Ma Bible à moi

Culte du 12 juin 2022
Prédication de Béatrice Cléro-Mazire

Vidéo de la partie centrale du culte

Culte à l'Oratoire du Louvre
Fête de l’éducation biblique

12 juin 2022
109ème jour de la guerre en Ukraine

Baptême de Paula en présence du Père James Cunningham,
prêtre de l'Oratoire

« Ma Bible à moi ou comment s’approprier la Bible. »

Culte présidé par les Pasteures Agnès Adeline-Schaeffer et Béatrice Cléro-Mazire
Prédication par la pasteure Béatrice Cléro-Mazire
A l'orgue : Sarah Kim, organiste co-titulaire
Chœur de l’Oratoire dirigé par Alexandre Korovitch

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Orgue

Annonce de la grâce
 
Accueil

Préambule pour expliquer d’où vient la liturgie d’aujourd’hui :
Elles s’appellent : Solène, Paule, Kante ….ils s’appellent : Sacha, Gaëtan, Florien, Ezéchiel, Raphaël ….
Ils sont scolarisés entre la grande section de maternelle, le primaire et le collège, et ils sont une part de notre église, la plus jeune, mais pas la moins inspirée par les témoignages de foi contenus dans la Bible. Toute l’année ils ont dessiné, joué en théâtre, composé des textes pour restituer, après les avoir étudiés ce qu’ils comprenaient pour eux-même des textes de la Bible.
Cette liturgie d’aujourd’hui est le résultat d’ateliers d’écritures qu’on pourrait appeler : « Leur Bible à eux ».

Prière pour entrer dans le culte :
[texte issu d’un des ateliers d’écriture organisés à la suite de la rencontre avec le Centre d’Action Social Protestant]

Louange d’une brebis perdue et retrouvée

J’étais perdu et vous m’avez guidé
J’étais petit et vous m’avez éduqué
Je ne savais pas et vous m’avez appris
J’avais froid et vous m’avez donné une couverture
J’avais faim et vous m’avez nourri
C’était mon anniversaire et vous m’avez gâté
J’étais seul et vous êtes venus vers moi
Je ne comprenais pas et vous m’avez expliqué
J’étais malade et vous m’avez soigné
J’avais faim et vous m’avez donné des bonbons
J’ai travaillé et vous m’avez récompensé
J’étais fatigué et vous m’avez donné un lit
J’étais mort et vous m’avez ressuscité.
 
Psaume chanté : Psaume N°92, 1, 2, 4  [cliquer ici]

Volonté de Dieu
[Atelier d’écriture sur le sermon sur la montagne]
Écoutons ce que la foi inspire à nos catéchumènes avec ces mots du
Sermon du 4ème étage :

L’amitié ne s’achète pas, elle se partage.
Ne dis pas de belles choses en sachant que tu en feras de mauvaises
Prie mais ne fais pas le péché derrière ta prière.
Regarde les gens d’un bon œil.
Si tu réalises la chance que tu as, tu découvriras le bonheur.
Tu pourras juger quand tu seras parfait
En mentant, tu risques de perdre la confiance d’autrui.
Ne jugez pas tant que vous ne connaissez pas le vécu de chacun.
Pensez, mais ne dites pas les choses qui blessent.
Sois généreux et ta récompense sera de rendre les autres heureux.

Prière de repentance :
[Slam issu de l’atelier d’écriture et de la réflexion éthique sur le sermon sur la montagne]

C’est moi Dieu qui mène le tempo
Vous les hommes vous avez fait la guerre,
Ce qui ne me plaisait guère
Vous avez pollué comme des barbares,
La pauvre terre, tôt ou tard,
Vous avez tout irradié
Et maintenant vous en riez.
Vous avez pratiqué l’esclavage
Ce qui a fait des ravages ;
Les océans sont plein de plastique
Juste pour faire des élastiques !
Pour la peine j’enverrai mon fils,
Ce très cher Jésus-Christ.

Grâce
Dans le livre du prophète Joël l’Éternel dit :

Je répandrai mon esprit sur toute chair ; vos fils et vos filles prophétiseront, vos vieillards auront des songes, et vos jeunes gens des visions. Dans ces jours-là, je répandrai mon esprit.

Psaume : Psautier Français N° 72 Revêts Seigneur de ta justice, strophes 1 & 3 [cliquer ici]

 
Confession de foi
[Texte d’un atelier d’écriture sur les miracles]

« Bartimée après Bartimée ».

Bartimée, l’aveugle qui avait recouvré a vue grâce à Jésus, marchait dans une plaine.
Les larmes coulaient sur son visage et ses yeux étaient voilés par une tristesse infinie. Tout à coup, il se cogna contre un homme. Après avoir repris ses esprits, il s'excusa et repris son chemin. Mais l’homme qu’il avait heurté le rattrapa, et lui demanda :
Que se passe-t-il ? Pourquoi es-tu si triste ? Bartimée répondit : On a toutes les raisons d’être triste quand celui en qui on avait tout remis, tout confié, est mort. Comment peux-tu avoir perdu confiance en ton Dieu ?! Ouvre donc les yeux ! Il faisait des miracles, mais n’a pu éviter la mort. Depuis qu’il est mort, je ne vois plus rien que ma déception. Je suis de nouveau aveugle. Comment le « Fils de Dieu » peut il mourir ?
Mais l’homme s’écria :
A ces mots, Bartimée ouvrit les yeux et il vit Jésus devant lui, et un instant plus tard il ne vit plus que la rivière éclairée par la lune.
Il déclara alors : « Je crois que l’espoir est là, car maintenant je l’ai vu ! »

Liturgie de baptême.

Baptême de Paula
Accueil des parents de Paula et de ses parrains et marraines.

Camille et Matthieu ,vous avez demandé le baptême pour votre fille.
Avec les parrains et marraines venez nous rejoindre.
L’Église chrétienne aujourd’hui accueille votre souhait avec joie.

Institution du baptême

Voici la volonté de Jésus-Christ pour son Église :
« Toute autorité m’a été donnée dans le ciel et sur la terre.
Allez de toutes les nations faites des disciples.
Baptisez-les au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit
et apprenez-leur à garder tout ce que je vous ai enseigné.
Je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde ».
 
Instruction
Camille et Matthieu :
Votre enfant va être baptisée au nom du Père qui lui donne le souffle de vie.
Elle va être baptisée au nom du Fils.
Jésus-Christ, mort et ressuscité pour elle, et il l’appelle à son service.
Elle va être baptisée au nom du Saint-Esprit qui fera naître en elle (c’est notre souhait) la foi, l’espérance et l’amour.
L’eau qui est ici est de l’eau ordinaire, mais avec la Parole de Dieu, cette eau devient l’eau du sacrement du baptême, eau d’une nouvelle naissance avec Dieu.
Chaque jour notre baptême nous rappelle qu’ensemble nous vivons de son amour.
 
Père James Cunningham : Demander le baptême c’est aussi vouloir que  Paula soit élevée dans l’amour de Dieu, Dieu que nous croyons Père, Fils et Saint Esprit.
Père James Cunningham : Croyez-vous en Dieu, le Père tout puissant, créateur du ciel et de la terre ?

     Parents et parrains : Je crois

Père James Cunningham : Croyez-vous en Jésus Christ, son Fils unique, notre Seigneur, qui est né d’un homme et d’une femme et a souffert la passion, a été enseveli, est ressuscité d’entre les morts, et qui est assis à la droite du Père ?

     Parents et parrains : Je crois

Père James Cunningham : Croyez-vous en l’Esprit Saint, à la sainte Église universelle, à la communion des croyants, au pardon des péchés, à la résurrection et à la vie éternelle ?

     Parents et parrains : Je crois

Et vous aussi, Frères et Sœurs, levez-vous en témoignage de cette foi partagée.
 
Baptême de Paula par le prêtre et la pasteure :
Paula je te baptise au nom du Père, du Fils et du Saint Esprit.

Imposition des mains par les Pasteures :
Paula, pour toi aussi cette parole est vraie : « Dieu a tellement aimé le monde qu’Il a donné son Fils unique afin que quiconque croit en lui ait la vie éternelle ».

Exhortation à la communauté :
Frères et sœurs, voici Paula
Par ce baptême, nous attestons qu’elle est enfant de Dieu.
Elle est ici chez elle, vous êtes sa famille spirituelle.
Vous lui accorderez, ainsi qu’à ses proches, le soutien de votre prière.
Aucune contrainte ne la retiendra dans la communauté chrétienne mais s’il venait à s’en séparer, vous affirmerez qu’elle peut toujours y retrouver sa place.
Vous serez ainsi pour elle, des témoins de l’amour de Dieu.

Prière :
Père, nous te disons notre joie et notre reconnaissance pour Paula qui vient de recevoir le signe de ta grâce. Nous te prions pour elle et pour ses proches. Nous te remercions pour notre propre baptême et pour la fidélité de ton amour. AMEN

Cantique : Louange et Prière N°308 « confie à Dieu ta route ». strophes 1, 3, 5 [cliquer ici]
 
Animation avec les enfants.
 
Lectures bibliques apocryphes :

Livre des Chimères chapitre 1, 1-14
[Atelier d’écriture sur le thème des visions prophétiques d’après le livre d’Ézechiel et la question qui est Dieu ?]

Tout à coup je vis dans le ciel un être majestueux
Je croyais que c’était un simple oiseau
Mais il avait quelque chose d’étrange, d’exceptionnel.
J’ai cru que je rêvais.
Je vis quelque chose qui ressemblait à un lion, sauf qu’il possédait un bec qui rappelait celui de la colombe.
Je me suis dit : un lion colombe…est ce que ça existe ?
N’étais-je pas devenu fou ?
Je n’étais pas au bout de mes surprises. Je me rapprochai de cet être mystérieux,
Je découvris qu’il avait aussi une queue de renard, des oreilles de chien, des pattes de chat et des ailes d’aigle. C’était sûr, il venait d’une autre dimension.
J’entendis une voix me dire :
« la tête de colombe représente la paix, les oreilles de chien,  la fidélité, le corps de lion, la force, la protection et la bonté ; les ailes de l’aigle,  la puissance et la majesté de la royauté ; la queue du renard, l’intelligence astucieuse ; les pattes de chat représentent l’amour et la discrétion.
Alors je compris quel était cet animal extraordinaire :
C’était la représentation du Seigneur, qui seul pouvait posséder toutes ces qualités.
Et la voix me dit : « accomplis ce que tu dois faire ».

Livre de la Prophétesse Abigaïl ( source de joie) Chapitre 1, versets 1-13
[Atelier d’écriture sur le thème des visions prophétiques à partir du livre de Zacharie et la question : comment construire la paix entre les religions].

Et je vis dans le ciel quatre symboles :
Il y avait un lotus, une croix, une étoile, et un croissant de lune éclairée par une étoile.
Deux personnes se battaient :
L’un portait une capuche et l’autre avait le visage découvert, et il était vêtu de blanc.
Les symboles se battaient entre eux, ils se battaient chacun au nom de leur Dieu.
On voyait des milliers de morts aux côtés des symboles.
La nuée de Dieu apparut.
On vit alors pousser un olivier, et une nuée de colombes arriva, il se mit à neiger.
Tout était devenu blanc.
Tous les morts revinrent à la vie, une main les relevait tous, pour la paix, pour ce monde.
Ils firent la fête. sous l’olivier plein de fruits,
Et les colombes vinrent faire leurs nids dedans !

Jeu d’orgue

Prédication : Ma Bible à moi ou comment s’approprier la Bible

                À la lecture de ces textes, on retrouve à la fois les formes des récits contenus dans la Bible, avec ces grandes descriptions d’êtres extraordinaires que seuls les prophètes comme Ézéchiel savent voir, et pourtant le contenu des visions et des scènes apocalyptiques ont quelque chose d’ « extra-biblique » et d’anachronique. Le chat par exemple est un animal dont on ne parle pas dans la Bible, sauf une fois je crois, dans un des livres des Chroniques, (mais je vous laisse chercher et retrouver le chat caché dans la grande bibliothèque qu’est la Bible). Le chien est intéressant aussi, car il apparaît ici comme l’ami de l’homme, alors que ce n’était pas si simple dans le Moyen-Orient du monde biblique. Pourtant, on retrouve les grands symboles qui peuplent notre imaginaire et qui sont passés du monde religieux au monde profane : la colombe, l’olivier, le grand aigle, le lion, l’arbre qui donne du fruit…. Tous ces symboles parlent universellement encore aujourd’hui, que l’on soit croyant en Dieu ou qu’on ne le soit pas. Mais c’est peut-être parce que tous ces animaux ont d’abord fasciné les hommes, qu’ils ont été utilisés pour parler des choses divines ; c’est parce qu’ils contenaient une part de mystère propre à subjuguer l’observateur. C’est peut-être aussi parce que l’arbre, et particulièrement l’olivier, est un véritable socle de l’organisation des sociétés méditerranéennes, d'une civilisation, comme l’explique Fernand Braudel, qu’il a été ainsi choisi dans la Bible que nous connaissons, mais aussi dans des textes parlant de la paix, comme celui que nous avons lu ce matin dans le Livre de la Prophétesse Abigaïl. La culture biblique est autant héritière que créatrice.
                Les deux textes que les catéchumènes ont imaginés lors d’un atelier d’écriture sur le langage des visions prophétiques bibliques ont ceci d’extraordinaire, qu’ils s’inspirent très directement de la Bible et de ses motifs, pour en transposer le message dans un autre temps. Ce temps, c’est celui des auteurs eux-mêmes, celui d’aujourd’hui. On notera qu’ils ont choisi une autrice dont le nom veut dire : « source de joie ». Un beau signe des temps !
                La façon de définir Dieu dans une vision fait  appel à des animaux familiers, aimés, et qui apportent le réconfort, la confiance et la force que Dieu inspire à ces enfants. Le thème de la paix, traité dans cette guerre des symboles comme une difficulté à trouver un équilibre au milieu de doctrines religieuses qui s’affrontent, manifeste bien, lui aussi, le questionnement que traversent les enfants et les adolescents d’aujourd’hui. Au milieu de ces perles de réécriture, il a fallu choisir. Mais toute la liturgie de ce matin nous montre des exemples de créations littéraires aux accents bibliques qui sont autant d’actualisations et de commentaires de textes qui peuplent déjà la culture et l’imaginaire des enfants qui fréquentent régulièrement ce lieu. Du slam éthique à la louange pour le salut, en passant par la parabole de l’orgue que nous entendrons après, jusqu’à la vie après un miracle avec Bartimée, l’aveugle guéri qui retombe dans la cécité du chagrin et du non-sens, les récits adoptant des formes plus ou moins reconnaissables dans la Bible, comme le récit de miracle, la parabole, la béatitude ou le sermon, permettent de porter des préoccupations, des espoirs, des gratitudes d’aujourd’hui.
                C’est une langue que nos lectrices et lecteurs de la Bible devenus écrivains ont apprise. Et pour les plus petits, me demanderez-vous ? Pour les plus jeunes, le théâtre, ou le dessin leur permettent déjà d’exprimer dans la langue de la Bible ce qu’ils en comprennent, et ce qu’ils en retiennent, comme cette chimère extraordinaire que vous avez sur votre feuille de chants et qui nous a toutes et tous sidérés quand nous l’avons vue. Un pangolin-serpent ! Résumé d’une situation sociale contemporaine, expression du mal et de son remède dans la même bête étrange, création symbolique pour exprimer ce qui nous est arrivé avec la pandémie de la Covid et la quête de vaccin pour en venir à bout. L’origine et la fin, le mal et le salut, rassemblés dans un même dessin d’enfant, à faire pâlir d’envie un psychanalyste.

                Quel rapport avec la Bible pourrait-on objecter à cette pédagogie de la réécriture ? Et quelle utilité dans le fait d’écrire de nouveaux textes alors que ceux qui sont dans la Bible sont déjà si riches et encore souvent méconnus ? N’est-on pas en train de s’éloigner du trésor commun plutôt que de se familiarisé avec lui ?
                Prétendre qu’une bonne culture biblique s’acquiert  par la lecture des textes n’est évidemment pas absurde. Mais ce qui, en revanche, devient absurde, c’est de garder ceux-ci en mémoire comme des monuments inamovibles, qu’il est interdit de critiquer et de transformer, sinon au mieux, en érudition, au pire en idoles ou en dogmes indiscutables. Lire des textes anciens requiert un apprentissage de la relation que cette culture suppose avec nous, de sa relativité et donc une désacralisation. 
                Ce que nous appelons la Bible est un parti pris de choix, de traductions, d’abandons et d’interprétations. Les livres qui sont dans la Bible y sont en partie parce qu’en 367 un certain Athanase d’Alexandrie a décidé d’évacuer du canon de la Bible tout ce qui ne correspondait pas à la doctrine chrétienne telle qu’il l’envisageait. Exit la prière de l’apôtre Paul. Exit ce que l’on va se mettre à appeler les Apocryphes de Jacques, de Jean, ou encore l’Évangile de Philippe, le livre de Thomas l’athlète, la Sophia de Jésus-Christ, le Dialogue du sauveur. Exit l’Évangile de Thomas, extraordinaire recueil des paroles du Christ, aussi ancien et peut-être plus que les quatre Évangiles canoniques. Tous ces textes n’ont pas été retenus dans la grande bibliothèque canonique de la Bible parce qu’ils venaient contredire la doctrine chrétienne en vigueur à l’époque d’Athanase. Pourtant, ces textes n’étaient pas des faux Évangiles ou de faux témoignages de foi en Jésus Christ, mais ils allaient à contre-courant de ce que l’on voulait garder du foisonnement chrétien des premiers siècles : trop mystiques, ne rendant pas service à la hiérarchie de l’Église et à la succession apostolique reconnue, car l’Évangile de Thomas met en avant l’autorité de Jacques nommé par Jésus comme son successeur, ce qui n’était pas très pratique quand on voulait faire de Pierre le gardien de la tradition.

                Alors, si le choix d’un trésor commun relève d’un coup de force pour mettre de l’ordre là où la foi a créé un exubérant foisonnement littéraire, que devient l’autorité de la Bible telle qu’elle nous est présentée et que devons-nous enseigner à nos enfants ? Sola Scriptura, l’Écriture seule ? Mais quelles Écritures ? Dans son « Examen important de milord Bolingbroke, ou le tombeau du fanatisme », Voltaire écrit : « Pourquoi le chrétien le plus scrupuleux rit-il aujourd’hui sans remords de tous ces Évangiles, de tous ces Actes, qui ne sont plus dans le canon, et n’ose-t-il rire de ceux qui sont adoptés par l’Église ? Ce sont à peu près les mêmes contes ; mais le fanatique adore sous un nom ce qui paraît le comble du ridicule sous un autre. »
                Le canon biblique s’est constitué sur un temps très long et, encore aujourd’hui, on discute de l’entrée ou non de certains textes destinés à constituer le trésor commun qui fonderait la culture de nos églises. Ce que ce canon des Écritures nous apprend, c’est qu’il déborde de partout et que la Bible, plus qu’une bibliothèque aux portes fermées est une auberge toutes fenêtres ouvertes où se croisent des cultures qui créent sans cesse de nouvelles façons de dire Dieu et de nouvelles façons de faire jouer entre eux les religions, les représentations, les symboles et les confessions de foi.
                D’où l’importance pour comprendre cet entre­croisement de compréhensions du religieux, de savoir reconnaître les formes de langages qui sont employées pour exprimer la foi et les problèmes qu’elles posent. Entre une parabole qui déplace l’auditeur dans son éthique et dans sa foi et un psaume qui règle ses comptes avec Dieu par la plainte, la louange ou l’espérance, il y a un monde ; et ce sont autant d’usages de langues pour dire la relation de l’homme à Dieu et à son prochain. Quand l’Apocalypse de Jean écrit un texte politique crypté pour résister à la persécution alors que Luc entreprend de faire l’histoire de la Bonne Nouvelle que constitue la venue du Messie, le but est différent et il importe de le comprendre.
                Quoi de plus pertinent que de faire soi-même l’expérience de son expression de foi en devenant auteur d’apocryphes ?
                Lequel d’entre nous a fait l’expérience de rédiger sa propre confession de foi ? N’est-ce pas fascinant de voir surgir les nombreuses questions et les exigeants problèmes qu’une telle démarche engendre ?
                Réécrire n’est pas trahir mais c’est découvrir. Ce procédé de la réécriture est d’ailleurs très courant dans l’antiquité biblique comme dans d’autres cultures pour s’approprier un texte : c’est l’exercice du pas de côté, la fidélité par l’interprétation, l’immersion par la prise de distance. Car qu’y a-t-il de commun entre un homme de l’antiquité et un homme du 21ème siècle qui lit le texte antique ? Et pourtant, tant de choses nous relient par ces textes qui nous parlent et nous appellent à dire, nous aussi, notre version des faits. L’anthropologie et les sciences bibliques ont montré ce qu’explique très bien ici le bibliste Scott Fitzgerald Johnson (Université de l’Oklahoma) : « L’acte de réécrire est nécessairement concomitant de n’importe quelle réception d’un « texte » (…) Qu’il s’agisse des mythes Bagré des Lo Dagaa, des récits de la Bible hébraïque ou des innombrables mythologies (…) de la Grèce ancienne, la réponse cognitive humaine s’oriente invariablement vers l’élaboration et la réécriture, parfois même à un niveau très littéral. (…) Le texte reçu devient tout naturellement (…) un « chantier » ou un terrain de réécriture et de « jeu », un jeu qui, bien entendu, vise davantage à redéfinir l’identité contemporaine qu’à reformuler une mythologie ancienne. » (cité dans l’excellent livre de l’Institut Protestant de Théologie intitulé : La formation des canons bibliques, p.21).

                Ne dit-on pas que les protestants sont les archéologues de la foi ? Eh bien c’est à un chantier de fouilles qu’il faut comparer la Bible. Loin d’être la doxa du Christianisme, cette bibliothèque ouverte nous invite à creuser avec constance, dans ses sous-sols, mais aussi hors de ses murs, dans les alentours de ses textes, pour garder à l’esprit que la lire n’a de sens que si elle devient énigme féconde pour nous. Non pas un texte ésotérique, mais un monde dans lequel le tissu de relations passées se relie aux relations que notre esprit crée aujourd’hui en lisant ces lignes : d’abord lointaines, mais toujours humaines.
                Par leur lecture, nos enfants apprennent ce que d’autres ont dit avant eux sur leur relation à ce qu’ils appelaient Dieu. Et cet apprentissage à recevoir un texte d’autres humains qui ont cru avant nous est essentiel. Mais par leur réécriture, nos enfants ont compris dans leur âme même quelle était l’importance d’un tel langage sur ces choses si difficiles à exprimer que sont Dieu, la foi, la paix, l’espérance ou l’amour. Leurs mots sont émouvants, comme le sont nos symboles et nos rites, comme l’était le baptême de la petite Paula que nous venons de vivre ; parce qu’ils disent à la fois la force que leur donne cette langue biblique qu’ils se sont appropriée par transmission, mais aussi leurs aspirations pour ce monde. Les textes de la Bible et ceux qui sont autour de la Bible, les apocryphes, les réprouvés, les oubliés, sont à la fois nourriture et miroir pour nos enfants comme pour nous. Ils nous inspirent, nous déroutent, ou nous scandalisent, mais toujours ils nous construisent comme lecteurs ou auditeurs en nous renvoyant cette question : « où est-elle ta Bible à toi ?  Quel est-il le livre que ta vie écrit ? »
                Tout chrétien est un apocryphe de l’Évangile : il réécrit dans sa contemporanéité le trésor qu’il a cherché dans le chantier de fouilles qu’est l’héritage biblique.
                Vous, nos enfants, vous nous parlez de la paix que vous désirez entre les religions, de l’image d’un Dieu aimant, protecteur et astucieux ; vous nous rappelez qu’il n’y a pas de christianisme sans exemple du Christ dans nos propres vies. Merci pour vos témoignages de foi qui nous engagent. Ce règne de Dieu, que vous appelez de vos vœux, est à construire avec vous ; pour qu’à votre suite, la petite Paula puisse, elle aussi, réécrire son Évangile dans la paix et la liberté de jugement que nous lui aurons garanties. 
 

                                                                      AMEN.


Chœur

Cantique : Alleluia N°51/05 « Marche en ma présence », strophes 1 à 4 [cliquer ici]

Annonces

Parabole de l’orgue

Il était une fois un homme qui n’avait pas de travail et un homme qui possédait une église. Cette église contenait un orgue resplendissant qui ne fonctionnait pas et un orgue miteux qui fonctionnait à merveille.
L’homme riche ne savait pas en jouer et cherchait quelqu’un pour en jouer. L’homme sans travail savait en jouer mais personne ne voulait de lui. Alors l’homme riche lui demanda s’il jouait de l’orgue et il l’embaucha.
Tous deux allèrent dans l’église. Quand l’homme riche s’aperçut que l’orgue resplendissant ne fonctionnait pas, il suggéra d’en acheter un autre merveilleux pour attirer beaucoup de monde dans son église. L’homme pauvre suggéra plutôt d’essayer l’orgue miteux. Alors l’homme pauvre s’assit et se mit à jouer sur l’orgue miteux et joua divinement bien. Il attira toute la région par sa superbe musique.
L’homme riche lui dit : « Je ne comprends pas pourquoi tout le monde vient pour un orgue miteux. »
Le pauvre lui répondit : « L’habit ne fait pas le moine. Ce n’est pas la beauté de l’orgue qui fait le bonheur des habitants. Mais c’est l’amour que j’ai reçu de toi, homme riche, et l’amour que je porte aux habitants qui font que je vous offre la plus belle musique qui soit ».

Collecte
Musique

 
Prière d’intercession 
[écrite par les moniteurs et monitrices de l’éducation biblique]
 
Notre Père
Notre Père qui es aux cieux,
que ton nom soit sanctifié,
que ton règne vienne
que ta volonté soit faite
sur la terre comme au ciel.
Donne-nous aujourd'hui notre pain de ce jour.
Pardonne-nous nos offenses
comme nous pardonnons aussi
à ceux qui nous ont offensés,
et ne nous laisse pas entrer dans la tentation,
mais délivre-nous du mal.
Car c'est à toi qu'appartiennent :
le règne la puissance et la gloire,
Aux siècles des siècles.
Amen.
 
Exhortation et bénédiction :
     
Cantique : Alleluia N°53/02 « Jeunes et vieux », 2 fois [cliquer ici]




Paroles des chants du dimanche 12 juin 2022

Psaume : Psautier Français n° 92 « O que c'est chose belle », strophes 1, 2 & 4

Pour écouter ce psaume sur le site de l'Oratoire, cliquer ici

1 - Oh ! que c'est chose belle
De te louer, Seigneur,
De Chanter ta splendeur
Au milieu des fidèles ;
Quand le jour vient à naître,
D'annoncer ta bonté,
Et ta fidélité
Quand la nuit va paraître.

2 - Tes œuvres surprenantes
Ont réjoui mon cœur,
Et je dirai, Seigneur,
Leur sagesse étonnante.
Tes pensées sont profondes ;
Plus il les étudie,
Plus l'homme est interdit :
Ta main garde le monde.
3 - Si le méchants fleurissent
Comme l'ivraie des champs,
Et si des arrogants
Les projets réussissent,
C'est pour qu'ils disparaissent
Par la mort emportés
Et que soient dévoilés
Les plans de ta sagesse.


 4 - Tu oins d'une huile fraîche
Le front de ton enfant ;
On le voit rayonnant,
Vigoureux comme un cèdre.
Sa gloire et sa richesse
Sont d'orner ta maison ;
Tes fruits, chaque saison,
Combleront ta vieillesse.

Psaume : Psautier Français n° 72 « Revêts Seigneur de ta justice », Strophes 1 & 3

1 - Revêts, Seigneur, de ta justice
Le Prince de la paix
Et parmi nous qu’il établisse
Son royaume à jamais.
En lui, les plus humbles du peuple
Trouvent un défenseur,
Délivrant les fils de la veuve
Et brisant l’oppresseur.
3 - Comme l’ondée il renouvelle,
Il reverdit nos prés.
Il donne au droit vigueur nouvelle ;
Le monde en est paré.
Dans son royaume sans frontières
Les grands s‘inclineront ;
Et tous les peuples qu’il libère
En paix le serviront.

Cantique : Louange et Prière n° 308 « Confie à Dieu ta route », Strophes 1, 3 & 5

[Pour écouter, cliquer ici]

Strophe 1
Confie à Dieu ta route,
Dieu sait ce qu’il te faut ;
Jamais le moindre doute
Ne le prend en défaut.
Quand à travers l’espace
Il guide astres et vents,
Ne crois-tu pas qu’il trace
La route à ses enfants ?

Strophe 2
Tout chemin qu’on t’impose
Peut devenir le sien ;
Chaque jour il dispose
De quelque autre moyen.
Il vient, tout est lumière ;
Il dit, tout est bienfait ;
Nul ne met de barrière
À ce que sa main fait.
Strophe 3
Consens à lui remettre
Le poids de ton souci.
Il règne, il est le maître,
Maintenant et ici.
Captif, pendant tes veilles,
De vingt soins superflus,
Bientôt tu t’émerveilles
De voir qu’ils ne sont plus.

Strophe 5
Bénis, ô Dieu, nos routes,
Nous les suivrons heureux,
Car toi qui nous écoutes,
Tu les sais, tu les veux.
Chemins riants ou sombres,
J’y marche par la foi :
Même au travers des ombres,
Ils conduisent à toi.

Cantique : Alleluia n°53/05 « Marche en ma présence », Strophes 1 à 4

Strophe 1
Marche en ma présence, je suis avec toi.
Lorsque tu avances, je prends ton chemin.
Marche en ma présence, je te tiens la main,
Chaque jour qui passe, chaque nuit qui vient..

Refrain

Mon Dieu, mon Dieu, que veux-tu de moi ?
Tu m’appelles, je ne te vois pas.
Mon Dieu, mon Dieu, toi, tu me connais ;
Dis-moi, dis-moi quel est ton secret.
Strophe 2
Marche en ma présence, je suis avec toi.
Le Dieu de l’alliance n’oublie pas les siens.
Marche en ma présence, je te tiens la main,
Dans ce qui te peine, dans le moindre rien.
Refrain

Strophe 3
Marche en ma présence, je suis avec toi.
Donne ta confiance, tu sais que j’y tiens.
Marche en ma présence, je te tiens la main ;
Ouvre-moi ta porte, tu n’auras plus faim.
Refrain

Strophe 4
Marche en ma présence, je suis avec toi.
Entre dans la danse, n’attends pas demain.
Marche en ma présence, je te tiens la main ;
Je deviens ton frère, je deviens ton pain.
Refrain

Cantique : Alleluia n°51/02 ou Arc-en-ciel n° 170 « Jeunes et vieux »

Jeunes et vieux se réjouiront ensemble,
Les jeunes filles danseront de joie.
Laï, laï, laï,…
Je changerai leur deuil en allégresse
Et je les consolerai.
Je leur donnerai la joie au lieu du chagrin,
Je leur donnerai la joie.
Je leur donnerai la joie au lieu du chagrin,
Je leur donnerai la joie.

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