Le vrai pain du ciel est aussi un parfum

Jean 6:24-35

Culte du 5 août 2018
Prédication de Werner Burki

Vidéo de la partie centrale du culte

Lorsqu’il y a plus de 10 ans, j’ai achevé mon ministère de berger, c’est à dire de pasteur au milieu de vous, j’ai éprouvé de la tristesse mêlée à la joie de retrouver ma bonne ville de Marseille.

Certains d’entre vous ayant des attaches dans le Midi m’ont rendu visite et alors que je m’inquiétais de la vie à l’Oratoire après mon départ, la réponse m’a été donnée : mais, on survit très bien !
Voici pour l’ego … en effet, les bergers, les pasteurs, passent, se renouvellent, renouvellent la communauté et les fidèles, eux, demeurent.

Mais le temps s’étire et les fidèles aussi poursuivent leur parcours de foi et de vie avec des joies et des peines souvent indicibles faisant partie intégrante de l’itinéraire de vie personnel qui est l’apanage de tout humain …

L’Eglise est une institution, avec ses règles et ses dirigeants qui la conduisent avec dévouement et humilité, cependant, le véritable auteur de sa vitalité, de son dynamisme, de sa consolation, de sa direction, c’est le Saint-Esprit.

Voyons, chers Amis, comment l’évangile de Jean, dans le texte que nous avons lu, peut nous aider à nous réajuster, à apprendre la nécessité de faire la distinction entre les faits contingents de la vie et ceux qui sont essentiels.

Jean nous conduit dans une intrigue mettant en scène Christ, les disciples, la foule et les conducteurs de barques navigant sur la mer … Or, l’intrigue n’est ni dans le fait raconté, ni dans le lecteur, elle est leur œuvre commune. Lecteurs aujourd’hui de l’Ecriture Sainte, guidés par l'Esprit, nous pouvons saisir quelle est la fonction de Jésus-Christ, quel est son rôle dans l’Eglise. Cette fonction de celui qui est au ciel comme notre avocat auprès du Père, intercédant pour nous et cette fonction est accomplie par le Saint-Esprit qui est pour les croyants le révélateur de Jésus et l’actualisation de sa présence … Voilà pourquoi l’attestation de Jésus se présentant comme le PAIN DE VIE, peut nous toucher, nous appeler, nous guérir. Et voilà ce qui peut nous intéresser maintenant: un récit qui fait appel a des sous-entendus d’événements très anciens du passé des Hébreux et d’autres survenus la veille, événements dont la portée est une invitation à l’appropriation. L’appropriation est une forme d’oeuvre, ou de démarche si vous préférez, une oeuvre de foi qui vient me dire où j’en suis de ma vie aujourd’hui.

Je propose d’aborder l’intrigue en donnant quelques précisions :

Le verbe « chercher « tout d’abord : - chercher, c’est s’efforcer de découvrir quelqu’un et c’est bien ce que va faire la foule immense. Mais il y a une autre manière de chercher il s’agit d’essayer de découvrir par un effort de la pensée. - c’est bien cette manière de chercher par effort de la pensée ; - c’est vers cette forme de recherche que Jésus veut orienter ceux qui le cherchent …

Revenons au contexte de cette journée particulière suivie d’une nuit autant étonnante … D’abord un

rassemblement inouï d’une foule dans un lieu isolé. Puis la faim qui taraude. Rien à manger. Enfin, une aubaine : - quelqu’un a 5 pains et deux petits poissons! De ce peu on va avoir de quoi nourrir tout le monde et en plus, il y aura des restes … Que l’on crie au miracle ou que l’on prenne le récit dans un sens métaphorique, l’action reste étonnamment discrète voir invisible. Le fait est que la foule entière a été rassasiée. Point.

Et puis la nuit survient. Les disciples s’en vont en barque. La foule se disperse et Jésus s’isole comme à son habitude.

Le lendemain, la foule le cherche. Elle a vu partir les disciples mais pas lui. Elle ignore une partie de l’événement nocturne. Il s’agit de l’épisode fameux où Jésus a rejoint la barque des disciples dans une mer agitée en marchant sur l’eau … Que l’on croie le fait tel quel ou qu’on le reçoive, lui aussi, de manière métaphorique, le résultat est le même. Quand Jésus entre dans la barque barrée par les disciples, elle touche immédiatement terre. Voilà une précision essentielle, un signe évocateur !

Quand Jésus nous rejoint dans notre barque, c’est à dire notre quotidien, il permet immédiatement que nous rejoignons la terre où nous avons à vivre nos jours; que ces derniers soient glorieux ou sombres. La présence du Christ, ne conduit pas à l’évasion dans les éthers qui nous feraient quitter le monde, mais elle conduit à toucher terre …

La foule est ignorante de la nuit sur le lac et de la marche sur l’eau mais elle est intriguée du fait qu’elle n’ait pas vu partir Jésus. La foule alors fait elle aussi la traversée en barque pour tenter de le rejoindre et de manière un peu familière, elle fait cette demande à Jésus : Rabbi, c’est à dire Maître, quand es-tu venu ici ?

Elle manifeste ainsi une curiosité, mais aussi un regret de ne pas avoir pu poursuivre le bien-être de la veille sans avoir à se mettre à sa recherche.

Jésus va recadrer ses interlocuteurs. Il ne s’étonne pas d’être cherché, mais il en conteste les motifs … Et, dans sa réponse, il emploie une solennité qui a pour but de se dévoiler à tous.

Amen, Amen. En vérité, en vérité. Vous me chercher non parce que vous avez vu des miracles, des guérisons, des signes, mais parce que vous avez mangé des pains et parce que vous avez été rassasiés.

Et me rechercher dit-il, c’est travailler. Travailler à rechercher une autre nourriture. Une nourriture qui n’est pas éphémère, contingente, mais une nourriture qui s’inscrit dans la durée, dans l’éternité divine … Chercher Jésus, c’est travailler à recevoir ce que Dieu nous donne en lui.

Et c’est là que Jésus se dévoile en sa qualité de Fils de l’Homme, il atteste être marqué par Dieu qui l’a revêtu de son sceau. Le sceau, c’est la consécration. Une consécration à laquelle le chrétien participe quand Dieu lui donne l’Esprit. Dans la deuxième épitre aux Corinthiens (1 v. 21/22) Paul définit le rôle du sceau : je cite : Celui qui nous affermit avec vous en Christ et qui nous a donné l’onction, c’est Dieu. Il nous a aussi marqué de son sceau et a mis dans nos coeurs les arrhes de l’Esprit.

Bon soit ; la foule a saisi une partie du message ! la foule est dans de bonnes dispositions, elle s’enquiert de savoir comment travailler pour les oeuvres de Dieu.

Et voilà que le travail de recherche pour accomplir les oeuvres de Dieu se simplifie de manière époustouflante.

CROYEZ EN CELUI QUE DIEU A ENVOYE.

Nous avons là un renversement total des manières de penser. Un revirement qui nous fait redescendre de nos escalades religieuses et nous place sur la première marche permettant de gravir l’escalier de l’évangile …

Pourtant alors émerge de la foule des intervenants qui ont la connaissance du peuple de la Bible et de son histoire. Des miracles, disent-ils, nous en avons connu puisque nos pères ont mangé la manne qui était tombée du ciel pour les nourrir.

La réponse de Jésus est catégorique. Le vrai pain du ciel, c’est sa personne, sa personne que son Père donne pour la vie du monde. Universalité de ce don. Un don divin :

POUR LA VIE DU MONDE !

Nous passons d’un fait de l’histoire des humains aux prises avec Dieu avec le Don de Dieu lui-même, porteur de vie éternelle.

La réponse des interlocuteurs de Jésus est sublime et magnifique, encore faut-il qu’elle soit en continuité de recherche dans la foi. Cette réponse peut être la nôtre, aujourd’hui : Seigneur, donne-nous toujours ce pain-là.

SEIGNEUR, DONNE-NOUS TOUJOURS CE PAIN-LA !

Cette demande, le Christ l’a prend au mot. Lui, Fils de l’Homme marqué du sceau de Dieu nous confère, dans la foi, une marque identique liée à sa vie de ressuscité. Le baptême dans l’Esprit en est sans doute le signe le plus mystérieux.

Par son incarnation le Christ de Dieu est dans la barque de nos existences pour nous faire toucher terre et ainsi, parfois, faire de nous des humains en vérité.

Que par le monde, d’autres croyances conduisent des femmes et des hommes à être de meilleurs humains, nous n’avons pas à le contester et des agnostiques ou des athées peuvent nous donner des leçons d’humanité … Cela aussi est un mystère.

En revanche, ceux qui reconnaissent en Christ, le sceau divin comprennent qu’en lui, se manifeste ce que Jean appelle: l’oeuvre de Dieu. L’incarnation le présente dans l’excellence de son humanité et le sublime de sa divinité. J’aime beaucoup l’image que donnait notre Professeur André Gounelle en prenant l’exemple d’une carte à jouer avec ses deux faces si finement unies.

Le signe le plus éclatant est le travail qui nous est demandé de contribuer à l’oeuvre de Dieu. Recevoir le don de la grâce dont le Christ Jésus est la condition.

Et, c’est par le psaume 45/9 que je voudrais conclure en évoquant le pain de vie, le pain véritable que nous communique le Seigneur par sa Personne, don ineffable pour lequel nous rendons grâce à Dieu.

La myrrhe, l’aloès et la casse parfument tous tes vêtements, hors des palais d’ivoire …

Ce psaume est à mes yeux une vision prophétique de Christ se dépouillant de la gloire du ciel pour apporter le salut à une humanité abandonnée à elle-même. Son oeuvre terminée, il est remonté au ciel pour un temps, mais il a laissé après lui le parfum de ses vêtements: la myrrhe, qui symbolise le beauté de son caractère, l’aloès, l’amertume de sa vie terrestre, et la casse, sa puissance de guérison.

Quand Jésus, avec solennité, proclame qu’il est lui, dans sa personne, le pain de vie, et que l’œuvre première qu’il nous propose est de vivre de sa vie, conduit par le Saint-Esprit, nous sommes tentés de répondre oui. C’est alors que peut-être, par adhésion à sa personne, nous serons revêtus individuellement et ensemble, d’un peu du parfum de son vêtement. Un parfum qui vient de la terre où l’on vit dans une relation indicible mais véritable. Le parfum de la myrrhe provenant du balsamier, pour la beauté du caractère, celui de l’aloès car il y a aussi de l’amertume dans notre vie terrestre et peut-être, en priorité, celui de la casse, le fruit du cassier symbolisant sa puissance de guérison.

A son Nom la gloire.

Amen

Lecture de la Bible

Jean 6/24-35

24 Quand les gens de la foule virent que ni Jésus, ni ses disciples n'étaient là, ils montèrent eux-mêmes dans ces barques et allèrent à Capernaüm, à la recherche de Jésus.
25 Ils le trouvèrent de l'autre côté de la mer et lui dirent : Rabbi, quand es-tu venu ici ?
26 Jésus répondit : En vérité, en vérité, je vous le dis, vous me cherchez, non parce que vous avez vu des miracles, mais parce que vous avez mangé des pains et que vous avez été rassasiés.
27 Travaillez, non en vue de la nourriture qui périt mais en vue de la nourriture qui subsiste pour la vie éternelle, celle que le Fils de l'homme vous donnera ; car c'est lui que le Père — Dieu — a marqué de son sceau.
28 Ils lui dirent : Que ferons-nous afin de travailler pour les œuvres de Dieu ?
29 Jésus leur répondit : Ce qui est l'œuvre de Dieu, c'est que vous croyiez en celui qu'il a envoyé.
30 Quel miracle fais-tu donc, lui dirent-ils, afin que nous le voyions et que nous te croyions ? Quelle œuvre fais-tu ?
31 Nos pères ont mangé la manne dans le désert, selon ce qui est écrit : Il leur donna à manger le pain venu du ciel.

32 Jésus leur dit : En vérité, en vérité, je vous le dis, ce n'est pas Moïse qui vous a donné le pain venu du ciel, mais mon Père vous donne le vrai pain venu du ciel ;
33 car le pain de Dieu, c'est celui qui descend du ciel et qui donne la vie au monde.

34 Ils lui dirent : Seigneur, donne-nous toujours ce pain-là.

35 Jésus leur dit : Moi, je suis le pain de vie. Celui qui vient à moi n'aura jamais faim, et celui qui croit en moi n'aura jamais soif.

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