Pourquoi plaindre la personne qui est morte ?

Question : Pourquoi plaindre la personne qui est morte ?

Du haut de mes 21 ans, j’ai assisté à plusieurs cérémonies de funérailles (famille, amis dont une tout récemment de mon âge malheureusement suite à un accident de voiture). Une question me revient souvent à l’esprit et je ne sais pas quoi en penser : quand quelqu’un meurt, j’entends souvent dire « il est mort, le pauvre » ou bien « la pauvre mais que lui est-il donc arrivé » (c’est précisément ce que m’a dit une amie à qui j’ai annoncé la nouvelle du décès accidentel de ma camarade de promo à la fac). Mais pourquoi donc les morts seraient-ils à plaindre ? Ils ne sont plus là pour regretter, ressentir quoique ce soit, alors pourquoi donc les plaindre ? C’est une question qui m’a toujours interloquée et que je ne sais pas comment interpréter…
Merci d’avance pour vos lumières

Réponse d’un pasteur :

Bonjour

Dans le cas d’une personne âgée, je dirais la même chose que vous, elle n’est pas tellement à plaindre d’être morte après avoir bien vécu, ce sont ceux qui restent qui sont à plaindre de perdre de vue cette personne qu’ils aiment.

Mais dans le cas d’une personne qui meurt sans avoir visité tous les âges de la vie, je pense qu’elle est effectivement à plaindre. C’est une injustice et un gâchis. La vie future ne remplace pas la vie présente, elle la poursuit autrement. Elle n’est pas meilleure, elle est autre. Je ne sais pas si les morts ne ressentent plus rien, leur corps, oui, mais leur être vivant autrement ? On peut poser l’hypothèse qu’après la mort nous restons avec notre mémoire de notre histoire, que nous comprendrions mieux. Avec des regrets possibles, donc. Et s’il n’y avait rien après la mort, la personne serait elle aussi à plaindre, car sa mort prématurée serait alors un gâchis, un manque de tant de choses profondes et vraies qui auraient pu être vécues…

Donc oui, personnellement, j’ai une pensée émue pour la personne morte, quelle qu’en soit la raison.

Pasteur Marc Pernot (23 juillet 2017)