La foi, la religion, à quoi ça sert ?
Ésaïe 58:6-12
Culte du 16 avril 2023
Prédication de Imam Faker Korchane
Vidéo de la partie centrale du culte
Culte interreligieux à l'Oratoire du Louvre
16 avril 2023
416ème jour de la guerre en Ukraine
« La foi, la religion, à quoi ça sert ? »
Culte présidé par les pasteure Béatrice Cléro-Mazire et Agnès Adeline-Schaeffer
Avec en chaire l'imam Fader Korchane, président de l'Association pour la renaissance de l'islam mu'tazilite (ARIM)
Avec Aurélien Peter, organiste suppléant, à l'orgue.
Accès direct aux textes des chants, cliquer ici
Accès direct au texte de la prédication, cliquer ici
Affichage de la prédication pour impression, cliquer ici
Album photo, cliquer ici
Voir aussi le culte du 30 mai 2021, Abraham selon une sourate du Coran.
Orgue : Samuel MARESCHAL, Variation sur le Psaume 72
Annonce de la grâce
La grâce et la paix nous sont données de la part de Dieu notre Père en Jésus notre frère .
Accueil
Bonjour à toutes et à tous et bienvenue dans ce culte, que vous soyez dans ce temple à l’Oratoire du Louvre où avec nous en ligne. Aujourd’hui, nous saluons les amis orthodoxes qui fêtent la Pâques et nous leur souhaitons une belle fête de la résurrection.
Pour nous aussi c’est un jour de fête car nous avons la joie d’accueillir Faker Korchane, président de l’Association pour la renaissance de l'islam mutazilite (ARIM), imam à la mosquée Fatima, penseur d’un islam libéral et auteur du livre que nous présenterons dans la suite de ce culte : Qu’est-ce que l’islam libéral ?, Atlande, avril 2023.
Faker, bienvenue et merci d’être avec nous ce matin pour nous proposer une prédication libérale sur des sourates du Coran.
C’est un des aspects important de la théologie libérale contemporaine que d’entrer en dialogue avec les autres religions pour chercher ensemble à dire l’indicible de Dieu.
Ce matin c’est Aurélien Peter qui est avec nous à l’orgue. Réunissons-nous dans la communion fraternelle avec le premier chant du livret inséré au début du psautier.
Chant spontané : « Ô Seigneur, ta fidélité » (Ps. 36, str.1) [cliquer ici]
Louange
Psaume 100
Psaume de reconnaissance.
Lance une joyeuse clameur vers l'Éternel,
Terre entière !
Servez l'Éternel avec joie,
Venez avec des acclamations en sa présence !
Reconnaissez que l'Éternel est Dieu !
C'est lui qui nous a faits, et nous sommes à lui :
Son peuple et le troupeau de son pâturage.
Entrez dans ses portes avec reconnaissance,
Dans ses parvis avec la louange !
Célébrez-le, bénissez son nom !
Car l'Éternel est bon ; sa bienveillance dure toujours,
Et sa fidélité de génération en génération.
Psaume : Le Psautier Français n° 72 « Revêts Seigneur de ta justice », strophes 1 à 4 [cliquer ici]
Volonté de Dieu
Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur,
de toute ton âme, de toute ta force et de toute ton intelligence.
C'est là le premier et le grand principe,
et voici le second, qui lui est semblable :
Tu aimeras ton prochain comme toi-même.
Chant spontané : « Parle, parle Seigneur, ton serviteur écoute » [cliquer ici]
Repentance
« Notre seigneur, ne nous en veuille pas de nos omissions, non plus que de nos erreurs. Notre Seigneur, ne nous fais pas porter un faix aussi lourd qu’à nos devanciers. Notre Seigneur, ne nous fais pas porter plus que ce que nous pouvons. Passe sur nos fautes, par-donne-nous, aie de nous miséricorde. Tu es notre Maître ».
Le Coran : Sourate II, verset 286
Chant spontané : « Mon Rédempteur est vivant » (L&P n°149 ou Arc-en-Ciel n°475, str.1) [cliquer ici]
Annonce de la grâce
Jésus appelle et dit : « Venez à moi vous tous qui êtes fatigués de porter un lourd fardeau et je vous donnerai le repos.
Matthieu 11, 28
Chant spontané : « Mon Rédempteur est vivant » (L&P n°149 ou Arc-en-Ciel n°475, str.2) [cliquer ici]
Confession de foi
Je crois que tu es le Dieu Un
Le même hier, aujourd’hui et demain
Je crois en ton amour unique pour tous les êtres humains
Je crois que nos religions sont nos langues pour dire ta grandeur et ta gloire
Et je crois que si j’étais née en d’autres temps ou d’autres lieux
j’aurais une autre langue pour dire ma foi en toi
Mais je crois que tu serais toujours « Dieu pour moi ».
Je crois en une amitié entre les croyants toujours possible
En un dialogue entre les chercheurs de vérité toujours possible
En une paix entre les religions toujours possible.
Je crois en une liberté religieuse toujours possible
en une religion utile pour le monde
En une critique théologique bénéfique pour tous
Mais je crois qu’il n’est pas possible d’y arriver
sans l’amour du prochain que tu inspires à toutes et tous
et qui reste si difficile à vivre réellement.
J’ai foi en la bonne volonté de celles et ceux qui sincèrement
cherchent à dire l’indicible de ta présence à leur côté.
Je crois en Jésus qui est un frère pour moi et qui est un prophète pour d’autres
et je n’affirmerai pas que j’ai raison contre eux car ni eux ni moi ne pouvons prouver que nous avons raison quand nous parlons de toi.
Mais toujours j’affirmerai que nous avons raison de chercher ensemble,
même dans des langues différentes de foi pour trouver ensemble un chemin vers toi.
AMEN.
[Pasteure Béatrice Cléro-Mazire]
Chant spontané :
Prière avant la lecture :
Source jaillie de l’amour de Dieu,
Fontaine où murmure la vie,
Qui transforme nos déserts en oasis et abreuve nos terres arides de sa Parole.
Souffle insaisissable, porteur d’éternité,
Vent de Dieu, venu de Galilée, qui s’insinue dans la faille de nos hésitations et nous engendre à la liberté.
Brise incandescente de confiance qui éclaire nos dédales de sa présence et consume nos divisions.
Esprit de Dieu vient éclairer notre intelligence et ouvrir notre cœur.
Psaume : Le Psautier Français n° 36 « Ô Seigneur ta fidélité », strophes 1 et 2 [cliquer ici]
Prédication : La foi, la religion, à quoi ça sert ?
« Avec le nom de Dieu Le Clément, Le Miséricordieux, louanges à Dieu Seigneur des mondes, que la paix et la bénédiction soient sur notre maître Muhammad et sur ses Proches, purifiés et justes. »
السٌَلامُ عَلَيْكُمْ, As salâmu aleykom, Que la paix soit sur vous.
Commentaire sur le verset 177 de la sourate 2, البقرة, Al-Baqarah, La Vache, et de la sourate 107 الماعون, Al-Maun, L'Entraide.
Traduction du Coran par Jacques Berque, avec quelques réajustements de Faker Korchane en italique.
En cette période religieuse triplement marquée par le Carême, פֶּסַח, Pessah, la Pâque juive, et le mois de رَمَضَان, Ramadan, il n’est pas inutile de se questionner sur le sens ou la signification de la religion. Ainsi, la foi, ou plus exactement la religion - qui est la mise en application de la foi - à quoi ça sert ?
Dans le Coran, un verset est particulièrement célèbre pour définir ce qu'est la foi, ou la piété, ou le bien suprême. Ce sont les différents termes que l'on peut trouver derrière l'expression arabe, آية البر, âyat al-birr, que l'on trouve en 2, 177 - traduit par « le verset du bien suprême. » Ce qui me paraît important à souligner ici, c’est ce que veut dire « avoir la foi ». Il ne peut s’agir d’une simple posture morale, mais d’un engagement et d’une implication bien plus profonde que cela.
« Le bien suprême ne consiste pas à tourner votre tête du levant au couchant. Mais le bien suprême consiste à croire en Dieu, au Jour dernier, aux anges, à l’Écrit, aux prophètes, à donner de son bien, pour attaché qu’on y soit, aux proches, aux orphelins, aux miséreux, aux enfants du chemin, aux mendiants, et pour (l’affranchissement) des nuques (esclaves), à accomplir la prière, à acquitter la purification, à remplir les pactes une fois conclus, à prendre patience dans la souffrance et l’adversité au moment du malheur : ceux-là sont les véridiques, ce sont eux qui se prémunissent » (2, Al-Baqara, La Vache, 177).
La foi en tant que posture ?
Selon la tradition, ce verset aurait été révélé en l'an 2 de l'Hégire, soit en 624 après Jésus-Christ, lors du changement de la قِبْلَة, qibla, l'orientation pour la prière. Jusque-là, les musulmans priaient en direction de Jérusalem. À partir de cette date, le prophète oriente sa communauté vers La Mecque. À cette occasion, un certain nombre de fidèles protestèrent. Beaucoup ne comprenaient pas le changement et souhaitaient garder Jérusalem comme orientation cultuelle, mais d'autres proposèrent d'autres directions. Les commentateurs préfèrent dire que les plus désarçonnés étaient les juifs et les chrétiens qui voyaient l'orientation de leurs prières rejetée par les musulmans. Mais ce n'est pas le point le plus essentiel. Des commentateurs de la tradition mutazilite tels que Abû ʿAlî al-Jubâ'î (m. 915), Abû Muslim al-îsfahânî (m. 934) ou encore le grand linguiste arabe al-Zamakhsharî (m. 1144), ont ajouté que l'enjeu de ce verset était l'importance qu'il accordait non pas au culte mais à l'attitude générale attendue par Dieu, de tous ceux qui sont hommes et femmes de foi. La religion n'est pas dans le rite, elle va au-delà. (« La piété ne consiste pas à tourner votre tête du levant au couchant »). Or, qu'est-ce qu'une religion ? C'est la traduction pratique, en acte, de la foi. Sans doute peut-on tracer un lien spirituel à quelques siècles de distance entre cette lecture coranique et la pensée du psychologue et philosophe américain William James (1842-1910). Pour James, la foi sans implication concrète n’est que « vacances morales ». Or James, en plus d’être le frère du grand écrivain Henry James (1843-1916), est aussi et surtout le fils d’un théologien protestant swendenborgien (The New Church), Henry James Senior, et le filleul de l’ex-pasteur unitarien Ralph Waldo Emerson (m. 1882). Pour l’Église swendenborgienne, la foi ne peut se penser sans qu’elle s’applique concrètement. L’application de la foi, c’est la charité.
Or, le verset du bien suprême (آية البر, âyat al-birr), non seulement souligne l'importance des actes, mais il délivre aussi un contenu conceptualisé de ce en quoi la foi consiste (« Mais la piété consiste à croire en Dieu, au Jour dernier, aux anges, à l’Écrit, aux prophètes »). Ce sont les cinq éléments de la foi, auxquels les traditionnistes rajoutent la prédestination et qu'ils appellent les six piliers de la foi. Immédiatement après les éléments de la foi viennent les actes mondains, c'est-à-dire comment la foi implique d'agir dans le monde. Essentiellement à partager, soutenir, aider et libérer l'autre, surtout celui en état de fragilité (« à donner de son bien, pour attaché qu’on y soit, aux proches, aux orphelins, aux miséreux, aux enfants du chemin, aux mendiants, et pour [l’affranchissement] des nuques [esclaves] »). La suite du verset vise l'exercice spirituel envers le croyant et la croyante. Car ce n'est qu'à ce moment-là que sont évoqués les aspects rituels, principalement ceux de la صَلَاة, salât, la prière, et de la زكاة, zakât, la purification / aumône (« à accomplir la prière, à acquitter la purification »). Ceux-ci permettent à ceux qui s'y exercent de donner la primauté à l'esprit sur la matière. Dieu est la source d'une énergie spirituelle qui nous nourrit et nous renforce. Cette énergie nous permet de faire face aux aléas de la vie, choses inévitables dans la condition humaine. Les exercices spirituels nous permettent de nous entraîner à ce que la religion considère comme étant la vertu, celle-ci consiste à s’édifier soi-même, se transformer et être une source de bienfaits pour les Hommes en entier. En outre, le culte nous permet d’avoir une concrétisation minimale de ce qui, autrement, ne serait que pure posture. C’est pourquoi la foi ne peut être réduite au culte, mais elle doit se traduire par une attitude plus globale, d’où la suite du verset où le croyant et la croyante, une fois leur parole donnée, s’engagent « à remplir les pactes une fois conclu, à prendre patience dans la souffrance et l’adversité au moment du malheur ».
La capacité d'endurer dans la souffrance, de faire preuve de patience lors des moments difficiles, moments inéluctables dans la vie humaine, sont aussi des marqueurs de la foi. Montrer une telle attitude, que l’on pourrait presque qualifier d’amor fati, amour de ce qui advient, peut être compris comme la nécessité de dire un grand « oui » à la vie. Or la vie n’est pas toujours simple et heureuse. Nous passons tous des moments difficiles, et parfois très durs, qu’il faut savoir accepter. Pourquoi ? Parce que c’est notre lot humain. Autrement dit, les croyants qui dépassent les limites de l’énoncé de la foi, celle de la posture, pour tendre vers la foi véritable, celle de l’actualisation des valeurs de la foi, tant en termes de bel agir vis-à-vis de son prochain, et des plus faibles en particulier, mais aussi à aimer la vie, dire un grand « oui » à la vie avec ses moments de bonheur et de vicissitudes, « ceux-là sont les véridiques, ce sont eux qui se prémunissent ».
La vraie foi
Ce qui vient d’être dit est tout à fait fondamental. D’autant plus dans une approche qui se réfère à la lecture mutazilite du Coran (المعتزلة, al-mutazilah). Selon cette lecture, le Coran est créé. Cela est contraire aux affirmations des musulmans sunnites majoritaires, pour qui le Coran est incréé et donc serait en quelque sorte l’incarnation de la Parole de Dieu sur terre - au sens propre, son inscripturation. À ce titre, il serait donc parfait, complet, et même auréolé d’une forme de sacralité qui n’ose pas dire son nom. Mais dire que le Coran est créé implique que le Coran a été révélé à un moment spécifique dans un contexte spécifique et où le prophète Muhammad (pbsl*) a joué un rôle actif, contrairement à la conception sunnite où le prophète n’aurait été qu’une sorte de miroir réfléchissant. Ainsi, le Coran doit être complété par l’action de ceux qui y adhèrent. En contexte mutazilite, le Coran n’a pas été créé à un moment de l’histoire seulement mais est créé à chaque interaction avec un ou une croyante. La lecture du Coran, sa méditation, sa récitation, le fait de le recopier, le calligraphier : toutes ces interactions sont des moments où le Coran est créé dans le cœur de celui ou celle qui interagit avec. Faisant ainsi de toute personne qui y fait référence le « lieu » de la création du Coran. Ce sont les croyants et observant qui donnent réalité aux enseignements coraniques, ce sont eux qui sont les véritables traducteurs du noble Texte.
C’est la raison pour laquelle on trouve dans la sourate 107 (al-Mâ’ûn, L’Entraide), une sorte de bel exemple de ce qui était énoncé comme un idéal régulateur dans le verset 177 de la sourate 2. Ainsi, on peut lire dans le Coran : « Ne vois-tu pas celui qui dément la religion ? C’est le même que celui qui repousse l’orphelin, n’insiste pas pour que soit nourrit le miséreux… Ainsi, malheur à ceux qui, priant, sont distraits dans leur prière, et malgré de grands airs refusent l’entraide. » Cette sourate fait partie des sourates courtes de la fin du Coran, une des parties les plus anciennes qui, en accord avec les thèses du grand penseur soudanais Mahmoud Mohamed Taha (m. 1985), synthétisent l’Esprit du Coran et donc de l’islam. Elle est connue par beaucoup de musulmans car elle fait partie de celles que l’on apprend à l’école dans les pays de tradition islamique, mais elle est peu méditée. La sourate commence par montrer l’attitude déplorable non pas des incroyants, mais des « dénégateurs », des الكافرون, al-kâfirûn - non pas des gens qui n’ont pas été touchés par la foi, mais des gens qui s’y opposent sciemment par intérêts ; ceux qui auraient à perdre à reconnaître publiquement ce qu’ils savent être juste, car ils y perdraient, en argent, biens, esclaves, pouvoirs, etc. Ce sont ces gens-là qui, faisant de leur intérêt propre leur objectif suprême, repousse l’orphelin et néglige le nécessiteux. Pourtant le Coran, avec le fa que je traduis par « ainsi », lie cette attitude à celle des gens qui « priant sont distraits dans leur prière ». Comment ? En refusant l’entraide et en agissant exactement comme des kafirûn. La foi n’est donc pas dans les cœurs, mais dans les actes, qui sont eux-mêmes guidés par les cœurs conformément aux enseignements coraniques et prophétiques. Cela est illustré dans le Coran, lorsqu'il est question de l’attitude déplorable des gens des cités de ‘Ad et de Thamûd, mais aussi des peuples de certains Envoyés, comme Noé, Abraham, Loth et Moïse. En 22 (سورة الحج, Al-Hajj, Le Pèlerinage), 46 : « N’ont-ils pas cheminé sur la terre, ayant un cœur apte à raisonner, des oreilles capables d’entendre ? Or, ce ne sont pas les regards qui s’aveuglent, mais s’aveuglent les cœurs qui battent dans les poitrines ».
Quant au prophète Muhammad (pbsl*), un hadith de lui rapporte : « Est évident ce qui est licite comme est évident ce qui est illicite. Entre les deux [domaines] il est des choses qui suscitent le doute et que bien peu de gens connaissent. Aussi, celui qui se garde des choses douteuses, a-t-il préservé, par là même, sa religion et son honneur. Car celui qui s'aventure dans les domaines du doute s'aventure, en fait, dans l'illicite. Tel le berger dont [les bêtes] pâturent autour d'un enclos réservé, risquant à tout moment d'y pénétrer. Or, tout souverain possède un domaine réservé, celui de Dieu lui, est [l'ensemble] de Ses interdictions. Eh bien ! il y a dans le corps un morceau de chair qui, s'il est sain, rend tout le corps sain ; mais, s'il est corrompu, tout le corps devient corrompu. Eh bien ! il s'agit du cœur. ». Hadith rapporté par al-Bukhâri et Muslim. Le cœur est le siège de la raison, et nous ne voyons qu’avec le cœur. Mais voir ne suffit pas, car c’est l’agir qui donne la vérité de la vision de notre cœur. Les cœurs s’aveuglent, cela veut dire que percevoir la vérité n’implique pas nécessairement en accepter les conséquences. Les kâfirûn, ces dénégateurs, en sont le parfait exemple. Écouter son cœur veut dire agir en vérité, c’est-à-dire en conformant ses actes à sa foi.
Jésus Fils de Marie (pse*), Esprit de Dieu
Je conclurai cette longue illustration en faisant une dernière référence non pas coranique, mais biblique cette fois-ci, en Ésaïe 58, 6-12 : « Voici le jeûne auquel je prends plaisir :
Détache les chaînes de la méchanceté,
Dénoue les liens de la servitude,
Renvoie libres les opprimés,
Et que l'on rompe toute espèce de joug.
Partage ton pain avec celui qui a faim,
Et fais entrer dans ta maison les malheureux sans asile ;
Si tu vois un homme nu, couvre le,
Et ne te détourne pas de ton semblable.
Alors ta lumière poindra comme l'aurore,
Et ta guérison germera promptement ;
Ta justice marchera devant toi,
Et la gloire de l'Éternel t'accompagnera.
Alors tu appelleras, et l'Éternel répondra ;
Tu crieras, et il dira : Me voici !
Si tu éloignes du milieu de toi le joug,
Les gestes menaçants et les discours injurieux
Si tu donnes ta propre subsistance à celui qui a faim,
Si tu rassasies l'âme indigente,
Ta lumière se lèvera sur l'obscurité,
Et tes ténèbres seront comme le midi.
L'Éternel sera toujours ton guide,
Il rassasiera ton âme dans les lieux arides,
Et il redonnera de la vigueur à tes membres ;
Tu seras comme un jardin arrosé,
Comme une source dont les eaux ne tarissent pas.
Les tiens rebâtiront sur d'anciennes ruines,
Tu relèveras des fondements antiques ;
On t'appellera réparateur des brèches,
Celui qui restaure les chemins,
Qui rend le pays habitable. »
Ce passage est très intéressant car il permet de caractériser ce que veut dire « l’Esprit de sainteté » (رُوحُ القُدُس, Rûh al-Qudus) (5, سورة المائدة, Al-Mâ’ida, La Table servie, 110) que le Coran utilise pour caractériser Jésus Fils de Marie, et que l’on peut rapprocher ici de « L’Esprit du Seigneur » de Ésaïe 61, 1 cité par Jésus dans de l’Évangile selon Luc 4, 18-19. Al-Zamakhsharî, commentateur mutazilite dont j’ai déjà évoqué le nom, explique que « l’Esprit de sainteté » si caractéristique de Jésus dans le Coran, se comprend comme l’actualisation de la foi en agissements concrets. Jésus, fils de Marie (pse), est donc considéré comme la meilleure manifestation du birr dont je parlais plus haut, à savoir ce fameux « bien suprême ». C’est ainsi que notre commentateur comprend « l’Esprit de sainteté », Et c’est ainsi que Jésus, fils de Marie, « Esprit et Parole de Dieu » (cf. 4, سورة النساء, An-Nissâ, les Femmes, 171) nous inspire et nous montre ce que veut dire « L’Esprit du Seigneur ». Esprit qui n’est que bonté, ouverture, amélioration, rachat et guérison, mais le tout en acte ; non comme une promesse, mais comme une réalité qui s’effectue. Toute proportion gardée, c’est ce qui est attendu du croyant et de la croyante. Car c’est cela la réalité de la foi, c’est cela la réalité de la création du Coran dans notre perspective islamique mutazilite.
Le Coran et la Bible sont qualifiés identiquement dans le Coran lui-même du même qualificatif de وحي, wahyon, inspiration / révélation en 4, سورة النساء, An-Nissâ, les Femmes, 163 : « C’est Nous qui t’avons fait révélation (وحينا إليك, awhaynâ ilayka), comme Nous l’avions fait à Noé, aux prophètes d’après lui, fait à Abraham, à Ismaël, à Isaac, à Jacob, aux Lignages, à Jésus, Job, Jonas, Aaron, Salomon… - et Nous donnâmes les Psaumes à David ». Considérant que l’Ancien Testament, le Nouveau, les Psaumes et le Coran sont tous qualifiés du même terme wahyon, inspiration / révélation, rien n’empêche de penser que le processus de création du Coran continu décrit plus tôt ne puisse pas se penser pour tous ces textes.
Ainsi, c’est par l’action et l’ouverture vis-à-vis de l’autre, surtout celui qui est dans la peine et la difficulté, que nous devenons les lieux de la création de la parole de Dieu. Nous ne sommes sans doute pas aptes à l’incarner aussi justement et aussi superbement que l’a fait Jésus, Fils de Marie (pse), mais chacun doit prendre sa part.
الله أعلم, Wa Allahu a’lam, Et Dieu sait le mieux.
Merci pour votre écoute et pour votre accueil.
« Et que la paix et la bénédiction soient sur le prophète Muhammad ainsi que sur sa famille purifiée »
« Et que la paix et la grâce de Dieu soient sur vous »
*pbsl : Paix et bénédictions de Dieu soient sur lui, formule d'eulologie traditionnelle pour le Prophète, traduction de صَلَّىٰ اللّٰهُ عَلَيْهِ وَسَلَّم = ﷺ, salla Allahu ‘alayhi wa sallam
*pse : Paix et salutations sur eux, formule d'eulologie traditionnelle pour Jésus, traduction de عَلَيْهِ ٱلسَّلَامُ, alay-hi as-salām
Orgue : Johann Sebastian BACH : 3e mouvement de la fantaisie en sol majeur
Cantique : Louange et Prière N° 297 « Ô Dieu des grâces éternelles », strophes 1, 3 et 4 [cliquer ici]
Annonces et Collecte
Orgue : Éric Satie, Première Gymnopédie
Prière d’intercession
Toi le Dieu Polyglotte, tu parles à chacun dans le secret du coeur, et chacun t’appelle : Adonaï, Allah ou Éternel, selon sa langue et sa culture et tu nous réunis tous par ton Esprit de fraternité. Aide-nous à vivre cette fraternité en parole et en acte dans notre société.
Toi le Dieu polyglotte, tu parles à tes enfants de diverses façons et pas un ne croit en toi comme son frère. Aide-nous à comprendre cette relation de foi de chacun avec toi et garde-nous de toute intolérance.
Toi le Dieu polyglotte, tu nous ouvres l’esprit à ce qui nous est inconnu, « impensé », et parfois impensable. Aide-nous à ne pas refuser d’entendre le récit d’autres réalités qui nous paraissent impossibles à accepter ou à comprendre, rends-nous hospitaliers pour la Parole de notre prochain.
Toi le Dieu polyglotte, tu te tais dans nos silences et tu veilles sur nos doutes. Aide-nous à traverser les moments de jachère où la terre de notre esprit doit se reposer de tout jugement. Accorde-nous la patience et la sagesse.
Toi le Dieu polyglotte, tu accueilles toute prière et toute révolte avec le même amour, Aides-nous à t’aimer et à aimer notre prochain avec la même constance. Ne permets pas de condition à notre amour, apprends-nous la grâce.
AMEN.
[Béatrice Cléro-Mazire]
Notre Père
Notre Père qui es aux cieux, que ton nom soit sanctifié, que ton règne vienne, que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel. Donne-nous aujourd’hui notre pain de ce jour ; pardonne-nous nos offenses comme nous pardonnons aussi à ceux qui nous ont offensés. Ne nous laisse pas entrer en tentation mais délivre-nous du mal, car c’est à toi qu’appartiennent le règne, la puissance et la gloire, aux siècles des siècles. Amen.
Bénédiction
Frères et sœurs, allez annoncer l’Évangile dans ce monde, allez proclamer la résurrection.
Recevons la bénédiction de Dieu
Le Seigneur qui fait grâce nous bénit et nous garde.
Répons : « Ô Seigneur, tu nous as fait voir » (Ps. 68, str.5) [cliquer ici]
Orgue : Camille Saint-Saëns, Prélude en mi bémol majeur
Paroles des chants du dimanche 16 avril 2023
Psaume : Le Psautier français n°72 « Revêts Seigneur de ta justice », strophes 1 à 4
1 - Revêts, Seigneur, de ta justice
|
3 - Comme l’ondée il renouvelle,
|
Psaume : Le Psautier français n°36 « Ô Seigneur, ta fidélité », strophes 1 & 2
[Pour écouter, cliquer ici]
1- Ô Seigneur, ta fidélité |
2 - Que précieux est ton amour ! |
Cantique : Louange et Prière n°297 « Ô Dieu des grâces éternelles », Strophes 1, 3 & 4
1 - Ô Dieu des grâces éternelles !
|
3 - Celui-là vit, ô Dieu ! qui t'aime,
|
Paroles des répons du temps de Pâques
Après la salutation
Répons : « O Seigneur ta fidélité » (Ps. 36, str. 1).
O Seigneur ta fidélité
remplit les cieux et ta bonté
Dépasse toute cime.
Ta justice est pareille aux monts
Tes jugements sont plus profonds,
Que le plus grand abîme.
De la puissance du néant
Tu veux sauver tous les vivants,
Toute chair, toute race,
Les hommes se rassembleront,
Autour de toi, ils trouveront,
Leur paix devant ta face.
Après la volonté de Dieu
Répons : « Parle, parle Seigneur, ton serviteur écoute » (Arc-en-Ciel n°484, str.3)
Proclame ta Parole,
Lumière pour nos vies,
Rassemble tous les membres
En un seul corps, unis,
Et fais de tous les hommes
Tes instruments de paix
Pour restaurer le monde,
Selon ta volonté !
Mon Rédempteur est vivant,
C’est en lui seul que j’espère,
La mort le tenait gisant
Dans l‘étreinte de la terre ;
Mais Dieu reste le plus fort,
Jésus a vaincu la mort.
Après l’annonce de la grâce
Répons : « Mon Rédempteur est vivant » (L&P n°149 ou Arc-en-Ciel n°475, str.2)
Je ne craindrai désormais
Aucun pouvoir de ce monde
Car tu nous donnes la paix
Où toute autre paix se fonde,
Garde-nous dans ta clarté,
Ô Jésus ressuscité.
Après la confession de foi
Répons : « Mon Rédempteur est vivant » (L&P n°149 ou Arc-en-Ciel n°475, str.3)
Dans ma vie de chaque jour,
Je partagerai ta gloire ;
Je vivrai dans ton amour
Le bonheur de ta victoire.
Et dans ton éternité,
Nous chanterons ta beauté.
Cène
« Pare-toi pour une fête» (L&P n°205, str. 1&2)
Strophe 1
Pare-toi pour une fête
O mon âme tiens-toi prête,
Monte plus haut que la terre
Vers la céleste lumière.
Ton Seigneur t'offre une place
Au grand banquet de sa grâce ;
Ce Maître au pouvoir immense
Avec toi fait alliance.
Strophe 2
Jésus, ta voix nous convie
A ce festin de la vie ;
En ce lieu tout me retrace
Les prodiges de ta grâce ;
Fais qu'aujourd'hui je contemple
Tes charités sans exemple,
Avant de me nourrir d'elles
A tes tables éternelles !
Après la bénédiction
Répons : « Ô Seigneur, tu nous as fait voir » (Ps. 68, str.5).
O Seigneur, tu nous as fait voir
Et ton amour et ton pouvoir
Dans mainte délivrance.
Fais-nous voir encore aujourd’hui
L’œuvre que ton amour construit
Et quelle est ta puissance.
Toute la terre et tous les cieux
Ensemble tournés vers leur Dieu
Célèbrent sa présence :
A toi qui fais notre bonheur,
A toi, grand Dieu, soient tout honneur,
Force et magnificence.
Vidéo du culte entier
Audio
Écouter la prédication (Télécharger au format MP3)
Écouter le culte entier (Télécharger au format MP3)