Dieu nous a délivrés de la puissance des ténèbres

Colossien 1:12-19

Culte du 6 janvier 2019
Prédication de Gilles Castelnau

Vidéo de la partie centrale du culte

Qui d’entre nous, qu’il soit membre du gouvernement, membre d’un parti ou d'un autre, Gilet jaune ou simple observateur de la situation sidéré et inquiet, quel Français, quel homme, accepterait de reconnaître qu’il vit dominé par« la puissance des ténèbres » ? On pense plus facilement cela des autres que de soi !


Et d’ailleurs quel Français, quel homme, du plus passionné, du plus assuré de la justesse de ses conviction et de l’importance de son engagement, au plus modéré et au plus raisonnable, se prétendrait déjà réellement « transportés dans le monde du Fils de l’Amour » ?


Le « monde du Fils de l'Amour » : ce n’est pas un monde immobile.
Il s’agit, dans l’esprit de l’auteur de l’épître, d’un élan divin à l’œuvre en nous qui fait, comme il le dit plus loin, qu’un mari « aime sa femme, et ne s’aigrit pas contre elle », que les parents « n’irritent pas leurs enfants », qu’un maître, « accorde à ses esclaves ce qui est juste et équitable. » Qu'on soit débarrassé des obsessions bien naturelles qui poussent un mari, une femme, un maître d'esclaves, un esclave, à se laisser dominer par la « puissance des ténèbres » (et chacun sait très bien ce que cela veut dire pour lui).

Un peu plus loin il parlera d'obsessions alimentaires qui pourrissaient la vie des Colossiens : « ne prends pas ceci, ne goûte pas cela, ne touche pas à ça ».
Et d'autres obsessions encore que nous ignorons (il mentionnera un « culte des anges » : mais justement nous pouvons y projeter les nôtres.


L’épître aux Colossiens n’est pas de Paul, préoccupé de la polémique avec la synagogue à propos du salut par grâce et d’aider les paroisses naissantes à se constituer avec des problèmes comme celui des viandes sacrifiées aux idoles. C’est sans doute un disciple de Paul qui a écrit dans les années 80 dans le monde hellénistique. Pour lui il y a un grand axe dynamique, cosmique, orientant, appelant tout l’univers à la marche créatrice qu’anime celui qu’il appelle « le Christ », le « Fils de l’Amour de Dieu ».
Notons qu’il y a deux ruptures dans ce passage : au verset 14 un prédicateur vient interrompre l’élan du texte en ajoutant : « en lui nous avons la rédemption, la rémission des péchés », et au verset 18 : « Il est la tête du corps de l’Église », alors que l’auteur parle de beaucoup plus que cela, il contemple toute la création cosmique du monde. Ce sont des gloses qui détournent l'attention de la vision immense du grand axe cosmique organisant la vie du monde.

« Christ en nous » : sa vision de Jésus ressuscité s’agrandit jusqu’à celle d’un « Christ » cosmique, universel, orientant toutes les énergies par son divin dynamisme créateur.
Présence en nos cœurs du « Fils de l’amour de Dieu » qui connaît bien toutes les forces mauvaises agissant en nous et dans notre monde. « En lui ont été créées toutes les choses qui sont dans les cieux et sur la terre, les visibles et les invisibles, trônes, dignités, dominations, autorités. Tout a été créé par lui et pour lui et toute plénitude habite en lui ».

. . . / . . . La parole de salut, la parole du salut est que le « Fils de l’Amour de Dieu » habite en nous, nous réoriente et nous anime.
A peu près à l’époque de cette épître aux Colossiens, Matthieu et Luc ont écrit leurs évangiles, ils ont dépeint le « Fils de l’Amour de Dieu », le « Christ », sous les traits de l'homme de Nazareth, (« Emmanuel, Dieu avec nous ») agissant avec un dynamisme créateur qui pénétrait la vie des hommes et des femmes tels qu’ils étaient, sans discrimination, sans jugement, mais avec puissance créatrice.
Parole saisissante qui libère les hommes de leur « ténèbres » et les « transporte dans le monde du fils de l’Amour. »

Cette présence créatrice de vie agit, s’incarne, se concrétise en chacun de nous en s’efforçant de nous transporter dans le monde du Fils de l’amour, quelle que soit notre place dans le monde, gouvernant, député, syndicaliste, gilet jaune, observateur médusé.
Dans le monde du Fils de l'Amour, on est :
- libéré des sentiments d’admiration ou d’exaspération qui nous font tout attendre de manière infantile des autorités supérieures,
- libéré du sentiment d’impuissance devant les blocages les plus résistants, 
- libéré de l'idée que le plus fort gagne toujours
- qu'on peut dire n'importe quoi, affirmer les vérités les plus douteuses si on parle avec suffisamment d'assurance
- énoncer les fake news les plus extravagantes.

L’axe dynamique du « Christ » nous aspire. Enfants de l'Amour de Dieu, nous ne laissons pas les « ténèbres » de nos addictions, de nos réactions instinctives nous dominer abusivement. 
- nous sommes responsables, capables de participer à l'élaboration du « monde du Fils de l'Amour »,
- nous prenons de bonnes décisions, courageuses et créatrices, et
- nous sommes capables de changer d’avis si nous en avons pris de mauvaises.
- nous nous laissons animer par l'élan vital que le Fils fait monter en nous afin que nous participions au « monde de son Amour ».

Nous penserons au Fils de l'amour. 
- il nous guidera, il orientera nos choix.
- il apaisera nos craintes de l’inconnu, 
- il nous évitera des paroles agressives ou défaitistes. 
- si nous traversons des jours troublés et si nous sommes choqués par les autres, nous saurons, du moins, les comprendre et 
- si nous butons sur des conflits insolubles, nous nous efforcerons néanmoins de nous conduire, si nous le pouvons, en artisans solidaires de partage, de solidarité et de paix.
- nous réfléchirons beaucoup, nous serons intelligents, 
- nous prendrons garde au mal, nous penserons à l’amour.

Et le Fils de l'amour, nous donne son dynamisme et sa joie.

Lecture de la Bible

Colossien 1/12-19

12 avec joie rendez grâces au Père qui vous a rendus capables d'avoir part à l'héritage des saints dans la lumière.
13 Il nous a délivrés du pouvoir des ténèbres et nous a transportés dans le royaume de son Fils bien-aimé,
14 en qui nous avons la rédemption, le pardon des péchés.
15 Il est l'image du Dieu invisible, le premier-né de toute la création.
16 Car en lui tout a été créé dans les cieux et sur la terre, ce qui est visible et ce qui est invisible, trônes, souverainetés, principautés, pouvoirs. Tout a été créé par lui et pour lui.
17 Il est avant toutes choses, et tout subsiste en lui.
18 Il est la tête du corps, de l'Église. Il est le commencement, le premier-né d'entre les morts, afin d'être en tout le premier.
19 Car il a plu (à Dieu) de faire habiter en lui toute plénitude.

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