Histoire du groupe local de l’Oratoire

Le texte qui suit a été écrit par François Lerch dans L’Oratoire du Louvre et les protestants parisiens édité pour le bicentenaire de la paroisse en 2011.

On pourra consulter la page Scoutopédia de l’Oratoire pour approfondir le sujet ainsi que les souvenirs de Jacques Poujol.

Introduction : une entrée tardive dans le scoutisme

Conclusion : le groupe aujourd’hui

Introduction : une entrée tardive dans le scoutisme

1922. L’Oratoire est sans doute une des dernières grandes paroisses de la région parisienne à avoir créé sa propre troupe. C’est le pasteur John Viénot qui dans son rapport à l’assemblée générale du 18 mars 1923, annonce d’une courte phrase la création « d’un groupe d’Eclaireurs fondé récemment par MM Theis et Olivier Monod. Ce groupe est déjà prospère à la grande joie des familles qui nous en expriment leur reconnaissance ».

Or le scoutisme à Paris, avait débuté en 1910 dans la Mission populaire évangélique de Grenelle, rue de l’Avre, avec le pasteur Gallienne, un méthodiste, qui ayant lu les livres de Baden-Powell « Aids to Scouting » et surtout « Eclaireurs », paru en 1908, décida d’adopter ces méthodes au groupe d’éducation populaire des garçons rassemblés dans son patronage.

Eclaireuses dans les années 1920.

En France dès le début du siècle, ce sont les UCJG, sous l’impulsion de son secrétaire général, Samuel Eclaireuses des années 1920Williamson, qui furent le grand vecteur de l’introduction et du développement du scoutisme. Ce mouvement, issu du Réveil, encouragea de nombreuses initiatives dans le domaine du camping de loisir. En 1903, Henri Bonnamaux, organisa un groupe de campeurs unionistes, tandis qu’Edouard Randegger mettait sur pied une « coopérative unioniste de campement qui fabriquait le matériel nécessaire au camp. »

Petit à petit, à partir de 1911, les sections cadettes créées par les UCJG firent place à des patrouilles d’éclaireurs, puis à des troupes.

En juin 1911, eut lieu la première revue des Eclaireurs unionistes parisiens qui regroupait les troupes de Grenelle, Boulogne de l’Union Parisienne et de Paris-Saint-Maur. En juillet 1911, la troupe unioniste de Paris-Batignolles est fondée, suivie en octobre par celles de Montrouge et de Paris-Montmartre, Plaisance, Saint-Marcel, et puis, à partir de 1912, Levallois et Neuilly-sur-Seine.

Les filles ne seront pas en reste. C’est l’UCJG de la rue de Naples qui créera la première section d’Eclaireuses en 1912, suivie par la Maison Verte (Montmartre) et Levallois-Perret.

« Sois prêt ». Collection des Tisons, déposée à la SHPH.

Etudiant l’implantation de ces nouvelles troupes, Arnaud Bobérot constate « qu’à l’échelle de la capitale, « Sois prêt ». Collection des Tisons déposée à la SHPH.l’observation de la répartition des troupes révèle que l’ensemble des troupes parisiennes forme un large croissant qui du Nord-Ouest (Levallois) rejoint le Sud-Ouest (Montrouge) en couvrant l’Est parisien. Les huit premiers ainsi que le 16e arrondissement ne possèdent pas de troupe. A ce croissant s’ajoutent les troupes de Boulogne et de Neuilly. »

« Ainsi, excepté le cas des troupes de Neuilly-sur-Seine et de Saint-Marcel qui offrent un profil plus bourgeois, le scoutisme unioniste commence par s’implanter dans les Unions des quartiers populaires de la capitale et de sa proche banlieue. »

Assez rapidement, se posèrent les problèmes de l’adaptation des méthodes propres au scoutisme ainsi que de celles de sa représentation physique. Le 1er novembre 1911, lors d’une conférence régionale, les chefs éclaireurs choisirent l’insigne du mouvement, un coq, et adoptèrent le texte de la loi de l’éclaireur, sans doute rédigée par Henri Bonnamaux, qui comprenait douze articles, deux de plus que dans la loi rédigée par Baden-Powell. Le 22 novembre, une nouvelle réunion de chefs éclaireurs à Montrouge fixa l’uniforme. On y abandonna, sous l’influence de Jean Guérin-Desjardins, qui avait pratiqué le scoutisme dans une école anglaise, le béret au profit du chapeau de feutre des scouts britanniques. Parallèlement, un programme de formation des chefs fut institué.

I – De 1923 à la guerre : la grande période du scoutisme

Création successive des unités à l’Oratoire…

Le démarrage fut lent, car pendant deux ans, le bulletin paroissial ne parle pas de cette nouvelle activité des jeunes à l’exception d’une annonce concernant la Clairière, le patronage créé par l’Oratoire en 1911 : « une salle indépendante et qui sera exclusivement affectée aux groupes d’Eclaireurs et de Louveteaux a été mise en état pendant les vacances de l’Oratoire. Un chef et une cheftaine ont été choisis, ils se sont tous deux sérieusement préparés à leur tâche. »

En ce qui concerne l’Oratoire, il faut attendre le bulletin de mars 1927 pour savoir que « Cette fois-ci, ce n’est plus en espérance que nous pouvons parler de notre groupement de la jeunesse masculine. Notre groupe d’Eclaireurs est tout à fait organisé et marche à la satisfaction de tous, parents et enfants. Ce groupe compte plus de vingt membres et celui des Louveteaux une dizaine ». Le scoutisme féminin n’est pas en reste. On annonce sa mise en train avec la création de « Petites Ailes » qui ont déjà installé leur nid sur une des hautes branches de l’arbre paroissial, 4 rue de l’Oratoire. Babils et pépiements ne font pas défauts… Quant à la section d’Eclaireuses, elle est en voie d’organisation. On annonce son organisation avant Pâques. »

En janvier 1928, le Comité qui patronne dans la paroisse les quatre groupements est heureux d’annoncer que 71 jeunes participent à ces groupes, chefs et cheftaines non compris. Deux mois plus tard, l’effectif se monte à 82 participants dirigés par 10 chefs. Une deuxième meute de louveteaux a dû être crée. En juillet 1928, le total des inscrits s’élève à 99. Il y a deux meutes, deux troupes d’éclaireurs avec quarante inscrits, une section d’éclaireuse avec quarante filles et une vingtaine de petites ailes.

En octobre 1929, c’est la reconnaissance officielle de cette nouvelle activité d’Eglise avec cette annonce : « Les groupements de Scoutisme ont maintenant conquis droit de cité dans notre Eglise, et les fidèles savent que notre organisation est en état d’accueillir jeunes gens et jeunes filles, ainsi que garçons et fillettes. » Ils ont maintenant une désignation. On parle pour les éclaireurs des troupes d’Oratoire I et d’Oratoire II et pour les louveteaux des meutes d’Oratoire I et II. Pour les filles, il y a la Compagnie d’éclaireuses qui sera-elle aussi divisée en 1935 entre Oratoire I et Oratoire II et à partir de 1938 Oratoire III, enfin l’Envolée des Petites Ailes.

En Novembre 1930, la paroisse est informée de la création d’une équipe de Routiers, qui prendra le nom de « Bernard Palissy » destinée aux garçons de 16 ans et plus. Elle s’est constituée avec quelques « vieux éclaireurs de la troupe I. Enfin, la meute de la Clairière s’appelle désormais : Oratoire III.

Tous ces jeunes adoptent le même uniforme, avec en particulier le foulard vert, bordé de blanc, toujours en vigueur aujourd’hui.

Sautons quelques années. Dans son rapport à l’assemblée générale en mars 1935, le pasteur Guiraud fait état de « 200 jeunes groupés, encadrés de chefs, cheftaines, conseillers d’équipe, d’un chef président qui veille sur tout, d’un Comité local que préside M. Philippe Roy : ce sont nos éclaireurs, éclaireuses, routiers, louveteaux, petites ailes. Sorties d’où on revient un peu tumultueux et les yeux brillants, camps lointains où les amitiés se cimentent, les riches souvenirs s’accumulent, ce n’est encore là que le dehors de notre scoutisme. Il y a l’esprit de discipline, la décision d’être prêt et serviable, qu’il convient de garder partout, en classe, en famille aussi, – sous peine de n’être qu’une imitation de scout, et chez les plus grands, cette intime certitude que plus que jamais peut-être, l’Eglise et aussi la Patrie et l’Humanité ont besoin de jeunes prêts à payer de leur personne. »

L’année suivante, au cours de l’Assemblée générale, Philippe Roy, qui préside le groupe local, dans un long rapport, fait état de « 244 jeunes gens et jeunes filles, où nous comptons 181 protestants dont 133 appartenant

Le mur des promesses dans le local de la Troupe.

à notre Eglise ; 63 rattachés à d’autres confessions ou détachés de toute religion ». Commentant ces chiffres, il ajoute : « Enfin nous avons souvent constaté l’attirance du protestantisme chez les catholiques détachés de leur Eglise et chez des jeunes gens sans éducation religieuse : nombreux sont les exemples de catéchumènes de nos pasteurs venant de cette fraction de notre jeunesse ».

Devant cette montée des effectifs, s’était posé assez rapidement le problème du local pour les accueillir. Ce problème fut résolu à l’époque, pour une partie seulement des unités, par Philippe Roy, qui ayant une entreprise de textile dans le quartier du Sentier mit à la disposition du groupe, un local situé au 38 rue des Jeuneurs dans le 2ième arrondissement, où se réunissaient les éclaireuses de l’Oratoire et de la Clairière, ainsi qu’une partie des éclaireurs. Il semble que les Petites Ailes avaient leur local dans la salle haute du temple, au-dessus de la sacristie. Quant aux routiers ils trouvaient refuge au rez-de-chaussée du 4 rue de l’Oratoire.

L’apogée des effectifs sera semble- t- il atteint au cours de l’année 1938. Le pasteur Vergara, dans son rapport à l’assemblée générale lance un cri d’alarme : « M. Roy indiquait l’an passé que nos diverses formations groupaient 244 jeunes gens et jeunes filles. Ce chiffre a encore été largement accru cette année et nous en sommes arrivés à la nécessité de freiner le recrutement pour deux raisons d’égale importance : la première concerne le manque de chefs, la seconde le manque de place ». Cette préoccupation, qui devint récurrente après la guerre, n’eut bientôt plus lieu d’être, puisqu’à partir du 16 juin 1940, le scoutisme était interdit en zone occupée.

Les chefs

Pour la période qui nous concerne, nous avons pu retrouver, à partir des archives de la Feuille Rose, les noms de plusieurs chefs et cheftaines qui ont animés depuis le départ les unités du scoutisme à l’Oratoire. Cette liste n’est sans doute pas exhaustive, car n’y figurent pas toujours les noms des adjoints. A partir de 1939, la Feuille rose ne donne plus de noms, et nous avons eu recours pour cette année-là aux indications fournies par Alain Morley.

Aux fondateurs de la première troupe, en 1923, ont succédés à partir de :

1927 – Willy Benignus pour les éclaireurs, Jacqueline Kastler pour les louveteaux, Jacqueline Guy pour les éclaireuses et Suzanne Marillier pour les petites ailes (PA).

1928 – Un président du groupement est nommé en la personne de Philippe Roy. Pour les louveteaux deux nouvelles cheftaines apparaissent : Jeanne Hermann et Odette Kastler.

1929 – Année de la montée en puissance des effectifs, Jacques Blanc est nommé « chef président ». Pour les éclaireurs on trouve les noms de :

M. Gagnier, Pierre Marcel, Pierre Bénignus, G.Faure, Christian Jaeglé, Rolland Mille. Pour les louveteaux : Gabrielle Hermann, Odette Kastler, Annie Martin, Mlle Andrieux-Koechlin, Mlle M. Rensonnet. Pour les louveteaux : Suzanne Delu.

A la Clairière, deux cheftaines s’occupent des louveteaux : Reine Roulet et Mlle Colette Paquement

1930 – Pour les éclaireuses : Denise Lavergne, Mlle C. Gauthiot.

1931 – Les routiers ont un premier chef d’équipe en la personne d’Alain. Duchemin.

1933 – Les éclaireuses reçoivent le renfort d’une nouvelle cheftaine : Mlle Fraisse.

1935 – Chez les éclaireurs : Albert Nicolas.

1936 – Les éclaireurs ont deux nouveaux chefs : Jacques Benignus et Pierre Couprie et les routiers ont trois chefs d’équipe : MM. Jacques Bauer, Emile Kast et Marty.

1937 – Jacqueline Blanc, cheftaine de louveteaux et Ninon Labbé cheftaine d’éclaireuses.

1939 – Trois nouveaux chefs de troupe chez les éclaireurs : Paul Sotiroff, Jacques-Henri Schloesing, J. Cerquant. Chez les louveteaux, deux nouvelles cheftaines : Mlle P. Wacogne et J. Monod. Alors qu’à la Clairière, Mlle F. Moreillon vient s’occuper des louveteaux. 

Chez les routiers : Olivier Lutaud, Maxime Amphoux, Philippe Pagezy, A.Crespin.

Chez les éclaireuses, plusieurs nouvelles cheftaines : Mlles H. Bernhard,

J. Van Der Stagen, Marie-Louise Girod, Simone Chefneux, J.F Labbe, J. Waldmann.

Cette année- là est créé pour les éclaireuses plus âgées un groupement « d’éclaireuses aînées » dirigé par deux cheftaines : Mlle J.Gastambide et J.Cambessédes.

L’année 1939 est la dernière pour laquelle nous avons des renseignements sur les chefs et cheftaines. Au fil des mois, les informations se raréfient. La Feuille Rose d’octobre 1939 évoque la dispersion des groupes scouts tout en disant qu’ils ne sont pas « tout à fait réduits à néant ». Les pasteurs se réjouissent que « nos effectifs ne soient pas perdus pour tout le monde ; d’autres troupes ou sections se font de notre pauvreté une richesse. Qui eût cru que Saint-Servan abriterait une troupe et une section des E.U., du fait qu’un de nos chefs-adjoints et sa sœur, cheftaine également, entreprendraient de grouper des éléments épars dans cette ville ?»

Un dernier effort pour la reconstitution d’unités est fait. « Une troupe d’éclaireurs regroupe les éléments demeurés à Paris et appartenant aux trois troupes d’avant-guerre, sous la direction du chef Cerquant ; de même les éclaireuses groupent leurs jeunes participantes en une section unique sous la direction de la cheftaine d’Oratoire I, Mlle Henriette Bernard et de la cheftaine d’Oratoire II, Mlle Simone Chefneux. La reconstruction d’une envolée de Petites ailes a dû être abandonnée, faute d’enfants demeurés à Paris, et la reconstitution d’une meute de louveteaux se heurte à de grandes difficultés, les cheftaines demeurées à Paris ayant toutes une occupation professionnelle et ne pouvant faire de sorties en semaine. Nos louveteaux sortiront sans doute avec ceux de l’Union chrétienne de la rue de Trévise. Enfin, nos routiers ont reconstitué une équipe, avec le chef Lecomte, sous la direction de Maxime Amphoux, le seul de nos conseillers d’équipe qui ne soit pas –encore- mobilisé.

On s’achemine vers l’interdiction des mouvements de jeunesse en zone occupée qui interviendra la 16 septembre 1940.

Les fêtes de groupe

La tradition d’une fête annuelle du groupe local s’établit assez tôt, et la première dont la Feuille Rose donne un compte rendu eut lieu le 19 février 1928. , dans la grande salle de l’Union Parisienne, 14 rue de Trévise dans le 9e arrondissement qui fut remplie à l’occasion par un public nombreux et bienveillant. Après la présentation des unités, chaque groupe, exécutait « un numéro ». Les Eclaireurs exhibaient « des poupées mécaniques » qui recueillirent un grand succès de fou rire. Les Louveteaux exécutèrent « la danse de Puck », les Eclaireuses et les Petites Ailes « Les petits mariés de Loc-Renan ». Le spectacle se poursuivit par des projections et se termina par le « Pacha » de René Benjamin. Le rédacteur de ce compte rendu insiste sur l’imagination et le savoir-faire des cheftaines.

L’année suivante, trois éclaireurs d’une autre paroisse parisienne, s’étant rendu rue de Trévise, attirés par l’annonce d’une fête d’Eclaireurs, tombent sur la fête de groupe de l’Oratoire. Ils adressent à la paroisse un compte rendu enthousiaste. « C’est d’abord la prestation des Louveteaux qui reconstituent sur scène leur vie de « petits-loups », avec leurs jeux, leurs cris de sizaine, leurs chants, la Promesse et la Loi, tout cela dans un décor de forêt. Et puis, le décor change…, « et voici que se succèdent des scènes d’un comique étourdissant…Sifflets à l’acoustique, sonneries au téléphone…et le pauvre Balouf qui se débat au milieu de ce chaos…tout cela pour avoir collé son oreille contre une porte…Balouf n’était pas éclaireur…. »

« Toutes les têtes se lèvent, et c’est l’écran qui fait maintenant revivre les bons moments passés ensemble en montagne, en forêt, au grand soleil d’août, dans l’eau fraîche des lacs du Jura….Tout est déjà loin…. »

« Et voici d’ailleurs sur la scène une reproduction vivante…le départ des éclaireuses pour le camp, les dernières recommandations de la maman, le train qui part…et puis le camp lui-même, et le soir, la grande flamme rouge du feu de camp, autour duquel on rit, on danse, on chante, on parle, on prie ».

« Une comédie de Labiche, et la fête est terminée…Mais voici qu’un ancien éclaireur de l’Oratoire saisit un chef par la manche : « Dis donc, chef, je voudrais bien revenir à la troupe ! »… « Oui, que beaucoup de fillettes et de jeunes garçons viennent nous dire : « Chef ! Je voudrais venir à la troupe ! ».

Nous ne saurions rendre compte de toutes les fêtes de groupe, mais sous la poussée croissante des effectifs, il fallut bientôt trouver des salles plus grandes. Ce fut la grande salle du Cercle militaire, place Saint-Augustin qui fut à partir de 1935, choisie, et encore était-elle à peine suffisante pour contenir les amis de nos jeunes gens venus pour les entendre et les encourager. Les pasteurs n’ont pas assez de mots pour dire la reconnaissance de la paroisse. « Ce que nous avons tous ressenti dans cette journée, c’est l’élan, l’unanimité, la vie de notre Scoutisme de l’oratoire. « Quelle belle vitalité » disait un spectateur étranger, et c’est de cela que nous nous réjouissons ».

L’apothéose de ces fêtes eut lieu le dimanche 21 février 1937.

« La salle du Cercle militaire était pleine et tous les amis de notre jeunesse se sont retirés émerveillés du brio, de l’entrain et de la belle tenue de notre groupe ».

« En une représentation impeccable ont défilé sous nos yeux les 13 unités, depuis les P.A de 7 ans, jusqu’aux Eclaireuses Ainées, le tout introduit joyeusement par les trois champions « toujours debout » de l’équipe Bernard Palissy (les routiers). Ensuite, comme lever de rideau, les Louveteaux de la Clairière, puis ceux de l’Oratoire et les Petites Ailes, nous ont donné trois numéros bien réussis et d’un goût parfait.

« Enfin, nous avons vu le Bourgeois gentilhomme joué avec tous les intermèdes, ballets, divertissements, la musique de Lully fort bien exécutée par un orchestre. Cette représentation très « classique » suppose un effort considérable de la part de tous nos jeunes. Les danses rythmées ont été exécutées par les plus jeunes Eclaireuses dont la grâce était encore toute enfantine et gardait un charme naïf plein de saveur. Le divertissement turc au contraire a été joué par les grands Eclaireurs avec une véritable maîtrise.

« Il faut remercier ici tous nos jeunes amis, en particulier leur chef-président, M. Jacques Blanc, et aussi dire leur gratitude et le nôtre à Mme Kast, qui a réglé tous les divertissements et à M. Guérin-Desjardins, naguère Commissaire national des Eclaireurs Unionistes, aujourd’hui routier de l’Oratoire, qui a dirigé les répétitions et réglé la mise en scène.

« Notons – pour les féliciter chaudement – que pendant toute la représentation, nos jeunes amis ont été parfaits de tenue et de discrétion ; les vieilles gens qui n’aiment pas le bruit ont dû être contents : jamais on ne se serait douté qu’il y avait mêlés au public, 250 enfants ou jeunes-gens. Et cependant, quelle gaîté ! ».

Sorties et camps

Presque tous les dimanches, les jeunes avaient des sorties organisées et partaient très souvent pour la journée, avec le pique-nique dans les sacs à dos. Les destinations furent multiples. Il suffira d’en énumérer quelques-unes pour faire jaillir les souvenirs.

A Paris, c’étaient les bois de Boulogne ou de Vincennes, mais aussi le Château de Vincennes, ou la pelouse de Joinville, où avaient lieu les rassemblements régionaux de Trivaux.

Généralement on allait rejoindre les parcs et forêts de la banlieue ouest ou sud:

Le Parc de Saint Cloud, le Mont Valérien, Le bois de Saint-Cucufa au- dessus de Rueil-Malmaison, les forêts de Saint Germain-en-Laye et de Marly, Achères à l’autre bout de la forêt de Saint-Germain, Maisons-Laffitte, le bois de Chaville ou celui de Fosse-Repose, près de Versailles, Garches, Ville d’Avray, Chaville, Meudon-Val-Fleury. Quand on voulait explorer le nord de Paris, on se dirigeait vers l’Oise et la Picardie, à Montmorency, Ermont-Eaubonne, Saint-Leu-la Forêt, Orry-la-ville, ou Gouvieux, près de Chantilly etc.

Mais les moments les plus attendus, aussi bien pour les garçons que pour les filles, ont toujours été les camps. Dès que les fêtes de groupe étaient terminées, les chefs préparaient les camps de Pâques et d’été.

Le premier compte rendu de camp, retrouvé dans les archives de la Feuille Rose est celui du camp de Pâques qui eut lieu du 13 au 19 avril 1930 dans la propriété de M. Michenot, au château des Hautes-Rives, près d’Evreux, ou , sous la direction de Pierre Marcel chef de camp et de Pierre Bénignus, une trentaine de garçons se retrouvèrent.

« Malgré la pluie et le mauvais temps, le camp s’est fort bien passé. Activités diverses et variées : jeux sportifs, ballades techniques, etc. Un concours mettait aux prises chaque jour les différentes patrouilles.

La cuisine roulante d’Oratoire II et les feux de bois traditionnels se firent concurrence.

Le feu de camp fut pleinement réussi et chaque patrouille sut y être à la hauteur. Deux campeurs furent totemisés et cinq prêtèrent serment. Le pasteur Finet, d’Evreux, ancien chef éclaireur termina par le culte. La pluie et l’humidité obligèrent Oratoire II à rentrer avec Oratoire I, mais tous, ravis du camp, tiennent à remercier M. Michenot de son hospitalité qui leur permit de profiter d’un aussi chic camp. »

En juillet 1931, la Feuille Rose publie le programme des camps d’été :

Troupe Oratoire I

(Eclaireurs)

Le camp aura lieu du 12 au 30 juillet dans la propriété de M.Ott, très aimablement mise par lui à la disposition de la troupe, à Pardigon, à 60 kilomètres de Toulon. Le prix du camp, s’élève à 350 francs. Des excursions sont prévues à Marseille, Toulon, les Iles d’Hyères, Saint-Raphaël et Saint-Tropez.

N.B. Les dons pour la caisse du camp seront les bienvenus. N’oubliez pas que sur 15 campeurs, 5 ne peuvent presque rien payer.

Troupe Oratoire II

(Eclaireurs)

Le camp aura lieu près de Cannes, à Morgins, dans une propriété mise gracieusement à la disposition de la troupe par M. Lacroix. Ce camp se tiendra du 11 juillet au 7 août.

Différentes excursions et camps volants sont prévus à l’Estérel, Saint Raphaël, les îles de Lérins, et toute la côte jusqu’à Monte-Carlo avec un crochet dans les Alpes par Peira-Cave et Saint-Martin-de-Vésubie.

Le prix du camp est de 400 à 500 francs.

Toutes les précautions seront prises en ce qui concerne les bains, l’eau potable et la chaleur.

Equipe Bernard Palissy

(Routiers)

Camp du 12 juillet au 3 août en Suisse.

Camp fixe à Gingins-sur-Nyon (canton de Vaud) et camp volant cyclo-pédestre dans le Jura suisse.

Prix du camp 315 francs environ.

Oratoire I et II

(Eclaireuses)

Les deux sections d’éclaireuses camperont ensemble dans la montagne au- dessus de Nice, entre Juan-la-Rivière et Ortelle. Le climat est chaud, mais sans excès, à cause de l’altitude et surtout exceptionnellement sec. Les camps de 1930 ont été si copieusement arrosés que nos campeurs ont choisi cette année, la région où la météorologie enregistre le minimum de pluie.

On couchera sous la tente, mais à proximité d’une ferme où l’on trouverait un abri en cas d’orage ou de pluie persistante.

« D’ailleurs, déclarent péremptoirement nos campeurs, il ne pleut jamais dans le Midi à cette époque ! »

Souhaitons que cette assurance ne soit pas démentie, et que tout le monde revienne bien portant et heureux ».

« En 1936, pour fêter le 25e anniversaire de sa fondation, le mouvement des Eclaireurs Unionistes a tenu en Alsace, à Walbach, près de Colmar, un « camp national » auquel ont été conviées toutes les troupes de France. Plus de 2000 jeunes ont répondu à cet appel, et plusieurs nations amies avaient envoyé chacune une troupe pour les représenter ; il en fut de même pour les autres fédérations françaises, les Eclaireurs de France, scouts de France et Eclaireurs israélites. »

« Remarquablement organisé par les cadres de la Région Alsace, le camp a duré dix jours pleins, sous la direction du Commissaire national Guérin-Desjardins et de son adjoint Gastambide. Le président des E.U. François de Witt-Guizot a campé avec les Eclaireurs et a apporté aux organisateurs l’appui de sa haute autorité. »

« Nos troupes de l’Oratoire étaient représentées par une vingtaine de garçons, sous la direction du chef R. Kastler, d’Oratoire I. Celui-ci était chargé, outre ses fonctions de chef, du soin de recevoir et de piloter les éclaireurs étrangers se trouvant dans le même sous-camp, c’est-à-dire la troupe Anglaise, les éclaireurs israélites et quelques isolés de nationalités diverses. Ne nous imaginons pas que le camp entier avait les yeux fixés sur l’Oratoire ! Cependant notre troupe n’est point passée inaperçue : le chef adjoint étant fils d’un missionnaire en Nouvelle Calédonie, les Eclaireurs de l’oratoire ont pu égayer un feu de camp par une série de danses canaques des plus pittoresques ; ils ont participé au grand spectacle organisé par la région Seine, évoquant l’attaque de Paris par les Normands, et dans les concours techniques, une de leurs patrouilles est arrivée en très bon rang. »

« Toute notre troupe a rapporté un souvenir ému des grandes manifestations d’ensemble, et notamment des cultes du dimanche matin, qui réunissaient cette belle jeunesse dans une même ferveur. »

« Ajoutons que la fin du camp a été marquée par l’ovation triomphale faite au C.N. Guérin-Desjardins au moment où il a passé ses pouvoirs à son ex-adjoint devenu son successeur. »

« Nous n’oublions pas que Jacques Guérin Desjardins, plus connu sous l’appellation familière « le C.N. », est routier de l’oratoire, et nous lui disons ici un fervent merci pour son beau travail parmi les jeunes, au service du Maître. »

Parmi les jeunes éclaireurs de l’époque, Jacques Poujol, entré aux E.U. en 1934 nous a laissé des souvenirs émus des camps de sa jeunesse (lire ici).

« Et puis naturellement il y avait les camps de Pâques dans la région parisienne, camp de ski inauguré à la Noël 1938 par J.H. Schlœsing à la Chalp d’Arvieux, station lancée par la Fédé. Surtout les camps d’été qui ont laissé dans ma mémoire des souvenirs impérissables : celui de Malbuisson dans le Jura, le plus improvisé de tous, auquel les inspecteurs d’aujourd’hui n’auraient certainement pas accordé leur agrément, pas plus qu’au camp volant en Suisse qui le suivit où ma patrouille faillit mourir d’insolation sur la route menant à Lausanne…Celui de Schrisrothried en Alsace beaucoup mieux organisé par Albert Nicolas mais dont le camp volant par le Hohneck et Gérardmer m’a laissé le souvenir cuisant des attaques répétées de hordes de moustiques….Celui de Saint Front en Haute-Loire à proximité du lac du même nom dont le traditionnel camp volant conféra à la troupe de l’Oratoire II la touche d’héroïsme qui lui manquait : un incendie éclata à l’improviste dans la maison d’un village que nous traversions ; sous la direction de J.H.Schloesing nous entrâmes immédiatement en action, d’abord pour vider de leurs meubles les pièces les plus menacées, ensuite pour former à partir de la fontaine publique une chaîne qui à l’aide de sceaux d’eau permit de maîtriser le sinistre.

Emu jusqu’aux larmes le maire du village, le maire du village demanda aux villageois de nous servir un festin improvisé en plein air qui nous fit oublier les traditionnelles nouilles trop cuites de nos repas habituels…

En juillet 1939, le camp d’été se déroula à l’Espérou (Gard) dans le massif cévenol de l’Aigoual où je devais, trois ans plus tard, trouver mon refuge dans le maquis. Les nuits étaient fraîches dans les tentes que nous avions plantées au bord d’une « draille » à 1200m d’altitude et nous ne savions pas que la guerre allait, deux mois plus tard nous disperser, certains pour toujours. Le souvenir le plus émouvant que j’ai gardé de ce camp est la rencontre inopinée que je fis, à la tête de ma patrouille (car j’avais pris du galon !) au coin d’un bois au-dessus de l’Espérou, d’un grand vieillard (en réalité il avait vingt ans de moins que moi aujourd’hui) qui nous demanda qui nous étions et engagea avec nous une conversation (sur le scoutisme, sur le pays cévenol, sur les protestants, sur Jésus-Christ…) une véritable conférence qui dura presque une heure sans que nous voyons le temps passer. Je n’appris que plus tard que ce bon vieillard n’était autre que le pasteur Nick, l’évangélisateur bien connu de Five-Lille, qui avait de nombreuses attaches dans le pays cévenol et qui, pendant les vacances n’arrêtait pas d’évangéliser.

C’est au cours de ces camps d’été que se donnaient libre cours à certains rites un peu barbares, propres au scoutisme, mais de nature proche du « bizutage » encore appliqué dans certaines écoles. Il y avait d’abord ce que nous appelions le « cirage », sorte de sanction collective appliquée à tel d’entre nous qui avait démérité ou enfreint des règles non écrites de comportement. On prenait le « délinquant » par les mains et par les pieds et on le balançait au-dessus du sol de façon à cogner au passage la partie la plus charnue de son individu. L’opération était orchestrée et rythmée par le chant sur un air simpliste des paroles suivantes :

Elle a tant-tant-tant mangé de mon-on-de

La bête-te-te du Gévaudan-dan-dan

Qu’elle en est devenue toute ronde–on-de

La bête-te-te du Gévaudan–dan-dan !

Ce traitement ne me fut infligé qu’une fois au camp de Malbuisson pour refus d’effectuer la corvée de cuisine, mais je subis une peine aggravée puisque j’étais torse nu au-dessus d’un buisson de genévrier !!!

Un autre rite barbare était celui de la « totemisation » précédée de ce que nous appelions à Oratoire II « initiation ». Dans sa forme primitive (à laquelle Albert Nicolas mit heureusement fin,) l’initiation consistait à faire croire à l’initié qu’on allait lui appliquer dans le dos un fer rouge qu’on lui montrait longuement chauffer dans le feu de camp. Puis on lui bandait les yeux et on lui appliquait dans le dos un objet glacé, pendant que le fer rougi au feu était plongé dans une marmite d’eau froide pour stimuler le grésillement de la chair brûlée ! Ce simulacre sadique avait parfois des résultats catastrophiques et un conseil de chefs décida de le remplacer par un rituel un peu canularesque, mais assez dur pour l’initié : celui de la fausse totemisation précédant la vraie. Avant de conférer à l’initié son vrai totem définitif, on l’affublait au cours d’une cérémonie burlesque, d’un totem infâmant et ridicule qu’il ne gardait que cinq minutes avant que la vraie totemisation ait lieu. Je me rappelle encore l’émoi et la consternation d’un ami cher qui crut un court moment qu’il allait à jamais porter le nom de « bousier voluptueux ». C’était quand même plus acceptable que la pseudo marque au fer rouge. »

La formation chrétienne des chefs

Dès le début de leur création, les unités furent considérées comme fondamentalement issues de la paroisse, et le souci constant des pasteurs fut de veiller à une forme d’instruction chrétienne des jeunes. A plusieurs reprises, les vénérables pasteurs de l’époque s’attribuent la qualité « d’aumônier » et l’on retrouve leur préoccupation dans le compte-rendu d’activités ou d’assemblées générales.

Mars 1927 : « Des chefs et cheftaines excellents se consacrent avec tout l’élan de la jeunesse et toute la foi de cœurs chrétiens à l’œuvre qu’ils aiment et font aimer. Entourons-les et aidons- les. Il faut que ce mouvement de jeunesse trouve des sympathies agissantes dans l’Eglise sur laquelle il s’appuie et d’où il est issu. »

Dans son rapport à l’A.G du 10 avril 1928, le pasteur Bertrand, parlant du développement du scoutisme à l’Oratoire précise : « Conformément aux principes de largeur de notre Eglise, nous y recevons des enfants non protestants, pourvu que les parents acceptent l’orientation nettement religieuse et chrétienne de l’éducation donnée, en dehors de toute préoccupation confessionnelle. Il y a là aussi une source d’influence et de rayonnement pour le large et vivant esprit de l’Oratoire. »

Cette préoccupation d’une imprégnation chrétienne était conforme aux préoccupations de la Fédération des Eclaireurs Unionistes, et l’on en trouve la confirmation dans l’annonce d’un certain nombre de conférences données par le commissaire national des Eclaireurs Unionistes, M. Guérin-Desjardins, à la Faculté de théologie au premier trimestre 1932, où il traitait des « rapports de l’éducation chrétienne et de l’éducation scout. »

En 1935, le pasteur Guiraud, dans son rapport à l’A.Gindique « qu’il ressent le privilège d’avoir été désigné comme aumônier auprès de ces jeunes : la vie d’âme de toute cette jeunesse aspirant à plein cœur vers la Pureté, l’offre de soi, l’esprit de sacrifice. La prière prononcée le soir au milieu des chefs et des cheftaines réunis avec autour de nous l’évocation des visages de tous ces enfants dont nous voulons placer les mains dans la main du grand Vivant, est un de ces instants spirituels insoupçonnés où l’âme de notre Eglise respire et s’épanouit. »

Nouvelle affirmation de ces buts à l’A.G. de 1936. Le pasteur Bertrand, après avoir rappelé que dans les « moyens du scoutisme, il y avait la loi de l’Eclaireur, la bonne action journalière, le culte de troupe, mit un accent particulier sur l’éducation religieuse de l’enfant et se rattache

A l’A.G. d’avril 1937, c’est le pasteur Vergara qui pousse encore plus loin l’affirmation chrétienne du mouvement :

« Nous n’hésitons pas à ranger le Scoutisme comme nous le comprenons parmi les activités religieuses de l’Eglise, car tout n’est pas qu’amusement dans le programme, la partie d’édification existe, la préoccupation d’une éducation chrétienne de la conscience reste l’objectif incessant de nos chefs et cheftaines. Ces derniers – ce que beaucoup ignorent – sont régulièrement groupés ainsi que les éclaireurs et éclaireuses aînés, pour recevoir des pasteurs un complément d’études religieuses qui les aident à remplir du mieux possible la partie spirituelle de leur tâche. »

Dernière mention, toujours sous la plume du pasteur Vergara à l’A.G. de 1939 :

« Vos pasteurs suivent ce mouvement et gardent avec lui un contact. Nous réunissons périodiquement chefs et cheftaines, routiers et éclaireuses ainées, pour des entretiens religieux. Au cours de 1938, M. le pasteur Bertrand a fait aux chefs et cheftaines une série de causeries sur la Prière, et pour ma part j’ai essayé de montrer à nos routiers et à nos Eclaireuses aînées quelles solutions le Christianisme pouvait apporter aux problèmes sociaux et moraux de l’heure présente.

Cette imprégnation chrétienne est confirmée par Jacques Poujol (lire ici) qui raconte que leur chef, Albert Nicolas, « présidait le culte à chaque sortie. Il voulut même instaurer un culte de patrouille, ce qui me mit dans le plus grand embarras lorsque j’accédai au titre de Chef de patrouille des Dauphins. »

Christiane Polex, (née Dubost) qui fit son premier camp d’éclaireuses, à Pâques 1938, en Ardèche, raconte « qu’avant le petit déjeuner, nous écoutions la lecture de l’Evangile du jour, faite par une de nos cheftaines, et nous chantions un cantique. Ensuite, nous avions le choix entre une partie de ballon au prisonnier et à dix minutes de méditation solitaire pendant que l’équipe de « corvée de cuisine » préparait un copieux petit déjeuner. Pour plusieurs d’entre nous, ces dix minutes passées en tête à tête avec notre Bible fut le point de départ d’un cheminement spirituel plus personnel que l’Ecole du Dimanche ; en tout cas une bonne préparation à l’instruction religieuse, le KT de maintenant. »

Une dernière observation à propos de la liste des chefs que nous avons relevée. Plusieurs d’entre eux étaient étudiants en théologie, et sont devenus pasteurs, comme par exemple, Mr Theis, Willy Benignus, Pierre Benignus qui fut pendant de longues années, missionnaire en Nouvelle Calédonie. Pierre Marcel, Pierre Couprie, Albert Nicolas.

Lady Baden Powell à l’Oratoire

Le grand évènement de l’année 1936, fut la visite à Paris de Robert et Olave Baden-Powell, les 12 et 13 décembre, à l’occasion du 25e anniversaire de la création du scoutisme en France.

L’oratoire fut particulièrement concerné, car Lady Baden-Powell avait tenu à assister au culte le dimanche matin. Nous reproduisons intégralement le récit de cette journée telle que l’a rapporté M. Philippe Roy, président du groupe local.

« Les Eclaireurs Unionistes de France, auxquels est rattaché le groupe de Scoutisme masculin de l’Oratoire, et les Eclaireurs de France, ont fêté cette année, par diverses manifestations, le 25e anniversaire de leur fondation.

A cette occasion, ils ont eu la belle idée d’inviter le « Chef Scout Mondial » Lord Baden-Powell off Gilwell, à venir à paris prendre contact avec le Scoutisme français et recevoir le témoignage de reconnaissance de toute la jeunesse de France enrôlée sous la bannière scoute.

Il s’agissait de rendre hommage au fondateur du Scoutisme dans le monde, de manifester l’esprit de fraternité qui unit les divers branches du scoutisme français.

Seules les deux associations fondées en même temps en 1911 recevaient officiellement : mais elles avaient convié à participer à toutes les réceptions les associations sœurs : Fédération Française des Eclaireuses, Guides de France, Scout de France.

Donc, le 12 décembre, Baden-Powell, accompagné de Lady Baden-Powell, débarquait à Paris, accueilli par une délégation de chaque association. Un programme chargé l’attendait :

Reçu à l’Elysée dans l’après-midi par le Président de la République qui lui remettait la plaque de Grand Officier de la Légion d’Honneur, il prenait part à un grand dîner scout et assistait à une soirée donnée par les chefs et cheftaines dans le grand amphithéâtre de la Sorbonne, soirée présidée par M. Lebrun, Président de la République, et au cours de laquelle des groupes d’Eclaireuses, d’ Eclaireurs et de Routiers rivalisèrent d’entrain et de gaîté en présentant des danses et des chants tout comme s’il se fût agi de réjouissances autour d’un feu de camp. Plusieurs discours furent prononcés, dont l’un par M. de Witt-Guizot, président des E.U., rappela avec beaucoup de force et d’indépendance la position religieuse du Mouvement des Eclaireurs Unionistes.

Baden-Powell, en uniforme de scout, les genoux nus, le corps droit, la parole assurée malgré ses quatre-vingt ans, constata avec joie et humour la valeur de l’œuvre scout en France au milieu de l’immense armée de tous les Scouts et Eclaireuses du monde qui compte plus de 4 millions de jeunes gens et jeunes filles.

M. Berthier, président des Eclaireurs de France, parla des rapports de plus en plus confiants entre les Eclaireurs et l’Université de France ; enfin, les Ministres présents tentèrent, avec des bonheurs divers, de mettre leurs habits noirs en harmonie avec les uniformes Eclaireurs et leurs discours officiels au niveau de la parole scoute.

Le lendemain dimanche 13 décembre, les E.U. avaient préparé à l’Eglise de l’Oratoire un culte en l’honneur de nos hôtes. B.P. ne pouvant s’y rendre, en raison de la fatigue que lui inspirait le programme très chargé de sa visite à Paris, était représenté par Lady Baden-Powell, cheftaine des Eclaireuses et des Guides du Monde entier. Notre sanctuaire était plein dès 8h30 d’Eclaireurs et d’Eclaireuses en uniforme et on avait de la peine à découvrir, dans cette foule bigarrée, un habit civil. A 9 heures, le pasteur A.N. Bertrand, vice-président des E.U., qui porte sur sa robe l’insigne jubilaire du Mouvement, sort de la sacristie suivi de Lady Baden-Powell, de M. de Witt-Guizot, des délégations des autres associations de scoutisme et de nombreux commissaires, et solennellement, toutes ces personnes prennent place en face de la chaire.

Une liturgie admirablement adaptée à la cérémonie est dite par le pasteur A.N Bertrand, assisté du commissaire national Jean Gastambide et du commissaire André Bertrand. Des chants s’élèvent choisis parmi les cantiques éclaireurs et que toute l’assemblée chante avec entrain. Puis, c’est dans une atmosphère de véritable émotion que notre pasteur monte en chaire pour adresser à son auditoire quelques mots trouvés sous le regard de Dieu dans sa profonde connaissance de l’âme des jeunes et dits avec l’accent dont il a le secret.

Son texte choisi au chapitre IV de Saint-Jean : « Ne dites-vous pas qu’il y a encore quatre mois avant la moisson ? Eh bien, je vous dis : levez les yeux et regardez ! Les champs déjà blanchissent pour la moisson », lui fournit l’occasion d’un hymne à la jeunesse et à l’espérance qu’elle renferme.

Sur une bénédiction qui réunit sous le même geste et le même verbe nos hôtes et toutes les associations du scoutisme, le culte se termine.

Nous savons qu’il a laissé une profonde impression à tous les assistants et notamment à Lady Baden-Powell et aux commissaires délégués par les autres associations.

Le séjour de Lord et Lady Baden-Powell se termine dans l’après -midi de ce dimanche par une prise de contact entre eux et toutes les meutes, troupes, sections, équipes et clans de paris et de la région parisienne et par des délégations des unités de province réunis dans le Parc des Expositions de la porte de Versailles.

B.P. passe en revue chacune des associations à tour de rôle, puis tous ces enfants, jeunes gens et jeunes filles, se rassemblent au flanc et au pied de la colline qui domine le parc : peut-être sont-ils 20 000 ! Il semble en tout cas que c’est à un petit peuple que B.P. et Lady Baden-Powell s’adressent du haut de la colline pour un merci, un encouragement, un adieu.

Et dans le soir qui tombe on a l’impression réconfortante que l’homme soutenu par Dieu, peut encore, malgré les troubles de l’heure, élever son âme, marquer une espérance. »

II – La période de la guerre

1939 – Année de transition

Les rubriques de la Feuille rose pendant cette année ne reflètent pas particulièrement de dégradation de la situation.

Le n° de février, donne le programme des sorties pour toutes les unités et annonce la fête de groupe annuelle pour le 5 février, salle de la société d’Horticulture, au 84 rue de Grenelle.

En mars, la meute d’Oratoire I annonce que le conseil des sizeniers et sous-sizeniers aura désormais lieu le 1er jeudi du mois de 18h à 18h30, celle d’Oratoire II annonce une sortie le dimanche 19 à Chaville-Vélizy, quant aux Petites Ailes, les Plumes Noires sortiront le dimanche 26 mars. Elles sont priées d’emporter leur déjeuner et leur goûter. Les sections d’éclaireuses quant à elles iront à Achères.

En juin, L’émission scoute de Radio-Paris, sera assurée par l’envolée des Petites-Ailes de l’Oratoire.

Les conseillers de groupe rappellent :

1° à tous les chefs et cheftaines que la réunion religieuse organisée à leur intention aura lieu le 6 juin à 20h45, 4 rue de l’Oratoire.

2° que le culte de jeunesse a lieu le 26 juin et que tous les membres du groupe de scoutisme y sont cordialement invités. Des places leur seront réservées. Ils sont priés de venir en tenue. Les familles qui s’intéressent au scoutisme sont prévenues qu’il existe désormais à l’Oratoire une Meute de louveteaux dont les sorties ont lieu le Dimanche et non le Jeudi. Les parents qui désireraient cependant faire garder leurs enfants le jeudi, peuvent s’adresser à Mlle Hélène Monteil, cheftaine d’Oratoire III (La Clairière).

A partir de cette date, les informations se raréfient et changent de nature. En Octobre, un petit billet, que nous avons évoqué parle de la dispersion des groupes, sans que toutefois ils soient réduits à néant. Les unités de garçons et de filles, sont concentrées respectivement en une seule troupe et une seule section d’éclaireuses. Les louveteaux sortent désormais avec ceux de l’Union Chrétienne, quant aux Petites Ailes, elles sont supprimées.

La première citation à l’ordre de l’Armée

C’est le n° de Novembre qui l’annonce. Elle a été accordée au maréchal des logis Max Olivier, routier de l’Oratoire, et gendre du pasteur Vergara. A titre exceptionnelle, la Feuille Rose en publie le texte, car c’est une des premières citations délivrée depuis le début des hostilités :

« Faisant parti d’un poste avancé, soumis depuis deux jours à des bombardements systématiques de l’ennemi, a, par son énergie, maintenu et élevé le moral de ses hommes, malgré leur fatigue extrême. – Le 18 octobre, son poste étant attaqué par un adversaire très supérieur en nombre, et menacé d’être entouré, à, en l’absence du chef de poste parti en liaison, tenu tête à l’ennemi et a été l’âme de la résistance. »

La Feuille Rose poursuit en ajoutant que « Max Olivier est actuellement à l’hôpital, ayant fait une chute grave, en emportant sur son dos, sous un violent feu de mitrailleuse, un camarade blessé.

1940 : année de l’interdiction du scoutisme

Une dernière fête de groupe, eut lieu rue de Trévise, le dimanche 10 mars. Fête étrange et mélancolique.

« Nos éclaireurs et éclaireuses ont convié, comme chaque année, les amis de notre groupe local de scoutisme à un après-midi qui a eu lieu, le dimanche 10 mars, à l’Union Chrétienne de jeunes gens, rue de Trévise.

« Comme chaque année », est une expression tout-à-fait inexacte, car nous étions loin des « fêtes » joyeuses que nous avons connues jadis. Une poignante mélancolie planait sur toute cette jeunesse dont les aînés sont partis, dont beaucoup vont partir encore. Le Conseiller de groupes’était soustrait quelques instants à ses devoirs militaires pour se trouver au milieu de ses jeunes amis, et c’est en tenue de capitaine de chasseurs qu’il s’est adressé à ses jeunes camarades et à leurs familles.

Le programme était bien dans l’esprit voulu : surtout des scènes de la vie de camp, des champs éclaireurs ; pas de gaité bruyante ; la joie de servir et d’être prêt, et le regard tourné vers les grands devoirs de l’heure. »

Dans son rapport moral à l’Assemblée générale d’avril 1940, le pasteur A.N. Bertrand, après avoir rappelé qu’en 1939, l’Oratoire avait dépassé 200 élèves dans les deux écoles du Dimanche et du Jeudi, et que 35 catéchumènes avaient été reçus dans l’Eglise, évoquait en ces termes les groupes scouts :

« Nos groupes de scoutisme enfin, repris en main par le pasteur Vidal, étaient fortement attachés à l’Eglise par des liens de l’affection et de la sollicitude plus encore que par ceux de leur règlements, bien que près de 50% des participants fussent étrangers à la paroisse, au moins par leurs origines. Trois troupes d’Eclaireurs et trois meutes de Louveteaux, trois sections d’Eclaireuses et une envolée de Petites Ailes, deux sections d’Eclaireuses aînées et trois équipes de Routiers dont chacune avait pour Conseiller d’Equipe, un diacre de l’Eglise, tel était le bilan de notre activité dans ce domaine. »

L’interdiction du scoutisme en France fut décrétée le 16 juillet 1940.

La Feuille Rose, ne rapporte plus d’informations sur ses anciens mouvements. En décembre 1940, on retrouve une mention d’activité à propos des routiers, qui ont continué à rendre service à l’Eglise, mais dans un cadre bien différent de celui qu’ils pratiquaient auparavant : « les routiers de l’oratoire, au temps où leur activité n’était pas interdite ont prêtés une aide efficace à nos diacres pour le service des quêtes, dans le Temple et à la sortie. Douze de nos diacres étant mobilisés, le service aurait été mal assuré sans l’aide de nos jeunes amis, dont quelques-uns ont été d’une grande obligeance et d’une parfaite régularité. Le Conseil presbytéral et le diaconat leur expriment ici publiquement leur reconnaissance. »

Les victimes de la guerre

En janvier 1941, la Feuille Rose publie une liste de paroissiens « Morts pour la France ». Il y a 8 noms. Parmi eux, l’aspirant Olivier Roy, fils du président du groupe local, M. Philippe Roy. Trois mois plus tard, dans son rapport moral à l’Assemblée générale du 30 mars, le pasteur A.N. Bertrand annonce que « dans notre équipe de routiers-chanteurs, l’équipe Bernard Palissy, les 8 membres totalisent 12 citations, avec un tué et un mutilé.

Jusqu’à la fin de la guerre, la Feuille Rose s’espacera, et ne donnera plus d’informations de noms sur les victimes de la paroisse, mais les archives du groupement des anciens éclaireurs et éclaireuses unionistes de France : « Les Tisons » ont conservées les noms de :

Gérard Kast : routier, disparu.

Jean-Pierre Langlois, chef de troupe adjoint : Mort pour la France. (1944)

Jacques-Henri Schloesing : Mort pour la France. (1943)

Philippe Pagezy, chef de clan des routiers

J.P. Monod chef de troupe : blessé.

Jacques-Henri Schlœsing

Jacques-Henri Schlœsing devint chef de troupe à l’Oratoire en 1937. Il arrivait de Mulhouse avec sa famille, car son père le pasteur Emile Schlœsing venait d’être nommé directeur-adjoint de la Société des missions évangéliques de Paris. Après des études secondaires au lycée Carnot, il prépara l’école coloniale et suivit des cours de droit. Le 5 septembre 1939, il devança l’appel et rejoint l’école d’EOR de Laval, où il obtint successivement ses brevets d’observateur et de chef de bord.

Encore à l’école de pilotage durant la campagne de France, Schlœsing se retrouve avec sa formation à Toulouse-Francazal, où il entend la demande d’armistice du maréchal Pétain le 17 juin. Décidant immédiatement de quitter le pays, il embarqua le 22 juin à bord d’un « Caudron Goéland pour l’Angleterre. Il y retrouva ses deux frères Olivier et François ainsi que sa mère, qui avaient quitté la France de leur côté à bord d’un cargo, à Sète, transportant des aviateurs tchèques. Son père, lui aussi engagé volontaire à la déclaration de la guerre, avait été fait prisonnier avec sa division dans les combats du Donon et ne sera libéré qu’en 1941 (date à laquelle il est nommé directeur de la Société des missions évangéliques de Paris.)

Intégré aux Forces aériennes françaises libres, il subit un long entraînement au pilotage avant d’être affecté dans deux unités britanniques. Promu sous-lieutenant, il rejoint en novembre 1941, le groupe de chasse Île-de-France.

Le 10 avril 1942, il subit son baptême du feu sur Spitfire V lors d’une mission au-dessus des côtes françaises. Promu capitaine en octobre 1942, il prend la tête du groupe.

Le 13 février 1943, lors d’un combat au-dessus de la Somme, il est abattu par quatre Fw 190.Gravement brûlé au visage et aux mains, il parvient à s’extraire de son appareil en flammes et à actionner son parachute. Pendant plusieurs jours il échappe aux patrouilles allemandes, avec l’aide de fermiers. Caché et soigné par la population, il regagne Paris où une famille – qui travaille avec le réseau d’évasion « Comète » – l’héberge et le soigne pendant deux mois. En juin 1943, il rejoint l’Angleterre, via l’Espagne. Promu commandant, il est hospitalisé. Après huit opérations successives et de longs mois de convalescence, il obtient en mai 1944 de retrouver le service actif et rejoint son groupe le 6 juin 1944 pour participer aux opérations de débarquement de Normandie.

Le 22 août1944, il prend la tête du groupe de chasse Alsace, basé dans la région de Caen et reçoit la croix de la Libération. Le 26 août, au cours d’une patrouille au nord de Rouen, il est abattu au-dessus de Beauvoir-en-Lyons, où il est inhumé. Il avait effectué 148 heures de vol de guerre et 85 missions offensives.

Le 27 novembre 1964, la rue des Réservoirs, dans le 16e arrondissement de Paris, a été rebaptisée rue du commandant Schlœsing en son honneur.

Réorganisation de la jeunesse

Le scoutisme étant interdit, ce sont les paroisses qui ont dû mettre sur pied des activités pour leur jeunesse. Le pasteur A.N. Bertrand, dans son rapport moral de l’assemblée générale du 30 mars 1941, s’étend longuement sur le sujet :

« Nos Unions chrétiennes, sans avoir connu la même croissance réunissaient des jeunes gens et des jeunes filles pleins de ferveur et qui entretenaient des relations fraternelles avec les groupes analogues des autres paroisses. Tout cela a été biffé d’un trait de plume, et nous avons eu garde de pousser nos jeunes à s’organiser de façon plus ou moins clandestine. Ce n’eût pas été seulement une éducation détestable, en contradiction avec l’article essentiel de la loi scoute : un Eclaireur est loyal. A la rentrée d’Octobre, le scoutisme unioniste, et notamment les troupes et sections de l’oratoire, n’a donc pas repris son activité. Nous espérons que cette interruption sera de courte durée, et que les uniformes n’auront pas le temps de devenir trop petits ; mais l’interruption est réelle et elle est infiniment douloureuse. »

« Pouvions-nous laisser dans la rue les enfants ainsi abandonnés – à regret – par le scoutisme ? Ni l’Oratoire, ni les Eglises réformées dans leur ensemble, ne l’ont pensé. L’Eglise a donc elle-même pris en main sa jeunesse, elle a créé des groupes de « cadets », de « jeunes » et d « aînés » pour les enfants et la jeunesse, tant masculine que féminine ; et à l’Oratoire, ces groupes s’organisent non sans difficulté. Mais le nombre de nos pupilles comme celui de nos moniteurs est loin de ce qu’était le nombre des E.U. et des chefs ; les méthodes sont différentes aussi, plus austères peut-être moins spontanées, moins vivantes ; toute fois nous nous efforçons de conserver les valeurs pédagogiques que représentaient les mouvements supprimés. » Le pasteur Bertrand ajoutait que cette nouvelle organisation amenait un rapprochement plus étroit entre tous les groupes de jeunes autrefois répartis entre mouvement scouts et mouvements unionistes.

Concrètement, trois groupes furent constitués :

L’un, LE GROUPE A, ne comporte qu’une section d’aînés. Il a recueilli les membres de l’Union chrétienne paroissiale, et son activité est centrée sur des cours d’instruction religieuse supérieure.

LE GROUPE B, est beaucoup plus nombreux, puisqu’il incorpore dans sa nouvelle organisation les membres qui appartenaient aux formations du scoutisme. Sa direction générale est confiée à M. Jacques Blanc, l’ancien chef, conseillé de groupe. Il comprend les trois sections : cadets, jeunes et aînés.

LE GROUPE FEMININ, est un groupe d’aînées dirigé par Mlle Chefneux et Mlle Marie-Louise Girod. Il se réunit toutes les semaines. Il s’est attaché particulièrement à l’étude de la Bible et présente deux particularités.

La première est qu’il est fréquenté par des jeunes filles qui, non seulement sont étrangères à la paroisse, mais appartiennent à des groupements non protestants.

La deuxième c’est que chacune des jeunes filles qui le composent, dans le milieu où s’exerce son activité ordinaire, a créé un nouveau foyer de vie morale et spirituelle, « une sorte de filiale » où se répercute et multiplie l’action de la cellule mère.

Quelles étaient les activités des jeunes du groupe B ?

Les cadettes – les anciennes P.A – se retrouvent aux Tuileries et quand il fait beau au parc de Saint-Cloud, tous les jeudis pour danser des rondes folles de nains, d’elfes et de lutins, autour de Blanche Neige, sous la direction de Mlle Belugou.

Les garçons de 12 à 16 ans – les anciens Eclaireurs- sous la conduite de trois responsables, « nos amis » Postel, Cerquant et Durand, ont formé trois équipes de « menuisiers », « d’électriciens » et de « constructeurs de maquettes »

Les cadets – les anciens louveteaux – sous la direction de Mlle Wacogne et de son adjointe Mlle Monteil se passionnaient pour les romans de chevalerie du Moyen-âge. Ils avaient formé 6 équipes « comprenant chacune un écuyer, qui a déjà fait ses preuves, et qui garde sous sa protection deux ou trois pages aspirant à devenir à leur tour écuyers. » « L’ambition de tout ce petit monde est d’atteindre à la chevalerie ».

Pendant toute la période de l’occupation, les jeunes ont continué à camper. Le pasteur Vidal dans une communication particulière sur la jeunesse, faite à l’Assemblée générale de mars 1941, divulgue un secret de polichinelle que les jeunes étaient censés ignorés : « un camp de pâques aura lieu aux environs de Pithiviers, dans une propriété privée et offrira aux familles toutes les garanties possibles pour ce qui est de la sécurité, du confort et du ravitaillement ».

Pour des raisons évidentes, la Feuille Rose ne rapporte plus aucune information sur les camps.

Un témoignage nous a été laissé par Mme Jacqueline Blanc, dans des souvenirs qu’elle nous avait adressés en mars 2007. « Pendant la guerre, sous l’occupation, avec les jeunes du groupe B, nous avons campé  (en été) à Vadré dans la Sarthe, dans un vaste domaine prêté par une comtesse. J’avais déjà 6 enfants et j’étais responsable du ravitaillement.

« Les éclaireurs avaient planté leurs tentes dans les bois. Les louveteaux habitaient les petites maisons. Pour moi, responsable du ravitaillement une maison à l’écart où logeaient aussi mes trois filles.

Les parents un peu inquiets à cause des restrictions pour vêtements ou chaussures « avec tickets », et des cartes d’alimentation pour certaines denrées, ont pu être aidées grâce à Philippe Roy, membre important de l’Oratoire qui avait une entreprise de textile (rue des Jeûneurs), et qui nous a fourni un tissu en coton bleu marine, dont nous avons reçu de grands métrages. Nous avons pu trouver dans le quartier plusieurs couturières qui se sont réparti la tâche et ont confectionné une chemise et un short pour chaque campeur. Sur les chemises était cousu un écusson triangulaire des UCJG. Le marchand de chaussures à l’angle de la rue de l’Oratoire a été sollicité, et en fouillant dans ses réserves a trouvé beaucoup de sandales variées.

Tout est prêt, le camp s’ouvre avec son encadrement. Jacques, mon mari, prend la direction générale de l’ensemble, les chefs et cheftaines gardent leurs unités (mes trois filles y sont intégrées).

Le gros travail pour moi était de classer les tickets d’alimentation, mais surtout de faire des allées et venues à bicyclette pour trouver les commerçants et les fermes pour se ravitailler et assurer les repas d’environ 80 personnes.

Tous les habitants de la région voulaient nourrir « ces pauvres petits parisiens » et ont été très généreux (un grand bidon de lait chaque jour, des œufs, du beurre, grande jatte de crème etc.) Notre cuisinier était Fred Mahler que j’avais connu à Passy.

Les programmes se sont déroulés normalement (cultes réguliers, jeux, travaux, manœuvres et même « lever des couleurs » totalement interdit par les occupants). Nous avions invité les habitants du voisinage, avec un goûter et des numéros joués par les campeurs. La comtesse était présente.

Le camp s’est bien terminé et chaque campeur a pu mettre dans son sac une ½ livre de beurre pour sa famille.

Il y eut l’année suivante un même camp, mais nous avions quitté la région parisienne pour l’Allier où Jacques a rejoint les « Chantiers de jeunesse ». Par la suite, il est entré aux « Compagnons de France » et nous avons habité Tarbes où il a fait partie d’un groupe de résistance « Corps francs Pommiès » tout en occupant un poste fantoche d’enseignant dans un collège technique.

Période pénible, inquiétude constante, bombardements, sirènes, parachutages. Mon dernier fils Gérard est né à Tarbes le jour de la Libération. »

L’aide aux enfants juifs

Bien évidemment ce n’est pas dans les Feuilles Roses de l’époque que l’on peut trouver la moindre information. Mais on dispose de quelques témoignages sur la participation d’anciennes cheftaines de l’Oratoire sur la chaîne de solidarité mis en place à l’instigation du pasteur Vergara, à la Clairière.

« L’opération commença le dimanche 12 février 1943, à l’Eglise de l’Oratoire du Louvre, par un appel en chaire du pasteur Vergara qui demandait à des paroissiens de bonne volonté de se mettre en relation avec mademoiselle Guillemot qui leur donnerait les indications utiles. Celle-ci remit à chacun de ceux qui se présentèrent à elle une fiche imprimée autorisant la sortie régulière d’un ou plusieurs pensionnaires des foyers Lamark ou Guy Patin. C’est ainsi que se présentèrent une quarantaine de personnes offrant d’emmener en promenade 63 enfants. Au soir du 16 février, ils se retrouvèrent à la Clairière pour une distribution de colis de la Croix-Rouge. Ils couchèrent la nuit dans les locaux, à même le sol ou sur des bancs. Le lendemain, on leur fournit de fausses identités. Convoyés par Eclaireuses Aînées de l’Oratoire, les enfants furent, individuellement ou par petits groupes, mis à l’abri en banlieue ou en province.

Parmi les indications qui nous ont été communiquées une des cheftaines de l’époque, Marie-Louise Girod, qui était déjà une des organistes de l’Oratoire, cacha 15 juifs dans le buffet de l’orgue.

Geneviève Magueritte, était devenue éclaireuse en 1937 dans la section d’éclaireuses de la Clairière : Oratoire III. (Son totem était peuplier) Elle avait comme cheftaine Marie-Louise Girod (dont le totem était Do dièse) et Simone Chefneux (dont le totem était Buck). Pendant la guerre, elle devint cheftaine elle-même, de ce groupe qui comprenait une vingtaine de jeunes filles modestes dont plusieurs étaient juives.

Une autre cheftaine de l’époque, Christiane Polex (née Dubost), parlant de la rafle du Vel d’Hiv, et du port de l’étoile jaune pour les juifs, raconte : « Dans notre branche féminine de l’Oratoire nous avions cinq jeunes israélites : P’tit Rat, Diplo, Ourson, Porcinet, Judith. Notre petit acte de résistance était de monter avec elles dans le dernier wagon du métro. P’tit rat était une de mes meilleures amies. Un dimanche, en revenant de la forêt d’Achères, j’avais froid dans le train et tout naturellement, j’ai enfilé sa veste qui portait l’étoile jaune ! A l’arrivée à la gare St Lazare, un groupe d’officiers allemands surveillait les gens qui descendaient des trains. L’un d’eux m’a fusillé du regard et je n’ai pas compris pourquoi sur le moment, mais je peux vous assurer que soixante ans après, ce regard chargé de haine me hante encore. « P’tit Rat » après juin 1942, est partie en zone libre avec sa famille, mais en 1944 elle a été prise dans un train en allant voir son frère hospitalisé à Lyon. Elle a été une des dernières à périr dans une chambre à gaz. C’est le pasteur Vidal qui a appris son arrestation, il savait que nous étions amies intimes. »

La Résistance

Pas plus que pour l’aide aux enfants juifs, il n’est parlé de l’entrée dans des réseaux de résistance d’un certain nombre de chefs de troupe ou de routiers. Jacques Poujol, toujours dans ses souvenirs (lire ici), nous raconte qu’il entra en contact avec le réseau « Front national des étudiants » en 1941 grâce à un de ses condisciple du lycée Henri IV, Pierre Kast qui devait devenir après la guerre cinéaste, et dont le frère Gérard qui était routier à l’Oratoire, fut porté disparu.

Il évoque un autre souvenir illustrant les engagements antagonistes des routiers.

« Mais il y a un garçon que je souhaite évoquer entre tous parce qu’il occupe dans ma mémoire une place très particulière. Il est toujours de ce monde et je le rencontre quelquefois à la bibliothèque de la SHPF. Je vais l’évoquer sans le nommer selon une habitude contractée après la guerre et que je ne veux pas enfreindre sans son accord. Pendant la guerre, nous n’étions pas du même bord. Quand je vins le démarcher en 1942 pour le faire entrer dans un mouvement de résistance (comme je l’avais fait avec plusieurs autres anciens de l’Oratoire II), il m’écouta d’abord en souriant puis me déclara qu’il était pour le Maréchal, qu’il allait entrer dans les rangs de la Milice, que cet engagement était dans la ligne des convictions monarchistes qui avaient toujours été les siennes. Par la suite, il est entré dans la Légion antibolchévique qui a combattu du côté allemand sur le front russe où il a eu les pieds gelés. Il n’est sorti de cette aventure que par miracle. Aujourd’hui ses convictions sont les mêmes qu’autrefois et il me le fait bien sentir quand nous nous rencontrons. Mais notre attachement à l’Oratoire II est toujours aussi le même.

Le rapport moral du pasteur A.N. Bertrand lors de l’assemblée générale du 19 mars 1944

Pour la première fois depuis 1941, le pasteur Bertrand peut faire le point de la jeunesse à l’Oratoire.

« Depuis l’interdiction du scoutisme en zone Nord, pour ne pas laisser les jeunes à l’abandon, les Eglises ont dû créer des groupes paroissiaux, d’ailleurs fédérés pour la 3e région synodale sous la présidence de M. le pasteur Vidal, et pour l’ensemble de la zone nord sous la présidence de M. le pasteur Pont, de Plaisance. On a beaucoup dit au début que ces groupes paroissiaux seraient, par définition, en liaison beaucoup plus étroite avec la paroisse que les mouvements de jadis. A vrai dire, les relations étaient si bonnes, à l’Oratoire, entre l’Eglise et les mouvements, que nous n’y avons pas trouvé grande différence. Nos groupes de Cadets et Cadettes, Jeunes et Aînés, sont en pleine voie de prospérité, surtout parmi les aînés qui ont vraiment une belle ambition spirituelle et parviennent en grande partie à la réaliser.

Notre jeunesse organisée compte 232 unités, dont 23 assurent la direction des 10 groupes. Ce total se décompose ainsi : un groupe mixte d’aînés comprenant une trentaine de membres ; puis tant du côté féminin que du côté masculin, les groupes de cadets, de jeunes et d’aînés. Les garçons sont un peu plus nombreux à l’échelon « cadets » (26 contre 19), à peu près à égalité à l’échelon « jeunes » (37 contre 43), et beaucoup moins nombreux à l’échelon « aînés », puisqu’ils ne sont que 15 contre 31. On ne comprend que trop pourquoi il y a moins de jeunes gens que de jeunes filles dans les groupes où l’on s’inscrit entre 18 et 25 ans. »

La Libération

La Libération de Paris avait à peine eut lieu, que des initiatives se font jour. Le dimanche 22 février 1945, les Groupes de jeunesse donnent au Palais de la Mutualité une fête très réussie. « Avec ses 2500 places, la grande salle était terriblement impressionnante, et chacun s’étonnait, disant, selon son tempérament : « Ils sont fous ! Comment espèrent-ils remplir cela ? » Ou bien : « Ils ont du cran, mais un peu trop ! » Mais « cela » a été rempli d’une foule d’amis, et chacun des présents a emporté une impression de vie, d’entrain et de saine gaîté.

Ne nommons personne, mais disons à tous : Bravo et Merci !

Le rapport moral de l’AG de mars1945 contient un vibrant appel aux familles pour qu’elles fassent revenir leurs enfants, surtout les petits, dans les unités reconstituées. Mais il semble qu’il faille les remobiliser, et leur rappeler tout ce que la pédagogie du scoutisme peut apporter aux enfants. La guerre a laissé des traces. On hésite à confier les jeunes qu’on préfère garder à la maison, aux groupes de jeunesses de l’Eglise ; une certaine méconnaissance s’est installée. Les pasteurs doivent déployer tous leurs efforts pour répondre aux objections, voir aux critiques de certains parents.

« Notre groupe local comptait à la fin de 1944, environ 250 membres. L’union chrétienne réunit 25 jeunes hommes et jeunes filles. Le clan des routiers a dû se subdiviser en quatre équipes. Les éclaireuses aînées n’en comptent que deux, mais plus nombreuses. Depuis octobre, les éclaireurs forment deux troupes, les éclaireuses deux compagnies auxquelles il faut ajouter une compagnie de « la Clairière ». Enfin les moins de 12 ans sont groupés dans une meute de louveteaux et une envolée de petites ailes. Ces deux dernières formations sont celles qui se ressentent le plus du fléchissement numérique produit par la guerre dans nos mouvements de jeunesse. Ce fléchissement s’expliquait, en particulier aux derniers mois de l’occupation, où les sorties et les camps pouvaient comporter quelques dangers, mais il ne se justifie plus aujourd’hui, et nous espérons que les familles n’hésiteront pas à confier les enfants à nos cheftaines. Nous ne saurions trop attirer leur attention sur l’importance d’une loi et les bienfaits d’une méthode qui, adaptés à l’âge et à l’esprit des jeunes, les placent devant un idéal simple et précis, et orientent et disciplinent leur vie. »

« Quelques-uns d’entre vous déplorent il est vrai, que cette éducation n’ait pas de répercussion plus sensible dans la vie familiale. Nous leur dirons que nous avons entendus d’autres plaintes, beaucoup plus graves, concernant les enfants qui ne fréquentent pas nos groupes.

D’autres reprochent au scoutisme, en particulier, de briser l’unité du foyer et de favoriser les goûts d’indépendance qui n’ont déjà que trop de tendance naturelle à se manifester. Mais parfois nos enfants nous échappent d’autant plus que nous prétendons les garder d’avantage sous nos yeux, et il nous faut comprendre qu’il est des heures, dans la vie d nos jeunes, où l’action d’un milieu autre que celui de la famille, l’influence des compagnons du même âge sont plus importantes et plus décisives que celles des parents les plus attentionnés. »

III – De l’après guerre aux années  post-1968

La première bonne nouvelle est l’arrivée dans la paroisse de Monsieur Guérin-Desjardins, l’ancien commissaire national des E.U. Le conseil presbytéral du 9 décembre 1946, lui propose immédiatement les fonctions de Délégué de la Jeunesse. Les premières tâches auxquelles il va être confronté sont celles de la recherche de locaux, la recherche de chefs et cheftaines pour encadrer les effectifs qui ne vont cesser de croître, et les ressources correspondantes.

Le problème des locaux et de l’encadrement va devenir récurrent tout au long des années à venir

Mai 1947 : Les Louveteaux de l’Oratoire en difficulté !

« A côté de la Meute de louveteaux de la Clairière qui groupe sous la direction dévouée de Mlles Vassilef et Zadhikian, une quinzaine de garçons, la Meute de l’Oratoire compte 35 inscrits environ. Elle traverse actuellement une période extrêmement difficile du fait de la carence progressive de ses cadres. C’est faute d’un nombre suffisant de cheftaines que nos louveteaux n’ont pas pu camper l’été dernier et ne camperont en tout cas pas cette année ; des louveteaux qui ne campent jamais (il s’agit de camps dans une maison) ne sont pas de vrais louveteaux.

C’est faute de cadres également qu’il a été impossible de dédoubler la meute déjà trop nombreuse dont le recrutement a dû être arrêté. Et le pasteur de poursuivre cette constatation en lançant un appel qui peut nous paraître aujourd’hui bien ingénu :

« Ne se trouve-t-il donc pas parmi les nombreuses lectrices de ce bulletin de jeunes filles de 17 ans au moins aimant les enfants, capables de jouer au ballon et de courir un peu, curieuses d’expérimenter le merveilleux système éducatif mis au point sous le nom de louvetisme par lord Baden-Powell et par des femmes de la valeur de Vera Barclay ? Quelle meilleure préparation peuvent-elles espérer à leur future mission de mère de famille ? Quelle meilleure source de joie que la saine fatigue d’une après- midi bien remplie ? »

« Certes pour bien des jeunes filles de notre paroisse, le travail au foyer est plus absorbant qu’avant 1939. Il faut rattraper les années d’étude perdues du fait de la guerre. Il faut vite gagner sa vie Mais aussi, faut-il l’avouer ? Combien de familles où l’on est heureux de voir de jeunes garçons turbulents partir à leur réunion de meute et où l’on préfère, un peu égoïstement, que leur sœur aînée reste à la maison. Une jeune fille sort-elle de son rôle en s’occupant d’enfants, fussent-ils ceux des autres ?

Jeunes filles, trente garçons pleins de vie et d’entrain attendent que vous veniez jouer avec eux et leur raconter les merveilleuses « Histoires de la Jungle » faut-il les renvoyer chez eux, ou vous joindrez-vous à nous dès cette semaine ? »

La saga de la recherche d’un local

Après la guerre, les scouts ne disposaient plus du local de la rue des Jeuneurs situé près de la Clairière. Il fallut donc rechercher des locaux pour abriter 250 jeunes, sans compter les 19 chefs et cheftaines. Cette recherche va prendre plus de dix ans et mobiliser désespérément les énergies des responsables de la jeunesse, ainsi que celle des pasteurs.

Au Conseil presbytéral de décembre 1947, monsieur Guérin-Desjardins indique que le local qu’il croyait avoir trouvé pour les jeunes ne peut être retenu. En février 1948, rien n’est encore trouvé, mais on étudie la possibilité de monter un ou deux baraquements sur un terrain mis à « notre disposition » pour deux ans par M. Valdemar Monod à Neuilly. La question de l’achat de ces baraquements va être poursuivie. En décembre 1948, Mr Guérin-Desjardins est prié de faire une enquête très approfondie sur les deux possibilités qui s’offrent à l’Eglise d’avoir un local pour ses Jeunes : soit la location d’une ancienne salle d’Evangélisation près de la Chapelle Milton. Mars 1949, M. Guérin-Desjardins, fait un exposé du projet de construction d’une maison de jeunes à Neuilly. La dépense prévue est de 2.300.000 francs, sans compter les accessoires et aménagements intérieurs. Le conseil donne son accord de principe et prie M. Guérin-Desjardins de poursuivre son étude. Mai 1949, le Président du Conseil de la jeunesse fait part de ses pourparlers avec la Préfecture de la Seine, par l’entremise de M. le docteur Robert Monod, au sujet de l’immeuble de la rue Saint-Jacques qui avait déjà été signalé. Il y a cependant peu d’espoir d’aboutir de ce côté. Juillet-Août 1949, M. Guérin-Desjardins rend compte au Conseil de l’état de la question de la Maison des Jeunes. La préfecture de la Seine a accepté de mettre à notre disposition les deux boutiques de la rue Saint-Jacques. Une étude approfondie sera faite par M. Guérin-Desjardins pour chiffrer les dépenses à envisager pour aménager à la fois ces boutiques, et différents locaux responsables dans notre sanctuaire.

Décembre 1949, M. Guérin-Desjardins, met le Conseil au courant de la question de la Maison des Jeunes. Des travaux – sur un projet de 212 000 francs – sont entrepris pour mettre en état les deux boutiques de la rue Saint-Jacques qui nous sont louées par la Ville de Paris. Ces salles nouvelles seraient réservées aux éclaireuses. Les louveteaux utiliseraient la salle haute, les Petites ailes la bibliothèque. Il n’y a toujours rien pour les éclaireurs. Juillet-août 1950, M. le Président rend compte au Conseil de l’inauguration du local de la rue Saint-Jacques pour les éclaireuses. Une très simple cérémonie a eu lieu, présidée par M. Guérin-Desjardins. Mme Bénignus a remis les clefs aux cheftaines. M. Vidal a présidé un culte très simple.

L’histoire de la recherche de locaux n’est pas finie !, voilà qu’en mai 1951 arrive une nouvelle proposition que la Feuille Rose annonce en caractères gras sous ce titre :

Une généreuse initiative

Une amie éprouvée de notre Eglise – qui désire rester anonyme – nous a fait savoir qu’elle serait disposée à verser une somme d’un million de francs, à la condition d’être suivie par d’autres donateurs, pour la constitution d’un fonds spécial destiné à l’acquisition ou à la construction d’un local pouvant abriter les formations de jeunesse de l’Oratoire. Nous espérons que cette très généreuse initiative, qui répond à l’une de nos principales préoccupations, ne restera pas sans écho.

Il semble bien que cette proposition soit restée sans écho, car il n’en a jamais été reparlé par la suite.

En janvier 1956, nouvel appel, cette fois sous forme d’encadré :

L’ORATOIRE CHERCHE TOUJOURS

UNE

MAISON DE JEUNESSE

Nous demandons à tous les généreux paroissiens et amis de ne

pas cesser leurs recherches et de signaler immédiatement

Tout immeuble susceptible d’être acheté.

Deux ans plus tard, en janvier 1958 nouvel appel qui annonce peut-être une nouvelle stratégie :

Maison de l’Oratoire

Nous serons reconnaissant à toutes les personnes qui ont bien voulu nous promettre une souscription pour l’achat d’une maison de jeunesse de bien vouloir conserver cette souscription à l’aménagement de la Maison de l’Oratoire, et de la faire parvenir le plus tôt possible à notre trésorier.

Cet aménagement, avec les déplacements qu’il comporte, ne nous coûte pas moins chère que l’achat naguère envisagé. D’autre part, la caisse de l’Eglise a dû pour la libération de nos locaux, faire des avances très importantes qui la laisseront dans une situation très difficile, si ces avances ne sont pas remboursées.

Il va sans dire que si quelques personnes seulement ont été sollicitées directement, c’est l’Eglise tout entière qui s’est engagée dans cet effort.

Nous adressons à tous un pressant appel. C’est l’avenir de l’Oratoire qui est en jeu. Voulons-nous qu’il vive ?

Mais dans l’attente de cette réalisation, les groupes de jeunes sont installés au Ier étage de la maison presbytérale : l’équipe de routiers dans la salle des archives ; une compagnie d’éclaireuses dans les bureaux naguère occupés par les secrétaires du Consistoire ; une meute de louveteaux dans les bureaux occupés par le Président et le secrétaire général du Consistoire. Ces affectations sont provisoires. Les autres mouvements s’installeront à mesure que seront effectués les travaux d’aménagement.

Deux ans plus tard, en janvier 1960, petit entrefilet annonçant « que les réparations sont terminées au moment de la parution de ce compte-rendu. La construction du bâtiment qui s’élèvera dans la cour et doit abriter les éclaireurs est en cours.

Ajoutons qu’en raison de l’importance du groupe local de l’Oratoire, le siège de la Province d’Ile de France, en 1966 fut installé dans les locaux du 4 rue de l’Oratoire sous la direction du commissaire Provincial Pierre Morley, il ne put rester très longtemps, à cause du manque de locaux et dut être transféré dans la paroisse de Batignolles.

Les efforts acharnés des pasteurs pour trouver des chefs

En mars 1948, les effectifs se sont regonflés et atteignent 250 membres et 19 chefs et cheftaines. Il y a, chez les filles : une envolée de Petites Ailes, deux compagnies d’Eclaireuses, une équipe d’Eclaireuses ainées. Chez les garçons : une meute de Louveteaux trop nombreuse, mais qu’on ne peut dédoubler par manque de cheftaines, deux troupes d’Eclaireurs, une équipe de Routiers. La Clairière de son côté a une meute de Louveteaux et une compagnie d’Eclaireuses.

Le rapport moral à l’A.G, constate que l’arrêt de croissance des mouvements de jeunesse a deux causes : La première est l’absence de locaux susceptible d’abriter les groupes. La deuxième est due à la « carence de chefs et de cheftaines qualifiés. L’Oratoire n’est pas à même d’encadrer sa propre jeunesse ! Nous sommes contraints de faire cette constatation humiliante. On attend généralement des grandes Eglises qu’elles fournissent des cadres à leurs sœurs moins favorisées ; or trois de nos chefs nous viennent du dehors, et nous sommes d’autant plus reconnaissants de leur concours ».

Année après année, on va retrouver dans les Feuilles Roses des appels aux jeunes susceptibles d’encadrer « leurs cadets », mais aussi aux familles, appels à la limite du chantage, destinés à leur donner mauvaise conscience de retenir chez elles des fils ou des filles qui pourraient devenir chefs ou cheftaines.

« Que les jeunes, que Dieu appelle à cette tâche magnifique auprès de leurs cadets, ne se laissent pas retenir par d’autres obligations. Que les familles ne les retiennent pas. Il y a de l’existence même d’un mouvement si prometteur. »

Un autre problème, bien difficile à résoudre, est celui du recrutement des chefs et cheftaines. Nos unités pourraient aisément s’élargir et se multiplier si nous trouvions les jeunes gens susceptibles de les diriger. Récemment encore la dissolution d’une de nos troupes d’éclaireurs a dû être envisagée faute de chefs. Il y a là une question posée à l’Eglise, à laquelle elle se doit de répondre. Il n’est pas digne de l’Oratoire de faire appel à des chefs du dehors alors qu’il devrait normalement en fournir lui-même à des Eglises plus déshéritées.Nous savons l’importance des études et la nécessité du travail opiniâtre pour parvenir à se faire une place dans notre société. Nous savons aussi qu’une seule chose est nécessaire et que pour l’avoir méconnue, beaucoup, qui sont peut-être en bonne place ne sont plus des hommes. Quelle tâche magnifique pourtant ! »

« Nos mouvements de jeunesse comptent un quart, peut être un tiers d’enfants non-protestants que leurs parents nous confient à cause du rayonnement de notre Eglise. Faut-il leur dire : « Nous ne pouvons pas nous charger de vous, notre Eglise n’a pas su se former les conducteurs que vous cherchez, capables de vous faire aimer notre esprit, de former vos consciences et vos cœurs ». Alors ils en trouveront d’autres qui les mèneront par d’autres chemins. »

« Donnez-nous vos fils et vos filles pour cette tâche ! Ils n’y perdront rien ou, du moins, les pertes minimes qu’ils pourront faire seront largement compensées par l’acquisition de ces valeurs humaines qui sont aussi celles qui comptent aux yeux de Dieu. » ( Rapport moral du pasteur Vidal)

En 1954, la situation s’est brusquement aggravée. Du fait du manque de cadres, les effectifs sont tombés de 250 à 166. Une nouvelle fois le pasteur Vidal s’interroge sur cette crise de vocations qui n’est pas propre à l’Oratoire, avec une véhémence qui serait difficilement supportée aujourd’hui.

« Cette crise de cadres nous dit-on (et ce n’est pas une consolation) sévit dans tous les mouvements de jeunesse de nos églises. D’où vient-elle ?

« On parle de la désaffection à l’égard du scoutisme qui n’aurait plus pour les jeunes l’attrait de la nouveauté, tandis que celui de l’aventure et du camping lui est offert par d’autres groupements, moins exigeants peut-être en ce qui concerne la qualité de leurs membres et leur conduite. On met encore en avant les études toujours plus absorbantes et qui, plus spécialement pour les jeunes filles, en raison des difficultés de la vie sont devenues bien autre chose qu’un aimable passe-temps. Quelles que soit la valeur de ces raisons, elles n’expliquent pas complètement la carence des chefs dont nous souffrons. Nous sommes bien forcés de constater, chez beaucoup de jeunes gens, une méconnaissance ou un oubli de leurs responsabilités à l’égard de l’église qu’ils se sont engagés à servir. Malheureusement l’attitude de la famille, souvent, vient favoriser cette désaffection

« Que de parents s’étonneraient, s’indigneraient peut-être, de ne pas trouver dans leur église des mouvements de jeunesse bien encadrés auxquels ils puissent confier leurs enfants en toute sécurité, mais qui estiment tout naturel, quand ces enfants grandis abordent les études plus sérieuses, de les retirer de leurs groupes, sans même songer qu’il pourrait être de leur devoir d’apporter à d’autres ce qu’ils ont eux-mêmes reçu. Il faut le dire, quand nous sortons de la petite élite qui forme le noyau vivant de notre communauté, nous avons souvent le sentiment déprimant que ce qui se fait ici est regardé comme une sorte d’activité de luxe à laquelle on peut céder, s’il en reste, le temps, l’argent, les pensées qui n’ont pas été absorbées par les choses que l’on tient pour nécessaires.

« On en vient à considérer tout ce qu’on reçoit dans l’Eglise comme un dû, tout ce qu’on donne comme une grâce, et il arrive que les plus exigeants à son égard soient aussi les moins gracieux.

« A voir la formation morale et spirituelle de la jeunesse si souvent sacrifiée aux exigences des programmes scolaires ou aux arts d’agrément ; à constater que la présence au culte reste subordonnée aux variations de la température ou à l’attrait d’un plaisir, on peut se demander si la participation intermittente à la vie de l’église de certains de ses membres, qu’il s’agisse d’eux-mêmes ou de leurs enfants, n’est pas inspirée moins par le souci de leur âme, que par une sorte de gentillesse, qui veut se rendre agréable ou consent à une faveur. En vérité, Dieu doit se sentir très honoré ! Une heure vient où les diplômes, les situations, les biens qui donnent ici-bas sécurité, prestige et puissance, nous laissent dangereusement démunis et exposés. Car en ce jour-là, notre fidélité sera mesurée à ce que nous aurons dépensé de notre temps, de nos biens, de notre cœur pour le service de Dieu et le service des hommes, et notre infidélité sera mesurée à ce que nous aurons gardé. Alors les richesses acquises seront celles que nous aurons données et le temps gagné celui que nous aurons perdu, à cause du Christ ! »

Mars 1956, c’est le pasteur Lauriol qui a repris le flambeau et s’exprime devant l’assemblée générale avec la même ardeur que son collègue.

« Parlons tout d’abord de ceux de nos jeunes qui sont le plus absorbés : les chefs et cheftaines de nos unités scoutes. Ce sont eux les plus en danger. Mais le problème de l’encadrement scout n’est pas sans solution. De cette solution voilà les grandes lignes :

Chaque unité devrait avoir trois chefs : un titulaire et deux adjoints. Ce qui allège la tâche de chacun et permet à l’un d’entre eux de manquer une réunion ou une sortie s’il a un effort particulier à fournir dans ses études.

Quant à la période des examens, le 3e trimestre, nous sommes les premiers à recommander à nos chefs de ralentir leur activité, puisqu’aussi bien ils reprendront leur troupe en mains au camp d’été qui suit ce trimestre. Cette politique à, l’année dernière, permis à nos chefs d’atteindre un beau pourcentage de succès aux examens. Elle a fait ses preuves. Mais nous sommes obligés de reconnaître que nous ne sommes pas arrivés tout à fait à la réaliser. (  ) Nous persistons à penser que, dans les conditions qui viennent d’être exposées, la jeunesse de l’Oratoire peut fournir l’encadrement nécessaire. Qu’il n’y ait pas de déserteurs laissant leurs camarades écrasés et victimes d’une tâche trop lourde. »

« Actuellement nous sommes obligés de freiner le recrutement de nos troupes et probablement à la veille de devoir refuser de nouvelles inscriptions. Si la situation ne s’améliorait pas, l’Eglise de l’oratoire verrait se tarir peu à peu une des sources de son rayonnements et de son action. Non seulement elle cesserait de conquérir, mais elle risquerait de perdre une partie de sa propre jeunesse. »

Six mois plus tard, la pression sur les familles reprend dans la Feuille rose. On comprend bien que l’un des principaux obstacles au recrutement est le problème des études, et que le temps que les chefs et cheftaines doivent consacrer aux jeunes se fait à leur détriment.

« Contrairement à une opinion mal fondée, les résultats scolaires de nos chefs et cheftaines sont très honorables. Il y a des échecs, certes. Mais leur pourcentage est inférieur à la moyenne nationale. La situation s’améliore dans la mesure où, à la tête de chaque troupe, nous avons trois chefs, un titulaire et deux adjoints : ce qui commence à être le casNous veillons, de plus à ce que durant les périodes d’examens, le travail de nos chefs soit allégé. »

Mais les chefs et cheftaines reçoivent à leur tour une mise en garde qui situe leur engagement dans un véritable sacerdoce :

« Par contre ce que nous demandons à nos chefs et cheftaines, c’est, pendant les quelques années qu’ils donnent au scoutisme, de sacrifier des loisirs plus égoïstes. Nous pensons que c’est un appel qui peut être entendu des jeunes chrétiens. Et nous savons que nul ne renonce….qui ne reçoive au centuple. »

Ces appels pressants ne semblent pas avoir été toujours entendus. En février 1959, « la compagnie d’éclaireuses est supprimée jusqu’à nouvel avis et le camp de Pâques ne pourra avoir lieu. » Un mois plus tard, heureuse surprise !, trois cheftaines de louveteaux se dévouent pour assurer le camp et encadrer les filles.

« Nous tenons cependant à souligner combien cette situation est anormale. D’aucuns prétendront en effet, que nos appels pressants ne sont que des épouvantails puisque tout finit quand même par s’arranger. Opportunisme facile de ceux qui pensent que le dévouement d’autrui les dispensera d’un effort personnel. Nous disons toute notre reconnaissance aux trois cheftaines en question, mais pourquoi donc faut-il exploiter doublement la bonne volonté de celles qui se dévouent déjà pour pallier la carence des autres ? Elles aussi ont une famille, des examens etc…, etc… »

Les effectifs se sont semble-t-il stabilisés. Au début de l’année 1959, lis atteignaient 188 éléments, dont 38 Petites Ailes, 45 Eclaireuses, 72 Louveteaux, 28 Eclaireurs, 8 routiers. Et 16 chefs. Mis il n’y a qu’une troupe d’éclaireurs pour trois meutes de louveteaux, et l’on craint le goulot d’étranglement.

Les pasteurs changent mais les préoccupations demeurent. A la veille des camps d’été, le nouveau pasteur responsable des jeunes, le pasteur Reymond, propose une adaptation de la règle de trois :

CONNAISSEZ-VOUS LA REGLE DE TROIS ?

Celle qu’il faut appliquer aux chefs et cheftaines scouts :

1. Etre Trois par unité (1 titulaire, 2 adjoints)

2. Rester Trois ans, et ensuite s’engager dans d’autres activités.

3. Etre Trois fois plus nombreux qu’avant, parce que les classes d’âge à encadrer sont aussi trois fois plus nombreuses.

Il ne manque pas de faire aussi un petit rappel aux parents :

« Deux mots encore aux parents : vous savez tout ce que le scoutisme a fait pour la formation du caractère de votre fils ou de votre fille. Ne les empêchez donc pas de faire fructifier ce qu’ils ont déjà acquis en assumant des responsabilités qui achèveront d’en faire des hommes et des femmes au caractère bien trempé. Poussez-les donc sur la voie de ce service nécessaire à leur plein épanouissement ».

La situation des unités va suivre celle de leurs chefs. En décembre 1959, on annonce que trois cheftaines adjointe de louveteaux ont abandonné leurs fonctions et n’ont pas été remplacées, et que deux cheftaines titulaires s’en iront à Noël, en revanche, la troupe d’éclaireurs va pouvoir reprendre ses activités parce qu’il y a de nouveaux chefs. A l’assemblée générale de mars 1960, le pasteur Vidal est quand même obligé de reconnaître, même s’il le regrette que :

« Le service de l’Eglise parmi les jeunes apporte une entrave aux divertissements de plus en plus nombreux, qui sollicitent l’adolescence ; c’est que les excuses couvrent un égocentrisme inquiétant pour le pays, pour l’église et davantage peut-être pour ceux qui en sont atteints parce que ce qu’ils croient gagner en titres, en prestige, en richesse ou en plaisir, ils le perdent en qualité humaine, en valeur d’âme et en joie profonde. »

Mars 1963, c’est la chute ! La page des jeunes annonce :

« Notre famille scoute est bien réduite cette année. Tous les appels, tous les efforts faits cet automne n’ont pas permis de trouver l’encadrement suffisant pour conserver toutes les unités : Plus de Petites Ailes, plus d’Eclaireuses Aînées, plus qu’une seule compagnie d’Eclaireuses, plus qu’une seule troupe d’Eclaireurs. Les deux meutes de Louveteaux ont pu repartir, les deux équipes de routiers également. Que soient vivement remerciés les cheftaines et les chefs qui nous ont entendus et qui ont accepté de consacrer leur temps au fonctionnement de leur unité. Que Dieu les dirige et leur donne la force d’accomplir toutes les tâches de leur ministère ».

Si l’on traduit cela en chiffre, il y a 32 Eclaireuses avec 4 cheftaines, 37 louveteaux avec 6 cheftaines, 35 Eclaireurs avec 1 chef et 2 adjoints, 2 équipes de 14 routiers conseillés par deux jeunes pères de famille, soit au total : 118 jeunes et 15 responsables.

Pendant sept ans, les archives de la Feuille Rose sont muettes sur les effectifs. Il n’en n’est plus fait mention dans les rapports moraux des assemblées générales de la paroisse jusqu’à celui de mars 1970 dans lequel le pasteur Château indique qu’il y a 124 jeunes, se répartissant en :

34 Petites Ailes encadrées par 3 cheftaines (contre 22 en 1969), 33 louveteaux encadrés par 3 cheftaines (contre 30 en 1969), 24 éclaireurs, encadrés par 2 chefs (contre 17 en 1969), 18 éclaireuses, sans cheftaines, qui fonctionnent en clans libres (il y en avait 31 en 1969), 15 éclaireuses aînées et routiers formant un groupe avec un conseiller.

1968 est passé par là, la chute impressionnante des responsables  d’une année sur l’autre en est une conséquence irréfutable.

Malgré ces handicaps de manque de locaux et de manque de chefs, les jeunes avaient une bonne formation qui leur permit de se distinguer dans différents concours inter-meutes et inter-troupes.

En 1955, un concours fut organisé en hiver au Zoo de Vincennes, auquel participaient 36 meutes alignant 100 sizaines. La sizaine des Fauves de la meute d’Oratoire II se distingua en se classant 5e.

Quelques années plus tard, en 1961, lors du grand rassemblement annuel des éclaireurs unionistes de la région parisienne de Trivaux, la patrouille des Gazelles d’Oratoire II eu le mérite de remporter le challenge du « Trivaux 1961 » et eut l’honneur de se voir confier la garde du drapeau de la province pendant un an.

Chronique de camp

Elles sont si peu nombreuses qu’il ne faut pas manquer de citer celle des camps d’été de 1958.

« Comme nous l’avions promis dans la F.R. d’octobre, voici le très bref compte-rendu des camps d’été. Garçons et filles n’ont pas manqué d’imagination. Ils sont rentrés contents et nous ont rapporté une gerbe de souvenirs plein de bonne humeur et de soleil.

Pour les louveteaux. Leonardsau (Bas-Rhin) n’est pas loin de Lambaréné, ni Lesches-en-Diois de Pékin ou la Côte-d’Or de l’océan. Tandis que les uns (Oratoire I) vivaient dans l’entourage du Docteur Schweitzer, d’autres (Oratoire II) naviguaient avec Surcouf, d’autres encore (Oratoire III) défendaient vaillamment l’impératrice Tsen-Hi contre les invasions orientales.

Les Eclaireurs ont passé vingt jours en Savoie. Il vaut la peine de citer leurs exploits : un relais morse de 80 kilomètres qui a « presque réussi », un grand jeu de vingt-quatre heures qui a réussi, quatre patrouilles lâchées cinq jour dans la montagne et qui sont revenues entières.

Les Eclaireuses d’Oïl et d’Oc ont campé quinze jours près de Gravelotte, en Lorraine. Elles avaient reconstitué deux villages français et se trouvaient ainsi pourvues de maires, adjoints au maire, garde champêtre (avec tambour), notaire, etc. Excursions, jeu de nuit, défilé de costumes et masques, concours de cuisine, feu de camp, tout s’est passé dans la joie.

Les Eclaireuses Ainées ont fait route dans les Cévennes, sous un soleil ardent, découvrant avec émerveillement ce pays ami où chacun, ou presque, connait MM. Lauriol et Vidal ! Mais la route est longue, et nos E.A. ont aussi découvert l’utilité des autocars et des trains…

Quant aux routiers, ils ont passé quinze jours à Uruques (Basses-Pyrénées), puis ont assuré le service d’intendance au camp des 1eres classes E.U.F.

Comme on regrette de ne pouvoir les suivre !

Jamborées et Camps nationaux

Confrontés avec ces problèmes lancinants de recherche de local et de recrutement de chefs et cheftaines, les responsables du groupe local ne donnent aucune information sur deux évènements importants de l’histoire du scoutisme d’après-guerre, le jamboree d’aout 1947 à Moissons, et le camp national d’août 1951 à Walbach, là même où avait eu lieu celui de 1936.

En juillet 1961, nouveau camp national au Malzieu en Lozère, à l’occasion du Jubilé du scoutisme français. La Feuille Rose de juin annonce son existence et « recommande vivement aux jeunes de participer à l’un des nombreux camps de mouvements de jeunesse nationaux qui offrent des occasions de service et par la même d’enrichissements personnels ». Les deux troupes d’Oratoire I et d’Oratoire II y participèrent.

Nous possédons, grâce aux archives des Tisons, quelques précisions sur ce camp qui réunit 3000 éclaireurs et routiers. Il était dirigé par deux personnalités charismatiques : Jean-Claude Hesse, dont le totem était « Aigle-Rock » et J.J. Cahen, l’instructeur national du mouvement.

Le rassemblement en lui-même fut précédé, selon la formule d’organisation des camps nationaux de camps « relais ». Il fut couronné par un « chef d’œuvre » scoute : la construction d’un pont en bois de 53 mètres de long sur la Vézère, grâce aux plans établis par René Morley .

Au gré des rubriques, nous relevons qu’en 1965, les filles mieux encadrées que les garçons, mettent sur pied pour chaque unité un programme de camp :

Les Eclaireuses Ainées du 1er au 15 juillet vont faire un camp volant à bicyclette en Hollande, la compagnie d’Eclaireuses se joindra à celle de Poissy pour aller camper à l’ile de Ré, les Petites Ailes se joindront aux cadettes de Lyon et aux P.A. de Versailles pour camper trois semaines dans la région de Mens, dans les Alpes. Pas de camp pour les Eclaireurs, en revanche les Louveteaux qui ont des cheftaines iront trois semaines en Vendée, au Château de Bois Tiffray.

Aout 1967, nouveau Jamboree, aux Etats Unis. L’Oratoire a droit d’y envoyer 2 délégués. Une première annonce est faite :

« Pour le Jamboree qui aura lieu cet été aux Etats-Unis, la troupe d’éclaireurs de l’Oratoire a droit à deux délégués. Toute la troupe travaille pour financer la participation de ses deux représentants. Tous ceux qui auraient connaissance d’un travail rémunéré à la portée de nos garçons sont priés de le signaler à Jean Cabane, Robinson 42.82. »

Deuxième annonce :

« Le jamboree de 1967 aura lieu aux USA. Il reste 1535 Francs à trouver d’ici le 1er juillet pour que la troupe de l’Oratoire puisse y envoyer 2 délégués.

« Qui pourra donner du travail rémunéré à faire faire à nos Eclaireurs pour que ces 2 délégués puissent les représenter ?

« S’adresser au C.T. M. Jean Cabane – Tel : ROB 42.82 ».

Troisième annonce :

Les Eclaireurs

Merci

« Merci infiniment à tous ceux qui par leurs dons, leurs généreux achats d’objets fabriqués par les Eclaireurs, de muguet, de gâteaux, par la rétribution de travaux divers ont permis à nos Eclaireurs de récolter les sommes nécessaires pour aider 2 éclaireurs et notre chef de troupe à aller au Jamboree aux USA.

« Merci aux parents d’Eclaireurs qui ont souvent contribué aux efforts de leur fils.

« Merci aux Eclaireurs pour le bel esprit de solidarité dont ils ont fait preuve ».

Pierre Frey, Commissaire de Groupe.

Les deux heureux sélectionnés de la troupe de l’Oratoire au Jamboree qui se tint dans l’Idaho furent :

Jean Cabane et Gérard Vincent

A la suite de cet évènement, La F.R. de novembre annonce qu’une soirée sera consacrée à une rétrospective de ce Jamboree. Toute la jeunesse de l’Oratoire et tous ceux qui s’intéressent à ses activités sont cordialement invités. Malheureusement, aucun compte-rendu de cette soirée n’a été fait.

Les responsables du scoutisme de l’Oratoire en 1968.

Pierre Frey (commissaire de groupe).

Petites Ailes 
Claire Mathiot et Marie-Christine Bourgeois.

Eclaireuses
Anne-Marie Estienne et Raymonde Bechouche.

Eclaireuses Ainées
Françoise Veillet.

Louveteaux
Michelle Racine, Nicole Racine, Claire Waechter.

Eclaireurs
Jean-Hugues Carbonnier, Patrick Marsauche.

Routiers
Jean Cabane.

Grande enquête des louveteaux sur la Cité

La Chronique nous en est faite par madame M.F. Casalis, qui était responsable du comité locale en 1969.

« Trente et un garçons sur le pont, trois jeunes filles à la barre au moment où la meute de l’Oratoire s’est embarquée pour le Nouveau Monde.

Péripéties navales ? Conquêtes de l’Ouest ou Ruée vers l’Or ? Non : ce MAYFLOWER 69 transporte simplement des pionniers bâtisseurs.

L’aventure de la Cité : sa fondation, son organisation administrative, sociale, culturelle, sportive, son architecture, sa gestion, son animation, alimenteront pour cette année le programme d’activités de la Meute.

A la base : des enquêtes sur les divers rouages de la cité – services publics, administration, urbanisme…- selon son goût, chacun explorera le domaine qui l’attire. Des panneaux illustreront les découvertes de l’équipe.

Suivra la phase décisive : choix et options définitifs permettront à l’ensemble du groupe de décider par vote de la physionomie de la ville.

La réalisation se matérialisera par la construction de maquettes, l’instauration d’un folklore, d’une musique, la gravure d’un emblème…Ainsi chacun apportera sa pierre à l’édifice commun.

C’est ensuite dans une grande fête que sera inaugurée la Ville.

Brièvement esquissés, voici les thèmes qui rempliront l’activité de découvertes et de joie les 4 réunions mensuelles qui regrouperont les louveteaux ».

IV – De 1968 à nos jours : l’autonomie des mouvements scouts

Une première évolution à l’Oratoire: Eclaireuses ainées et routiers fusionnent dans la J.E.U.

Cette nouvelle étape mérite d’être soulignée, car c’est une première approche de la mixité, mais aussi de la pédagogie scoute dont rend-compte la responsable du groupe local M.F. Casalis :

« Soudée par l’aventure des camps d’été, riche d’idées, de projets et de réalisations, la JEUNE EQUIPE UNIONISTE (J.E.U), groupe une vingtaine de copains.

Ouverte à tous les jeunes de 16 à 18 ans, filles et garçons, la jeune Equipe leur offre un éventail varié d’activités passionnantes.

Selon les affinités on peut s’adonner :

  1. A la voile sur le plan d’eau près de Trappes et à la manœuvre d’un curieux bateau à deux mats.
  2. A l’équitation en forêt de Sénart.
  3. Au tennis.
  4. Au reportage avec enquêtes, photos, etc…sur le thème « Loisirs des Jeunes ».0 Recherche qui entraîne nos reporters en de curieux endroits.
  5. Un trio s’est chargé de l’organisation de la sortie annuelle des Eclaireurs et Louveteaux.

Mensuellement une réunion plénière regroupe toute l’équipe.

Sans autorité directive un aîné se charge de liaisons avec l’organisation générale et apporte son soutien.

La liste d’activités ci-dessus n’est pas bien sur exhaustive et si quelques copains désiraient réaliser une activité originale, c’est avec joie que l’équipe les accueillerait.

C’est en 1967, qu’un nouvel élan a été donné au scoutisme aîné sous cette forme des jeunes Equipes ; les J.E.U. sont animées sur le plan national par une équipe bouillonnante d’idées, aimant l’art, le farfelu, l’expression mais aussi essayant d’animer chez les jeunes le goût de l’aventure et du service. 

Un journal « l’Equipe Nouvelle », explique régulièrement leur programme basé sur les deux maîtres-mots : « comprendre et témoigner », et ce dans tous les domaines spirituel, politique, économique, artistique…

Le thème national d’année : l’aventure de la vérité…

Petite remarque en terminant : la Jeune Equipe de l’Oratoire accueillerait avec joie quelques membres féminins…

Pour tous renseignements s’adresser à Jean Cabane…     M.F.Casalis

Vers la mixité

L’évolution devenait inéluctable. D’une part à cause de la pénurie de chefs et de cheftaines et d’autre part, parce que cela correspondait à l’évolution de la société. A la fin de l’année, l’Oratoire annonce la réunion des louveteaux 8 à 11 ans) et des P.A., sous le titre :

Co-éducation et mixité dans la branche cadette à l’Oratoire

« Peut-être avez-vous appris la création à l’Oratoire de deux unités nouvelles groupant filles et garçons de 8 à 11 ans pour des activités communes. Ceci en remplacement des anciennes farandoles de P.A. et meute de Louveteaux.

Au cours d’une réunion entre parents et responsables, nous avons tenté d’expliquer cette orientation nouvelle après cinquante ans de scoutisme non mixte. En voici quelques échos :

Dans notre monde en évolution, la mixité scolaire est apparue pour des raisons économiques et de commodité et non pour répondre à un objectif pédagogique, mais ses conséquences ont dépassé de très loin ces raisons premières. Elle est maintenant en extension voulue. C’est l’évolution contemporaine des idées et des principes – jusque-là indiscutables – sur la séparation des sexes et la sexualité en général, qui a rendu possible cette mixité. Elle s’est révélée être en elle-même une initiation naturelle à la vie sociale de l’adulte.

La création d’unités mixtes à l’Oratoire n’est pas une première expérience, de nombreuses unités de ce type sont nées au cours de ces trois dernières années.

Nos efforts ont tout spécialement porté sur l’encadrement des responsables. Aujourd’hui ceux-ci ne sont plus seuls : une équipe d’aînés partage leur travail et met à leur disposition l’expérience personnelle de chacun de ses membres.

Ensemble, et avec les responsables des autres branches, nous désirons mettre en route une nouvelle forme de mouvement de jeunesse que nous voudrions plus ouverte et plus adaptée aux enfants et aux jeunes d’aujourd’hui.

Le travail a commencé au niveau de la branche cadette mais nous n’en resterons pas là… »

Cette nouvelle unité sera désignée sous le nom de « Meute nouvelle ».

Courant évangélique et courant laïque au sein de la F.E.E.U.F

Cette évolution « interne » est à mettre en parallèle avec l’évolution de la structure du scoutisme unioniste. Bien qu’elle ne ressorte pas explicitement des comptes rendus de la Feuille Rose, il apparaît néanmoins que les liens entre les différentes unités et la paroisse ne sont plus aussi proches. La proximité des pasteurs et des chefs a fait place à une certaine autonomie de la part de ces derniers. Parallèlement, l’unité « doctrinale et pédagogique » de la F.E.E.U.F. a fait place à des courants différents. C’est ce qui ressort de cette petite information classée dans les « Divers » :

« Le président a reçu une lettre circulaire concernant l’action de la F.E.E.U.F. Deux courants se font jour au sein de du Scoutisme unioniste : l’un plus évangélique, l’autre plus laïque. M. Guérin-Desjardins précise que la situation est arrivée à un point de non-retour, que la circulaire minimise la gravité de la situation, et il donne quelques exemples. M. le pasteur Mazel répondra, en plein accord avec la C.P. »

Malheureusement nous ne connaissons pas sa réponse.

Reprise en main des éclaireurs par des chefs formés à la méthode traditionnelle.

Il nous faut sauter quelques années pour retrouver dans le n° de l’été 1983 une information qui a contrario nous donne une indication sur la pédagogie de ce qui ne se pratiquait plus dans les années antérieures :

« La troupe d’éclaireurs, sous la direction de nouveaux chefs, dynamiques et décidés, membres de l’Oratoire, repartira dès la rentrée de 1983-1984. Nous nous réjouissons de cette relance pleine de promesses pour une étape tout à fait nouvelle de la troupe.

Trois jeunes oratoriens, Antoine Carbonnier, Marc et Etienne Pernot, vont reprendre dès septembre 1983 la troupe des éclaireurs. Ils ont été formés au scoutisme traditionnel d’après les principes de Baden Powell.

Les garçons de 12 à 13 ans intéressés par la vie et l’idéal éclaireur, prêts à se lancer dans la grande aventure scoute, peuvent donc nous contacter dès maintenant (Marc Pernot, chef de troupe : 522-04-17). »

En 1985, le Conseil presbytéral de l’époque éprouva le besoin de nommer en son sein « une commission jeunesse « composée de nombreux membres : Mmes Comte, Boissonnas, de Richemond, Guttinger, Friedel, Mrs Masson, Fabrice Benoit, Alain Gilles, Antoine Ranc, dont le but est de faire la liaison entre les pasteurs, le Conseil presbytéral, les moniteurs des Ecoles bibliques et les chefs scouts. Parmi les objectifs, elle devait assister les mouvements du scoutisme, en les aidant dans leurs tâches matérielles et en les soutenant dans leurs projets.

Dans le même numéro, les rapports d’activité des trois unités de l’Oratoire, en bonne état de fonctionnement, méritent d’être cités. C’est la première fois que nous trouvons ce genre de compte-rendu dans la Feuille Rose.

Celui d’Etienne Pernot, sous le titre : Eclaireurs

« La troupe aura proposé à ses éclaireurs cette année, 54 jours d’activité, qui auront été vécus dans l’esprit le plus fraternel possible et à l’écoute de la parole de Dieu.

Beaucoup de nuits passées sous tentes, dans les forêts proches de Paris, par tous les temps.

Des grands jeux, mais aussi des services, comme cette fin d’après- midi passée avec les Eclaireuses en compagnie de vielles personnes de la Maison de retraite du Chatelet à Meudon.

Des camps : celui de 8 jours à Pâques en Normandie et qui fut un peu humide et celui de cet été qui va avoir lieu dans le Morvan ; trois semaines totalement en contact avec la nature.

La troupe qui comprenait l’an dernier : 10 éclaireurs, est maintenant riche de 21 éclaireurs et 2 chefs. Et si elle manque de chefs, elle ne manque pas d’éclaireurs, et elle est prête à accueillir l’an prochain tous les garçons de 12 ans qui le désirent, et des jeunes de plus de 17 ans pour participer à l’encadrement. »

Celui de Sandrine Dufrenois pour les Eclaireuses :

« Bilan relativement positif cette année, grâce à une augmentation sensible des effectifs (dû notamment au passage de louvettes aux éclaireuses).

Le dynamisme, l’intérêt et l’esprit de la compagnie n’en ont été que meilleurs.

A ce sujet, deux problèmes sont à signaler : d’une part, l’irrégularité de présence des éclaireuses qui considèrent un peu trop les réunions comme une distraction occasionnelle et délaissent parfois l’engagement qu’implique aussi l’appartenance au scoutisme, ce qui a perturbé quelquefois la bonne marche de la compagnie.

D’autre part, je me permets de lancer un appel au secours, obligée de quitter Paris, je ne pourrai malheureusement pas assurer la direction de la compagnie l’an prochain et les candidates à la succession sont rares. Il serait dommage que la renaissance même modeste de la compagnie de l’Oratoire se trouve brisée dans son élan faute d’encadrement.

Aboutissement et accomplissement de l’année toute entière, le camp se déroulera avec les éclaireuses d’Auteuil et Batignolles du 28 juin au 14 juillet dans l’Allier à : Les Murs du Temple – Busset – 03270 Saint-Yorre.

Celui de Fabrice Benoit pour la Meute de l’Oratoire du Louvre.

« Au cours de l’année 1984-1985, la Meute a accueilli une trentaine de garçons et filles qui étaient encadrés par 5 responsables.

Nous essayons de proposer un programme d’activité qui mélange des activités physiques (sorties en forêt, grands jeux, etc..) et de mettre à la disposition de l’enfant des moyens qui lui permettent de découvrir en lui ses propres capacités (travaux manuels, brevets). Pour l’année prochaine, nous souhaitons inscrire en priorité des filles de 8 à 10 ans. En effet, notre Meute est mixte et un fâcheux déséquilibre se produit en faveur des garçons. C’est pourquoi, nous accepterons bien évidemment des garçons, mais en fonction d’un rééquilibrage des effectifs. De plus, l’équipe des responsables n’est pas éternelle et inamovible : des jeunes de 17 ans au moins, intéressés par la pédagogie scoute, appliquée à des enfants de 8 à 12 ans seront accueillis à bras ouverts par l’ancienne équipe.

Le camp d’été 1985 se tiendra du 6 au 25 juillet à « Chalet Saint-Joseph » 73750 La Giettaz.

On peut mesurer, dès le numéro de rentrée, l’efficacité de la commission jeunesse qui a veillé à ce que les chefs fassent chacun un compte rendu de camp. Le plus original est celui des Eclaireuses aînées.

« D’aucuns pensaient que leur projet n’était qu’utopie, car trop ambitieux, mais « aux âmes bien nées, la valeur n’attend pas le nombre des années »…

Elles partirent toutes les huit un matin. – Sandrine, Nadia, Kitty, Fabienne, Hortense, Natacha et Béatrice – à la conquête des sites du Péloponnèse.

Admirant, découvrant, explorant, elles rapportèrent de ce merveilleux voyage des souvenirs inoubliables et un montage-diapos qui vous sera prochainement présenté.

Mais loin d’avoir épuisé leur stock d’énergie, elles continuent leurs activités « Feeuftiennes » en tant que responsables :

« Heureux qui comme les Eclaireuses Aînées ont fait un beau voyage, et qui, comme celle-là, sont revenues pleine d’usage et raison reprendre au sein de la F.E.E.U.F. des unités délaissées. »

La compagnie d’éclaireuses. Elles étaient huit de l’Oratoire à camper en compagnie des Eclaireuses d’Auteuil et des Batignolles, dans la montagne bourbonnaise : expérience intéressante, découverte d’une région sauvage, soleil au rendez-vous, mais elles regrettent qu’une partie de la Compagnie n’ait pas campé et n’ait pas compris que le camp est une étape essentielle de la vie scoute. Et puis, bonne nouvelle : l’encadrement de la Compagnie de l’Oratoire est assuré cette année.

La troupe d’éclaireurs a campé dans un très beau site naturel à proximité d’un lac et d’une grande forêt « tout s’est bien passé selon nos espérances, avec entrain et esprit fraternel, que ce soit pendant nos grands jeux, nos randonnées, où nos petits cultes du matin. »

« Cette année, notre objectif serait d’atteindre l’effectif qui nous semblerait idéal, de 28 éclaireurs »

Même son de cloche pour les louveteaux, mais le chef se préoccupe de la rentrée. Il déplore qu’il n’y ait que cinq filles pour vingt-cinq garçons.

En 1986, les effectifs ont augmenté. Etienne Pernot et Antoine Carbonnier, les chefs éclaireurs ont trente garçons, et lancent un appel pour que de nouveaux chefs viennent prendre la relève. Les louveteaux qui ont été campés dans les Cévennes avec la meute du Faubourg-Saint-Antoine ont eux aussi, après trois ans un
effectif de trente garçons et filles, malheureusement ils sont contraints de limiter les effectifs car il n’y a plus que 2 chefs pour encadrer.

En 1987, la troupe de l’oratoire se constitue une bibliothèque de troupe « afin d’intéresser les Eclaireurs grâce à la lecture, et de les intéresser à la lecture ».

En 1988, les routiers, sous la houlette de Marc Pernot, préparent un voyage en Roumanie, pays qui traverse une période difficile sur le plan économique. Ils sont prêts à recevoir des paquets de café, denrée qui est très appréciée là-bas. Afin de financer leur voyage, ils sont à « votre disposition » pour faire de petits travaux (peinture, nettoyage etc…)

Reflux : vers la disparition des informations sur le scoutisme dans la Feuille Rose

Cet espacement des chroniques et des informations est une réalité. Elle est à l’image de l’indépendance des unités par rapport aux paroisses, mais aussi le reflet du manque d’intérêt d’une génération de pasteurs, qui n’ont pas ou peu pratiqué le scoutisme dans leur jeunesse. Les scouts pour eux sont une activité de jeunesse parmi d’autres, qui ont des locaux dans la maison paroissiale, mais qui vivent d’une façon indépendante.

La notion « d’unités » s’efface derrière les tranches d’âge. Ainsi, dans le dernier n° de l’année 1991, on relève la seule rubrique de l’année sous le titre :

Scoutisme a l’Oratoire

Pour :

Les filles et garçons de 8 à 11 ans : les deux meutes de louveteaux et louvettes, contacter :
Renaud Guttinger – 4 rue d’Orléans 60350 à Pierrefonds, ou bien :
Cyril Mourlon – 178rue Petit-Leroy 94150 Chevilly-Larue.

Les filles de 12 à 16 ans : la compagnie d’éclaireuses : contacter
Lynda Gaston – 21 rue Trousseau 75011 Paris.

Les garçons de 12 à 16 ans : la troupe d’éclaireurs : contacter
Antoine Armand – 10 rue du Croissant 75002 Paris.

Les filles de 16 à 18 ans : les éclaireuses ainées : contacter
Véronique Bec – 3 rue du Louvre 75001 Paris.

Les garçons de 16 à 18 ans : les routiers : contacter
Julien Bec – 3 rue du Louvre 75001 Paris.

Trois ans et demi plus tard, été 1995, sous la rubrique :

Nouvelles du scoutisme

Le scoutisme de l’Oratoire regroupe 150 participants, soit le 1/5ème des effectifs de la F.E.E.U.F. à Paris. C’est le groupe local le plus important : 2 meutes de louveteaux, 1 compagnie d’éclaireuses, 1 troupe d’éclaireurs si nombreux qu’il faudrait la scinder en deux. Chaque groupe prépare assidument son camp d’été.

Pour la rentrée il faudrait de nouveaux chefs pour épauler l’équipe d’encadrement dont certains vont devoir quitter leurs activités de scoutisme en raison de leurs études ou de leur mariage.

  1. Véronique et Julien Bec pour les louveteaux.
  2.  Virginie Dussaud et Florence Casiez pour les éclaireuses.
  3.  Stéphane Hugon pour les éclaireurs.

Nouveau saut : rapport moral à l’A.G. du 14 mars 1999 

Le pasteur Florence Taubmann note que « le mouvement scout est toujours aussi vivant avec plus de 100 enfants. Les louveteaux qui l’an passé, étaient hébergés par la paroisse de Roquépine sont revenus parmi nous. Quant aux différentes troupes de scouts, d’éclaireurs et d’éclaireuses, je suis heureuse de noter, à côté de leurs réunions et de leurs sorties, leur participation intermittente à la vie de la paroisse : des scouts étaient présents à la Vente de l’Oratoire pour le service du repas et pour les rangements. Ils ont participé à la distribution des colis du Noël des halles. Nous aimerions aussi les voir assister au culte de temps en temps. »

Janvier 2001

Le conseil presbytéral nomme en son sein une conseillère de groupe en la personne de Nancy de Richemond qui aussitôt prend sa plume pour donner des nouvelles :

« Après la grande aventure des camps d’été de 2 à 3 semaines, voici venue la reprise des sorties de week-end et l’accueil des nouveaux pour les louveteaux, éclaireuses et éclaireurs. C’est aussi le moment de dire merci aux chefs et cheftaines qui quittent leurs responsabilités après une ou plusieurs années d’engagement bénévole auprès des jeunes, nous souhaitons réussites et joies dans leurs nouveaux projets.

En juillet, les louveteaux ont campé en Bretagne du sud et les éclaireurs et les éclaireuses à Viry, dans le Jura.

Suite aux intempéries de ce début d’été, éclaireurs et éclaireuses ont été évacués, sur décision préfectorale, vers la salle des fêtes de la commune durant une semaine. Cette situation inhabituelle pour les enfants et les responsables a demandé à tous un effort d’adaptation et d’engagement et nous sommes heureux que les activités se soient finalement bien poursuivies. Le choix de l’évacuation (et non de fermeture) du Camp Oratoire-Passy montre que les autorités préfectorales et la Direction Départementale de la Jeunesse et des Sports ont jugé que l’encadrement du camp était correctement assuré : une appréciation contraire de leur part aurait entraîné la fermeture pure et simple du camp. Cette mesure est une application du principe de précaution, liée aux conditions météorologiques particulièrement difficiles. Elle ne constitue à nos yeux ni un échec ni un désaveu pour l’équipe des responsables. Nous les remercions ici pour la motivation et le sens des responsabilités dont ils

Ont fait preuve face à des difficultés imprévues.

Nous souhaitons à tous une très bonne année de partage, d’amitié, et de découvertes.

Pour le Conseil presbytéral

Nancy de Richemond
Catherine Bergeal.

Ier trimestre 2002

En 2001, les éclaireurs unionistes ont fêté les 90 ans du scoutisme. Nancy de Richemond, en rend compte dans la Feuille Rose :

« L’anniversaire des 90 ans du scoutisme unioniste parisien a eu lieu les 10 et 11 novembre dernier au temple du Saint-Esprit de la rue Roquépine. Le groupe local de l’Oratoire a activement participé à ces deux journées. Le samedi 10 était consacré à l’exposition de panneaux réalisés par les différents groupes locaux sur des thèmes comme l’histoire du mouvement, les lieux de camps, le folklore et les grands jeux, le matériel (Oratoire et Auteuil), etc…Des tables rondes sur les thèmes scoutisme et pouvoir, scoutisme et éducation ont permis de rappeler les évolutions des 90 dernières années et les perspectives d’avenir du mouvement des EEUdF (Eclaireurs et Eclaireuses Unionistes de France). Le culte du Dimanche11 novembre, préparé pour les jeunes par le pasteur Oberkampf, des chefs d’unités et des responsables régionaux, a rassemblé les unités parisiennes ainsi que les parents, anciens du mouvement et paroissiens du Saint Esprit. C’est un temple plein qui a ainsi entonné avec joie les chants scouts et protestants. Après l’indispensable photo de groupe et le verre de l’amitié, les groupes locaux Oratoire et Auteuil (80 personnes) ont terminé la journée sous le soleil par un grand jeu au parc de Saint-Cloud »

Les effectifs des unités à la rentrée 2002

Meute des Pyramides :
25 louveteaux et louvettes, encadrés par Etienne Mayer-Boesch et Héloïse Duché.

Meute du Louvre :
23 louveteaux et louvettes, encadrés par Solène Vasseur et Sophie Ruais.

Troupe de l’Oratoire :
30 à 35 éclaireurs avec pour chef de Troupe : Romain Détrie.

Compagnie de l’Oratoire :
11 éclaireuses encadrées par Maeva Ramamonjy et Anaïs Duché.

Conseillère de Groupe local :
Nancy de Richemond.

Total : 94 jeunes

Décembre 2003 : Quand les éclaireurs ne connaissent plus leur histoire

Dans ce dernier n° de l’année, les chefs de troupe ont voulu alerter et rassembler tous les anciens autour d’un anniversaire, celui de la création de la troupe sous le titre :

La Troupe d’éclaireurs de l’Oratoire
va fêter ses 20 ans en Mars 2004.

Cette annonce valut une réponse du plus ancien des anciens : Robert Kastler, qui, dans le n° 759, fit un rappel à l’histoire en envoyant la rectification suivante :

« C’est ma sœur Jacqueline (devenue plus tard madame Blanc, actuellement décédée) qui avait créé avec l’appui du pasteur Vergara, une meute de louveteaux. A l’origine nous étions « trois petits loups », mais rapidement l’effectif s’est complété. Dès novembre 1926, Willy Benignus créait une troupe d’éclaireurs pour absorber les plus âgés d’entre nous et accueillir les nouveaux.

Ce n’est donc pas depuis 20 ans en mars 2004, mais 78 ans depuis novembre dernier qu’existe la première troupe de l’Oratoire. Le succès fut tel qu’il fallut créer deux autres troupes avant la guerre…Notre local se situait au-dessus de la salle haute : vous avouerai-je que nous avons parfois, quand il pleuvait, fait des jeux de piste dans les couloirs des niveaux supérieurs de l’église – que de joyeux souvenirs !

Aout 2004. Les routiers partent à Madagascar

Depuis le début de cette rétrospective historique, il n’y a pratiquement pas eu de compte-rendu d’activités des routiers. L’âme de « la route », c’est pourtant le service du prochain. Cet esprit de service les a conduits très souvent à mettre en œuvre des projets, que par modestie ils ne racontaient pas. Nous n’avons ainsi pas trouvé dans ces archives de récits, c’est pourquoi, lorsqu’ils firent appel au conseil presbytéral en 2004, pour que l’Oratoire les aides à financer un projet d’aide à un centre de réinsertion de jeunes filles à Madagascar, il leur a été demandé à leur retour d’en faire le récit que nous reproduisons intégralement.

« Nous sommes partis de Paris le 4 août 2004, en direction de Tananarive, capitale de Madagascar. Notre projet, pour lequel le Conseil presbytéral et l’Entraide de l’Oratoire nous ont largement subventionnés, se déroulait dans une Centre de réinsertion social de jeunes filles. Notre objectif était double. D’une part, nous voulions effectuer auprès de ces jeunes filles du Centre une série d’animations variées pour égayer leur quotidien et, d’autre part, nous souhaitions restaurer le matériel et aménager une aire de jeu. En effet, malgré la présence de quatorze pensionnaires, le Centre Avoko ne reçoit aucune subvention, que ce soit de la part de l’Etat ou des Eglises protestantes de Madagascar dont il dépend.

Très vite notre action s’est heurtée à la réalité de la vie quotidienne au Centre Avoko. Derrière l’appellation de Centre de réinsertion sociale se cachait une atmosphère carcérale entretenue par des punitions incessantes, arbitraires et cruelles. Le tout était camouflé à notre intention par une habile mise en scène que les filles, suivaient à contre cœur.

En voyant la nécessité pour ces filles de rompre, ne serait-ce que l’espace de trois semaines avec cet univers malsain qu’il leur faudrait retrouver dès notre départ, nous avons décidé de poursuivre notre action telle que nous l’avions prévue. Nous avons repeint une trentaine de lits, cousu cinquante draps et cinquante housses de matelas, et installé un panier de basket en espérant que cette modeste contribution permettra d’améliorer l’ordinaire des filles du Centre.

Les animations étaient basées sur l’apprentissage du français à travers les contes, sketchs, théâtre, confection de costumes et de décors, grands jeux, masques…autant d’activités où les filles ont montré un enthousiasme et une envie d’apprendre formidables.

Au fil des découvertes, des confidences, des questions, se dessinait la triste réalité de la situation du Centre. Seules trois des jeunes filles vont à l’école, les autres passent leurs journées à faire de la vannerie, de la broderie et de la couture pour subvenir aux besoins du Centre. Les punitions sont leur lot quotidien ; des punitions sévères, souvent absurdes, dont les plus fréquentes sont l’interdiction de visites pendant un mois et la privation de tous les autres aliments que le riz pendant la même période ; la malnutrition étant pourtant déjà criante sans cette restriction.

A cela s’ajoutent périodiquement les coups et le harcèlement moral. Cette situation est d’autant plus poignante que les filles du Centre, internées sous le motif général de « danger moral » sont aussi des orphelines, des cas sociaux que des filles soupçonnées de vols dérisoires. Des filles que l’enfermement fait rompre avec le système scolaire et prédispose à la misère.

En marge de notre projet au Centre Avoko, nous avons rendu visite à l’orphelinat Topaza, également situé à Tananarive, que subventionne depuis des années l’Entraide de l’Oratoire. Si les bâtiments se ressemblent, le contraste entre ces deux Centres est terriblement frappant. Là, les enfants vont à l’école et possèdent les infrastructures nécessaires à leurs études, notamment une salle de classe bien aménagée et abondamment fournie en livres. Là, et c’est peut-être le plus important, le personnel encadrant est conscient que le premier besoin d’un enfant, c’est l’affection.

Les travaux réalisés par l’Oratoire permettent à l’orphelinat d’offrir aux enfants un cadre de vie propre à leur épanouissement. Des panneaux solaires emmagasinent l’énergie pour la soirée, l’équipement de la cuisine permet une hygiène difficile dans le pays, la diversité des jouets convient à tous les âges et, enfin la présence de quelques ordinateurs offre la possibilité d’une initiation informatique pour les plus âgés.

On voit assez combien le contraste entre ces deux Centres est frappant. Ils dépendent pourtant des mêmes autorités et accueillent un public presque semblable. Leurs différences résident, certes, dans des conceptions opposées de ce que doit contenir l’éducation d’un enfant, mais surtout dans une différence de moyens. En effet, si le Centre d’Avoko pouvait subvenir à ses besoins sans exploiter ses pensionnaires, il serait possible de leur donner une réelle éducation. De même, avec des fonds supplémentaires, l’ordinaire des filles pourrait être amélioré.

C’est à partir de ce constat et de la volonté de ne pas abandonner les filles du Centre que nous avons décidé de poursuivre notre action. Nous avons pris contact avec les autorités de tutelle du Centre pour dénoncer la discipline outrancière et nous sommes à la recherche de bailleurs de fonds pour offrir aux jeunes filles la possibilité de s’ouvrir vers un avenir plus heureux. Cette volonté aurait pour première expression l’enseignement du français au Centre. L’Alliance française de Tananarive a d’ores et déjà accepté, si nous trouvons les fonds nécessaires, de dispenser ces cours.

Il serait bien difficile de clore ce récit sans évoquer la beauté du pays que nous avons découvert et les rencontres que nous avons faites à Madagascar. Nous étions, en effet, jumelés avec un groupe d’éclaireurs malgaches qui nous ont fait découvrir leur culture.

Pour finir, nous tenons à remercier le Conseil presbytéral et l’Entraide de l’Oratoire pour nous avoir donné les moyens de mener à bien notre projet et en particulier Claudine Roditi pour son soutien et sa disponibilité.

Les routiers de l’Oratoire.

Juillet 2005. Le voyage solidaire de 4 routiers au Burkina-Faso

Nouvel expérience africaine racontée par Pierre Kreitmann, en deux temps : en premier lieu ce que fut la préparation du projet, et ensuite le journal de bord.

Un an de préparation.

« La préparation de ce projet a pris un an : il a fallu d’abord choisir notre destination, définir la nature de notre travail sur place, obtenir des renseignements sur le pays tout au long de l’année (lecture des guides, récits de voyage, rencontre des Burkinabés en France et avec des Français œuvrant au Burkina), et enfin trouver des financements. Pour cela, nous avons fait des déménagements, des paquets cadeaux chez Virgin, vendu des gâteaux à la sortie du temple et même fait des ménages. Nous avons aussi obtenu une aide de la paroisse de 900 €. Les autres sponsors auxquels nous nous sommes adressés ne nous ont rien accordé, mis à part le Rotary Club qui nous a répondu très positivement …deux mois après notre retour !

Il nous a fallu aussi beaucoup de temps pour planifier notre séjour et la partie logistique ne fut pas simple à gérer avec 140 kg de livres et de craies que nous avions obtenus d’une école du XVe arrondissement. Cette école propose d’ailleurs de nous donner d’autres livres tous les ans.

Nous voulions partir avec les EEUdF, mais ceux-ci ayant entamé une réforme de leur branche aînée, la réalisation d’un tel projet est soumise désormais à de très nombreuses contraintes. Il fallait par exemple, partir avec un répondant âgé de 21 ans et bardé de diplômes d’encadrement (il n’y avait l’année dernière, aucune personne répondant à ces critères pour partir avec nous). D’autre part, nous ne pouvions partir hors d’Europe (ce qui à nos yeux, rendait l’expérience moins enrichissante). Les EEUdF, enfin étaient plutôt hostiles aux projets « ambitieux », préférant les objectifs simples, même s’ils n’étaient pas fondés sur la solidarité. Il fallait enfin allonger la période de préparation d’un ou deux ans supplémentaires. Nous avons donc décidé de nous séparer du mouvement EEUdF pour réaliser notre projet en tant que jeunes et non scouts) de l’Oratoire, même si tout au long de l’année nous avons participé aux évènements des scouts, à leurs activités.

Finalement, le voyage s’est déroulé sans aucun incident sur place (ce qui nous a étonnés), et nous n’avons pas dépassé le budget fixé. La réalisation du film est évidemment terminée, grâce au travail de Pierre Vettraino, et nous préparons un DVD avec d’autres documents (photos, textes de rédactions des enfants et extraits de vidéos qui n’ont pas été inclus dans le montage). Nous envisageons de créer un site web pour raconter notre aventure, mais nous attendons les vacances pour nous en occuper.

La partie « témoignage » de notre voyage est en cours de réalisation puisque nous sommes allés parler du projet dans une maison de retraite et dans une école (celle qui nous avait fourni des livres), ainsi qu’à l’Oratoire. Ces expériences sont très enrichissantes et très encourageantes. »

Ecole d’été à Bobo-Dissiné.

« C’est armé d’une machine à coudre et de quinze cartons de matériel scolaire que nous faisons nos premiers pas à Ouagadougou, capitale du Burkina Faso, le 19 juillet 2005. De là, nous gagnons Bobo- Dioulasso, au sud du pays, où nous devons séjourner un mois. Un énorme plat de pâtes, très réconfortant, nous attend chez Yacine, notre logeuse, au terme de plus de vingt-quatre heures de voyage. Il s’agit alors de rentrer en contact avec le président d’ASSO Burkina, l’association partenaire de notre projet qui doit mettre à notre disposition une salle de classe, afin que nous y donnions des cours de français. Malheureusement, il est « en brousse », nous est-il répondu. Nous apprendrons bien vite à le surnommer « l’homme invisible » ! Nous sommes finalement pris en charge par Pako, vice-président de cette association et animateur culturel du centre où nous allons officier.

Enfin, c’est le grand jour, nous allons faire la connaissance de nos élèves ! Quelque peu anxieux, nous arrivons très en avance, ce qui nous permet de mettre en place le matériel, rudimentaire mais qui remplira son office. Un à un, nos élèves se présentent. Première tâche : les répartir en plusieurs groupes car toutes les classes, du CP à la 1ère, sont représentées. Puis, nous adoptons notre rythme de croisière : leçons de grammaire ou d’orthographe, exercices « pour que ça rentre », ou encore rédactions, qui sont pour nous un très bon moyen de découvrir de quoi est faite la vie de nos élèves. A midi, l’école est finie, et nous regagnons nos pénates où, après une petite sieste, nous corrigeons les copies, à moins que nous ne partions à la découverte de Bobo et de ses environs.

C’est la saison des pluies qui, lorsqu’elles surviennent, semblent suspendre toute l’activité de la ville et la nuit, laissent peu de répit. Au vacarme sur le toit de tôle s’ajoute l’appel à la prière de la mosquée voisine. Le pays est vert, difficile d’imaginer que le Sahara se trouve à quelques centaines de kilomètres de là.

Lors d’un week-end, nous partons en expédition à Dissiné, un petit village à une soixantaine de kilomètres à vol d’oiseau de Bobo…C’est-à-dire six heures de route dans un bus aux amortisseurs très fatigués. Nous arrivons à la nuit tombante et allons saluer le chef de village. Par l’intermédiaire de l’instituteur qui traduit, on nous demande si nous aimons le poulet. La réponse étant positive, nous nous voyons offrir deux magnifiques poules bien vivantes, qui seront tuées sous nos yeux le lendemain matin…et avec lesquelles nous ferons un très bon repas.

Il nous reste à la fin de notre séjour à rendre visite à l’association des « Femmes habiles », qui apprend la couture à des orphelines », pour leur remettre la fameuse machine à coudre. Et déjà, c’est l’heure du départ. La virée en mobylette à la cascade de Banfora, le culte du pasteur Bruno, où l’on chante et l’on danse sans retenue, les matchs de foot de la récréation, l’application de certains de nos élèves, l’accueil de Yacine et de sa famille sont autant d’excellents souvenirs que nous avons rapportés de ce voyage. Certes, la préparation a demandé un gros investissement, mais le jeu en valait largement la chandelle. Merci à tous ceux qui ont contribué, de près ou de loin, à la réussite de ce projet, et bon vent aux nouveaux routiers. Nous espérons qu’à leur tour ils rentreront la tête remplie de bons souvenirs.

Conclusion : le groupe aujourd’hui

C’est Héloïse Duché, la conseillère du groupe local qui fait le point des unités et les situe par rapport au projet de la Fédération des EEUDF.

« Aujourd’hui, les éclaireurs et éclaireuses unionistes de l’Oratoire du Louvre forment un grand groupe, un des plus nombreux de Paris, avec plus de 130 adhérents et 20 responsables. Depuis les travaux dans la maison paroissiale, toutes les unités ont eu des locaux au rez de chaussée et au premier étage, ainsi que des caves pour stocker le matériel et étendre les tentes. Cette présence dans la maison paroissiale aide à créer des liens de fraternité avec le reste de la paroisse et le groupe local qui participe aux moments forts de la communauté.

Les enfants continuent, comme depuis 100 ans à partir le week-end camper en forêt et chanter autour du feu. A l’Oratoire nous avons le souci de la simplicité dans notre scoutisme mais aussi de la fraternité, c’est un groupe qui est connu pour ces deux qualités. Ce qui n’empêche pas les équipes de passer du temps à préparer des grands jeux à partir d’histoires de pirates, de samouraï, d’amazones… Et des projets pédagogiques permettant l’éducation à la paix et à l’environnement.

Tout en mettant en œuvre le projet éducatif des EEUDF et en restant fidèle à ses valeurs, à l’Oratoire, nous avons fait le choix de garder le non mixité pour la tranche d’âge de 12 à 16 ans, de continuer à donner des totems aux jeunes à partir de 14 ans ou bien encore de conserver l’imaginaire du Livre de la Jungle pour les louveteaux. C’est l’occasion de créer nos propres outils pédagogiques. Longtemps source de petits conflits avec le mouvement, c’est aujourd’hui une richesse acceptée, d’autant plus que l’Oratoire est très investi dans la vie régionale et fournit bien souvent des cadres régionaux et nationaux au mouvement !

Les EEUDF ont depuis 2008 réaffirmé leur protestantisme. Depuis de nombreuses années, les responsables, formés par le mouvement, faisaient vivre des jeux spirituels aux enfants, basés sur des textes bibliques, petit à petit ils commencent à mettre en place des moments de louange pour permettre aux enfants qui le souhaitent de vivre leur foi. »

Les souvenirs de Jacques POUJOL entré chez les scouts en 1934

Le texte qui suit a été publié dans la Feuille Rose  N° 768 – 15 octobre 2006 – 15 janvier 2007.

Au début de l’année, nous avions lancé un « Appel aux souvenirs du scoutisme à l’Oratoire » pour essayer de retracer l’histoire d’une des grandes unités du scoutisme parisien. A la suite de cet appel, quatre témoignages nous sont parvenus : celui de notre ami Jacques Poujol et ceux de Mesdames Geneviève Marguerite, Christiane Polex (née Dubost) et de Monsieur Peschoud. Ces trois derniers étant plus partiels, nous publions celui de Jacques Poujol, qui retrace l’histoire d’Oratoire II pendant la guerre. Nous restons ouverts à vos témoignages. Nous aurions aimé avoir des récits du Jamboree de Moissons en 1947, où se déroula le plus grand rassemblement mondial de scouts de l’après-guerre.

F.L.

C’est en Octobre 1934 que je suis entré dans la troupe d’Eclaireurs Unionistes d’Oratoire II. J’étais accompagné de quatre autres garçons habitant tous le même immeuble 18 Bd Arago dans le 13ème et tous rattachés à la petite Eglise réformée de Port-Royal. Voici les noms et les totems de ces cinq garçons qu’unirent toute leur vie de très forts liens d’amitié et dont je suis aujourd’hui, à 84 ans, le seul survivant : Jacques POUJOL, « Mouflon lunatique » ; Robert POUJOL, frère de Jacques, « Gai Renard » ; François BONIFAS, « Pingouin vorace » ; Michel BONIFAS, frère de François, « Ourson casse-cou » et Jean- François BRETON, « Apre Furet », dont la soeur Martine épousera Robert POUJOL, mon frère.

Un chef de Troupe nommé Pierre Kast

A ce groupe très soudé, s’associera Paul MILZAC qui épousera plus tard une autre fille de la tribu du 18 Bd Arago. Mais je préfère pour le moment laisser les filles de côté car, comme éclaireuses, elles sont plutôt allées vers Roquépine. J’ai simplement voulu montrer que scoutisme et sociologie protestante, avant même l’avènement de la mixité, étaient déjà des notions à la fois fécondes et étroitement liées. Qui étaient nos chefs, nos C.T., comme on disait alors ? Je sais peu de choses sur le premier sinon qu’il était étudiant suisse originaire du Canton des Grisons où l’on parlait la langue romanche, et qu’il s’appelait Bizas. Il était secondé par un garçon à peine plus âgé que nous, qui devait se faire un nom comme cinéaste, Pierre Kast. Il fut aussi mon condisciple au lycée Henri IV et surtout, en 1941, il me fit entrer dans un mouvement de résistance appelé Front National des Etudiants. Peu avant la Libération, son petit frère devait être fusillé par les Allemands.Dès 1935, un autre chef de troupe vint relayer Bizas, un étudiant en théologie nommé Albert Nicolas, remarquable par sa chevelure rousse ondulée. Il réorganisa la troupe de façon plus stricte et la divisa en trois patrouilles : Castors, Léopards et Dauphins. Les examens de 2ème et de 1ère classes furent plus étroitement contrôlés, ce qui m’empêcha longtemps de franchir ces étapes car j’avais de grosses difficultés avec les noeuds. Adepte de Barth, comme presque tous les théologiens de cette époque, il présidait le culte à chaque sortie. Il voulut même instaurer le culte de patrouille, ce qui me mit dans le plus grand embarras lorsque j’accédai au titre de C.P. des Dauphins.

Beaucoup plus tard, je devais retrouver Albert Nicolas rue de Clichy où, après avoir été aumônier militaire en Indochine et en Algérie, il exerçait, entre autres fonctions ecclésiastiques, celles de secrétaire général de la F.P.F. Aux côtés d’Albert Nicolas (dont j’ai oublié le totem), il y avait comme C.T.A. un polytechnicien très sympathique, grand de taille, qui s’appelait Hardy (j’ai oublié son prénom).

Un C.T mort en héros

En 1937, on nous donne encore un nouveau chef venu de la troupe de Roquépine élève de l’Ecole Coloniale (dite « Colo »). Il s’appelait Jacques-Henri Schloesing et était fils du Directeur de la Maison des Missions boulevard Arago, ce qui n’était pas pour déplaire à la bande du 18 ! Il n’eut pas de peine à conquérir l’affection de ses Eclaireurs, à l’écoute de ceux qui, comme moi, en devenant plus mûrs, commençaient à se poser des questions sur leur engagement dans un monde déchiré prêt à basculer dans la guerre.

Nous apprîmes, après 1940, qu’il avait rejoint De Gaulle, qu’il s’était engagé dans les F.A.F.L., qu’il avait été mis à la tête de l’escadrille Ile-de-France, qu’il avait été abattu une première fois en 1943 au-dessus de la France occupée (quoique terriblement brûlé, il était parvenu à rejoindre l’Angleterre par l’Espagne) et qu’il avait finalement trouvé la mort en combat aérien dans la région de Rouen le lendemain de la libération de Paris…Aujourd’hui, près du Trocadéro, une rue parisienne porte le nom de « rue du Commandant Schloesing »

Oratoire II ou Cassiopée

Durant la période 1934-1939, les activités de l’Oratoire II (qui avait adopté le surnom mythique de Cassiopée ainsi que le sigle « W » désignant cette constellation) ne se distinguaient guère de celles des autres troupes d’Eclaireurs Unionistes : sortie du dimanche (journée entière ou demi-journée) avec rendez-vous devant le Monument aux morts de la gare Saint-Lazare ; parfois réunions de patrouille le jeudi après-midi dans les locaux mis à notre disposition, rue des Jeûneurs, par Monsieur Roy, conseiller presbytéral à l’Oratoire ; réunions des C.P. et S.P. (conseils de chefs) de temps en temps le soir en semaine. Les sorties étaient animées par des jeux divers, surtout le « ballon prisonnier » ou le foot. Il y avait à l’Oratoire la Fête de la Jeunesse qui faisait salle comble avec tous les louveteaux, P.A., Eclaireurs et Eclaireuses E.U. de Paris. On y chantait avec enthousiasme des cantiques pour jeunes protestants dont le patriotisme ringard me fait frémir aujourd’hui :

« Jeunesse ardente et valeureuse
Que rien n’effraie et rien n’abat
Comme une élite valeureuse

Lève-toi pour le combat ! »…

[Note : ce chant intitulé Jeunesse Ardente a été le chant officiel des Eclaireurs Unionistes entre 1909 et 1936, date à laquelle il fut remplacé par La Joie au Coeur qui a le même air.]

N’empêche que c’était très exaltant de se sentir si nombreux, du parterre aux plus hauts gradins des tribunes, avec nos foulards bariolés, à chanter d’un même cœur des hymnes composés par la génération précédente, celle de la « Grande Guerre » de 1914-18. Il y avait aussi le grand rassemblement annuel de Trivaux centré surtout sur le scoutisme international et son fondateur Baden-Powell. C’est l’une des rares occasions où nous rencontrions nos frères éclaireurs d’Oratoire I car le reste du temps nous faisions plutôt bande à part, sans doute rançon de l’esprit de tribalisme mis au centre du scoutisme par ses fondateurs.

La nostalgie des camps d’été

Et puis naturellement il y avait les camps, camps de Pâques dans la région parisienne, camp de ski inauguré à la Noël 1938 par J.H. Schloesing à la Chalp d’Arvieux , station lancée par la Fédération. Surtout camps d’été qui ont laissé dans ma mémoire des souvenirs impérissables : celui de Malbuisson dans le Jura, le plus improvisé de tous, auquel les inspecteurs d’aujourd’hui n’auraient certainement pas accordé leur agrément, pas plus qu’au camp volant en Suisse qui le suivit et où ma patrouille faillit mourir d’insolation sur la route menant à Lausanne.

Celui de Schisrothried en Alsace beaucoup mieux organisé par Albert Nicolas mais dont le camp volant, par le Hohneck et Gérardmer, m’a laissé le souvenir cuisant des attaques répétées de hordes de moustiques. Celui de Saint Front, en Haute-Loire, à proximité du lac du même nom dont le traditionnel camp volant conféra à la troupe de l’Oratoire II la touche d’héroïsme qui lui manquait. Un incendie ayant éclaté à l’improviste dans la maison d’un village que nous traversions, nous entrâmes immédiatement en action, sous la direction de J.H.Schloesing, d’abord pour vider de leurs meubles les pièces les plus menacées, ensuite pour former à partir de la fontaine publique une chaîne qui, à l’aide de seaux d’eau, permit de maîtriser le sinistre.

Emu jusqu’aux larmes, le maire du village demanda aux villageois de nous servir un festin improvisé en plein air qui nous fit oublier les traditionnelles nouilles trop cuites de nos repas habituels. En juillet 1939, le camp d’été se déroula à l’Espérou (Gard), dans le massif cévenol de l’Aigoual, où je devais, trois ans plus tard, trouver mon refuge dans le maquis. Les nuits étaient fraîches dans les tentes que nous avions plantées au bord d’une « draille » à 1200m d’altitude et nous ne savions pas que la guerre allait, deux mois plus tard, nous disperser, certains pour toujours.

Rencontre à l’Espérou

Le souvenir le plus émouvant que j’ai gardé de ce camp est la rencontre inopinée que je fis, à la tête de ma patrouille (car j’avais pris du galon !) au coin d’un bois au-dessus de l’Espérou, d’un grand vieillard (en réalité il avait vingt ans de moins que moi aujourd’hui) qui nous demanda qui nous étions et engagea avec nous une conversation (sur le scoutisme, sur le pays cévenol, sur les Protestants, sur Jésus-Christ…), une véritable conférence qui dura presque une heure sans que nous sentions le temps passer. J’appris plus tard que ce bon vieillard n’était autre que le pasteur Nick, l’évangélisateur bien connu de Fives-Lille, qui avait de nombreuses attaches dans le pays cévenol et qui, même pendant ses vacances, n’arrêtait pas d’évangéliser.

Affaires de rites

C’est au cours des camps d’été que se donnaient libre cours certains rites un peu barbares propres au scoutisme mais de nature proche du « bizutage » encore pratiqué dans certaines écoles. Il y avait d’abord ce que nous appelions le « cirage », sorte de sanction collective appliquée à tel d’entre nous qui avait démérité ou enfreint nos règles non écrites de comportement. Ce traitement ne me fut infligé qu’une fois au camp de Malbuisson pour refus d’effectuer la corvée de cuisine.

Un autre rite était celui de la « totémisation » précédée de ce que nous appelions à Oratoire II l’ « initiation ». Jugée trop barbare dans sa forme primitive, Albert Nicolas mit heureusement fin à cette pratique qui consistait à faire croire à l’initié qu’on allait lui appliquer dans le dos un fer rouge ! Un conseil de chefs décida de remplacer ce rituel par un autre un peu canularesque. Il s’agissait, avant de conférer à l’initié son totem définitif, de l’affubler au cours d’une cérémonie burlesque, d’un totem ridicule qu’il ne gardait que cinq minutes avant que la vraie totémisation ait lieu.

Des noms d’autrefois

A force de remuer ces souvenirs enfouis dans ma mémoire, je m’aperçois que beaucoup de noms d’anciens amis éclaireurs que je croyais avoir oubliés me reviennent à l’esprit à mesure que j’écris ces lignes. Je ne suis plus très sûr des prénoms parce qu’à cette époque on s’appelait par son nom de famille entre jeunes plutôt que par son prénom. Ce sont des noms portés par de grandes familles historiques de l’Oratoire : POSTEL, D’ALLENS, LANGLOIS, ROSER, CAMBASSEDES, PETER, peut-être d’autres vont-ils s’ajouter à cette liste sortie des tréfonds de ma mémoire, ou même, qui sait ? Se faire connaître parce qu’ils rôdent toujours autour de l’Oratoire.

J .P.