Abigaïl ou la Sagesse

Matthieu 5:9 , 1 Samuel 25:1-35

Culte du 6 avril 2006
Prédication de pasteur Florence Taubmann

( 1 Samuel 25:1-35 ; Matthieu 5,9 )

Culte à l'Oratoire du Louvre,
par le pasteur Florence Taubmann

Chers amis,

En cette semaine spécialement consacrée aux femmes, puisque le 8 mars est chaque année la journée internationale des femmes, il m’a paru bon d’évoquer ce matin l’une des nombreuses héroïnes bibliques, Abigaïl, et de vous proposer une lecture de cette histoire où elle joue un rôle de premier plan.

Mais avant d’en venir à Abigaïl, il nous faut faire une revue des personnages de ce drame, et analyser le conflit qui se noue.

Qui est David au moment de cette histoire ?

David a déjà reçu l’onction royale du prophète Samuel mais il n’exerce pas encore la royauté. David a déjà fait ses preuves de guerrier. Mais il est en fuite devant le roi Saül, qui a déjà tenté plusieurs fois de le tuer. Et lui-même vient de montrer sa sagesse et sa mansuétude, en épargnant la vie de Saül, alors qu’il avait la possibilité de le tuer dans la grotte d’En Guédi.

Malgré cette force morale, c’est un homme en fuite, réfugié dans le désert avec ses hommes, donc un homme dans le besoin, qui va adresser au riche Nabal une demande de nourriture. Et il a quelque raison de penser que sa demande va être agréée, car il a manifesté de la bienveillance, voire exercé une certaine protection envers les bergers de Nabal. De plus, l’époque de la tonte des moutons est propice, car elle donne lieu à des manifestations de joie, à des fêtes, et donc c’est un temps de générosité et d’hospitalité.

Cette demande de David nous invite à réfléchir sur la demande, sur le fait de demander. Demander un service, demander une aide, demander une participation…

La vraie question est : quel est l’état d’esprit de David quand il s’adresse à Nabal ? Qu’a-t-il derrière la tête ?

Il semble bien que David, dans cette histoire, s’inscrive dans une logique de remboursement de dette. D’une certaine façon, sa demande a un caractère d’exigence. « Nabal me doit bien cela, puisque moi-même je lui ai rendu service. »

Évidemment, il ne l’exprime pas de manière aussi crue. Mais il s’attend à ce que Nabal réagisse d’une certaine manière. De la manière que lui, David juge juste et bonne. Il ne s’agit que d’un juste retour des choses, d’une sorte de droit acquis.

C’est très difficile, quand nous pensons avoir fait un peu de bien à quelqu’un, de ne pas nous attendre à ce qu’il nous fasse du bien à son tour, surtout si nous en avons besoin. Et cette attente n’est pas forcément d’ordre matériel, comme dans l’histoire de Davis, mais elle a également un aspect moral et spirituel.

Comment quelqu’un à qui nous avons fait du bien pourrait-il refuser –ou même simplement s’abstenir- de nous faire du bien quand nous le lui demandons, et même sans que nous ayons à le lui demander ? Et s’il ne peut nous faire du bien, au moins il nous veut du bien. Il nous le souhaite. Il nous aime pour ce que nous avons fait de bon à son égard.

N’est-ce pas là la simple loi de la réciprocité ? Ou du moins de la gratitude, de la reconnaissance. Cette loi qui assure de bonnes relations humaines, familiales, sociables…quand elle fonctionne.

Mais quand elle ne marche pas ? Quand l’attente est déçue ?

Les conséquences peuvent être terribles. Preuve en est la réaction de David :

Le refus de Nabal provoque chez lui une colère aveugle, qui le pousse à lever son armée pour aller se servir lui-même et faire couler le sang.

La démesure de cette réaction de David semble proportionnelle à son attente et donc à sa déception.

Sans aller jusqu’à cette extrémité, on voit le danger de cette logique de dette, de cette attente du bien qu’on doit nous faire, parce que nous l’avons mérité : danger de la déception, de la colère, de la rancune, et de la violence.

Et en même temps nous voyons bien, au fil de nos expériences humaines que l’amour ou le don gratuits sont de beaux programmes à lancer du haut de la chaire, mais que dans la réalité la note à payer est souvent lourde. Et que plus elle est invisible, plus elle pèse.

Il n’est que de voir bien souvent dans nos communautés ou nos associations religieuses ou humanitaires, que parler d’amour, de don, de grâce, ne nous empêche pas –loin de là- de marcher dans une logique de mérite, et souvent dans la dette, dans la déception, dans la rancœur.

Sans même nous l’avouer à nous-mêmes, nous espérons quelque chose en retour du bien que nous faisons : bien sûr ce n’est ni de l’or ni de l’argent ni un quelconque bienfait matériel, mais peut-être un peu de considération, la reconnaissance de notre rôle, ou simplement cet amour que nous pensons quand même avoir bien mérité.

Et après tout cette attente est tellement humaine , tellement normale!

C’est là qu’il peut être bon d’imprimer en soi cette Parole de l’épître aux Colossiens :

« Quel que soit votre travail , faîtes-le de tout votre cœur, comme pour le Seigneur et non pour des hommes. »Colossiens 3,23-24.

Quel que soit que nous faisons pour notre prochain, pour les autres, pour le monde, faisons-le de tout notre cœur, comme pour le Seigneur et non pour des hommes.

Le second point concerne le rôle des messagers de David : des messagers sans responsabilité.

Pour exprimer sa demande, David met en œuvre une stratégie : il envoie dix de ses hommes chargés d’une parole « diplomatique » qu’il a pris soin de leur inculquer. Et ces dix hommes accomplissent fidèlement leur mission.

Or c’est un échec total. Non seulement Nabal refuse, mais il exprime envers David un profond mépris, en allant jusqu’à insinuer que ses hommes et lui sont peut-être des esclaves échappés de chez leur maître. Cette attitude de Nabal n’est pas surprenante, car nous avons appris qu’il s’agit d’un homme dur et méchant.

Donc les hommes de David reviennent chargés du refus de Nabal.

Il n’en faut pas plus pour déclencher la logique de la vengeance.

Cet enchaînement nous invite à réfléchir au rôle de messager.

D’abord une question : pourquoi David n’envoie-t-il dix messagers, et non pas un seul ?

Qu’est-ce que cela veut dire ?

Cela veut dire deux choses :

- d’abord que la parole que David adresse à Nabal n’est pas une parole personnelle, d’homme à homme. Un messager peut faire office de porte-parole personnel d’un homme à un autre, mais dix ? Il ne s’agit plus d’un messager de confiance, il s’agit d’une délégation officielle.

Et donc la demande de David , malgré les formes diplomatiques et polies que prend cette demande, a forcément quelque chose de comminatoire.

- d’autant plus que la présence de dix hommes parle aussi d’elle-même : pour David l’affaire est entendue : les dix hommes ne sont pas là pour supplier, mais pour rapporter le chargement. Autrement dit les étapes ont été allègrement brûlées, et la liberté de Nabal superbement ignorée ou méprisée.

David n’a même pas pris garde à la personnalité de celui à qui il adressait une demande. Et pourtant on peut penser que sa réputation d’ homme dur et méchant devait avoir dépassé les frontières de son clan.

Cela nous amène à réfléchir sur le rôle de ces dix hommes ?

Ce qui est frappant avec les 10 compagnons de David, c’est qu’ils échappent à toute répartition des rôles. Aucun d’entre eux ne peut apparaître comme personnellement responsable puisqu’ils n’existent qu’en tant que groupe.

Et donc ils sont voués à la répétition mécanique des propos de David.

Il n‘y a pas d’interprétation, pas de liberté, pas d’initiative, pas d’adaptation à la situation ou à la personnalité de l’homme qu’ils ont devant eux. Car tout cela relèverait d’une responsabilité personnelle et individuelle.

Et le retour se fera comme l’aller, c’est-à-dire qu’ils répèteront mécaniquement les propos de Nabal à David, sans prendre aucune précaution de langage et sans réfléchir un instant à l’impact possible de ces paroles.

En bref, ces hommes fidèles et scrupuleux , dans l’usage déresponsabilisé qu’ils font de la parole, mettent le feu aux poudres. C’est un comble, car après tout ils ne font rien de mal. Ils ne font que remplir leur mission avec la plus grande exactitude.

Alors pourquoi agissent-ils ainsi? Il y a plusieurs hypothèses possibles :

- Il peuvent avoir peur de David et donc lui obéir au doigt et à l’œil. Mais David n’est pas un tyran et il n’a pas encore beaucoup de pouvoir.

- Ils peuvent aussi, tout simplement, manquer de discernement, et ne pas voir le danger de la situation.

- Ils peuvent aussi penser que ce n’est pas leur affaire, leur affaire consistant simplement à faire ce qu’on leur a demandé de faire, et non pas à réfléchir aux conséquences de cette action.

- On peut encore imaginer qu’ils savent très bien ce qu’ils font, et qu’en toute connaissance de cause ils font un usage pervers de la parole. Sous couvert d’exactitude, ils mènent peut-être une politique du pire, se réjouissant finalement de voir naître un conflit, et de faire bientôt usage de la violence. Car les hommes de David aiment la violence. Déjà dans la grotte d’En Guédi, ils l’encourageaient à tuer le roi Saül.

Mais restons dans le doute, car le texte ne nous dit rien sur les motivations des hommes de David et ils ne sont présentés que comme instruments, et non comme acteurs véritables. Mais dans un cas comme dans les autres, il faut simplement se rendre compte que la parole n’est jamais neutre et que dans les circonstances graves, le porte-parole - sauf à renier sa propre humanité – ne peut se laver les mains sous couvert d’irresponsabilité.

Le troisième point concerne Nabal : Nabal l’homme sans conscience.

Le nom de Nabal signifie l’insensé, le fou. Et il est d’emblée présenté comme le méchant de l’histoire, ce qui peut nous inviter à simplifier notre lecture.

Mais c’est quand même intéressant de faire une ou deux remarques. Car après tout derrière le fameux « méchant » se cache peut-être un trait de caractère, ou une réalité spirituelle et psychologique assez communément partagés.

D’abord dans la Bible le fou, l’insensé c’est celui qui nie Dieu. Au psaume 14 par exemple on peut lire :

L’insensé dit en son cœur : « Il n’y a point de Dieu » ! Il se sont corrompus, ils ont commis des actions abominables ; il n’en est aucun qui fasse le bien ! »

L’insensé, c’est celui qui vit et agit comme si Dieu n’existait pas. Pour élargir et donner la portée éthique de cette attitude, on peut dire : « l’Insensé, c’est celui qui vit et agit comme si la conscience n’existait pas : conscience du bien et du mal. Conscience de ce qui doit se faire et de ce qui ne doit pas se faire. » L’insensé vit dans sa seule vision des choses : il est psycho-rigide, incapable d’embrasser un autre point de vue que le sien, et même de se référer à la simple règle commune d’humanité.

Nabal le fou, enfermé en lui-même, dans son seul désir de possession, est incapable de prendre conscience de son devoir d’hospitalité et de son devoir d’assistance envers autrui. Il est même incapable d’entendre qu’il a une dette envers David.

Et donc il fait usage de la seule arme qu’il possède, l’arme du psycho-rigide, et qui est la mauvaise foi : il ne connaît pas David. D’ailleurs ce n’est qu’un esclave échappé de chez son maître. Donc il ne lui doit rien. Ni la gratitude, ni la simple assistance.

Pour sauvegarder sa propre logique, il n’hésite à nier la réalité des faits et des relations humaines. Mais cette folie est mortifère. Et Nabal en mourra.

Le quatrième point concerne Abigaïl : Abigaïl ou l’œuvre de paix.

Le nom d’Abigaïl signifie « le père est joie ». En ce sens, elle se situe à l’opposé de son mari Nabal le fou. Car porter ce nom « le père est joie » signifie qu’on a en soi inscrit le nom de Dieu, alors que l’insensé comme on l’a vu, est celui qui nie Dieu.

Comment Abigaïl va-t-elle manifester que « le père est joie ». Comment va-t-elle dérouler le sens de son nom.

En fait deux choses sont nécessaires à cela :

- d’abord la circonstance. Pour que les êtres se révèlent, pour qu’ils montrent ce qu’ils sont, il faut certaines circonstances auxquelles ils peuvent se mesurer. Et c’est la raison pour laquelle j’ai essayé d’analyser ces circonstances en présentant les protagonistes. C’est dans le cadre d’un conflit grave et menaçant qu’Abigaïl va pouvoir manifester que « le père est joie » et faire œuvre de paix.

- la deuxième chose nécessaire, c’est la connaissance. Combien de fois ne nous-disons-nous pas ? « Ah, si j’avais su cela, si on me l’avait dit… j’aurais pu intervenir. J’aurais pu témoigné, aidé… »

La chance d’Abigaïl, et finalement de tous les héros de cette aventure, c’est qu’il y ait chez Nabal un serviteur qui agit exactement à l’inverse des dix hommes de David. Un serviteur qui prend la responsabilité d’une parole personnelle, née de sa conscience. Et donc il porte ce qui est nécessaire à la connaissance de la bonne personne.

Cet anonyme est un modèle qui nous invite à réaliser ceci : quel que soit le lieu où nous sommes placés, nous avons un point de vue sur les choses et une responsabilité à exercer.

Cet homme voit, il réfléchit, il analyse, il prévient. Mais s’il fait tout cela c’est justement parce qu’il n’est pas insensé comme Nabal :

A la différence de Nabal il se souvient du bien que David a fait, et à la différence de Nabal il entrevoit les conséquences graves qui peuvent naître de son refus.

Alors Abigaïl peut agir. Et doit agir.

Ses qualités : intelligente et belle nous a-t-on dit. Mais en plus, elle va faire preuve de courage, d’initiative, de sens pratique, d’humilité …de tout ce qui sera nécessaire pour calmer la colère de David.

Mais plutôt que l’encenser, essayons de décrire son action en plusieurs volets:

- le premier volet c’est l’écoute et le discernement.

Le socle de l’action d’Abigaïl est en effet sa réceptivité face à son serviteur, sa capacité d’attention vis-à-vis de sa parole.

Elle sait prendre au sérieux ce qui lui est dit à l’aune de sa propre analyse. Autrement dit, elle n’hésite pas à se laisser troubler dans son quotidien par l’évocation du danger ; Abigaïl connaît son mari, Abigaïl ne s’étonne pas que le pire puisse arriver. Elle ne traite pas son serviteur de prophète de malheur pour le faire taire. Au contraire elle a foi en sa parole. Et dès qu’elle est prévenue, elle se montre prête à affronter la réalité.

- le second volet de son action, c’est la réparation.

Abigaïl ne choisit pas la contestation ouverte. Elle ne fait pas la révolution chez elle. Autrement dit, elle n’affronte pas Nabal pour le faire changer d’avis par des menaces ou des conseils. Il y a des moments où la parole ne sert rien, des moments où elle est impossible : « Nabal est si méchant qu’on n’ose lui parler ».

Aussi Abigaïl adopte une autre stratégie : c’est celle de l’action réparatrice.

Abigaïl va faire ce qui aurait dû être fait. Ce qui doit être fait.

Il faut insister sur le fait qu’en faisant cela, Abigaïl exprime quelque chose d’important : c’est qu’il n’est pas trop tard pour faire ce qui doit être fait.

Dans une situation aussi grave elle aurait pu céder au fatalisme, s’abandonner lucidement au désespoir en pensant que rien n’arrête un homme rendu furieux.

Au contraire, puisque la situation est ce qu’elle est, il faut la réparer.

Puisque l’hospitalité, l’assistance, le pain ont été refusés par Nabal, il faut se substituer à lui pour offrir hospitalité, assistance, pain.

ET donc Abigaïl prépare un chargement généreux à destination de David et ses hommes.

- le troisième volet de l’action d’Abigaïl, c’est la guérison

Mais l’intelligente Abigaïl sait que cela ne suffit pas.

Le pain ne suffit pas à réparer la situation. Il faut également réparer l’amour-propre blessé de David.

Pour cela, Abigaïl n’hésite pas prendre la faute sur elle : « A moi la faute mon Seigneur !

Permets à ta servante de parler à tes oreilles, et écoute les paroles de ta servante. »

Enlevant toute responsabilité à Nabal qu’elle présente comme fou, elle se pose comme seul vis-à-vis de David, et donc la parole devient possible. Il n’y a plus d’intermédiaire. Il n’y a pas d’accusation portée sur un absent.

Deux êtres se parlent, en toute responsabilité. ET c’est alors qu’apparaît l’enjeu de l’histoire, qui n’est pas que l’histoire d’un gentil contre un méchant.

L’enjeu, c’est la conscience de David, futur roi d’Israël. Sa conscience devant Dieu, devant les hommes et devant lui-même.

David ne peut être inconscient dans l’usage de la violence. Il ne peut ignorer le prix du sang, quel que soit ce sang.

En réveillant la conscience de David, Abigaïl le guérit d’une forme de folie, née de son exigence et de sa colère. Elle répare en lui le sens du juste et de l’injuste.

Et il peut dire :

« Béni soit l’Eternel, le Dieu d’Israël, qui t’a envoyée aujourd’hui à ma rencontre. Béni soit ton bon sens, et bénie sois-tu, toi qui m’as empêché en ce jour de répandre le sang, et qui a retenu main !

Cette attitude et cette action d’Abigaïl nous invitent à la réflexion . Non parce qu’il s’agit d’une femme. Mais parce qu’il s’agit d’une manière d’être qui est juste, courageuse et salvatrice.

Là où l’esprit d’exigence de David, où l’inconscience de Nabal, où l’irresponsabilité des messagers de David, avaient semé le vent de la haine, Abigaïl, avec sagesse, humilité et générosité, sait éveiller le souffle de l’amour.

On comprend alors qu’elle porte en son nom cette affirmation : « Le Père est joie ! »

Amen

Lecture de la Bible

1 Samuel 25:1-35

Samuel mourut. Tout Israël s’étant assemblé le pleura, et on l’enterra dans sa demeure à Rama. Ce fut alors que David se leva et descendit au désert de Paran. 2 Il y avait à Maon un homme fort riche, possédant des biens à Carmel; il avait trois mille brebis et mille chèvres, et il se trouvait à Carmel pour la tonte de ses brebis. 3 Le nom de cet homme était Nabal, et sa femme s’appelait Abigaïl; c’était une femme de bon sens et belle de figure, mais l’homme était dur et méchant dans ses actions. Il descendait de Caleb. 4 David apprit au désert que Nabal tondait ses brebis. 5 Il envoya vers lui dix jeunes gens, auxquels il dit: Montez à Carmel, et allez auprès de Nabal. Vous le saluerez en mon nom, 6 et vous lui parlerez ainsi: Pour la vie soit en paix, et que la paix soit avec ta maison et tout ce qui t’appartient! 7 Et maintenant, j’ai appris que tu as les tondeurs. Or tes bergers ont été avec nous; nous ne leur avons fait aucun outrage, et rien ne leur a été enlevé pendant tout le temps qu’ils ont été à Carmel. 8 Demande-le à tes serviteurs, et ils te le diront. Que ces jeunes gens trouvent donc grâce à tes yeux, puisque nous venons dans un jour de joie. Donne donc, je te prie, à tes serviteurs et à ton fils David ce qui se trouvera sous ta main. 9 Lorsque les gens de David furent arrivés, ils répétèrent à Nabal toutes ces paroles, au nom de David. Puis ils se turent. 10 Nabal répondit aux serviteurs de David: Qui est David, et qui est le fils d’Isaï? Il y a aujourd’hui beaucoup de serviteurs qui s’échappent d’auprès de leurs maîtres. 11 Et je prendrais mon pain, mon eau, et mon bétail que j’ai tué pour mes tondeurs, et je les donnerais à des gens qui sont je ne sais d’où? 12 Les gens de David rebroussèrent chemin; ils s’en retournèrent, et redirent, à leur arrivée, toutes ces paroles à David. 13 Alors David dit à ses gens: Que chacun de vous ceigne son épée! Et ils ceignirent chacun leur épée. David aussi ceignit son épée, et environ quatre cents hommes montèrent à sa suite. Il en resta deux cents près des bagages. 14 Un des serviteurs de Nabal vint dire à Abigaïl, femme de Nabal: Voici, David a envoyé du désert des messagers pour saluer notre maître, qui les a rudoyés. 15 Et pourtant ces gens ont été très bons pour nous; ils ne nous ont fait aucun outrage, et rien ne nous a été enlevé, tout le temps que nous avons été avec eux lorsque nous étions dans les champs. 16 Ils nous ont nuit et jour servi de muraille, tout le temps que nous avons été avec eux, faisant paître les troupeaux. 17 Sache maintenant et vois ce que tu as à faire, car la perte de notre maître et de toute sa maison est résolue, et il est si méchant qu’on ose lui parler. 18 Abigaïl prit aussitôt deux cents pains, deux outres de vin, cinq pièces de bétail apprêtées, cinq mesures de grain rôti, cent masses de raisins secs, et deux cents de figues sèches. Elle les mit sur des ânes, 19 et elle dit à ses serviteurs: Passez devant moi, je vais vous suivre. Elle ne dit rien à Nabal, son mari. 20 Montée sur un âne, elle descendit la montagne par un chemin couvert; et voici, David et ses gens descendaient en face d’elle, en sorte qu’elle les rencontra. 21 David avait dit: C’est bien en vain que j’ai gardé tout ce que cet homme a dans le désert, et que rien n’a été enlevé de tout ce qu’il possède; il m’a rendu le mal pour le bien. 22 Que Dieu traite son serviteur David dans toute sa rigueur, si je laisse subsister jusqu’à la lumière du matin qui que ce soit de tout ce qui appartient à Nabal! 23 Lorsque Abigaïl aperçut David, elle descendit rapidement de l’âne, tomba sur sa face en présence de David, et se prosterna contre terre. 24 Puis, se jetant à ses pieds, elle dit: A moi la faute, mon seigneur! Permets à ta servante de parler à tes oreilles, et écoute les paroles de ta servante. 25 Que mon seigneur ne prenne pas garde à ce méchant homme, à Nabal, car il est comme son nom; Nabal est son nom, et il y a chez lui de la folie. Et moi, ta servante, je n’ai pas vu les gens que mon seigneur a envoyés. 26 Maintenant, mon seigneur, aussi vrai que l’Eternel est vivant et que ton âme est vivante, c’est l’Eternel qui t’a empêché de répandre le sang et qui a retenu ta main. Que tes ennemis, que ceux qui veulent du mal à mon seigneur soient comme Nabal! 27 Accepte ce présent que ta servante apporte à mon seigneur, et qu’il soit distribué aux gens qui marchent à la suite de mon seigneur. 28 Pardonne, je te prie, la faute de ta servante, car l’Eternel fera à mon seigneur une maison stable; pardonne, car mon seigneur soutient les guerres de l’Eternel, et la méchanceté ne se trouvera jamais en toi. 29 S’il s’élève quelqu’un qui te poursuive et qui en veuille à ta vie, l’âme de mon seigneur sera liée dans le faisceau des vivants auprès de l’Eternel, ton Dieu, et il lancera du creux de la fronde l’âme de tes ennemis. 30 Lorsque l’Eternel aura fait à mon seigneur tout le bien qu’il t’a annoncé, et qu’il t’aura établi chef sur Israël, 31 mon seigneur n’aura ni remords ni souffrance de coeur pour avoir répandu le sang inutilement et pour s’être vengé lui-même. Et lorsque l’Eternel aura fait du bien à mon seigneur, souviens-toi de ta servante. 32 David dit à Abigaïl: Béni soit l’Eternel, le Dieu d’Israël, qui t’a envoyée aujourd’hui à ma rencontre! 33 Béni soit ton bon sens, et bénie sois-tu, toi qui m’as empêché en ce jour de répandre le sang, et qui as retenu ma main! 34 Mais l’Eternel, le Dieu d’Israël, qui m’a empêché de te faire du mal, est vivant! si tu ne t’étais hâtée de venir au-devant de moi, il ne serait resté qui que ce soit à Nabal, d’ici à la lumière du matin. 35 Et David prit de la main d’Abigaïl ce qu’elle lui avait apporté, et lui dit: Monte en paix dans ta maison; vois, j’ai écouté ta voix, et je t’ai favorablement accueillie.

Matthieu 5:9

Heureux ceux qui procurent la paix, car ils seront appelés fils de Dieu!