s’ébattra sur l’antre de la vipère, Et l’enfant sevré mettra sa main dans la caverne du basilic.
9 Il ne se fera ni tort ni dommage Sur toute ma montagne sainte; Car la terre sera remplie de la connaissance de l’Eternel, Comme le fond de la mer par les eaux qui le couvrent.
10 En ce jour, le rejeton d’Isaï Sera là comme un signe de rassemblement pour les peuples; Les nations se tourneront vers lui, Et la gloire sera sa demeure.