Profession de foi de Jean-Pierre, le 4 mai 2014
Dans un souci de fidélité au message de Jésus, notre frère, en confessant ma foi, ici, à l'Oratoire du Louvre, je veux conjuguer évangile et liberté, foi et lucidité, doute et confiance.
Je crois que Dieu est ce besoin irrépressible de dépassement et d’amour qui nous pousse à aller au-delà de nous même à la rencontre des autres et du monde. Je crois que ce Dieu là nous met en mouvement quand nous faisons du sur-place, nous relève quand nous sommes à terre, nous ressuscite quand tout est mort en nous.
Je crois qu’alors le goût de vivre qui nous anime, l’énergie qui nous tient debout et nous permet de dépasser des obstacles apparemment hors de notre portée, de surmonter des difficultés objectivement au dessus de nos forces est ce que les chrétiens appellent l’Esprit Saint.
Je crois que Jésus-Christ est notre frère ainé en humanité et qu’il a poussé ce besoin de dépassement et d’amour à un stade ultime. Qu’ainsi il est allé bien plus loin que nous tous, s’est relevé quand il était à terre et est ressuscité. Je crois qu’il est à la fois notre compagnon de route et le chemin vers la Vérité et la Vie.
Amen
Jean-Pierre a ajouté ces quelques mots sur son parcours :
Au commencement pour moi, il y eût les paroles dites à la messe et au catéchisme. On me disait que ces paroles étaient la Parole de Dieu. Mais cela restait encore assez abstrait pour moi.
Et puis, à la lecture personnelle de l’Evangile, petit à petit, la Parole de Dieu s’est fait homme et le Jésus des évangiles s’est incarné dans ma vie. Il m’a mis en mouvement, Il a cheminé à mes côtés. Car ce Jésus-là, m'a tout de suite parlé, interpelé, provoqué parce que les paroles de vérité qu'il prononçait s'incarnaient dans sa vie.
Mais, est-ce les exigences de l'adolescence, l'influence de l'époque, la tiédeur voir les contre-témoignages de l'Eglise de mon enfance, le goût du mouvement s'est ensuite incarné sur d'autres chemins que ceux de la foi. Et Jésus est devenu comme un ami qu’on ne voit plus, il est resté au fond dans mon cœur mais est sorti de ma tête et de mes préoccupations quotidiennes.
Ainsi, je me suis installé pendant de nombreuses années dans un christianisme intellectuel, finalement assez confortable. Il m'évitait les remises en cause de la foi de mon enfance, il me permettait de dériver doucement vers les rivages sympathiques de l'Eglise Reformée de France sans pour autant oser accoster sauf pour rencontrer de manière très épisodiques quelques autochtones.
Depuis quelques années, la maturité venant, les interrogations sur le pourquoi de ma vie et sa fragilité m'ont poussé à reprendre mon chemin spirituel. Et à reprendre mon compagnonnage avec Jésus, mon ami d'enfance, par la lecture de sa Parole et de sa Vie.
Et avec ces retrouvailles l'envie de marcher à ses côtés m'a repris. Mais l'envie de marcher n'est pas la marche elle-même. Elle n'en a pas la saveur. C'est pourquoi après avoir découvert le courant Evangile et Liberté j'ai décidé il y a quelques mois d'incarner ma foi dans une rencontre réelle avec une paroisse réformée libérale. Les prédications en ligne du site de l'Oratoire du Louvre m'ont amené ici.
Tout de suite, malgré certains aspects exotiques pour un ancien catholique, je m'y suis senti chez moi, libre et en harmonie.
Pour la première fois j'ai réussi à résoudre ce qui constituait la quadrature du cercle pour moi : faire partie d'une communauté sans m'y sentir enfermé, limité, formaté.
C'est pourquoi j'ai souhaité faire ici ma profession de foi pour, comme dit Michel Barlow, un autre transfuge catholique, "transplanter" ma foi chrétienne dans une terre fertile et y prendre enfin racine afin d'exprimer pleinement mon "bonheur d'être protestant".
Bonheur d’être inspiré par les textes bibliques à la lumière de prédications éclairantes.
Bonheur de vivre un christianisme crédible et adulte libéré des normes de croyance et de comportement.
Bonheur de donner la primauté au service du prochain sur l’exactitude des discours sur Dieu.
Bonheur d’être attentif aux questions d’aujourd’hui plutôt qu’aux réponses d’hier et de traduire cet engagement au sein de la société
J'espère qu'ainsi ce qui sera semé ici donnera des fruits utiles car que vaut une foi qui ne donne pas de fruits ?