Dans la prière, qui est exaucé ?

Luc 11:1-13

Culte du 10 juillet 2022
Prédication de Agnès Adeline-Schaeffer

Vidéo de la partie centrale du culte

Culte à l'Oratoire du Louvre

10 juillet 2022
137ème jour de la guerre en Ukraine
« Dans la prière, qui est exaucé ? »

Culte présidé par la Pasteure Agnès Adeline-Schaeffer
A l'orgue : David Cassan, organiste co-titulaire

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Annonce de la grâce
La grâce et la paix vous sont données de la part de Dieu notre Père et de Jésus-Christ, son Fils, notre frère et notre Sauveur.

Accueil
Bienvenue à chacun, chacune pour ce temps de culte. Bienvenue à celles et ceux qui nous rejoignent par le site internet et qui sont en communion avec nous. Soyez les bienvenus dans ce temple de l’Oratoire du Louvre, vous tous les paroissiens fidèles, et les personnes de passage qui sont là peut-être pour la première fois. Pour nous accompagner, merci à David Cassan qui est à l’orgue ce matin.

Prière
Je vous invite à la prière :

Seigneur, en ton nom, nous sommes assemblés.
Tu es à la fois notre espérance et notre inquiétude.
Qui es-tu Seigneur, toi que nous cherchons,
Toi dont le silence nous fait appeler ?
Tu glisses entre nos doigts
Comme le sable ou comme l’eau, Et nous ne retenons dans nos filets Que notre désir d’aimer et l’espérance de ta justice.
Es-tu là, Seigneur, dans cette pêche incertaine ?
Nous espérons ta présence à nos côtés, Toi que personne ne peut faire taire, Toi que personne ne peut enfermer dans aucun tombeau.
Toi qui franchis les murs, ne nous laisse pas en paix ! Sois au milieu de nous, comme l’ami opportun, comme l’absent espéré !
Sois au milieu de nous dans le mot, dans le regard ou dans le pain partagé !

Répons
Bénissons Dieu le seul seigneur,
Nous qu’il choisit pour serviteurs
Levons nos mais en sa maison
Pour bénir et louer son nom.

Louange
Louons le Seigneur ! Mon Dieu ! tu me donnes des mains pour travailler ! Merci !
Apprends-moi s’il te plait à les tendre vers toi,
Quand je te prie, Quand je veux chanter pour toi !
Mon Dieu ! tu me donnes des oreilles pour entendre ! Merci !
Apprends-moi s’il te plait à écouter les autres avec patience,
Et à entendre, dans le silence ! Mon Dieu ! tu me donnes des parents, des amis !
Merci ! Tu me donnes aussi un cœur grand, très grand, Pour t’aimer, toi, mon Dieu,
Et pour aimer les autres, Un peu plus, un peu mieux ! Loué sois-tu, Ô mon Dieu !

Psaume chanté : Le Psautier Français n°138 « Que tout mon cœur soit dans mon chant », strophes 1 à 3 [cliquer ici]

Volonté de Dieu 

Écoutons maintenant comment Dieu révèle sa volonté, son amour aux hommes :
Je connais les projets que j’ai formés sur vous, dit l’Éternel,
Projets de paix et non de malheurs.
Afin de vous donner un avenir et une espérance.
Vous me prierez et je vous exaucerai,
Vous me chercherez, et vous me trouverez.
Si vous me cherchez de tout votre cœur, Je me laisserai trouver par vous.

Répons :
Parle, parle Seigneur,
Ton serviteur écoute :
Je dis ton serviteur
Car enfin je le suis.
Je le suis, je veux l’être,
Et marcher dans ta route,
Et les jours et les nuits.

Confession du péché 
Mon Dieu, Tu sais tout de moi, Tu sais tout ce que je fais et tout ce que je vais dire.
Tu connais mes forces et mes faiblesses, Tu connais ma foi et mes doutes, Tu connais mon côté spontané et mon côté réservé.
Tu m’acceptes tel (le) que je suis, avec mes ombres et mes lumières, ma haine et mon amour,
ma tristesse et ma joie,
ma rage et ma douceur,
ma solitude et mon espérance.
Mon Dieu, je vis avec mes contradictions, Je vis en te suivant parfois,
Et en te reniant aussi.
Pardonne ce que je suis, et ce que je fais, Et merci Mon Dieu, de m’accepter tel(le) que je suis, Et de m’accompagner dans ma vie
Tel(le) que je suis. AMEN

Répons
J’aime mon Dieu, car il entend ma voix,
Quand la frayeur ou le tourment m’oppresse,
Quand j’ai prié au jour de ma détresse,
Dans sa bonté, il s’est tourné vers moi.

Déclaration du pardon
Recevoir le pardon de Dieu,
C’est dire OUI à la vie tout entière,
Avec ses peines et ses joies,
ses malheurs et ses bonheurs
Avec ses doutes et ses enthousiasmes.
Hier est passé, Demain n’est pas encore là.
Aujourd’hui, Dieu t’aidera et te portera.
Dieu pardonne en Jésus-Christ, ce qui semble impardonnable dans nos vies.
Que Dieu nous conduise à dire OUI à la vie tout entière,
Jusqu’à la vie éternelle.
Amen.

Répons
Combien grande est ta gloire
En tout ce que tu fais,
Et combien tes hauts faits
Sont dignes de mémoire !
Tes œuvres sans pareilles
Ont réjoui mon cœur,
Je veux chanter, Seigneur,
Tes divines merveilles !

Confession de foi 
Dieu, je le cherche sans jamais le trouver.
Quand je m'adresse à lui, 
j'espère qu'Il m'entend, mais je n'en sais rien. 
On m'a dit qu'Il est lumière, nourriture et vie, Amour, Justice et Paix.
Je voudrais le croire. Mais ce sont des hommes qui m'ont dit tout cela.
Comment une parole d'homme peut-elle devenir Parole de Dieu ?
Pourtant je crois que les hommes de la Bible, Moïse et les prophètes 
n'auraient jamais parlé comme ils l'ont fait,
s'ils n'avaient pas été inspirés par la puissance de l'Esprit de Dieu.
C'est le même esprit qui anima Jésus de Nazareth et lui fit prendre conscience,
dès son enfance, que Dieu était son Père. 
Jamais ses actes n'ont contredit ses paroles.
Il est mort pour ne pas se renier.
Je crois que Jésus est le Christ, l'envoyé de Dieu.
Il est pour moi le Chemin qui conduit à Dieu.
C'est encore l'Esprit qui témoigne à notre esprit
que nous sommes enfants de Dieu.
Je crois l'amour plus fort que la mort.
Amen.
[Pasteur Pierre Fath]

Répons
Grand Dieu, nous te bénissons,
Nous célébrons tes louanges, 
Éternel nous t’exaltons,
De concert avec les anges,
Et, prosternés devant toi,
Nous t’adorons, ô grand Roi,
Et prosternés devant toi,
Nous t’adorons, ô grand Roi !

Doxologie : Gloire à Dieu dans les cieux et sur la terre, d’éternité en éternité !

Lecture biblique : Luc 11:1 à 13 (TOB) [cliquer ici]

1 Jésus était un jour quelque part en prière. Quand il eut fini, un de ses disciples lui dit : « Seigneur, apprends-nous à prier, comme Jean l’a appris à ses disciples. » 
2 Il leur dit : « Quand vous priez, dites : Père, fais connaître à tous qui tu es, fais venir ton Règne,
3 donne-nous le pain dont nous avons besoin pour chaque jour,
4 pardonne-nous nos péchés, car nous-mêmes nous pardonnons à tous ceux qui ont des torts envers nous, et ne nous conduis pas dans la tentation. »
5 Jésus leur dit encore : « Si l’un de vous a un ami et qu’il aille le trouver au milieu de la nuit pour lui dire : “Mon ami, prête-moi trois pains, 
6 parce qu’un de mes amis m’est arrivé de voyage et je n’ai rien à lui offrir”, 
7 et si l’autre, de l’intérieur, lui répond : “Ne m’ennuie pas ! Maintenant la porte est fermée ; mes enfants et moi nous sommes couchés ; je ne puis me lever pour te donner du pain”, 
8 je vous le déclare : même s’il ne se lève pas pour lui en donner parce qu’il est son ami, eh bien, parce que l’autre est sans vergogne, il se lèvera pour lui donner tout ce qu’il lui faut.
9 « Eh bien, moi je vous dis : Demandez, on vous donnera ; cherchez, vous trouverez ; frappez, on vous ouvrira. 
10 En effet, quiconque demande reçoit, qui cherche trouve, et à qui frappe on ouvrira. 
11 Quel père parmi vous, si son fils lui demande un poisson, lui donnera un serpent au lieu de poisson ? 
12 Ou encore s’il demande un œuf, lui donnera-t-il un scorpion ? 
13 Si donc vous, qui êtes mauvais, savez donner de bonnes choses à vos enfants, combien plus le Père céleste donnera-t-il l’Esprit Saint à ceux qui le lui demandent. »

Cantique : Louange et Prière n°179 « Nous t’invoquons Ô grand Dieu, toi qui nous écoutes », strophes 1, 2 et 3 [cliquer ici]

Prière d’illumination :
Seigneur,
Garde-nous de nous croire arrivés,
Garde-nous de nous croire possesseurs de ta vérité.
Rends-nous disponible pour une recherche toujours plus profonde de ton Évangile.
Envoie sur chacun et chacune de nous ton Esprit Saint,
Que ta Parole nous atteigne au plus profond de nous-mêmes.
Que ton amour emporte nos volontés rebelles ou défaillantes.
Que ta joie nous illumine au terme des chemins semés d’obstacles.
Car tu es le Dieu de la vie, et tu prends soin de chacun, chacune de nous, tes enfants.
Amen.

Orgue

Prédication : Dans la prière, qui est exaucé ?

Chers Amis, chers frères et sœurs,

C’est quoi la prière ? Donner une définition de la prière, c’est risqué. Qu’elle soit individuelle ou collective, la prière est un acte codifié, par lequel on s’adresse à Dieu, quel que soit le nom qu’on lui donne, quelle que soit la tradition religieuse. Depuis des siècles, croyants et incroyants se risquent à cette aventure. Et je dis bien « aventure », parce que la prière, c’est quelque chose de mystérieux, et nous sommes plus ou moins à l’aise avec elle. La prière traverse la vie des êtres humains, depuis que le monde existe. La prière est là comme une expression constante, à travers tant de mots, tant d’images, tant d’appels si différents, si variés, qu’au fond, il n’y a rien d’aussi traditionnel que de prier. Mais en même temps, il n’y a rien de plus nouveau, puisque les paroles d’aujourd’hui ne sont pas, ou ne sont plus celles d’hier, qu’elles ne sont pas encore celles de demain. Prier ? Il n’y a rien de plus simple ! Comme le confiait récemment l’un des participants à la pause spirituelle hebdomadaire. Prier ? Mais je ne m’y risque même pas, répliquait au contraire, un autre participant. Moi, me confiait une amie, je ne prie que dans ma chambre. Moi, disait une autre amie, je n’aime pas prier à voix haute, je préfère chanter ! Ça tombe bien : chanter, c’est prier deux fois !.

Prier. Lorsque nous disons ce mot, nous touchons à quelque chose de l’ordre du personnel, de l’intime. Il s’agit de l’intime de la foi, de la relation personnelle que nous avons avec Dieu. Ce n’est jamais facile d’en parler. Les attitudes et les réponses varient d’une personne à l’autre, d’une tradition religieuse à l’autre, et l’on navigue entre des rives inconnues. Enfin, une autre personne m’a dit courageusement : « Moi je ne prie pas parce que ça ne sert à rien. On n’est jamais exaucé ».

Est-ce que parce que les disciples de l’évangile de ce matin faisaient eux aussi l’expérience de ne pas être exaucés qu’ils ont fait cette requête à Jésus : « Apprends-nous à prier » ? Est-ce pour pallier leur frustration que Jésus leur a enseigné le « Notre Père » ? Car, lorsqu’on est chrétien, la première prière que nous apprenons est le « Notre Père », qui est l’exemple de la prière. Prière exemplaire en ce sens qu’elle rassemble l’essentiel de ce qu’une personne peut dire à Dieu. C’est la prière dans laquelle nous voyons apparaître le mot de Père, Abba, qui remplace le mot « Seigneur », employé habituellement.

En grec, pour exprimer la prière, il y a deux mots : le premier, « proseuchomaï », veut dire « adresser un souhait ». C’est ce qui est dit dans le début du Notre Père, que l’on pourrait réécrire comme cela :
« Notre Père, qui es aux cieux, je souhaite que ton nom soit sanctifié, je souhaite que ton règne vienne, je souhaite que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel ». La prière commence par la première personne du pluriel, avec la mention de « Notre Père », et ce détail est là pour nous dire que cette prière-là, n’est jamais personnelle, qu’elle nous contient tous ensemble, qu’elle nous relie les uns aux autres, même si nous la disons tout seul dans notre chambre. Le « Notre Père » est la prière de la communauté chrétienne à travers le monde, elle est notre trait d’union, au-delà de nos diverses sensibilités chrétiennes. En disant « Notre Père », nous sommes directement associés aux trois premiers souhaits de la prière, que sont la sanctification du nom de Dieu, l’avancement de son règne, et la réalisation de sa volonté sur la terre.

L’autre mot grec pour dire « prier », c’est « aïtéo », qui veut dire « demander ». Dans le Notre Père, après les souhaits viennent plusieurs demandes.
Donne-nous notre pain…
Pardonne-nous nos offenses...
Ne nous laisse pas dans la tentation...
Délivre-nous du mal...
Avec ces verbes à l’impératif qui rappelle l’insistance de ces demandes, comme si elles ne souffraient pas d’être différées.

Et pour illustrer ce qu’il vient de dire, Jésus propose une parabole à ses disciples, celle d’une personne sans-gêne, qui vient trouver son ami en pleine nuit, pour lui demander son aide.
Être dérangé en pleine nuit pour simplement trois pains, personne n’aime ça. Et nous comprenons sûrement la réponse de l’homme importuné : « La porte est déjà fermée, je suis déjà au lit, repasse plutôt demain, il fera jour ». Finalement, il cèdera à la demande de son ami, et lui donnera les pains dont il a besoin.
Jésus propose cette histoire à ses disciples pour bien leur faire comprendre l’importance de la prière. Il semble encourager ses disciples à ne pas renoncer à la prière persévérante.

La persévérance, l’opiniâtreté de ce récit, que nous pourrions compléter par la patience, la constance, la ténacité, l’obstination, la persistance, au risque de passer pour des effrontés ou des insolents, n’est pas sans rappeler une autre histoire racontée dans le livre de la Genèse, la prière d’intercession qu’Abraham adresse à Dieu en faveur de Sodome et Gomorrhe, (Genèse 18 et 19). Quand le moment sera venu de détruire ces villes, Dieu se souviendra de la promesse qu’il a faite à Abraham et il fera sortir à temps les personnes considérées comme justes, afin de les épargner de la destruction des deux villes. Elles seront moins de 10. L’opiniâtreté d’Abraham trouve un écho dans le cœur de Dieu.

L’enseignement de Jésus sur la prière commence donc par le « Notre Père ». Et c’est un bouleversement dans les rapports que nous entretenons avec Dieu. En prononçant ces mots « Notre Père », nous disons la proximité de Dieu dans nos vies. Pourtant, combien de personnes pensent et disent que Dieu est lointain, qu’il est inaccessible ! Mais avec cette prière du Notre Père, il nous est dit autre chose. Jésus nous dit que nous pouvons accueillir Dieu dans notre vie comme quelqu’un de tout proche et qu’il n’y a pas de crainte à avoir de cette proximité. Et chacun est invité à se laisser accueillir tel qu’il est, sans chercher à se justifier.

Si nous prenons par ailleurs les psaumes de la Bible, qui sont des prières chantées, nous remarquons aussi ce côté direct et parfois abrupt des propos de l’homme envers Dieu. Prier c’est donc laisser jaillir les mots de notre cœur. Des mots qui portent à la fois notre joie et notre tristesse, des mots qui portent nos cris de révolte, nos cris de douleurs, nos exaspérations et nos appels au secours, lorsque nous ne comprenons plus rien à l’existence, qu’on n’en peut plus, et que nous nous reconnaissons impuissants devant quantité de situations qui nous dépassent par leurs violences et leurs horreurs. Être en relation avec Dieu, c’est échanger avec lui, comme si nous étions avec notre meilleur ami, notre ami de toujours, un ami sûr, qui nous connaît encore mieux que nous-mêmes, et qui ne cesse de nous aimer, malgré nos imperfections. On appelait d’ailleurs les protestants du 16ème siècle, les « tutoyeurs de Dieu ». Ce sont eux qui ont osé passer d’une relation rituelle, conventionnelle, à une relation personnelle et intime, marquant ainsi une façon d’être, en relation avec « Notre Père ».

Le texte de Luc nous offre une indication de plus, c’est que la prière est exaucée ! L’homme de la parabole finit par ouvrir sa porte. Tout cela laisse supposer que Dieu est à l’écoute de l’homme dans une proximité immédiate, et qu’il donne une réponse rapide. Mais cette supposition porte en elle-même notre propre frustration : ce sont les réponses de Dieu qui parfois manquent à nos vies. Nous sommes plus habitués à son silence et son absence qu’à ses réponses immédiates.

Et si la prière n’était pas « demander », mais « recevoir » ?
Raphaël Picon l’exprimait ainsi dans l’un de ses éditoriaux pour Évangile et Liberté : « Et si la plus belle des prières n’était pas celle par laquelle l’homme croyant demande à son Dieu quelques faveurs : la résolution d’un problème, un supplément d’âme, un amour improbable…mais dans la contemplation du monde à partir de son point de vue le plus élevé, celui de Dieu lui-même déclarant à la fin de chaque journée de création : « C’est bon ! » (Genèse 1:4).
Reprenant ainsi l’idée de Ralph Emerson : « La prière est ce monologue d’une âme radieuse ; elle ne demande pas, elle reçoit. Elle n’est pas quête de solutions, mais respiration et inspiration du souffle créateur de Dieu ».

La prière c’est autre chose que la simple réalisation de nos désirs personnels. La prière, c’est se mettre tout entier devant Dieu pour se laisser transformer du dedans. C’est ce que Jésus dit à la fin de la parabole, qu’il élargit dans sa conclusion par le don du Saint-Esprit. Cela est dit autrement, dans un autre évangile, celui de Matthieu : au début du Sermon sur la Montagne, Jésus donne à ses disciples une petite instruction significative sur la prière, juste avant de leur enseigner ce qui deviendra la prière du « Notre Père ». Il leur dit : « Quand tu veux prier, entre dans ta chambre la plus retirée »(Matthieu 6:6). Le mot le plus important, comme l’écrit Francine Carrillo, dans son recueil de prédications (Une parole au vif de l’humain) c’est le verbe « entrer ».
« Entre… C’est dire que nous sommes le plus souvent dehors. Et que nous restons dehors aussi longtemps que nous ne prions pas ! La prière nous fait réintégrer notre lieu, elle est une Pâque du dehors au-dedans, car notre terre promise, le lieu où nous sommes attendus n’est pas à l’extérieur de nous, mais au plus intérieur de notre être ».
Ce qui fera dire à Saint-Augustin, dans ses Confessions (X, 27) : « Et voilà que Tu étais dedans, et que j’étais dehors, et que je te cherchais, là…au dehors ! » 

Entrer dans sa chambre la plus retirée, c’est entrer à l’intérieur de soi, au plus profond de soi. C’est plus facile à dire qu’à faire !
Oui, prier, c’est sûrement demander, mais en se détachant de la réalisation de nos désirs personnels. Prier, c’est désirer. Désirer recevoir Dieu dans sa vie, recevoir son Esprit et découvrir comment il transforme nos existences. Recevoir son amour et son pardon et s’apercevoir qu’une guérison des endroits blessés de notre intimité est à l’œuvre. La prière n’est, peut-être, qu’une prière muette, un simple silence de confiance, « devant Lui », devant une présence invisible, mais c’est comme être à genoux, dans notre cœur. Rien de plus, rien de moins.
Seigneur, enseigne-nous à prier ! demandaient les disciples à Jésus.

Mais comment prier ? Quels mots employer ? Il n’y a pas de formule magique !
La prière, ce sont les mots de tous les jours. « Prier Dieu comme l’être humain parle avec un autre être humain, en liberté, en brusquerie, en spontanéité et en largesse » (Cf. André Dumas, « Cent prières possibles »).
Ce sont les mots de notre amour, lorsque nous disons : « C’est toi qui es la vie, c’est toi qui es la tendresse ! » Ce sont des mots tous simples, qui disent notre joie, notre confiance, notre espérance. Ce sont aussi des mots qui disent notre chagrin, notre souffrance, notre peur, notre angoisse du lendemain.

Les mots que nous disons dans notre prière peuvent être aussi légers que la brise d’été, aussi brûlants que la flamme d’un feu ou les rayons du soleil. Parfois, ils peuvent être aussi durs que la glace de la banquise. Les psaumes nous ont habitués à ces douches écossaises !
Bien souvent, notre prière contient les mots de notre courage : Père ! Seigneur ! Mon Dieu ! Jésus ! Esprit saint ! Souffle de Dieu ! Toi que je cherche ! Toi que j’appelle ! C’est toi la lumière de ma vie, le souffle de mon chant, le rythme de mon sang ! C’est toi ma liberté.
La prière, ce sont des mots qui nous éveillent, qui nous transforment et qui nous font vivre.
« O Seigneur, apprends-nous à prier. Ne t’arrête jamais de nous apprendre et nous enseigner, c’est ainsi que nous nous rapprochons le plus de toi ».

Enseigne-nous encore la patience, la persévérance dans notre prière, afin que s’accomplisse cette promesse, quand le temps sera propice : « Demandez et l’on vous donnera, chercherez et vous trouverez, frappez et l’on vous ouvrira ».
Et c’est bien une façon d’être exaucé. Non pas de recevoir la réponse à ce que l’on voulait, mais être à nouveau capable d’exister. « Être suffisamment confiant en soi-même pour se croire doté de courage, d’amour, de créativité et de grâce » selon les mots de Raphaël Picon : «  La prière met en récit l’intime de nos vies…La prière est un récit de soi traversé par une dynamique créatrice… Si nous savons que le contenu d’une demande ne sera pas forcément exaucé, rien ne nous empêche de croire et d’espérer que nos vies soient, grâce à la prière, prises en charge et portées par un souffle créateur…. Prier, dans cette perspective, c’est demander à Dieu de conduire une situation donnée vers une harmonie plus grande… C’est lutter pour transformer des situations d’aliénation en source de créativité…. C’est exaucer le rêve de Dieu pour l’humanité ». Au fond, prier, c’est exaucer Dieu !
Amen.

Pour aller plus loin :
- André Dumas, « Cent prières possibles », Éditions Cana Jean Offredo, 1982
- Ralph Waldo Emerson, « La confiance en soi et autres essais, traduction française de M. Bégot, Paris, Rivages-Poche, 2000
- Michel Wagner, « Prières qui n’en ont pas l’air », Éditions de l’Atelier, 2005
- Raphael Picon, « Un Dieu insoumis », Éditions Labor et Fides, 2017
- Francine Carrillo, « Une parole au vif de l’humain », Éditions Ouvertures, Collection Théologie et Spiritualité » Le Mont sur Lausanne 2021

Orgue

Cantique : Louange et Prière n° 231 « O Dieu Sauveur, pure lumière », strophes 1 à 3 [cliquer ici]

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Orgue

Prière d’intercession
[D’après un texte de GRÉGOIRE de Naziance (IV° siècle)]

Éternel, toi qui es l’amour, la liberté, la joie et la vérité
Tu nous rassemble aujourd’hui Pour refaire avec nous ton alliance,
Pour nous redire les mots de ta tendresse
Regarde notre vie :
Tu connais les richesses qui s’y trouvent déjà
Mais tu sais aussi nos faiblesses.
Nous venons à toi tel que nous sommes, sans artifices.
Nous savons qu’il y a tout près de nous, comme au loin
Tous ces hommes et ces femmes, mais aussi ces enfants, qui ont besoin d’attention,
De regard, de tendresse, de soutien.
Apprends-nous à communiquer de plein pied avec eux et surtout,
Garde-nous de la pitié qui les dévalorise
Contre le scandale de leur différence et notre révolte,
Accorde-nous la grâce,
Si nous ne pouvons les comprendre,
D’accepter tes mystères
Et les épreuves qui nous dépassent. Continue à nous donner,
Pour que nous puissions partager,
A nous pardonner,
Pour que nous sachions être indulgents, A nous interpeller,
Pour que nous ne nous enfermions pas en nous-mêmes, A nous demander,
Pour ne pas capitaliser, A nous bousculer,
Pour ne pas nous relâcher. Et prends patience avec nous,
Pour que nous ne nous lassions pas de te servir.
Éternel, Fais que nous voyons les choses à faire,
Sans oublier les personnes à aimer.
Que nous voyons les personnes à aimer,
Sans oublier les choses à faire.
Donne-nous encore et toujours, patience, force et courage de construire la fraternité, là où nous sommes, en prenant soin de nos sœurs et nos frères en humanité comme dans la foi, tout en prenant soin de la terre, et en réalisant que ces deux soins n’en font qu’un, en réalité.

Nous rassemblons nos prières dans celle que Jésus a enseignée à ses disciples :
Notre Père
Notre Père qui es aux cieux,
Que ton nom soit sanctifié,
Que ton règne vienne,
Que ta volonté soit faite
Sur la terre comme au ciel.
Donne-nous aujourd'hui
Notre pain de ce jour.
Pardonne-nous nos offenses,
Comme nous pardonnons aussi
À ceux qui nous ont offensés.
Ne nous laisse pas entrer en tentation,
Mais délivre-nous du mal,
Car c'est à toi qu'appartiennent
Le règne, la puissance et la gloire,
Pour les siècles des siècles.
Amen.

Exhortation et bénédiction
Recevez l’exhortation et la bénédiction de la part du Seigneur :

Que jamais le bonheur de la vie n’éteigne en nous
La révolte contre ce qui la défigure
Mais que jamais non plus le scandale du mal
N’efface en nous la louange de la vie.
Que jamais les mots qui nous font vivre :
Tendresse, plaisir, liberté, confiance,
Ne se referment en des certitudes figées,
Mais qu’ils soient source d’une quête toujours inachevée.
Que notre foi ne soit jamais sans le doute,
Et que nos doutes ne soient jamais sans la confiance.
Que l’émerveillement de recevoir la vie
Comme un don, comme une grâce
N’altère pas nos capacités d’indignation devant l’injustice,
Mais soutienne en nous la promesse
Et la passion d’un monde autre.
Tel est le désir qui nous porte !
Telle est la prière qui nous met en route !
Que la petite espérance nous prenne par la main,
Qu’elle nous entraîne
Sur des chemins inattendus,
Et qu’elle chante en nous,
Comme un défi,
L’amour de la vie !
[Gérard Delteil, pasteur, théologien,
Doyen honoraire de la Faculté de théologie protestante de Montpellier
]

Et que la paix de Dieu
Qui surpasse toute intelligence
Garde vos cœurs et vos pensées,
Dès maintenant et à jamais.
Allez dans la paix de votre Seigneur,
Amen.

Répons
Bénis, ô Dieu nos routes, nous les suivrons heureux,
Car toi qui nous écoutes, tu les sais, tu les veux
Chemins riants ou sombres, j’y marche par la foi,
Même au travers des ombres, ils conduisent à toi.

Orgue
Sortie


Paroles des chants du dimanche 10 juillet 2022

Psaume : Psautier Français n° 138 « Que tout mon cœur soit dans mon chant », strophes 1 à 3

Strophe 1
Que tout mon cœur soit dans mon chant ;
Qu’il soit brûlant de tes louanges.
Je te rends grâce en ta maison ;
Je loue ton nom devant les anges.
Tu es venu pour exalter
La renommée de ta parole.
J’adore ta fidélité
Et ta bonté qui me console.

Strophe 2
Tu me réponds dès que je crie ;
Tu élargis mon espérance.
Même les grands t’écouteront
Et béniront ta providence.


Ton saint amour, ô roi des cieux,
Veille en tous lieux sur toutes choses.
Dans ses projets tu suis des yeux
L’homme orgueilleux : tu en disposes.

Strophe 3
Ta paix, mon Dieu, dure à toujours ;
C’est ton amour qui me délivre.
Quand je suis le plus éprouvé
Ton bras levé me fait revivre.
Et quand je suis au désespoir,
C’est ton pouvoir qui me relève.
Ce qu’il t’a plu de commencer
Sans se lasser ta main l’achève.

Cantique : Louange et Prière n° 179 « Nous t’invoquons Ô grand Dieu, toi qui nous écoutes », Strophes 1 à 3

1 - Nous t’invoquons, ô grand Dieu,
Nous cherchons ta face.
Fais sur nous, dans ce saint lieu,
Descendre ta grâce.
Prête l’oreille à nos chants,
Reçois nos prières,
Et répands sur tes enfants
Tes dons salutaires.

2 - Que ta parole, Seigneur,
Remplisse  de zèle,
De piété, de ferveur,
Ton peuple fidèle !
Fais qu’éprouvant de la foi
La sainte influence,
Il fonde à jamais sur toi,
Sa ferme espérance.

3 - Ouvre nos cœurs à la voix
De ton Évangile,
Rends à tes divines lois
Notre âme docile.
Fais qu’avec humilité,
Tout mortel t’honore,
Qu’en esprit, en vérité,
L’univers t’adore.

Cantique : Louange et Prière n°231 « O Dieu Sauveur, pure lumière », Strophes 1 à 3

Strophe 1
O Dieu Sauveur, pure lumière,
Qui resplendis au temps de nos aïeux,
Viens sur ton Église en prière
Verser encor ton éclat radieux !
Que ton esprit soit sur elle en ce jour,
Esprit de foi, d'espérance et d'amour !

Strophe 2
Quand ta Parole était perdue,
Ton peuple allait vers la nuit de la mort ;
Mais ta bonté nous l'a rendue :

Béni sois-tu pour ce divin trésor !
Que nos enfants y puisent, à leur tour,
L'esprit de foi, d'espérance et d'amour !

Strophe 3
Seigneur, que l’Église, fidèle
Aux temps heureux comme en l'adversité,
Grandisse à jamais sous ton aile
Dans la vaillance et dans la charité !
Fais-la marcher au céleste séjour,
Pleine de foi, d'espérance et d'amour !

Lecture de la Bible

Évangile de Luc, chapitre 11, versets 1 à 13 [TOB]

1 Jésus était un jour quelque part en prière. Quand il eut fini, un de ses disciples lui dit : « Seigneur, apprends-nous à prier, comme Jean l'a appris à ses disciples. »
2 Il leur dit : « Quand vous priez, dites : Père, fais connaître à tous qui tu es, fais venir ton Règne,
3 donne-nous le pain dont nous avons besoin pour chaque jour,
4 pardonne-nous nos péchés, car nous-mêmes nous pardonnons à tous ceux qui ont des torts envers nous, et ne nous conduis pas dans la tentation. »
5 Jésus leur dit encore : « Si l'un de vous a un ami et qu'il aille le trouver au milieu de la nuit pour lui dire : “Mon ami, prête-moi trois pains,
6 parce qu'un de mes amis m'est arrivé de voyage et je n'ai rien à lui offrir”,
7
et si l'autre, de l'intérieur, lui répond : “Ne m'ennuie pas ! Maintenant la porte est fermée ; mes enfants et moi nous sommes couchés ; je ne puis me lever pour te donner du pain”,
8 je vous le déclare : même s'il ne se lève pas pour lui en donner parce qu'il est son ami, eh bien, parce que l'autre est sans vergogne, il se lèvera pour lui donner tout ce qu'il lui faut.
9 « Eh bien, moi je vous dis : Demandez, on vous donnera ; cherchez, vous trouverez ; frappez, on vous ouvrira.
10 En effet, quiconque demande reçoit, qui cherche trouve, et à qui frappe on ouvrira.
11 Quel père parmi vous, si son fils lui demande un poisson, lui donnera un serpent au lieu de poisson ?
12 Ou encore s'il demande un œuf, lui donnera-t-il un scorpion ?
13 Si donc vous, qui êtes mauvais, savez donner de bonnes choses à vos enfants, combien plus le Père céleste donnera-t-il l'Esprit Saint à ceux qui le lui demandent. »

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