Je veux t'aimer, Seigneur, pour rien

Je veux t'aimer, Seigneur, pour rien.
Je veux surtout que, dans ma vie,
la prière soit le refuge de la liberté
et du gratuit.
Perdre mon temps,
ce temps si précieux, pour toi.
Le donner largement,
en pure perte, sans calcul.

Ma prière est bien distraite,
elle n'est pas une fleur de qualité,
mais c'est la seule pâquerette
que j'ai trouvée sur ma pelouse.

Je ne cherche pas la gloire
d'être un homme de prière ;
seulement la joie de t'aimer,
comme je peux, pauvrement.

J'ai passé des semaines et des
mois arides comme un désert :
pas de fleurs à l'horizon,
pas beaucoup de temps pour prier.

Mais ce désert,
je l'ai traversé parce que je t'aime un peu.
Et cette traversée vaut peut-être
un perce-neige dans mon bouquet.

Il faudra encore beaucoup de patience,
de longues heures devant toi et bien des services humbles,
bien des déserts aussi, pour atteindre la gratuité.

Je te la demande, Seigneur.
Je n'ai rien pour la payer.
Mais comment paierait-on une telle richesse ?

Michel Serin

 

 

Michel Serin