1907 – 2007 : Centenaire du scoutisme

L’aventure du « Scoutisme » mondial peut être comparée à celle de l’ « Olympisme ». L’une et l’autre sont intimement liées aux figures emblématiques de leur fondateur : Robert Baden-Powell (1857-1941), pour le scoutisme, et Pierre de Coubertin (1863-1937), pour l’Olympisme. L’un et l’autre suscitèrent un immense intérêt et élaborèrent des règles de vie à valeur universelle pour la jeunesse qui perdurent encore de nos jours. Les règles du scoutisme reposent sur des valeurs de fraternité, de tolérance, de dépassement de soi, de respect de sa propre personne et de celle des autres, mais aussi de connaissance de la nature, d’amour et de devoir envers la patrie et la religion.

Le scoutisme (scout en anglais veut dire « celui qui part en reconnaissance », d’où le terme français d’ « éclaireur »), s’attacha, dès le départ, à doter garçons et filles de valeurs civiques et morales, mais aussi à les rendre autonomes en développant chez eux des qualités de comportement, de débrouillardise et d’observation. Autant de connaissances indispensables en secourisme, en orientation (topographie), en communication où en signalisation (le morse). S’y ajoute la pratique de techniques dans différents domaines : les nœuds, la réalisation de travaux et d’agencement dans les camps (froissartage), la pratique de chants, de jeux collectifs etc.

Qui était Baden-Powel ?

La vie de Baden-Powell a été élevée presque au rang de mythe. Tous les scouts en connaissaient les étapes. Orphelin de père dès son enfance, il reçut une éducation scolaire très anglaise dans une école du Kent. Il fut un garçon passablement doué, musicien, artiste, aimant par-dessus tout la nature. Il menait à l’insu de ses professeurs une vie qui faisait penser à celle de Tom Sawyer, le héros de Mark Twain, dans les bois avoisinant son école.

Jeune officier, il fut affecté en 1876 à l’armée des Indes, dans un régiment de cavalerie où il se spécialisa dans le Scoutisme : l’observation, la reconnaissance et la topographie. Promu instructeur, il forma des petites unités, des patrouilles, chacune sous les ordres d’un chef. C’est en Afrique du sud, où il fut amené à lutter contre les « Boers », que sa carrière se dessina définitivement et qu’il devint un héros.

Il défendit « Mafeking » assiégée pendant 217 jours au début de la guerre. C’est au cours de ce siège qu’il testa ses méthodes reposant entre autres sur l’aptitude des jeunes garçons désœuvrés présents dans la ville assiégée, qu’il transforma en observateur des positions ennemies et en messagers, les infiltrant dans les lignes adverses. Ces méthodes devinrent par la suite celles du « Scoutisme ». Comment ne pas évoquer à ce sujet, « Kim », le jeune héros hindou de Rudyard Kipling qui à l’évidence dut inspirer Baden-Powel.

A son retour en Angleterre, il écrivit son premier livre, « Aids to Scouting », qui devint le guide de tous les responsables de jeunesse. En 1907, il organisa son premier camp sur l’île de Brownsea, dans le Dorset, avec 22 garçons venus de toutes les couches de la société. Ce camp fut véritablement l’acte fondateur du scoutisme. En 1908, son livre « Eclaireurs », qui connut un succès énorme auprès des organisations de jeunesse, devint le manuel d’un nouveau mouvement mondial. Le Scoutisme se répandit d’abord dans tout l’Empire britannique avant d’atteindre la quasi-totalité des pays.

Visite en France en 1936

En 1910, âgé de 53 ans, il quitta l’armée sur les conseils du roi Edouard VII pour prendre la tête du mouvement scout qu’il avait fondé. Dès 1909, les filles sous la dénomination de « Guides » adhérèrent à leur tour et c’est Lady Baden- Powell qui dirigea la branche féminine du mouvement.

En 1920, le premier Jamboree (rassemblement international de scouts) eut lieu à Londres. C’est lors du 3ème Jamboree à Birkenhead, en Angleterre, que Robert Baden-Powell fut anobli par le Roi et qu’il prit le titre, sous une immense ovation, de « Lord Baden-Powell of Gilwell », du nom du centre international de formation qu’il avait créé.

En 1936, il rendit avec son épouse une visite officielle au scoutisme français. Reçu au Parc des expositions de la Porte de Versailles par le Président de la République, il fut fait grand officier de la Légion d’Honneur. En 1938, sa santé se détériorant il retourna en Afrique où il vécut une semi retraite dans son « cher vieux Transvaal ». De cette époque, il reste un chant mélancolique que tous les scouts ont chanté : « Masori Mares ».

B-P s’éteignit le 8 janvier 1941 à l’âge de 83 ans. Il fut enterré à Nyerri, au Kenya. Lady Baden-Powell poursuivit l’œuvre de son mari jusqu’à sa mort en 1977, contribuant au développement du Scoutisme et du Guidisme dans le monde entier.

Les manifestations du centenaire

En France, le scoutisme s’implanta dès 1910. L’une des premières troupes d’éclaireurs fut créée par les protestants dans le pays de Montbéliard, mais il fallut attendre 1920 pour voir la création de la Fédération des Eclaireurs Unionistes de France. Dans le même mouvement le scoutisme catholique et le scoutisme israélite se développèrent à leur tour. Aujourd’hui il existe cinq fédérations regroupant tous ces mouvements : les Eclaireuses et Eclaireurs de France, les Eclaireuses et Eclaireurs Israélites de France, les Eclaireuses et Eclaireurs Unionistes de France, les Scouts et Guides de France, Les Scouts Musulmans de France.

A l’occasion du centenaire de la création du scoutisme, ces cinq fédérations ont organisé un colloque au siège du Conseil économique et Social à Paris, le 22 mars dernier, sur le thème : « Apprendre à vivre ensemble ». Par ailleurs, jusqu’à la fin de l’été, des manifestations, camps, grands jeux, expositions auront lieu partout en province.

Le 27 juillet, la flamme de l’esprit Scout et des Guides du Kenya atteindra l’Angleterre. Une cérémonie aura lieu à cette occasion à l’UNESCO ainsi que sur la tombe du Soldat Inconnu. Du 27 juillet au 8 août s’ouvrira à Hylans Park, près de Chelmsford dans l’Essex au Nord-est de Londres le 21ème Jamboree mondial où 40 000 scouts du monde entier sont attendus, dont plus d’un millier de français.

En France, la clôture de ces manifestations se déroulera du 23 au 28 août, à Moisson, dans la vallée de la Seine, ( région de Mantes-la-Jolie), lors du Camp national aîné qui commémora ce centenaire sur le lieu même où eut lieu en 1947 le Jamborée de la Paix, tout de suite après la guerre.

Le scoutisme à l’Oratoire

Quelques mots sur l’apparition du scoutisme à l’Oratoire. C’est dans le n° 82 de la « Feuille Rose » datant de juillet 1923 qu’est annoncée la création du groupe des éclaireurs par messieurs Thyes et Olivier Monod. Quatre ans plus tard, en novembre 1926, on annonce la création d’un groupe d’éclaireurs et de louveteaux sous la direction de Mr Beningnus, étudiant en théologie, puis en mars 1927, c’est l’apparition des éclaireuses et des « petites ailes ». Le premier camp de Pâques des éclaireurs et louveteaux aura lieu en avril 1927. En Octobre de la même année est annoncée la création d’une seconde meute de louveteaux. En janvier 1928, il y a déjà 71 inscrits dans les différentes unités. En juillet ils sont 99 avec 10 chefs et cheftaines.

Enfin, le 17 février 1929, eut lieu dans la salle de théâtre des UCJG, rue de Trévise dans le 9ème arrondissement, la première fête de groupe des mouvements EU, que trois éclaireurs anonymes décrivent avec enthousiasme dans le n° de la Feuille Rose du mois de mars. Depuis cette époque, et pendant longtemps, les mouvements de jeunes unionistes de l’Oratoire furent parmi les plus importants des paroisses de Paris.

L’âge d’or des mouvements scouts se situe dans les années d’après-guerre. Il n’y avait pas une paroisse qui n’eût sa meute de louveteaux, sa troupe d’éclaireurs, ses routiers, ses « petites ailes » et ses éclaireuses. Petit à petit, l’attirance des jeunes pour le scoutisme diminua. Le dynamisme des unités était très dépendant de la disponibilité de chefs compétents. L’offre des sports collectifs concurrença dans l’esprit des jeunes les mouvements éclaireurs. Avec mai 1968, on commença à critiquer les méthodes quasi-militaires du scoutisme. L’approche de l’encadrement des jeunes se modifia. Malgré tout, le scoutisme existe encore, et c’est la chance et l’honneur de l’Oratoire d’avoir tenu bon et de pouvoir encore proposer aux jeunes des mouvements de jeunesse unionistes.

François Lerch

Centenaire : des précisions utiles

À la suite de la publication, dans le précédent numéro de la « Feuille Rose », d’un article consacré au Centenaire du Scoutisme, nous avons reçu de M. Nicolas Coiffier (« Thylacine »), ancien chef de Troupe des Eclaireuses et Eclaireurs Unionistes de l’Oratoire et actuel Coordonnateur régional Paris, quelques précisions qu’il nous semble utile de publier. Tout d’abord, c’est en 1911, et non en 1920, que fut créé le mouvement des Eclaireurs Unionistes, en même temps que les Eclaireurs de France, un mouvement de scoutisme laïc constitué bien avant les mouvements d’origine catholique et israélite. M. Coiffier nous précise également qu’une seule Fédération, le Scoutisme Français, regroupe cinq mouvements existants. Enfin, la clôture des Festivités du Centenaire n’interviendra que le 31 décembre prochain. Et notre interlocuteur conclut : « L’existence de votre long article dans la « Feuille Rose » témoigne de la place importante que tient le scoutisme aujourd’hui à l’Oratoire. Je tiens à vous remercier de cette relation chaleureuse et ce malgré l’absence durable de cadres locaux assurant un lien plus étroit avec la paroisse et soutenant l’action de nos chefs unionistes ».