Culte de la Réformation 2022

Luc 19:1-10

Culte du 30 octobre 2022
Prédication de Agnès Adeline-Schaeffer

Vidéo de la partie centrale du culte

Culte à l'Oratoire du Louvre

30 octobre 2022
249ème jour de la guerre en Ukraine
Culte en mémoire des disparus et Fête de la Réformation avec Sainte-Cène
« L'être humain renouvelé par une parole libératrice »

Culte présidé par la pasteure Agnès Adeline-Schaeffer
A l'orgue : Aurélien Peter, organiste suppléant

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Salutation
Frères et Sœurs, chers amis, la grâce et la paix vous sont données, de la part de Dieu notre Père qui nous rassemble, et de Jésus-Christ, le même hier, aujourd’hui, éternellement.

Accueil 
Aujourd’hui, nous fêtons la Réformation. Une fête très modeste, mais très importante, pour les protestants que nous sommes, où l’on se souvient du jour où Martin Luther a affiché le 31 octobre 1517, ses 95 propositions pour réformer l’Église de son époque. C’était le coup d’envoi de la Réforme, qui a donné naissance au protestantisme. La Réforme remettait au centre de la foi chrétienne, la lecture de la Bible. Ce culte est celui où l’on se souvient combien, pour un protestant, la lecture de la Bible est importante, et qu’elle reste toujours la référence de tous ses actes et de tout son engagement.

« Nous nous souvenons de la Réformation, et nous voulons apprendre toujours à nouveau à revenir à l’essentiel et prendre conscience de la vigueur de la Parole de Dieu. Nous sommes ensemble pour ce culte afin que la Parole de Dieu habite en nous et rende nos vies fécondes, pour qu’elle nous préserve de nous disperser dans des préoccupations dérisoires.
Nous sommes ensemble pour recevoir la Parole afin qu’elle nous réconforte aux jours d’épuisement et qu’elle nous remette en route, les jours de lassitude, afin qu’elle nous rende audacieux dans les jours où il faut combattre et très reconnaissants lorsque nous sommes heureux ». [Pasteure Marianne Seckel]

Pour beaucoup de familles composées de protestants et de catholiques, ce week-end est aussi un moment particulièrement important où chacun se souvient des êtres chers qui ont quitté cette vie. Prenant en compte la peine des familles endeuillées, sans oublier que nous n’avons pas à obtenir par notre prière quoi que ce soit pour les défunts, puisque nous sommes convaincus qu’ils sont dans la grâce de Dieu, nous lui rendrons grâce, au moment de la prière du Notre Père pour la vie de celles et ceux qui sont décédés entre novembre 2021 et aujourd’hui et qui étaient liés à l’Oratoire du Louvre directement ou par leurs proches. Leurs noms seront lus.

Nous nous nous réunissons dans la communion fraternelle avec le 1er chant du livret inséré au début du psautier.

Répons : Bénissons Dieu le seul Seigneur
Bénissons Dieu le seul Seigneur,
Nous qu’il choisit pour serviteurs,
Levons nos mains dans sa maison,
Pour bénir et louer son nom.

Louange
Louons l’Éternel avec un extrait du psaume 145, (versets 1 à 14)
1 Louange. De David.
   Je t'exalterai, mon Dieu, mon roi !
   Et je bénirai ton nom à toujours et à perpétuité.
2 Chaque jour je te bénirai
   Et je louerai ton nom à toujours et à perpétuité.
3 L'Éternel est grand et très digne de louange,
   Sa grandeur est insondable.
4 Que chaque génération glorifie tes œuvres,
   Qu'elle raconte tes exploits,
5 La magnificence éclatante de ta gloire ;
   Je méditerai le récit de tes merveilles.
6 On parlera de ta force redoutable,
   Et je redirai ta grandeur.
7 On évoquera le souvenir de ton immense bonté
   Et l'on acclamera ta justice.
8 L'Éternel fait grâce, il est compatissant,
   Lent à la colère et rempli de bienveillance.
9 L'Éternel est bon envers tous,
   Et ses compassions s'étendent sur toutes ses œuvres.
10 Toutes tes œuvres te célébreront, Éternel !
    Et tes fidèles te béniront.
11 Ils diront la gloire de ton règne,
    Et parleront de ta puissance,
12 Pour faire connaître aux humains tes exploits
    Et la gloire magnifique de ton règne.
13 Ton règne est un règne de tous les siècles,
    Et ta domination subsiste dans toutes les générations.
14 L'Éternel soutient tous ceux qui tombent
    Et redresse tous ceux qui sont courbés…/…

Poursuivons notre louange en prenant le chant du psaume 66 B :

Psaume : Psautier Français N°66 B « Vous, tous les peuples de la terre », strophes 1 à 4 [cliquer ici]

Volonté de Dieu :
Dans l’Évangile de Marc il est écrit :
Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme, de toute ta pensée et de toute ta force. C'est là le grand et le premier commandement.
Et voici le second, qui lui est semblable : Tu aimeras ton prochain comme toi-même.
Il n’y a pas d’autre commandement plus grand que ces deux-là.

Répons : Parle, parle Seigneur
Parle, parle Seigneur, Ton serviteur écoute,
Je dis ton serviteur, Car enfin je le suis,
Je le suis, je veux l’être,
Et marcher dans ta route,
Et les jours et les nuits.

Confession du péché 
Assurés de l’amour de Dieu en Jésus-Christ, reconnaissons notre péché :

Je me place devant toi, Seigneur.
J’entre en prière comme j’entre dans un espace clos, mystérieux et secret,
Où tout se tamise.
Moment de silence dans le cours de mes pensées.
Temps d’arrêt dans le mouvement de mes sentiments,
Où se mêlent l’amour, l’indifférence, le découragement, la solitude.
Je ferme les yeux pour mieux les ouvrir sur les autres et sur moi-même.
Je cherche un peu de lumière sur ce qui m’inquiète et me fait de l’ombre.
Au détour de ce cheminement intérieur,
Qui ressemble parfois à un labyrinthe,
De façon imprévue, tu es devant moi.
Avec patience et sagesse, tu me montres l’issue possible,
Un autrement de la pensée, un ailleurs insoupçonné.
Tu tiens compte de ma faiblesse, de mes petits pas,
De mon indécision et de mes erreurs.
Dans mes hésitations, tu vas jusqu’à approuver mes choix.
Comme tu es bon d’avoir pris l’initiative d’être venu à ce rendez-vous,
Alors que je n’osais croire que tu viendrais !
Ma prière devient délivrance et moment de paix !
Loué sois-tu Seigneur ! Amen.
[Prière de Daniel Lestringant]

Répons : J’aime mon Dieu car il entend ma voix
J’aime mon Dieu car il entend ma voix,
Quand la frayeur ou le tourment m’oppresse
Quad j’ai prié au jour de ma détresse,
Dans sa bonté, il s’est tourné vers moi.

Annonce de la grâce
Pour accueillir la grâce que Dieu nous renouvelle, je vous invite à vous lever.
Dans la première lettre de Jean au chapitre 4, nous écoutons le verset 16 :
Et nous, nous avons connu l'amour que Dieu a pour nous, et nous y avons cru.
Dieu est amour ; celui qui demeure dans l'amour demeure en Dieu, et Dieu demeure en lui.

Chantons à Dieu notre reconnaissance !

Répons : Combien grande est ta gloire
Combien grande est ta gloire, En tout ce que tu fais,
Et combien tes hauts faits Sont dignes de mémoire !
Tes œuvres sans pareilles, Ont réjoui mon cœur,
Je veux chanter, Seigneur, Tes divines merveilles !

Confession de foi :

Je crois en Dieu, Le Seigneur qui est, qui était et qui vient !
Je crois notre histoire habitée, soulevée, fécondée, par le Seigneur vivant !
Dans sa parole, heureuse nouvelle, dans les signes de l’eau et du pain, dans les cris du pauvre et de l’affamé, dans les gestes du prisonnier et du rejeté,
Il m’attend…il me parle, mystérieux visiteur, dont le souffle de vie me fouette le visage.
Avec mes frères, je sais qu’il habite notre aujourd’hui.
Je crois, avec tous les hommes d’hier, qui déchiffrèrent sa trace dans l’histoire.
Peuple libéré de la servitude, et tancé par les Prophètes,
Peuple chanteur des Psaumes et sage des Proverbes !
Avec les foules de Palestine, et les apôtres témoins de sa voix humaine,
J’entre dans ce grand cortège qui suit le Nazaréen :
Pau de Tarse, Saint François d’Assise, Luther, Jean XXIII,
Qui n’ont pas cru en vain.
Je crois, dans le bruissement du monde, entendre les coups qu’il frappe à la porte,
Discerner les pas silencieux de Celui qui vient.
C’est pourquoi, au chevet des malades et des agonisants : je prie,
Avec tous les opprimés et les torturés : je crie,
Avec tous les passionnés, je cherche,
Et les lutteurs : je milite.
Car il vient…Celui-là, Qui rompt tous les destins et ouvre les chemins,
Qui désarme toutes les résignations et suscite les responsabilités,
J’attends le Vivant, dont la Résurrection a nom : espérance.
Je crois au Seigneur : Celui d’aujourd’hui, d’hier et de demain.
[Michel Wagner, extrait de « Le matin vient »]

Répons : Grand Dieu nous te bénissons
Grand Dieu nous te bénissons, Nous célébrons tes louanges,
Éternel, nous t’exaltons, De concert avec les anges,
Et, prosternés devant toi, Nous t’adorons, ô grand Roi !
Et, prosternés devant toi, Nous t’adorons, ô grand Roi !

Doxologie : « Gloire à Dieu dans les cieux et sur la terre, et d’éternité en éternité »

Lecture de la Bible : Évangile de Luc chapitre 19, versets 1 à 10 [cliquer ici]

1 Entré dans Jéricho, Jésus traversait la ville. 
2 Survint un homme appelé Zachée ; c’était un chef des collecteurs d’impôts et il était riche. 
3 Il cherchait à voir qui était Jésus, et il ne pouvait y parvenir à cause de la foule, parce qu’il était de petite taille. 
4 Il courut en avant et monta sur un sycomore afin de voir Jésus qui allait passer par là. 
5 Quand Jésus arriva à cet endroit, levant les yeux, il lui dit : « Zachée, descends vite : il me faut aujourd’hui demeurer dans ta maison. » 
6 Vite Zachée descendit et l’accueillit tout joyeux. 
7 Voyant cela, tous murmuraient ; ils disaient : « C’est chez un pécheur qu’il est allé loger. » 
8 Mais Zachée, s’avançant, dit au Seigneur : « Eh bien ! Seigneur, je fais don aux pauvres de la moitié de mes biens et, si j’ai fait tort à quelqu’un, je lui rends le quadruple. » 
9 Alors Jésus dit à son propos : « Aujourd’hui, le salut est venu pour cette maison, car lui aussi est un fils d’Abraham. 
10 En effet, le Fils de l’homme est venu chercher et sauver ce qui était perdu. »

Cantique : Choral 33 [Alléluia 41-03] « Dieu des louanges sois béni », strophes 1 à 3 [cliquer ici]

Prière d'illumination :
Éternel, dans cette Bible offerte à la lecture de tous par la Réforme protestante, nous venons de lire les mots qui ont inspiré la foi de ceux qui ont édifié nos communautés, Donne-nous aujourd’hui cet esprit qui interroge les mots écrits dans la Bible. Donne-nous la même liberté que celle qui a animé les artisans de la Réforme et garde-nous des certitudes qui ont pu parfois les éloigner de toi. Amen.

Orgue

Prédication : L'être humain renouvelé par une parole libératrice

Amis, frères et sœurs,
si nous avons gardé la fête de la Réformation qui n’a aucun fondement biblique, c’est pour nous souvenir de génération en génération de ce qui s’est passé le 31 octobre 1517, lorsqu’un moine, nommé Martin Luther a affiché sur les portes de son église, à Wittenberg, la veille de la Toussaint, 95 thèses ou 95 propositions pour réformer l’Église, dans lesquelles il contestait les pratiques du clergé catholique de son époque, qui avait mis en place les indulgences, sorte de contrepartie d’un acte de piété, allant du pèlerinage, au don en argent, en vue de raccourcir le passage par le purgatoire l’âme en attente d’aller au paradis ou en enfer. Au cours du temps, cette contrepartie s’est transformée en un commerce lucratif pour l’Église. Luther dénonce ce commerce ; révélant que la vente des indulgences n’était qu’un prétexte pour édifier la basilique Saint-Pierre de Rome, construite en fait sur la manipulation par la peur, des fidèles, permettant de remplir le trésor de l’Église.

L’événement historique est doublé d’un événement religieux : celui de la redécouverte de l’Évangile, de l’œuvre de Jésus-Christ et de la vérité de l’amour de Dieu. Ce sera finalement le moteur de la Réforme, qui va déclencher un mouvement de remise en question tel, qu’il aboutira à la rupture, mettant rapidement en opposition deux façons d’entendre et de recevoir l’Évangile : celle, catholique, qui a inclus dans sa prédication des récits de la vie des saints prenant de plus en plus de place au détriment du récit biblique et de l’Évangile, et celle, protestante, qui va remettre au centre de la réflexion et de la prière, les textes bibliques, accessibles dans la langue maternelle ce qui permet une meilleure éducation et une plus grande édification personnelles.

Cet événement historique, augmenté de l’événement religieux connaît une vigueur insoupçonnée grâce à la conjoncture du développement de l’imprimerie. C’est l’imprimerie qui va faire sortir le débat théologique des milieux fermés des universités et des initiés, et qui va permettre de diffuser non seulement la Bible, mais aussi les idées des réformateurs, et même parfois malgré eux, autrement dit : même lorsque leurs idées ne seront pas abouties dans la réflexion, ce qui amènera à quelques exagérations de la part des partisans de la Réforme.
Ce résumé succinct de la naissance de la Réforme est là pour nous rappeler que nous sommes aujourd’hui les héritiers de cet événement-là, avec son côté positif que fut la redécouverte de l’Évangile au cœur de la vie religieuse, avec pour conséquence, une libération spirituelle, mais hélas, avec son côté négatif que représentent les conséquences d’une telle remise en question aboutissant à une rupture, qui sera marquée par les guerres de Religion, et par toutes les violences humaines qui vont perdurer en France du moins jusqu’à la Révolution, qui témoignent bien peu d’un renouveau évangélique. Pour savoir où l’on va, il faut savoir d’où l’on vient, dit un proverbe africain. Nous ne sommes pas là par hasard. Et si nous réfléchissons bien, nous sommes nés finalement d’une fidélité beaucoup plus ancienne que celle de la Réforme, une fidélité dont nous ne sommes ni les auteurs ni les initiateurs. Comme l’exprime l’auteur du psaume 145 : « Que tes fidèles t’expriment leur gratitude !
Qu’ils parlent de ton règne glorieux,
Qu’ils disent de quoi tu es capable !
Ils apprendront ainsi aux humains tes exploits
Et la glorieuse majesté de ton règne ! » (Versets 10b-12)
C’est ce que nous avons lu au début de ce culte.
Ainsi, pour l’auteur des psaumes, la louange des fidèles se traduit par trois attitudes inséparables :

  • l’expression de leur reconnaissance envers celui qui leur a révélé sa grâce inépuisable,
  • le discernement dans la foi des manifestations multiples de la grâce de Dieu,
  • et permettre aux hommes de tous les temps de partager avec les autres le bonheur qu’ils découvrent et dont ils prennent conscience.

C’est ce que les grandes affirmations de la Réforme n’ont fait que redire cela de diverses manières, résumés dans ces slogans : par la grâce SEULE, par la foi SEULE, par l’Écriture SEULE, À Dieu SEUL la gloire !

Alors, pêle-mêle, et sans chronologie, voilà que Martin Luther sort de son monastère et se marie, voilà qu’il traduit la Bible en langue vernaculaire, pour qu’elle soit accessible à tous, voilà qu’il propose de célébrer un culte dans la langue de tous, rejetant ainsi le latin comme langue exclusive, voilà qu’il abolit la frontière entre les clercs et les laïcs, et tout de même, il y a cette « invention » en quelque sorte, du ministère pastoral, avec ce prédicateur de l’Évangile formé dans une université, faisant ainsi un « vrai » métier, au même titre que « forgeron ou savetier », pour reprendre les mots mêmes de Luther. Avec la réformation, la frontière entre l’espace profane et l’espace sacré disparaît. Avec cette idée de sacerdoce universel, l’espace profane n’est plus séparé de l’espace ecclésial, ainsi que le montre l’architecture de nos temples. Avec la Réformation, c’est l’ordinaire du quotidien qui devient le lieu où Dieu se révèle. Au fond, c’est en nous, là où nous sommes, que se vit la foi. Pas seulement la foi, mais aussi la réflexion théologique qui va avec, qui permet à chacun de devenir quelqu’un de responsable, autrement dit, quelqu’un capable de donner sa réponse, dans sa vie personnelle, en famille, sur le plan inter générationnel, par l’éducation, mais aussi dans la société, en politique, en église.

Lorsque nous lisons les textes de l’Écriture, nous sommes invités à découvrir sans relâche que l’être humain est appelé à vivre dans la reconnaissance de la grâce seule de Dieu, qu’il est invité à faire sans cesse œuvre de discernement, par les études régulières de la Bible, et d’être témoin d’une parole libératrice, qui l’a, d’une certaine manière, remis en route, à un moment donné de sa vie. Donner aux autres, par ses paroles et ses actes, ce qu’il a reçu, compris, expérimenté.

C’est à mon sens, le témoignage que l’évangile de Luc nous rapporte, en nous racontant cette rencontre entre Zachée et Jésus.

Zachée est Juif, son nom l’indique. Son nom, זכי‎, zakay, d’ailleurs, signifie « celui qui est pur », mais sa vie est en contradiction avec l’étymologie de son nom. Nous avons l’image d’un homme malhonnête, qui collabore avec l’occupant romain, ce qui le rend impur aux yeux de sa communauté. D’ailleurs le texte précise qu’il était riche et chef des collecteurs d’impôts. Il devait connaître pas mal de combines pour dérober, escroquer, extorquer. Mais la nature l’a fait petit. La foule qui acclame Jésus ne se soucie pas de Zachée qui ne peut rien voir. Mais il est astucieux, stratège, même. Il se dissimule dans un arbre pour être à l’abri du regard des autres, et peut-être à l’abri de regard de Jésus, afin de n’être jugé par personne.
Peine perdue. Jésus lève les yeux, regarde par-dessus la foule, pour rejoindre Zachée, le petit, l’exclu, l’impur. Et voici l’Évangile qui nous raconte une fois encore comment Dieu vient à la rencontre des hommes, à notre rencontre, que nous le cherchions ou non. Nous croyons chercher Dieu, nous voulons monter vers lui, alors que c’est lui qui ne cesse de nous chercher et qui nous trouve dans le regard du Christ, posé sur chacun et chacune de nous, un regard qui interpelle : « Zachée, descends vite : il me faut aujourd’hui demeurer dans ta maison. » (v.5) ; c’est la première parole libératrice. Mais c’est un regard qui voit plus loin que ce que nous montrons ; un regard qui scrute en profondeur, et qui dévoile l’intériorité. Et quelle est-elle l’intériorité de Zachée ? Elle est belle, spontanée et joyeuse. « Vite, Zachée descendit et l’accueillit tout joyeux ». (v.6).  Et ça, personne ne pouvait le déceler en cet homme, réduit par les autres, uniquement à ses actes : « Il est allé loger chez un pécheur ». Dans cette phrase, Zachée n’a même pas de nom. Mais Zachée en accueillant Jésus dans sa maison, vient de comprendre en un instant que c’est exactement cela qu’il désirait. Il a compris que Jésus voulait mettre en lumière le meilleur de Zachée.

Et Zachée n’attend pas pour dire à Jésus, comme à ceux qui l’écoutent : « Eh bien ! Seigneur, je fais don aux pauvres de la moitié de mes biens et, si j’ai fait tort à quelqu’un, je lui rends le quadruple. » (v.8). C’est son nouveau programme de vie, pour ici et maintenant, et aussi pour l’avenir, fondé sur une générosité dévoilée. Alors, Jésus a pour lui l’audace d’une autre parole libératrice : « Aujourd’hui, le salut est venu pour cette maison, car lui aussi est un fils d’Abraham. (v.9). Jésus rend à Zachée son identité de fils d’Abraham, sa dignité religieuse, vis-à-vis de Dieu. Il le réintègre dans la société religieuse de son temps et Zachée, ainsi que toute sa maison, l’ensemble des siens, n’est plus enfermé dans l’image qu’on avait de lui et à laquelle, la Loi de Moïse, plus radicale à l’époque de Jésus, avait forcé le trait.
Il s’agit bien de l’audace d’une parole libératrice, pour cet être humain, pour tout être humain, et une invitation à poser sur l’autre, un regard autre, différent, en retrouvant le regard que dans la foi, Dieu pose sur chacune et chacun de nous, relié à sa grâce, autrement dit à son amour premier.

Envolée la peur d’être jugé ! Envolée la peur du regard de l’autre sur lui, sur nous, sur moi. « L’espérance à laquelle les évangiles nous appellent », écrivait Raphaël Picon, « est fondée sur le Christ, c’est-à-dire le oui sans réserve que Dieu adresse à l’humanité »

Alors, pourquoi l’être humain, et en particulier l’être humain religieux continue-t-il en 2022 de mettre des conditions, à cet amour et cette liberté inconditionnels ? Sommes-nous conscients que certains discours, en société comme en église continuent d’enfermer les gens dans la peur de l’autre, et de les maintenir dans la peur de Dieu ?

Peut-être parce que cet amour sans condition fait peur, à celui ou celle qui n’arrive pas à le vivre en pleine lumière. Parce que bien souvent, les drames, les existences brisées par la perte des êtres chers, comme nous l’évoquerons, tout à l’heure dans la prière d’intercession, mais aussi, les violences et les injustices de tous ordres nous empêchent simplement de nous réjouir de notre rencontre en pleine conscience, avec le Dieu de Jésus-Christ, qui nous rappelle, par sa Parole, adressée de génération en génération, que la vie ne se réduit à ses échecs, mais qu’il nous est donné un regard nouveau, comme celui de Jésus, posé sur Zachée, accompagnée d’une parole libératrice, qui donne envie de scruter une nouveauté, toujours possible, qui ouvre un chemin et propose une vie nouvelle, où chacun est amené, selon les mots d’une prière attribuée au musicien Yehudi Menuhin « à être conduits vers le meilleur de lui-même ».
C’est peut-être cela une Église toujours en train de se réformer, toujours en devenir. Elle ne peut exister que si les personnes qui la composent, visibles et invisibles, proches ou lointaines ne s’arrêtent jamais, ni de réfléchir, ni de questionner, ni d’espérer, ni de croire. Et surtout, elles ne s’arrêtent jamais d’aimer.
Amen.

Orgue

Cantique : Louange et Prière N°229 « C’est un rempart que notre Dieu », strophes 1 à 4 [cliquer ici]

Annonces
Offrande :  pour faire un don, cliquer ici
C’est maintenant le moment de l’offrande. Que chacun donne ce qu’il a décidé en son cœur, sans regrets ni contrainte. L’Église pour accomplir sa mission ne vit que de vos dons. 
Orgue

Liturgie de sainte-cène

Préface
Louons Dieu :
C’est notre joie de te célébrer, ô Dieu notre Père, pour ce monde que tu as créé si beau et que tu gardes à travers ses douleurs jusqu’au jour où, selon ta promesse, viendra ton Royaume.
C’est notre joie de te célébrer pour ton Fils, Jésus-Christ, notre Seigneur, né de notre chair, baptisé, tenté, transfiguré, condamné, crucifié, ressuscité d’entre les morts, élevé dans la gloire.
C’est notre joie de te célébrer pour ton souffle de vie, l’Esprit d’adoption qui nous apprend à te dire Père, qui exorcise nos peurs et illumine notre foi.
Aussi, avec les cieux et la terre, avec la multitude de ton peuple, par tous les temps et par tous les lieux, nous célébrons ton nom et nous te chantons :

Répons : Pare-toi pour une fête
Pare-toi pour une fête
O mon âme tiens-toi prête,
Monte plus haut que la terre
Vers la céleste lumière
Ton Seigneur t’offre une place
Au grand banquet de sa grâce,
Ce maître au pouvoir immense
Avec toi fait alliance.

Rappel de l'institution
Le soir venu, Jésus se mit à table avec les douze. Pendant le repas, il prit du pain
et, après avoir rendu grâces,
il le rompit et le leur donna en disant :
“Prenez, mangez, ceci est mon corps.”
Ayant aussi pris la coupe et rendu grâces, il la leur donna en disant :
“Buvez-en tous, car ceci est mon sang, le sang de l’alliance qui est répandu pour la multitude, pour le pardon des péchés. Je vous le dis, désormais, je ne boirai plus de ce fruit de la vigne jusqu’au jour où je le boirai, nouveau, avec vous, dans le Royaume de mon Père.”

Prière de communion
Nous prions :
Père, au moment de nous approcher de cette table, nous faisons mémoire des paroles et des gestes de Jésus-Christ, de sa mort, de sa résurrection, et nous attendons son retour
Nous recevons de toi ce pain de vie destiné à la nourriture du monde.
Nous recevons de toi la coupe d’alliance que tu offres pour la joie du monde.
Tu nous rassembles et nous invites. Par ton Esprit, renouvelle notre foi afin que ce pain et ce vin soient les signes de la présence de ton Fils parmi nous.
Fais toutes choses nouvelles dans nos cœurs et dans le monde.

Prière d'intercession :
Éternel, nous te prions pour nos Églises, nos communautés, nos institutions, permets que nous soyons toujours attentifs à nous réformer sans cesse et que nous ne perdions pas de vue la visée de la Réforme. Aide-nous à avoir le courage de remettre notre action en question quand cela est nécessaire pour garder vivant l’esprit de la Réforme. Rappelle-nous que les traditions s’inventent et ne sont en aucun cas des fins en soi. Rappelle-nous aussi que nos Églises n’existent pas pour elles-mêmes, ni pour se conserver, mais qu’elles sont là pour porter le témoignage de ton amour pour ce monde.
Éternel, nous te prions pour toutes les familles qui ont perdu un être cher. Que ta présence aimante apaise la peine de ceux qui restent sans eux aujourd’hui. Chacun des noms que nous allons lire maintenant est tracé dans la paume de ta main, donne-nous l’assurance de la résurrection de chacune des vies.

Lecture des noms des défunts.

Notre Père
Notre Père qui es aux cieux, que ton nom soit sanctifié, que ton règne vienne, que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel. Donne-nous aujourd’hui notre pain de ce jour ; pardonne-nous nos offenses comme nous pardonnons aussi à ceux qui nous ont offensés. Ne nous laisse pas entrer en tentation mais délivre-nous du mal, car c’est à toi qu’appartiennent le règne, la puissance et la gloire, aux siècles des siècles. Amen.

Répons : Jésus, ta voix nous convie
Jésus, ta voix nous convie A ce festin de la vie,
En ce lieu tout me retrace, Les prodiges de ta grâce.
Fais qu’aujourd’hui, je contemple, Tes charités sans exemple,
Avant de me nourrir d’elles A tes tables éternelles.

Invitation à la Cène
Voici le repas que nos mains ont préparé,
mais c’est le Seigneur qui nous invite.
Voici la table que nous avons dressée,
mais c’est lui qui nous accueille.
Voici la joie que nous avons désirée,
mais que lui-même nous donne.
Nous sommes tous invités.

Fraction - Élévation
“Le pain que nous partageons est communion au corps du Seigneur Jésus-Christ.
La coupe de bénédiction, pour laquelle nous rendons grâces, est communion au sang du Seigneur Jésus-Christ. ”

Communion

Prière d'Action de Grâces
Nous te remercions, Père, pour le repas que nous avons pris ensemble. Accorde-nous de vivre de cette nourriture, de te célébrer toujours avec joie et d'être ainsi témoins de Jésus-Christ.
Allez en paix dans la joie de votre Seigneur.

Bénédiction 
Recevons la bénédiction de la part du Seigneur :
Mon frère, ma sœur, mon ami, Que l’Éternel te bénisse et te garde !
Que l’Éternel fasse rayonner sur toi son regard et t'accorde sa grâce !
Que l’Éternel porte sur toi son regard et te donne la paix !
Amen.

Répons : Bénis ô Dieu nos routes
Bénis ô Dieu nos routes, Nous les suivrons heureux,
Car toi qui nous écoutes, tu les sais, tu les veux.
Chemins riants ou sombres, J’y marche par la foi.
Même au travers des ombres, Ils conduisent à toi.

Orgue
Sortie


Paroles des chants du dimanche 30 octobre 2022

Psaume : Psautier Français n°66 B « Vous tous les peuples de la terre », strophes 1, 2 & 4

Strophe 1
Vous, tous les peuples de la terre,
Acclamez Dieu, chantez de joie.
Louez le Dieu en qui espère,
Sur qui s’appuie tout homme droit.
Seigneur dont la force est terrible,
Tes œuvres nous ont étonnés ;
Ceux qui se croyaient invincibles
Tu les contrains à s’incliner.

Strophe 2
Dieu a changé en terre ferme
La mer où son peuple a passé.
A l’oppression il a mis terme :
Redressez vous, applaudissez !
L’autorité que Dieu exerce
Sans se lasser veille en tous lieux,
Pour déjouer l’œuvre perverse,
Pour abaisser les orgueilleux.

Strophe 3
Quand tu veux éprouver notre âme
Comme au creuset l’or ou l’argent,
Tu nous fait traverser la flamme,
Tu fais déborder les torrents.
Mais, Seigneur, tu maintiens nos têtes
Au dessus des flots déchaînés.
Dans le fracas de la tempête
Tu soutiens nos cœurs effrayés.

Strophe 4
Seigneur, accepte mon offrande,
Ces mains levées en ton honneur.
Je veux que partout l’on entende
L’œuvre de mon libérateur :
Béni sois tu, Dieu secourable,
Toi qui jamais n’as écarté
Le moindre appel du misérable,
Mais près de lui t’es arrêté.

Cantique : Choral n°33 [Alléluia 41-03] « Dieu des louanges sois béni », Strophes 1 à 3

Strophe 1
Dieu des louanges, sois béni.
Tu es la source de l’amour
Et tu es le même aujourd’hui,
Hier et demain et pour toujours.
Ô Dieu de gloire et de grandeur,
Tu peux tenir en un seul cœur.

Strophe 2
Nous avons tous besoin de toi.
Tu mets ta force en notre vie ;

Tu es l’espoir, tu es la joie,
Même en silence ou dans la nuit.
Donne le pain, donne la paix,
L’amour de ce que tu promets.

Strophe 3
Dans la douleur et la beauté,
Dans toute vie et tout destin,
Fais rayonner ta vérité
Comme un soleil sur un jardin.
Garde nos corps et nos esprits
Au nom du Seigneur Jésus-Christ.

Cantique : Louange et Prière n°229 « C’est un rempart que notre Dieu », Strophes 1 à 4

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Strophe 1
C’est un rempart que notre Dieu :
Si l’on nous fait injure,
Son bras puissant nous tiendra lieu
Et de fort et d’armure.
L’ennemi contre nous
Redouble de courroux ;
Vaine colère !
Que pourrait l’adversaire ?
L’Éternel détourne ses coups.

Strophe 2
Seuls, nous bronchons à chaque pas ;
Notre force est faiblesse.
Mais un héros dans les combats
Pour nous lutte sans cesse.
Quel est ce défenseur ?
C’est toi, puissant Sauveur,
Dieu des armées !
Tes tribus opprimées
Connaissent leur libérateur.

Strophe 3
Que les démons forgent des fers
Pour accabler l’Église,
Ta Sion brave les enfers
Sur le rocher assise.
Constant dans son effort,
En vain avec la mort
Satan conspire.
Pour briser son empire,
Il suffit d’un mot du Dieu fort.

Strophe 4
Dis-le, ce mot victorieux
Dans toutes nos détresses.
Répands sur nous du haut des cieux
Ta force et ta sagesse.
Qu’on nous ôte nos biens,
Qu’on serre nos liens,
Ta main nous garde ;
Plus loin nos yeux regardent
Car ton royaume est pour les tiens.

Lecture de la Bible

Évangile de Luc, chapitre 19, versets 1 à 10 [Nouvelle Bible Segond]

Jésus s'invite chez Zachée

1 Il entra dans Jéricho et passa par la ville.
2 Un nommé Zachée, qui était chef des collecteurs des taxes et qui était riche,
3 cherchait à voir qui était Jésus ; mais à cause de la foule, il ne pouvait pas le voir, car il était de petite taille.
4 Il courut en avant et monta sur un sycomore pour le voir, parce qu'il devait passer par là.
5 Lorsque Jésus fut arrivé à cet endroit, il leva les yeux et lui dit : Zachée, descends vite ; il faut que je demeure aujourd'hui chez toi.
6 Tout joyeux, Zachée descendit vite pour le recevoir.
7 En voyant cela, tous maugréaient : Il est allé loger chez un pécheur ! 
8 Mais Zachée, debout, dit au Seigneur : Seigneur, je donne aux pauvres la moitié de mes biens, et si j'ai extorqué quoi que ce soit à quelqu'un, je lui rends le quadruple.
9 Jésus lui dit : Aujourd'hui le salut est venu pour cette maison, parce que lui aussi est un fils d'Abraham.
10 Car le Fils de l'homme est venu chercher et sauver ce qui était perdu.

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