Solidaires au nom de Jésus-Christ

Culte du 19 septembre 2021

Vidéo de la partie centrale du culte

Culte à l'Oratoire du Louvre

Dimanche 19 septembre 2021
Rentrée de l'Éducation biblique
Journées Européennes du Patrimoine
« Lève-toi, prend ton lit et marche »
Solidaires au nom de Jésus-Christ

Culte présidé par les pasteures Béatrice Cléro-Mazire et Agnès Adeline-Schaeffer
Prédication par Antoine Durrleman, ancien président du CASP
Musique : Aurélien Peter, organiste suppléant

Accès direct aux textes des chants, cliquer ici
Accès direct à la lecture biblique, cliquer ici
Accès direct au texte de la prédication, cliquer ici
Affichage de la prédication pour impression, cliquer ici

Jeu d'orgue

Salutation
La grâce et la paix vous sont données, de la part de Dieu notre Père, et de Jésus-Christ, son Fils, notre Sauveur et notre frère.

Accueil
Chers amis, bienvenue dans ce lieu de prière, que vous soyez des habitués du lieu ou que vous veniez ce matin pour la première fois, vous êtes ici chez vous.
Bienvenue aussi à toutes celles et ceux qui nous rejoignent par le biais des réseaux sociaux, nous sommes en communion les uns avec les autres. Ce matin dans le cadres des journées européennes du patrimoine ayant pour thème le patrimoine pour tous, nous sommes heureux d’accueillir Antoine Durrleman, qui jusqu’à l’été dernier, avait la responsabilité de Présider une grande association d’aide aux plus démunis : le CASP, Centre d’Action Sociale Protestant.
Il nous a semblé important d’entendre sa voix aujourd’hui, alors que le CASP, aujourd’hui présidé par Monsieur Samuel Coppens, et un de ses centres : La Clairière, seront présents cet après midi pour présenter leur action. La Halte Humanitaire de l’Armée du Salut sera aussi présente. Ces associations oeuvrent pour que leurs bénéficiaires soient intégrés à notre société multiculturelle. Merci Antoine de nous offrir ce matin ta prédication.

Accueil du Choeur de l’Oratoire
Ce matin, le choeur de l’Oratoire est avec nous avec ses deux chefs ! Fabien Aubé qui a accompagné le Choeur depuis 2014 a dû se résoudre, devant une trop grande charge de travail qui risquait de mettre en danger sa santé, à passer le flambeau à un nouveau chef de Choeur.
Nous voulons lui dire notre reconnaissance pour toutes ces années de coopération avec l’Oratoire du Louvre. Nous garderons tous en mémoire la magnifique Passion selon Jean et l’émouvant concert sur la mort et la résurrection que Fabien avait mis en scène sur la musique de Purcell en janvier 2019. Fabien, que ton inventivité serve encore de nombreux choristes et que la musique ne t’épuise jamais, mais qu’elle continue à t’animer, car, comme le disait Nietzsche : « Sans la musique, la vie serait une erreur ». 
Et aujourd’hui, nous voulons souhaiter tous nos voeux de création, de passion et de communion à Alexandre Korovitch qui dirigera désormais le Choeur de l’Oratoire du Louvre. Cher Alexandre nous te souhaitons de pouvoir dire avec Mozart : « Je mets ensemble des notes qui s’aiment ».

Accueil de l'Education biblique
Enfin, nous accueillons tous les enfants de l’Éducation biblique et leurs parents pour cette rentrée et nous sommes heureux de reprendre ensemble ces moments de formation et de rencontres amicales autrement qu’en vidéo !

Chant Spontané : « Ton nom Seigneur est un nom magnifique », Ps. 8

Louange :

Dieu se fait homme
Je ne peux te penser qu'avec des moyens humains,
lors même que je ne te verrais pas en esprit,
sous une forme mortelle et semblable à celle de mes frères.
Et si tu veux t'approcher de moi,
ne faut-il pas que tu descendes aux sentiers de la terre?
Pour me parler, ne dois-tu pas employer les termes de ma langue maternelle?
Autrement qui te comprendrait,
puisque l'homme est un muet et un sourd pour son propre semblable
s'il n'en saisit pas le langage?
C'est pour cela que tu t'es fait homme
et que tu as marché parmi nous sous les traits du Fils de l'homme.

En somme, depuis que tu nous cherches,
tu emploies les mêmes moyens:
Tu viens à nous.

Tu es venu vers nous par les créations matérielles,
les splendeurs et la magnificence des cieux.
Tu es venu à nous dans les aubes où les âmes se dégagent des ombres,
dans les joies et les peines, dans les liens de la vie familiale,
dans la personne des justes qui sont nos guides et nos frères aînés.

Tu as marché, lutté, souffert et chanté parmi nous.
A travers nos jours éphémères
a transparu ton sourire qui demeure
et tu nous as fait boire aux coupes d'ici-bas,
qu'elles soient douces ou amères,
un breuvage où fermente un espoir éternel.

Tout être qui se donne fait un geste divin;
à travers la poussière des héros et des martyrs,
tombés pour les causes justes,
brillent des rayons d'or;
dans chaque regard d'enfant tu as mis ta promesse
et les vaincus du droit t'attendent dans leur tombeau.

Sois béni, Dieu qui te fais homme pour être plus près de nous,
comme, dans les épis mûris sous ses caresses,
ton soleil se fait pain afin de nous nourrir.

(1916, « Devant le témoin invisible », Paris, éd. Fischbacher 1933)

Chant d'Assemblée : Psautier Français, Psaume n°24 « La terre au Seigneur appartient  », strophes 1 à 4 [cliquer ici]

Volonté de Dieu :
Dans l’Évangile de Matthieu il est écrit : « Heureux ceux qui ont faim et soif de la justice, car ils seront rassasiés ! » (Matthieu 5)

Chant Spontané : « Revêts Seigneur de ta justice », Ps. 72

Confession du Péché : 
Nous partageons une prière attribuée à un soldat durant la guerre de Sécession.

Je demandais la force, afin de pouvoir accomplir ma tâche; je reçus la faiblesse, afin d’apprendre à obéir.
Je demandais la santé, afin de faire des choses plus grandes ; je reçus l’infirmité, afin de faire des choses meilleures.
Je demandais la richesse, afin d’être heureux ; je reçus la pauvreté, afin d’être sage.
Je demandais la puissance, afin d’avoir la louange des hommes ; je reçus l’impuissance, afin de sentir le besoin de Dieu.
Je demandais toutes choses, afin de jouir de la vie ; je reçus la vie, afin de jouir de toutes choses.
Je ne reçus rien de ce que je demandais, mais tout ce que j’espérais.
Presque malgré moi, la prière de mon coeur a été exaucée.
Je suis béni plus que tous les hommes.
AMEN.

Chant Spontané : « Tel que je suis », L&P 630

Annonce de la Grâce :
Le Seigneur nous redit sa grâce et dit à chacun de nous : « Ma grâce te suffit, car ma puissance s'accomplit dans la faiblesse ».

Chant Spontané : « Frappez dans vos mains », Ps 47

Confession de foi :
Au Dieu des choses nouvelles
Nous croyons que tu fais toutes choses nouvelles
pour le monde et pour nous, toujours et en tout temps.
Toi le Dieu de la résurrection, de la vie nouvelle et de l’Homme relevé.
Nous croyons que personne n’est enfermé dans la fatalité du malheur mais que tu nous offre dans la foi l’horizon d’un bonheur.
Nous croyons, grâce à Jésus, que l’homme est ton espérance et que ton amour pour lui est le même amour que tu as pour nous.
Nous croyons qu’il est possible de nous laisser convertir à l’amour de Dieu et à l‘amour du prochain, et qu’ainsi, le règne de Dieu peut advenir chaque jour par nos actes et nos pensées.
Nous croyons qu’une fraternité de foi existe, avec tous ceux qui se soucient de ce monde et de ceux qui le peuplent, et qu’ensemble, quelque soit notre tradition de foi, nous pouvons rendre manifestes toutes les choses nouvelles que tu crées pour nous.
AMEN
(Pasteure Béatrice Cléro-Mazire)

Chant Spontané : « Hosanna, Hosanna ! »

Doxologie : « Gloire à Dieu dans les cieux et sur la Terre et d’éternité en éternité »

Lecture biblique : Evangile de Jean, chapitre 5, versets 2 à 9 [cliquer ici]

Prière d'illumination
Inclinons-nous dans la prière :
Seigneur, donne-nous ton esprit pour que nous sachions où aller quand nos chemins se perdent. Que faire quand notre avenir est incertain ? Que pouvoir car nous sommes au bout de nos forces ? Seigneur, donne-nous ton esprit. Amen

Prédication : Solidaires au nom de Jésus

Chères sœurs, chers frères,
 
J’ai choisi le texte dont je vous ai donné lecture parce que, dans cette rentrée marquée par les répercussions de la crise sanitaire si brutale et si violente qui ne se terminent pas, marquée aussi par la brutalité des crises géopolitiques que nous vivons actuellement, ce texte nous dit tout de l'engagement qui doit être le nôtre aujourd'hui tout particulièrement. L'engagement auprès des autres. Engagement individuel pour chacun d'entre nous dès lors que nous voulons être disciples du Christ. Engagement aussi collectif pour toute notre église.

Que nous dit en effet ce texte ? Quels sont les points sur lesquels il doit résonner en nous ? Quatre points à mon sens le structurent tout particulièrement et peuvent alimenter notre réflexion ce matin. Une exigence d’abord, une urgence ensuite, une confiance enfin, et, surtout, une espérance.

C'est d'abord une exigence, essentielle. Ce paralytique est seul, abandonné depuis 38 ans à Bethesda. Bethesda, pourtant la maison de la grâce, la maison de la miséricorde. Depuis 38 ans, il est là. Personne n'est jamais venu tout au long de ces années à son aide pour le jeter dans cette piscine au moment où un ange apparaît. Et pourtant, depuis 38 ans il ne s'est pas désespéré, il n'a pas, si j'ose dire, abandonné la place, mais y est resté fidèle, non pas dans une forme de routine, mais dans une constante attente. Que quelqu’un enfin le regarde non pas comme un corps parmi tant d’autres à jeter dans l’eau de la piscine, mais comme une personne à part entière. Une personne singulière, jamais lasse de l’espérance, qu’elle garde chevillée au corps, chevillée au coeur, si faible soit-elle, si en difficulté soit-elle, si précaire soit sa situation. Une personne en attente de la rencontre avec un autre qui sache la voir comme elle est, quel est son besoin et l’aider, dans la conviction que sa situation n’est pas immuable, qu’elle peut bouger. C’est bien ce que fait Jésus en s'adressant au paralytique le premier : « Jésus, l'ayant vu couché et sachant qu'il était malade depuis longtemps, lui dit : Veux-tu être guéri ? ». Il respecte son libre arbitre et sa volonté : « Veux-tu être guéri ? ». Je ne t'imposerai rien si tu ne demandes rien. La réponse du paralytique : « oui je veux être guéri », c’est le levier qui rend possible le miracle.  Mais le paralytique lui dit aussi : « Seigneur, je n'ai personne pour me jeter dans la piscine quand l'eau est agitée et, pendant que j'y vais, un autre descend avant moi ».  Ce verset nous décrit bien la situation de solitude et de compétition dans laquelle il se trouve. Une situation très différente de celle dans laquelle se trouvait le paralytique de Capernaüm, lui aussi guéri par Jésus, mais entouré d’amis. Ce texte a en effet son pendant, vous le savez, d'une certaine manière, dans l'Évangile de Marc, quand Jésus guérit le paralytique dans cette maison de Capernaüm, ce paralytique qui est sur le toit de la maison. Quatre de ses amis voient Jésus s'approcher. Ils le descendent jusqu'au rez-de-chaussée, au seuil de la maison, en perçant le toit. Et Jésus va le guérir et va lui dire aussi : « Lève-toi, prends ton lit et marche. » Mais les deux situations sont très différentes. Dans l'Évangile de Marc, le paralytique est entouré d'amis. Il n'est pas seul. Ils prennent soin de lui et c'est eux qui prennent l'initiative de le descendre par le trou qu'ils font dans le toit de manière qu’il puisse rencontrer Jésus. La situation dans l'Évangile de Jean est tout à fait différente. C'est une personne seule qui ne peut plus bouger depuis près de quatre décennies et c’est Jésus qui le premier va vers lui pour lui rendre bien plus que sa mobilité : lui redonner dans toute sa plénitude sa dignité d’homme.

Sa situation est vue par autrui comme immuable et ne pouvant être changée, mais tout  contraire est l’injonction de Jésus quand il lui dit « Lève-toi, prends ton lit et marche ». Il ne le réduit pas comme les autres à sa condition de paralytique mais s’adresse à lui comme à un homme seulement momentanément couché, à même de se mettre immédiatement debout et de reprendre aussitôt son chemin.  Et il va en effet se lever, c’est-à-dire par là-même reprendre finalement place dans la communauté des hommes. Il prend son lit car tout n'est pas annulé de son passé, il est aidé par Jésus tel qu'il est, comme il est : il ne lui demande pas d'oublier, de renier son histoire. Et il se met en marche avec toute la charge de son histoire, avec toute sa faiblesse qu’il emporte avec lui. Une mise en mouvement qui nous dit que la personne la plus désespérée, la personne la plus précaire, celle-là qui n'a plus de vie, n'a plus de capacité d'action, cette personne-là, quand on s'adresse à elle, quand une main se tend vers elle, retrouve un horizon, elle retrouve un avenir, elle retrouve sa capacité d'être elle-même responsable de sa vie.
Voilà donc l’exigence fondamentale à laquelle le miracle de Béthesda appelle chacun de nous pour être solidaires au nom de Jésus-Christ. Aller délibérément vers les plus exclus, les plus précaires, les plus fragiles de notre société :  ils sont faibles, ils sont seuls, ils sont isolés, ils sont livrés à une sorte de compétition des personnes qui fait que seuls ceux qui réussissent sont regardés, mais notre présence à leurs côtés peut tout changer. Les considérer en tant que personnes dont il dépend de nous, personnellement, que leur situation puisse changer. Les accompagner sur leur chemin pour qu’ils puissent se remettre debout, quels que soient leur environnement, leur entourage leurs difficultés, car à travers ce miracle Jésus s'adresse à tout homme et à tout l'homme.

Remettre l’homme debout ! Ce texte nous dit comment faire. Si on  retranscrit  ce qu’il nous dit dans le langage d'aujourd'hui, voilà les convictions qui fondent la solidarité au nom du Christ que nous avons à incarner dans notre engagement de solidarité : toute personne, quelle que soit sa situation, nous devons la reconnaître comme personne, dotée d'une liberté irréductible, d'une valeur irremplaçable, d'une singularité essentielle. Nous lui devons le respect, comme quand Jésus s'adresse au paralytique. Nous devons être attentifs à sa parole comme Jésus l'est à la réponse à la question qu’il lui adresse : « veux-tu être guéri ? ». C'est sur sa demande et sur sa volonté que nous devons ancrer notre action de solidarité.
Disciples du Christ, nous avons à revendiquer notre responsabilité à l'égard de celui qui est précaire, en difficulté, fragile, quelle que soit sa situation, d'où qu'il vienne. Jésus ne demande pas au paralytique d'où il est ; il ne lui demande pas son histoire ; il ne lui demande pas ses convictions. Il va lui pardonner ses péchés sans même évoquer ces derniers. Mais ce qu'il lui manifeste, c'est une attention concrète, une volonté d'aider, de guérir et de soutenir, un accompagnement qui est sans condition. Cet accompagnement sans condition est évidemment essentiel : il est au cœur de tout engagement solidaire au nom du Christ.
Nous ne pouvons pas accepter des fatalités prétendues qui sont en réalité des injustices présentées comme des fatalités. Nous croyons que l'avenir se construit pour les individus comme pour les sociétés. Aller vers autrui, s’engager pour autrui, c'est refuser le renvoi de l'individu à sa solitude. L'humanité se tisse dans la relation. L’échange est au fondement de toute solidarité. Cela veut dire que nous refusons la compétition des personnes. Nul n’a à se justifier d'exister. Nul ne saurait être réduit à la somme de ses succès ou de ses échecs.
Ce que nous dit en effet le Christ à travers ce miracle, c'est que le soutien c'est d'abord une parole qui s'échange, un échange qui se noue, un lien qui se crée. Relier, accompagner, voilà qui est absolument essentiel. Autrement dit, ce n'est pas le geste, ce n'est pas, pour reprendre un terme d'aujourd'hui, une prestation monétaire, qui est l’essentiel. L'essentiel, c'est ce dialogue, c'est ce lien, c'est ce regard, ce regard essentiel qui rend confiance et rouvre l'espérance, l'espérance en soi, l'espérance dans sa vie, l'espérance dans les autres. Nous avons  ainsi à récuser la déresponsabilisation, la réduction au statut de victime, au statut d'assisté. Oui, chacun peut être le premier acteur de sa vie. Et chacun est invité au Royaume.
Voilà le sens profond de ce texte qui illustre concrètement ce que dit le Christ ailleurs dans les Évangiles : « Le Fils de l'homme est venu pour servir et non pour être servi. ». Une exigence essentielle et une responsabilité à assumer pour nous qui voulons le suivre.

Cette exigence, c'est en même temps, dans le contexte d'aujourd'hui plus que jamais, une urgence. Une urgence parce que, vous le savez, la crise de la COVID 19 qui s'est propagée comme un véritable tsunami, avec une brutalité et une rapidité absolument sans nom, crée aujourd'hui pour beaucoup une situation de plus en plus difficile. Bien sûr, la primauté a été donnée au sanitaire, à la manière dont on peut faire face à la propagation de cette épidémie, dont on peut éviter que, vague après vague, elle ne continue à s’étendre. Mais la crise sanitaire est aussi très lourde de conséquences sur le plan social. Quand elle a éclaté, notre situation sociale était déjà grave. Nous avions vu dans les rues se multiplier des situations que nous n'avions pas constatées dans ces proportions depuis des années et des années. Des familles, avec des enfants, à la rue, que nous ne pouvions ni héberger, ni encore moins loger. Des spirales du pire, où un toit était perdu parce qu’un emploi était perdu, où progressivement se cassaient les liens avec toute la société. La crise de la COVID a rendu invisibles ces anciennes pauvretés si l’on peut dire. Nous ne les voyons plus. Pourquoi ? Parce que les pouvoirs publics ont fait en quelque sorte leur devoir. Ils ont ouvert des centres d’accueil. Le Centre d’action sociale protestant, le CASP, a lui-même a ouvert en quelques mois onze centres supplémentaires, permettant d'héberger plus de 2000 personnes, en louant des hôtels qui n'avaient plus de clientèle touristique. Oui, c'est bien, cela met à l'abri. Mais une mise à l’abri n’insère pas dans la société. Et surtout cette ancienne pauvreté, qui est toujours là, même moins visible, est aujourd'hui aggravée d'une nouvelle pauvreté, comme celle dont on s’alarmait au tournant des années 75, au moment de la première crise économique. Aujourd'hui, sous nos yeux, c'est bien une nouvelle pauvreté qui s’est très vite installée : celle de toutes les personnes qui étaient en situation de marge entre la précarité et la pauvreté, qui vivaient d'une économie informelle, qui subsistaient grâce à de petits boulots, qui allaient de contrats à durée déterminée de très courte durée en contrats à durée déterminée de très courte durée. Toutes ces personnes ont subi l'impact de la COVID 19 avec une violence et dans des proportions inimaginables. Ce que nous avons vu réapparaître au long des derniers mois au CASP, ce sont des personnes qui avaient faim. Bien sûr, le CASP a eu de tout temps une action alimentaire ; bien sûr, il aidait déjà beaucoup de personnes en leur donnant des tickets d’alimentation. Mais là nous avons été littéralement débordés par l’afflux de personnes qui tout simplement n’avaient absolument rien pour manger, pour eux, pour leurs enfants. Et nous avons été amenés à démultiplier comme jamais nos actions en consacrant tous les dons que nous avons reçus à cette aide alimentaire d’urgence et en organisant des distributions de paniers repas dans les rues. Pourtant, si la répercussion sociale de la crise de la COVID est déjà manifeste pour partie, nous savons qu'elle est surtout encore à venir. Le « quoi qu'il en coûte » va trouver ses limites. L'économie va se remettre à fonctionner et nous savons que, dans ce contexte de retour à la vie d’avant, tous les emplois préexistants ne subsisteront pas. Il y aura nécessairement quand cessera la perfusion des fonds publics à nouveau des réorganisations et des suppressions d'emplois, un temps suspendues. La crise sanitaire va avoir à son tour ses vagues de répliques sociales comme il y a eu des répliques sanitaires et elles sont encore devant nous. Il y a ainsi véritablement urgence à agir, urgence à agir plus vite, urgence à agir plus fort, pour que l'on prévienne au maximum les dégâts sociaux à l’issue de cette crise.

Une exigence essentielle, une urgence plus que jamais criante, mais aussi une confiance. Le paralytique avait confiance obstinée qu’un jour quelqu’un finirait bien par l’aider, et ce fut le Christ lui-même. Cette confiance tenace, ce doit être la nôtre en ces temps si difficiles où l’exclusion se remet à ronger notre société. Et de fait nous avons vu aussi pendant les mois de crise, quand elle était paroxystique, des témoignages bouleversants de solidarité. Des personnes se sont levées, qui n'avaient pas antérieurement d'engagement de solidarité et qui sont venues à l'aide et au soutien de ceux qui étaient précisément sans aide et sans soutien. Pas simplement des personnes de bonne volonté, insérées, sans souci du lendemain. Beaucoup de ces dernières certes se sont manifestées auprès du CASP, beaucoup ont voulu donner un coup de main, donner un coup d'épaule, s'engager. Mais ce que nous avons vu aussi, ce sont les personnes en situation si difficile qui étaient accueillies elles-mêmes au CASP qui se se sont levées dans un  élan  spontané de solidarité. D’elles-mêmes, elles ont souhaité prendre des initiatives pour aider les autres, soit dans les centres où elles étaient accueillies soit au bénéfice d'autres personnes dans d'autres centres ou même au bénéfice d'autres associations. Oui, véritablement, elles se sont mises debout pour aller vers les autres.

Ce sont des ferments de confiance extraordinaires. Ce sont des leviers d'action exceptionnels pour inventer ensemble « le monde d’après » grâce à l’engagement de chacun. Le monde d'après, on en a beaucoup parlé, en disant que cela serait un monde différent. Peut-être pour beaucoup, et le télétravail à la campagne peut le symboliser pour certains. Mais peut-être pas, et plus que vraisemblablement sans doute pas, pour les plus déshérités, les plus fragiles, les plus précaires, tant les pesanteurs et les contraintes de tous ordres qui pèsent sur le travail social sont nombreuses et parfois désespérantes. Mais il dépend de nous que le cours des choses bouge au moins un peu et de faire en sorte que le monde d'après ne soit pas non plus la stricte répétition du monde d’avant pour ces personnes.  Nous engager à leurs côtés est précisément un point d’appui décisif pour faire en sorte que cette prise d’initiatives manifestée lors de la crise ne retombe pas, mais aide à changer les pratiques. Si la relation d’aide professionnelle est bien sûr éminemment nécessaire, une relation d’aide personnelle, le temps de l’échange, le temps du dialogue, le temps simplement d'une main qui se tend, le temps de la rencontre avec autrui constituent des leviers tout aussi essentiels pour se remettre debout et se donner un nouvel horizon. C’est dans la confiance partagée d’un réel compagnonnage que chacun pourra réussir à imaginer son monde d’après et se donner les moyens de le réaliser. Une confiance dans un lendemain autre à ancrer précisément sur la promesse du Christ, qui nous a dit qu’il sera toujours avec nous. Une confiance qui est ainsi une espérance.

La ferme espérance, qui est celle qu’au-delà des situations indivi-duelles que nous sommes ainsi appelés à transformer, un monde différent peut advenir. Un monde qui anticipe dès aujourd'hui, dans le moment où nous sommes, ici et maintenant, la venue du Royaume de Dieu. Si nous le voulons, si nous nous y engageons, si nous livrons sans jamais nous lasser les bons combats contre l'inacceptable. C'est une responsabilité personnelle pour chacun d'entre nous que de savoir voir les invisibles, aller à leur rencontre, nous adresser à eux les premiers, être présents près d'eux, les accompagner, nouer ce dialogue qui peut être silencieux, avant qu’il ne s'exprime. Être tout simplement une présence, cette présence qui atteste que nous avons une espérance. Une espérance pour eux.  C'est également une responsabilité pour notre église, parce que sa vocation de service pour les autres ne saurait être une vocation secondaire. Il n'y a pas d'un côté la Parole qui s'annonce, qui se prêche, qui s'enseigne, et de l'autre l'action pour son prochain, qui serait subsidiaire, en quelque sorte la petite sœur de la Parole. Non, il n'y a pas Marie d'un côté, il n'y a pas Marthe de l'autre. Il y a à la fois Marthe et Marie et nous devons, en église comme pour chacun d'entre nous, être à la fois et Marthe et Marie. Faire en sorte que la manière dont nos convictions chrétiennes se transforment en actions irradie littéralement toute notre vie et toute notre communauté.

Le CASP, le Centre d'action sociale protestant, a été précisément créé dans cette conviction voilà plus de 100 ans, en 1905, ici même à l'Oratoire, au moment de la séparation des Eglises et de l'Etat. Il a été créé comme la fédération des entraides des paroisses de de l'époque. Et il continue à être fidèle à ses origines oratoriennes, puisqu'il se réunit toujours en bureau là où il a été fondé il y a plus de 100 ans, au 4 rue de l'Oratoire. Et nous savons combien le CASP est soutenu en particulier par les paroissiens de l'Oratoire et par l’Entraide de l’Oratoire, comme par beaucoup d'Entraides à Paris et en région parisienne. Ce soutien moral et financier est essentiel pour le CASP ; mais il est une forme de soutien qui est encore plus précieuse parce qu'elle dit tout, qui est l'accueil, Salle Monod, des Tables du CASP. Certains, certaines d'entre vous y participent, soit en préparant le repas, soit en le servant, soit en vous associant à chacune des tablées qui réunissent des personnes accueillies dans différents centres du CASP et des paroissiens de l'Oratoire. Ces repas, qui existent aussi dans un peu plus de vingt paroisses de Paris et d'Ȋle-de-France, c'est précisément l'illustration d'une église qui se soucie des autres en étant de la manière la plus concrète qui soit à leurs côtés. Présente non pas pour convertir, mais pour attester, tout simplement, par son accueil sans conditions, de son espérance, du fait que personne n'est seul, personne n'est de côté, personne n'est en retrait.
Ces initiatives concrètes, il convient, plus que jamais aujourd'hui, de les multiplier, dans l'église à travers les entraides, mais aussi en sachant rejoindre les institutions protestantes qui luttent contre la précarité. Le CASP bien sûr, l'Armée du Salut, tant d'autres aussi. Il y a beaucoup de causes pour lesquelles s'engager plus que jamais aujourd'hui. Il y a beaucoup de belles institutions que l’on peut rejoindre. Mais n'oubliez pas que nos grandes associations protestantes, nos grandes fondations protestantes ont besoin de vous, plus que jamais. Pas simplement de vos dons. Oui, ils sont importants, ils sont essentiels : ils nous permettent de nous mettre en risque, ils nous permettent d'innover, ils nous permettent d'expérimenter, ils nous permettent d'aller plus loin que ce qu'autorisent les pouvoirs publics.
Mais ce qui est encore plus essentiel, c'est l'engagement bénévole de chacune et de chacun en leur sein. Nos grandes institutions ont besoin de vous, pas simplement parce que, malgré la richesse de notre pays qui recommence à s'accroître, la précarité augmente, et le paradoxe, est de plus en plus insoutenable. Mais plus encore parce que ces institutions protestantes, les grandes comme les plus petites, ont été créées précisément au nom d'une théologie de l'espérance, au nom de la bonne nouvelle de l'Évangile. Aujourd'hui plus que jamais, il importe que ces institutions soient toujours et encore vivifiées par l'engagement individuel et par l'engagement collectif de celles et de ceux qui ont entendu l’appel du Christ. Si ça n'est pas le cas, elles vont non pas s'étioler pour finir par disparaître, car malheureusement,  la précarité monte qui les fait au contraire sans cesse grandir au rebours de ce qu’elles voudraient, mais elles vont s'assécher, elles vont s’ossifier. Et « si le sel perd sa saveur », que reste-t-il ? Des institutions qui fonctionnent bien, qui sont très professionnelles, qui rendent de bons services. Mais il manque alors « cet accent qui fait reconnaître » Pierre comme disciple du Chris lors de la crucifixion de Jésus, cette lumière qui succède aux ténèbres et guide comme un phare à l’horizon, cette volonté d'attester par des actes que Christ est venu pour chacune et pour chacun.
La crise a fait que beaucoup de bénévoles âgés, malades n'ont pu poursuivre leurs missions. Aujourd'hui, nos institutions ont besoin de relève, que de nouveaux bénévoles se dressent à leur tour pour les aider. Les modalités et les possibilités sont absolument multiples, Saisissez-les !

James Woody, quand il était pasteur ici même, avait eu l'occasion de dire du CASP : voilà une association où il n'est pas nécessaire d'ouvrir la Bible pour entendre résonner l'Évangile. Il dépend de chacune et de chacun d'entre vous que ceci perdure et s'amplifie. Il y a là véritablement un enjeu essentiel.

Alors, chères sœurs, chers frères, entendez et répondez à l'exhortation de l'apôtre Pierre dans sa première épître : « Mettez-vous chacun selon les dons qu'il a reçus au service des autres comme de bons administrateurs de la grâce de Dieu, variée dans ses effets. »

Amen

Choeur : Cantique de Racine de Fauré

Chant d'Assemblée : Louange et Prière, Cantique n°308 « Confie à Dieu ta route », Strophes 1 à 3 [cliquer ici]

Annonces
Collecte
Orgue

Prière d’intercession

Notre Père :
Et ensemble, nous pouvons dire avec confiance :
Notre Père qui es aux cieux,
Que ton nom soit sanctifié,
Que ton règne vienne,
Que ta volonté soit faite
Sur la terre comme au ciel.
Donne-nous aujourd'hui
Notre pain de ce jour.
Pardonne-nous nos offenses,
Comme nous pardonnons aussi
À ceux qui nous ont offensés.
Ne nous laisse pas
Entrer en tentation,
Mais délivre-nous du mal,
Car c'est à toi qu'appartiennent
Le règne, la puissance et la gloire,
Pour les siècles des siècles.
Amen.

Exhortation et bénédiction :

Chant Spontané : « Que tout mon coeur soit dans mon chant »,  Ps 138
 
Jeu d'orgue

Paroles des cantiques du dimanche 19 septembre 2021

Psaume : Psautier Français n°24 « La terre au Seigneur appartient  », strophes 1 à 4.

Strophe 1
La terre au Seigneur appartient,
Dans l'univers son bras soutient
Tout ce qui foisonne et respire.
Sur les abîmes du néant
Il a posé les fondements
Et donné vie à son empire.

Strophe 2
Mais qui pourra dans ta cité,
Seigneur, devant ta sainteté,
Se lever pour te rendre grâce ?
C'est l'homme droit qui sans détour
Sert la vérité chaque jour
Et dont les mains restent sans tache.
Strophe 3
La main de Dieu le bénira,
L'esprit de Dieu l'affermira,
Dans sa justice et dans sa grâce,
Avec tous ceux dont le désir,
O Dieu d'amour, est de servir,
De chercher tous les jours ta face.

Strophe 4
Élevez-vous jusques aux cieux,
Portes de la cité de Dieu,
Laissez entrer le roi de gloire !
Quel est ce roi si glorieux ?
C'est le Messie, le Fils de Dieu ;
Il tient dans ses mains la victoire.

Cantique : Louange et Prière n°278 « La foi renverse devant nous », Strophes 1 à 3

Strophe 1
La foi renverse devant nous
Les plus fortes murailles.
La foi triomphe des verrous
Et gagne les batailles.
La foi nous ouvre les trésors
De la toute-puissance ;
Les plus faibles deviennent forts
Sous sa sainte influence.

Strophe 2
Que n’ont pas souffert les héros
Dont nous suivons la trace ?
Que de dangers, que de travaux,
Mais quelle sainte audace !
Jésus lui-même, notre Roi,
N’a-t-il pas sur la terre
Suivi le sentier de la foi
Jusque sur le Calvaire ?

Strophe 3
Que leur victoire et leurs combats
Enflamment notre zèle !
Croyons et courons sur leurs pas :
Notre chef nous appelle.
Quand on le suit, tout est bonheur
Et jamais les tempêtes,
Sans la volonté du Sauveur,
N’éclatent sur nos têtes.

Strophe 4
La foi, c’est l’arme du chrétien
Pour vaincre l’adversaire.
C’est la force qui le soutient
Pour gravir son calvaire.
La foi qui vit au fond du cœur
Et l’emplit d’espérance
Le rend, pour l’amour du Sauveur,
Joyeux dans la souffrance.

Cantique : Louange et Prière n°308 « Confie à Dieu ta route », Strophes 1 à 3

[Pour écouter, cliquer ici]

Strophe 1
Confie à Dieu ta route,
Dieu sait ce qu’il te faut ;
Jamais le moindre doute
Ne le prend en défaut.
Quand à travers l’espace
Il guide astres et vents,
Ne crois-tu pas qu’il trace
La route à ses enfants ?

Strophe 2
Tout chemin qu’on t’impose
Peut devenir le sien ;
Chaque jour il dispose
De quelque autre moyen.
Il vient, tout est lumière ;
Il dit, tout est bienfait ;
Nul ne met de barrière
À ce que sa main fait.
Strophe 3
Consens à lui remettre
Le poids de ton souci.
Il règne, il est le maître,
Maintenant et ici.
Captif, pendant tes veilles,
De vingt soins superflus,
Bientôt tu t’émerveilles
De voir qu’ils ne sont plus.

Strophe 5
Bénis, ô Dieu, nos routes,
Nous les suivrons heureux,
Car toi qui nous écoutes,
Tu les sais, tu les veux.
Chemins riants ou sombres,
J’y marche par la foi :
Même au travers des ombres,
Ils conduisent à toi.

Paroles des répons des cultes d'éducation biblique

Après la salutation
Ton nom, Seigneur (Psaume 8, str. 1)

Ton nom, Seigneur, est un nom magnifique,
Sans fin la terre en reprend le cantique ;
Elle répond de toute sa beauté
A la splendeur du ciel illuminé.
 
Après la volonté de Dieu
Revêts, Seigneur, de ta justice (Psaume 72, str. 1)

Revêts, Seigneur, de ta justice
Le Prince de la paix
Et parmi nous qu'il établisse
Son royaume à jamais.
En lui, les plus humbles du peuple
Trouvent un défenseur,
Délivrant les fils de la veuve
Et brisant l'oppresseur.
 
Après la prière de repentance
Tel que je suis (L&P n°630)

Tel que je suis bien vacillant
En proie au doute à chaque instant,
Lutte au dehors, crainte au dedans,
Agneau de Dieu, je viens, je viens !

Après l’annonce de la grâce
Frappez dans vos mains (Psaume 47, str. 1)

Frappez dans vos mains, Vous, tous les humains !
A cris redoublés, Peuples assemblés,
Exultez de joie Car voici le roi.
Redoutable et doux, Dieu veille sur vous ;
Son bras souverain, Sa puissante main,
Étend à jamais Son règne de paix.
 
Après la confession de foi
Hosanna, hosanna ! (L.P. n°115)

Hosanna, hosanna !
Chantons d'un cœur fidèle
Le plus grand des amours
Et la joie éternelle !
Jésus le crucifié,
Le roi plein de douceur,
Dans son humilité
Devient notre Seigneur.

Après la bénédiction
Que tout mon cœur (Psaume 138, str.1)

Que tout mon cœur soit dans mon chant,
Qu'il soit brûlant de tes louanges !
Je te rends grâce en ta maison,
Je loue ton nom devant les anges.
Tu es venu pour exalter
La renommée de ta parole.
J'adore ta fidélité 
Et ta bonté qui me console.

Lecture de la Bible

Évangile de Jean, chapitre 5, versets 2 à 9

02 Or, à Jérusalem, près de la porte des Brebis, il existe une piscine qu’on appelle en hébreu Bethzatha. Elle a cinq colonnades,

03 sous lesquelles étaient couchés une foule de malades, aveugles, boiteux et impotents.

05 Il y avait là un homme qui était malade depuis trente-huit ans.

06 Jésus, le voyant couché là, et apprenant qu’il était dans cet état depuis longtemps, lui dit : « Veux-tu être guéri ? »

07 Le malade lui répondit : « Seigneur, je n’ai personne pour me plonger dans la piscine au moment où l’eau bouillonne ; et pendant que j’y vais, un autre descend avant moi. »

08 Jésus lui dit : « Lève-toi, prends ton brancard, et marche. »

09 Et aussitôt l’homme fut guéri. Il prit son brancard : il marchait ! Or, ce jour-là était un jour de sabbat.


Vidéo du culte entier

Audio

Écouter la prédication (Télécharger au format MP3)

Écouter le culte entier (Télécharger au format MP3)