Philippe-Louis Vernes (1815-1906)
Né à Paris, Louis Vernes est le fils de Charles Vernes, secrétaire du consistoire de Paris et sous-gouverneur de la Banque de France. Il appartient à une famille originaire du Vivarais, réfugiée en Suisse et rentrée en France à la fin du XVIII, siècle. Son oncle, le banquier Félix Vernes, est resté célèbre pour son exceptionnelle générosité à l'égard de nombreuses oeuvres protestantes.
Ancien élève de l'Ecole polytechnique, il décide de devenir pasteur. Après des études de théologie à Lausanne où il est très influencé par Alexandre Vinet, il soutient en 1841 sa thèse de bachelier en théologie à Strasbourg sur " le caractère de Notre-Seigneur Jésus-Christ considéré dans son humanité ". Appelé à desservir la paroisse rurale de Nauroy, dans l'Aisne de 1842 à 1851, il a une action qui a été comparée à celle d'Oberlin au Ban-de-la-Roche, Il fonde en 1843 la Société chrétienne protestante du Nord, au Pas-de-Calais, à la Somme et à l'Aisne. En 1846, la Société fonde à Lille une école préparatoire aux études de théologie.
Nommé pasteur aux Batignolles en 1851, il devient l'un des pasteurs de Paris par l'annexion de cette commune à la capitale en 1860. C'est à ce titre que son nom est inscrit dans la grande sacristie de l'Oratoire. En 1872, il est élu président du consistoire de Paris à la suite du départ pour la retraite de Grandpierre. L'année suivante, il devient également président du conseil presbytéral de Paris à la mort de Martin-Paschoud.
Appartenant au courant orthodoxe du protestantisme, il a toujours été partisan d'accepter un certain nombre d'affirmations doctrinales minimales. Vice-modérateur du célèbre synode de 1872, président de la commission permanente issue de cette assemblée, il a défendu auprès des pouvoirs publics les mesures permettant d'assurer aux Eglises réformées le régime synodal et la profession publique d'une sorte de minimum dogmatique qu'il est toujours difficile d'établir. La confusion entre la foi et l'expression de la foi est à l'origine de cette position théologique qui a été longtemps celle de l'orthodoxie modérée. Toutefois, Louis Vernes ne s'est jamais montré hostile à l'idée d'une entente avec ses adversaires théologiques qui ont salué sa modération et son respect des personnes.
Louis Vernes n'a pas laissé d'écrits particuliers en dehors de quelques publications de circonstance : Discours pour le 31 jubilé de la Réformation en France le 29 mai 1859, les Signes des Temps, discours au service d'E. Bersier, la Mission des chrétiens évangéliques vis-à-vis de la société contemporaine (3 conférences prononcées au temple des Batignolles en 1902), les Conditions de la vie heureuse ou l'art de vivre (Paris 1906). Son fils aîné le pasteur Charles Vernes, a publié un livre de controverse : Protestantisme et catholicisme (1876). Son autre fils, Maurice-Louis Vernes, publiciste et théologien, élevé dans l'orthodoxie piétiste, a été amené par ses études à partager les vues de l'école de Strasbourg. Louis Vernes, inquiet de l'esprit critique de son fils, lui a demandé de ne pas s'engager dans le ministère pastoral. En 1866, celui-ci avait participé à Montauban à diverses manifestations républicaines organisées par des étudiants en théologie, autour d'un buste de l'empereur. Louis Verne avait été obligé d'intervenir auprès du ministre afin que son fils ne soit pas inquiété. Il semble avoir été l'auteur d'inscriptions hostiles à Napoléon III. Maurice Vernes enseigna la philosophie à la Faculté de théologie de Paris en 1877. Son activité scientifique est considérable. Il a pris une part active à la réforme de l'enseignement vers 1880.
Philippe VASSAUX