Vive l'amour fraternel

Psaume 133

Culte du 7 novembre 2021
Prédication de pasteur Louis Pernot

Vidéo de la partie centrale du culte

Culte à l'Oratoire du Louvre

Dimanche 7 novembre 2021
« Vive l'amour faternel »

Culte présidé par la Pasteure Béatrice Cléro-Mazire
Prédication par le Pasteur Louis Pernot,
         Pasteur de l'Eglise Protestante Unie de l'Etoile
Musique : Aurélien Peter, organiste suppléant

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Orgue

Annonce de la grâce
La grâce et la paix nous sont données en Dieu notre père.
Bienvenue à toutes et à tous ce matin.
Aujourd’hui, nous avons la joie d’accueillir le Pasteur Louis Pernot, pasteur au temple de l’Etoile à Paris, c’est lui qui nous donnera ce matin la prédication.
Merci à lui d’être parmi nous.
Agnès Adeline Schaeffer, ma consoeur, prêchera ce matin à l’Etoile.
C’est Aurélien Peter qui accompagne ce culte à l’orgue ce matin.

Nous nous nous réunissons dans la communion fraternelle avec le 1er chant spontané
Répons : « Bénissons Dieu le seul Seigneur » (Ps. 134, str.1). [cliquer ici]

Louange
(Psaume 138 )
Je te célèbre de tout mon cœur, (Éternel),
Devant Dieu, Je te chante.
Je m'incline vers le palais de ta sainteté,
Et je rends grâce à ton nom
pour ton amour et ta vérité
Car tu as rendue grande ta parole,
plus que tous tes noms.
Pendant le jour, j'ai crié vers toi et tu m'as répondu,
tu m'as élevé, et dans mon âme (ma vie) c'est la force
Ils te célébreront, Éternel, tous ceux qui sont puissants sur la terre, car ils écoutent les paroles de ta bouche.
Et ils chantent des cantiques dans les sentiers de l'Éternel, Car elle est grande, la gloire de l'Éternel.
Car l'Éternel est élevé, et il voit celui qui est abaissé et celui qui est arrogant, c'est de loin qu'il le connaît.
Quand je vais au milieu de la détresse, tu me fais vivre sur la colère de mes ennemis tu étends ta main et ta droite me sauve.
L'Éternel mène tout à l'accomplissement pour moi.
Éternel, Ton amour est pour toujours. Ce que tu as fait de tes mains, tu ne l'abandonnes pas.

Nous louons Dieu en chantant :

Psaume : Psautier Français n°67 « Que Dieu nous bénisse et nous garde », strophes 1 & 2. [cliquer ici]

Volonté de Dieu
Si quelqu’un dit : »j’aime Dieu », et qu’il n’aime pas son frère, c’est un menteur, car celui qui n’aime pas son frère, qu’il voit, ne peut aimer Dieu, qu’il ne voit pas. Et nous avons de lui ce commandement : que celui qui aime Dieu aime aussi son frère. [1 Jean 4:20-21]

Répons : « Parle, parle Seigneur, ton serviteur écoute » (L&P n°193, str.1) [cliquer ici]

Repentance
Eternel, il est difficile de te suivre et de savoir si nous te suivons fidèlement
Jésus de Nazareth nous a montré un chemin mais c’était le sien et il est bien difficile de le suivre aussi.
Aide-nous à inventer notre chemin avec ce qui nous est donné, ce qui nous est imposé et ce qui nous est offert.
Viens au secours de notre manque de foi, pour que nous marchions avec toi.

Répons : « J’aime mon Dieu, car il entend ma voix ». (Ps. 116, str.1) [cliquer ici]

Annonce du pardon
Mais le Seigneur nous redit sa grâce et dit à chacun de nous :
« Ma grâce te suffit, car ma puissance s'accomplit dans la faiblesse ».

Répons : « Combien grande est ta gloire » (Ps 92 selon L&P n° 38 str.2) [cliquer ici]

Confession de foi
Je crois en un seul Dieu,
notre Père, le créateur,
il a pour chacun et pour nous des projets de vie et de joie.
Je crois en Jésus-Christ,
notre Seigneur et notre frère,
qui est fils de l'homme et fils de Dieu,
il vient à nous, il nous aime et il nous sauve.
Je crois en l'Esprit Saint
qui nous est laissé comme un don gratuit,
il appelle la foi et fonde l'espérance véritable.
Je crois que par l'amour, la vie touche à la vie éternelle,
et qu'en Dieu nous demeurons dans la liberté et dans la joie.

Répons : « Grand Dieu, nous te bénissons » (L&P n°69, str.1) [cliquer ici]
 
Doxologie
« Gloire à Dieu dans les cieux et sur la terre, et d’éternité en éternité »

Lecture du passage de la Bible médité
Psaume 133 [cliquer ici]

Cantique : Louange et Prière n° 342 « O qu’il est beau de voir des frères », Strophes 1 à 3 [cliquer ici]

Prière d'illumination

Jeu d’orgue

Prédication : Vive l'amour fraternel

[Ce texte est une transcription de l'enregistrement]

Voici ce psaume 133 « Oh ! Qu'il est bon, qu'il est doux pour des frères d'habiter unis ensemble ». Je vous l’ai dit, j'aime beaucoup ce psaume pour plusieurs raisons. D'abord parce que ça rappelle l'importance de vivre d'amour fraternel. Et c'est vrai que c'est bon et c'est agréable et c'est bien de le rappeler. Mais si vous écoutez bien, le psaume va beaucoup plus loin. Il ne dit pas juste c’est bon et c'est agréable. Le dernier verset c'est de dire : c'est là que l'Éternel donne la vie pour l'éternité. Donc c'est même une question de vie ou de mort, dirais-je. Donc, oui, l'amour fraternel n'est pas juste bon et agréable. C'est aussi le sens même de notre vie. Et cet amour fraternel dont il est question, ce n'est pas juste d'être sympathique avec les gens. Vous le savez, l'amour de l'évangile, c'est une véritable ouverture sur les autres. C'est de s'intéresser à l'autre comme sujet. C'est de l'accueillir comme une personne, comme un vis-à-vis, comme quelqu'un qui me permet d'abandonner mon égoïsme et mon auto-centrage pour être capable de me mettre à la place de l'autre et de l'accueillir en tant que tel.
Il y a une troisième raison qui me plaît dans ce psaume, c'est tout ce qu'il y a entre le premier et le dernier verset. Parce que là on a tout un tas d'images hétéroclites assez étonnantes. Le psaume dit que c'est comme l'huile versé sur la tête qui va sur la barbe, sur la barbe d'Aaron. Donc on a deux barbes déjà. Huile qui, versée, va ensuite sur les franges du vêtement. C'est comme la rosée de l’Hermon qui va jusqu'aux monts Sion.
Donc toutes ces histoires sont un peu curieuses et ces images sont difficiles. Et comme j'aime la difficulté et que je me suis dit que la Bible n'est pas juste un livre poétique pour faire joli, c'est qu'il doit y avoir du sens là-dedans. Et donc pourquoi nous dit-on que l'amour fraternel est comme l'huile la meilleure qui versée sur la tête descend sur la barbe, etc…
 
Alors j'ai regardé point à point et j'ai quelques pistes que je voulais vous suggérer. D'abord on nous dit que c'est comme l'huile la meilleure versée sur nous. Alors là je vous fais une petite leçon, d'abord sur les parfums, parce que je ne sais pas si vous le savez, mais les parfums ne sont dissous dans l'alcool que depuis le 19e siècle. Autrefois les parfums étaient dissous dans l'huile. Et donc, dans la Bible, quand on parle d’huile, il s'agit d'huile parfumée, et donc c'est en fait du parfum. Alors voilà, l'amour fraternel c'est comme un parfum versé sur nous. Et ça, ça me plaît beaucoup, parce que, d'abord, si moi j'ai de l'amour fraternel, ce que j'essaye d'avoir, ça me rend plaisant pour les autres. Parce que si vous mettez du parfum c'est pour être agréable aux autres. Voilà et puis là, excusez-moi, c'est un peu moins plaisant, mais c'est néanmoins vrai : du temps de Louis XIV encore, comme il se lavait pas beaucoup, il ne sentait pas bon et on mettait du parfum pour masquer les mauvaises odeurs. Alors je vous le dis, ce n'est pas très élégant comme image, mais néanmoins elle a quelque chose de juste : c'est que nous n'avons pas toujours de bonnes odeurs pour les autres et que parfois on agresse les autres même sans le vouloir, parce qu’on s'y prend mal ; on est maladroit ; on dit des choses qui ne sont pas bien. Et en fait la bonne relation avec les autres, l'amour du prochain, l'amour de l'autre, ça permet déjà en quelque sorte de masquer un peu notre mauvaise odeur. Nous ne sommes pas parfaits mais mettre un peu de fraternité dans nos vies, ça masque le mal comme le parfum masque notre odeur qui n'est pas forcément agréable. Donc voilà qu'il est bon pour des frères d'habiter ensemble, c'est comme quand on se revêt d'un parfum pour les autres et c'est déjà pas mal. Mais ensuite, si vous avez suivi les cours de l'école biblique, vous savez bien sûr que l'huile est un parfum, mais c'est aussi dans toute la Bible un symbole important, un symbole de la présence même de Dieu. D'ailleurs c'est ce que l'on mettait sur ce qu'on appelait les messies, l'onction messianique. C'est à dire que dans l'ancien testament on versait de l'huile sur un certain nombre de personnages pour dire qu'ils étaient revêtus de la présence de Dieu, revêtus du Saint-Esprit, revêtus de l'autorité divine. Et ces personnages, c'était trois types de personnes : les rois, les prêtres et les prophètes, qui étaient oints, donc qui étaient messie. Alors voilà l'huile qu'on met sur notre tête, c'est-à-dire que, quand il y a de l'amour fraternel qui circule, ça fait de nous des rois, des prêtres et des prophètes. Et ça nous donne cette présence de Dieu symbolisée par l'huile.

Pourquoi, dans l'ancien testament, a-t-on eu l'idée de représenter la présence de Dieu par de l'huile. C'est une petite question que je pose à peu près tous les ans aux enfants de l'école biblique et ils ont plein d'idées en fait à ce sujet. Certains disent : parce que l'huile c’est une nourriture, c'est ce qu'on met dans la salade ; et c'était à l'époque une nourriture particulièrement riche. Et c'est vrai que la présence de Dieu est une vraie nourriture pour notre vie. D'autres disent : mais l'huile c'était aussi pour faire de la lumière. Il y avait des lampes à huile à l'époque seulement et l’huile est lui aussi source de lumière. Oui la présence de Dieu est source de lumière dans ma vie. Et puis d'autres disent : aujourd'hui ça se fait peu, mais l’huile était aussi ce qu'on mettait sur les plaies, comme un baume pour calmer la douleur. Et c'est vrai que la présence de Dieu est aussi une huile dans notre vie ; ça fait du bien, ça calme la douleur ; ça apaise. J’en ai un autre qui m'a dit : l'huile c'est ce qu'on met dans les vélos pour que ça ne grince pas. Je ne crois pas s'il y avait des vélos du temps de Jésus et je ne sais pas s'il y avait des mécaniques qui grinçaient ; mais admettons que l'image est belle : oui, l’huile empêche de grincer. On met de l'huile dans les rouages et ça c'est vrai pour Dieu : notre vie parfois grince de partout et finalement quand on a la présence de Dieu, tout est plus fluide. Et là, vous avez vu, il s'agit de la présence de Dieu, mais on nous dit que, par-delà même la présence de Dieu, ce qui donne tous ces trésors de l'huile sainte, c'est l'amour fraternel ; l'amour fraternel qui est pour nous déjà une nourriture parce que vraiment, mes amis, quoi de plus beau, quoi de plus de plus précieux dans notre vie que de vivre une relation fraternelle avec  quelqu'un ? Cette relation d'amour, de dons, de générosité, de grâce, c'est vraiment la nourriture de notre âme et de notre vie. Ensuite que ce soit une lumière – là je vais vous secouer un peu plus – la lumière c'est ce qui permet de choisir notre chemin, choisir notre route. Eh bien mes amis, que l'amour fraternel soit ce qui vous aide à décider de ce que vous ferez demain. C'est à dire que dans nos  relations, dans nos choix, nous agissons à la lumière du Christ bien sûr, mais aussi à la lumière de l'amour fraternel. Que l'amour fraternel soit le critère de ce que nous choisissons de dire ou de ne pas dire, de faire ou de ne pas faire. Et puis que l'amour fraternel donne aussi la douceur, le soin, l'apaisement et tout ça. Je veux bien croire en tout cas effectivement que cet amour fraternel, c'est vraiment quelque chose qui est un don divin comme un baume précieux qui éclaire, qui nourrit et qui restaure toute notre vie.

Mais le psaume ne dit pas que cela. Il dit : c'est comme une huile qui versée sur la tête descend jusque sur la barbe. Là je ne m'adresse qu'à la moitié de la population, puisque tout le monde n'a pas de barbe – moi j'en ai une. Mais en fait, même si vous êtes sans barbe, vous en avez une quand même et je vais vous dire pourquoi ? C’est parce que vous savez que les mots hébreux ont toujours des double sens et « la tête » en hébreu, ça veut dire la tête mais ça veut dire aussi le commencement. D'ailleurs, comme en français, on dit la tête d'un train, alors qu’un train, ça n'a ni queue ni tête ; mais néanmoins un train a une tête et la tête c'est le début. Donc la tête, c'est le commencement. Et la barbe en hébreu, ça veut dire aussi la vieillesse. Voilà, parce qu’effectivement, je suis vieux, j’ai une barbe blanche. Et même si vous n'avez pas de barbe, vous pouvez être vieux aussi ou vous le serez peut-être un jour ; je vous le souhaite parce que la vieillesse est le seul moyen de vivre longtemps. Et donc l'huile qui va de la tête jusqu'à la vieillesse, c’est pour dire que l'amour fraternel est une source de bénédiction pour toute la vie, de la naissance à la mort ; c’est versé sur la tête, du commencement jusqu'à la barbe, c'est-à-dire jusqu'à vos derniers jours. Et jusqu'à son dernier souffle, vous ne pourrez peut-être plus marcher, vous déplacer, manger ou je ne sais pas quoi, mais toujours il est possible d'aimer, d'accueillir, de recevoir et de faire attention à l'autre.
Et puis, dans le psaume, il y a cette deuxième barbe : l’huile est versée sur la tête, elle descend sur la barbe, la barbe d'Aaron. Alors la deuxième barbe, quelle est-elle ? Là encore un petit rappel d'école biblique. Vous savez qu’Aaron était le frère de Moïse et il était aussi le chef des prêtres. Il y avait la tribu des lévites et Aaron était le chef des prêtres et les prêtres étaient ceux qui représentaient la relation avec Dieu. Donc Aaron représente, symbolise si vous voulez, la relation avec Dieu
Et je reprends ma barbe : pourquoi la barbe d’Aaron ? Parce que je vous ai dit que les mots hébreu ont plusieurs sens et pas que deux ! La barbe veut dire aussi la force, la puissance. Vous le savez tous : la pilosité dans la Bible est un symbole de puissance, comme Samson, qui avec ses grand cheveux et sa barbe était plein de force. La barbe en hébreu c’est aussi la force. Et le rapport avec l'âge, c'est en quelque sorte que c'est la force de l'âge. Et donc la barbe d'Aaron, c'est la puissance de la relation à Dieu. Et donc vous voyez que l'amour du prochain non seulement illumine, renouvelle toute notre vie concrète, matérielle de la naissance à la mort. Et c’est aussi ce qui bénit, irrigue, alimente, illumine, nourrit, apaise toute notre relation à Dieu. La relation à Dieu est nourrie de l'amour fraternel et il y a un lien évident entre l'amour du prochain et l'amour de Dieu. C’est ce que dit Jésus quand il dit «  il faut aimer Dieu et son prochain », deuxième commandement qui lui est semblable. Et c'est ce que vous avez entendu tout à l'heure dans la liturgie à propos de cette épître de Jean quand il dit : « Quiconque prétend aimer Dieu, qu'il aime déjà son prochain » !

Mais l’huile n'a pas cessé de descendre : elle descend de la barbe d'Aaron et elle descend, dit le psaume, sur le bord du vêtement. Alors là aussi j'ai des idées. L'idée se trouve dans le livre des Nombres au chapitre 15 et au verset 37. Comme vous ne l'avez pas forcément en tête, je vais vous aider. C’est un des commandements, un des 613 commandements, qui dit aux Juifs : tu te feras des franges sur ton vêtement avec des petits nœuds qui s'appelle des tsitsits. Encore aujourd'hui, les Juifs traditionalistes ont des petits nœuds aux bords de leurs chemises. Et ces franges avaient un sens particulier. Le texte des Nombres dit : « tu feras des franges pour te rappeler de ne pas suivre uniquement ton propre désir, mais d'obéir aux commandements de Dieu ». Il y a toute une symbolique qui m’échappe. Il y a cinq nœuds comme les cinq livres de la loi et cinq commandements d'un côté et cinq commandements de l'autre ; et si on multiplie 5 par le nombre de brins et par le nombre de ….  et par l'âge du capitaine, on retrouve 613, qui est le nombre de commandements dans la Bible et donc ces nœuds représentent les commandements de Dieu. Alors vous voyez ces nœuds pour se souvenir d'obéir à Dieu, l'amour fraternel descend finalement jusque-là. Ça veut dire que, dans le fond, notre obéissance à Dieu, la loi elle-même vient simplement de l'amour fraternel et l'amour fraternel, c'est le dernier mot du commandement de Dieu. Vous pouvez oublier 613 et tout ce que vous voulez, il n’y en a qu'un « Tu aimeras ton prochain comme toi-même ». C'est exactement ce que dit Jésus. Je pense qu'il connaissait un peu le psaume 133 et Jésus ne dit rien d'autre. L'ensemble des commandements est résumé par cela et finalement vous voyez que tout cela est très beau. Si on pratique l'amour du prochain et l'amour de Dieu, ça donne la plénitude de notre vie, de la naissance à la mort, quel que soit l'âge de notre relation à Dieu et même de notre obéissance totale à sa parole.

Et le psaume continue dans ces images hétéroclites et ce coup-ci on abandonne l'huile. Et il dit c'est comme la rosée qui du mont Hermon descend sur les monts Sion. "Les", au pluriel, ce qui est bizarre parce qu'en fait il n’y en a qu’un, mais le psaume l’a mis au pluriel. Alors la rosée est là encore un symbole biblique auquel vous êtes habitués. Vous savez que l'eau dans la Bible est un symbole double, soit de vie, soit de mort. C'est la mort quand y en a trop : c'est le déluge, c'est la tempête, c'est l'eau, c’est la mer. Et dans tout ça, on se noie. Ce n'est pas bon. Mais dès qu'il y a un petit peu d'eau, comme une douce pluie, comme une source, comme la rosée, alors là c'est le signe de vie. Parce que, vous, vous ne vivez pas dans des déserts, mais quand on est dans le désert et qu'on meurt de soif, une petite pluie, la rosée, quelle merveille, quelle fraîcheur, quelle source de vie. Il suffit d'une douce pluie dans le désert pour qu'elle le transforme dans une sorte de prairie verdoyante et le voyageur asséché, qui marche dans le désert et qui meurt de soif, trouve une petite source d'eau. Et là, il y a la vie qui rentre en lui, avec en plus cette image que l'on trouve dans l'évangile qui est que la pluie est donnée sur le juste comme sur l'injuste, et la source coule pour abreuver le saint comme le voleur. Donc c'est l'image de la grâce de Dieu qui simplement transforme un lieu aride en un lieu verdoyant plein de douceur et de bonté. C'est ce que l'on dit aux enfants au moment du baptême : on ne leur jette pas des seaux d'eau à la tête ; on leur met un peu d'eau sur la tête, justement comme signe de la grâce. Et de dire la grâce de Dieu, c'est cette eau. Cette eau délicate qu’on verse sur toi et qui fera de toi ce que tu es, parce que l'eau respecte aussi la graine sur laquelle on la met. Et j'aime cette image du baptême : on ne fait pas d'un enfant l'image de ce que l'on voudrait qu'il soit, mais la grâce de Dieu nous aide à développer pleinement nos potentialités et ce qu'il y a en nous et permet de transformer notre vie qui serait peut-être parfois desséchée, triste, dure, minérale dans un jardin plein de douceur, de verdure, de bonheur et de tendresse.

Donc voilà cet amour fraternel c'est aussi comme la rosée qui irrigue notre vie et dont on nous dit qu'elle descend sur le mont Sion. Le mont Sion, c'est le lieu du Temple. Et donc cette rosée irrigue aussi toute notre religion, dans notre relation à Dieu, mais aussi toute notre foi. Et notre foi, notre pratique au temple est irriguée par l'amour fraternel. Et si elle n'a pas cet amour fraternel, notre pratique risque de se dessécher, de devenir un désert d’épines et de pierres. Donc, oui, nous avons besoin de la rosée. Et je vous ai dit que le psaume a mis les monts Sion au pluriel, ce qui est très étonnant parce que je crois qu’il n’y en a qu'un : c'est celui où il y a le Temple de Jérusalem. Et ce pluriel me plaît, surtout dans cette église de l'Oratoire où vous promouvez la diversité. Eh bien oui, il y a plusieurs monts Sion. Donc vous pouvez adorer Dieu à votre manière, ici ou ailleurs, avec telle liturgie ou telle autre, protestante, catholique, maronite, ce que vous voulez. Il y a plusieurs noms Sion et quel que soit votre mont Sion, il y a bien une seule source de vie : l'amour fraternel.  

Mais attention, ça devient plus compliqué parce qu'on nous dit que cette rosée, qui irrigue notre temple, vient du mont Hermon. Alors le mont Hermon là, je ne savais pas. J'avoue que j’ai dû chercher dans mes livres. Le mont Hermon c'est une montagne au nord-est du pays et qui est tournée vers l'extérieur, c'est-à-dire en fait que c'est la frontière d'Israël. Quand on dépasse le mont Hermon, on n'est plus chez soi. Et de l'autre côté du mont Hermon il y a même, d'après la Bible, des gens pas très sympathiques, en particulier Og, le roi de Bashan. C’est un méchant dans les psaumes qui ne l'aiment pas du tout. Et donc le mont Hermon, c'est le lieu de ma relation ce coup-ci pas simplement avec mes frères et mes sœurs, mais aussi avec ceux de l'extérieur : c'est le contact avec les autres qui ne sont pas mes frères. Et ce que dit le psaume, c'est que finalement c'est même de là que peut venir ce qui peut faire vivre ma foi dans ma relation même avec mon ennemi ou celui qui n'est pas mon frère. Oui parce qu'il est bon pour des frères d'habiter unis ensemble. Ça c'est très bien, formidable d'être avec ceux qu'on aime et c'est sympathique, agréable et très bienfaisant. Mais en même temps, ce que dit le psaume, c'est que cette rosée, si elle veut être vraiment efficace, d'une certaine façon, doit venir de l'extérieur de ceux qui sont au-delà de nos frontières.
Et c'est aussi de notre mode de relation avec ceux qui sont différents de nous que peut venir ce qui peut irriguer toute notre vie personnelle et notre vie spirituelle. Donc oui même nôtre mont Sion, notre relation à Dieu, notre culte vont aussi être irrigués et vitalisés par la manière avec laquelle nous savons gérer notre relation avec ceux qui sont les plus éloignés de nous parce que, si on est replié sur soi, on meurt. Il faut s'ouvrir ; il faut être uni avec son frère. Mais aussi accueillir l'étranger, son ennemi. Et ça, nous dit le psaume, ce n'est pas rien parce que ça donne la bénédiction. C'est le dernier verset. Ça donne la bénédiction et la vie pour l'éternité.
Voyez c'est tellement important, mais j'ai oublié quelque chose dans mon explication. J'ai oublié le premier verset du psaume « Cantique pour monter » de David. « Cantique pour monter » : on dit que c'était parce que c'était un « Psaume des degrés », un « Psaume de la montée », un psaume qu'on chantait en pèlerinage pour monter les escaliers qui menaient au Temple ou quand on montait à Jérusalem. Mais en même temps, je lis le psaume comme il est et je vois « Cantique pour monter », c'est à dire pour s'élever à Dieu. Et je me dis : « Tiens c'est quand même étonnant. Voilà un cantique pour monter et dedans il n'y a que des choses qui descendent : c'est l'huile sur la tête qui descend sur la barbe, qui descend sur la barbe d'Aaron et qui descend sur la frange des vêtements ; c'est la rosée de l’Hermon qui descend sur les monts Sion. Il n’y a que des choses qui descendent. Donc voilà un psaume pour s'élever et en fait il n'y a que des choses pour descendre.
« Psaume pour monter », évidemment c'est pour s'élever vers Dieu et comment peut-on s'élever vers Dieu ? Eh bien avant tout en recevant ce qui vient vers nous, en accueillant la grâce de Dieu, en accueillant l'autre et en accueillant même l'étranger. Et du coup cela veut nous dire que l'amour du prochain n'est pas une sorte de vision héroïque, en disant qu’il faut que je m'élève dans l'amour, que je grandisse dans ma capacité à aimer, que je sois de meilleur en meilleur, de plus en plus en plus parfait. Ce n’est pas ça la vie spirituelle. La vie spirituelle c'est de recevoir et donc pour m'élever, je reçois ce qui m'est donné. C'est tout différent. C'est de laisser couler sur soi la grâce et l'amour, parce qu'effectivement nous ne pouvons aimer que si nous nous savons aimé(e)s et nous ne pouvons vraiment aimer notre prochain que si nous arrivons à accepter d'être aimé(e) par Dieu et par les autres. Donc oui, on s'élève à Dieu en accueillant la grâce, Dieu et le prochain et même le lointain.

Et puis le psaume dit « Cantique pour s'élever de David », finalement on s'en fiche un peu de savoir qui a écrit ce psaume, que ce soit David, Salomon, Moïse, Tartempion, cela n'a aucun
Intérêt. Sauf si vous savez que David, et je vous promets que ce sera ma dernière leçon d'hébreu, est un nom propre, mais c'est aussi un mot commun hébreu qui veut dire l'amour. Donc David, c'était « Monsieur Amour », si vous voulez. Mais en français ça n'apparaît pas. Et donc « Cantique de David », ça peut aussi se dire « Cantique de l'amour » pour chanter l'amour, cantique pour s'élever et chant d'amour. C'est un titre magnifique, n'est-ce pas ? Parce qu'on parle de l'amour de Dieu et l'amour c'est une relation dans les deux sens. C'est effectivement une relation que l'on reçoit de Dieu et que l'on donne aux autres. L'amour est à double sens, comme l'échelle de Jacob. Vous savez Jacob qui voit une échelle entre le ciel et la terre, avec des anges qui montent et qui descendent. L'amour est une respiration : aller vers l'autre et recevoir de l'autre. Et c'est tout le mouvement de la vie. Donc on donne et on reçoit. On sait recevoir des autres avec gratitude et aussi on sait donner. Aimer c'est ce qui fait le nœud entre l'amour de Dieu qui va vers l’homme et l'amour de l’homme qui va vers l'homme ou qui va vers Dieu
Et ce véritable amour fraternel, c'est ce qui bénit toute notre vie, ce qui bénit notre relation à Dieu, ce qui bénit notre obéissance à Dieu. Et alors notre foi, notre religion deviennent vivantes, ne se dessèchent pas et elles donnent la vie éternelle.

Alors juste un dernier mot. Ce psaume, je vous l’ai dit, je l’aime beaucoup. Mais il m’est évidemment déjà arrivé de prêcher dessus et ça a fait un effet pervers. Certains m'ont dit : « c'est très beau ce que vous dites mais je n'aurais jamais pu trouver ça », parce que vous ne connaissez peut-être pas tous l'hébreu – ce qui d'ailleurs est une erreur et il est encore temps d’apprendre : 22 lettres au lieu de 26 c'est plus facile que le français ! Mais je vais vous dire que c'est vrai que je me suis un peu amusé à faire de la virtuosité biblique. Donc d'abord si vous venez ici, ce n'est pas pour vous dire ce que vous auriez pu trouver tout seul. Et d'autre part, sachez qu'on n'est pas obligé de s'amuser à de telles pirouettes pour comprendre le texte biblique. Le texte biblique peut se lire à tous les niveaux. Et en effet ce ne serait pas grave si vous étiez passé à côté de la barbe d'Aaron. Simplement si vous regardez le début et la fin du psaume, vous savez tout : « Qu'il est bon, qu'il est doux pour des frères d'habiter unis ensemble. C'est là que Dieu donne la bénédiction et la vie pour toujours ». Amen


Jeu d’orgue

Psaume : Psautier Français n°133 « Oh qu’il est beau, qu’il est bon pour des frères », Strophes 1 & 2 [cliquer ici]

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Collecte

Prière d’intercession

Notre Père
Notre Père qui es aux cieux, que ton nom soit sanctifié, que ton règne vienne,
que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel.
Donne-nous aujourd’hui notre pain de ce jour ;
pardonne-nous nos offenses comme nous pardonnons aussi à ceux qui nous ont offensés.
Ne nous laisse pas entrer en tentation mais délivre-nous du mal,
car c’est à toi qu’appartiennent le règne, la puissance et la gloire, aux siècles des siècles. Amen.

Bénédiction
Frères et soeurs, allez.
Recevons la bénédiction de Dieu :
Le Seigneur nous bénit et nous garde.

Répons : « Confie à Dieu ta route » (L&P n°309, str.5) [cliquer ici]

Jeu d’orgue

Paroles des cantiques du dimanche 7 novembre 2021

Psaume : Psautier Français n°67 « Que Dieu nous bénisse et nous garde », strophes 1 & 2.

Strophe 1
Que Dieu nous bénisse et nous garde,
Lui dont la joie est de donner ;
Dans son amour qu'il nous regarde,
Et nous serons illuminés.
Tous ceux qui espèrent
Verront sur la terre
S'ouvrir un chemin,
Car Dieu qui s'avance
Est la délivrance
De tous les humains.
Strophe 2
Que tout pays lui rendre grâce
Avec des chants, des cris de joie !
Il vient régner sur toute race
Et gouverner selon le droit.
La terre est féconde
Et ses fruits abondent,
Car Dieu nous bénit.
Oh ! Que Dieu bénisse
Ceux que sa justice
En tous lieux unit !

Cantique : Louange et Prière n° 342 « O qu’il est beau de voir des frères », Strophes 1 à 3

Strophe 1
Oh ! qu'il est beau de voir des frères,
Dans la paix du Seigneur s'unir !
Oh ! qu'il est beau dans leurs misères
De les voir tous se soutenir !
Qu'à jamais ce saint héritage
Soit, ô Dieu, notre doux partage !

Strophe 2
Permets que l'Esprit de concorde,
Semblable au parfum de l'encens,
De ton sanctuaire déborde
Sur nous et nos petits enfants.
Des cieux descend sainte rosée ;
Que la terre en soit arrosée !

Strophe 3
Tu l'as promis dans ta Parole :
Parmi nous tu veux habiter.
De ta promesse qui console
Tes enfants doivent hériter.
Oh ! qu'en toi nos âmes bénies
En ton amour restent unies.

Psaume : Psautier Français n°133 « Oh qu’il est beau, qu’il est bon pour des frères », Strophes 1 & 2

Strophe 1
Oh ! qu’il est beau,
Qu’il est bon pour des frères
De s’accorder au temps de la prière,
De n’être ensemble qu’un seul cœur.
Ainsi descend sur ton saint serviteur,
Sur son visage et sur son vêtement
L’onction dont l’odeur se répand.

Strophe 2
Ainsi descend la rosée matinale
Depuis l’Hermon, cristalline et lustrale,
Ainsi vient ta bénédiction.
Répands la vie que suscite l’amour,
Source de paix et de joie pour toujours,
Oh ! donne-la depuis Sion !

Paroles des répons du temps de l'Église

Après la salutation
Répons : « Bénissons Dieu le seul Seigneur » (Ps. 134, str.1).

Bénissons Dieu le seul Seigneur,
Nous qu’il choisit pour serviteurs.
Levons nos mains dans sa maison,
Pour bénir et louer son nom.

Après la volonté de Dieu
Répons : « Parle, parle Seigneur, ton serviteur écoute » (L&P n°193, str.1)

Parle, parle Seigneur, ton serviteur écoute :
Je dis ton serviteur, car enfin je le suis.
Je le suis, je veux l’être, et marcher dans ta route,
Et les jours et les nuits.

Après la prière de repentance
Répons : « J’aime mon Dieu, car il entend ma voix ». (Ps. 116, str.1)

J’aime mon Dieu car il entend ma voix,
Quand la frayeur ou le tourment m’oppresse,
Quand j’ai prié au jour de ma détresse,
Dans sa bonté, il s’est tourné vers moi.

Après l’annonce de la grâce
Répons : « Combien grande est ta gloire » (Ps 92 selon L&P n° 38 str.2).

Combien grande est ta gloire, en tout ce que tu fais, 
Et combien tes hauts faits sont dignes de mémoire !
Tes œuvres sans pareilles ont réjoui mon cœur,
Je veux chanter, Seigneur, tes divines merveilles !

Après la confession de foi
Répons : « Grand Dieu, nous te bénissons » (L&P n°69, str.1)

Grand Dieu, nous te bénissons, nous célébrons tes louanges,
Éternel, nous t’exaltons, de concert avec les anges,
Et prosternés devant toi, nous t’adorons, ô grand Roi !
Et prosternés devant toi, nous t’adorons, ô grand Roi !

Après la bénédiction
Répons : « Confie à Dieu ta route » (L&P n°309, str.5)

Bénis ô Dieu nos routes, nous les suivrons heureux,
Car toi qui nous écoutes, tu les sais, tu les veux.
Chemins riants ou sombres, j’y marche par la foi,
Même au travers des ombres, ils conduisent à toi.

Lecture de la Bible

Psaume 133

[Bible Segond]

1 Cantique des degrés. De David.
Voici, oh ! qu'il est agréable, qu'il est doux
Pour des frères de demeurer ensemble !

2 C'est comme l'huile précieuse qui, répandue sur la tête,
Descend sur la barbe, sur la barbe d'Aaron,
Qui descend sur le bord de ses vêtements.

3 C'est comme la rosée de l'Hermon,
Qui descend sur les montagnes de Sion;
Car c'est là que l'Éternel envoie la bénédiction,
La vie, pour l'éternité.

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