Venez, vous tous qui avez soif

Esaïe 55:1-3 , Esaïe 55:6-13

Culte du 6 novembre 2022
Prédication de Béatrice Cléro-Mazire

Vidéo de la partie centrale du culte

Culte à l'Oratoire du Louvre

6 novembre 2022
256ème jour de la guerre en Ukraine
L'appel de la Réforme :
« Venez, vous tous qui avez soif »

Culte présidé par la Pasteure Béatrice Cléro-Mazire
avec Madame la Pasteure Anke Lotz, Pasteure retraitée de l’Église de Genève

A l'orgue : Alexandre Korovitch, organiste suppléant,

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Orgue

Annonce de la grâce
La grâce et la paix nous sont données de la part de Dieu notre Père en son Fils Jésus le ressuscité.

Accueil
Accueil de l’Association des amis du musée de la Réforme à Genève.

Prière
Nous prions avec Jean Calvin :

Fais-moi entendre, dès le matin, ta bonté, car je me suis confié en toi ; fais-moi connaître le chemin où je dois marcher, car j’ai élevé mon âme à toi. Éternel, délivre-moi de mes ennemis ; je me suis retiré vers toi. Enseigne-moi à faire ta volonté, car tu es mon Dieu. Que ton bon Esprit me conduise dans le droit chemin.
[Psaume 143 : 8-10]

Mon Dieu, mon Père et mon Sauveur, puisqu’il t’a plu de me conserver par ta grâce pendant la nuit qui vient de finir et jusques au jour qui commence, fais que je l’emploie tout entier à ton service et que je ne pense, ne dise ou ne fasse rien qui ne soit pour te plaire et obéir à ta sainte volonté, afin que toutes mes actions se rapportent à la gloire de ton nom et au salut de mes frères. Et de même que pour cette vie terrestre, tu fais luire ton soleil sur le monde, veuille aussi éclairer mon intelligence par la clarté de ton Esprit, afin de me diriger dans la voie de ta justice.
Ainsi, ô mon Dieu, à quelque chose que je m’applique, que mon but soit toujours de te servir et de t’honorer, attendant tout mon bien de ta seule bénédiction et n’entreprenant rien qui ne te soit agréable. Fais aussi, Seigneur, que tout en travaillant pour mon corps et pour la vie présente, j’élève mon âme plus haut jusques à cette vie céleste et bienheureuse que tu réserves à tes enfants. Qu’il te plaise d’être le protecteur de mon âme comme de mon corps afin de me fortifier contre toutes les tentations de Satan et de me délivrer de tous les dangers qui me menacent sans cesse.
Et puisque ce n’est rien de commencer si l’on ne persévère, je te demande, ô Dieu, de me conduire et de me diriger, non pas ce jour seulement, mais jusques à la fin de ma vie. Veuille aussi augmenter continuellement en moi les dons de ta grâce, afin que je progresse de jour en jour, jusques à ce que je parvienne à la pleine communion de ton Fils Jésus-Christ, qui est la vraie lumière de nos âmes. Mais, ô mon Dieu, pour que je puisse obtenir de toi de si grands bienfaits, veuille oublier tous mes péchés et me les pardonner selon ta miséricorde infinie, comme tu l’as promis à tous ceux qui t’invoqueront d’un cœur sincère en Jésus-Christ notre Sauveur.
Amen.

Répons : « Bénissons Dieu le seul Seigneur » (Ps. 134, str.1)

Bénissons Dieu le seul Seigneur,
Nous qu’il choisit pour serviteurs.
Levons nos mains dans sa maison,
Pour bénir et louer son nom.

Louange
[d’après le Psaume 19]

Le ciel proclame la gloire de Dieu, la voûte étoilée révèle ce qu’il a fait. Chaque jour en parle au jour suivant, et chaque nuit l’annonce à celle qui la suit. Ce n’est pas un discours, ce ne sont pas des mots, l’oreille n’entend aucun son. Mais leur message parcourt la terre entière, leur langage est perçu jusqu’au bout du monde. La loi du Seigneur est parfaite, elle rend la force de vivre. Les ordres du Seigneur méritent confiance, ils aident ceux qui l’écoutent à savoir se conduire. Les exigences du Seigneur sont justes, elles remplissent le cœur de joie. Les commandements du Seigneur sont limpides, ils aident à y voir clair. Le respect qu’inspire le Seigneur est pur, il persiste à travers les siècles. Les décisions du Seigneur sont fondées, toutes, sans exception, sont justifiées, plus attirantes que l’or, qu’une quantité de métal précieux, et plus agréables que le miel, que le miel le plus doux. Amen.

Psaume : Psautier Français n° 138 « Que tout mon cœur soit dans mon chant », strophes 1 à 3 [cliquer ici]

Volonté de Dieu
Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur,
de toute ton âme, de toute ta force et de toute ton intelligence.
C'est là le premier et le grand principe,
et voici le second, qui lui est semblable :
Tu aimeras ton prochain comme toi-même.

Répons : « Parle, parle Seigneur, ton serviteur écoute » (L&P n°193, str.1)
Parle, parle Seigneur, ton serviteur écoute :
Je dis ton serviteur, car enfin je le suis.
Je le suis, je veux l’être, et marcher dans ta route,
Et les jours et les nuits.

Repentance
Je ne veux, Seigneur, ni or ni ragent donne-moi une foi ferme et inébranlable.
Je ne cherche, Seigneur, ne plaisirs, ni joies de ce monde : console-moi et affermis-moi dans ta sainte Parole. Je ne demande pas d’honneurs et considération du monde qui ne peuvent en rien me rapprocher de toi : donne-moi ton Saint Esprit pour qu’il éclaire mon cœur, me fortifie et me console dans mon angoisse et ma misère. Garde-moi jusqu’à ma mort dans la vraie foi et la ferme confiance en ta grâce Par Jésus-Christ ton Fils, notre Seigneur. Amen.
[Martin Luther]

Répons : « J’aime mon Dieu, car il entend ma voix ». (Ps. 116, str.1)
J’aime mon Dieu car il entend ma voix,
Quand la frayeur ou le tourment m’oppresse,
Quand j’ai prié au jour de ma détresse,
Dans sa bonté, il s’est tourné vers moi.

Annonce de la grâce :
« Quand les montagnes s’effondreraient, dit Dieu, quand les collines chancelleraient, ma bonté pour toi ne faiblira pas, et mon alliance de paix ne sera pas ébranlée, je t’aime d’un amour éternel et je te garde ma miséricorde ».

Répons « Combien grande est ta gloire » (Ps 92 selon L&P n° 38 str.2)
Combien grande est ta gloire, en tout ce que tu fais, 
Et combien tes hauts faits sont dignes de mémoire !
Tes œuvres sans pareilles  ont réjoui mon cœur,
Je veux chanter, Seigneur, tes divines merveilles !

Confession de foi
Nous croyons que tu fais toutes choses nouvelles pour le monde et pour nous, toujours et en tout temps. Toi le Dieu de la résurrection, de la vie nouvelle et de l’Homme relevé. Nous croyons que personne n’est enfermé dans la fatalité du malheur mais que tu nous offres, dans la foi, l’horizon d’un bonheur. Nous croyons, grâce à Jésus, que l’homme est ton espérance et que ton amour pour lui est le même amour que tu as pour nous. Nous croyons qu’il est possible de nous laisser convertir à l’amour de Dieu et à l‘amour du prochain, et qu’ainsi, le règne de Dieu peut advenir chaque jour par nos actes et nos pensées. Nous croyons qu’une fraternité de foi existe, avec tous ceux qui se soucient de ce monde et de ceux qui le peuplent, et qu’ensemble, quelque soit notre tradition de foi, nous pouvons rendre manifestes toutes les choses nouvelles que tu crées pour nous. AMEN
[Pasteure Béatrice Cléro-Mazire]

Répons : « Grand Dieu, nous te bénissons » (L&P n°69, str.1)
Grand Dieu, nous te bénissons, nous célébrons tes louanges,
Éternel, nous t’exaltons, de concert avec les anges,
Et prosternés devant toi, nous t’adorons, ô grand Roi !
Et prosternés devant toi, nous t’adorons, ô grand Roi !

Doxologie : « Gloire à Dieu dans les cieux et sur la terre, et d’éternité en éternité ».

Lecture du passage de la Bible : Livre d'Ésaïe, chapitre 55

Versets 1 à 3 :
Holà ! vous tous qui avez soif ! Venez vers l'eau, même celui qui n'a pas d'argent ! Venez, achetez et mangez, venez, achetez du vin et du lait, sans argent, sans rien payer !
Pourquoi pesez-vous de l'argent pour ce qui n'est pas du pain ? Pourquoi vous fatiguez-vous pour ce qui ne rassasie pas ? Écoutez-moi donc et mangez ce qui est bon, et vous vous délecterez de mets succulents.

Versets 6 à 13 :
Cherchez l'Éternel pendant qu'il se laisse trouver ; invoquez-le pendant qu'il est proche. Que le méchant abandonne sa voie, et l'homme malfaisant ses pensées ; qu'il revienne à l'Éternel, qui aura compassion de lui, — à notre Dieu, qui pardonne abondamment. Car mes pensées ne sont pas vos pensées, vos voies ne sont pas mes voies— déclaration de l'Éternel. Autant le ciel est élevé au-dessus de la terre, autant mes voies sont élevées au-dessus de vos voies et mes pensées au-dessus de vos pensées. Comme la pluie et la neige descendent du ciel et n'y reviennent pas sans avoir abreuvé la terre, sans l'avoir fécondée et fait germer, sans avoir donné de la semence au semeur et du pain à celui qui a faim, ainsi en est-il de ma parole qui sort de ma bouche : elle ne revient pas à moi sans effet, sans avoir fait ce que je désire, sans avoir réalisé ce pour quoi je l'ai envoyée. Oui, vous sortirez dans la joie et vous serez conduits dans la paix ; les montagnes et les collines éclateront en cris de joie devant vous, et tous les arbres des champs battront des mains. Au lieu des buissons poussera le cyprès, au lieu de l'ortie poussera le myrte ; ce sera pour l'Éternel un nom, un signe perpétuel, qui ne sera pas retranché. Tendez l'oreille et venez à moi ; écoutez, et vous vivrez.

Psaume : Psautier Français n°65B « Vers toi Seigneur vont nos louanges », strophes 1 à 3. [cliquer ici]

Prière d'illumination :
Père aux cieux, vaste est ton infini royaume,
Toi qui portes le poids des globes célestes et gouvernes les forces du monde dans l’énormité des espaces ; innombrable comme le sable est la multitude de ceux qui ne vivent et n’existent que par toi. Et pourtant tu écoutes le cri de tous, aussi de l’homme que tu as formé particulièrement pour toi, tu écoutes le cri de tous, et cela sans te prendre au désordre de leur clameur ni au préjudice d’aucun d’eux, comme si tu faisais des différences. Non seulement tu entends la voix du responsable d’un grand nombre, au nom de qui il pourrait te prier, comme s’il t’était plus proche parce qu’il est au sommet ; et non seulement la voix de celui qui prie pour ses aimés, comme s’il était mieux à même d’attirer sur lui ton attention, lui qui a cet avantage du bonheur d’avoir ses aimés : non, le dernier des hommes, le plus abandonné, le plus seul… Au désert ou dans le tourbillon des foules, tu l’écoutes. Quand bien même l’oubli l’aurait séparé de quiconque, et fût-il dans la foule devenu méconnaissable, néanmoins tu le discernes, tu ne l’as pas oublié, tu te rappelles son nom, tu sais où il est caché, s’il est au désert ou perdu de vue dans la foule ; et serait-il au fond des ténèbres de l’angoisse, avec d’horribles pensées, abandonné des hommes et presque de la langue que parlent ses semblables: tu ne l’as pas oublié, tu comprends son Langage, tu sais vite trouver le chemin pour le rejoindre, aussi vite que le son ou que l’éclair de la lumière ; et si tu traînes, ce n’est pas lenteur mais sagesse ; et si tu traînes, ce n’est pas lenteur mais seulement parce que tu connais la vitesse de ton secours ; et si tu traînes, ce n’est pas mesquine lésinerie, mais parcimonie paternelle qui garde le meilleur pour l’enfant dans le plus sûr des lieux pour l’instant le plus opportun. Seigneur Dieu ! Vers toi cri L’homme au jour de détresse, il te rend grâce au jour de joie.
[Soren KIERKEGAARD, Journal]

Orgue

Prédication : L'appel de la Réforme : « Venez, vous tous qui avez soif »

« Holà ! vous tous qui avez soif ! Venez vers l'eau, même celui qui n'a pas d'argent ! »

Ceci n’est pas le cri d’un crieur de rue ni les mots d’une enseigne de taverne, mais bien le cri d’un prophète. Le prophète Ésaïe s’adresse au peuple de Dieu. Ésaïe fait l’article pour vanter les bontés de Dieu, pour convaincre un peuple habitué à payer cher l’intervention divine. Pour qu’il fasse de nouveau confiance à Dieu. Il n’hésite pas à citer les paroles divines qui placent Dieu au-dessus de tous les calculs humains. Dieu a l’esprit large, il est plein de compassion, il pardonne à l’homme qui s’est éloigné de lui, par pure grâce.

Évidemment, ces paroles de salut résonnent très fort avec le salut par pure grâce annoncé par les Réformateurs. Et ce n’est pas à cause des Propos de table de Luther qu’ils sont proches de la Réforme, mais à cause de cette joie promise, là où était le paiement et la théologie de la rétribution. Plus besoin d’argent pour jouir du paradis, plus besoin de payer pour vivre le bonheur : « venez, acheter et mangez, sans rien payer ! »

Cette joie profonde, cette liesse théologique, c’est le prophète qui l’annonce après que les exilés aient pu rentrer dans leur pays. Cyrus le Grand a permis que les exilés qui le souhaitent quittent Babylone et rentrent à Jérusalem. Imaginer un tel événement est difficile pour quiconque n’a pas connu l’exil, le déracinement forcé, la vie hors de chez soi. Mais rentrer n’est pas si simple, plusieurs générations ont vécu sous le règne d’autres rois, d’autres dieux, et se sont fabriqué une autre vie. Rentrer veut dire retrouver son pays sans y avoir jamais vécu. C’est le pays des ancêtres, un pays inconnu, une nouvelle vie dans laquelle il faudra tout reconstruire : rentrer est un nouvel exil.

Toute réforme oblige à ce nomadisme des consciences. Il faut accepter de changer et d’aller vers l’inconnu. Pourquoi serait-il nécessaire de réformer ses propres visions du monde, ses croyances, ses us et coutumes, alors qu’on peut se contenter de ce que l’on connaît déjà ? C’est de toute éternité le paradoxe des êtres humains. La Bible nous les dépeint sous les traits d’Adam et d’Eve, qui, heureux dans le jardin, finissent par vouloir plus que l’obéissance tranquille et l’insouciance d’une vie où tout est donné par un Dieu qui fait tout à leur place. Ils risquent la transgression.

La Bible nous parle aussi d’un certain Abraham qui quitte tout sans raison apparente. Était-il malheureux, misérable ou maltraité là où il était ? Rien ne le dit. Pourtant il part et va voir ailleurs sa vie.

Ailleurs, c’est un peuple tout entier qui accepte de suivre un assassin nommé Moïse. Ils vont traverser un désert et souffrir de la faim et de la soif pour aller vers une terre qui leur serait promise. Pourquoi sont-ils partis ? À cause de l’esclavage de Pharaon ? Peut-être, mais ils étaient au moins en vie quand ils étaient en Égypte. Dans le désert, ils risquent leur vie.

Ailleurs, c’est un certain Jean-Baptiste qui prêche un changement radical et prend tous les risques dans une contrée sous occupation, aux prises avec des autorités politiques et religieuses qui préfèrent qu’on se taise. Il y perdra sa tête. Pourquoi ?

Et puis, il y a Jésus, qui se met à prêcher une nouvelle pensée, une nouvelle vision, qui cherche autre chose là où la doctrine et la pratique de sa religion sont bien installées. Pourquoi risquer sa vie alors qu’il aurait pu réciter ce qu’on lui avait enseigné sans faire plus de vagues. Il sera crucifié pour blasphème et agitation du peuple. Dire la vérité valait-il qu’il donne sa vie ?

Après lui, un autre se fera chrétien alors qu’il était du côté des forts. Paul choisira la faiblesse comme force et perdra la vie pour avoir voulu dire ce qui avait été sa réforme à lui, sa conversion profonde, son changement radical. De persécuteur, il deviendra apôtre d’une victime.

Qu’avaient-ils tous besoin d’aller jouer leur vie dans un pari si difficile à assumer ? Ils avaient soif d’autre chose. Ils avaient soif de liberté. Pas de tranquillité ; non, mais de liberté. Et c’est grâce à ces assoiffés que des débuts ont pu avoir lieu. Adam et Eve nous invitent à une nouvelle compréhension de l’humanité devant Dieu, moins glorieuse, moins mythique, plus fragile, mais plus vraie. Abraham nous invite à une nouvelle façon de considérer la foi, moins identitaire socialement, mais plus proche de l’identité de chacun. Une foi qui nous fait aller vers nous-mêmes. L’Exode de Moïse nous montre une nouvelle façon de vivre sa vocation de croyant, pardonné et toujours en chemin vers une vie promise. Jésus nous montre le bon combat, celui de la vérité et de l’espérance contre toute espérance. Il nous fait découvrir la véritable résurrection. Et Paul nous initie à la véritable conversion, celle qui retourne l’âme sur elle-même et transforme la loi en foi. Ces figures de transformation, de passage, de nomades dessinent toutes un avant et un après ; elles nous entraînent dans la transgression inhérente à toute réforme.

La Réforme n’est peut-être que transgression des lois anciennes ? Mais n’est-elle pas vouée à devenir, avec le temps, une norme qui sera dépassée par de nouveaux transgresseurs, de nouvelles soifs de liberté ?

Le protestantisme a fait de la réforme la règle de sa compréhension ecclésiale, avec le slogan qui lui est attaché : « ecclesia semper reformanda est ». Mais est-ce possible ? Comme on le constate, aujourd’hui comme hier, il y a plusieurs façon de comprendre cette réforme continuelle.

Certains courants théologiques, au nom de ce semper reformanda, n’hésite pas à ériger en loi la foi elle-même. Dans un élan missionnaire, ils cherchent à uniformiser la foi en la définissant par un contenu doctrinal qu’ils tirent des Écritures, mais d’une façon très peu nomade. Dans ces courants, la transgression d’Adam et Eve est entourée de risques d’infidélité et la liberté se transforme en risque perpétuel de faute. Alors, la foi est là pour devenir la loi qui évite la faute. Abraham part avec une feuille de route et ira forcément vers la meilleure part de lui-même. Moïse tient le peuple avec la loi et, même s’il a fort à faire avec ces idolâtres qui ont besoin du veau d’or, il a quand même raison de se fâcher et d’instituer le culte comme il doit être. Dans la même ligne, Jésus est forcément le sauveur de ceux qui acceptent de lui obéir. Il devient le seul à connaître véritablement la volonté de Dieu, puisqu’il est lui-même divin par son sacrifice. Quant à Paul, n’en parlons pas, il est « le père la morale », exalté par sa foi et quand il fait taire les femmes dans les assemblées, il n’a pas tout à fait tort. Bref, de la soif de liberté du départ, on arrive à la soif de servitude. Parce qu’une telle théologie ne donne pas de répit au pécheur qui doit être saint pour être vraiment pardonné. On a perdu en route la grâce.

D’autres courants théologiques préconisent une remise en question de tout ce qui concerne la tradition de l’Église et abandonnent, en même temps, l’histoire, la tradition et le rite en renonçant à tout ce qui pourrait être incompris ou rébarbatif pour les usagers de l’église. Le shabbat se ballade dans la semaine pour arranger les week-ends des familles modernes ; le culte a lieu partout sauf dans un lieu où l’architecture pourrait rappeler le religieux et la liturgie change à chaque culte pour qu’il n’y ait surtout pas de code établi pour se rassembler. La nouveauté est la règle, le modernisme est un dogme et de la soif de liberté on arrive à la soif de repos. Le changement constant des codes est en effet exténuant.

D’autres courants théologiques enfin, cherchent à adapter l’annonce du message de salut dont ils ont hérité, pour ne pas perdre de vue la vocation missionnaire qui est la leur sans être perdu de vue par leur contemporains. De concessions en concessions, d’adaptations en adaptations, ils créent des lieux hybrides où l’on annonce l’Évangile sans trop déranger, sans trop choquer, sans prendre de risques. À force de se rendre malléable aux signes des temps, ces églises deviennent invisibles, confortables, et tellement tranquilles qu’on aurait envie d’y venir en charentaises. De la soif de liberté, on en arrive alors à l’art de ronronner.

Pas si facile de se réformer sans cesse !
Peut-être faut-il changer de point de vue et abandonner celui de l’église pour adopter le point de vue de l’assoiffé, celui qui cherche une source, celui qui erre dans le désert à la recherche d’un sens à son chemin ? Peut-être faut-il repartir en chemin avec le nomade, qu’il s’appelle Adam, Ève, Abraham, Moïse, Jésus ou Paul. Ces passeurs de frontières nous montrent le chemin ; pas pour le terminer, non, mais pour le poursuivre à leur manière. Poursuivre leur cheminement humain avec le même étonnement devant le monde toujours nouveau, comme, par exemple, les nouvelles inventions qui changent si vite nos relations et nos possibilités d’agir. Avancer avec eux, forts du même courage pour aller à la rencontre de l’inconnu, comme par exemple les nouveaux modèles de familles, de conjugalité ou de parentalité. Aller comme eux, avec la même audace, questionner ce qui semble aller de soi comme, par exemple, le genre, la propriété de la terre ou la consommation des biens de ce monde. Garder avec eux le même émerveillement devant la beauté donnée en route : les étoiles du ciel ou l’amour du prochain ou la grâce d’être en vie.

Mais ces marcheurs de temps qui passent sans cesse de l’avant à l’après dans une conversion constante d’eux-mêmes, ne sont-ils que vanité, buées et poursuite de vent comme l’Ecclésiaste en décrit la vie ? Où s’enracinerait l’église des passants de la foi ? Où serait leur boussole ? Comment échapperaient-ils à l’égarement ?

Le guide de ces aventuriers de la foi, c’est la soif. Elle ne trompe pas celui qui la souffre. Celui qui manque d’eau a peur de mourir. Il se sait vulnérable, vide et prêt à tout pour se voir sauvé. Et ce n’est pas un hasard si Ésaïe prend précisément l’eau et la soif comme images du salut.

La Bible n’est pas un puits de science, mais la biographie d’hommes et de femmes assoiffés qui cherchent une signification à leur existence, qui, cherchent des mots pour la dire et un langage pour la comprendre. Une église qui se réforme sans cesse est une église de chercheurs, qui étudient des mots pour en trouver d’autres. Des mots qui puissent dire l’indicible du divin en eux. Peuple de traducteurs qui transforment les silences de Dieu en paroles humaines, peuple de copistes qui retracent l’histoire d’une foi éternelle et chaque fois différente pour chacun, le peuple de Dieu risque un voyage au-delà de ce à quoi sa naissance l’avait assigné. Nous mourrons tous comme Moïse, avant l’arrivée sur la terre promise ; nous mourrons tous comme Jésus avant le matin de Pâques ; mais en chemin, nous aurons vu des murs tomber, des condamnations s’effondrer, des fautes pardonnées, des paralytiques danser et des stériles enfanter. Parce que la parole de Dieu aura au cours du chemin arrosé quelques existences et qu’elle ne sera pas retournée à lui sans transformer des vies, sans changer le monde. Le cri de la Réforme, c’est le cri des assoiffés qui attendent la pluie comme une libération. Avec cette eau, ils peuvent vivre et transformer le monde en se laissant travailler comme une terre fertile. Quand enfin la pluie vient, ils sortent dans la joie et trouvent enfin la paix, les montagnes et les collines éclatent en cris de joie devant eux et tous les arbres battent des mains. « Tendez l'oreille et venez à moi ; écoutez, et vous vivrez. » dit le Seigneur pour que sans cesse se réforme son Église.

AMEN

Orgue

Cantique : Louange et Prière n°229 « C’est un rempart que notre Dieu », Strophes 1 à 4 [cliquer ici]

Annonces
Collecte
Orgue

Prière d’intercession

Notre Père
Notre Père qui es aux cieux,
que ton nom soit sanctifié, que ton règne vienne,
que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel.
Donne-nous aujourd’hui notre pain de ce jour ;
pardonne-nous nos offenses comme nous pardonnons aussi à ceux qui nous ont offensés.
Ne nous laisse pas dans la tentation mais délivre-nous du mal,
car c’est à toi qu’appartiennent le règne, la puissance et la gloire, aux siècles des siècles. Amen.

Bénédiction finale
Recevons la bénédiction de Dieu : 
Le Seigneur qui fait grâce nous bénit et nous garde.

Répons : « Confie à Dieu ta route » (L&P n°309, str. 5)
Bénis ô Dieu nos routes, nous les suivrons heureux,
Car toi qui nous écoutes, tu les sais, tu les veux.
Chemins riants ou sombres, j’y marche par la foi,
Même au travers des ombres, ils conduisent à toi.

Jeu d’orgue
Sortie

Paroles des chants du dimanche 6 novembre 2022

Psaume : Psautier Français n° 138 « Que tout mon cœur soit dans mon chant », strophes 1, 2 et 3

Strophe 1
Que tout mon cœur soit dans mon chant ;
Qu’il soit brûlant de tes louanges.
Je te rends grâce en ta maison ;
Je loue ton nom devant les anges.
Tu es venu pour exalter
La renommée de ta parole.
J’adore ta fidélité
Et ta bonté qui me console.

Strophe 2
Tu me réponds dès que je crie ;
Tu élargis mon espérance.
Même les grands t’écouteront
Et béniront ta providence.


Ton saint amour, ô roi des cieux,
Veille en tous lieux sur toutes choses.
Dans ses projets tu suis des yeux
L’homme orgueilleux : tu en disposes.

Strophe 3
Ta paix, mon Dieu, dure à toujours ;
C’est ton amour qui me délivre.
Quand je suis le plus éprouvé
Ton bras levé me fait revivre.
Et quand je suis au désespoir,
C’est ton pouvoir qui me relève.
Ce qu’il t’a plu de commencer
Sans se lasser ta main l’achève.

Psaume : Psautier Français n°65B « Vers toi Seigneur vont nos louanges », strophes 1 à 3.

[Écouter l'enregistrement en cliquant ici]

Strophe 1
Vers toi, Seigneur, vont nos louanges
Dans ta maison de paix.
Ô Dieu, reçois cette humble offrande
Où ton amour se plaît.
Vers toi qui entends la prière
Tout homme un jour viendra ;
Du poids trop lourd de sa misère,
Tu le déchargeras.
 
Strophe 2
Heureux celui que tu appelles
À partager ton pain,
Dans la maison où tes fidèles
Rassasieront leur faim,
Sauveur dont les actes répondent
Au cri de notre espoir,
Ainsi qu’au désir de ce monde
Qui aspire à te voir.

Strophe 3
Tu ceins de force les montagnes ;
Tu viens calmer, Seigneur,
Le bruit des flots et le vacarme
Des peuples en fureur ;
Et si ton grand pouvoir éveille
La crainte des puissants,
La terre exulte et s’émerveille
Du levant au couchant.

Strophe 4
Tu as visité notre terre,
Le sol est abreuvé,
Tu as rendu nos champs prospères
Et joyeux nos vergers.
Oui, le ruisseau de Dieu déborde,
Détrempant les sillons,
Faisant lever le blé des hommes
Pour l’éclat des moissons.

Cantique : Louange et Prière n°229 « C’est un rempart que notre Dieu », Strophes 1 à 4

[Écouter l'enregistrement en cliquant ici]

Strophe 1
C’est un rempart que notre Dieu :
Si l’on nous fait injure,
Son bras puissant nous tiendra lieu
Et de fort et d’armure.
L’ennemi contre nous
Redouble de courroux ;
Vaine colère !
Que pourrait l’adversaire ?
L’Éternel détourne ses coups.

Strophe 2
Seuls, nous bronchons à chaque pas ;
Notre force est faiblesse.
Mais un héros dans les combats
Pour nous lutte sans cesse.
Quel est ce défenseur ?
C’est toi, puissant Sauveur,
Dieu des armées !
Tes tribus opprimées
Connaissent leur libérateur.

Strophe 3
Que les démons forgent des fers
Pour accabler l’Église,
Ta Sion brave les enfers
Sur le rocher assise.
Constant dans son effort,
En vain avec la mort
Satan conspire.
Pour briser son empire,
Il suffit d’un mot du Dieu fort.

Strophe 4
Dis-le, ce mot victorieux
Dans toutes nos détresses.
Répands sur nous du haut des cieux
Ta force et ta sagesse.
Qu’on nous ôte nos biens,
Qu’on serre nos liens,
Ta main nous garde ;
Plus loin nos yeux regardent
Car ton royaume est pour les tiens.

Lecture de la Bible

Livre d'Ésaïe Chapitre 55, versets 1 à 3 [NBS]

1 Holà ! vous tous qui avez soif ! Venez vers l'eau, même celui qui n'a pas d'argent ! Venez, achetez et mangez, venez, achetez du vin et du lait, sans argent, sans rien payer !
2 Pourquoi pesez-vous de l'argent pour ce qui n'est pas du pain ? Pourquoi vous fatiguez-vous pour ce qui ne rassasie pas ? Écoutez-moi donc et mangez ce qui est bon, et vous vous délecterez de mets succulents.
3 Tendez l'oreille et venez à moi ; écoutez, et vous vivrez ; je conclurai pour vous une alliance perpétuelle, celle de la fidélité envers David, qui est sûre.

Livre d'Ésaïe Chapitre 55, versets 6 à 13 [NBS]

6 Cherchez le Seigneur pendant qu'il se laisse trouver ; invoquez-le pendant qu'il est proche.
7 Que le méchant abandonne sa voie, et l'homme malfaisant ses pensées ; qu'il revienne au Seigneur, qui aura compassion de lui, à notre Dieu, qui pardonne abondamment.
8 Car mes pensées ne sont pas vos pensées, vos voies ne sont pas mes voies – déclaration du Seigneur.
9 Autant le ciel est élevé au-dessus de la terre, autant mes voies sont élevées au-dessus de vos voies et mes pensées au-dessus de vos pensées.
10 Comme la pluie et la neige descendent du ciel et n'y reviennent pas sans avoir abreuvé la terre, sans l'avoir fécondée et fait germer, sans avoir donné de la semence au semeur et du pain à celui qui a faim,
11 ainsi en est-il de ma parole qui sort de ma bouche : elle ne revient pas à moi sans effet, sans avoir fait ce que je désire, sans avoir réalisé ce pour quoi je l'ai envoyée.
12 Oui, vous sortirez dans la joie et vous serez conduits dans la paix ; les montagnes et les collines éclateront en cris de joie devant vous, et tous les arbres des champs battront des mains.
13 Au lieu des buissons poussera le cyprès, au lieu de l'ortie poussera le myrte ; ce sera pour le Seigneur un nom, un signe perpétuel, qui ne sera pas retranché.

Vidéo du culte entier

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