Profession de foi d'Ameline G., le 20 juin 2021

Témoignage

Si aujourd’hui je reçois le baptême devant vous, c’est parce que j’ai choisi de croire en un Dieu tel qu’il est présenté dans cet évangile. En un Dieu qui n’appelle pas seulement l’élan irrépressible de l’affect, un amour que l’on ressent de tout son cœur, mais en un Dieu qui fait appel à la totalité de mon être, à mon âme, à ma force et mon intelligence. C’est grâce à cela que je peux dire que j’ai choisi rationnellement d’entrer dans l’irrationnel, que c’est ma raison, celle-là même qui m’a fait m’interroger sur le monde qui m’entoure, qui m’a permis d’accepter ce projet d’amour qui dépasse mes simples attributs et qui pourtant exige tout de moi. J’ai choisi d’entrer dans cet abandon d’amour et d’y consacrer ma force chaque jour. Car quelle force faut-il en effet pour répondre à l'exigence et la condition d’un tel amour : aimer son prochain comme soi-même. ? Je n’ai jamais dû faire preuve d'un effort si grand que lorsque j’ai dû intégrer au plus profond de mon cœur, qu’autrui quel que soit la forme qu’il puisse prendre ou les actes qu’il puisse commettre était lui aussi un enfant de Dieu. Que la personne en face de moi faisait l’objet d’un amour incommensurablement plus grand que toute la rancœur voire toute la haine que je ne pourrais jamais lui vouer. Cette exigence que je porte a mon prochain, il est lui-même en position de la porter. C’est ainsi que je comprends le projet de Dieu et que j’affirme ma volonté d’y participer par ce baptême : porter en moi une exigence d’amour de sorte que je dois la supposer présente dans mon prochain, ce qui me pousse à agir de la manière la plus juste possible. C’est cette même exigence qui est pour moi au fondement de l’incitation chrétienne à répondre à un acte de haine par un acte d’amour. Car je ne peux choisir qui est ce prochain que je dois aimer : face au mépris qu’il peut me porter, je dois faire preuve de toute mon intelligence pour comprendre la raison d’un tel sentiment, de toute ma force pour ne pas me laisser entraîner sur la pente haineuse, de tout mon cœur pour proposer une solution d’amour et de toute mon âme pour ne pas me décourager en chemin.
            Cette exigence a de quoi donner le vertige car elle n’est pas qu’une pétition de principe, elle oblige à agir. En tant que nouvelle baptisée, il me faut désormais, comme Jean le fut avant, « la voix de celui qui crie dans le désert », il me faut porter ce message d’amour et que celui-ci transparaisse dans chaque acte de vie, dans chaque parole et ce même dans les situations les plus désespérées voire les plus absurdes. Me faire baptiser, c’est accepter l’idée que désormais, il ne me faudra jamais plus cesser de crier, qu’il me faudra être la plus bruyante, la plus tonitruante possible quitte à parfois déranger et bousculer. Aujourd’hui, je m’engage raisonnablement à poursuivre un idéal qui s’appuie sur une force d’amour qui dépasse toute raison.

Ameline G, Oratoire du Louvre le 20 juin 2021