La curieuse demande des deux fils de Zébédée

Marc 10:32-45

Culte du 21 août 2022
Prédication de Agnès Adeline-Schaeffer

Vidéo de la partie centrale du culte

Culte à l'Oratoire du Louvre

21 août 2022
179ème jour de la guerre en Ukraine
« La curieuse demande des deux fils de Zébédée »

Culte présidé par la Pasteure Agnès Adeline-Schaeffer
A l'orgue : David Cassan, organiste co-titulaire

Accès direct aux textes des chants, cliquer ici
Accès direct à la lecture biblique, cliquer ici
Accès direct au texte de la prédication, cliquer ici
Affichage de la prédication pour impression, cliquer ici

Orgue

Annonce de la grâce :
La grâce et la paix nous sont données de la part de Dieu notre Père en son Fils Jésus le ressuscité.

Accueil :
Bienvenue à chacun, chacune pour ce temps de culte. Bienvenue à celles et ceux qui nous rejoignent par le site internet et qui sont en communion avec nous.
Soyez les bienvenus dans ce temple de l’Oratoire du Louvre, vous tous les paroissiens fidèles, et les personnes de passage qui sont là peut-être pour la première fois.
Pour nous accompagner, merci à David Cassan qui est à l’orgue ce matin.

Prière
Je vous invite à la prière :
Eternel, Dieu et Père,
Nous voici rassemblés à ton invitation.
Il y a parmi nous des autochtones et des étrangers,
des croyants et des peu croyants,
des fidèles et des occasionnels,
des habitués et des invités.
Mais tous,
Nous sommes des mendiants qui cherchons le pain,
Nous sommes tous des enfants qui tendons les mains
Nous sommes tous des guetteurs d’amour en quête de chemin.
Grâce te soit rendue, de nous accepter tels que nous sommes
et de nous accompagner tous les jours.  Amen
 
Répons :
Bénissons Dieu le seul seigneur,
Nous qu’il choisit pour serviteurs
Levons nos mais en sa maison
Pour bénir et louer son nom.

 
Louange
Louons l’Eternel !

Eternel,  nous te louons, nous te bénissons !

Pour la nature, qui entoure nos maisons,
Qui raconte ta beauté et chante la création,
Pour le jour à midi quand déborde la lumière,
Et pour l’ombre de la nuit, qui murmure son mystère,
nous te louons et nous te bénissons.

Pour notre pain quotidien, pour le silence et pour la paix,
La rencontre en chemin, un repas partagé,
Pour la vie qui sourit, lorsque tout devient grâce,
Quand ta Parole nous guérit et apaise nos angoisses,
Nous te louons et nous te bénissons.

Lorsque notre regard s’ouvre au miracle de la vie,
Lorsque notre écoute s’éveille au chant de l’infini,
Lorsque notre prière prend naissance et lorsque nos mains se tendent
Nous te louons, et nous te bénissons.
Amen Alléluia !
 
Psaume de Louange : Psautier Français n°138 « Que tout mon cœur soit dans mon chant », strophes 1 à 3 [cliquer ici]

Volonté de Dieu
Ecoutons maintenant comment  Dieu nous révèle son amour, avec les paroles du prophète Esaïe :

En effet, dit le Seigneur, ce que je pense n’a rien de commun avec ce que vous pensez,
Et vos façons d’agir n’ont rien de commun avec les miennes.
Il y a autant de distance entre mes méthodes et les vôtres,
Entre mes pensées et les vôtres, qu’entre le ciel et la terre.
De même que la pluie et la neige tombent du ciel,
Et n’y retournent pas sans avoir arrosé la terre et sans l’avoir rendue fertile….
…. il en est de même pour ma parole, ma promesse : elle ne revient pas à moi sans avoir produit de l’effet, sans avoir réalisé ce que je voulais, sans avoir atteint le but que je lui avais fixé ». [Esaïe 55:8-10]

Répons
Parle Parle Seigneur
ton serviteur écoute,
je dis ton serviteur, car enfin je le suis,
je le suis, je veux l’être, et marcher dans ta route,
et les jours et les nuits.

 
Confession du péché 
Je vous invite à la prière :

Eternel,
Nous voici devant toi, avec notre vie partagée,
Avec notre soif de te suivre, et nos résistances à ton appel,
Avec notre désir d’aimer notre prochain, et nos égoïsmes,
Avec notre quête de lumière, et nos obscurités,
Avec notre foi et avec nos peurs.

Oui, nous voici devant toi, tels que nous sommes,
Et voilà que tu nous appelles à convertir notre regard, à changer d’orientation.
A ne plus regarder notre vie selon nos critères et nos points de vue, mais selon les tiens.
Tu nous appelles à déposer à tes pieds nos craintes et nos lâchetés,
Tu nous appelles à nous dépouiller de toutes nos illusions,
Tu nous appelles à laisser ta lumière se déposer sur nos ténèbres.

Nous voici, tels que nous sommes, avec nos doutes et nos contradictions.
Mais nous voulons te suivre, tout de même.
Accepte notre repentance, ô Eternel, et enracine-nous dans la confiance.
Amen.

Répons :
J’aime mon Dieu, car il entend ma voix,
Quand la frayeur ou le tourment m’oppresse,
Quand j’ai prié au jour de ma détresse,
Dans sa bonté, il s’est tourné vers moi.

 
Annonce de la grâce :
L’Éternel Dieu vit en nous.
Que son Esprit nous anime ! 
Sa force transforme  notre faiblesse,
Sa miséricorde  nous relève de notre misère,
Sa vérité  confond nos mensonges,
Sa liberté ouvre nos différentes prisons.
C'est pourquoi le dernier mot à notre sujet ne sera pas le nôtre, mais le sien,
Celui de son pardon et de son amour.
Il nous redit ce matin : « Ma grâce te suffit »

Répons
Combien grande est ta gloire
En tout ce que tu fais,
Et combien tes hauts faits
Sont dignes de mémoire !
Tes œuvres sans pareilles
Ont réjoui mon cœur,
Je veux chanter, Seigneur,
Tes divines merveilles !

 
Confession de foi
Nous restons debout pour confesser notre foi :

Je crois en Dieu, le Père tout puissant, créateur des cieux et de la terre.
L’Eternel règne. Il est Esprit. Il est Amour.

Je crois en Jésus-Christ, son Fils unique, notre Seigneur.
L’amour de Dieu,  envers nous, s’est révélé en ceci :
Alors que nous étions encore pécheurs, Christ est mort pour nous.
Il est venu chercher et sauver ce qui était perdu.
Il est le chemin, la vérité et la vie, le même hier, aujourd’hui, éternellement.
A ceci, tous reconnaîtront que nous sommes ses disciples, si nous avons de l’amour les uns pour les autres.

Je crois au Saint Esprit, qui rend témoignage à notre esprit que nous sommes enfants de Dieu.
Nous avons été baptisés d’un seul Esprit pour former un seul corps.
La victoire par laquelle le monde est vaincu, c’est notre foi.
Seigneur, augmente notre foi. Amen. (Oratoire du Louvre)
 
Répons :
Grand Dieu, nous te bénissons,
Nous célébrons tes louanges,
Eternel nous t’exaltons,
De concert avec les anges,
Et, prosternés devant toi,
Nous t’adorons, ô grand Roi,
Et prosternés devant toi,
Nous t’adorons, ô grand Roi !

 
Doxologie : « Gloire à Dieu dans les cieux et sur la terre, et d’éternité en éternité ».

Lecture du passage de la Bible : Marc 10/32 à 45 (Traduction TOB)
32 Ils étaient en chemin et montaient à Jérusalem, Jésus marchait devant eux. Ils étaient effrayés, et ceux qui suivaient avaient peur. Prenant de nouveau les Douze avec lui, il se mit à leur dire ce qui allait lui arriver :  33 « Voici que nous montons à Jérusalem et le Fils de l’homme sera livré aux grands prêtres et aux scribes ; ils le condamneront à mort et le livreront aux païens, 34 ils se moqueront de lui, ils cracheront sur lui, ils le flagelleront, ils le tueront et, trois jours après, il ressuscitera. » 35 Jacques et Jean, les fils de Zébédée, s’approchent de Jésus et lui disent : « Maître, nous voudrions que tu fasses pour nous ce que nous allons te demander. » 36 Il leur dit : « Que voulez-vous que je fasse pour vous ? » 37 Ils lui dirent : « Accorde-nous de siéger dans ta gloire l’un à ta droite et l’autre à ta gauche. » 38 Jésus leur dit : « Vous ne savez pas ce que vous demandez. Pouvez-vous boire la coupe que je vais boire, ou être baptisés du baptême dont je vais être baptisé ? » 39 Ils lui dirent : « Nous le pouvons. » Jésus leur dit : « La coupe que je vais boire, vous la boirez, et du baptême dont je vais être baptisé, vous serez baptisés. 40 Quant à siéger à ma droite ou à ma gauche, il ne m’appartient pas de l’accorder : ce sera donné à ceux pour qui cela est préparé. » 41 Les dix autres, qui avaient entendu, se mirent à s’indigner contre Jacques et Jean. 42 Jésus les appela et leur dit : « Vous le savez, ceux qu’on regarde comme les chefs des nations les tiennent sous leur pouvoir et les grands sous leur domination. 43 Il n’en est pas ainsi parmi vous. Au contraire, si quelqu’un veut être grand parmi vous, qu’il soit votre serviteur. 44 Et si quelqu’un veut être le premier parmi vous, qu’il soit l’esclave de tous. 45 Car le Fils de l’homme est venu non pour être servi, mais pour servir et donner sa vie en rançon pour la multitude. »

Cantique : Louange et Prière n°343 « Seigneur, accorde-moi d’aimer », strophes 1 à 3 [cliquer ici]

Prière d'illumination :
Eternel, envoie sur chacun et chacune de nous ton Esprit-Saint, que nous soyons rendus disponibles à ta Parole.
Eternel,  tu nous as créés à ton image et à ta ressemblance. Accorde-nous d’accomplir ta volonté, et d’aimer de ton amour, et de donner ainsi sens et saveur à notre vie.
Accorde-nous  de grandir dans ta grâce et d’accueillir ta présence, en nos vies, et  nous pourrons partager, les uns avec les autres,  les dons et les fruits de ton Esprit. Ainsi, selon ton Esprit et ta volonté, ils se traduiront par notre service, les uns pour les autres, dans la joie.
Amen.
[d’après la prière de Mireille Rasolofo-Tasliama]
 
Orgue

Prédication : La curieuse demande des deux fils de Zébédée

Amis, sœurs et frères,
Jacques et Jean, les deux fils de Zébédée, font à Jésus une bien curieuse demande !  Ils lui demandent une faveur : celle de se trouver à sa droite et à sa gauche quand viendra le moment de sa gloire.
Ce récit est présent dans un autre évangile, celui de Matthieu, avec une nuance, c’est que la demande est formulée à Jésus par Madame Zébédée, la mère des fils de Zébédée. Jésus ne répondra pas directement à cette femme, mais s’adressera à Jacques et Jean, puis aux disciples.
Quoiqu’il en soit, c’est une démarche, qui ne nous est pas si étrangère que ça, parce que cela nous est sans doute arrivé de penser ou de formuler une telle demande : être au plus près de celui ou celle qu’on admire et qu’on pressent devenir une personne réellement importante dans la vie sociale, dans la vie politique, dans le monde du travail ou même de l’église. Et en plus, est-ce que cela ne rejoint pas les rites de protocole que nous exerçons normalement ?

La demande des fils de Zébédée est curieuse, et intéressante ; elle mérite qu’on s’y attarde un peu. Jacques et Jean sont audacieux. Ils se jettent à l’eau : « Maître, nous voudrions que tu fasses pour nous ce que nous allons te demander ».
Jacques et Jean sont les disciples de la première heure. Sur le lac de Tibériade, ces pêcheurs ont lâché leurs filets, lorsque Jésus les a appelés. Ils sont partis avec lui sans se retourner.  Ils sont d’une fidélité constante, ils suivent Jésus dans déplacements, ils l’écoutent enseigner, ils sont témoins de ses guérisons et des changements qu’elles suscitent. Comme ils sont en route pour Jérusalem, les deux frères se jettent à l’eau en posant cette question à Jésus. C’est une autre façon de dire à Jésus :  nous avons tout laissé pour te suivre, nous avons même pris le risque d’entrer en dissidence avec la pratique religieuse, nous prenons le risque de croire autrement que la tradition, alors, nous voudrions bien savoir si nous ne faisons pas tout cela pour rien, que nous ne nous affranchissons pas du passé pour rien, alors… si tu peux assurer nos arrières, et nous rassurer par la même occasion, ce serait une bonne chose. Et les deux frères s’enhardissent un peu plus : « Accorde-nous de siéger dans ta gloire l’un à ta droite et l’autre à ta gauche. » 

Même si elle semble curieuse, la démarche des fils de Zébédée se tient, humainement d’abord, parce que nous pouvons y déceler un sentiment de sécurité, ou encore une démarche de reconnaissance qu’ils ne font pas fausse route, en suivant Jésus. Mais elle se tient aussi du point du vue politique. Si Jésus doit gouverner alors ils veulent bien une place d’honneur dans le gouvernement. Car enfin, ils sont bien en route pour Jérusalem… Et si Jésus y va, c’est sans aucun doute pour rétablir le trône de David, renverser l’autorité romaine, restaurer la foi juive, tout en l’ouvrant sur la modernité.
En effet, Jésus est en train de se rapprocher de Jérusalem. Et pour la troisième fois, il a annoncé à ses disciples sa mort prochaine. C’est pourtant dans ce contexte que Jacques et Jean font leur demande à Jésus. Et nous remarquons combien Jacques et Jean sont en complet décalage avec ce que Jésus vient de leur dire. Il a évoqué sa mort et ils pensent à leur statut ; il a évoqué ses souffrances futures et ils pensent reconnaissance et places d’honneur. Malgré tout, leur demande est émouvante, par la confiance qu’elle présuppose. Jacques et Jean croient que Jésus peut réaliser leur prière. Ils croient que le règne de Dieu va bientôt s’établir et que Jésus siègera comme Roi glorieux.
 Jésus ne nie pas marcher vers la gloire. Il a déjà annoncé que le Royaume allait venir. En revanche, il sait que cette gloire et ce Royaume ne correspondront pas aux attentes des disciples.
Alors, il avertit les fils de Zébédée, mas il avertit aussi les dix autres disciples, que la demande des deux frères a irrité et fait s’indigner contre eux :  la glorification du disciple ne consiste pas à prendre le pouvoir à ses côtés ; elle consiste à servir et à se donner aux autres de la même façon que la gloire du maître réside dans le fait de donner sa vie pour la multitude.

C’est vraiment là, la perspective dans laquelle tous les actes, les pensées, les projets des disciples du Christ devraient s’inscrire : servir, se donner.
C’est quelque chose que nous disons très souvent aux différentes cérémonies de baptême, dans notre Église ; la liturgie indique cette notion de service : Être appelé au service de Jésus-Christ, c’est devenir soi-même un serviteur, ou une servante. C’est là où réside la grandeur de la foi : « si quelqu’un veut être grand parmi vous, qu’il soit votre serviteur. Et si quelqu’un veut être le premier parmi vous, qu’il soit l’esclave de tous ». Nous sommes une fois encore dans l’Évangile du renversement des situations, qui défie toute logique humaine.
Pour un disciple du Christ, la gloire n’est pas là où on l’attend. Elle ne réside pas dans le fait d’être servi mais de servir. Dans une optique chrétienne, le chef n’est pas celui qui est servi, mais c’est celui qui sert. Ceux qui exercent le pouvoir en tant que chefs des nations, tiennent les autres sous leur domination.  Mais Jésus insiste, et la phrase d’ailleurs est au présent : « Il n’en est pas de même parmi vous ». Ce n’est pas une exhortation mais bel et bien une affirmation : non seulement, il ne doit pas en être ainsi, mais il n’en est pas ainsi. Voici une réponse à la fois humoristique et sérieuse. Humoristique parce qu’elle est le contraire de l’état d’esprit des disciples, sérieuse parce que Jésus donne son propre exemple : « Le fils de l’homme, autrement dit, Jésus dans toute son humanité, n’est pas venu pour se faire servir mais il est venu pour servir ». Par sa vie, son enseignement, ses guérisons, sa façon d’entrer en relation, Jésus donne l’exemple d’une vie tournée entièrement vers le service et la prise en compte de l’autre, formulée par cette question qui revient sans cesse : « Que voulez-vous que je fasse pour vous ? » (v.36).
Plus encore, Jésus va plus loin dans sa réponse en précisant à Jacques et Jean : « Vous ne savez pas ce que vous demandez » et le dialogue qui suit relève encore d’un décalage qui fait penser que les disciples et Jésus ne sont toujours pas sur la même longueur d’ondes. D’ailleurs, les disciples comprennent-ils vraiment ce qu’ils font avec Jésus ? Les raisons qu’ils ont de le suivre sont diverses et variées. Dans le groupe, il y a Juda, Pierre, Jean. Lesquels seront plus tard au pied de la croix ?

Au pied de la croix, …. voilà ce qui nous renvoie à la question de Jésus :
« Pouvez-vous boire la coupe que je vais boire ? Pouvez-vous recevoir le baptême que moi je vais recevoir » ? Vous ne savez pas ce que vous demandez.
Jacques et Jean ne perdent pas leur enthousiasme.
« Nous le pouvons ! » répondent-ils à Jésus.
Et Jésus leur répond : vous n’y êtes pas du tout ; et d’ailleurs, il ne m’appartient pas de vous donner la réponse. Les places seront à ceux pour qui elles ont été préparées. Et là, Jésus renvoie son auditoire à Dieu.  Dans sa réponse, Jésus fait encore et toujours la première place à Dieu. Mais il rappelle aussi le chemin qu’il est en train de prendre. Il annonce ses souffrances et sa mort à Jérusalem. Il s’agit d’une nouvelle annonce de la Passion que les disciples n’ont pas l’air de l’entendre. Il est intéressant d’ailleurs, de constater qu’à chaque annonce de la Passion succède une demande spéciale des disciples, un peu comme s’ils n’arrivaient pas à entendre la réalité des paroles de Jésus. Et aussi la réalité de la venue du Messie, tel que Jésus l’annonce.
Ce texte nous renvoie à nous-mêmes et à ce que nous croyons. Comment nous situons-nous par rapport aux paroles de Jésus ? Comment est-ce que nous approprions ces paroles de l’Évangile pour suivre Jésus ? Où en sommes-nous de notre propre recherche de reconnaissance dans notre vie, dans nos relations humaines, dans notre vie d’Église ?  Comment comprenons-nous cette invitation à servir les autres, tel que le Christ la formule dans l’Évangile d’aujourd’hui ?

La reconnaissance de la valeur de chacun, de chacune est inhérent à toute nature humaine et au fond de nous-mêmes, nous savons que nous n’y échappons pas. N’est-elle pas l’expression de notre désir d’être aimé, tout simplement ?
Ce que Jésus transmets, ici, c’est un appel à un changement de mentalité. Ce changement va se manifester par un changement de regard sur Jésus, sur la notion de Messie et aussi sur les autres. Jésus annonce le don qu’il va faire de sa propre vie et il nous renvoie à considérer l’autre toujours comme supérieur à nous-mêmes, dans l’amour du prochain, comme le dira l’hymne de Paul dans sa lettre aux Philippiens (chap. 2). Seul ce changement de regard sur Jésus et sur les autres, permettra de changer quelque chose dans les relations humaines et permettra l’établissement du royaume, tel que Jésus l’annonce tout au long de son ministère. Nous disons volontiers que « Dieu s’est fait homme pour que l’homme devienne homme », pleinement homme, tel que Dieu l’avait conçu, désiré, un homme partenaire de Dieu. Le Fils de l’homme n’est plus seulement l’expression qui désigne Jésus dans son humanité, mais elle désigne aussi chacun et chacune de nous. Ainsi, en servant et en donnant de nous-mêmes, en nous donnant, nous sommes fidèles à notre vocation, une vocation « réaliste » et « humaniste », profondément humaine. Mais Jésus va plus loin : le don de soi peut aller jusqu’à donner sa vie. Jésus parle de la sienne.

Et voilà que nous découvrons que nous ne sommes pas très à l’aise avec ces termes « coupe de douleur » ou « baptême de souffrance », que nous trouvons dans certaines traductions. Dans le premier Testament, la coupe est souvent le symbole de la souffrance (cf. Ps 75:9 ; Es 51:17-22 ; Jr 25:15). Et dans son Évangile, Marc ajoute celle du baptême, précisé par certaines traductions par « de souffrance », qui n’a rien à voir avec celui de Jean-Baptiste, reçu par Jésus, au commencement de son ministère, ou avec celui que nous pratiquons dans nos Églises ; mais cela renvoie à des images qui déroutent, dans lesquelles on peut déceler une théologie de la rédemption par la souffrance qui n’est plus de mise aujourd’hui, même si elle n’a pas totalement disparu de certains milieux. Il est certain, en tout cas, qu’elles soulignent l’acceptation des disciples à la souffrance du Christ. S’ils désirent réellement le suivre, ils devront le faire jusqu’au bout. Et « jusqu’au bout », ici veut dire jusqu’au bout de la mort de Jésus, mort infamante, en plus, qui inaugure une autre forme de don de soi, jusqu’à donner sa propre vie. L’Évangile de Jean, écrit plus tard, précisera : « Nul n’a de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’il aime ». (Jn15:13).

C’est le moment de rappeler que le terme grec qui veut dire témoin, se dit « marturos », qui a aussi donné le mot martyr.  Cet engagement est courageux mais non dépourvu d’ambiguïté.  Jacques et Jean sont prêts à suivre Jésus jusqu’au bout, sans trop savoir ce que cela représente. Jésus répond que le suivre ainsi, cela passe par le service incontournable de l’autre.  Mais dans quel but ? Il me semble qu’une des réponses possibles c’est la libération. Libération de toute forme d’esclavage : quelle qu’en soit la forme. C’est tout le sens du mot « rançon », si chargé, lui aussi d’ambiguïté. Jésus montre l’exemple, en allant jusqu’à donner sa vie, « en rançon pour beaucoup ». Dans le texte biblique en grec, le mot « lutron » signifie « libérer un esclave », sans contrepartie. Alors ce terme est difficile à interpréter, parce qu’il rappelle le livre d’Ésaïe, chap. 53:12, l’épisode du serviteur souffrant. Selon Marc, la vie du Fils de l’Homme est donc donnée pour racheter « beaucoup », une « multitude » Même s’il ne s’agit ni de sacrifice, ni d’expiation, il s’agit en tout cas de rédemption, de prix payé pour libérer une humanité aliénée. L’idée n’est ni développée, ni expliquée, mais elle exprime la signification profonde de la mort de Jésus telle que Marc la comprend. Et qui continue d’agiter les querelles théologiques encore aujourd’hui. Ce qui est sûr, c’est que les esclavages ne manquent pas dans notre contexte actuel. Esclavage de peuples opprimés ou affamés, par la guerre, esclavage subi par les femmes, par une classe sociale par rapport à une autre, esclavage des migrants, esclaves du travail ou du chômage, de la culpabilité, et d’addictions, esclaves de la course au pouvoir, esclaves de la volonté de tout maîtriser. Mais il l y a tout autour de nous, depuis des générations, des personnes qui sont allées jusqu’à donner leur propre vie pour sauver la nôtre, et que nous ne soyons prisonniers d’aucune forme de dictature, aucune forme d’aliénation.

La vie du croyant n’est pertinente que si elle s’inscrit dans ce « dynamisme créateur » : libérer, délivrer.   Et même si je reprends sans le vouloir, deux verbes d’une chanson d’un célèbre dessin animé… nous aussi, nous employons ces deux verbes à propos de l’action du Christ dans nos vies. Et je cite un extrait du livre de Michel Barlow, « Pour un christianisme de liberté » ; il écrit dans son avant-propos : « Faut-il dire que (le Christ) nous délivre ou qu’il nous libère de toutes nos peurs, de toutes nos paresses de pensée dans le domaine religieux ? … Si j’en crois les puristes…on libère un prisonnier incarcéré sur décision de justice, mais on délivre un otage retenu en toute injustice. Dire que le Christ nous a libérés des dogmes aliénants et des dévotions étouffantes, ce serait donner une apparence de légitimité à toute cette végétation parasite qui a proliféré sur son message…il parait plus juste de dire que Christ nous délivre de toutes ces considérations et pratiques qui l’avaient indûment pris en otage au long des siècles. D’autant que délivrer, si l’on en croit les dictionnaires, c’est aussi : « débarrasser d’une gêne, guérir, soulager d’un tourment, sans oublier que la délivrance, est l’autre mot de l’accouchement, la venue au monde d’un être nouveau ».

La vraie curiosité de la demande des deux fils de Zébédée, c’est de nous ouvrir à un chemin de liberté, que nous emprunterons à notre tour, si nous répondons à notre tour à la question de Jésus : « Que voulez-vous que je fasse pour vous ? » (v.36).
Notre réponse permettra de savoir où nous en sommes, dans notre service, sur ce qu’il y a encore à émonder, élaguer, pour le rendre plus concret, sans aliéner l’autre, et encore moins nous-mêmes, et sur ce qu’il y a à affiner, à développer pour le rendre plus joyeux.  Amen.

Pour aller plus loin :

  • Michel Barlow, Pour un christianisme de liberté, Éditions Empreintes, 2020
  • Michel Wagner, Prières qui n’en ont pas l’air, Éditions de l’Atelier, 2005

Orgue

Cantique : Louange et Prière n°208 « Céleste voix qui nous convies », strophes 1 & 2 [cliquer ici]

Annonces
Offrande 
Orgue

 
Liturgie de la Cène

Préface
Louons Dieu :
Seigneur notre Dieu et notre Père, quel bonheur de t'adorer partout et à tout moment.
Quelle joie de te dire merci pour Jésus-Christ ton Fils.
Sa venue dans le monde a fait lever l'aube de ton règne d'amour.
Humain parmi les humains, vivant jusqu'au bout ton pardon et ta paix,
Il nous a fait découvrir notre véritable humanité.
Condamné au supplice de la croix, il s'est dépouillé de tout pouvoir et de tout prestige, pour nous rendre libres de te servir.
Ressuscité, il est le messager d'un monde nouveau, d'où toute oppression, toute larme et tout mal disparaîtront.
C'est pourquoi, avec celles et ceux qui ont vécu et proclamé cette espérance pendant tant de siècles,
Avec ton peuple assemblé ici et partout, nous célébrons ton nom et nous te chantons.

Répons : Pare-toi pour une fête [cliquer ici]

Pare-toi pour une fête
O mon âme tiens-toi prête,
Monte plus haut que la terre,
Vers la céleste lumière.
Ton Seigneur t’offre une place
Au grand banquet de sa grâce,
Ce maître au pouvoir immense
Avec toi fait alliance.

 
Institution :
Le soir venu, Jésus se mit à table avec les douze. Pendant le repas, il prit du pain et, après avoir rendu grâces, il le rompit et le leur donna en disant : “Prenez, mangez, ceci est mon corps.” Ayant aussi pris la coupe et rendu grâces, il la leur donna en disant : “Buvez-en tous, car ceci est mon sang, le sang de l’alliance qui est répandu pour la multitude, pour le pardon des péchés. Je vous le dis, désormais, je ne boirai plus de ce fruit de la vigne jusqu’au jour où je le boirai, nouveau, avec vous, dans le Royaume de mon Père.”
[Matthieu 26:26-29]

Prière de communion :

La table est mise, Seigneur.
Nous avons partagé ta Parole.
Elle a remis notre vie à l’heure.
Dans un instant, ton appel « Venez, car tout et prêt »
Va nous inviter à partager pain et coupe,
En mémoire de toi.
Pain et vin réels,
Autrefois, épis et grappes dans nos campagnes,
Les voici offerts pour témoigner
Que ton amour et ton Royaume
Sont tout aussi réels pour nous.
Avec nos frères et sœurs,
Ayant partagé la paix qui vient de toi,
Nous voici assemblés
Et faits ensemble par toi, « corps du Christ ».
Que ton Esprit fasse de ce moment privilégié
Un moment de joie
Une minute anticipée de ton Royaume.
Que vienne dans cette attente,
Le jour de nos divergences théologiques
Ne nous retiendront plus en tables séparées.
En communion invisible,
Avec tous ceux qui avant nous
Ont communié quelque part
A ce pain, à cette coupe,
Nous attendons dans l’impatience
De nous retrouver tous au banquet de ton Royaume.
Amen. Viens Seigneur Jésus.
[Michel Wagner, « Prières qui n’en ont pas l’air »]
 
Prière d'intercession :
Dans la confiance nous te présentons notre monde.
Nous te prions pour celles et ceux que tu nous mets en mémoire.
qui demandent notre aide, notre présence, notre prière.
celles et ceux qui subissent un traitement pénible,
celles et ceux qui sont dans le deuil, le chagrin, la solitude, dans l’attente de notre service,
Nous te les confions dans le profond de notre cœur.

Nous rassemblons toutes nos prières dans celle que Jésus a enseigné à ses disciples :

Notre Père :
Notre Père qui es aux cieux, que ton nom soit sanctifié, que ton règne vienne, que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel. Donne-nous aujourd’hui notre pain de ce jour ; pardonne-nous nos offenses comme nous pardonnons aussi à ceux qui nous ont offensés. Ne nous laisse pas entrer en tentation mais délivre-nous du mal, car c’est à toi qu’appartiennent le règne, la puissance et la gloire, aux siècles des siècles. Amen.

Répons : Jésus ta voix nous convie [cliquer ici]

Jésus ta voix nous convie
A ce festin de la vie,
En ce lieu tout me retrace
Les prodiges de ta grâce.
Fais qu’aujourd’hui, je contemple,
Tes charités sans exemple,
Avant de me nourrir d’elles,
A tes tables éternelles.


Invitation :
Invitation spéciale
Pour partager la Cène, nous demandons que chacun, chacune reste à sa place et nous passerons le plat avec le pain, et les verres avec le vin.
 
Invitation & Communion
« Voici, je me tiens à la porte et je frappe, dit le Seigneur. Si quelqu’un entend ma voix et ouvre la porte, j’entrerai chez lui, je prendrai la Cène avec lui et lui avec moi. »
Venez, car tout est prêt.
 
Fraction
« Le pain que nous partageons est communion au corps du Seigneur Jésus-Christ.»
« La coupe de bénédiction pour laquelle nous rendons grâces est communion au sang du Seigneur Jésus-Christ, qui a été versé pour tous en signe de la nouvelle Alliance de Dieu avec le monde. »

Communion
Orgue

Prière d’actions de grâce :
Eternel nous te disons notre gratitude pour ce repas que nous avons pris ensemble,
Accorde-nous d’être au service les uns des autres, dans un même cœur, une joie et une simplicité réciproques, pour notre délivrance. Puissions-nous mettre au monde, notre être, renouvelé par ton amour.
Amen.

Bénédiction finale
Recevons la bénédiction de Dieu :

Que la paix de Dieu
Qui surpasse toute intelligence
Garde vos cœurs et vos pensées,
Dès maintenant et à jamais.
Allez dans la paix de votre Seigneur,
Amen.
 
Répons :
Bénis, ô Dieu nos routes, nous les suivrons heureux,
Car toi qui nous écoutes, tu les sais, tu les veux
Chemins riants ou sombres, j’y marche par la foi,
Même au travers des ombres, ils conduisent à toi.

 
Orgue
Sortie

Paroles des chants du dimanche 21 août 2022

Psaume : Psautier Français n°138 « Que tout mon cœur soit dans mon chant », strophes 1 à 3.

Strophe 1
Que tout mon cœur soit dans mon chant ;
Qu’il soit brûlant de tes louanges.
Je te rends grâce en ta maison ;
Je loue ton nom devant les anges.
Tu es venu pour exalter
La renommée de ta parole.
J’adore ta fidélité
Et ta bonté qui me console.

Strophe 2
Tu me réponds dès que je crie ;
Tu élargis mon espérance.
Même les grands t’écouteront
Et béniront ta providence.


Ton saint amour, ô roi des cieux,
Veille en tous lieux sur toutes choses.
Dans ses projets tu suis des yeux
L’homme orgueilleux : tu en disposes.

Strophe 3
Ta paix, mon Dieu, dure à toujours ;
C’est ton amour qui me délivre.
Quand je suis le plus éprouvé
Ton bras levé me fait revivre.
Et quand je suis au désespoir,
C’est ton pouvoir qui me relève.
Ce qu’il t’a plu de commencer
Sans se lasser ta main l’achève.

Cantique : Louange et Prière n°343 « Seigneur, accorde-moi d’aimer », strophes 1 à 3.

1 - Seigneur accorde-moi d'aimer !
Il faut bien que ta main m'y pousse :
En moi, je trouve un cœur fermé
Dont la vaine pitié s'émousse.
S'il est vrai que chaque désir
Ici bas côtoie une faute,
Qui rendra mon âme assez haute
Pour cet amour qui doit l'emplir ?

2 Il faut ta croix sur mon chemin
Et la brûlure de tes larmes,
Il faut ce grand mystère humain
Par quoi, Seigneur, tu nous désarmes.
Nous n'aurions pas connu l'amour
Si tu n'avais aimé toi-même.
Que ta croix soit mon seul emblème
Pour les combats de chaque jour !.

 3 - Par toi qui n'es que charité,
Qu'ainsi je mette sur ma route
Où règne l'ombre, la clarté,
La foi vivante, où git le doute ;
Fais que j'oppose désormais
Au désespoir ton espérance,
Ton pardon sans borne à l'offense.
A la haine, ô Jésus, ta paix.

Cantique : Louange et Prière n°208 « Céleste voix qui nous convies », strophes 1 & 2.

Strophe 1
Céleste voix qui nous convies
Au festin de la charité,
Tu remplis nos âmes ravies
D'une sainte félicité.
Nous venons, Seigneur, à ta table
Où tu veux nourrir notre foi,
Pour goûter ta grâce ineffable
Et pour nous consacrer à toi.

Strophe 2
Chrétiens, célébrons la mémoire
D'un Rédempteur si généreux,
Jusqu'au jour où, brillant de gloire,
Il viendra nous ouvrir les cieux.
Là nous chanterons tes louanges
Devant le trône du Dieu fort,
O Roi des hommes et des anges
Qui nous a sauvés par ta mort.

Lecture de la Bible

Évangile selon Marc, chapitre 10, versets 32 à 45

[Bible Segond]

32 Ils étaient en chemin pour monter à Jérusalem, et Jésus allait devant eux. Les disciples étaient troublés, et le suivaient avec crainte. Et Jésus prit de nouveau les douze auprès de lui, et commença à leur dire ce qui devait lui arriver :
33 Voici, nous montons à Jérusalem, et le Fils de l'homme sera livré aux principaux sacrificateurs et aux scribes. Ils le condamneront à mort, et ils le livreront aux païens,
34 qui se moqueront de lui, cracheront sur lui, le battront de verges, et le feront mourir ; et, trois jours après, il ressuscitera.
35 Les fils de Zébédée, Jacques et Jean, s'approchèrent de Jésus, et lui dirent : Maître, nous voudrions que tu fisses pour nous ce que nous te demanderons.
36 Il leur dit : Que voulez-vous que je fasse pour vous ?
37 Accorde-nous, lui dirent-ils, d'être assis l'un à ta droite et l'autre à ta gauche, quand tu seras dans ta gloire.
38 Jésus leur répondit : Vous ne savez ce que vous demandez. Pouvez-vous boire la coupe que je dois boire, ou être baptisés du baptême dont je dois être baptisé ? Nous le pouvons, dirent-ils.
39 Et Jésus leur répondit : Il est vrai que vous boirez la coupe que je dois boire, et que vous serez baptisés du baptême dont je dois être baptisé ;
40 mais pour ce qui est d'être assis à ma droite ou à ma gauche, cela ne dépend pas de moi, et ne sera donné qu'à ceux à qui cela est réservé.
41 Les dix, ayant entendu cela, commencèrent à s'indigner contre Jacques et Jean.
42 Jésus les appela, et leur dit : Vous savez que ceux qu'on regarde comme les chefs des nations les tyrannisent, et que les grands les dominent.
43 Il n'en est pas de même au milieu de vous. Mais quiconque veut être grand parmi vous, qu'il soit votre serviteur ;
44 et quiconque veut être le premier parmi vous, qu'il soit l'esclave de tous.
45 Car le Fils de l'homme est venu, non pour être servi, mais pour servir et donner sa vie comme la rançon de plusieurs.

Vidéo du culte entier

Audio

Écouter la prédication (Télécharger au format MP3)

Écouter le culte entier (Télécharger au format MP3)

À Voir également