Pauvreté

Veiller n° 335 de Janvier 2015

Je suis pauvre et tu l’es aussi

Seigneur Jésus !
Je suis pauvre et tu l'es aussi ;
je suis faible et tu l'es aussi ;
je suis homme et tu l'es aussi.
Toute ma grandeur vient de ta petitesse ;
toute ma force vient de ta faiblesse ;
toute ma sagesse vient de ta folie !
Je courrai vers toi, Seigneur,
toi qui guéris les infirmes,
fortifies les faibles,
et réjouis les cœurs plongés dans la tristesse.
Je te suivrai, Seigneur Jésus.

Aelred de Rievaulx
(anglais du XIIème siècle)

Editorial

L'année qui s'achève est encore pour notre Fraternité une année bénie, pour laquelle nous pouvons pleinement rendre grâce, dans la joie et la simplicité, devant l'infinie miséricorde du Seigneur notre Dieu.

Dans sa grâce, le Seigneur a poussé plusieurs frères et sœurs à frapper à notre porte pour entrer en noviciat. Nous les accueillons avec joie et reconnaissance.

Voici les prénoms de ces novices et leurs lieux de vie, pour que nous les portions dans notre intercession : Daniel d'Orbe (CH), Daniel de Châtelet (B), Monique de Roubaix, Elisabeth de Tournai (B), Markus de Reconvilier (CH), Maxime de Rungis, Suzy de Roanne, Anne de Palavas, Lucien de Toulouse, Anne-Béatrice de Sundhoffen, Isabelle de Tournai (B), Richard et Nadine de Ribaute-les-Tavernes, Claire de Saint Michel, Pierre de Guilherand Granges, Claude de Migennes, Eric de Roussillon, Régis de Guilherand Granges, Marguerite de Lyon, Hélène de Montpellier, Michèle de Cuxac-Cabardès, Nadia de Bruxelles (B).

A ceux-là s'ajoutent les noms de ceux qui prolongent leur noviciat pour une année : Claude de Vevey (CH), Bruno de Versonnex, Danielle d'Enghien Les Bains, Muriel de Saint Menoux, Danielle de Lorient, Christel de Kelh (D), Patrick de Genève (CH), Marc de St Mandrier sur Mer, Dominique de Bruxelles (B), Urs de Lausanne.

Plusieurs novices arrivent en fin de noviciat, nous les accueillons avec joie et reconnaissance comme Veilleurs observants. Avec eux renouvelons nos engagements pour l'année qui vient :

Daniel de Prades-le-Lez, Pierre-Patrick de Québec (Canada), Monique de Neuchâtel (CH), Benjamin de Saint Denis, Anne-Marie de Lausanne (CH), Vincent de Lausanne (CH), Geneviève d'Areuse (CH), Edy des Veneresses (CH), Gérard de Caubous, Rino de Braine-l'Alleud (B), Philippe de Lentigny (CH), Frédéric de Montarnaud, Roselyne d'Anglet, Daniel de Paladru, Didier de Menton, Monique de Nantes, Jean de Prilly (CH), Thierry de Lyon, Claire-Lise de Prilly (CH), Sylvie de Champenoux, Robert d'Auch, Gisèle de Lyon, Natacha de St Germain en Laye, Tania de Grez-Doiceau (B), Philippe de Puidoux (CH).

Que le Seigneur nous bénisse tous et fortifie chacun, dans la joie.

Votre sœur Claude Caux-Berthoud

Echos de nos régions
Première retraite

Avec un accueil très bref et silencieux (à l’étonnement de mon mari qui m’accompagnait : nous arrivions juste au moment de la méditation) je me suis immergée dans la prière et la louange.

Ma première retraite ! Une découverte totale pour moi, en quête de repos physique et d’approfondissement spirituel.

Le silence : ne pas regarder ni sourire à son voisin de table ? Se replier sur soi-même pendant trois jours ? Au contraire ! Ouvrir son cœur et regarder au-dedans, sa vie, ses aspirations, aidée par l’enseignement si riche et profond d’Evelyne : « Heureux les pauvres en esprit » ! Et je me sentais si pauvre, si mendiante !

Merci aux frères et sœurs pour les moments de communion spirituelle si paisibles.

Merci pour les chants puissants et joyeux accompagnés précieusement par notre musicienne dévouée.

L’organisation était parfaite, précise, sans dirigisme. Et le point d’orgue de ma première retraite a été la Cène qui nous a réunis dans un esprit de joie, de communion fraternelle et chaleureuse avant de nous séparer.

Gisèle T.

Heureux les pauvres en esprit,
car le Royaume des cieux est à eux

Nous avons pu recevoir un enseignement de la part d’Evelyne Ratti, enseignement d’une grande profondeur à partir de cette première béatitude. Evelyne nous a confié son parcours personnel, qui l’a conduite du carmel à la Fraternité des Veilleurs : “ Il arrive que l’on prenne des virages à 90 degrés”, nous dit-elle.

Cela demande une bonne dose de lucidité et de courage. Evelyne nous a fait sentir combien il est de toute importance de faire cette descente dans nos profondeurs, pour pouvoir remonter vers la lumière et trouver notre être profond, primordial, notre vérité d’être.

Car c’est dans nos profondeurs que se trouve le trésor offert à tous par la grâce divine.

De sa voix douce et tranquille, Evelyne a évoqué en quelques mots la situation du monde et de la société actuels : “la barbarie est toujours là, malgré 2000 ans de christianisme » …

Elle nous questionne : “ Comment pouvons-nous être heureux d’être pauvres ?” et nous dit entre autre : ” la pauvreté affine notre regard et élargit notre cœur, comment ne pas l’aimer.”

S’appauvrir en allant au désert, où cette sorte de GPS que sont les béatitudes, nous conduira à l’essentiel. Dieu nous donne rendez-vous au désert et il y parlera à notre cœur profond, loin de tout ce qui encombre et assombrit nos âmes, Dieu regarde au cœur et à l’âme, tels qu’ils sont en vérité, et il nous conduira dans toute la vérité : car telle est la vocation de l’Esprit Saint (parole de Jésus).

Dieu nous conduit au dépouillement de toutes nos idées reçues et de toutes nos illusions de bonheur, quand celui-ci est réduit à des aspirations matérielles égoïstes.

”Quand il entend les cris des malheureux, Dieu vient nous prendre par la main “, Dieu nous convie au désert pour renouveler son alliance avec nous ; comme pour Jésus, nous y recevrons une initiation spirituelle qui sculptera nos âmes, Dieu nous fera comprendre alors qu’il nous a aimés pour nous-mêmes et qu’il désire de toute éternité que nous l’aimions pour lui-même aussi, gratuitement, sans chercher des avantages matériels ou spirituels quels qu’ils soient, simplement, en vérité : “l’Eglise aussi doit être pauvre”.

Que notre joie demeure quand Dieu nous envoie au désert, ne nous attristons pas et ne craignons pas, car c’est là qu’il va réveiller en nous son image afin que nous ayons soif de sa présence, et il le fera vraiment au sein des épreuves et de nos tentations, il nous enseignera à nous appuyer sur sa parole de vie.

Colette L.

Jésus ne promet pas le bonheur, mais d’être heureux

Toute l'humanité est en quête du bonheur ; et nous pouvons vivre des moments de bonheur, dans l'amitié partagée, le service d'autrui, l'admiration de la Création...

Ce sont des moments passagers, éphémères, et trop rares à notre goût.

Ces petits bonheurs de la vie sont comme des prémices qui invitent à croire et à espérer beaucoup plus. Mais est-il possible d’être heureux dans une société aussi morose, et dans un monde tellement plein de souffrances ?

L’Evangile nous invite à découvrir le chemin tracé par Jésus.

Dans les Béatitudes, Jésus nous confie sa propre expérience : « Je suis un pauvre, et je suis heureux ».

Le mot « heureux » se retrouve à maintes reprises dans la Bible, en particulier dans les Psaumes ; comme si Dieu voulait nous faire comprendre qu’être heureux, c'est déjà possible maintenant, et que c'est notre ultime destinée.

Pour accéder aux richesses impérissables du Royaume, Jésus, dans la première béatitude, nous indique le chemin à suivre : « être pauvre de cœur, être pauvre en esprit ».

Cette pauvreté spirituelle, cette humble disponibilité intérieure, nous permettent d'accueillir, avec joie et reconnaissance, l'amour de Dieu ; cet amour qui dure à toujours.

Être heureux devient possible, mais pas pour soi tout seul. Si nous recevons la grâce de cette béatitude, cela va forcément rayonner, même à notre insu.

Mais cette pauvreté spirituelle a un coût, car elle implique un détachement, un abandon, l'acceptation de « perdre », l'acceptation de n’être qu'un reste petit et faible.

Ce chemin du « qui perd, gagne » n'est pas facile. Il suscite en nous des tensions intérieures, tensions entre nos habitudes, nos sécurités et les risques de l’Evangile.

Seul le secours de Dieu, et sa grâce en Jésus peuvent nous aider à avancer sur le chemin des Béatitudes.

Jacques T.

Rendre Grâce !

Je veux rendre grâce au Seigneur pour les rendez-vous qu’Il nous donne où nous recevons Sa paix, Sa miséricorde, Son humilité à travers les paroles, les enseignements.

Merci pour Son Amour, qui aime pour rien. C'est-à-dire qui se donne gratuitement, sans rien demander en échange.

J’ai découvert là, la valeur du verbe donner.

Le don : le don de soi, se déposséder de tout ce qui fait notre vie, notre être pour l’Autre.

Car on donne forcément à quelqu’un. On ne peut donner qu’à l’Autre.

Alors à travers Christ, je ne veux être que don.

Georgette G.

Pauvre de cœur

Petit, humble devant le Père

Abandonné entre ses mains

Unifié par l’Esprit.

Va, vends et viens !

Reste, être ce « reste » est notre vocation.

Etre et non avoir…

Détachement, dépouillement,

Esprit de pauvreté.

Confiance, consentement

Ouvert et libre

Elargir son regard…

Humus nous sommes nés, humbles nous devons devenir…

Rendre témoignage à Dieu seul !

Eliane W.

Etre Heureux

Dieu est mon horloger, je suis le mécanisme complexe, créé par Lui.

Mon cœur et ma volonté sont le balancier…

Ma vie oscille éternellement, comme le balancier, entre la recherche des bonheurs liés à ce monde, et cet état d’âme si particulier, offert par Dieu, à savoir le fait d’être heureux.

Entre l’avoir et l’être.

Entre le monde et le Royaume de Dieu.

Entre l’effort et la grâce.

Entre la volonté et le lâcher-prise.

Entre le trop-plein et le vide libérateur.

Entre la mort et la vie.

Entre mon amour limité pour Dieu et l’amour sans limite et sans fin de Dieu pour moi…

Tant que mon cœur bat, je vivrai cet inconfortable va-et-vient, apercevant des petits bouts du Royaume de Dieu.

Jésus disait à l’homme riche : « Va, vends tout ce que tu as, donne-le aux pauvres, viens et suis-moi. »

Va et viens, après avoir compris et accompli le sens de ta vie.

Ma foi me fait tendre vers l’espérance que le jour où le balancier s’arrête, Jésus me recueille dans ses bras, du côté « heureux » du va-et-vient de ma vie, allégée de tout poids terrestre, le cœur désencombré et dans la joie sereine…

Elisabeth G.

« On peut tout perdre en ce monde,
on ne perdra jamais le trésor qu’on a placé en Dieu. »

Prière

Abba, Tu le sais,

Je fanfaronne, parfois, alors que je me sens inutile ;

Pardonne mon insolence.

Je ne peux pas nier la souffrance engendrée

par les forces qui m’agressent ;

Je ne peux pas accepter que l’adversaire défasse

ce que tu as mis dans le cœur

de ceux que Tu as créés à Ton image ;

Je ne peux pas adhérer aux tentations

de l’ennemi qui détruit ce que Tu nous as confié.

Au creux des turbulences, Tu es là, imperceptible ;

Derrière mes doutes que Tu repousses,

Tu fais le vide.

Et je peux T’accueillir dans le champ de mes propres insuffisances.

Je dois renoncer à croire à ce qui n’est qu’apparences.

Il me faut accepter la perte du lien que je croyais indéfectible.

Aux jours de tristesse,

Ton Esprit Saint, invisible, me console

et me donne à consentir

à semer encore et toujours, au milieu des intempéries ;

je garde l’espérance de la germination d’une nouvelle promesse

qui fera rayonner Ta bonté naturelle.

Toi seul peux faire advenir ce qui est juste et beau dans le chaos,

et transformer les faiblesses en vigueurs, la ténèbre en Lumière.

Aide-moi, Père, à demeurer bienveillante

dans le silence de l’attente et de la confiance.

Je te rends grâce pour la joie profonde que Tu maintiens en moi

qui me permets de choisir la Vie pour Te servir,

toujours mieux Te servir, telle que je suis,

en mémoire de Jésus le Christ, Ton Fils, notre Sauveur,

mon Compagnon.

Mauricette H.

Quelques pensées à méditer sur la pauvreté

Passer du besoin de l’autre, au service de l’autre.

Etre pauvre, c’est aimer les autres dans leur pauvreté.

Avoir du bonheur… être heureux.

Les pauvres commencent à faire trembler les puissants.

:-)

« Il faut donc être. Tout est là. Et être pauvre. Rude combat dans un monde tentateur dont la vérité et l’actualité sont l’avoir et le faire. »

« Pauvre, celui qui, devant la splendeur du monde et tant d’abondance offerte,

peut tout aimer parce qu’il n’a rien confisqué. »

Sœur Antoinette Butte

Prière

Tu es le pauvre,
Seigneur Jésus

A tous les pauvres
la Bonne nouvelle.
La joie de Dieu
peut naître en leur pauvreté.

Heureux celui
dont la vie est louange,
Seul un coeur pauvre
sait chanter le Seigneur.

Toi le plus pauvre,
Seigneur en ta vie
Toi le plus riche
de tout le don de Dieu !

En notre coeur
fais renaître l’enfance !
En notre vie,
la simplicité de Dieu !

Dominique Ombrie

Site de la fraternité des veilleurs : fraternite-spirituelle-des-veilleurs.org
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