Éloge de la transgression et du pas de côté

Culte du 22 mai 2022

Vidéo de la partie centrale du culte

Culte à l'Oratoire du Louvre

Dimanche 22 mai 2022
88ème jour de la guerre en Ukraine

« Éloge de la transgression et du pas de côté »

Culte présidé par la Pasteure Laurence Flachon,
pasteure de l’Église protestante de Bruxelles
A l'orgue : Alexandre Korovitch,
organiste suppléant
Au violon : Camille Thévenot

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Orgue 

Salutation ou annonce de la grâce

Accueil

Prière

Chant spontané : Ô Seigneur ta fidélité [cliquer ici]
 
Louange :

Béni sois-tu, Sauveur des humains !
Tu viens, pour nous ouvrir les cieux ;
Et dans ta lumière tu nous fais une place pour accueillir ta nouveauté.

Béni sois-tu, Sauveur des humains !
Tu viens ôter de nos cœurs le voile.
Par ta vie donnée, tu chasses l’obscurité, tu exerces nos regards à la foi.

Béni sois-tu, Sauveur des humains !
Tu viens murmurer à nos oreilles une parole de commencement.
Notre esprit tressaille à ta sagesse, en faisant l’apprentissage de ton Nom.

Béni sois-tu, Sauveur des humains !
Tu viens féconder notre histoire en faisant corps avec nos fragilités.
Ton amour s’élargit aux dimensions du monde : il est temps de faire route vers Toi !
Amen.

Psaume chanté :  Psautier français N°100 B « Vous qui sur la terre habitez », strophes 1 à 3 [cliquer ici]
 
Volonté de Dieu

Dans l’Évangile selon Matthieu, un pharisien demanda à Jésus : « Maître, quel est le grand commandement de la loi ? »
Jésus répond : « Tu aimeras le seigneur, ton Dieu, de tout ton cœur, de tout ton être et de toute ton intelligence. C’est là le grand commandement, le premier. Un second cependant lui est semblable : Tu aimeras ton prochain comme toi-même. »

La loi...
Écoute...
Quelqu'un t'appelle.
Il dit ton nom.
Écoute...
Il t'invite à te redresser,
à dire non à la fatalité, à la mort, à la bêtise, à l'exclusion, à la violence.
Il veut faire de toi quelqu'un,
quelqu'un d'actif, un artisan de paix et de justice.
Écoute...
Toi qui es là où au loin, ouvre la porte à celui qui frappe,
ouvre ta porte à celui qui fait mine de passer.
Fais-le entrer pour le partage, pour la joie, pour la fraternité.
Écoute...
Il te dit de t'aimer, d'aimer les autres, et le monde, et Dieu, et la vie, et l'éternité.
Écoute...
Tu aimeras le Seigneur ton Dieu et ton prochain comme toi-même.

Chant spontané : Seigneur en ta victoire [cliquer ici]

 
Prière de repentance

Seigneur Dieu, 

J’ai besoin de déposer devant toi le poids lassant de mon péché.
J’ai besoin que cessent les alibis et les excuses qui ne trompent personne et surtout pas moi.
J’ai besoin que cessent les regrets et les tourments qui ne délivrent personne et surtout pas moi.
J’ai besoin de déposer entre tes mains ce sac de nœuds où je m’étouffe en vain. 
J’ai besoin de quelqu’un auprès de qui
je puisse confesser mon trouble et mon secret.
J’ai besoin d’en finir avec les soucis 
qui m’assaillent du dehors et avec les tourments qui me rongent du dedans.
J’ai besoin de la tranquillité de ta bonté. Oh Dieu, j’ai besoin de toi.
[André Dumas]

Chant spontané : Mon rédempteur est vivant (str. 1) [cliquer ici]
 
Pardon  

Quand les montagnes s’effondreraient, dit Dieu, quand les collines chancelleraient, ma bonté pour toi ne faiblira pas et mon alliance de paix ne sera pas ébranlée. Je t’aime d’un amour éternel et je te garde ma miséricorde

Chant spontané : Mon rédempteur est vivant (str. 2) [cliquer ici]

Confession de foi :

Je crois au chemin.
Je crois que nous pouvons nous lever contre la contrainte,
contre la souffrance, ressusciter dans la plénitude de la vie.

Je crois que nous pouvons partager le pain et la diversité de nos rêves
et que la terre se renouvelle
dans une vie commune entre hommes et femmes.

Je crois que nous sommes guéris en nous confiant mutuellement nos douleurs, pleins de vigilance et de tendresse pour le désir des autres.

Je crois que le ciel s'ouvre toujours à nouveau, et que sa force indomptable s'accroît dans chaque fleur et dans chaque arbre, comme dans mon corps.

Je crois que l’alliance de Dieu avec tout ce qui vit est amour et grâce.
Par elle, la vie est chuchotée, espérée, éternelle.
Amen

Chant spontané : Mon rédempteur est vivant (str. 3) [cliquer ici]
 
Doxologie : « Gloire à Dieu dans les cieux et sur la Terre et d’éternité en éternité »

Lectures bibliques : Ézéchiel 47:1-10 et Actes 10:1-8 [cliquer ici]

Introduction à la lecture du livre d’Ézéchiel

Le livre du prophète Ézéchiel est un livre foisonnant : riche d'images, de visions, d'allégories, d'actions et de gestes symboliques. On suit pas à pas le prophète qui va dans un premier temps prononcer des oracles de jugement contre Jérusalem, puis dans un deuxième temps des oracles de restauration de Jérusalem et du Royaume d'Israël/Juda.
Jugement puis réhabilitation.
Pourquoi une césure aussi nette ? Car le ministère du prophète se déroule au moment de l'Exil et qu’il propose une réflexion sur ses causes et sur l’identité de la communauté post-exilique
Pour Ézéchiel, cette catastrophe a eu lieu parce que le peuple était devenu infidèle à Dieu. Le prophète insiste sur la responsabilité personnelle de chacun et il appelle à la conversion.
C'est le but de ses oracles de jugement dans la première partie du livre.
Mais Ézéchiel a aussi pour mission d'éclairer le peuple afin qu'il ne commette plus les mêmes erreurs et de lui redonner espérance au moment où, en Exil, il se pense sans avenir.
D'où les oracles de restauration du peuple et du pays dans la seconde partie du livre.
C'est là que se situe le récit que nous allons entendre : Ézéchiel raconte une série de visions où il décrit le nouveau Temple, les droits et les devoirs du Prince et les nouvelles frontières du pays.

Au chapitre 47, le prophète est guidé dans sa vision par un homme qui lui fait faire le tour d'un temple nouveau, un Temple idéal où Ézéchiel découvre un courant d'eau.

1 L'homme me ramena à l'entrée du temple. Je vis alors que de l'eau jaillissait de dessous l'entrée vers l'est ; la façade du temple était en effet orientée à l'est. L'eau s'écoulait du côté sud du temple, puis passait au sud de l'autel. 
2 L'homme me fit sortir du temple par le porche nord et m'en fit contourner l'extérieur jusqu'au porche oriental. L'eau s'écoulait au sud de ce porche. 
3 Il s'avança vers l'est ; il tenait un cordeau à la main avec lequel il compta 1 000 mesures dans cette direction. Il me fit traverser l'eau : elle m'arrivait aux chevilles. 
4 Il compta encore 1 000 mesures et me fit traverser l'eau : elle m'arrivait aux genoux. Au bout des 1 000 mesures suivantes, il me fit de nouveau traverser l'eau : cette fois-ci, elle m'arrivait à la taille. 
5 Il compta encore 1 000 mesures, mais je ne pouvais plus traverser, car l'eau était si profonde qu'il fallait nager. C'était devenu un torrent infranchissable. 
6 Il me dit : « As-tu bien regardé, toi, fils d'Adam ? » Il m'emmena un moment à l'écart puis me ramena au bord du torrent. 
7 Je constatai alors qu'il y avait de très nombreux arbres sur chaque rive. 
8 L'homme me dit : « Ce torrent se dirige vers l'est du pays, il descend la vallée du Jourdain et débouche dans la mer Morte. Lorsqu'il parvient à la mer, il en renouvelle l'eau, qui devient saine. 
9 Des êtres de toute espèce se mettront à grouiller et les poissons se multiplieront partout où le torrent arrivera. Il assainira la mer et, là où il se déversera, il apportera avec lui la vie. 
10 Alors, depuis En-Guédi jusqu'à En-Églaïm, partout il y aura des pêcheurs qui mettront leurs filets à sécher sur les bords de la mer. On y trouvera un aussi grand nombre d'espèces de poissons que dans la mer Méditerranée. 
11 Cependant les marais et les lagunes de son littoral ne seront pas assainis, on les gardera comme réserves de sel. 
12 Sur chaque rive du torrent, des arbres fruitiers de toutes sortes pousseront. Leur feuillage ne se flétrira jamais et ils produiront sans cesse des fruits. Ils donneront chaque mois une nouvelle récolte, car ils sont arrosés par l'eau provenant du sanctuaire. Leurs fruits serviront de nourriture et leurs feuilles de remède. »

Nous écoutons à présent le récit de la vision de Corneille dans le livre des Actes.
Le livre des Actes des Apôtres est attribué au même auteur que l'évangile de Luc.
Il témoigne de l'histoire des premières communautés chrétiennes :

1 Il y avait à Césarée un homme du nom de Corneille, centurion à la cohorte appelée “l’Italique”. 
2 Dans sa piété et sa crainte envers Dieu, que toute sa maison partageait, il comblait de largesses le peuple juif et priait Dieu constamment.
3 Un jour, vers trois heures de l’après-midi, il vit distinctement en vision un ange de Dieu entrer chez lui et l’interpeller : « Corneille ! » 
4 Corneille le fixa du regard, et, saisi de crainte, il répondit : « Qu’y a-t-il, Seigneur ? » – « Tes prières et tes largesses sont montées devant Dieu, et il s'en est souvenu"
5 Et maintenant, envoie des hommes à Joppé pour en faire venir un certain Simon qu’on surnomme Pierre. 
6 il loge chez un autre Simon, qui est tanneur, et dont la maison est au bord de la mer. 
7 Dès que fut disparu l’ange qui venait de lui parler, Corneille appela deux des gens de sa maison ainsi qu’un soldat d’une grande piété, depuis longtemps sous ses ordres, 
8 il leur donna tous les renseignements voulus et les envoya à Joppé.

Cantique : Louange et Prière n°193 « Parle , parle, Seigneur, ton serviteur écoute », Strophes 1 à 3 [cliquer ici]

Prière d'illumination

Source jaillie de l’amour de Dieu,
Fontaine où murmure la vie,
qui transforme nos déserts en oasis
et abreuve nos terres arides de sa Parole.

Souffle insaisissable, porteur d’éternité,
Vent de Dieu venu de Galilée
qui s’insinue dans la faille de nos hésitations
et nous engendre à la liberté.

Brise incandescente de confiance
qui éclaire nos dédales de sa présence
et consume nos divisions.

Esprit de Dieu,
vient éclairer notre intelligence et ouvrir notre cœur.
Amen.

Jeu d’orgue

Prédication : Éloge de la transgression et du pas de côté


« La vie est une aventure audacieuse ou elle n’est rien » écrivait Helen Keller, essayiste et militante politique américaine.

Une affirmation à l’image de la vie de celle qui, à l’aube du XXème siècle, a su briser l’isolement du handicap –une maladie l’avait laissée sourde et aveugle – et est parvenue à communiquer, puis à obtenir un diplôme universitaire et enfin à s’engager en faveur de ses convictions féministes et pacifistes.

De l’audace il en est question ce matin dans les deux récits que nous venons d’entendre.
Audace d’une Parole qui jaillit et qui, telle une source, s’échappe d’un bâtiment aux proportions, certes parfaites, mais qui ne peut et ne doit la retenir.
Audace d’une rencontre à venir entre deux hommes, Pierre et Corneille, que beaucoup séparait.

Lors des oracles de jugement, le prophète Ézéchiel a proclamé que la gloire du Seigneur a quitté le Temple de Jérusalem. La gloire du Seigneur c'est ce qui est possible à l'être humain de percevoir de Dieu quand il se manifeste.
Le temple est vide, il n'est plus habité de la présence de Dieu explique le prophète dans la première partie du livre.
Liberté d'un Dieu qui n'est lié ni à un édifice, ni à une terre, ni même à un peuple…

Dieu s'absente de ce qui était perçu jusque-là comme le lieu central du culte qui lui était rendu. Le centre est vide ; l'absence n'est pas l'abandon, mais l'appel à la construction d'un ordre nouveau, l'appel à une fidélité nouvelle et à une manière différente de pratiquer la religion.

Cet appel résonne à travers les paroles du prophète qui prêche un Dieu qui rejoint son peuple, même en Exil. Si la présence de Dieu n'est pas liée à un édifice, Dieu est partout où on le prie avec sincérité, partout où l'on écoute sa Parole et où on la met en pratique, partout où l'on garde un temps pour Lui, même en terre étrangère.

Voilà qui va tout bouleverser.
Voilà qui est source de réconfort et d'espérance pour celles et ceux qui sont loin de chez eux.
Et Ézéchiel prêche le Dieu de grâce qui fait "toutes choses nouvelles", le Dieu "avec", celui qui accompagne au cœur de l'épreuve pour la faire traverser.
Écoutez, dit le prophète, regardez, ce qui m'est donné à voir, ce temple tout neuf qui ne sera plus celui que vous avez connu.
Il en décrit minutieusement les contours à travers ses visions.

Sommes-nous revenus au point de départ ? L’espérance pour les exilés réside-t-elle dans le retour du même ? La vie avec Dieu est-elle confinée dans ce bâtiment majestueux ?
Non, car il y a la source. Cette source, symbole de la Parole de Dieu qui s'écoule, s'échappe du Temple pour purifier et rendre la vie possible ; cette source fait fleurir le désert, procure de la nourriture en abondance et même guérit grâce aux feuilles des arbres fruitiers.

Cette source abreuve également chacune de nos terres intérieures.
La Parole crée en nous quelque chose de neuf. Elle agit et fait agir.
Elle est faite pour grandir et faire grandir, elle est faite pour être partagée.
Invitation à l’audace de l’engagement et du témoignage…

Auparavant, on montait au Temple pour recevoir les bienfaits du Seigneur.
Désormais, la vie que la Parole de Dieu fait surgir rejoint également le pays et ses habitants dans leur environnement quotidien.
La source jaillit, elle dispense la vie.
Des canaux bien tracés de nos rituels et de nos habitudes, elle s'échappe toujours.

Il nous arrive de désirer que nos vies de foi ou que nos Églises ressemblent à un temple aux proportions parfaites où tout serait cadré maîtrisé, où nous aurions la certitude de trouver la présence de Dieu selon nos désirs, et où nous pourrions discourir sur Dieu... Mais l'eau, alors, serait stagnante et le danger du repli sur soi à nos portes.

Le prophète Ézéchiel et Jésus lui-même nous parlent d'une eau vive, c'est-à-dire d'une eau qui porte la vie, une eau qui se répand dans le monde et qui lutte contre les forces de stérilité, d'intolérance, et de mort qui sont à l'œuvre.

Car quand l'Évangile file, il transgresse les frontières, toutes les frontières : géographiques et physiques, religieuses et sociales et même… Nos frontières intérieures, provoquant des retournements qui deviennent parfois de véritables conversions du regard et du cœur.

Corneille puis Pierre vont en faire l’expérience.
Il leur faudra de l’audace pour avoir le courage de la transgression.
Arrêtons-nous un instant sur cette notion.

Le langage courant enferme la transgression dans l’ordre de la violation des lois ou des commandements. Pourtant, ses ressources sémantiques et symboliques ouvrent d’autres horizons. Transgresser c’est aussi, étymologiquement, traverser, explorer, franchir, dépasser. La transgression évoque la volonté de connaître, le courage de refuser de se soumettre.

L'éloge de la transgression, c'est le titre d'une œuvre du sculpteur Philippe Ramette.

On peut y voir une jeune fille (en bronze) en train de se hisser au sommet d'un socle (en pierre). Cette œuvre a été pensée en lien avec le combat des femmes indiennes qui luttent quotidiennement pour la reconnaissance de leurs droits.

Cette petite fille enfreint les règles et les contraintes définies par le périmètre et escalade ce socle pour aller s'installer elle-même, se hissant avec la légèreté d'une ombre au rang des personnalités qui ont marqué l'histoire de l'Inde.

Cet éloge de la transgression est installé désormais dans le très rectiligne square Cambronne à Nantes – où trône une statue tout aussi droite du général du même nom. En l'observant nous pouvons être saisi par un léger sentiment d'insubordination. Cette fillette est-elle au fond en train de grimper sur son socle ou de s'en échapper ?
Est-elle en train de s'installer, est-elle en train de filer ?
Elle est en tout cas dans le mouvement, sortant du cadre-socle.

Le choix très classique des matériaux – le bronze et la pierre – contraste  avec le choix plus subversif du sujet.
Qu'est-ce que c'est que cette statue en mouvement qui "entre dans le cadre" du spectateur et l'oblige lui aussi à bouger pour ne pas se heurter à l'œuvre même ?

La statue d'un homme en costume le regard tourné vers l'horizon s'intitule "éloge du pas de côté". Seul un pied repose sur le socle, l'autre s'en échappe.
Un hommage à l'écart, à l'audace, au léger déséquilibre nécessaire à la marche...

Deux œuvres en résonance avec le récit du livre des Actes qui évoque les débuts d'un moment décisif de l'histoire du christianisme. Le temps est venu d’ouvrir largement la porte, d’aller au-delà des cercles de convertis venant du judaïsme.

L'Évangile n'est pas réservé à quelques-uns ; il déborde du cadre, il jaillit de son socle initial...
... témoignant d'un Dieu universel, un Dieu qui se donne à toute personne qui accepte de le recevoir sans regarder à ses origines, talents, genre ou position sociale.

Un Dieu pour tous, pour toutes, un Dieu qui fait fi des barrières que nous érigeons patiemment entre nous. 
N'est-ce pas éminemment transgressif, tout cet amour, à l'heure où tout se revendique ; toute cette gratuité, à l'heure où tout se paie ?

Les choses, donc, ne vont pas aller de soi.
Nous tenons à nos barrières.
Elles sont sociales quand elles imposent de n’entretenir des relations qu’avec des gens du même milieu ou de même origine.
Elles sont idéologiques quand elles privilégient l’intérêt d’un parti, d’une école au détriment du sens ou du bien commun.
Elles sont religieuses quand elles régulent le pur et l'impur et désignent le fanatisme comme une réalité systématiquement extérieure sans voir les ambigüités de son propre récit.

Le livre des Actes commence par une description d'une sorte d'âge d'or de la vie de la première communauté chrétienne à Jérusalem, rapidement troublée par une série de tensions entre juifs et chrétiens qui provoquent un essaimage hors de la ville et hors de la Judée. 
Nous venons d'entendre le début d'un récit qui, après diverses péripéties – la vision de Corneille, l'extase de Pierre, l'intervention de l'Esprit Saint – aboutira pour la première fois au baptême d'un païen. L'Évangile court, l'Évangile déborde, Dieu n'appartient à personne mais s'offre à tous.

Mais nous tenons à nos barrières. Nous tenons à nos définitions de Dieu, de la bonne pratique, de la morale correcte, de ce qui se fait ou pas.
"Dieu doit s'arc-bouter, multiplier ses efforts, pour convaincre son Église de ce qu'il n'est plus" [1] : Un Dieu national, un Dieu d'exclusivité.

L'histoire de Corneille et de sa rencontre avec Pierre montre que Dieu ne va pas simplement passer nos barrières ; son Évangile va transgresser nos frontières.

Nous avons un portrait très précis de Corneille.
Un centurion de la cohorte nommée l'Italique, c'est-à-dire un officier de l'armée romaine qui commande une troupe de cent hommes. S'il est Romain, c'est qu'il est aussi païen et donc pas destiné à pratiquer la religion juive, puisque travailler dans l'armée était incompatible avec la loi juive [2].
C'est un homme pieux, ce qui signifie qu'il a une attitude respectueuse envers le monde divin et qu'il déjoue le préjugé qui voulait que les païens soient des impies.

Corneille est également, avec toute sa maisonnée, un "craignant Dieu", c'est-à-dire un païen qui fréquentait la synagogue dans un groupe distinct du judaïsme car il n'avait pas fait le pas de la conversion. Par leurs offrandes, les craignants Dieu concrétisaient leurs liens sociaux avec la communauté juive.

Il est dit de Corneille qu'il comblait de largesses le peuple juif. C'est non seulement la générosité de Corneille qui est mise en avant – générosité qui est une œuvre importante de la piété juive – mais aussi la destination de cette générosité : le peuple d'Israël.
Enfin, Corneille est un homme très spirituel, un homme qui prie continuellement.

L'auteur du livre des Actes a moins voulu dresser le portrait d'un païen méritoire que d'un quasi juif. En dehors de son appartenance à l'armée, tous les autres qualificatifs le désignent comme le prototype du juste, du croyant idéal.

Ce n'est pas "un autre" tellement méritant qu'il en devient presque "comme nous". C'est un homme, tout aussi digne d’intérêt que nous, aux yeux de Dieu, mais qui est "autre". Et Dieu s'adresse à "l'autre" aussi bien qu'à nous !
Dans le portrait même de Corneille, qui est à la fois païen et revêtu des qualités du croyant juif, se dessine déjà la dissolution des frontières qui voulaient qu'il y ait une différence dans l'accès à Dieu entre juif et non-juif.

Nous prions un Dieu dont le Souffle nous amène à reconnaître que certaines de nos barrières n'ont aucun sens car il dispense à chacun, à chacune, un même amour.

Le portrait du croyant exemplaire qu'est Corneille se poursuit : alors qu'il prie, il a une vision : celle d'un ange de Dieu qui entre chez lui.
Le seuil de la maison d'un païen est franchi.
Et cette première « transgression » en induit une autre : l’ordre est donné à Corneille d’envoyer ses hommes dans la demeure de Pierre.
En acquiesçant, Corneille franchit la règle de séparation entre juifs et non-juifs.
Dans la suite de ce récit,  la difficulté centrale sera de faire entrer Pierre, qui respecte ces règles de séparation, dans la maison de Corneille.

Il faudra une intervention de l'Esprit pour que Pierre accepte de se mettre en route et que la rencontre avec Corneille ait lieu.
Nous tenons à nos frontières... Et il nous faut toute la détermination et l'aide de Dieu pour lâcher prise, traverser, franchir.

Du point de vue du temps et de l'espace, la transgression marque, en effet, une nouvelle posture, celle de ne plus attendre, de franchir le pas.
Les voix de la raison, la sagesse humaine, ne peuvent qu'observer ce dépassement sans retour.
Il y a dans la transgression quelque chose d'exubérant, quelque chose de l'ordre de la pulsion de vivre, du vivant projeté dans le futur [3].

Transgresser, c’est Abraham quittant la famille de son père ; c’est Einstein refusant de se contenter des lois de l’électromagnétisme ; c’est Monet cherchant à peindre des impressions ; c’est James Joyce balayant les lois du roman ; et tant d’autres, aussi célèbres ou plus modestes, ayant transgressé diverses règles scientifiques, artistiques, politiques ou sociales, pour faire avancer le monde [4].

Corneille, à l'écoute de l'ange, entend ce qu'il n'avait jamais osé espérer : "Tes prières et tes largesses sont montées devant Dieu, et il s'en est souvenu".
La mémoire de Dieu n'est pas réservée à quelques-uns.
La grâce de Dieu n'est pas réservée à un peuple.
La protection de Dieu n'est pas réservée à quelques privilégiés.
Le ciel est ouvert, le cœur de Dieu est assez grand pour toutes celles et tous ceux qui veulent y loger.

Après cette annonce de l'ange, la perception qu'a Corneille de Dieu ne peut qu'avoir évolué ! Il faudra un peu de temps à Pierre... Le très respectueux des règles, déjà placé "hors de sa zone de confort" – comme l'on dirait aujourd'hui – puisqu'il est logé chez un tanneur, une activité considérée comme hautement impure par le contact répété avec les dépouilles animales et le sang.

Peu importe donc d'où l'on vient et de quelle manière on pratique : ces barrières-là, Dieu travaille, au fond de chacun de nous, à les faire voler en éclats.
Pour nous faire faire un pas de côté, accepter le léger déséquilibre nécessaire à la marche, nous faire sortir du cadre, descendre du socle ; l'important, dans ce mouvement, est de respecter Dieu sans vouloir l'annexer et de pratiquer la justice qui se récapitule dans l'amour.

Amen.

[1] Daniel Marguerat, Le Dieu des premiers chrétiens, Labor et Fides, 2011  p. 210

[2] "Une histoire de rapprochement", Priscille Djomhoué, Foi et vie, vol. 104/4, 2005, pp.71-82.

[3] Éloge de la transgression, Vincent Estellon, Champ psychosomatique 2005/2 n°38 pp. 149-166.

[4] Ibidem.

Musique : Gigue de la Partita n°2 de J.S. Bach par Camille Thévenot, violon
 
Cantique : Louange et Prière n°250 « Mon Dieu, mon Père, écoute-moi », Strophes 1 & 2 [cliquer ici]

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Collecte
Musique

 
Prière d’intercession

Nous venons à toi dans la prière, Seigneur,
et c’est une manière de faire place en nous
à un Autre que nous-mêmes.

Nous venons à toi
et c’est une manière de libérer notre regard de ce qui l’encombre,
une manière de nous délier de nos peurs et de notre manque de confiance qui nous retiennent attachés.

Donne-nous le goût de la rencontre,   
la curiosité de la découverte,
l’audace de dépasser nos préjugés,
le courage de lutter contre toute forme d’iniquité ou d’exclusion

Garde-nous accueillants
à ceux et celles qui cherchent leur voie
et vivent leur foi autrement que nous !

Notre prière, Seigneur,
c’est aussi une manière d’accompagner les situations douloureuses
et de rendre grâce pour les situations heureuses

Nous nommons dans nos cœurs devant toi celles et ceux qui vivent
un temps de remise en question,
un temps de maladie ou de deuil.
Que ta tendresse les entoure et apaise leur souffrance.

Nous nous réjouissons avec celles et ceux qui reprennent pied
et qui ont des envies pour demain.
Apprends-nous à entrer dans l'avenir,
non pas à reculons comme des nostalgiques,
mais comme dans un avenir où Dieu nous attend,
où Il est déjà Visage...

Donne-nous de témoigner de la largesse du regard que tu poses sur chaque être humain.
Ce regard, que nous accueillons maintenant en te disant la prière que Jésus a enseignée à ses disciples :

NOTRE PÈRE 
Notre Père qui es aux cieux,
que ton nom soit sanctifié,
que ton règne vienne,
que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel.
Donne-nous aujourd’hui notre pain de ce jour ;
Pardonne-nous nos offenses comme nous pardonnons aussi à ceux qui nous ont offensés.
Ne nous laisse pas entrer en tentation
mais délivre-nous du mal,
car c’est à toi qu’appartiennent le règne, la puissance et la gloire,
aux siècles des siècles. Amen. 

Exhortation et bénédiction

Tout parcours vers et avec Dieu est un parcours vers un ailleurs,
vers un au-delà de nos conceptions, confessions et attentes religieuses.
Dans ce mouvement il y a
            des temps d'élans et des temps d’arrêts,
            des temps de doute et des temps de retraits,
            des sentiers de traverse...
Tous ces moments font partie du chemin.
 L’essentiel étant peut-être
            de se laisser bouleverser,
            de refuser l’enfermement de la certitude,
            de ne renoncer ni à l'étonnement ni à l’émerveillement !

Que le Souffle saint vous donne d'être des témoins joyeux et créatifs de l'évangile
Que Jésus-Christ, qui vous appelle à marcher à sa suite, inspire vos actes
Que la bénédiction et l’approbation du Père éternel repose sur vous.

Allez dans la paix et dans l’amour
Amen !

Chant spontané : « Ô Seigneur, tu nous as fait voir » [cliquer ici       

Jeu d’orgue

Paroles des chants du dimanche 22 mai 2022

Psaume : Psautier français N°100 B « Vous qui sur la terre habitez », strophes 1 à 3.

1 - Vous qui sur la terre habitez,
Chantez à pleine voix, chantez !
Réjouissez-vous au Seigneur,
Egayez-vous à son honneur.

2 - Lui seul est notre souverain,
C'est lui qui nous fit de sa main :
Nous, le peuple qu'il mènera,
Le troupeau qu'il rassemblera.
3 - Présentez-vous tous devant lui
Dans sa maison dès aujourd'hui ;
Célébrez son nom glorieux,
Exaltez-le jusques aux cieux.

4 - Pour toi, Seigneur, que notre amour
Se renouvelle chaque jour ;
Ta bonté, ta fidélité
Demeurent pour l'éternité.

Cantique : Louange et Prière n°193 « Parle , parle, Seigneur, ton serviteur écoute », Strophes 1 à 3.

1 - Parle, parle, Seigneur,
ton serviteur écoute :
Je dis ton serviteur,
car enfin je le suis ;
Je le suis, je veux l'être,
et marcher dans ta route,
Et les jours et les nuits.

2 - Donne-moi ton Esprit
que je puisse comprendre
Ce qu'ordonnent de moi
tes saintes volontés,
Et réduis mes désirs
au seul désir d'entendre
Tes hautes vérités.
3 - Parle, parle, ô mon Dieu !
ton serviteur fidèle
Pour écouter ta voix
réunit tous ses sens,
Et trouve les douceurs
de la vie éternelle
En tes divins accents.

4 - Parle, pour consoler
mon âme inquiétée ;
Parle, pour la conduire
à quelque amendement ;
Parle, afin que ta gloire,
ainsi plus exaltée,
Croisse éternellement !

Cantique : Louange et Prière n°250 « Mon Dieu, mon Père, écoute-moi », Strophes 1 & 2

Strophe 1
Mon Dieu, mon Père, Écoute-moi,
Car ma prière S'élève à toi.
En Jésus-Christ, Tu nous l'as dit,
Je puis, Seigneur, T'ouvrir mon cœur.
Ah! fais-moi grâce, Dieu tout-puissant!
Tourne ta face Vers ton enfant.

Strophe 2
Viens, je te prie, Change mon cœur ;
Guide ma vie Loin de l'erreur.
Mon seul désir Est de choisir
La bonne part Sous ton regard.
Que mon offense Ne lasse plus
Ta patience, Seigneur Jésus !
Strophe 3
Fais-moi comprendre Ta charité
Et bien entendre Ta vérité.
Oui, que ta main, Sur mon chemin,
Soit, ô Dieu fort, Mon seul support !
Que ta puissance Soit chaque jour
Ma délivrance, O Dieu d'amour !


Strophe 4
Rends-moi fidèle Par ton secours,
Et sous ton aile Tiens-moi toujours ;
Loin du danger, O bon Berger !
Conduis mes pas Jusqu'au trépas.
Vois ma faiblesse Et me soutiens
 Par ta tendresse : Je t'appartiens.

Paroles des répons du temps de Pâques

Après la salutation
Répons : « O Seigneur ta fidélité » (Ps. 36, str.1).

O Seigneur ta fidélité
remplit les cieux et ta bonté
Dépasse toute cime.
Ta justice est pareille aux monts
Tes jugements sont plus profonds,
Que le plus grand abîme.
De la puissance du néant
Tu veux sauver tous les vivants,
Toute chair, toute race,
Les hommes se rassembleront,
Autour de toi, ils trouveront,
Leur paix devant ta face.

Après la volonté de Dieu
Répons : « Parle, parle Seigneur, ton serviteur écoute » (Arc-en-Ciel n°484, str.3)

Proclame ta Parole,
Lumière pour nos vies,
Rassemble tous les membres
En un seul corps, unis,
Et fais de tous les hommes
Tes instruments de paix
Pour restaurer le monde,
Selon ta volonté ! 

Après la prière de repentance
Répons : « Mon Rédempteur est vivant » (L&P n°149 ou Arc-en-Ciel n°475, str.1)

Mon Rédempteur est vivant,
C’est en lui seul que j’espère,
La mort le tenait gisant
Dans l‘étreinte de la terre ;
Mais Dieu reste le plus fort,
Jésus a vaincu la mort.

Après l’annonce de la grâce
Répons : « Mon Rédempteur est vivant » (L&P n°149 ou Arc-en-Ciel n°475, str.2)

Je ne craindrai désormais
Aucun pouvoir de ce monde
Car tu nous donnes la paix
Où toute autre paix se fonde,
Garde-nous dans ta clarté,
Ô Jésus ressuscité.

Après la confession de foi
Répons : « Mon Rédempteur est vivant » (L&P n°149 ou Arc-en-Ciel n°475, str.3)

Dans ma vie de chaque jour,
Je partagerai ta gloire ;
Je vivrai dans ton amour,
Le bonheur de ta victoire
Et dans ton éternité,
Nous chanterons ta beauté.

Après la bénédiction
Répons : « Ô Seigneur, tu nous as fait voir » (Ps. 68, str.5).

O Seigneur, tu nous as fait voir
Et ton amour et ton pouvoir
Dans mainte délivrance.
Fais-nous voir encore aujourd’hui
L’œuvre que ton amour construit
Et quelle est ta puissance.
Toute la terre et tous les cieux
Ensemble tournés vers leur Dieu
Célèbrent sa présence :
A toi qui fais notre bonheur,
A toi, grand Dieu, soient tout honneur,
Force et magnificence.

Lecture de la Bible

Livre d'Ézéchiel, chapitre 47, versets  1 à 12 (Nouvelle Bible Segond)

1. Il me ramena vers l’entrée de la Maison. De l’eau sortait sous le seuil de la Maison à l’est, car la façade de la Maison était à l’est ; l’eau descendait sous le côté droit de la Maison, au sud de l’autel.
2. Il me fit sortir par le chemin de la porte nord et il me fit faire le tour par dehors jusqu’à l’extérieur de la porte qui donne sur l’est. L’eau coulait sur le côté droit.
3. Lorsque l’homme sortit vers l’est, il avait dans la main un cordeau et il mesura mille coudées ; il me fit traverser l’eau, et j’avais de l’eau jusqu’aux chevilles.
4. Il mesura encore mille coudées et me fit traverser l’eau, et j’avais de l’eau jusqu’aux genoux. Il mesura encore mille coudées et me fit traverser, et j’avais de l’eau jusqu’aux reins.
5. Il mesura encore mille coudées ; c’était un torrent que je ne pouvais traverser, car l’eau était si profonde qu’il fallait y nager ; c’était un torrent qu’on ne pouvait traverser.
6. Il me dit : As-tu vu, humain ? Il me conduisit et me ramena au bord du torrent.
7. Quand il m’eut ramené, il y avait beaucoup d’arbres au bord du torrent, de chaque côté.
8. Il me dit : Cette eau sortira vers le district oriental, descendra dans la plaine aride et entrera dans la mer ; lorsqu’elle se sera jetée dans la mer, les eaux de la mer deviendront saines.
9. Partout où le torrent arrivera, tous les êtres vivants qui grouillent vivront ; il y aura une grande quantité de poissons, car cette eau arrivera là-bas et les eaux deviendront saines, et il y aura de la vie partout où arrivera le torrent.
10. Alors des pêcheurs s’y tiendront. Depuis Eïn-Guédi jusqu’à Eïn-Eglaïm, on étendra les filets. Ces poissons, selon leurs espèces, seront comme les poissons de la grande mer ; ils seront très nombreux.
11. Ses marais et ses lagunes ne seront pas assainis, ils seront abandonnés au sel.
12. Près du torrent, sur ses rives, de chaque côté, pousseront toutes sortes d’arbres fruitiers. Leur feuillage ne se flétrira pas, leur fruit ne s’épuisera pas ; ils donneront des primeurs tous les mois, parce que ses eaux sortiront du sanctuaire. Leur fruit servira de nourriture et leur feuillage de remède.

Actes des Apôtres chapitre 10, versets 1 à 8 (Nouvelle Bible Segond)

La vision de Corneille
1 Il y avait à Césarée un nommé Corneille, centurion de la cohorte appelée italique.
2 Avec toute sa maison, il était pieux et craignait Dieu ; il faisait beaucoup d’actes de compassion en faveur du peuple et priait Dieu constamment.
3 Vers la neuvième heure du jour, il vit clairement, en vision, un ange de Dieu entrer chez lui et lui dire : Corneille !
4 Il le fixa et, saisi de crainte, il lui dit : Qu’y a-t-il, Seigneur ? L’ange lui dit : Tes prières et tes actes de compassion sont montés devant Dieu, et il s’en est souvenu.
5 Envoie maintenant des hommes à Joppé et fais venir un certain Simon surnommé Pierre ;
6 il loge chez un autre Simon, qui est tanneur et dont la maison est au bord de la mer. 7 Dès que l’ange qui lui avait parlé fut parti, Corneille appela deux de ses domestiques et un soldat pieux parmi ceux qui lui étaient attachés ;
8 après leur avoir tout raconté, il les envoya à Joppé.


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