Abraham selon une sourate du Coran

Culte du 30 mai 2021
Prédication de Imam Faker Korchane

Vidéo de la partie centrale du culte

Culte à l'Oratoire du Louvre

Dimanche 30 mai 2021
« Abraham selon une sourate du Coran »


Culte présidé par la pasteure Béatrice Cléro-Mazire
Prédication par l'Imam Faker Korchane de la mosquée libérale Fatima
Musique : Sarah Kim, organiste co-titulaire

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Voir aussi : La foi, la religion, à quoi ça sert ?, culte du 16 avril 2023

Orgue

Annonce de la grâce
La grâce et la paix nous sont données de la part de Dieu notre Père en son Fils Jésus, notre frère, notre Sauveur.

Accueil
Bienvenue à vous

Invocation
Mon Dieu,
Fais-moi sortir des ténèbres vers la lumière.
Claire mon cœur par la science.
Donne-nous la lumière par laquelle nous serons dirigés vers toi.
Mon Dieu, mets la lumière en mon cœur,
lumière dans mes oreilles, lumière dans mes yeux,
lumière sur ma langue, lumière sur ma droite,
lumière sur ma gauche, lumière au-dessus de moi,
lumière au-dessous de moi, lumière devant moi,
lumière derrière moi.
Mets dans mon âme la lumière ;
inonde-moi de lumière ;
Seigneur, dilate mon cœur et aide-moi à bien agir.
Mon Dieu, je t'en prie,
mets la lumière dans notre vie,
la lumière à notre mort ;
que la lumière soit dans nos tombes
et au jour de la résurrection.
(Mansur Al-Hallâj)

Réunissons-nous dans la communion fraternelle avec le 1er chant spontané.
Chant spontané : [cliquer ici]

Louange : Psaume 19

1  Du chef de chœur. Psaume. De David.
2  Le ciel raconte la gloire de Dieu, la voûte céleste dit l'œuvre de ses mains.
3  Le jour l'annonce au jour, la nuit l'explique à la nuit.
4  Ce n'est pas un langage, ce ne sont pas des paroles, on n'entend pas leur voix.
5  Leurs mesures apparaissent sur toute la terre, leurs accents vont aux extrémités du monde ; c'est là qu'il a placé une tente pour le soleil.
6  Celui-ci, tel un marié sortant de sa chambre, tout content, se met en route, tel un vaillant guerrier.
7  Il s'élance des extrémités du ciel et achève sa course à l'autre extrémité ; rien n'est à l'abri de sa chaleur.
8  La loi de l'Éternel est parfaite, elle restaure la vie ; le témoignage du l’Éternel est sûr, il rend sage le naïf.
9  Les directives de l'Éternel sont droites, elles réjouissent le cœur ; le commandement de l'Éternel est limpide, il fait briller les yeux.
10  La crainte de l'Éternel est pure, elle subsiste à jamais ; les règles de l'Éternel sont vérité, elles sont toutes justes ;
11  elles sont plus précieuses que l'or, que beaucoup d'or fin ; plus douces que le miel, que le miel qui coule des rayons.
12  Moi-même, ton serviteur, je suis averti par elles ; pour qui les observe l'avantage est grand.
13  Qui peut connaître ses erreurs involontaires ? Tiens-moi pour innocent de ce qui m'est caché.
14  Préserve-moi aussi des gens arrogants ; qu'ils ne dominent pas sur moi ! Alors je serai intègre, innocent de toute transgression grave.
15  Que les paroles de ma bouche et le murmure de mon cœur soient agréés de toi, Éternel, mon rocher et mon rédempteur !

Chantons notre louange :
Chant d'Assemblée : Psaume n° 25 dans le Psautier français, « A toi, mon Dieu, mon cœur monte », strophes 1, 2 et 4 [cliquer ici]

Volonté de Dieu
Aime ton prochain comme toi même.

Chant spontané : [cliquer ici]

Nous nous présentons devant Dieu
Nous partageons une prière attribuée à un soldat durant la guerre de Sécession. Je demandais la force, afin de pouvoir accomplir ma tâche; je reçus la faiblesse, afin d’apprendre à obéir. Je demandais la santé, afin de faire des choses plus grandes ; je reçus l’infirmité, afin de faire des choses meilleures. Je demandais la richesse, afin d’être heureux ; je reçus la pauvreté, afin d’être sage. Je demandais la puissance, afin d’avoir la louange des hommes ; je reçus l’impuissance, afin de sentir le besoin de Dieu. Je demandais toutes choses, afin de jouir de la vie ; je reçus la vie, afin de jouir de toutes choses. Je ne reçus rien de ce que je demandais, mais tout ce que j’espérais. Presque malgré moi, la prière de mon coeur a été exaucée. Je suis béni plus que tous les hommes. AMEN.

Chant spontané : [cliquer ici]

Annonce de la grâce
Voici ce que dit Jésus :
« L’Esprit m’a envoyé pour annoncer une bonne nouvelle aux pauvres; pour proclamer aux captifs la libération et aux aveugles le retour à la vue. Et Jésus ajoute :
Aujourd'hui cette parole quand vous l'entendez, est accomplie. » (Luc 4)
Qu’ainsi, tous ceux qui se sentent pauvres dans leur cœur se réjouissent de la Bonne nouvelle de l’amour de Dieu manifesté en Jésus-Christ,
Que tous ceux qui se reconnaissent aveugles reçoivent l’assurance que Dieu vient ouvrir leurs yeux,
Que tous ceux qui se sentent captifs sentent leurs chaînes tomber par la force de la Parole de Dieu.
Car aujourd'hui, cette parole est accomplie pour tout ceux qui l’entendent.

Chant spontané : [cliquer ici]

Confession de foi
Nous croyons que tu fais toutes choses nouvelles pour le monde et pour nous, toujours et en tout temps,
Toi le Dieu de la résurrection, de la vie nouvelle et de l’Homme relevé. Nous croyons que personne n’est enfermé dans la fatalité du malheur, Mais que tu nous offres, dans la foi, l’horizon d’un bonheur.
Nous croyons, grâce à Jésus, que l’homme est ton espérance et que ton amour pour lui est le même amour que tu as pour nous.
Nous croyons qu’il est possible de nous laisser convertir à l’amour de Dieu et à l‘amour du prochain, et qu’ainsi, le règne de Dieu peut advenir chaque jour par nos actes et nos pensées.
Nous croyons qu’une fraternité de foi existe, avec tous ceux qui se soucient de ce monde et de ceux qui le peuplent, et qu’ensemble, quelque soit notre tradition de foi, nous pouvons rendre manifestes toutes les choses nouvelles que tu crées pour nous. AMEN
[Pasteure Béatrice Cléro-Mazire]

Chant spontané : [cliquer ici]

Prière

Chœur accompagné par Sarah Kim au piano

Lecture du passage du Coran : Sourate 6 سورة الأنعام, Al-An’ām, Les Troupeaux, versets 74 à 80

« Avec le nom de Dieu Le Clément, Le Miséricordieux, louanges à Dieu Seigneur des mondes, que la paix et la bénédiction soient sur notre maître Muhammad et sur ses Proches, purifiés et justes »

السٌَلامُ عَلَيْكُمْ, As salâmu aleykom, Que la paix soit sur vous

74.  Lors Abraham dit à son père Azar : « Tu prends des idoles pour dieux ? Je te vois, ainsi que ton peuple, dans un égarement manifeste ». . 

75.  Ainsi montrions-Nous à Abraham la souveraineté des cieux et de la terre, pour le mettre au premier rang des êtres de certitude.

76.  Donc, quand la nuit noire fut venue, il vit un astre, et dit : « C ’est mon seigneur ! » Mais quand l’astre eut décliné : « Je ne me satisfais pas, dit- il, de ce qui est sujet au déclin ».

77.  Quand il vit la lune monter dans sa splendeur, il dit : « Voici donc mon seigneur ». Or, quand elle eut décliné : « A moins que mon Seigneur ne me guide, dit-il, sûr que je vais être du peuple qui s’égare ».

78.  Quand il vit le soleil monter dans sa splendeur, il dit : « Voici enfin mon seigneur : c’est le plus grand ! » Or, le voyant décliner : «O mon peuple, dit-il, je me proclame innocent de cela qu’à Dieu vous associez ! »

79.  « Je tourne ma face, en croyant originel, vers Celui qui a créé de rien les cieux et la terre : moi, je ne suis pas des associants ».

80.  Son peuple d’argumenter contre lui : « Vous m’opposez sur Dieu des arguties, dit-il, alors qu’il m’a pris sous Sa guidance, et que je ne crains nullement cela que vous Lui associez, mais seulement que mon Seigneur ait quelque dessein, car Sa science embrasse toute chose. N’allez- vous pas réfléchir ? »

Prédication :

Commentaire sur les versets 74-80 de la sourate 6 (سورة الأنعام, Al-An’ām, Les Troupeaux) Traduction Jaques Berque, sauf pour les mots en italique, corrigés par Faker Korchane.

La remise en cause d’Abraham

La séquence qui nous intéresse met en scène Abraham, qui est appelé الخليل, al-Khalil, dans la tradition islamique, c’est-à-dire l’ami [de Dieu]. Abraham est le fils d’Azar (Térah dans la Bible, Genèse 11, 26), lui-même fabricant d’idoles. Au cours d’une discussion qu’ils ont soit à Ur, leur ville d’origine, soit à Harân où ils se sont installés, comme nous le dit la Bible (Genèse 11, 31 & 12, 1), Abraham reproche à son père et à son peuple d’être dans un « égarement manifeste » (dhalalin mubîn). Le mot ضلال, dhalâl (de dhil) renvoie à l’idée d’ombre, à quelque chose d’opaque, quelque chose de pas net. Lorsque Abraham récuse l’adoration des idoles, c’est peut-être parce qu’il estime que son père et son peuple vouent leur culte à quelque chose qu’il trouve insensé. Ainsi, dans la sourate 37 (سورة الصافات; As-Sâfât, En rangs), versets 91-92 : « subrepticement il [Abraham] alla vers leurs dieux et dit : “quoi ! vous ne mangez pas ? Qu’avez-vous à ne pas parler ?“ » avant de conclure à l’adresse des siens au verset 95 : «  Adorerez-vous, dit-il, ce que vous avez sculpté ? ». Autrement dit, Abraham n’arrive pas à admettre que quelque chose qui dépend de la création des hommes et du travail des hommes puisse être considéré comme la source créatrice de toute chose. Ne pouvant l’accepter, il cherche la solution ailleurs.

Le Coran nous apprend que suite à cette remise en cause radicale de la religion ancestrale, Dieu « montra » à Abraham « la souveraineté des cieux et de la terre » afin de le rendre « au premier rang des êtres de certitude. » C’est le moment où Dieu se révèle à Abraham, non via une vision béatifique ou à des miracles extraordinaires, mais par l’observation du monde, et plus précisément de la nature. Or la thématique naturaliste, c’est-à-dire l’importance de la nature pour trouver Dieu, est centrale dans le Coran. C’est ce qui a fait dire à la tradition islamique que la nature est une base de la connaissance (masdar al ma’rifa) de Dieu, et qu’elle est désignée الكتاب المنذر,  al-kitâb al-mandhûr, « le livre perçu ou vu. » Livre parfaitement complémentaire du deuxième livre, celui de la Révélation, الكتاب المسطور, al-kitâb al-mastûr, « le livre Écrit. »

Mais pour être plus explicite, outre les noms des sourates qui évoquent la nature (La Vache, Les troupeaux, Les Abeilles, Les fourmis, L’araignée, Le Mont, l’Étoile, La lune, L’éléphant, Le tonnerre…), je vais prendre un seul exemple qui peut expliciter ce qui a pu faire sens pour Abraham. Ainsi, en 16:10-13 (النٌحْل, An-Nahl, Les Abeilles), le texte s’adresse au prophète Muhammad :
10. « C’est Lui [Dieu] qui fait descendre du ciel une eau dont une part sert de boisson, une autre fait croître la broussaille où l’on lâche les chameaux.
11. Pour vous II fait pousser la céréale, l’olivier, les palmiers, les vignes et de tous les fruits
— En quoi réside un signe pour ceux capables de réfléchir.
12. II a mis à votre service la nuit et le jour, le soleil et la lune, et les étoiles, qui vous servent sur Son ordre
— En quoi réside un signe pour ceux capables de raisonner.
13. Et tout ce qu’il propage sur la terre de varié par les sortes. — En quoi réside un signe pour ceux capables de méditer »


La quête d’Abraham
Ainsi, la certitude de Dieu est devenue réelle pour Abraham, mais cette certitude n’a pas mis fin à toute interrogation. Au contraire, cette certitude du divin l’a appelé à s’interroger encore plus, à aller plus loin en quête de clarté pour se rapprocher de Dieu, et éviter toute possibilité d’obscurcissement, d’égarement. C’est à partir de là qu’Abraham commence à spéculer sur la nature de Dieu en espérant s’en approcher. Il a bien vu que la nature révèle Dieu, alors c’est là qu’il Le cherche en premier. Puisque celle-ci est majestueuse, Dieu ne peut qu’être au firmament. C’est pourquoi il lève les yeux au ciel et quand la nuit noire fut venue, il pense d’abord que l’astre (كوكب, kawkib) est Dieu ; puis, la lune ; et enfin le soleil, dont il pense que c’est la bonne réponse car rien ne semble plus grand. Mais non. Le point commun de ces éléments : astre, lune et soleil, est qu’ils s’élèvent au firmament du ciel, puis déclinent. Abraham sait que la majesté de la nature est constante, Dieu doit donc être constant, et ne saurait être sujet au déclin. Ainsi sa quête de Dieu doit le mener ailleurs.

Et en effet, c’est vers une autre direction qu’Abraham comprend devoir s’orienter. Dieu n’est pas à chercher là-haut dans le ciel. Dans le verset 79 que l’on pourrait qualifier de celui de « l’illumination », Abraham réalise qu’il doit « tourner sa face » (وجه, wajh) vers « Celui qui a créé de rien » (فاطر, fâtir) les cieux et la terre. Et il le fait en « croyant originel » (hanîfan). Ce verset à lui seul, utilise trois concepts fondamentaux de l’islam, tant en théologie spéculative qu’en théologie pratique, sans parler de l’approche mystique (la voie soufie).

La notion de « face » (wajh) dans le Coran marque les esprits des musulmans, car sa mention la plus frappante se trouve dans la sourate 55, que la tradition islamique considère comme étant la plus belle du livre ; c’est pourquoi elle a pour surnom ‘arûs al-Qurân « la mariée du Coran ». Il s’agit de la sourate الرحمن, al-Rahmân, Le Tout Clément. Dans ses versets 26-27, voici ce qu’on peut y lire : « Quiconque elle [la terre] porte, est périssable ; seule perdure la Face de ton Seigneur, pleine de majesté, digne d’adoration ». Ce faisant l’emploi du mot « Face » ne peut pas nous évoquer autre chose que la Face de Dieu dont il a été question ici ; la seule qui perdure éternellement. En outre, le mot  wajh en arabe veut aussi bien dire visage (face), que la « direction » ou « l’orientation ». Lorsque Abraham dit wajahtu wajhî, il dit qu’il a orienté sa face vers « Celui qui a créé de rien les cieux et la terre » (fâtir) ouvrant ainsi un lien avec la deuxième notion fondamentale évoquée par le verset 79, celle de fitra.

Seul Dieu est donc فاطر, fâtir, créateur à partir de rien, ex-nihilo. Ce terme nous renvoie à la notion de fitra, il se construit avec la même racine trilitère f-t-r. On en trouve mention en 30 (سورة الروم, Ar-Rûm/Les Romains), 30 à l’adresse du prophète Muhammad : « Ainsi donc, redresse ta face vers la religion, en croyant originel, en suivant la prime nature selon laquelle Dieu a instauré les humains, sans qu’il y ait de substitution possible à la création de Dieu : c’est là la droite religion, mais la plupart ne le savent pas. ». La prime nature selon laquelle Dieu a instauré les humains, c’est ce que la tradition islamique appelle la fitra. Voilà pourquoi Abraham n’a pas réussi à identifier Dieu dans les éléments de la nature ; Dieu a laissé cette marque en nous. Elle n’était donc pas à chercher hors de lui [Abraham], mais bien en lui. Voilà pourquoi pour nous rapprocher de Dieu, c’est d’abord en nous que nous devons chercher, pour trouver l’écho de notre créateur. Cela peut faire penser à une sorte de fonds diffus cosmologique (FDC), si cher aux astrophysiciens, le rayonnement électromagnétique, qui est considéré comme un écho du Big Bang.

Et c’est là que l’on comprend à quel point le chemin vers Dieu doit passer par soi-même. C’est l’un des grands enseignements d’Abraham. Car en hanîf, « croyant originel », autrement dit croyant en Dieu n’ayant bénéficié d’aucun enseignement, d’aucun livre écrit, d’aucune révélation particulière, Abraham s’est lié à Dieu de lui-même, dans une démarche qu’il a entamé seul, mais que Dieu lui a rendu possible et qui repose essentiellement sur sa volonté d’interroger et de remettre en question. C’est à partir de ses propres moyens, ceux de l’observation et du raisonnement qu’Abraham s’est mis en quête de son Créateur. En cela, il est un croyant originel (hanîf), sans doute porté par l’écho du divin en lui, comme le sera plus tard le prophète Muhammad. Et comme Muhammad, Abraham a été considéré comme un déviant par les siens. Quelqu’un qui est allé à contre-courant. Et cela aussi rentre dans l’étymologie du mot hanîf. En effet, en examinant la racine trilitère, h-n-f, la mot hanafa veut dire « obliquer » ou « boiter. » Autrement dit, pour se rapprocher de Dieu, il faut marcher différemment des autres, quitte à sortir des sentiers battus.

En somme, pour revenir à ce qui se trouve en nous, il nous faut savoir « nager à contre-courant », il nous faut savoir… dévier. Comment ? En faisant comme Abraham, en doutant, en remettant en question, en observant et en réfléchissant… Il est d’ailleurs à noter que même après toute cette réflexion, et tout ce cheminement, le questionnement d’Abraham ne s’arrêtera pas pour autant. Ainsi en 2 (البقرة, Al-Baqara, La Vache), 260 : « Lors Abraham dit : “ Mon Seigneur, fais-moi voir comme tu ressuscites les morts “. Dieu dit : “ Faute de quoi, tu ne croirais plus ? “ Lui : “ Mais si ! Ce n’est que pour tranquilliser mon cœur “ ». Voici là toute la quête d’Abraham révélée en une formulation : celle pour l’apaisement de son cœur. Ainsi, tant que notre cœur ne connaît pas l’apaisement, notre lien à Dieu est comme brouillé ; une ombre s’y mêle. Ombre qui peut nous empêcher de voir à quel point le chemin vers Dieu est un chemin vers sa propre humanité et vers ce qui nous relie les uns aux autres, la fitra, cette prime nature des humains, qui est la trace du divin en nous tous.

Doute et certitude :

Tout cet aspect et cette approche coranique consiste à allier, dans une démarche pieuse, la certitude de Dieu avec l’interrogation sur Ses modes d’être, et finalement le questionnement sur nos propres actions, pour nous rapprocher de Lui. Certitude et interrogation ne sont pas opposées dans ce schéma mais se complètent et s’harmonisent. C’est pourquoi un hadith attribué au prophète Muhammad lui fait dire que : « nous sommes plus en droit de recourir au doute qu’Abraham ». Abraham est considéré comme le père du monothéisme, et il arrive à le fonder suite à une démarche discursive. Il prend position, examine, garde ce qui doit l’être, et rejette de même. La foi d’Abraham est une foi puissante, alliant dans une parfaite symbiose l’apaisement de celui qui a trouvé son but, avec l’interrogation toujours continue et renouvelée sur les moyens pour l’atteindre. C’est cela que relève le hadith du prophète. À noter que les versets 84 à 86 de la sourate 6, donc à la suite de la séquence qui nous intéresse, précise les noms d’un certain nombre de prophètes bénis de cet état. Ainsi, il y est dit :
84. « Nous lui accordâmes Isaac et Jacob, les guidâmes tous trois ; et Noé, Nous l’avions guidé avant lui ; et parmi sa descendance David, Salomon, Job, Joseph, Moïse, Aaron... Ainsi récompensons-Nous les bel-agissants
85. Et Zacharie, Jean-Baptiste et Jésus, Élie, tous d’entre les justifiés
86. Ismaël, Élisée, Jonas, Loth : tous Nous les privilégiâmes sur les univers. »

La situation actuelle :

Il est triste de voir à quel point aujourd’hui, beaucoup de musulmans sont devenus incapables de prendre une distance critique pour remettre en question certaines assomptions, certains héritages, à l’inverse d’Abraham qui a été capable de questionner les orientations religieuses de son père et de son peuple. Ou encore à l’image du prophète Muhammad qui a renversé tout un ordre social et culturel pour faire valoir plus de justice, de droits et de vérités. Nous, musulmans dits libéraux ou réformistes, nous ne nous sentons pas du tout innovants, nouveaux, ou déviants par rapport aux sources scripturaires de l’islam. Peut-être le sommes-nous aux yeux de certains musulmans qui confondent religion et identité, ou auprès de certains ayant un agenda politique de la religion. Nous appelons à un examen critique renouvelé de nos propres sources et de nos propres pratiques.

Ce faisant, nous nous découvrons un lien puissant avec la démarche protestante, notamment celle qui consiste à dire que la Réforme n’a pas eu lieu au XVIe siècle, mais qu’elle doit être une action constante, un appel à une Ecclesia semper reformanda est, un appel à ce que l’Église doit toujours être réformée. Et c’est aussi le sens de notre démarche : redécouvrir les textes, les interroger, et voir le potentiel de rénovation, ou de réformation, si vous préférez, que ceux-ci contiennent, à l’image de la grande leçon de notre prophète Abraham.

الله أعلم, Wa Allahu a’lam, Et Dieu sait le mieux
Merci pour votre écoute et pour votre accueil.
« Et que la paix et la bénédiction soient sur le prophète Muhammad ainsi que sur sa famille purifiée »
« Et que la paix et la grâce de Dieu soient sur vous »

Chœur accompagné par Sarah Kim au piano

Chant d'Assemblée : Psaume n° 101 dans le Psautier français, « Je viens chanter l'amour et la justice », strophes 1, 2, 3 et 4 [cliquer ici]

Annonces et Collecte 

Musique

Prière d’intercession
Toi le Dieu Polyglotte, tu parles à chacun dans le secret du cœur et tu nous réunis par ton Esprit de fraternité. Aide-nous à vivre cette fraternité en parole et en acte dans notre société.
Toi le Dieu polyglotte, tu parles à tes enfants de diverses façons et pas un ne croit en toi comme son frère. Aide-nous à comprendre cette relation de foi de chacun avec toi et garde-nous de toute intolérance.
Toi le Dieu polyglotte, tu nous ouvres l’esprit à ce qui nous est inconnu, « impensé », et parfois impensable. Aide-nous à ne pas refuser d’entendre le récit d’autres réalités qui nous paraissent impossibles à accepter ou à comprendre, rends-nous hospitaliers pour la Parole de notre prochain.
Toi le Dieu polyglotte, tu te tais dans nos silence et tu veilles sur nos doutes. Aide-nous à traverser les moments de jachère où la terre de notre esprit doit se reposer de tout jugement. Accorde-nous la patience et la sagesse.
Toi le Dieu polyglotte, tu accueilles toute prière et toute révolte avec le même amour, Aides-nous à t’aimer et à aimer notre prochain avec la même constance. Ne permets pas de condition à notre amour, apprends-nous la grâce. AMEN.
[Pasteure Béatrice Cléro-Mazire]

Notre Père
Notre Père qui es aux cieux,
que ton nom soit sanctifié, que ton règne vienne,
que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel.
Donne-nous aujourd’hui notre pain de ce jour ;
pardonne-nous nos offenses comme nous pardonnons aussi à ceux qui nous ont offensés.
Ne nous laisse pas entrer en tentation mais délivre-nous du mal,
car c’est à toi qu’appartiennent le règne, la puissance et la gloire,
aux siècles des siècles. Amen.

Bénédiction
Frères et sœurs, allez annoncer l’Évangile dans ce monde,
allez proclamer la résurrection .
Recevons la bénédiction de Dieu
Le Seigneur qui fait grâce nous bénit et nous garde.

Chant spontané : [cliquer ici]

Jeu d’orgue

Paroles des cantiques du dimanche 30 mai 2021

Psaume : Psautier Français n° 25 « A toi, mon Dieu, mon coeur monte », strophes 1, 2 et 4

[Pour écouter, cliquer ici]

1- A toi, mon Dieu, mon cœur monte,
Ton amour est mon appui.
Serai-je couvert de honte,
Au gré de mes ennemis ?
Jamais ne sera déçu
Qui te prend pour espérance ;
Mais qu’ils soient tous confondus
Ceux qui rompent ton alliance.

2-  Montre-moi, Seigneur, la route,
Guide-moi dans la clarté,
Ouvre à celui qui t’écoute
Un chemin de vérité.
Je regarde à ton amour,
Au salut qu’en toi j’espère ;
Je le verrai chaque jour
S’étendre sur cette terre.

3-  Mon Dieu, dans ta grâce immense
Qui dure éternellement,
Regarde en ta bienveillance
Et pardonne à ton enfant.
Mets loin de ton souvenir
Les péchés de ma jeunesse ;
Chaque jour viens m’affermir,
Seigneur, selon ta promesse.

4-  Dieu d’amour, tu fais connaître
Au plus humble tes secrets ;
Et pour lui tu es un maître
Qui te plais à l’enseigner ;
Ta parole est son appui,
Le bonheur son héritage ;
Et ses enfants comme lui
Auront la terre en partage.

Psaume : Psautier Français n° 101 « Je viens chanter l'amour et la justice » Strophes 1, 2, 3 et 4

Strophe 1
Je viens chanter l’amour et la justice ;
Que leur clarté au fond de moi grandisse.
Pour leur beauté, je chanterai, Seigneur,
Pour leur vigueur.

Strophe 2
J’ai discerné, mon Dieu, la voie parfaite ;
Je la suivrai comme un chemin de fête.
A ta rencontre avec mes compagnons
Nous marcherons.

Strophe 3
Je ne peux voir qui se plaît à la haine,
Qui pervertit l’intégrité humaine.
Je déjouerai les ruses des tricheurs,
Des imposteurs.

Strophe 4
Je veillerai sur les hommes fidèles ;
J’assemblerai leur troupe fraternelle.
Ils mangeront le pain de ma maison ;
Ils y vivront.

Paroles des répons du temps de l'Église

Après la salutation
Répons : « Bénissons Dieu le seul Seigneur » (Ps. 134, str.1).

Bénissons Dieu le seul Seigneur,
Nous qu’il choisit pour serviteurs.
Levons nos mains dans sa maison,
Pour bénir et louer son nom.

Après la volonté de Dieu
Répons : « Parle, parle Seigneur, ton serviteur écoute » (L&P n°193, str.1)

Parle, parle Seigneur, ton serviteur écoute :
Je dis ton serviteur, car enfin je le suis.
Je le suis, je veux l’être, et marcher dans ta route,
Et les jours et les nuits.

Après la prière de repentance
Répons : « J’aime mon Dieu, car il entend ma voix ». (Ps. 116, str.1)

J’aime mon Dieu car il entend ma voix,
Quand la frayeur ou le tourment m’oppresse,
Quand j’ai prié au jour de ma détresse,
Dans sa bonté, il s’est tourné vers moi.

Après l’annonce de la grâce
Répons « Combien grande est ta gloire » (Ps 92 selon L&P n° 38 str.2).

Combien grande est ta gloire, en tout ce que tu fais, 
Et combien tes hauts faits sont dignes de mémoire !
Tes œuvres sans pareilles  ont réjoui mon cœur,
Je veux chanter, Seigneur, tes divines merveilles !

Après la confession de foi 
Répons : « Grand Dieu, nous te bénissons » (L&P n°69, str.1)

Grand Dieu, nous te bénissons, nous célébrons tes louanges,
Éternel, nous t’exaltons, de concert avec les anges,
Et prosternés devant toi, nous t’adorons, ô grand Roi !
Et prosternés devant toi, nous t’adorons, ô grand Roi !

Après la bénédiction
Répons : « Confie à Dieu ta route » (L&P n°309, str.5)

Bénis ô Dieu nos routes, nous les suivrons heureux,
Car toi qui nous écoutes, tu les sais, tu les veux.
Chemins riants ou sombres, j’y marche par la foi,
Même au travers des ombres, ils conduisent à toi.

Vidéo du culte entier

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