Veillée œcuménique

Livret de la Veillée œcuménique de prière

pour la paix en Ukraine

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Livret Veillée De Prière

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Méditation de la Veillée œcuménique de prière
pour la paix en Ukraine

Lecture des Béatitudes
3 Heureux les pauvres de cœur : le Royaume des cieux est à eux.
4 Heureux les doux : ils auront la terre en partage.
5 Heureux ceux qui pleurent : ils seront consolés.
6 Heureux ceux qui ont faim et soif de la justice : ils seront rassasiés.
7 Heureux les miséricordieux : il leur sera fait miséricorde.
8 Heureux les cœurs purs : ils verront Dieu.
9 Heureux ceux qui font œuvre de paix : ils seront appelés fils de Dieu.
10 Heureux ceux qui sont persécutés pour la justice : le Royaume des cieux est à eux.
11 Heureux êtes-vous lorsque l’on vous insulte, que l’on vous persécute et que l’on dit faussement contre vous toute sorte de mal à cause de moi.
12 Soyez dans la joie et l’allégresse, car votre récompense est grande dans les cieux ; c’est ainsi en effet qu’on a persécuté les prophètes qui vous ont précédés.
13 Vous êtes le sel de la terre. Si le sel perd sa saveur, comment redeviendra-t-il du sel ? Il ne vaut plus rien ; on le jette dehors et il est foulé aux pieds par les hommes.
14 Vous êtes la lumière du monde. Une ville située sur une hauteur ne peut être cachée.
15 Quand on allume une lampe, ce n’est pas pour la mettre sous le boisseau, mais sur son support, et elle brille pour tous ceux qui sont dans la maison.
16 De même, que votre lumière brille aux yeux des hommes, pour qu’en voyant vos bonnes actions ils rendent gloire à votre Père qui est aux cieux.
[Traduction TOB]

 Méditation par la Pasteure Béatrice Cléro-Mazire de l’Oratoire du Louvre

Chers amis, au moment de prendre la parole devant vous, c’est une tristesse infinie, une grande colère et une frustration immense qui semblent dominer dans mon esprit.
Une tristesse infinie d’abord, en voyant les images des bombardements sur Marioupol, sur Kharkiv, sur Kiev. Les habitations éventrées, les lieux de vie réduits en cendre, les immeubles en feu et les populations terrées dans les caves ou jetées sur les routes pour fuir le pays dans lequel elles vivaient sans agresser personne il y a encore trois semaines.
Une grande colère aussi en constatant les cibles choisies par l’armée russe : écoles, hôpitaux, maternités, immeubles d’habitation. La volonté très claire de cibler des civils et d’anéantir des habitants qui ont choisi légitimement de défendre leur pays, leur « maison » comme beaucoup le disent pour parler de l’Ukraine ; cette volonté n’est plus à démontrer. Aujourd’hui nous voyons le travail systématique de sape sur la population ukrainienne par l’armée russe.
Une frustration immense enfin, en nous voyant, nous autres européens, voisins de ce pays meurtri, interpelés sans cesse par le Président d’un état de droit qui crie vers nous pour demander notre aide, sans que nous puissions accéder à ses demandes par peur d’un embrasement mondial. Nous voici soumis, comme dans l’Apocalypse, à la bête qui attend le monde nouveau, qui ne demande qu’à naître, pour le dévorer. Nous voici arrivés au comble de la logique de la dissuasion nucléaire qui devait tenir en respect toute velléité de conflit et qui nous transforme en spectateurs d’un crime que nous ne pouvons empêcher ni punir.

Mais la foi nous interdit de rester dans cet état d’esprit, et les Ukrainiens, qui aujourd’hui ont besoin de notre soutien, nous rappellent, par leur courage et leur engagement dans la défense de leur pays et leur endurance dans la guerre, qu’il faut espérer envers et contre tout que le mal ne triomphera pas sur le droit et que la violence n’aura pas le dernier mot.

« Heureux les artisans de paix ! » dit le texte biblique.
Alors que les « compromis » que l’adversaire ose proposer à l’Ukraine ressemblent davantage à une tutelle plutôt qu’à une véritable sortie de crise, comme si c’était à la Russie de décider, à la place d’un état de droit, la position internationale qu’il veut occuper. Alors que les bombes continuent de tomber sur l’Ukraine comme si aucune discussion diplomatique n’était en cours, les rencontres diplomatiques ont quand même lieu, et le Président Zelensky, qui accepte de rencontrer les agresseurs de son pays pour tenter de faire cesser la guerre, peut être déclaré « Heureux ». Non pas le « Heureux » de la tranquillité et du bonheur de vivre, cela est bien loin de lui, mais le « Heureux » du Christ qui ne se renia jamais et continua à annoncer l’amour de Dieu au milieu d’un monde préférant la figure scandaleuse d’un Barabbas à celle du serviteur souffrant.

 « Heureux ceux qui ont faim et soif de justice : ils seront rassasiés ! » dit encore le texte biblique.
Alors que la liberté d’expression pour la population russe est muselée et que de nouvelles lois ont été créées pour condamner quiconque remet en question le discours officiel parlant de « manœuvres militaires salutaires pour dénazifier l’Ukraine », la journaliste Marina Ovsiannikova brandit une pancarte contre la guerre en plein journal télévisé (russe) et son courage retentit comme un acte prophétique à travers le monde. Sa conscience individuelle ainsi élevée à la dimension universelle la déclare « Heureuse ». Heureuse devant tous ceux qui n’osaient plus croire qu’un tel courage puisse exister quelque part. Avec elle, elle entraîne la conscience de tous ceux qui aspirent, en Ukraine, mais aussi en Russie, à la liberté et à la justice.

« Heureux les cœurs purs »
Alors que la guerre commençait en Ukraine, et que l’exaction d’une invasion avait été commise, sidérant la communauté internationale, le maire de Kiev, Vitali Klitschko faisait le rêve fou de susciter à Kiev une sorte de Jérusalem céleste, cité internationale de la paix, où les dignitaires religieux de toutes les religions viendraient revendiquer la paix. Le miracle n’a pas eu lieu, les dignitaires ne se sont pas déplacés. Mais cet espoir dans la foi de tous contre le mal, révélait alors la foi immense de cet ancien athlète, qui tout à coup avait une responsabilité immense : il était devenu, par la fait de l’Histoire, le responsable de la vie de ses concitoyens dans sa ville menacée de destruction.

Ces quelques figures de la résistance à la violence ne suffisent évidemment pas à arrêter le conflit, mais elles sont la lumière du monde dans la nuit du monde. Elles sont ce qui nous donne l’assurance que le combat pour la liberté et le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes n’est pas une vaine espérance. À travers les larmes et la colère, au-dessus de la perversité d’un pouvoir qui s’invente une mission folle de retour en arrière, comme si la vie pouvait faire machine arrière et que les désirs « has been » d’un nostalgique du règne de la terreur pouvait dicter sa loi au monde entier, une révélation a eu lieu, comme le Père Ihor Rantsya(1) le disait tout à l’heure quand il parlait de ce qui pouvait être révélé du mal et qui couvait déjà depuis longtemps. Une Apocalypse d’un nouveau temps qu’il nous appartient de faire advenir : le mal a été révélé, mais avec lui a été révélée la solidarité de tous les états européens et d’autres avec eux pour la paix. Comme un seul homme, les états se sont levés pour refuser qu’un autre état, qui n’était pourtant pas membre de l’Union; soit victime de la mégalomanie et de la violence d’un autre.

Et ceci est un signe, pour nous tous, que le monde a changé. Et alors que nous avons très souvent critiqué cette mondialisation qui nous mettait en relation avec le bout du monde et qui semblait noyer les intentions individuelles au milieu d’un énorme « tout » où plus personne n’était distingué, nous nous rendons compte que cette mondialisation nous a permis de communiquer les uns avec les autres, voire même de communier ensemble et d’être les uns avec les autres parce que nous étions informés de ce qu’il arrivait aux autres ; d’être les uns avec les autres parce que nous sommes interdépendants les uns des autres et qu’il nous faut discuter ensemble si nous ne voulons pas périr tous ensemble.

Aujourd’hui, cette solidarité a pris de nombreuses formes et nous entendrons tout à l’heure les associations qui œuvrent pour cette « sortie de crise » et qui font en sorte que les citoyens qui sont venus d’Ukraine, qu’ils soient ukrainiens ou non, d’ailleurs, et qui viennent se réfugier dans notre pays, puissent être accueillis dignement et refaire un semblant de vie familiale ici, alors que très souvent un membre ou plusieurs membres de la famille sont restés en Ukraine et qu’ils ne savent pas ce qu’il adviendra d’eux. Toutes ces associations, qui sont à la manœuvre pour empêcher que l’humanité ne soit défigurée, sont avec nous dans ce combat. Ils sont avec nous et ils sont l’espoir de l’Europe.
Ils sont là avec nous pour dire que la vie humaine est plus importante que les désirs de pouvoir de l’un ou de l’autre. Nous sommes tous devant cette révélation aujourd’hui. Nous sommes tous ici aujourd’hui pour dire à quel point nous voulons soutenir ceux qui luttent là-bas aux portent de l’Europe.

Sans doute beaucoup d’entre vous ici se souviennent des récits qu’ils ont entendus dans leur famille avec leur parents ou leur grands parents qui leur ont raconté ce que c’était que de vivre les bombardements ; pour ma part je me souviens du récit de mes parents ; nous avons été stupéfiés de voir le retour de cette menace tout près de chez nous . Il nous faut être vigilants sans cesse pour la paix. Il nous faut être solidaires, sans cesse, ensemble, quelles que soient nos opinions, nos divergences de vues sur l’avenir de notre pays. Il nous faut être, sans condition, du côté de l’humanité. Nous sommes en quelques jours devenus Ukrainiens, frères et sœurs d’un peuple que nous ne connaissions que trop peu et qui partage notre soif de justice, de paix et de liberté ; et beaucoup d’entre nous ne le savions pas. Ils sont nos voisins, mais ils sont aussi nos amis. Ils sont nos frères et sœurs, nous en sommes responsables et nous devons nous en souvenir si nous ne voulons pas qu’on nous dise : « qu’as-tu fait de ton frère ? »

À nous d’être la lumière du monde avec eux, avec tous ceux qui ont le courage de dire tout haut ce qu’est ce mal et de lutter pour le combattre. À nous d’être le sel de la terre pour demain ; pour tous les enfants qui habiteront le monde que nous leur laisserons, nous avons le devoir de fabriquer la paix.
AMEN.

[1] Ihor Rantsya, Prêtre administrateur de la Cathédrale gréco-catholique ukrainienne de St Volodymyr le Grand à Paris

Chants de la Veillée œcuménique de prière
pour la paix en Ukraine

Cliquer sur les titres

Cantique n° 1 : Ensemble nous formons l’Église (mélodie Johann Sebastian Bach, 1724)

Cantique n° 2 : Un monde meilleur (mélodie Antonín Dvořák, 1893)

Cantique n° 3 : Revêt Seigneur de ta puissance (Psaume 72) (mélodie L. Bourgeois, 1543, paroles d'après Théodore de Bèze, 1562)

Cantique n° 4 : Seigneur, fais de nous (prière d’intercession) (paroles d'après François d'Assise)

Cantique n° 5 : A l’horizon le jour s’éloigne (mélodie John Ellerton, 1870 - chant officiel de la Journée mondiale de prière des femmes depuis 1937)

Vidéo de la Veillée œcuménique de prière pour la paix en Ukraine

Enregistrements audio de la Veillée œcuménique de prière pour la paix en Ukraine

  • méditation seule (15')
  • ensemble de la soirée (90')