Soigner ou comment faire taire le mal

Marc 1:21-34

Culte du 22 janvier 2023
Prédication de Béatrice Cléro-Mazire

Vidéo de la partie centrale du culte

Culte à l'Oratoire du Louvre

22 janvier 2023
334ème jour de la guerre en Ukraine
« Soigner ou comment faire taire le mal »

Culte présidé par la Pasteure Béatrice Cléro-Mazire
Avec Sarah Kim, organiste co-titulaire, à l'orgue
Avec le Chœur dirigé par Alexandre Korovitch, Maître de Chapelle

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Orgue

Annonce de la grâce :
La grâce et la paix nous sont données de la part de Dieu notre Père en son Fils Jésus, le ressuscité.

Accueil :

Bienvenue à toutes et à tous dans ce culte, que vous soyez protestants ou non, croyants ou non, de passage ou ancrés dans cette communauté de longue date, c’est au nom de Jésus que nous nous accueillons aujourd’hui les uns les autres pour  rendre gloire à Dieu.
Bien venue à vous qui êtes avec nous grâce à internet, nous vivrons ce culte ensemble.
Bienvenue au chœur de l’Oratoire du Louvre, conduit par Alexandre Korovitch et accompagné par Sarah Kim à l’orgue. C’est une vraie joie de louer Dieu avec vous.
En ce début d’année nous allons prier ensemble, chanter et réfléchir à notre condition humaine, dans ses forces et ses faiblesses, que ce temps soit pour chacun de nous un moment propice à la paix et à l’amour du prochain.

Chant spontané : « Bénissons Dieu le seul Seigneur » [cliquer ici]
 
Louange : Psaume 116
Prière d’un homme arraché à la mort.

J'aime... car le SEIGNEUR entend ma voix, mes supplications ;
car il a tendu son oreille vers moi ; je l'invoquerai toute ma vie.
Les liens de la mort m'avaient enserré, et les angoisses du séjour des morts m'avaient atteint ; j'avais atteint le fond de la détresse et du chagrin.
Mais j'invoquai le nom du SEIGNEUR : S'il te plaît, SEIGNEUR, sauve-moi !
Le SEIGNEUR est clément et juste, notre Dieu est compatissant ;
le SEIGNEUR garde les naïfs ; j'étais affaibli, et il m'a sauvé.
Moi, je retourne à mon repos, car le SEIGNEUR m'a fait du bien.
Oui, tu as délivré ma vie de la mort, mes yeux des larmes, mes pieds de la chute.
Je marcherai devant le SEIGNEUR sur la terre des vivants.
J'ai cru quand j'ai parlé ; j'étais très affligé.
Je disais, dans ma précipitation : Tout homme est menteur.
Comment rendrai-je au SEIGNEUR tous ses bienfaits envers moi ?
Je lèverai la coupe du salut et j'invoquerai le nom du SEIGNEUR ;
je m'acquitterai de mes vœux envers le SEIGNEUR, devant tout son peuple.
Elle a du prix aux yeux du SEIGNEUR, la mort de ses fidèles.
S'il te plaît, SEIGNEUR ! Je suis ton serviteur, ton serviteur, le fils de ta servante.Tu as détaché mes liens.
Je t'offrirai un sacrifice de reconnaissance — j'invoquerai le nom du SEIGNEUR ;
je m'acquitterai de mes vœux envers le SEIGNEUR, devant tout son peuple,
dans les cours de la maison du SEIGNEUR, au milieu de toi, Jérusalem ! Louez le SEIGNEUR !

Chantons notre louange.
Psaume de Louange : Le Psautier Français n°138 « Que tout mon cœur soit dans mon chant », strophes 1 à 3 [cliquer ici]

Volonté de Dieu
Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur,
de toute ton âme, de toute ta force et de toute ton intelligence.
C'est là le premier et le grand principe,
et voici le second, qui lui est semblable :
Tu aimeras ton prochain comme toi-même.

Chant spontané : « Parle, parle Seigneur, ton serviteur écoute »  [cliquer ici]

Repentance

Seigneur Dieu, 
J’ai besoin de déposer devant toi le poids lassant de mon péché.
J’ai besoin que cessent les alibis et les excuses 
qui ne trompent personne et surtout pas moi.
J’ai besoin que cessent les regrets et les tourments 
qui ne délivrent personne et surtout pas moi.
J’ai besoin de déposer entre tes mains 
ce sac de nœuds où je m’étouffe en vain. 
J’ai besoin de quelqu’un auprès de qui
 je puisse confesser mon trouble et mon secret.
J’ai besoin d’en finir avec les soucis 
qui m’assaillent du dehors et avec les tourments qui me rongent du dedans.
J’ai besoin de la tranquillité de ta bonté. 
Oh Dieu, j’ai besoin de toi.
[André Dumas]

Chant spontané : « J’aime mon Dieu, car il entend ma voix » [cliquer ici]

Annonce de la grâce
Jésus appelle et dit : « Venez à moi vous tous qui êtes fatigués de porter un lourd fardeau et je vous donnerai le repos. (Matthieu 11, 28)

Chant spontané : « Combien grande est ta gloire » [cliquer ici]

Confession de foi

Nous croyons en Dieu.
Malgré son silence et son secret, nous croyons qu’Il est vivant.
Malgré le mal et la souffrance, nous croyons qu’Il a fait le monde
pour le bonheur de la vie.
Malgré les limites de notre raison et les révoltes de notre cœur,
nous croyons en Dieu.

Nous croyons en Jésus-Christ. Malgré les siècles qui nous séparent
du temps où il est venu, nous croyons en sa Parole.
Malgré nos incompréhensions et nos refus, nous croyons
en sa résurrection.
Malgré sa faiblesse et sa pauvreté, nous croyons en son règne.

Nous croyons en l’Esprit saint.
Malgré les apparences, nous croyons qu’il conduit l’Église.
Malgré la mort, nous croyons à la vie éternelle.
Malgré l’ignorance et l’incrédulité, nous croyons que le Royaume
de Dieu est promis à tous. Amen.

Chant spontané : « Grand Dieu, nous te bénissons » [cliquer ici]

Doxologie : « Gloire à Dieu dans les cieux et sur la terre, et d’éternité en éternité ».

Lecture du passage de la Bible : Marc 1 : 21-34
 
Jésus et ses disciples entrent dans Capharnaüm. Aussitôt, le jour du sabbat, Jésus se rendit à la synagogue et se mit à enseigner. Ceux qui l'entendaient étaient impressionnés par son enseignement ; en effet, il les enseignait avec autorité, à la différence des spécialistes des Écritures. Or, dans leur synagogue, il y avait un homme tourmenté par un esprit impur. Il se mit à crier : « Que nous veux-tu, Jésus de Nazareth ? Es-tu venu pour nous détruire ? Je sais bien qui tu es : celui qui est saint, envoyé par Dieu ! » Jésus parla sévèrement à l'esprit impur en lui disant : « Tais-toi et sors de cet homme ! » L'esprit impur secoua rudement l'homme et sortit de lui en poussant un grand cri. Et tous furent étonnés au point de se demander les uns aux autres : « Qu'est-ce que cela ? Un enseignement nouveau donné avec autorité ! Il commande même aux esprits impurs et ils lui obéissent ! » Et aussitôt, la renommée de Jésus se répandit partout dans toute la région de la Galilée.
Ils quittèrent la synagogue et allèrent aussitôt à la maison de Simon et André, en compagnie de Jacques et Jean. La belle-mère de Simon était au lit, avec de la fièvre ; aussitôt on parla d'elle à Jésus. Il s'approcha d'elle, lui prit la main et la fit lever. La fièvre la quitta et elle se mit à les servir.
Le soir venu, après le coucher du soleil, les gens amenèrent à Jésus tous les malades et ceux qui étaient possédés par des démons. La ville entière se pressait à la porte de la maison. Jésus guérit beaucoup de gens atteints de toutes sortes de maladies et il chassa aussi beaucoup de démons. Il ne laissait pas parler les démons, parce qu'eux savaient qui il était.

Cantique : Louange et Prière n°170 « Viens habiter dans non âmes », Strophes 1 à 3 [cliquer ici]


Prière d'illumination :
Prière du Médecin par Moïse Maïmonide, né à Cordoue en 1138 et mort à Fostat (Le Caire) en 1204

Mon Dieu, remplis mon âme d'amour pour l'art et pour toutes les créatures. N'admets pas que la soif du gain et la recherche de la gloire m'influencent dans l'exercice de mon Art, car les ennemis de la vérité et de l'amour des hommes pourraient facilement m'abuser et m'éloigner du noble devoir de faire du bien à tes enfants. Soutiens la force de mon cœur pour qu'il soit toujours prêt à servir le pauvre et le riche, l'ami et l'ennemi, le bon et le mauvais. Fais que je ne voie que l'homme dans celui qui souffre. Fais que mon esprit reste clair auprès du lit du malade et qu'il ne soit distrait par aucune chose étrangère afin qu'il ait présent tout ce que l'expérience et la science lui ont enseigné, car grandes et sublimes sont les recherches scientifiques qui ont pour but de conserver la santé et la vie de toutes les créatures.
Fais que mes malades aient confiance en moi et mon Art pour qu'ils suivent mes conseils et mes prescriptions. Éloigne de leur lit les charlatans, l'armée des parents aux mille conseils, et les gardes qui savent toujours tout : car c'est une engeance dangereuse qui, par vanité, fait échouer les meilleures intentions de l'Art et conduit souvent les créatures à la mort. Si les ignorants me blâment et me raillent, fais que l'amour de mon Art, comme une cuirasse, me rende invulnérable, pour que je puisse persévérer dans le vrai, sans égard au prestige, au renom et à l'âge de mes ennemis. Prête-moi, mon Dieu, l'indulgence et la patience auprès des malades entêtés et grossiers.
Fais que je sois modéré en tout, mais insatiable dans mon amour de la science. Éloigne de moi l'idée que je peux tout. Donne-moi la force, la volonté et l'occasion d'élargir de plus en plus mes connaissances. Je peux aujourd'hui découvrir dans mon savoir des choses que je ne soupçonnais pas hier, car l'Art est grand mais l'esprit de l'homme pénètre toujours plus avant.

Orgue

Prédication : Soigner ou comment faire taire le mal


                À la lecture de la prière du médecin juif Maïmonide, on comprend que Jésus n’est pas médecin. Ce n’est pas son métier et ce n’est pas son projet. Bien sûr, les deux hommes ne sont pas contemporains, et le médecin juif du Moyen Âge bénéficiait sans doute de connaissances que les médecins du premier siècle ignoraient encore. Mais la différence entre les deux personnages ne vient pas de cet écart dans le temps. L’activité de Maïmonide est une science et un art : poser un diagnostic, identifier des causes, imaginer quel remède pourrait soulager le malade ; tout cela nécessite raison et patience, comme il le dit lui-même. Quand Jésus est dans la synagogue de Capharnaüm, on sent de la précipitation, un enchaînement d’événements qui le poussent à agir : « Aussitôt, le jour du sabbat », « aussitôt sa renommée grandit », « aussitôt on lui parle de la belle-mère de Simon ». Tout va tellement vite dans ce premier chapitre de l’Évangile de Marc. À peine Jésus a-t-il été baptisé, qu’il trouve des disciples qui le suivent et immédiatement, un jour de sabbat, il devient thaumaturge. Jésus n’est pas médecin, mais comme nombre de ses contemporains, il exerce cette activité étrange de guérir sans soigner. Jésus ne soigne pas les gens, il ne leur donne aucun remède, il ne cherche pas les causes du mal qui opprime les personnes qu’il rencontre et qui ne veulent pas toujours de ses services. Comme ce possédé qui entre dans la synagogue de Capharnaüm et qui ne s’exprime que par « esprit impur interposé ». À coup sûr, celui-ci ne veut pas de médecin, il ne veut pas guérir, il a peur, simplement peur de la destruction. Et Jésus, comme le possédé le craignait, va se mêler de ses affaires, et le faire taire. Ici, pas de breuvage amer, pas d’onguent pour calmer la douleur. C’est un mal qui touche l’esprit me direz-vous : bien sûr, mais cette considération n’empêchait pas les médecins antiques d’essayer toutes sortes de thérapeutiques pour calmer les malades agités par une démence difficile à comprendre.
                Jésus le thaumaturge ne soigne pas ; il fait acte de puissance. Il ordonne, il fait taire, il n’a rien à opposer au mal qui secoue cet homme que sa présence et son autorité. Car voilà bien la seule qualification qu’on prête à Jésus dans ce moment d’agitation et de trouble :

« Qu'est-ce que cela ? Un enseignement nouveau donné avec autorité ! Il commande même aux esprits impurs et ils lui obéissent ! »

Jésus commande, il est maître de ce qui d’ordinaire ne se maîtrise pas. Et c’est comme enseignant que Jésus est reconnu grâce à ces actes de puissance. La raison et la science se manifestent justement dans l’irrationnel que met en scène l’Évangile. Du possédé de la synagogue, Jésus passe à la belle-mère de Simon, dont il guérit la fièvre en lui prenant la main pour la faire remettre debout et enfin il voit arriver des gens qui accompagnent des malades atteints de toutes sortes de maladies. On dit de lui qu’il les guérit et chasse beaucoup de démons. Tout cela n’est décidément pas très rationnel.
                Alors, quel est cet enseignement qui guérit les malades, les possédés, les démoniaques dans un même élan ? Que croire dans de tels récits ? N’ouvrent-il pas, à leur façon, toute grande la porte au charlatanisme dont parle Maïmonide dans sa prière ?
« Éloigne de leur lit les charlatans, l'armée des parents aux mille conseils, et les gardes qui savent toujours tout : car c'est une engeance dangereuse qui, par vanité, fait échouer les meilleures intentions de l'Art et conduit souvent les créatures à la mort » dit la prière du médecin. Simon a-t-il raison de faire confiance à Jésus pour soigner sa belle-mère ?
                Pourtant, entre le médecin du Moyen Âge et Jésus, il existe plusieurs points communs : l’un comme l’autre se font un devoir de guérir les enfants de Dieu, et Maïmonide parle à Dieu du « noble devoir de faire du bien à tes enfants » et il lui demande : « Fais que je ne voie que l'homme dans celui qui souffre ».
                Reprenons les questions de l’assemblée de la synagogue de Capharnaüm : « Qu'est-ce que cela ? Un enseignement nouveau donné avec autorité ? »

               Les différentes études bibliques sur les récits de miracles ont montré que le fait de réduire au silence un esprit impur ou une tempête, mettait Jésus dans la posture d’un prophète, investi de la force de Dieu et capable de maîtriser les forces naturelles. Mais que retenir de ce constat si ce n’est un récit surnaturel qui ne révèle rien de parlant au malade du vingt et unième siècle. Car c’est bien là l’enjeu d’une telle lecture. Qu’est-ce qui est guérit ici ? Que peut apporter la foi que la médecine n’apporte pas déjà ? Est-il bien raisonnable de prêter attention à ce type de récits que la tradition a retenus comme des miracles et qui n’en ont, à bien y regarder, aucune caractéristique ? Un dément qui délire, un ordre, un cri et rien d’autre. Une femme qui a la fièvre, une main tendue, la fièvre qui baisse et rien d’autre. Est-ce de ce côté qu’il nous faut regarder ? Où est l’enseignement ? Où est l’autorité ? 
                Nous ne pouvons pas lire ces récits de façon anachronique et comparer ce qui n’est pas comparable. Aujourd’hui, sans doute pourrait-on agir sur la démence de l’homme de la synagogue, et le paracétamol viendrait sans doute à bout de la fièvre de la belle-mère de Simon.
Il serait aussi malhonnête intellectuellement de dire que ces récits sont des images métaphoriques, que le terme guérir ne recouvre aucune réalité pour les malades de l’époque de Jésus et qu’il ne s’agit là que d’une guérison symbolique. Les malades de tous les temps aspirent à la santé et si lire les récits de guérisons de l’Évangile de Marc n’apporte rien à ceux qui souffrent aujourd’hui de leur situation de malade, alors, fermons tout de suite la Bible.
                Ce qui reste comparable, entre hier et aujourd’hui, ce qui  reste pertinent malgré les siècles qui séparent notre lecture de l’écriture de tels récits, c’est l’impossibilité, dans certains cas, de guérir complètement de certaines maladies. C’est, dans de nombreux cas, la difficulté de pouvoir dire qu’on est guéri. Aujourd’hui, autour de nous, de nombreuses personnes, et nous-mêmes, peut-être, sommes atteints de maladies qui, comme au premier siècle, n’ont pas encore trouvé leur remède. Nous vivons même avec des maladies qui, à l’époque de Jésus, n’étaient pas découvertes parce qu’elles emportaient les malades dans la mort sans qu’on sache même de quoi ils étaient atteints. À notre époque comme à l’époque de Jésus, on ne guérit pas de toutes les maladies. La médecine moderne soigne, et, dans notre pays, elle soigne plutôt très bien. Certains malades sont guéris, mais même notre médecine de pointe ne parvient pas à tout guérir. Dans de nombreux cas, nos connaissances sur les maladies permettent de vivre malade longtemps, et de manière assez satisfaisante si l’on considère que la douleur, que le malade craint tant, est prise en charge avec efficacité dans la plupart des cas.
                Jésus guérit les malades. Il ne les soigne pas, comme nous l’avons vu, mais il les guérit. Alors, quel enseignement tirer de cette puissance ?
                Replaçons-nous dans la synagogue de Capharnaüm, que nous est-il enseigné ? Pour le savoir, il faut nous retourner vers l’homme atteint d’un esprit impur, puis sortir et aller visiter la belle-mère de Simon, puis regarder cette foule de gens qui conduisent des malades auprès de Jésus pour qu’il les guérisse. Cessons de regarder Jésus et regardons ces hommes et ses femmes, avec leur peur, leur handicap, leurs maux qui les marginalisent, qui les angoissent, aujourd’hui comme hier. Regardons comment ils ou elles se considèrent eux (ou elles)-mêmes, comment leur maladie les sépare des autres, comment elle les culpabilise parce qu’avec eux, c’est toute la famille qui est ébranlée, fragilisée, inquiète.
                Une maladie qui met en question la vie n’est pas un détail, nous le savons tous. Ce n’est pas non plus une qualité ou un défaut que l’on peut séparer de celui qui en est porteur, comme on retire un manteau. Une maladie qui met en cause la vie, est comme un être qui habite avec vous, qui vient changer profondément le cours des vies, pas seulement celle du malade, mais celle de toute la maisonnée. La maladie change le rapport au temps, le rapport à l’espace, le rapport aux autres. Elle intimide et peut tenir en respect même les plus téméraires. Elle change le corps, l’état d’esprit, le regard, celui qu’on porte sur soi-même et celui qu’on porte sur le monde. Elle réduit l’horizon, elle écourte le temps et comme un rôdeur qui ne se montre qu’à certains moments, elle vous tient en alerte et empêche toute paix. Elle devient le personnage central d’une intrigue écrite par un autre et dont on ignore le dénouement.
                Bien sûr, le sage vous dira, comme les amis de Job, qu’on peut en faire son affaire, et que la raison est d’un grand secours pour vivre avec sa maladie en bonne compagnie. Mais c’est Job qui est malade, c’est lui qui est seul et menacé.
                Dans la synagogue de Capharnaüm, Jésus enseigne à ceux qui voient l’homme possédé, à Simon et sa femme qui s’inquiète pour sa mère, à ses nouveaux disciples qui voient arriver la foule et à ceux qui conduisent leurs proches malades. Ce n’est pas aux malades qu’il enseigne, il n’a pas encore en tête le culte de l’autonomie que nous cultivons trop souvent pour nous dédouaner de ne pas nous rendre assez disponibles pour les personnes malades.
                Jésus enseigne comment d’une personne malade on fait une personne guérie : en la considérant guérie. La belle affaire, me direz-vous, si elle ne l’est pas vraiment ! Avec l’homme qui est atteint d’un esprit impur, Jésus montre que le mal peut être vaincu, qu’il peut être réduit au silence, que l’homme ne se résume pas à son mal et qu’il a le droit de crier contre le mal qui semble toujours parler à sa place. Ce jour-là, tous ceux qui étaient là ont compris qu’il y avait plus qu’un possédé dans leur synagogue, et que ces témoins impuissants pouvaient réhabiliter cet homme à sa place d’homme. En croyant en sa guérison en s’élevant contre le mal, en n’acceptant pas ce mal comme une fatalité mais comme un fléau à combattre. Dans la maison de Simon, chacun aura compris que cette femme n’était pas condamnée parce qu’elle était malade, et que, même si, à cette époque, la fièvre était redoutable, il était possible de croire assez à sa guérison pour qu’elle ait la force de se lever grâce à une main tendue. Le texte grec emploie ici le verbe utilisé ailleurs dans l’Évangile pour dire qu’on ressuscite une personne. Il faut la croire vivante, il faut la croire bientôt guérie, pour qu’elle vive.
                Après cette série de guérisons, l’Évangile ajoute cette mention énigmatique : « Il ne laissait pas parler les démons, parce qu'eux savaient qui il était ». Jésus est alors prophète, parce qu’il croit en l’homme, en la vie plus forte que le mal et les figures du mal que sont dans l’imagerie évangélique les démons, savent au premier titre que sa foi les fera taire. Jésus n’est donc pas un médecin antique, mais un prophète qui annonce la foi de Dieu en la capacité de l’homme à faire taire le mal. En plaçant notre foi les uns dans les autres, en faisant confiance à notre capacité à combattre le mal, nous pouvons guérir l’existence des malades pendant que les médecins les soignent.                           AMEN.  


Chœur : "Libera me", extrait du Requiem de Gabriel Fauré

Psaume : Le Psautier Français n°23 « Dieu mon berger me conduit et me garde », Strophes 1 à 3 [cliquer ici]

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Orgue
 
Prière d’intercession

Éternel
Nous te remettons toutes les personnes qui sont malades autour de nous.
Nous te demandons un regard nouveau, un accueil nouveau, un langage nouveau, pour soutenir et partager ces moments de maladie, pour que chacun soit debout dans un vis-à-vis où l'honneur de chacun est respecté.
Éternel
Nous te remettons tous ceux qui se sentent accablés par la maladie et qui ont besoin qu'on ouvre devant eux un horizon, une parole de grâce, un ciel ouvert.
Retiens-nous de toute compassion qui irait jusqu'à la plainte
Rends nous compatissant sans nous permettre d'enfermer qui que ce soit dans sa maladie.
Rends nous attentif sans être pesant ou directif.
Rends nous disponible sans être continuellement inquiet.
Éternel, élargis notre propre horizon pour que nous puissions espérer, pour que nous puissions voir toujours la vie là où la mort menace.
Apprends-nous que cette vie que tu nous donnes se vit jusqu'au bout, toujours.
Éternel
Nous te remettons tous ceux qui ont pour tâche, pour métier de soigner.
Permets qu'ils sentent en eux les ressources nécessaires pour pouvoir aider, être à propos, être pertinent et que leur cœur soit ouvert aux appels du malade, à ce qu'il est, à ce qu'il veut, à ce qu'il désire profondément.
Éternel
Soutiens tous ceux qui ont la charge de soigner les autres et qui sans doute parfois se sentent bien impuissants.
Que ce doute devienne constructif, qu’il les garde en éveil devant tout ce qui pourrait se passer dans le corps et l'esprit de leur patient.
Éternel,  
Nous te remettons tous ceux qui ont la charge de décider pour nos sociétés : nous-mêmes avec le pouvoir que nous avons comme citoyens ;  mais aussi tous ceux à qui nous avons délégué ce pouvoir afin qu'ils construisent une société où la maladie n’ostracise pas les hommes et les femmes de notre temps, n’oblitère pas l'avenir de nos enfants.
Et que chacun dans notre corps social puisse trouver sa place sans être relégué à l'état de maladie.
Nous sommes tous ensemble dans la même condition humaine, et demain cela peut être nous, un autre, un proche.
Alors, Seigneur, prépare nous à accueillir ce que la vie nous donne pour que nous puissions traverser ensemble ce qui est éprouvant et nous instruire de ce qui peut nous élever.
Donne-nous, Seigneur, le courage, la patience, l'amour, et ta grâce infinie toujours chevillée au cœur pour que nous ayons confiance.

et ensemble nous pouvons dire :
Notre Père
Notre Père qui es aux cieux, que ton nom soit sanctifié, que ton règne vienne, que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel. Donne-nous aujourd’hui notre pain de ce jour ; pardonne-nous nos offenses comme nous pardonnons aussi à ceux qui nous ont offensés. Ne nous laisse pas entrer en tentation mais délivre-nous du mal, car c’est à toi qu’appartiennent le règne, la puissance et la gloire, aux siècles des siècles. Amen.
 
Bénédiction finale

Recevons la bénédiction de Dieu :
Le Seigneur qui fait grâce nous bénit et nous garde.

Chant spontané : « Confie à Dieu ta route » [cliquer ici]

Sortie / Orgue

Paroles des chants du dimanche 22 janvier 2023

Psaume : Le Psautier Français n°138 « Que tout mon cœur soit dans mon chant », strophes 1 à 3

Strophe 1
Que tout mon cœur soit dans mon chant ;
Qu’il soit brûlant de tes louanges.
Je te rends grâce en ta maison ;
Je loue ton nom devant les anges.
Tu es venu pour exalter
La renommée de ta parole.
J’adore ta fidélité
Et ta bonté qui me console.

Strophe 2
Tu me réponds dès que je crie ;
Tu élargis mon espérance.
Même les grands t’écouteront
Et béniront ta providence.


Ton saint amour, ô roi des cieux,
Veille en tous lieux sur toutes choses.
Dans ses projets tu suis des yeux
L’homme orgueilleux : tu en disposes.

Strophe 3
Ta paix, mon Dieu, dure à toujours ;
C’est ton amour qui me délivre.
Quand je suis le plus éprouvé
Ton bras levé me fait revivre.
Et quand je suis au désespoir,
C’est ton pouvoir qui me relève.
Ce qu’il t’a plu de commencer
Sans se lasser ta main l’achève.

Cantique : Louange et Prière n°170 « Viens habiter dans nos âmes », Strophes 1 à 3

Strophe 1
Viens habiter dans nos âmes,
Dieu de lumière et de foi ;
Remplis de tes saintes flammes,
Ceux qui n'espèrent qu'en toi ;
Fais sentir à notre cœur
Ta présence et ta faveur.

Strophe 2
Viens répandre ta lumière
Sur l'esprit de tes enfants ;
Que ta grâce salutaire
Veille sur nous en tous temps ;
Garde à jamais notre cœur
Des surprises de l'erreur.

Strophe 3 
Nous n'avons rien en nous-mêmes,
Pour attirer ta faveur ;
Mais en ton  Fils tu nous aimes
Et tu répondras, Seigneur,
A la voix de Jésus-Christ,
Aux soupirs de son Esprit.

Strophe 4
Remplis-nous, dans la détresse,
De tes consolations ;
Soutiens-nous dans la faiblesse,
Contre les tentations.
Assurés de ton secours,
Nous triompherons toujours.

Psaume : Le Psautier Français n°23 « Dieu mon berger me conduit et me garde », Strophes 1 à 3

Strophe 1
Dieu mon berger me conduit et me garde,
J’entends sa voix et vers lui je regarde ;
Il me fait paitre en de verts pâturages,
Au long des eaux sous la paix des ombrages ;
Et pour qu’en moi son amour s’accomplisse,
Il me conduit aux sentiers de justice.

Strophe 2
Quand il faudra marcher dans la nuit sombre,
Quand de la mort je traverserai l’ombre,
Je n’aurai  point de peur en ma détresse
Car tu tiens auprès de moi sans cesse ;
Même au travers de la vallée obscure
C‘est ton bâton mon Dieu qui me rassure.



Strophe 3
Tu viens dresser la table de la fête,
L’huile odorante a parfumé ma tête,
Un vin de joie en ma coupe déborde,
Nul n’ôtera ces biens que tu m’accordes.
Accompagné chaque jour,  d’heure en heure
Dans ta maison je ferai ma demeure.

Paroles des répons du temps de l'Église

Après la salutation
Répons : « Bénissons Dieu le seul Seigneur » (Ps. 134, str.1)

Bénissons Dieu le seul Seigneur,
Nous qu’il choisit pour serviteurs.
Levons nos mains dans sa maison,
Pour bénir et louer son nom.

Après la volonté de Dieu
Répons : « Parle, parle Seigneur, ton serviteur écoute » (L&P n°193, str.1)

Parle, parle Seigneur, ton serviteur écoute :
Je dis ton serviteur, car enfin je le suis.
Je le suis, je veux l’être, et marcher dans ta route,
Et les jours et les nuits.

Après la prière de repentance
Répons : « J’aime mon Dieu, car il entend ma voix ». (Ps. 116, str.1)

J’aime mon Dieu car il entend ma voix,
Quand la frayeur ou le tourment m’oppresse,
Quand j’ai prié au jour de ma détresse,
Dans sa bonté, il s’est tourné vers moi.

Après l’annonce de la grâce
Répons « Combien grande est ta gloire » (Ps 92 selon L&P n° 38 str.2)

Combien grande est ta gloire, en tout ce que tu fais, 
Et combien tes hauts faits sont dignes de mémoire !
Tes œuvres sans pareilles  ont réjoui mon cœur,
Je veux chanter, Seigneur, tes divines merveilles !

Après la confession de foi 
Répons : « Grand Dieu, nous te bénissons » (L&P n°69, str.1)

Grand Dieu, nous te bénissons, nous célébrons tes louanges,
Éternel, nous t’exaltons, de concert avec les anges,
Et prosternés devant toi, nous t’adorons, ô grand Roi !
Et prosternés devant toi, nous t’adorons, ô grand Roi !

Après la bénédiction 
Répons : « Confie à Dieu ta route » (L&P n°309, str.5)

Bénis ô Dieu nos routes, nous les suivrons heureux,
Car toi qui nous écoutes, tu les sais, tu les veux.
Chemins riants ou sombres, j’y marche par la foi,
Même au travers des ombres, ils conduisent à toi.

Lecture de la Bible

Évangile de Marc, chapitre 1, versets 21 à 34 [NBS]

L'homme possédé d'un esprit impur

21 Ils entrent dans Capharnaüm. S'étant rendu à la synagogue le jour du sabbat, il se mit à enseigner.
22 Ils étaient ébahis de son enseignement ; car il enseignait comme quelqu'un qui a de l'autorité, et non pas comme les scribes.
23 Il se trouvait justement dans leur synagogue un homme possédé d'un esprit impur, qui s'écria :
24 Pourquoi te mêles-tu de nos affaires, Jésus le Nazaréen ? Es-tu venu pour notre perte ? Je sais bien qui tu es : le Saint de Dieu !
25 Jésus le rabroua, en disant : Tais-toi et sors de cet homme.
26 L'esprit impur sortit de lui en le secouant violemment et en poussant un grand cri.
27 Tous furent effrayés ; ils débattaient entre eux : Qu'est-ce donc ? Un enseignement nouveau, et quelle autorité ! Il commande même aux esprits impurs, et ils lui obéissent !
28 Et sa renommée se répandit aussitôt dans toute la Galilée.

Guérisons de malades et de démoniaques

29 En sortant de la synagogue, ils se rendirent, avec Jacques et Jean, chez Simon et André.
30 La belle-mère de Simon était alitée, elle avait de la fièvre ; aussitôt on lui parle d'elle.
31 Il s'approcha et la fit lever en lui saisissant la main ; la fièvre la quitta, et elle se mit à les servir.
32 Le soir venu, après le coucher du soleil, on lui amenait tous les malades et les démoniaques.
33 Toute la ville était rassemblée devant la porte.
34 Il guérit beaucoup de malades qui souffraient de divers maux et chassa beaucoup de démons ; il ne laissait pas les démons parler, parce qu'ils le connaissaient.

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