La Réforme à Paris (1520-1560)

Avec :

Philippe Braunstein, historien
Aurélien Peter, organiste

Stanislas Siwiorek, interprète

Ensemble Ainulindalë direction Fabien Aubé Jeanne Lefort, soprano Margaux Loire, soprano Magali Hochet, alto Florian Ranc, alto Daniel Armand, ténor Stanislas Herbin, ténor Antoine Amariutei, basse Fabien Aubé, basse Fabien Brandel, luth

Accueil

Musique au grand orgue : Samuel Mareschal (1554-1640)

Psaume 138 « Il faut que de tous mes esprits » ornementé pour clavier, 1640 GRAND ORGUE

Introduction

De droite à gauche :
Philippe Braunstein, historien
Stanislas Siwiorek, interprète
Aurélien Peter, organiste

Evoquer la Réforme en temps de commémoration, c'est évoquer la personnalité et l'oeuvre des Réformateurs, cette année, Luther ; en 2009, c'était Calvin. Ces figures emblématiques ont marqué leur époque et, jusqu'à nos jours, divisé le monde devenu protestant en deux confessions jusqu'à un temps très récent de convergence, puis d'union.

Je ne parlerai pas de ces fondateurs, n'ayant aucune autorité sur le sujet, d'autant plus que viennent de paraître plusieurs ouvrages écrits par des plumes éminentes.

J'évoquerai un mouvement de réforme des institutions religieuses ardemment désiré par des individus et des groupes et qui s'inscrit, en ce début du XVI° siècle, dans une longue histoire de l’Église et de la société chrétienne en Occident. J'évoquerai donc , non des réformateurs, mais les témoins engagés de ce mouvement profond qu'on peut appeler des réformistes ou des réformés.

Pour traiter modestement de ce vaste sujet, il m'a paru utile de recourir d'abord à la pensée et aux écrits de Lucien Febvre, un des meilleurs connaisseurs du XVI° siècle dans son économie générale et, avec lui, de poser d'emblée deux questions qui ont occupé les réflexions et les positions de ses contemporains. La première est celle d'une chronologie en trois temps, comme les aiment les historiens et les rhétoriqueurs : Pré-Réforme, Réforme, Contre-Réforme ? La seconde relève d'un débat qui fut vif au siècle dernier dans les milieux autorisés et ressemblait à un brûlot nationaliste : la Réforme française a-t-elle été la fille de Luther ?

A la première question, Lucien Febvre répondait : non, il ne s'agit pas d'une pièce en trois actes, dont le premier serait qualifié de pré-curseur, parce qu'on connaît la suite. Il y a un océan de pensées et d'actions fondamentales et des courants divers, faits de positions individuelles, de choix et de pratiques à la fois religieuses, morales et civiles , partagés par plusieurs générations.

Quant à la seconde question, qui porte sur les origines, il est certain que les textes de Luther circulent à Paris en 1520 ; il est non moins certain que Luther lit et annote ses contemporains, comme Lefèvre d'Etaples, qu'il compare à Erasme. La Réforme, telle qu'elle est professée et s'affirme dans toute l'Europe, est conduite par des hommes et des femmes qui se connaissent, se lisent mutuellement, s'estiment et parfois se combattent. N'oublions pas que ces démarches personnelles évoluent : n'attribuons pas au jeune moine Luther des attitudes parfois intolérantes, qui furent celles de son grand âge ; n'oublions pas que Jean Calvin, avant d'être le commandeur de Genève, a été un étudiant parisien en fuite.

Les diffusions et les évolutions musicales

Ensemble Ainulindalë

Les réflexions sur la circulation de la Réforme en Europe concernent aussi à la musique. Y aurait-il une continuité entre les chorals composés par Luther et les chants de la Réforme genevoise ?

Bien sûr, on trouve des similitudes. Chez les Luthériens comme chez les Calvinistes, la mélodie doit mettre en valeur le texte et favoriser sa mémorisation. Pour cela, les chants doivent être écrits en langue vernaculaire et le texte doit rester compréhensible, ce qui nécessite de bannir les longues vocalises dont on avait alors l’habitude ainsi que les polyphonies complexes mises à la mode par les compositeurs franco-flamands. En plus de ces points communs, une certaine diffusion des chorals luthériens est avérée au début de la période : onen a trouvé des traductions françaises sur des feuillets imprimés datant des années 1520.

Toutefois, on ne peut percevoir une filiation claire : peu de thèmes luthériens sont réutilisés par les calvinistes au XVIe siècle. Calvin favorise la constitution d’un répertoire original centré sur les psaumes de David, seuls autorisés à être chantés au sein du culte, sans accompagnement instrumental et à l’unisson (restrictions qui n’existent pas du côté luthérioen). Les arrangements polyphoniques et /ou accompagnés sont réservés pour (je cite le compositeur Claude Goudimel en 1565) « s’éjouir en Dieu es maisons », donc à la sphère privée. Les mélodies strictement monosyllabiques (une note par syllabe) leur donnent aux psaumes une allure plus rigide, moins souple que les chorals luthériens.

En revanche, un circuit de diffusion de mélodies réformées existe bien en Europe dans les années 1520-1530. Il part de Strasbourg. Dans cette ville touchée par l’influence du réformateur Martin Bucer, les musiciens Wolfgang Dachstein et Matthias Greiter composent de nombreux recueils de psaumes à partir de 1525. Calvin les découvre lors de son exil à Strasbourg entre 1538 et 1541, et en 1539, il fait éditer un recueil intitulé Aulcun pseaumes et cantiques mis en chant, où il réutilise les mélodies strasbourgeoises.

Prenons par exemple la mélodie du psaume 119 composé par Greiter, qui connait une double circulation . Nous allons commencer par l’entendre

Matthias Greiter (v.1495-1550)

Mélodie du psaume 119 « Es sind doch selig alle die / Im rechten Glauben wandeln hie / Im G’setze Gotts des Herren » (Heureux tous ceux qui sont intègres dans leur voie, qui marchent selon la loi de l’Eternel), extrait du Teutscht Kirchenampt, 1525 CHOEUR

D’une part, Calvin réutilise cette mélodie dans son recueil de 1539 pour le psaume 36, « en moy le secret pansement », dont le texte est ensuite remanié par Clément Marot en « Du maling le meschant vouloir ». En 1562, dans le premier recueil complet de psaumes mis en musique, la mélodie, devenue populaire, est utilisée pour le psaume 36 toujours mais aussi pour le célèbre psaume 68 « Que Dieu se montre seulement ». Voici le psaume 36, dans sa version composée par Claude Goudimel en 1568, dans un style polyphonique qu’on appelle le contrepoint fleuri : il est donc fait pour être chanter es maisons.

Claude Goudimel (c.1520-1572)

Psaume 36 « Du malin le meschant vouloir / Parle en mon cœur et me fait voir / Qu’il n’a de Dieu la crainte » à quatre parties, extrait desCent cinquante Pseaumes de David, 1568 (paraphrase de 1562) CHOEUR

D’autre part, en Allemagne, seconde circulation, la mélodie est réutilisée pour plusieurs chorals avant de se fixer en 1584 sous le texte O Mensch bewein dein SündeGross, choral que Bach met à l’honneur à plusieurs occasions et notamment dans un passage de la passion selon Matthieu composée en 1727.

Johann Sebastian Bach (1680-1750)

Choral « O Mensch bewein dein Sünde groß » (Ô homme, pleure ton grand pêché) à quatre parties, B.A. 39, n° 49 CHOEUR ET ORGUE DE CHOEUR

* * *

Les personnages dont nous allons parler aujourd'hui sont les contemporains d'une première génération qui aspire à la réforme de l’Église, pas encore des réformateurs qui, comme vous le savez, ont été soit des sujets d'Empire, soit des exilés français.

Regardons rapidement les dates : allons des années 1520 jusqu'à la publication du Psautier français, la plus impressionnante opération d'imprimerie du XVI° siècle, et qui se conclut en 1561. Entre ces deux moments, en France, l'affaire des Placards en 1534 et un climat général de répression qui se généralise contre ce que la Sorbonne, gardienne de la tradition, appelle l'hérésie.

Après le Concile de Trente, qui débute ses travaux en 1545 et s'interrompt longuement, et les atroces guerres de religion, encore deux générations jusqu'à l'Edit de Nantes.

I. UNE EUROPE DE LA CULTURE ET DE L’HUMANISME CHRÉTIEN

Revenons donc aux débuts de l'histoire : que signifie être « réformiste » ou « réformé » à Paris vers 1530 ?

Le mouvement de réforme doit être compris dans un contexte européen, dans une acception à la fois historique et géographique. Il existe, et c'est le premier point, une internationale humaniste et un besoin essentiel de revenir aux textes bibliques, qui traverse les élites intellectuelles et spirituelles ; mais le second point, qui accompagne en toile de fond le premier, c'est dans la population de toute l'Europe un puissant rejet des comportements et des pratiques de l’Église à tous les niveaux, qu'il s'agisse des moines, du clergé séculier et de ce que l'on sait du pape de Rome.

Faute de pouvoir accepter une autorité spirituelle jugée défaillante et totalement insensible à une quête de vérité et de justice, deux données de base retrouvées dans les textes définissent l'aspiration à une réforme institutionnelle et personnelle :

L'Ecriture est la source unique de la foi chrétienne

L'homme est justifié par la foi seule et non par ses œuvres.

C'est le message de la plus forte poussée d'esprit évangélique qu'ait connue la chrétienté depuis le début de l’Église.

LES LEISEN

De même les préoccupations musicales des réformés ne sont pas si nouvelles ; elles sont même au coeur des réflexions et des discussions de de bon nombre d’humanistes. La musique fait en effet partie des arts libéraux que l’on enseigne en licence à l’université et qui participent d’un savoir européen. D’un côté, il y a le trivium, cad les trois arts de la parole, et de l’autre côté le quadrivium, qui rassemble les 4 arts mécaniques à savoir arithmétique, géométrie, astronomie et musique.

Certaines pratiques musicales promues par les réformés sont même bien plus anciennes . C’est le cas des chants religieux en langue vernaculaire . On en trouve des traces en France, mais les plus connus viennent d’Allemagne. Il s’agit des Leisen, développés à partir du XIIIe siècle et qui font l’objet d’arrangements polyphoniques dès le XIVe siècle, signe qu’alors ce répertoire entre de plein pied dans la musique dite savante. Leur nom, leisen, provient de l’abréviation de la formule liturgique Kyrie Eleison (Seigneur prend pitié en grec), qui termine toujours ces chants.

Le plus ancien connu est Christ ist erstanden : il est mentionné dans les textes d§s 1160 ! Ce Leisen, qui est chanté à Pâques, reprend le thème du chant grégorien Victimae Paschali Laudes.

JOUER LE GREGORIEN A L’ORGUE EN BAS PUIS LE THEME DU LEISEN

Il devient un véritable « tube » aux XIVe et XVe siècles, et est utilisé à toutes les sauces et pour tous les instruments. On le retrouve ainsi sous une forme ornementée dans leBuxheimer Orgelbuch, un recueil de tablatures pour l’orgue du milieu du XVe s. qui rassemble des oeuvres profanes et sacrées. La mélodie sera peut-être parfois difficile à reconnaître : elle brode autour du thème original et passe de la voix supérieure à la basse et inversement.

Anonyme (XVe s.)
Variation sur le Leisen « Christ ist erstanden von der Marter alle » (Christ est ressuscité de tous ses tourments) pour orgue, extrait du Buxheimer Orgelbuch (v. 1450-1470) ORGUE DE CHOEUR

Si Luther transforme le texte en Christ lag in todesbanden, le Leisen continue d’être connu et chanté au XVIe siècle, même hors d’Allemagne. Le compositeur franco-flamand Roland de Lassus, admiré de Ronsard qui l’appelait le « divin Orlande », et qui avaiet été invité à la cour de France par Henrii III, arrange encore ce Leisen dans le second tiers du XVIe s.

Roland de Lassus (1532-1594)
Leisen « Christ ist erstanden von der Marter alle » à quatre parties (s.d.) CHOEUR

* * *

Evoquer une Europe de la culture et de l'humanisme au début du XVI° siècle, c'est d'abord rencontrer Erasme de Rotterdam. Prêtre à Paris en 1492, il séjourne à plusieurs reprises en Angleterre où il trouve l'écho des intellectuels italiens, en particulier Pic de la Mirandole, et rencontre à Oxford Thomas More, futur auteur de l'Utopie ( 1516 ) et qui paie de sa vie, en 1535, l'audace de ses critiques politiques, religieuses et sociales. Erasme publie en 1504 le « Manuel du soldat chrétien », charge contre les ritualismes et éloge des auteurs antiques, Platon ou Virgile, aussi utiles que Saint Jérôme dans les armées du Christ. En 1508 à Venise, il séjourne chez Alde Manuce, le plus fameux éditeur de son temps, et publie « les Adages », une anthologie de la sagesse antique. Après avoir traduit Saint Jérôme, Sénèque, Platon, il révise en grec l'édition latine du Nouveau Testament ( la Vulgate ) dont il corrige les contresens. Il séjourne à Bâle où travaille un grand éditeur, Froben, et c'est là que Holbein fait son fameux portrait. Il publie l' »Eloge de la Folie », dédié à Thomas More, une satire indignée et moqueuse des travers de l’Église et des docteurs de la loi .

Depuis les années 1515, Erasme est en rapport avec Luther et discute des positions respectives de St. Augustin et de St. Jérôme ; Luther exprime sur la nature humaine une vision tragique qu 'Erasme ne partage pas : Luther écrit : « Je lis notre Erasme et ma sympathie pour lui décroît de jour en jour ; j'approuve qu'il accuse et condamne les religieux et les prêtres, mais je crains qu'il ne mette pas suffisamment en valeur le Christ et la grâce de Dieu ».

Lorsqu' Erasme publie en 1523 son traité « Du libre arbitre », aussitôt condamné par la Sorbonne, Luther rompt définitivement avec un humanisme heureux : Erasme en effet pense que l'homme est capable de choisir le bien ou le mal et par conséquent de coopérer à son salut avec l'aide de la grâce divine. Luther réplique par son texte « De servo arbitrio » , le serf arbitre : « puisque Dieu a mis mon salut hors de mon arbitrage, puisqu'il a promis de me sauver par sa grâce et sa miséricorde, je suis sûr et certain qu'il est fidèle et ne me mentira pas ». L'affirmation du serf arbitre, c'est la conséquence inéluctable du salut par la seule grâce, sans le concours de l'être humain.

Erasme découragé, n'espère plus que la critique de l’Église suffise à provoquer sa réforme. Pour lui, l'hérésie, c'est l'atteinte à la paix et à l'unité ; lui-même condamné pour son irénisme critique, il ne peut s'engager plus avant dans ce qu'il perçoit comme une aventure dangereuse pour l'Eglise.

Mais entre l’Église romaine et l'hérétique », son choix était fait : « Je reconnais le Christ, je ne connais pas Luther » ; c'est la paix de la chrétienté et non les positions de Luther qu'il défendait.

Il meurt en 1536 , abandonné par ceux qui avaient accompagné avec espoir la résurrection de la sagesse antique et son souci de la conjuguer avec l''enseignement du Christ.

C'est bien ce que vont tenter des chrétiens français, dont je vais vous parler.

Mais je poursuis quelques instants cette image d'une Europe ouverte à la réforme, en évoquant le vif renouveau intellectuel que favorise l'arrivée au pouvoir en Allemagne d'un prince novateur, l'Empereur Maximilien, créateur en 1499 d'un collège des humanistes à Vienne. Il fait couronner en 1517 comme poète de cette académie un hobereau franconien, Ulrich von Hutten, défenseur contre les théologiens de Cologne et la Cour de Rome d'un helléniste admirateur des philosophes italiens, Jean Reuchlin. et qui sera par la suite un fervent partisan de Luther face à la noblesse allemande. Quels sont ces débats académiques ? On peut avoir une idée de la richesse spirituelle de l'époque à partir des questions que l'Empereur Maximilien pose lui-même au philosophe Trithème :

« Pourquoi Dieu veut-il être objet de foi plutôt que de connaissance ? » « l'existence de la Providence peut-elle être prouvée par la seule raison ? » « les monothéistes non chrétiens peuvent-ils être sauvés ? »

Ces sujets et ces débats animent la vie des intellectuels et des Universités allemandes, les plus récentes, celle de Francfort, celles de Saxe : Erfurt, où Luther vit à partir de 1505 chez les Augustins, ; Wittenberg, où devenu docteur en théologie en 1512, il commente l' Epitre aux Romains en 1516.

En 1516, Luther annotait le Psautier de Lefèvre d'Etaples, en précisant : « en matières religieuses, Erasme est bien plus ignorant que Lefèvre d'Etaples ».

Nous voici au coeur des cercles parisiens de la recherche spirituelle.

II. LE CERCLE DE MEAUX

Picard d'origine, Jacques Lefèvre d'Etaples, devenu maître ès arts de l'Université de Paris, développe l'idée, très proche de celle d'Erasme, d'une guerre spirituelle ( l'homme sur terre est un combattant, miles ) fondée sur la pensée des anciens afin d'appréhender le divin. Grand voyageur, il a rencontré en Italie les humanistes et leurs éditeurs, comme Alde Manuce à Venise, et en Allemagne, le grand helléniste Jean Reuchlin et les traités mystiques, comme celui de Hildegarde von Bingen.

A Paris, où ses connaissances de philosophie, de mathématiques lui valent une grande influence, il enseigne et publie toute l'oeuvre d'Aristote entre 1494 et 1515. Persuadé que la philosophie est un chemin d'accès à la révélation , il édite le Psautier, en 1509, les Epitres de Saint Paul en 1512. Il affirme que le Nouveau Testament est « la seule règle pour les chrétiens » et, comme Luther, professe que la grâce est l'unique source du salut : « Passons sous silence le mérite de nos œuvres, qui est bien mince, ou plutôt nul, et célébrons la grâce de Dieu, qui est tout. On ne peut attribuer de mérite qu'au Christ, qui a tout mérité pour nous ».

On retrouvera en particulier chez Marguerite de Navarre cette puissante opposition entre le » nul « et le » tout. ». Exégète, éditeur, enseignant, Lefèvre dénonce, comme d'autres, les manquements des institutions religieuses, mais ne conteste pas leur autorité.

Et voici qu'il trouve un puissant appui en la personne de Guillaume Briçonnet, abbé de Saint Germain des Prés. Nous sommes là, comme l'a écrit Lucien febvre, « au coeur religieux » de ce XVI° siècle parisien.

Fils d'un officier supérieur de grande famille devenu sur le tard évêque, puis archevêque de Reims,puis cardinal ( le premier des cardinaux au service du roi de France, avant Georges d'Amboise, Richelieu, Mazarin et Fleury ), Guillaume Briçonnet, gallican et diplomate de combat,a rencontré Lefèvre dans le milieu du collège de Navarre et l'emmène avec lui lorsqu'il devient en 1519 évêque de Meaux. Il semble qu'il ait rencontré à Rome au temps du concile de Latran de 1517 l'évêque de Vérone, Gian Matteo Giberti et qu'il ait, comme son modèle, décidé de résider dans son diocèse, de veiller à l'instruction des prêtres, de prêcher lui-même le dimanche, de faire venir de Paris ou d'ailleurs de bons prédicateurs, d'attirer dans son cercle des chrétiens humanistes, Lefèvre, qui est son vicaire général, Girard Roussel, Guillaume Farel, l'helléniste et hébraïsant Vatable, et de créer une imprimerie qui publie des textes de piété en français.

A la volonté de Briçonnet de réformer l'église et d'instruire les fidèles en répandant des traductions de l'Evangile, s'ajoute dans ce cercle le souci exprimé par plusieurs membres, en particulier Guillaume Farel, de pratiquer une foi intelligente et active : refus de la comptabilité du salut, du sacrement de pénitence, de la croyance au Purgatoire : si on est sauvé par la foi, encore faut-il comprendre ce qu'on croit

Guillaume Farel (1489-1565)

« Mon Dieu, je ne crois point seulement que tout ce qui est dit et écrit de Toi en la sainte Ecriture est vrai, car croire seulement ainsi est plus une connaissance qu'une croyance et n'est autre chose qu'une foi morte. Mais je crois davantage en Toi, mettant toute mon espérance et confiance en Toi seul : car c'est une foi vive que tu commandes en ton premier commandement. »

* * *

Farel ne supporte pas le prudent silence de Briçonnet sur des questions de doctrine inacceptables pour les docteurs de l'Université et en 1523 quitte le groupe de Meaux pour s'installer à Bâle.

Mais la force du groupe des réformateurs tenait à l'appui que lui accordait le roi ; François I°, créateur en 1530 du Collège des lecteurs royaux, devenu Collège de France, pour l'étude du grec et de l'hébreu, auxquels s' ajoute ensuite le latin, favorable au mouvement gallican de renouveau religieux. Son entourage et des membres du Conseil, comme Louis de Berquin, s'inscrivaient dans une politique de restauration des diocèses, à la tête desquels étaient choisis par le roi en vertu du Concordat des prélats de haute valeur, comme Briçonnet. Le cercle de Meaux était en somme le théâtre d'une expérience appuyée par l'autorité royale qui donnait à toute l’Église de France un exemple de restauration morale et de retour à l'Evangile.

C'est le moment d'évoquer la figure d'une princesse de premier plan, la sœur du roi, Marguerite de Valois-Angoulême, duchesse d'Alençon en 1509 et reine de Navarre en 1527. Passionnée de littérature et résidant souvent à la Cour, elle rencontre Jacques Lefèvre d'Etaples et échange avec Guillaume Briçonnet une correspondance intellectuelle entre 1521 et 1524 ; Clément Marot, son valet de chambre en 1513, passe au service du roi en 1520.

Elle déclare : « En la lecture des saintes lettres se trouve la vraie et parfaite joie de l'esprit dont procède le repos et la santé du corps ». Sa parfaite connaissance de l'Ecriture repose sur la Vulgate et sur la Bible de Lefèvre d'Etaples, au point qu'elle écrit au fil de la plume les citations latines qui lui viennent spontanément à l'esprit. Mais elle connaît aussi fort bien la littérature antique, en particulier les textes de Platon à travers les traductions et commentaires des humanistes florentins. Très attachée au cercle de Meaux, elle offrit un refuge à Lefèvre après la fin de l'expérience, de même qu'elle accueillit en Navarre Marot et Calvin, après l'affaire des Placards, dont on va parler. Elle connaît Rabelais, qui lui dédie « le Tiers Livre », elle rencontre à Lyon Maurice Scève et Etienne Dolet, le grand imprimeur.

L'essentiel de son œuvre est d'inspiration religieuse : je ne citerai que deux titres des années 1525-1530, le »Dialogue en forme de vision nocturne » et « le Miroir de l'âme pécheresse », dont deux éditions en 1533 sont condamnées par la Sorbonne en même temps que le « Pantagruel »de Rabelais. Elle a aussi publié des « Chansons spirituelles »,utilisant des canevas de chansons populaires qu'elle faisait passer du profane au sacré : par exemple,

« Le grand désir d'aimer me tient

Quand de la belle me souvient

et du joli temps qui verdoie » devient

Le grand désir d'aimer me tient

Quand de mon Dieu il me souvient

Assez aymer ne le pourroye »

Loyset Compère (1445-1518)
Chanson « Le grand désir d’aymer me tient / quand de la belle me souviens / et du joly temps qui verdoie » à trois parties (s.d.) CHOEUR

Marguerite de Navarre (1492-1549)
Chanson spirituelle « Le grand désir d’aymer me tient / quand de mon Dieu il me souvient, / assez aymer ne le pourroit » à trois parties (s.d.) CHOEUR

CONTRAFACTA&MUSIQUE DE COUR (DEPUIS EN BAS)

Marguerite de Navarre a écrit ce qu’on appelle uncontrafactum. Cette forme, au nom très significatif, està la mode au moment de la Réforme. Son avantage est évident : des airs connus sont réutilisés avec des textes qui ne sont que très légèrement modifiés, ce qui favorise la diffusion du message religieux. L’historienne Rebecca Oettinger n’hésite d’ailleurs pas à dire qu’il s’agit d’oeuvres de propagande, qui profitent de la publicité offerte par le développement de l’imprimerie, en Allemagne surtout, mais aussi en France par la suite. Ces contrafacta servent souvent à dénoncer de mauvaises pratiques religieuses, d’un côté comme de l’autre. Le compositeur français catholique, Maistre Jehan, qui meurt en 1538, transforme le Te Deum laudamus enTe Lutharum damnamus. Mais ces oeuvres peuvent aussi porter un message positif, comme dans celui de Marguerite de Navarre : il s’agit alors de louer Dieu.

Cette composition de la soeur du roi de France n’a rien d’exceptionnel : la musique réformée est très présente à la cour au XVIe siècle , même si c’est par intermittence. Certains psaumes sont très prisés parDiane de Poitiers, Henri III et même Catherine de Médicis. SelonVillemadon, valet de chambre de Marguerite de Navarre, le futur Henri II chantait un psaume de Clément Marot dont il avait inventé la mélodie et, toujours selon la même source, Henri II « [...] aima et [...] embrassa étroitement » les psaumes. Cependant, ce Villemadon était huguenot lui-même et peut-être exagérait-il un peu ses propos, prêchant ainsi, si je puis dire, pour sa paroisse.

* * *

Pour Marguerite de Navarre, la vie humaine est une lutte contre le « cuyder », c'est-à-dire la croyance, synonyme de la présomption de la créature qui croit pouvoir faire son salut sans la grâce de Dieu. Elle déclare : « en moi nul bien je ne vois » ; mais l'être humain ne doit pas pour autant se replier dans une douleur stérile, car s'il est « un vaisseau d'iniquité », il est aussi le « siège de Dieu », un Dieu infini et caché, où « commencement ni fin ne se retrouve », que l'étude et la méditation permettent de rencontrer dans l'extase :

« Il fait en nous Adam périr

Et l'âme vivante mourir

Puis nous ressuscite à grand joie »

Du cheminement individuel, de la conscience du péché, l'esprit passe à la certitude de la grâce par une forme de ravissement qui évoque à Marguerite le chemin de Damas, l'illumination de l'aveuglé :

« Par ce chemin nous faut passer

et tous autres chemins laisser

La croix nous y sert de Montjoie »

Elle dit encore : « le sang de l'agneau occis

qui blanchit tous les noircis ».

En somme, c'est par le néant, le « rien » comme elle dit, que l'on trouve le Tout » et que vient la consolation, la certitude du salut. Marguerite a lu les premiers textes de Luther arrivés à Paris, et peut-être cette déclaration :

« L'homme rassasié de sa vérité et de sa justice propres n'est pas capable de la vérité et de la justice de Dieu, que seuls le vide et l'informe peuvent recevoir ».

Marguerite de Navarre

« Dialogue de Dieu et de l'Homme »

* L'Homme : Seigneur, qui es mon Tout, mon Dieu et mon Maître,

Comment pourra mon Rien avec Toi être ?

* Dieu : Si de ton pauvre Rien as connaissance,

De connaître mon Tout auras puissance.

* L'Homme : O Seigneur, fais moi Rien, Rien, le plus moindre

Qui sois, afin qu'à Tout je puisse atteindre !

* Dieu : Confesse que Tout suis, donne la gloire

Au Tout, et perds de toi toute mémoire... »

* * *

De son dernier ouvrage poétique de 5000 vers paru en 1547, « Les Prisons », on peut retenir les trois allégories qui emprisonnent l'esprit humain et que la grâce divine vient détruire : l'amour parfait, les biens mondains, les livres ( elle écrit dans une bibliothèque entourée de manuscrits et d'ouvrages : mais il faut passer de la lettre à l'esprit ).

Mourir au péché, c'est partir du Christ en croix, s'anéantissant pour nous : « penser à la passion de Jésus Christ est la consolation de mon esprit » : recevoir la grâce et servir Dieu : l'homme doit devenir un rien pour avoir accès au Tout.

« Corps féminin, coeur d'homme et tête d'ange », c'est ainsi que Clément Marot, qui vécut quelques années aux côtés de cette grande dame, définissait Marguerite, sa bienfaitrice.

Chaque fois qu'elle quittait Paris pour des raisons diplomatiques, ou pour rejoindre son royaume de Navarre, la protection qu'elle assurait par ses hautes fonctions aux amis du cercle de Meaux ou à son fidèle Clément Marot cessait face à la politique répressive de la Sorbonne et du Parlement .

J'en viens donc au troisième point de cet exposé, qui s'intitule :

III. LES POUVOIRS, LES « MALPENSANTS », LA RÉPRESSION

La résistance à la réformation de l’Église est dirigée par les docteurs en théologie de l' Université de Paris, soit 80 à 100 enseignants, qui constituent la Sorbonne, consultés sur tout point de doctrine par toute l'Europe depuis plusieurs siècles et qui sont considérés comme les gardiens de la vraie foi. Ils sont souvent soutenus par le Parlement de Paris, dont la fonction est d'enregistrer les édits royaux et de recevoir en appel les décisions des tribunaux.

Rabelais parle de « Nos Maîtres », qui ne savent penser que « nostromagistralement » et font régner, selon une déclaration de l'helléniste Guillaume Budé la « conspiration de l'audace, de l'ignorance et de la peur ».

Réticents à toute manifestation de réforme qui leur échappe, furieux que des « grammairiens » au Collège de France puissent commenter des textes latins de l'Ecriture sans qualification théologique, que des humanistes osent traduire des textes sacrés en langue vernaculaire,ils ont beau jeu d'assimiler toute liberté de pensée et d'écriture à la « peste luthérienne » : le syndic de la Sorbonne, Noël Beda,déclare en 1526 devant le Parlement que « les erreurs de Luther et autres qui pullulent en ce royaume sont entrés en icelui plus par les livres d' Erasme et de Fabry ( Lefèvre ) que nuls autres ».

Les tenants de la réforme, ceux qu'ils appellent les « malpensants » sont même assimilés aux anabaptistes, pire encore que les luthériens. Le roi n'est-il pas lui-même, sous couvert de réformisme, en train de couver le venin du luthéranisme ? Ne se rapproche-t-il pas des princes protestants ? N'a t-il pas le projet de recevoir à Paris Melanchton ? A vrai dire, la politique européenne du roi l'amène selon les moments, soit à se rapprocher des ennemis de Charles Quint, soit à se rapprocher du Saint Siège et de toute façon, à protéger, autant que possible, les proches de sa sœur Marguerite.

Ainsi, Clément Marot, inscrit sur la liste des « malpensants », frappé d'interdit par la Sorbonne ( qu'il appelle « le lac pharisien » ) pour la publication de psaumes et de prières liturgiques en français, et plusieurs fois emprisonné, se défend :

« Point ne suis luthériste

Ni zwinglien,et moins anabaptiste

Je suis de Dieu par son fils Jésus Christ ».

Un gentihomme, à la table de l'archevêque d'Aix déclare : « Je ne connais pas de luthériens, et ne sais ce que c'est que luthererie, sinon que vous appelez luthériens ceux qui prêchent la doctrine de l'Evangile »

Nommer, pour discréditer et détruire : cela s'est toujours fait et se fait encore !

Mettant à profit l'absence du roi, prisonnier à Madrid après la défaite de Pavie en 1525, mais aussi l'absence de la duchesse d'Alençon, partie en Espagne pour négocier la libération de François I°, le Parlement, secondé par la faculté de théologie, fait procès à plusieurs membres du cercle de Meaux, à Briçonnet lui-même, à Louis de Berquin,traducteur d'Erasme, qui a inséré dans l'ouvrage des passages de Luther : Lefèvre et Roussel s'enfuient à Strasbourg, Berquin est emprisonné, Briçonnet se met en retrait.

Au retour du roi, en 1526, Berquin est libéré, Lefèvre devient précepteur des enfants royaux et responsable de la bibliothèque royale de Blois ; Roussel devient aumônier de Marguerite, dès qu'elle épouse en 1527 le roi de Navarre ; il s'installe à Nérac, où le rejoint Jacques Lefèvre.

Mais la Sorbonne obtient la condamnation et l'exécution de plusieurs membres du mouvement de Meaux, en particulier, en 1526, d'un maître cardeur, Le Clerc, qui brisant une statue de la Vierge, n'a fait, dit-il, qu' obéir aux injonctions de l'Ecriture, l'interdiction des « images taillées ». le bourreau lui arrache le nez avec des tenailles ardentes et lui coupe la main droite et tandis que le feu monte autour de lui, il chante haut et fort le psaume CXV, « de quoi, dit la chronique, mille personnes furent émerveillées » : c'est le premier, ou l'un des premiers martyrs, qui meurent en propageant, comme l'a écrit Frank Lestringant, l'illumination du message divin.

Quant à Louis de Berquin, qui avait été sauvé par le retour du roi, il est à nouveau incarcéré en 1529 : il avait dénoncé douze propositions du syndic de la Sorbonne comme hérétiques. Il est déchu de tous ses titres et brûlé place Maubert avec tous ses papiers et tous ses livres : on n'a conservé de lui que ses traductions d'Erasme. « La nuit suivante, dit une chronique, les blés gelèrent en France, dont s'ensuivit famine et peste en plusieurs endroits ».

Ainsi se termine l'histoire du cercle de Meaux et la tentative de créer de manière apaisée une évolution positive et ouverte de l’Église gallicane.

Claude Le Jeune (v.1530-1600)

Psaume 115 « Non point à nous, Seigneur, mais à ton nom donne gloire et honneur » à trois parties, extrait du Troisiesme livre des Pseaumes de David mis en musique à III. Parties, 1610 CHOEUR

« Non point à nous, Seigneur, / mais à ton nom donne gloire et honneur. / Pour ta grace & foy seure, / Pourquoy diroyent les gens en se moquant, / Où est ce Dieu qu’ils vont tant invoquant ? / Où est il à cette heure ? »

LE CHANT COMME MOYEN DE RESISTANCE

Certes, nous venons d’entendre le psaume 115 sur une mélodie qui n’est sûrement pas celle qu’a entonné Le Clerc sur le bûcher, puisqu’elle a été composée par Loys Bourgeois en 1547, cad bien après l’événement. Toutefois, là n’est pas l’important.

Ce qu’il faut noter ici, c’est l’utilisation du chant par les réformés comme un moyen de résistance . Les chants des psaumes sont instrumentalisés. Souvent, ils permettent aux huguenots de se reconnaître entre eux quand leur identité ne peut être publiquement affichée sans danger. Le chant galvanise aussi les forces, dans les victoires comme dans les défaites.

C’est le cas, par exemple du psaume 68, « Que Dieu se montre seulement ». Est-ce que vous vous en souvenez ? Nous l’avons déjà rencontré, au tout début de cette conférence. Il est composé sur la même mélodie que le psaume 36, à savoir celle inventée par Matthias Greiter à Strasbourg en 1525. Je vous en rejoue la mélodie

REJOUER LA MELODIE DU PSAUME 68 A L’ORGUE

Ce psaume 68 est aussi connu sous le nom de « psaume des batailles », voire de « Marseillaise des protestants ». Il semble qu’il ait été quelque fois chanté durant les guerres de religion, cependant, c’est bien plus tard qu’il a acquis sa notoriété, lors de la guerre des Camisards (1702-1705). Il est d’ailleurs utilisé dans le film Les Camisards de René Allio (1972) : tandis que des soldats du roi (les fameux dragons) se mettent en ligne avant de charger des huguenots, ces derniers chantent ce psaume.

* * *

Cependant des essais diplomatiques, où Melanchton jouait une forte partie, furent tentés pour rapprocher sur le plan européen le roi de France, le roi d'Angleterre, les princes protestants et les églises de la Réforme. La justification par la foi pouvait être acceptée par toutes les parties.

Mais dans la nuit du 17 octobre 1534, un tract ( on disait un « placard » )fut affiché à de nombreux exemplaires à Paris, à Blois, à Amboise, jusque sur la porte de la chambre du roi. Ce manifeste imprimé à Neuchâtel était l 'oeuvre d'un pasteur de la ville, originaire de Lyon, Antoine Marcourt, : il s'en prenait longuement à la présence réelle, avec une lourde plaisanterie sur un « Dieu de pâte », « un homme de 20 ou 30 ans caché dans un morceau de pain » : l'attaque portait contre les « enchaperonnés » de la Sorbonne, mais aussi contre les luthériens

Antoine Marcourt (1485-1561)

« A tout fidèle chrétien est et doit être très certain que Notre Seigneur et seul Sauveur Jésus Christ comme pasteur éternellement ordonné de Dieu a baillé son corps, son âme, sa vie et son sang pour notre sanctification en sacrifice très parfait, lequel ne peut et ne doit jamais être réitéré par aucun sacrifice visible, comme s'il était inefficace, insuffisant et imparfait…

En cette malheureuse messe on a provoqué le monde à idôlatrie publique quand on a donné à entendre que sous les espèces de pain et de vin Jésus Christ corporellement est contenu et caché…

St. Paul aux Colossiens III écrit ainsi : « Si vous êtes ressuscités avec Christ, cherchez les choses qui sont en haut.. » ; il ne dit pas : « cherchez Christ qui est à la messe... »

* * *

Le défi au roi était insupportable et la réaction fut violente : les bûchers s'allumèrent à nouveau et il y eut de nombreux fugitifs, dont Clément Marot, qui était le n° 7 sur la liste des hérétiques recherchés et qui gagna Nérac, puis se réfugia chez la duchesse de Ferrare,Renée de France, protectrice des réformés

Clément Marot ( 1496-1544 )

« De luthériste ils* m'ont donné le nom : * les docteurs de la Sorbonne

En vérité, je leur réponds que non.

Luther pour moi des cieux n'est descendu,

Luther en croix n'a point été pendu

Pour mes péchés, et tout bien avisé,

Au nom de lui ne suis point baptisé.

Baptisé suis au nom qui si bien sonne…

Le nom par qui du Seigneur Dieu la main

M'a préservé de ces grands loups rabis** furieux

Qui m'épiaient sous des peaux de brebis.

* * *

La provocation interrompit un processus en cours et sur lequel François I° et Melanchton étaient prêts de s'accorder : sur la papauté, de droit humain, le culte des saints, la foi, la liberté, les images,les œuvres, une messe plus simple. Restaient les questions du purgatoire, des mérites et de l'Eucharistie,sur lequelles il fallait préparer un concile. Mais le retour victorieux de Charles Quint, les méfiances des coalisés de Smalkade détournèrent le roi d'un compromis possible et la persécution reprit de plus belle.

Ainsi, l'affaire des Placards représente la destruction d'un projet de réforme pacifique : la réforme humaniste et gallicane reposait sur un souci de compromis ; mais les réformateurs suisses, et en particulier le pasteur de Neuchâtel, se battaient pour une réforme radicale : ils ont volontairement interrompu un processus » tiède » et choisi de s'attaquer à un sujet sensible, la question de la messe.

Les deux décennies suivantes sont marquées par un net durcissement des attitudes à l'égard de la réforme. D'abord, la censure qui s'organise de façon systématique: en 1542, un édit sur l'imprimerie qui ordonne qu'aucun livre ne peut être vendu sans examen préalable par des libraires jurés et des représentants de l'Université : le livre directement visé est l' »Institution de la religion chrétienne » de Jean Calvin, dédié au roi François I°

Jean Calvin (1509-1564)

J'ai vu quelquefois un dizain qui disait qu'on devait faire la place aux veaux en Sorbonne.Celui qui a parlé ainsi n'y entend rien. Car il y a jà longtemps qu'elle y est. De toute mémoire, les veaux ont possédé ce lieu là paisiblement ...Combien qu'il y a une difficulté: à savoir si ce sont veaux ou taureaux qui y habitent…

Jusqu'à cette heure, ils ont eu la vogue qu'on les adore partout, estimant que toute la science du monde fut fourrée en leurs chaperons ou cachée en leurs profonds bonnets. Maintenant que l'Ecriture vient en lumière, on connaît leur bêtise avoir été si grande que les plus indoctes ont honte de s'être laissé ainsi mener...Ils pensent qu'il n'y a d'autre moyen de se maintenir qu'en tâchant d'ensevelir l'Ecriture. Mais quoi ? Notre Seigneur veut qu'elle soit prêchée haut et clair, qu'on la lise et qu'on la regarde.

* * *

Puis, ce sont des listes, toujours plus importantes, de livres censurés et le premier procès contre Etienne Dolet, imprimeur à Lyon, qui sera exécuté en 1546. La fin du règne de François I° est marquée par le massacre des Vaudois et par 14 nouveaux bûchers à Meaux.

L'accusation d'hérésie est désormais considérée comme une atteinte criminelle à la majesté royale : Clément Marot, de retour à Paris en 1537, avait connu un véritable triomphe littéraire ; mais quoiqu'il ait reçu du roi en 1542 le privilège d'édition des « Psaumes » en français, il est à nouveau obligé de s'enfuir, convaincu d'hérésie, il sait que la reine de Navarre ne peut plus rien pour lui. Il écrit avec la joyeuse élégance qui le caractérise :

« Il vaut mieux s'excuser d'absence

Qu'être brûlé en sa présence ».

Réfugié à Genève, puis à Chambéry, il meurt isolé à Turin en 1544.

Luther disparaît en 1546, le roi François I° très malade, en 1547, comme le roi d'Angleterre Henri VIII, Marguerite de Navarre en 1549. Le nouveau roi, Henri II crée dès son avènement la Chambre Ardente, qui prononce en 5 ans 450 condamnations, dont 60 peines de mort .

Son règne devient particulièrement brutal face à l'essor de Genève, capitale des réformés, et face au puissant mouvement d'organisation d'une église réformée de France. Depuis longtemps, la résistance s'était manifestée dans toutes les provinces du royaume ; mais le centre de la contestation et des débats était parisien. Il le reste, mais n'est plus seul vers 1550, d'abord en raison d'un mouvement d'exil qui ne cesse de s'amplifier de toutes parts vers l'Alsace et le pays de Vaud ; ensuite parce qu'on est passé de la présence de groupuscules plus ou moins secrets se livrant à l'étude des textes et à la prière, à une véritable organisation ecclésiale d'églises « dressées » dans le royaume sur le modèle génevois : on en compte plus d'un millier en 1561 !

La réforme est passée de la clandestinité à l'assemblée publique.

IV. IMPRIMER ET CHANTER

Dans la diffusion de la Réforme, l'imprimerie a joué un rôle décisif : on peut parler d'une campagne de presse, fondée sur la multiplication de petits textes d'édification et de feuilles volantes, non moins que sur des traités doctrinaux et traductions des Evangiles ou de la Bible. Il s'agissait en effet non seulement de convaincre des milieux cultivés, mais encore de diffuser les idées nouvelles dans une population en grande majorité analphabète : faire lire, entendre lire, c'est se réunir en groupe autour d'une personne capable de lire à haute voix. Pour imaginer cette diffusion, on se réfère à un chiffre avancé sur les écrits de Luther, à partir des titres et des rééditions, soit trois millions d'écrits didactiques ou polémiques en circulation entre 1518 et 1525 !

Froben, l'imprimeur bâlois signale à Luther, en février 1519, qu'il a vendu 600 exemplaires de ses textes en France et jusqu'en 1521, l'oeuvre de Luther se diffuse librement, et un imprimeur parisien publie une dizaine de traités latins de Luther en 1520/1521. Le coup d'arrêt de la Sorbonne et du Parlement en 1521 n' a pas pas suffi à endiguer le mouvement, qui s'amplifie, soit par importation de l'étranger, soit par publication en province : jusqu'en 1530, on compte 80 éditions de textes de Luther en français. Sans compter les ouvrages de Farel, puis de Calvin et tant de textes anonymes de prières, de preuves, de cathéchismes, d'admonestations religieuses sortis des presses françaises et européennes. La censure condamne entre 1520 et 1540 une vingtaine d'ouvrages, suite à des procès ou à des saisies dans les librairies parisiennes.

A partir des années 1542, les théologiens de la Sorbonne dressent des listes de titres français ou latins et Genève est spécifiée en 1547 comme centre de l'hérésie par la propagande et l'édition.

J'évoque le cas particulier d'Etienne Dolet, humaniste, éditeur et libraire à Lyon, qui édite en 1542 un « Sommaire de la foi », inspiré de Luther et de Lefèvre d'Etaples, qui rappelle que la Parole suffit pour le salut, que Dieu accorde à l'homme sa pure grâce, qu'il n'y a pas d'autre médiateur que le Christ et que le Purgatoire n'existe pas. Ce texte avait été élaboré à Paris par Robert Estienne, en latin en 1532, traduit en français en 1540. Etienne Dolet publie en outre dans le même semestre de 1542 34 ouvrages, dont le Nouveau Testament en français, des Psaumes, des prières, des opuscules mystiques de Savonarole, l' »Enfer » de Clément Marot. Il est arrêté et ne reprend plus sa pleine liberté d'action ; condamné par le Parlement de Paris, il est étranglé et brûlé place Maubert en 1546 avec une quinzaine d'ouvrages qu'il avait publiés.

Brûler les livres, brûler les gens : susciter la terreur n'a pas mis fin à la liberté de penser, de parler et d'écrire : au contraire, les exécutions et le courage avec lequel les victimes ont fait face à la mort ont représenté une puissante arme d'évangélisation : Jean Crespin publie en 1554 un « Livre des martyrs », témoignage sur la persécution et hommage aux suppliciés « pour la vérité de l'Evangile » qui connut un énorme succès , de nombreuses éditions et une traduction latine, qui en fit le parallèle des pieux récits sur la vie des saints depuis les persécutions romaines.

Les professions mentionnés dans la liste des martyrs de Crespin et dans les arrêts du Parlement montrent qu'à côté des avocats, enseignants, imprimeurs et libraires, et de quelques nobles dames ou bourgeoises, la proportion des artisans et du bas clergé représente à Paris et dans toute la France la majorité des convertis et des martyrs. Sur les bûchers, nombre d'entre eux chantaient des psaumes, preuve éminente de la place que la musique apprise par coeur jouait dans leur formation et leur témoignage de réformés. On a pu écrire qu' « une culture sacrificielle s'enracinait dans le Psautier ».

C'est donc à la musique qu'il convient maintenant de s'attacher.

Luther a écrit : « Je place la musique en première place après la théologie ; cela ressort de l'exemple de David et de tous les prophètes qui exprimèrent en vers et en chants tout ce qu'ils avaient à dire » ; le chant était, selon lui, une « prédication sonore » et Calvin, dont on a parfois noté qu'il n'était pas favorable à la musique d'église telle qu'il l'avait connue dans sa jeunesse, a déclaré plus tard que sa « vertu secrète » était de « transpercer les coeurs ».

+ PASSAGE SUR LUTHER ET MICHELET

DE GRANDES OEUVRES REFORMEES

La musique joue un rôle essentiel dans la mise en place de la Réforme . Certains airs en sont même devenus les symboles, les étendards sonores.

Le plus connu de ces airs est allemand : c’est le choral Ein feste Burg ist unser Gott ( cad C’est une forteresse que notre Dieu). Il s’agit là de latraduction, faite par Luther en 1529, du psaume 46. Il y a accroché une mélodie composée par ses soins. ( il faut savoir que Luther a composé la musique de 43 chorals). Voici cette mélodie : JOUER LE THEME A L’ORGUE DE CHOEUR

Si je m’attarde un peu sur ce choral, c’est que sa renommée est considérable. Il est très rapidement chanté lors des fêtes de la Réformation en Allemagne. A l’occasion de certaines commémorations, il a été utilisé par d’illustres compositeurs : par Bach dans une cantate en 1723, par Mendelssohn dans le dernier mouvement de sa symphonie Réformation, achevée en 1830. Plus étonnant : Giacomo Meyerbeer en fait le thème récurrent (le leitmotiv) de son opéra les Huguenots, créé en 1836. Ce choral luthérien est donc omniprésent dans une oeuvre qui raconte pourtant les tensions entre catholiques et protestants calvinistes en France au XVIe siècle ! C’est dire comme il a occupé toute la place dans les imaginaires sonores de la Réforme.

Je vous propose d’écouter deux extraits d’oeuvres pour orgue dans lesquels il apparaît, traité de façon toute différente. Tout d’abord dans une des premières grande fantaisie de choral pour orgue. écrite par Michel Praetorius au début du XVIIe s. Le thème est traité en imitations successives. Ensuite, vous entendrez le début du choral tel qu’il est orné par Dietrich Buxtehude au XVIIe s. Le thème original y est à peine reconnaissable. On peut y voir une marque de la popularité de ce choral : le compositeur joue, en quelque sorte avec les oreilles des paroissiens, bien habituées à entendre le thème originel.

Michael Praetorius (1571-1621)

Fantasia super « Ein feste Burg ist unser Gott » (C’est une forteresse que notre Dieu) pour orgue, 1609/1611 (extrait) ORGUE DE CHOEUR

Dietrich Buxtehude (c.1637-1707)

Choralvorspiel « Ein feste Burg ist unser Gott » pour orgue BuxWV 184 (extrait) ORGUE DE CHOEUR

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DES CHANTS A LA MODE

Si des compositeurs du XIXe siècle mettent des chorals luthériens dans la bouche de huguenots français, il ne faut pas minimiser la portée des psaumes calvinistes au XVIe siècle.

En fait, le chant de ces psaumes se répand très vite dans toute la population citadine de France au cours de la première partie du XVIe siècle. Et il ne s’agit pas que d’une mode de cour. Parmi tant d’autres exemples, l’épisode du pré-aux-Clercs en témoigne. Durant quelques jours de mai 1558, dans cette prairie qui s’étendait dans l’espace compris aujourd’hui entre l’Assemblée nationale et Saint-Germain des prés, plusieurs milliers de personnes se rassemblent et chantent des psaumes. On trouve de tout dans cette assemblée : des curieux, des chanteurs occasionnels viennent mêler leur chant à ceux des huguenots.

Les psaumes résonnent ainsi dans toute la France, mais aussi à l’étranger. Certains d’entre euxse détachent du lot et connaissent une grande postérité, comme le psaume 68 dont je vous ai déjà beaucoup parlé ou le psaume 134. La mélodie de ce dernier, composée en 1551, devient emblématique de la réforme française... non pas en France même mais hors des frontières du royaume. Sa mélodie est réutilisée en Angleterre en 1563, mais aussi en Allemagne dès 1554, avant de connaître une révision au XVIIe siècle.

Vous pourrez apprécier les effets de cette révision : le thème qui est à quatre temps dans la version de Claude Goudimel passe à trois temps dans le choral de Bach, ce qui lui confère un aspect plus léger, plus sautillant.

Claude Goudimel

Psaume 134 « Or sus, serviteurs du Seigneur / Vous, qui de nuit en son honneur / Dedans sa maison le servez, / Louez le et son nom eslevez » à quatre parties, extrait des Cent cinquante pseaumes de David, 1564. CHOEUR

Johann Sebastian Bach

Choral « Herr Gott dich loben alle wir » (Seigneur Dieu, nous te louons tous) à quatre parties, B.A. 39, n°74. CHOEUR

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Nous avons vu plus haut comment Marguerite de Navarre et Clément Marot ont associé le chant à l'expression des sentiments.Il semble que le psaume traduit et mis en vers, accompagné d'une mélodie, ait été une particularité française : Calvin a publié en 1539 à Strasbourg des « Psaumes et cantiques mis en chant », qui devaient être chantés à l'unisson par l'assemblée . De retour à Genève, il compose »La forme des prières et chants ecclésiastiques », avec des mélodies notées. Des 18 textes de 1539, on passe en 1544 à 50 psaumes, puis Théodore de Bèze reprend le travail en 1549 et aux psaumes de Marot ajoute les siens : ce sont les 150 textes du Psautier , dont on a dit que c'était la « plus fascinante réalisation de l'imprimerie de tous les temps » : la réalisation fut placée sous la direction d'un échevin et marchand lyonnais, Antoine Vincent, établi à Genève en 1557 et dont le fils tenait la librairie de Lyon.Il fit travailler en même temps 45 ateliers entre Paris et Genève, mais aussi Metz, Rouen et Orléans. Théodore de Bèze obtint en même temps en 1561 le privilège d'édition pour dix ans du Petit Conseil de Genève et du roi Charles IX .

Le succès fut immense et dans la seule ville de Genève en 1562 furent mis sur le marché entre 30 et 50.000 exemplaires. En France, le Psautier fut largement diffusé malgré la censure. En 1565, le Parlement de Bordeaux interdit qu'on « chante journellement ès églises et par les rues les psaumes de David traduits en français... »

Bernard Palissy, lui-même acquis à la Réforme, décrit la manière toute naturelle dont la musique accompagne la vie quotidienne des évangélistes dans la ville de Saintes :

« Vous eussiez vu en ces jours-là, les dimanches, les compagnons de métier se promener dans les prairies , bocages et autres lieux plaisants, chantant par troupes psaumes, cantiques et chansons spirituelles, lisant et s'instruisant les uns les autres. Vous eussiez vu aussi les filles et vierges assises par troupes aux jardins et autres lieux qui se délectaient à chanter toutes choses saintes ».

LES PSAUMES EN MUSIQUE

Attestations de confiance ou marques de provocation : signal d’une identité protestante.

Anonyme (VIIIe s.)

Kyrie cunctipotens du Kyriale IV In festis apostolorum pour voix CHOEUR

Claude Goudimel

Psaume 20 « Le Seigneur ta prière entende / En ta nécessité » à quatre parties, extrait des Cent cinquante Pseaumes de David, 1568 CHOEUR

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Claude Le Jeune (v.1530-1600)

Psaume 116 « J’ayme mon Dieu, car lors que j’ai crié / Je sçay qu’il a ma clameur entendue » à trois parties, extrait du Troisiesme livre des Pseaumes de David mis en musique à III. Parties, 1610 CHOEUR

LA MUSIQUE POUR ORGUE

Pour cette intervention, je vous parle depuis la tribune du grand orgue, derrière vous et un peu plus en hauteur.

Samuel Mareschal

Psaume 116/74 ornementé pour clavier, 1640 GRAND ORGUE

Jan Pieterszoon Sweelinck (1562-1621)

Variations sur le psaume 116 pour orgue SwWV 116 GRAND ORGUE

LES CHANTS SPIRITUELS

Paschal de l’Estocart (v.1537-v.1587)

« Monde, pourquoy fuis tu ? », extrait duSecond livre des « Octonaires de la vanité du monde », 1581 CHOEUR

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CONCLUSION

Nous interrompons notre parcours vers 1560, au moment où s'annoncent de véritables guerres entre deux camps religieux et politiques. Il faudra quarante ans de violences inouïes pour que les tentatives de pacification, avec l'arbitrage royal, sous Henri III, puis sous Henri IV, aboutissent à un compromis provisoire et fragile entre deux camps épuisés.

Dans son préambule de l'Edit de Nantes de 1599, le roi affirme une sainte obligation, après tant de violences : « que Dieu puisse être adoré et prié par tous nos sujets »; « Qu'ils puissent se contenir et vivre paisiblement ensemble comme frères, amis et concitoyens » . Nous allons écouter résonner la voix d'Henri IV , puis l'orgue dans une interprétation contemporaine, grâce à Aurélien, de la ferveur réformée.

Henri IV à « Messieurs du parlement » (16 février 1599)

« …Si vous aimez la paix, vous m'aimerez aussi, car tous les princes de la Chrétienté me tiennent pour le fils aîné de l’Église. Je suis catholique, roi catholique, catholique romain, non catholique jésuite. Je connais les catholiques jésuites ; je ne suis pas de l'humeur de ces gens-là, ni de leurs semblables , qui sont tueurs de rois. Je ressemble au berger qui veut ramener les brebis en la bergerie avec douceur et non avec cruauté. Il ne faut plus faire de distinction de catholique et de huguenot. Il faut que tous soient bons Français.

J'ai un dessein dès longtemps, et désire de l'exécuter, c'est de réformer l’Église. Je ne puis le faire sans la paix. Il n'est pas possible de convertir les huguenots par violence. Je vous le dirai encore une fois, je suis roi et berger »

* * *

Edit de Nantes (25 février 1599)

« Maintenant qu'il plaît à Dieu commencer nous faire jouir de quelque meilleur repos, nous avons estimé ne le pouvoir mieux employer qu'à vaquer à ce qui peut concerner la gloire de son saint nom et service, et pourvoir qu'il puisse être adoré et prié par tous nos sujets ; et s'il ne lui a plu permettre que ce soit pour encore en une même forme et religion, que ce soit au moins d'une même intention... »

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PSAUME 138

Psaume 138 « Que tout mon coeur soit dans mon chant » CHOEUR PUIS ASSEMBLEE

Eustache du Caurroy (1549-1609)

Fantaisie à 5 voix sur le thème du psaume 138 pour orgue, 1610 GRAND ORGUE