Croix, signe de croix et génuflexion : est-ce mauvais ?

Question : Croix, signe de croix et génuflexion : est-ce mauvais ?

Je fréquente de temps en temps la messe et quand je rentre dans une église ou une chapelle , je fais une génuflexion. Pour moi, c’est un geste de respect, de soumission vis à vis de la présence de Dieu dans son lieu saint que je trouve très fort.
Pensez vous que si je le fais dans un temple ce geste risque d’être mal interprété ? Que pensez vous de ce geste?
Bien qu’étant protestante, je suis très attachée au symbole de la croix . J’en porte une qui me rassure, est ce de l’idolâtrie ? Car j’ai l’impression que Dieu est avec moi au travers de cette croix .
De même lorsque je vois une croix accrochée dans mon établissement scolaire, cela me rassure énormément.
Est-ce que c’est mauvais ?

Bien à vous, salutations,
Julie

Réponse d’un pasteur :

Chère Julie

Effectivement ces gestes de l’agenouillement et du signe de croix sont de très beaux gestes. Et je ne vois vraiment pas comment on pourrait les critiquer théologiquement.
Sauf s’ils étaient faits par ostentation, dans le but de se montrer aux autres comme très religieux. Mais c’est vrai que Jésus nous met en garde contre les actes religieux visibles (Matthieu 6), le risque existe que le regard des autres trouble la sincérité de notre relation à Dieu, qualité qui est essentielle. car le regard des autres est important pour nous, et c’est bien naturel : nous sommes un animal social.En public il y a toujours le risque que la sincérité notre geste public ou notre prière publique.
C’est ce qui a fait que dans certaines branches du protestantisme ces gestes ne sont pas pratiqués. Et peuvent effectivement passer pour exotiques. Mais une personne qui critiquerait ne serait pas très fraternelle. En quoi est-ce que cela blesserait son œil de voir quelqu’un exprimer un geste d’adoration de Dieu ? Et si cela était, cette personne ne peut-elle pas regarder ailleurs à ce moment là ? Et certainement pas porter un jugement sur son frère ou sa sœur quant à ce geste, et encore moins blesser cette personne par une remarque.
C’est vrai que cela peut arriver de subir une remarque peu sympathique dans une église de la part d’autres chrétiens. Hélas. Mais nous sommes tous des pêcheurs, les églises ne sont pas faites pour les personnes parfaites mais pour nous tous, avec nos faiblesses. Si une remarque désagréable arrive, il est possible de laisser passer. Si et seulement si l’on pense que la personne en face pourrait être capable de progresser, il est possible, me semble-t-il de lui dire « Pourquoi me frappes-tu ? » (Jean 18:23)

En tout cas, une chose est certaine, c’est que l’agenouillement et le geste de croix sont tout à fait appropriés dans la piété personnelle, dans l’intimité de votre prière chez vous.

Porter une croix autour du cou est une belle chose aussi, ou une colombe, un chrisme, une croix huguenote… si cela nous aide à penser à Dieu et au Christ, si cela est un témoignage discret mais explicite de notre foi.
Mais votre « J’en porte une (de croix) qui me rassure » m’inquiète un peu plus. Car Dieu n’est pas dans le métal de la croix que vous avez autour du cou. Ce n’est pas là qu’il faut l’attendre, le chercher. Dieu n’est pas là au travers de quelque objet ou lieu. Dieu est là parce qu’il s’attache à vous, et vous serez avec lui sui vous vous attachez à lui mais pas de façon extérieure, de façon intérieure, profonde, par la prière, par la réflexion, par l’inspiration.
Sans que ce soit obligatoire non plus, il me semble bon en général d’avoir ces petits signes visible de notre attachement à Dieu. Mais je me demande si vous ne devriez pas essayer, vous, de vous en passer au moins pour quelques mois, parce que dans votre cas ces objets sont venus prendre trop de place, et qu’il vous serait favorable de recentrer votre confiance en Dieu sur une dimension plus spirituelle, dans l’invisible.

Mais parler d’idolâtrie serait à mon avis exagéré. Et il n’y a bien entendu aucune crainte que cela fâche Dieu ! Il n’est pas comme ça. C’est simplement une dépendance qui limite un peu votre foi, je pense.

Avec mes amitiés fraternelles

Pasteur Marc Pernot (21 novembre 2017)