Profession de foi de Julien, en juillet 2014

Je crois en l’Eternel.

Je crois qu’il nous a aimés en premier, sans condition, par pure grâce. Son amour nous donne confiance, il nous permet d’exalter nos talents, il nous rend libres d’aimer à notre tour, et d’accomplir ainsi pleinement notre humanité.

Je crois en Jésus-Christ, son envoyé. Il nous montre le chemin qui mène à Dieu. Il nous enseigne qu’il ne revient qu’à nous de faire advenir le Royaume, ici et maintenant, en bâtissant un monde de paix et d’amour.

Je crois en son Esprit : il est cette présence bienveillante qui nous donne courage, ce principe dynamique qui nous anime et nous porte, cette puissance créatrice qui est à la source de ce qui est vrai, beau et bon, en nous et dans le monde.

Laissant derrière moi une période où je m’étais éloigné de Dieu, je me suis remis en chemin.

Aujourd’hui, je me sens prêt, prêt à renouveler notre alliance, prêt à placer à nouveau ma confiance en lui, lui qui n’a cessé d’avoir confiance en moi.

Amen.


Julien a ajouté ces quelques mots sur son parcours :

Le chemin qui m’amène à prendre la parole devant vous ce matin fut long et tortueux…

Elevé dans la foi catholique, j’ai toujours eu l’intuition d’une force, d’un principe essentiel à l’œuvre en nous et dans le monde.

Mais arrivé à l’âge adulte, je me suis éloigné de Dieu. Ou plus exactement d’un certain Dieu : un Dieu lointain, un Dieu sévère, un Dieu qui juge, un Dieu surpuissant mais qui ne fait rien de sa puissance, rien contre le mal en particulier. Comment aimer ce Dieu-là ?

La vie passait et m’apportait de nombreuses satisfactions, aux plans personnel, familial et professionnel. Pour autant, je ressentais quotidiennement comme un manque, un vide. Certes, tout fonctionnait parfaitement dans mon existence, mais fonctionner, ce n’est pas vivre : une dimension faisait défaut.

Face à ce sentiment de manque, j’ai cherché à comprendre et ai entrepris des lectures qui m’ont progressivement amené à m’intéresser à la foi protestante. Les travaux de Laurent Gagnebin et Raphaël Picon, notamment, m’ont donné envie d’approfondir ma compréhension du protestantisme libéral et c’est ainsi que j’ai poussé, à l’automne dernier, la porte de l’Oratoire.

Ce que j’y ai entendu m’y a immédiatement plu, que ce soit lors des prédications, ou lors des séances de théologie. Je me suis reconnu dans la façon dont on parle ici de Dieu et des hommes, dans l’approche, à la fois humble et méthodique, du texte biblique, et, plus globalement, dans une approche qui n’oppose pas la foi et l’intelligence, et met en exergue le caractère libérateur de l’Evangile.

Au fil des lectures, des cultes, des groupes de théologie, le cheminement intellectuel est devenu aventure spirituelle. Avec Tillich, j’ai compris que le sentiment de manque que je ressentais dans ma vie était un signe de l’aliénation de celui qui est coupé de Dieu ; avec l’apôtre Paul, j’ai redécouvert cette vérité fondamentale d’un amour qui nous est offert par pure grâce.

Peu à peu, des sentiments longtemps enfoui se sont plus clairement manifestés ; j’ai ressenti à nouveau cette « intuition de l’absolu » qui ne m’avait jamais quitté.

Les échanges avec James et Marc m’ont permis d’approfondir, de consolider ce que j’ose désormais appeler ma foi. Je les remercie très sincèrement de la simplicité et de la chaleur fraternelle de leur accueil.

Me voilà aujourd’hui devant vous, pour attester cette confiance et cette joie qui m’habitent.

Ce ne fut pas si facile de franchir le pas : n’y avait-il pas d’abord quelque chose d’un peu indécent à évoquer ainsi sa foi devant tous ? D’autant que s’il est bien une chose d’intime, c’est précisément la foi !

Mais à ce stade de mon cheminement, j’ai ressenti le besoin de mettre les choses au clair, le besoin de refonder ma relation à Dieu, et en présence de mes proches, devant l’ensemble de la communauté, de répondre « oui » à celui qui dit à chacun d’entre nous : « viens, suis-moi ».

Merci.