Rencontre nationale de la Fédé les 7-8 mai 2022

La « Fédé », abréviation pour Fédération française des associations chrétiennes d'étudiants (acronyme FFACE) est l'association des jeunes adultes protestants en France. Elle siège à la Commission jeunesse de la Fédération protestante de France. C'est la représentante française de la World Student Christian Federation, branche jeunesse du World Council of Churches.

Association reconnue d'utilité publique, elle rassemble les groupes de jeunes adultes des paroisses protestantes en France, dans les différents temples réformées et églises luthériennes de l’Église protestante unie de France (EPUdF) et de l'Union des Églises d'Alsace-Lorraine (UEPAL). Ses membres animent des rencontres mensuelles sur une thématique donnée en s’appuyant sur des textes de la Bible, littéraires ou philosophiques, et dînent ensemble. Une fois par an, une rencontre est organisée pour échanger entre différents groupes locaux.

L'histoire de la « Fédé » depuis 1898 illustre l'engagement constant des protestants pour le respect des droits humains. La prochaine rencontre nationale est programmée pour le week-end du 7-8 mai 2022 à Paris.

Sommaire

  1. Prochaine rencontre nationale
  2. Histoire de la « Fédé »
  3. Annexes

Rencontre nationale

Le week-end du 7-8 mai 2022, les jeunes adultes protestants de toute la France se sont retrouvés à Paris pour un week-end de rencontres et de débat ! Inscription via bit.ly/weekendjeunesprotestants
 
Vendredi soir, accueil des participants, dîner et soirée brise-glace au foyer de l'Association des étudiants protestants de Paris (AEPP), 4 rue Titon, 75011 Paris (métro Nation).

Samedi, débat sur notre place à tenir en tant que jeunes protestants face à la nouvelle poussée des idées d’extrême-droite. Comme protestants, nous sommes les représentants d'une minorité religieuse en France, héritiers spirituels d'une histoire de lutte pour le respect de la liberté de conscience et d'expression (dont de culte), théologiquement travaillés par la question de la grâce, c'est-à-dire la dignité de tout être, l'amour inconditionnel, sociologiquement engagés dans nos Églises aux côtés de gens de toutes origines. Comment cela nous arme pour résister aux idées xénophobes qui se diffusent dans la société ?

Comme jeunes, nous sommes remplis de fougue et d'envie de transformer le monde. Nous devrons assumer toute notre vie les choix politiques effectués aujourd'hui, et subir les conséquences de tous les renoncements à prendre à bras le corps les vrais enjeux de ce siècle. Comment faire entendre notre voix et agir concrètement ensemble ? Réécrivons nos thèses de Pomeyrol


Etat des lieux des rencontres régulières qui existent pour les jeunes adultes, étudiants et jeunes actifs, dans le cadre des paroisses locales de nos Églises, et échanges sur les bonnes pratiques mises en œuvre par les groupes pour les développer.

Dimanche, culte à l'Oratoire du Louvre avec le pasteur Pierre-Olivier Léchot, puis visite touristique du Paris protestant.


Histoire de la « Fédé »

En 1889, lors du week-end de la Pentecôte, des jeunes adultes protestants rassemblés à côté de Paris fondent une fédération nationale. Ces Journées de la jeunesse protestante sont marquées par les discours de Raoul Allier, célèbre professeur de philosophie à l'Institut protestant de théologie de Paris et de l'Américain John Mott, fondateur trois ans auparavant de la Fédération universelle des associations chrétiennes d'étudiants, mouvement œcuménique des jeunes. La branche française est ainsi une des premières fondées de cette fédération internationale.

Œcuménisme, interreligieux et antiracisme

Tout au long de son histoire, la « Fédé » est un mouvement ouvert à tous, qui accueille chacun sans condition, comme une manifestation de la grâce, de la confiance et la dignité que Dieu accorde à tout être et qui est un pilier de la foi protestante. En septembre 1867, à la Conférence internationale de Paris, est fondé l'Union chrétienne des jeunes gens. Bien avant la Conférence d’Édimbourg en 1910, date clef du mouvement œcuménique, ou la fondation du Conseil œcuménique des Églises en 1948, les jeunes forment des fraternités où dialoguent des personnes de différentes confessions chrétiennes. Elle défend la laïcité dans le compromis trouvé par Aristide Briand en 1905, qui garanti la liberté d'expression aux convictions religieuses.

La « Fédé » s'intéresse également dès sa fondation au dialogue avec le judaïsme, avec qui les protestants français partagent des affinités « électives ». Juifs et réformés sont deux minorités longtemps persécutés, attachés à la lecture de la Bible, sans clergé, à l'esprit critique et cosmopolite, en relations avec leurs disporas réfugiées à l'étranger. Raoul Allier, figure tutélaire de la « Fédé », est un fervent dreyfusard. Nouveau Voltaire, il publie une étude faisant le parallèle entre l'Affaire Dreyfus et l'Affaire Calas, écrit des tribunes, milite auprès des députés, s'engage dans la Ligue des droits de l'homme, comme de nombreux protestants de son époque tel que Charles Gides, Francis de Pressensé ou Ferdinand Buisson - les deux derniers président même la Ligue. Pendant la Seconde guerre mondiale, la « Fédé », fonde la CIMADE, qui sauve de nombreux juifs de la déportation, aux côtés des branches du scoutisme protestant masculin et féminin (laquelle a une fédération commune avec la branche féminine juive). La CIMADE, importante association de solidarité active avec les réfugiés et les demandeurs d'asile jusqu'à aujourd'hui est en effet l’acronyme de Comité Inter-Mouvements Auprès Des Évacués, comprendre inter-mouvement de jeunesse protestant. Fondée en 1939, elle s'occupe d'abord des réfugiés évacués d'Alsace par le gouvernement français en préparation de la guerre, dont de nombreuses familles sont protestantes. Puis, sous la protection de Marc Boegner, président de l’Église réformée de France et de la Fédération protestante de France, les jeunes protestants entrent dans les camps d'internements français et exfiltre en Suisse des juifs menacés de déportation. En septembre 1941 des membres de la « Fédé » rédigent les fameuses Thèses de Pomeyrol, un des premiers actes de résistance spirituelle au nazisme.

Le dialogue avec l'islam est ouvert au cours du XXe siècle. Pendant la guerre d'Algérie, certains étudiants de la « Fédé » prônent l'insoumission. Des articles dans la revue des étudiants, Le Semeur, appellent à des prises de position claires de la l’Église réformée de France. Dès 1957, des membres de la CIMADE interviennent dans les « centres d'assignation » où sont enfermés des Algériens.

Jeunesse, féminisme et liberté

Le Semeur, lancé en 1904, est la première revue tenue en autonomie par des étudiants en France. Son titre-programme fait référence à la parabole de Jésus en Matthieu 13, Marc 4 et Luc 8, qui insiste sur l'importance de la mission, d'un témoignage qui rayonne sur le monde, « car la moisson est grande ». Dès sa fondation, le mouvement s'émancipe des structures cléricales, indépendant, il est dirigé par et pour les jeunes. Il s'affirme comme objecteur de conscience et pacifiste, contre l’Église officielle, après l'expérience traumatisante de la Première guerre mondiale, où une génération de jeunes adultes est décimée et défigurée. Pendant la Seconde guerre mondiale, de nombreux membres de la « Fédé » sont réfractaires au service du travail obligatoire en Allemagne nazie et s'engagent dans la Résistance.

Les jeunes structurent une association libre du regard de leur aîné, qui prépare à la prise de responsabilités. Pour les vacances, bien avant la naissance du scoutisme, ils ouvrent des camps d'été. A partir de 1910, chaque année le point de ralliement est à Domino, une plage sur l'île d'Oléron où sont dressées des tentes. Ils y sont plus de 200 jeunes participants en juillet 1914. En 1914, la « Fédé » a environ 400 membres étudiants, 450 lycéens et 300 dans sa branche filles, présidée par Élisabeth Meyer, qui épouse ensuite le président Pierre Maury. Des camps à la montagne sont également organisés.

Les femmes prennent rapidement des responsabilités importantes dans la « Fédé ». Suzanne de Dietrich finit par présider la fédération internationale, Madeleine Barot structure la CIMADE et ses équipières féminines. En 1946, des anciennes de la Fédé, dont Suzette Duflo, fondent le Mouvement Jeunes Femmes, qui s'engage dans le féminisme, pour la légalisation de l'avortement et est cofondateur du Mouvement français pour le planning familial. En décembre 1963, est publié un Semeur numéro zéro qui questionne la normalité sexuelle, l'hétérosexualité, et prône l'union libre.

Christianisme social et égalité

Dès sa fondation, avec Raoul Allier, la « Fédé » porte la marque du chritianisme social, qui entre en dialogue avec le monde socialiste. Il s'intéresse à la condition ouvrière, à la nouvelle pauvreté. Les jeunes s'engagent dans les nombreuses œuvres de la Fédération protestante de France, dans l'action social des Entraides des Églises et de la Mission populaire évangélique.

Des foyers sont fondés pour faciliter l'hébergement des jeunes qui étudient dans les grandes villes françaises. L'Association des étudiants protestants de Paris abrite de nombreuses chambres de 1896 à 2001 au 46 rue de Vaugirard, dans un hôtel particulier situé en face du Sénat dans le 6e arrondissement de Paris. En 2006, elle déménage au 4 rue Titon, dans le 11e arrondissement, à côté de la place de la Nation.


Annexes

Article connexe

Liens externes