La tunique sans couture et le fil de la foi

Jean 19:17-27

Culte du 19 mars 2023
Prédication de Béatrice Cléro-Mazire

Vidéo de la partie centrale du culte

Culte à l'Oratoire du Louvre

 19 mars 2023
388ème jour de la guerre en Ukraine

Accueil de Victoire dans la communauté Protestante

« La tunique sans couture et le fil de la foi »

Culte présidé par la pasteure Béatrice CLÉRO-MAZIRE
Avec Aurélien PETER, organiste suppléant, à l'orgue
Avec le Chœur dirigé par Aurélien RAUSS

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Orgue : Kyrie Eleison du Requiem de Gabriel Fauré
 
Annonce de la grâce
La grâce et la paix nous sont données de la part de Dieu notre Père en son Fils Jésus le ressuscité .

Accueil :
...

Chant spontané :  « Seigneur que tous s'unissent » (Alleluia n°31/20 ou Arc en Ciel n°303, str.1) [Cliquer ici] 

Louange :
Psaume 22:23-32

Au chef de chœur. Sur “ Biche de l'aurore ” . Psaume de David.
Je publierai ton nom parmi mes frères,
Je te louerai au milieu de l’assemblée.
Vous qui craignez l'Éternel, louez-le !
Vous, toute la descendance de Jacob, glorifiez-le !
Tremblez devant lui, vous, toute la descendance d'Israël !
Car il n'a ni mépris ni dédain pour les peines du malheureux,
Et il ne lui cache pas sa face ;
Mais il l'écoute quand il crie à lui.
Tu seras dans la grande assemblée la cause de mes louanges ;
J'accomplirai mes vœux en présence de ceux qui te craignent.
Les humbles mangeront et se rassasieront,
Ils loueront l'Éternel, ceux qui le cherchent.
Que votre cœur vive à toujours !
Toutes les extrémités de la terre se souviendront de l'Éternel et se tourneront vers lui ;
Toutes les familles des nations se prosterneront devant sa face.
Car le règne est à l'Éternel, Il domine sur les nations.
Tous les puissants de la terre mangeront et se prosterneront aussi ;
Devant lui plieront tous ceux qui descendent dans la poussière,
Ceux qui ne peuvent conserver leur vie.
La postérité lui rendra un culte ;
On parlera du Seigneur à la génération future.
On viendra annoncer sa justice
Au peuple qui naîtra, car l'Éternel a agi.

Psaume chanté : La Psautier Français n°92 « Oh ! Que c'est chose belle », strophes 1 à 4. [cliquer ici]

Volonté de Dieu :
Moi le Seigneur, je vous le déclare : si vous me recherchez de tout votre cœur, je me laisserai trouver par vous. ( Jérémie 29, 13 )
 
Chant spontané : « Dieu d'amour tu fais connaître » (Psaume 25, str.4) [cliquer ici]

Devant Dieu :
Psaume 22 : 2-22

Mon Dieu ! mon Dieu ! pourquoi m'as-tu abandonné ?
Mes paroles plaintives sont loin de me procurer le salut.
Mon Dieu ! je crie le jour, et tu ne réponds pas ;
La nuit, et je ne garde pas le silence.
Pourtant tu es le Saint,
Tu sièges au milieu des louanges d'Israël.
En toi se confiaient nos pères ;
Ils se confiaient, et tu les délivrais.
Ils criaient à toi et ils échappaient ;
Ils se confiaient en toi et ils n'étaient pas dans la honte.
Et moi, je suis un ver et non un homme,
Le déshonneur des humains et le méprisé du peuple.
Tous ceux qui me voient se moquent de moi,
Ils ouvrent les lèvres, hochent la tête :
Remets ton sort à l'Éternel !
L'Éternel le libérera,
Il le délivrera, puisqu'il l'aime !
Oui, tu m'as tiré du ventre maternel,
Tu m'as confié aux seins de ma mère ;
Sur toi, j'ai été jeté dès les entrailles maternelles,
Dès le ventre de ma mère tu as été mon Dieu.
Ne t'éloigne pas de moi quand la détresse est proche,

Chant spontané : « Seigneur, reçois ; Seigneur, pardonne ». (Alléluia n°43/04 ou Arc-en- Ciel n°407, strophe 1) [cliquer ici]

Annonce de la grâce
Psaume 22:22 et Psaume 23

Tu m'as répondu !
Éternel, tu es mon berger : je ne manquerai de rien.
Il me fait reposer dans de verts pâturages,
Il me dirige près des eaux paisibles.
Il restaure mon âme,
Il me conduit dans les sentiers de la justice,
A cause de son nom.
Quand je marche dans la vallée de l'ombre de la mort,
Je ne crains aucun mal, car tu es avec moi :
Ta houlette et ton bâton, voilà mon réconfort.
Tu dresses devant moi une table,
En face de mes adversaires ;
Tu oins d'huile ma tête,
Et ma coupe déborde.
Oui, le bonheur et la grâce m'accompagneront
Tous les jours de ma vie,
Et je reviendrai dans la maison de l'Éternel
Pour la durée de mes jours.

Chant spontané : « Louez Dieu pour sa grâce » (Psaume 107, str.8) [cliquer ici]

Accueil dans la communauté protestante
Accueil de Victoire dans la communauté Protestante.
 
Introduction par Victoire

Il y a plus d’un an, alors que je regardais une série sur mon ordinateur, j’ai été bouleversée et touchée par la conviction qu’il fallait que je (re)lise la Bible. Je ne me l’explique toujours pas, je ne cherche pas à le faire non plus, mais c’est comme si depuis, je pouvais enfin m’avouer, reconnaitre, ce que j’ai toujours su, toujours ressenti : la confiance que l’Éternel nous garde, nous guide.

Pour mon premier culte protestant, quelques jours après cette épiphanie, la Pasteure de l’Église du Musée de Bruxelles a prêché sur le premier signe de Jésus dans l’Évangile selon Jean, quand Jésus transforme l’eau en vin aux noces de Cana. Elle avait intitulé sa prédication “Il n’y a pas de Dry January (mois de janvier sans alcool) pour Jésus”. Comment était-ce possible de parler de ce qui nous touche dans nos vies, dans l’actualité de nos sociétés, à travers la Bible ? À nouveau, j’ai été bouleversée parce qu’il m’a été donné à entendre, à penser, et j’ai su que j’étais là où je devais être, au bon endroit, au bon moment. Et ce sentiment ne m’a depuis jamais quitté.

En rentrant à Paris, pour reprendre mes études, guidée par cette même confiance, j’ai pris place au sein de l’Oratoire du Louvre. Chaque prédication, chaque rencontre dans le groupe de jeunes, chaque verre de l’amitié, chaque entretien pastoral, chaque moment passé ici confirme le fait que j’ai trouvé dans le protestantisme, et plus précisément dans le protestantisme libéral de l’Oratoire, ma famille spirituelle.

C’est avec une grande joie et une immense reconnaissance que, devant vous, ce matin, je confesse ma foi :

Confession de foi

Relié·e·s à l’Éternel
L’Éternel est ce Il qui est aussi Tu,
Que nous cherchons à l’extérieur, au-delà des cimes, le Très Haut, de très loin.
Mais aussi au plus intime que l’intime de nous-même, le Très Proche.

Éternel, tu es dans notre vie comme une conjonction de coordination, tu articules qui nous sommes, avec nous-mêmes et avec les autres.
Devant le monde déchiré par la guerre, par la haine, par la peur,
Tu nous offres un lien indestructible,
Celui de notre humanité commune, que Jésus Christ a partagé avec nous, dans sa chair, dans ses enseignements, dans sa foi.
Inspiré·e·s par l’inspiration qu’a eu Jésus,

Tu nous encourages à choisir la voie juste, celle de l’Amour du prochain.
Dans nos relations, nos aspirations et nos actions, tu nous invites à cultiver le sens du Bien commun, et donc à devenir plus responsables, en participant à la dynamique de création du Bon, en conscience, en confiance.

Éternel, puissions nous être réuni·e·s dans la joie de ta Grâce, car nous n’attendons rien pour nous-même, nous sommes déjà exaucé·e·s.

Cantique : Louange et Prière N°204 « Seigneur, dirige et sanctifie », Strophes 1 et 2 [cliquer ici]
 
Doxologie : « Gloire à Dieu dans les cieux et sur la terre, et d’éternité en éternité ».

Lecture du passage de la Bible : Évangile selon Jean 19 : 23-24 [cliquer ici]

Les soldats, après avoir crucifié Jésus, prirent ses vêtements et en firent quatre parts, une part pour chaque soldat. Ils prirent aussi sa tunique, qui était sans couture, d'un seul tissu d'en haut jusqu'en bas. Ils se dirent entre eux : Ne la déchirons pas, mais désignons par le sort celui à qui elle appartiendra. C'était pour que soit accomplie l'Écriture : Ils se sont partagé mes vêtements et ils ont tiré au sort ma robe. Voilà ce que firent les soldats.

Psaume chanté : Le Psautier Français n°23 « Dieu mon berger me conduit et me garde », Strophes 1 à 3 [cliquer ici]

Prière d'illumination :

Le dernier des hommes, le plus abandonné, le plus seul… Au désert ou dans le tourbillon des foules, tu l’écoutes.
Quand bien même l’oubli l’aurait séparé de quiconque, et fût-il dans la foule devenu méconnaissable, néanmoins tu le discernes, tu ne l’as pas oublié, tu te rappelles son nom, tu sais où il est caché, s’il est au désert ou perdu de vue dans la foule ; et serait-il au fond des ténèbres de l’angoisse, avec d’horribles pensées, abandonné des hommes et presque de la langue que parlent ses semblables : tu ne l’as pas oublié, tu comprends son langage, tu sais vite trouver le chemin pour le rejoindre, aussi vite que le son ou que l’éclair de la lumière ; et si tu traînes, ce n’est pas lenteur mais sagesse ; et si tu traînes, ce n’est pas lenteur mais seulement parce que tu connais la vitesse de ton secours ; et si tu traînes, ce n’est pas mesquine lésinerie, mais parcimonie paternelle qui garde le meilleur pour l’enfant dans le plus sûr des lieux pour l’instant le plus opportun. Seigneur Dieu ! Vers toi crie l’homme au jour de détresse, il te rend grâce au jour de joie.
[Soren KIERKEGAARD, Journal]

Musique

Prédication : La tunique sans couture et le fil de la foi

            Pour un jour de fête comme celui de l’accueil dans notre communauté d’une nouvelle sœur, c’est paradoxalement un récit tout adapté à une période de carême que nous avons choisi, celui de la passion de Jésus. Mais la gravité du sujet ne mène pas forcément à la tristesse du lecteur, et nous allons voir comment la description de la mort de Jésus nous entraîne inexorablement vers la vie.
            L’Évangéliste Jean est le seul à mentionner explicitement que la tunique que portait Jésus le jour de sa crucifixion était sans couture, tissée d’une seule pièce. Cela pourrait paraître anecdotique ; pourtant, en préparant ce moment particulier de la confession de foi de Victoire et de son entrée manifeste dans le protestantisme, ce verset a attiré notre attention.
            Peut-être d’abord par goût esthétique, puisque nous partageons le même intérêt pour les textiles et particulièrement pour les tissages. Mais à bien y regarder, ce tissage qui ne s’interrompt pas est comme le fil continu d’une histoire qui s’écrit de siècle en siècle pour dire la même foi qui entoure la vie d’un homme appelé Jésus et qui est considéré comme le Christ, par de nombreuses générations, dans une chaîne de confessions de foi continue et qui semble ne pas devoir s’arrêter.            
            Mais avant de parler de la signification de cette tunique, peut-être faut-il se demander si elle a jamais pu exister. En effet, des historiens du monde antique ont soutenu que dans le monde romain, les crucifiés allaient nus vers leur fin infamante ; Jésus n’aurait donc pas porté de tunique pour se rendre au lieu de sa mort. Mais il faut aussi prendre en compte que le Sanhédrin, le conseil juif qui siégeait à l’époque de Jésus à Jérusalem ne tolérait pas la nudité en public, pas même celle des suppliciés, et que les Romains ne provoquaient pas les autorités de leurs colonies pour ne pas risquer d’émeutes. Sans doute, Jésus n’était-il pas nu pour son supplice. Reste à savoir si le fait d’être tissée d’une seule pièce est réaliste.
            Bien qu’elle soit chargée d’un nombre important de symboles, cette tunique n’en est pas moins tout à fait réaliste. En effet, des archéologues ont retrouvé, dans une sépulture, une tunique antique, qui n’était pas celle que portait Jésus le jour de sa crucifixion, bien sûr, puisqu’elle datait du Ve siècle, mais elle montre comment on arrivait à façonner par le tissage des tuniques sans couture. Dans cet exemple de  tunique sans couture retrouvée à Autun, l’or et le lin sont tissés ensemble, signe d’une maîtrise très avancée de l’art du tissage qui vise à obtenir un tissu capable d’adopter les mouvements du corps de la façon la plus souple qui soit. Par ailleurs, sur les métiers à tisser antiques, les barres de bois qui portent les fils de trame s’appellent : l’ensouple du ciel et l’ensouple de la terre, signe que cette activité n’est pas seulement technique, mais qu’elle est aussi symbolique de l’organisation du monde. Même si l’on ne vénère pas l’autre tunique d’une seule pièce attribuée au Christ et rapportée de Constantinople au VIIIe siècle et conservée à l’abbaye bénédictine d’Argenteuil, on peut quand même estimer qu’il y eut une tunique qu’on ôta à Jésus avant qu’il soit crucifié et qu’elle était ainsi tissée.
            Et cette tunique prend, chez Jean, la valeur d’un manifeste symbolique ; nous allons voir comment. 
           Avant tout, il faut peut-être reconnaître dans le travail du tissage le travail de création, comme un langage qui s’écrirait de ligne en ligne. Dans certaines traditions du Moyen Orient, quand on coupe les fils pour libérer le tissu achevé sur le métier, on prononce la même bénédiction que lorsque l’on coupe le cordon ombilical d’un nouveau-né, signe de la création d’un nouvel être, d’un nouveau monde. Il faut aussi rappeler que les tissus ainsi tissés lentement, ne sont pas jetables comme nos vêtements d’aujourd’hui, et qu’ils accompagnaient parfois tout une vie. Symbole de temps et de destin, comme dans l’Odyssée où Pénélope allonge le temps qui lui est donné pour rester l’épouse d’Ulysse, le tissage dit quelque chose de l’accomplissement de nos vies. L’Évangile selon Jean le dit d’ailleurs très bien quand il parle de ce partage des vêtements de Jésus au pied de la croix : « C'était pour que soit accomplie l'Écriture : Ils se sont partagé mes vêtements et ils ont tiré au sort ma robe. » Et c’est par cette description du droit qu’avaient les bourreaux de récupérer les vêtements des suppliciés que nous retrouvons l’évocation du Psaume 22. Le Psaume que nous avons médité tout au long de la liturgie de ce culte et dans lequel il est écrit : « Ils ont percé mes mains et mes pieds. Je compte tous mes os. Eux, ils observent, ils arrêtent leurs regards sur moi ; ils se partagent mes vêtements, ils tirent au sort ma tunique. Et toi, Éternel, ne t'éloigne pas ! Toi qui es ma force, viens en hâte à mon secours ! Délivre mon âme de l’épée, ma vie du pouvoir des chiens ! Sauve-moi de la gueule du lion, et des cornes du buffle ! »          
            Ce Psaume n’est pas une prophétie, mais la plainte d’un roi qui est entouré d’ennemis. Pourquoi l’Écriture de la plainte devrait-elle ici s’accomplir ? Et de quoi cette tunique tissée d’une seule pièce pourrait être le symbole ?
            Le christianisme a vu dans cette tunique tissée d’une seule pièce et que personne ne déchire, le signe de l’unité profonde de l’Église du Christ à travers les âges. Reprenant a contrario le geste prophétique du manteau déchiré par Ahiyya pour annoncer le schisme qui divisera le royaume de Salomon dans le Premier livre des Rois (1 Rois, 11, 30ss) l’image de ces soldats qui décident de ne pas déchirer la tunique sans couture est apparue aux Pères de l’Église comme celle d’une préservation de l’Église disciple de Jésus. À cause de l’aspect précieux du vêtement tissé avec une grande maîtrise et de cet épisode du Livre des Rois, cette lecture fait de Jésus le roi d’un royaume de croyants, ce qui correspond assez bien avec à l’écriteau placé par Pilate sur sa croix, et avec à l’ironie de l’Évangile selon Jean sur le schisme qui divise les partisans de Jésus et les Juifs qui avaient refusé sa vocation messianique. Les historiens de la Bible y ont vu aussi la fonction de grand prêtre, à cause de la mention que l’historien de l’Antiquité juive, Flavius Joseph, fait de la tunique du grand prêtre qui était, elle aussi, sans couture et de lin fin.
            Mais si l’on prend au sérieux positivement cette mention de l’Évangéliste Jean d’une tunique sans couture, une autre lecture est possible. En effet, la tunique dont il est question ici est celle qu’un homme portait comme vêtement de dessous, c’est à dire, la tunique la plus fine et la plus confortable pour le corps, parce que la plus proche de la peau. Ce vêtement, les Romains l’appelaient la tunica intima. L’image de cette tunique sans couture, tissée comme un tube de tissu, a inspiré une autre discipline que la théologie : la médecine. Et je n’apprendrai rien aux médecins ici présents qui connaissent la tunica intima, qui est la couche interne des vaisseaux sanguins et qui empêche la coagulation du sang. Cette tunique intime qu’on ne déchire pas et qu’on tire au sort, prend tout à coup une nouvelle signification. Elle a donc quelque chose à voir avec le sang et donc avec la vie de Jésus, ce qu’il a de plus personnel, de plus proche du corps, de plus intime. Quand on se souvient que, selon l’ancien rite israélite raconté dans l’Exode, on tirait au sort le bouc émissaire qu’on allait envoyer au diable, c’est à dire à Azazel, et donc à la mort, errant dans le désert chargé des fautes du peuple par le grand prêtre du temple, on comprend que la vie de Jésus est comparée à cette tunique qu’on tire au sort pour porter le poids de la faute de tous. Les sorts ne sont pas du tout étrangers aux rites religieux de l’Israël ancien, et les premiers Chrétiens eux-mêmes s’en serviront pour désigner des hommes appelés à remplir certaines des fonctions comme, par exemple, Matthias qui remplacera Judas au début des Actes des Apôtres. Les sorts apparaissent alors, dans ces pratiques, comme l’expression de la main de Dieu.
            Un des soldats qui se trouvait au pied de la croix ce jour-là, un des bourreaux de Jésus, est donc reparti avec la tunica intima de Jésus parce qu’il l’avait gagnée au sort. Jean insiste en disant que ce sont les soldats qui ont fait cela. Comme si le sort les avait liés à la mort de Jésus sans qu’ils ne le sachent eux-mêmes. Comme si l’ironie du sort faisait qu’un soldat romain reparte avec le plus intime de la vie de Jésus quand ses coreligionnaires eux-mêmes l’accusaient de blasphème. Une fois de plus, l’Évangile selon Jean règle son contentieux avec les frères juifs qui ne se laissent pas convaincre par la messianité de Jésus et c’est un Romain, un païen, qui partira comme bénéficiaire de l’habit précieux que le sort lui octroie.
            Par ce fin tissage de lin, par ce fil courant dans tout une étoffe d’une façon parfaite, sans reprise ni rupture, l’Écriture nous parle de la vie d’un homme et de ce qu’il a apporté au monde, entre l’ensouple de la terre et l’ensouple du ciel, dans le tissage de toute sa vie. Il est question ici de son monde intime, aussi intime que la tunica intima, aussi intime que ce qui coule dans ses veines, il est question de sa foi. La foi qui fait vivre, qui éveille la conscience et initie les actions les plus audacieuses. Il est question du règne selon lequel il a vécu et qui n’était pas le règne des rois de ce monde. Il est question ici peut-être aussi de son ministère de prêtre, faisant la volonté de Dieu et révélant sa grâce à ceux qui n’en voulaient pas, comme à ceux qui avaient soif de salut.
            Par un tout petit verset qui dit : « sa tunique qui était sans couture, d'un seul tissu d'en haut jusqu'en bas », l’Évangile selon Jean nous plonge dans la foi et l’héritage d’un homme dont les relations qu’il a tissées durant sa vie sont toutes liées à cette façon d’être : « d’en haut jusqu’en bas », d’une seule étoffe, dans la cohérence parfaite de sa foi.
            De quelle étoffe est faite notre tunica intima ? Où sont les coutures qui nous gênent aux entournures ? Où sont les fils qui dépassent et trahissent nos déchirures ? Dieu seul le sait. Mais comme Victoire aujourd’hui, comme toutes celles et ceux qui regardent Jésus le crucifié, dans sa peur, dans sa fragilité, dans son humanité la plus fragile, criant : « Seigneur, Seigneur, pourquoi m’as-tu abandonné ? » et qui se souviennent que c’est au nom de sa foi et de la justice qu’elle lui inspirait qu’il a été supplicié, comme toutes celles et ceux qui reconnaissent en eux les fils que tisse la foi, nous pouvons revêtir cette tunique sans couture que nous montre l’Évangile selon Jean. Ce vêtement intime, aussi intime que la foi et, paradoxalement pour un vêtement, cette tunique intérieure qui protège le flux de notre vie spirituelle de tout ce qui pourrait la heurter, l’interrompre, la mettre à mal.  Ce tissage qui assure la cohérence de nos vies intérieures et extérieures, cette tunica intima est notre cohérence intime, celle qui résiste quand l’extérieur décourage, conteste et fragilise les choix essentiels que la foi nous porte à faire.
            Elle est cette confiance, cette espérance qui nous fait croire, là où tous se découragent, qui nous fait espérer, là où tous ont quitté la partie, qui nous fait aimer, là où tous ont condamné, qui nous fait ressusciter, là où tous ne voient que la mort.
            Chaque jour, comme au jour de notre baptême, il nous faut revêtir notre tunica intima, tissée d’une seule étoffe d’en haut jusqu’en bas.   AMEN.


Musique

Cantique : Louange et Prière n°297 « O Dieu des grâces éternelles », Strophes 1 à 3 [cliquer ici]

Annonces  et  Collecte
 
Prière d’intercession
 
Notre Père :
Notre Père qui es aux cieux, que ton nom soit sanctifié, que ton règne vienne, que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel. Donne-nous aujourd’hui notre pain de ce jour ; pardonne-nous nos offenses comme nous pardonnons aussi à ceux qui nous ont offensés. Ne nous laisse pas entrer en tentation mais délivre-nous du mal, car c’est à toi qu’appartiennent le règne, la puissance et la gloire, aux siècles des siècles. Amen.
 
Bénédiction finale
Recevons la bénédiction de Dieu :
Le Seigneur qui fait grâce nous bénit et nous garde.
 
Chant spontané : « Confie à Dieu ta route » (L&P n°309, str.5) [cliquer ici]

Sortie
Jeu d’orgue

Paroles des chants du dimanche 19 mars 2023

Psaume : Psautier Français n°92 « Oh ! Que c'est chose belle », strophes 1 à 4.

1 - Oh ! que c'est chose belle
De te louer, Seigneur,
De Chanter ta splendeur
Au milieu des fidèles ;
Quand le jour vient à naître,
D'annoncer ta bonté,
Et ta fidélité
Quand la nuit va paraître.

2 - Tes œuvres surprenantes
Ont réjoui mon cœur,
Et je dirai, Seigneur,
Leur sagesse étonnante.
Tes pensées sont profondes ;
Plus il les étudie,
Plus l'homme est interdit :
Ta main garde le monde.

3 - Si le méchants fleurissent
Comme l'ivraie des champs,
Et si des arrogants
Les projets réussissent,
C'est pour qu'ils disparaissent
Par la mort emportés
Et que soient dévoilés
Les plans de ta sagesse.
 
4 - Tu oins d'une huile fraîche
Le front de ton enfant ;
On le voit rayonnant,
Vigoureux comme un cèdre.
Sa gloire et sa richesse
Sont d'orner ta maison ;
Tes fruits, chaque saison,
Combleront ta vieillesse.

Cantique : Louange et Prière n°204 « Seigneur, dirige et sanctifie », Strophes 1 et 2

Écouter l'enregistrement en cliquant ici

Strophe 1
Seigneur, dirige et sanctifie
Toute la vie
De ces enfants.
Que ta lumière
Sur leur carrière
Brille en tout temps !
Que, sous ta garde et sous tes ailes,
Ils soient fidèles,
Forts et constants !

Strophe 2
Soumets leur âme à l’Évangile,
Au joug facile,
Plein de douceur.
Fais-leur entendre
L’appel si tendre
De leur Sauveur.
Que, pour répondre à sa promesse,
Ils aient sans cesse
Le même cœur !

Psaume : Le Psautier Français n°23 « Dieu mon berger me conduit et me garde », Strophes 1 à 3

Strophe 1
Dieu mon berger me conduit et me garde,
J’entends sa voix et vers lui je regarde ;
Il me fait paitre en de verts pâturages,
Au long des eaux sous la paix des ombrages ;
Et pour qu’en moi son amour s’accomplisse,
Il me conduit aux sentiers de justice.

Strophe 2
Quand il faudra marcher dans la nuit sombre,
Quand de la mort je traverserai l’ombre,
Je n’aurai  point de peur en ma détresse
Car tu te tiens auprès de moi sans cesse ;
Même au travers de la vallée obscure
C‘est ton bâton mon Dieu qui me rassure.



Strophe 3
Tu viens dresser la table de la fête,
L’huile odorante a parfumé ma tête,
Un vin de joie en ma coupe déborde,
Nul n’ôtera ces biens que tu m’accordes.
Accompagné chaque jour,  d’heure en heure
Dans ta maison je ferai ma demeure.

Cantique : Louange et Prière n°297 « O Dieu des grâces éternelles », Strophes 1 à 3

1 - O Dieu des grâces éternelles !
Le temps est proche où ton amour
Fera toutes choses nouvelles,
Prépare-nous pour ce grand jour.
Au vrai bonheur tu nous appelles,
O Dieu des grâces éternelles !

2 - Auprès des sources de la vie,
Jésus fait paitre ses troupeaux,
Du berger la voix est suivie,
Par les brebis et les agneaux ;
Allons à lui nous qu’il convie,
Auprès des sources de la vie.

3 - Celui-là vit, ô Dieu ! qui t'aime,
Car ne pas t'aimer, c'est la mort ;
Il vit, et son heure suprême
Est sa paisible entrée au port.
Puisqu'en aimant tu vis toi-même,
Celui-là vit, ô Dieu ! qui t'aime.

4 - La foi doit se changer en vue,
Une autre aurore suit le soir :
Ainsi la grâce est attendue,
Ainsi la gloire est notre espoir.
Regardons plus haut que la nue,
Et que la foi se change en vue !

Paroles des répons du temps de la Passion

Après la salutation
Répons : « Seigneur que tous s'unissent » (Alleluia n°31/20 ou Arc en Ciel n°303, str.1).

Seigneur que tous s'unissent
Pour chanter ton amour.
Ton soleil de justice
Se lève sur nos jours.
Le fils de Dieu est homme,
Avec nous désormais.
C'est sa vie qu'il nous donne
Et nous marchons en paix.

Après la volonté de Dieu
Répons : « Dieu d'amour tu fais connaître » (Psaume 25, str.4)

Dieu d’amour, tu fais connaître
Au plus humble tes secrets ;
Et pour lui tu es un maître
Qui te plais à l’enseigner ;
Ta parole est son appui,
Le bonheur son héritage ;
Et ses enfants comme lui
Auront la terre en partage.

Après la prière de repentance
Répons : « Seigneur, reçois ; Seigneur, pardonne ». (Alleluia n°43/04 ou Arc-en- Ciel n°407, strophe 1)

Seigneur, reçois ; Seigneur, pardonne
Notre misère et nos péchés
Et ce pardon que tu nous donnes,
Enseigne-nous à le donner.
O mon Seigneur, mon Dieu, mon roi,
Aie pitié, aie pitié de moi.

Après l’annonce de la grâce
Répons « Louez Dieu pour sa grâce » (Psaume 107, str.8)

Louez Dieu pour sa grâce, Célébrez son amour
Qui jamais ne se lasse, Qui demeure à toujours.
Que tous les rachetés, Les hommes qu’il fait vivre,
S’unissent pour chanter L‘amour qui les délivre.

Après la confession de foi
Répons : « Célébrez Dieu, rendez-lui grâce » (Psaume 118, str.1)

Célébrez Dieu, rendez-lui grâce,
Car éternel est son amour.
Inclinez-vous devant sa face,
Car éternel est son amour.
Avec ardeur que tous s’accordent
Pour discerner de jour en jour
Les dons de sa miséricorde,
Car éternel est son amour.

Après la bénédiction
Répons : « Confie à Dieu ta route » (L&P n°309, str.5)

Bénis ô Dieu nos routes, nous les suivrons heureux,
Car toi qui nous écoutes, tu les sais, tu les veux.
Chemins riants ou sombres, j’y marche par la foi,
Même au travers des ombres, ils conduisent à toi. 

Lecture de la Bible

Évangile selon Jean, chapitre 19, versets 17 à 27 [NBS]

La mort de Jésus

Ils prirent donc Jésus.
17  Portant lui-même la croix, il sortit vers le lieu qu'on appelle le Crâne, ce qui se dit en hébreu Golgotha.
18  C'est là qu'ils le crucifièrent, et avec lui deux autres, un de chaque côté et Jésus au milieu.
19  Pilate fit aussi un écriteau qu'il plaça sur la croix. Il y était inscrit : « Jésus le Nazoréen, le roi des Juifs. »
20  Beaucoup de Juifs lurent cet écriteau, parce que le lieu où Jésus fut crucifié était proche de la ville ; l'inscription était en hébreu, en latin et en grec.
21  Les grands prêtres des Juifs dirent à Pilate : N'écris pas : « Le roi des Juifs », mais : « Celui-là a dit : Je suis le roi des Juifs. »
22  Pilate répondit : Ce que j'ai écrit, je l'ai écrit.
23  Les soldats, après avoir crucifié Jésus, prirent ses vêtements et en firent quatre parts, une part pour chaque soldat. Ils prirent aussi sa tunique, qui était sans couture, d'un seul tissu d'en haut jusqu'en bas.
24  Ils se dirent entre eux : « Ne la déchirons pas, mais désignons par le sort celui à qui elle appartiendra. » C'était pour que soit accomplie l'Écriture : « Ils se sont partagé mes vêtements et ils ont tiré au sort ma robe. » Voilà ce que firent les soldats.
25  Auprès de la croix de Jésus se tenaient sa mère et la sœur de sa mère, Marie, femme de Clopas, et Marie-Madeleine.
26  Jésus, voyant sa mère et, près d'elle, le disciple qu'il aimait, dit à sa mère : Femme, voici ton fils.
27  Puis il dit au disciple : Voici ta mère. Et dès cette heure-là, le disciple la prit chez lui.

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