Divin, trop divin

Jean 3:1-13

Culte du 30 janvier 2022
Prédication de Béatrice Cléro-Mazire

Vidéo de la partie centrale du culte

Culte à l'Oratoire du Louvre

Dimanche 30 janvier 2022
« Divin, trop divin »

Culte présidé par la Pasteure Béatrice Cléro-Mazire
avec la Pasteure Agnès Adeline-Schaeffer pour la Cène

Musique : Aurélien Peter, organiste suppléant

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Orgue

Annonce de la grâce
La grâce et la paix nous sont données de la part de Dieu notre Père en son Fils Jésus notre frère.

Invocation
Père, nous sommes rassemblés ce matin dans cette église, permets que nous soyons aussi une communauté de prière et de joie autour de l’enfant qui va recevoir le signe de ta grâce. Que chacun ici soit compté au nombre des témoins de ton amour pour ce monde, et que notre foi fasse grandir notre amour du prochain. Envoie ton Esprit Saint sur nous Seigneur.

Réunissons-nous dans la communion fraternelle avec le 1er chant spontané.

Chant spontané : Bénissons Dieu le seul Seigneur [cliquer ici].

Louange
Psaume 103
De David.
Je veux remercier le SEIGNEUR,
je veux remercier le Dieu saint de tout mon cœur !
Oui, je veux dire merci au SEIGNEUR,
sans oublier un seul de ses bienfaits.
C'est lui qui pardonne toutes mes fautes
et guérit toutes mes maladies.
Il arrache ma vie à la tombe,
il me couvre d'amour et de tendresse.
Il remplit de bienfaits mes vieux jours.
Il me donne une nouvelle jeunesse,
et j'ai la force de l'aigle qui s'envole.
Le SEIGNEUR rend des jugements justes,
il fait justice aux gens sans défense.
Il a découvert ses projets à Moïse
et ses grandes actions au peuple d'Israël.
Le SEIGNEUR est rempli de tendresse et de pitié,
il est patient et plein d'amour.
Il ne fait pas sans arrêt de reproches,
sa colère ne dure pas toujours.
Il ne tient pas compte de nos péchés,
il ne nous punit pas comme nous le méritons.
Son amour pour ceux qui le respectent est immense,
immense comme le ciel au-dessus de la terre.
Comme le soleil levant est loin du soleil couchant,
il met nos fautes très loin de nous.
Comme un père aime ses enfants,
le SEIGNEUR aime avec tendresse ceux qui le respectent.
Il sait bien de quoi nous sommes faits,
il se souvient que c'est d'un peu de poussière.
La vie humaine est comme l'herbe,
elle ressemble à la fleur des champs.
Elle commence à fleurir,
puis, sous le souffle du vent, elle disparaît,
on ne sait même plus où elle était.
Mais l'amour du SEIGNEUR dure depuis toujours
et durera toujours pour ceux qui le respectent.
Il reste sans cesse fidèle pour les enfants de leurs enfants,
pour ceux qui gardent son alliance
et pensent à faire ce qu'il commande.
Le SEIGNEUR a son siège dans le ciel,
son pouvoir royal s'étend sur le monde entier.
Remerciez le SEIGNEUR, vous, ses anges puissants !
Vous accomplissez ses ordres,
et vous obéissez dès que vous entendez sa voix.
Remerciez le SEIGNEUR,
vous, l'armée de ses serviteurs, qui faites ce qu'il désire.
Vous tous qu'il a créés, remerciez le SEIGNEUR,
partout où il est roi !
Et moi, à mon tour,
je dirai merci au SEIGNEUR.

Chantons notre louange.

Cantique de Louange : « Oh ! Que c'est chose belle », strophes 1 à 4 [cliquer ici]

Volonté de Dieu
Il appela un enfant, le plaça au milieu d'eux et dit : Amen, je vous le dis, si vous ne vous convertissez pas pour devenir comme les enfants, vous n'entrerez jamais dans le royaume des cieux. C'est pourquoi quiconque se rendra humble comme cet enfant sera le plus grand dans le royaume des cieux. Et quiconque accueille en mon nom un enfant comme celui-ci m'accueille moi-même.

Chant spontané : Parle, parle Seigneur [cliquer ici].

Repentance
Seigneur, nous te présentons nos manquements, nos colères et nos jugements,. Nous te présentons nos manques de foi en toi et en nos frères les hommes.
Seigneur, nous te présentons nos incompréhensions, nos incapacités à aimer,
Car tu es le sauveur de tout homme qui se tourne vers toi, tu es lumière dans les Ténèbres, tu te fais frère pour nous, présence humaine auprès de nous pour témoigner de ta grâce.
Seigneur, convertie nous à ta grâce. AMEN

Chant spontané : J’aime mon Dieu car il entend ma voix [cliquer ici].

Annonce du pardon
« Quand les montagnes s’effondreraient, dit Dieu, quand les collines chancelleraient, ma bonté pour toi ne faiblira pas, et mon alliance de paix ne sera pas ébranlée, je t’aime d’un amour éternel et je te garde ma miséricorde ».

Chant spontané : Combien grande est ta gloire [cliquer ici].

Liturgie du baptême

Accueil de la famille du baptisé.

Isabelle et Wladimir vous avez demandé que votre enfant reçoive le baptême. Avec les parrains et marraine, veuillez vous approcher. L’Eglise, aujourd’hui accueille votre désir avec joie et affirme sa foi avec les mots de votre foi.

Confession de foi des parents du baptisé

Je crois en Dieu, Souffle absolu, créateur de toutes choses.
Je crois en Dieu source de Vie.
Je crois en un Dieu tout puissant à l’origine de toute humanité.

Je crois en Jésus, son prophète, en qui l’homme et Dieu sont à jamais
réunis et inséparables.
Il est un exemple pour nous.
Dans l’adversité et la souffrance, il nous libère en nous rappelant l'humilité face à notre incompréhension.
Vivant par son Esprit, Il nous anime, nous bouscule et nous guide sur le chemin de la tolérance, de la dignité, de l'Amour et de la Paix, pour l'éternité.

Je crois en l’Église universelle connue de Dieu seul qui existe
par-delà les institutions et les frontières religieuses.
Je crois en cette Communauté de femmes et d’hommes en action, venus de tous horizons, qui œuvre chaque jour pour un monde meilleur.

Chant spontané : Grand Dieu nous te bénissons [cliquer ici]

Institution du baptême
Voici la volonté de Jésus-Christ pour son Eglise :
« Toute autorité m’a été donnée dans le ciel et sur la terre.
Allez de toutes les nations faites des disciples.
Baptisez-les au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit et apprenez-leur à garder tout ce que je vous ai enseigné.
Je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde ».

Instruction

Votre enfant va être baptisé au nom du Père qui lui donne le souffle de vie.
Il va être baptisé au nom du Fils.
Jésus-Christ, mort et ressuscité pour lui l’appelle à son service.
Il va être baptisé au nom du Saint-Esprit qui fera naître en lui la foi, l’espérance et l’amour.

L’eau qui est ici est de l’eau ordinaire, qui aurait pu servir à donner à boire à un ami, à laver les mains d’un enfant, à faire pousser une plante, mais avec la Parole de Dieu, cette eau devient l’eau du sacrement du baptême, eau d’une nouvelle naissance avec Dieu.

Chaque jour notre baptême nous rappelle que nous dépendons de Dieu seul et qu’ensemble nous vivons de son amour.
Nous croyons que cela est vrai pour nos enfants, même s’ils ne le savent pas encore. En effet, « nous aimons Dieu parce qu’il nous a aimés le premier ».

Baptême
J’invite l’assemblée à se lever pour être témoin de ce baptême.

Dieu nous l’a promis : nous sommes à lui, il nous connaît chacun par notre nom.
Sophie et Raphaël quel prénom avez-vous choisi pour votre enfant ?           Théodore
Théodore Je te baptise au nom du père, du fils et du saint-esprit.

Imposition des mains
Pour toi aussi cette parole est vrai : « Dieu a tellement aimé le monde qu’Il a donné son Fils unique afin que quiconque croit en lui ait la vie éternelle ».

Engagements

Exhortation à l’assemblée

Frères et sœurs, voici Théodore.
Par ce baptême, nous attestons qu’il est enfant de Dieu.
Il est ici chez lui, vous êtes sa famille spirituelle.
Vous lui accorderez, ainsi qu’à sa famille, le soutien de votre prière.
Aucune contrainte ne le retiendra dans la communauté chrétienne mais s’il venait à s’en séparer, vous affirmerez qu’il peut toujours y retrouver sa place. Vous serez ainsi pour lui, des témoins de l’amour de Dieu.
Ce sera notre joie qu’il confesse un jour que Jésus-Christ est le Seigneur.

Prière d’action de grâce
Père, nous te disons notre joie et notre reconnaissance pour Théodore qui vient de recevoir le signe de ta grâce. Nous te prions pour lui et pour sa famille. Nous te remercions pour notre propre baptême et pour la fidélité de ton amour. AMEN

Cantique : Louange et Prière n°204 « Seigneur, dirige et sanctifie », Strophes 1 et 2 [cliquer ici]

Lecture du passage de la Bible médité.

(Jean 3, 1-13)

Il y avait parmi les pharisiens un homme nommé Nicodème qui était chef des juifs. Celui-ci vint vers Jésus de nuit et lui dit : « Rabbi, nous savons que tu es venu de Dieu, Maître. En effet, personne ne peut faire les signes que tu fais si Dieu n’est pas avec lui ». Jésus répondit et lui dit : « Amen, Amen, je te le dis, si quelqu’un ne naît pas de nouveau, il ne peut voir le règne de Dieu ». Nicodème lui dit : « Comment un homme peut-il naître en étant vieux ? Peut-il entrer une deuxième fois dans le ventre de sa mère et naître ? » Jésus répondit : « Amen, Amen, je te le dis, si quelqu’un ne naît pas d’eau et de souffle, il ne peut pas entrer dans le royaume de Dieu. Ce qui est né de la chair est chair, et ce qui est né du souffle est souffle. Ne t’étonne pas si je t’ai dit qu’il faut que vous naissiez de nouveau. Le souffle souffle là où il veut, et tu entends sa voix mais tu ne sais pas d’où il vient et où il va. Ainsi en est-il de chacun de ceux qui sont nés du souffle. » Nicodème lui répondit en disant : « comment ces choses peuvent elles advenir ? » Jésus lui dit : « Toi tu es le maître d’Israël et tu ne connais pas ces choses ? Amen, Amen, je te le dis, nous disons ce que nous savons et nous témoignons de ce que nous avons vu et vous ne recevez pas notre témoignage. Si vous n’avez pas foi dans les choses terrestres que je vous ai dites, comment aurez-vous foi si je vous parle des choses célestes. Et personne n’est monté vers le ciel sinon celui qui est descendu du ciel : le Fils de l’homme ».

Psaume : Psautier Français n°107 « Louez Dieu pour sa grâce », strophes 1 & 4 [cliquer ici]

Prière d'illumination

Jeu d’orgue

Prédication : Divin, trop divin

     Comme Nicodème était venu discuter du baptême et de « la nouvelle naissance » avec Jésus, c’est aussi un juif, professeur de Sciences Poli-tiques, spécialiste des conflits religieux : Richard E. Rubenstein qui vient un jour discuter avec un prêtre chrétien sur son projet de livre : Le jour où Jésus devint Dieu, sur la divinité de Jésus. Il dit : « Une des raisons pour laquelle la querelle de l’arianisme m’intéresse, ajoutai-je, c’est qu’avant sa conclusion, les Juifs et les Chrétiens pouvaient encore se parler et discuter entre eux de problèmes cruciaux comme la divinité de Jésus, la signification du salut, les principes élémentaires de la morale, etc., enfin, presque tout. Ils étaient violemment en désaccord sur bien des choses, mais il y avait encore entre eux une certaine familiarité. Ils participaient au même univers moral. Quand la controverse a pris fin, quand Jésus est devenu Dieu, cette familiarité s’est dissipée. Pour les chrétiens, le dogme de la Trinité définissait désormais la divinité de Dieu. Toute hérésie devenait un crime. Les Juifs étaient infidèles, et ceux d’entre eux qui vivaient dans des pays chrétiens cessèrent de considérer la personnalité de Jésus et son message comme un thème de réflexion. » [Richard E. Rubenstein, Le jour où Jésus devint Dieu. éd. La découverte 2004. p. 15].

     Comme je le disais, Richard E. Rubenstein est juif et a eu à souffrir dans son enfance de l’antisémitisme chrétien, et il se pose la question de la racine des violences au nom du religieux. La querelle pour savoir de quelle nature était Jésus est sans doute le conflit religieux le plus important et le plus violent avant celui de la Réforme Protestante. Au début du 4ème siècle, cette controverse sur la nature divine de Jésus ne fut pas seulement livresque, mais elle fit nombre de victimes en vue d’éradiquer la doctrine d’un certain Arius, prêtre de son état, et qui avait eu l’inconscience de soutenir contre les autorités ecclésiastiques en place que Jésus était certes une personne de rang élevé devant Dieu, mais qu’il lui était subordonné comme tout être humain l’est par rapport à son créateur.

     Quelle importance me direz-vous ? Et pourquoi ne pas considérer les deux options possibles selon la foi des fidèles ? C’est que l’enjeu d’un tel dogme n’est pas seulement religieux, mais qu’il est aussi politique et qu’il en allait de l’unité de l’empire de Constantin autant que du pouvoir de l’Église chrétienne sur l’âme de ses sujets. On retrouve alors, autour de cette querelle pour savoir si Jésus est le plus saint des hommes ou Dieu descendu sur terre, le florilège des émeutes populaires, des lynchages en place publique et des tentatives d’assassinat que des siècles plus tard on retrouvera autour de la question de la Réforme protestante.

     Un dogme vaut-il la vie d’un homme ?
     La question, posée aujourd’hui dans les rangs de cette église, semblerait tout à fait déplacée, sans doute, mais il n’en reste pas moins que les affirmations théologiques continuent, aujourd’hui encore, de servir les intérêts identitaires de nombre d’hommes et de femmes de pouvoir qui voient dans le christianisme une aubaine pour discriminer et trier les citoyens en acceptables ou inacceptables dans notre pays et entretenir les haines et les violences qu’on aimerait croire éteintes, mais qui resurgissent sans cesse au gré des sursauts de l’histoire.

     Au milieu de ce paysage d’instrumentalisation du religieux à des fins de pouvoir, le protestantisme libéral apparaît facilement, si l’on y regarde trop vite, comme une position d’abstention, qui admettrait toutes les opinions religieuses comme des options possibles, sans jamais défendre aucune doctrine.

     Mais ne nous y trompons pas et ne laissons pas une telle erreur proliférer sans y répondre. La pensée libérale en théologie ne revient pas à dire que si tout est discutable, tout se vaut.

     Non, tout ne se vaut pas. Simplement, le cœur de la fidélité n’est pas placé au même endroit selon qu’on se situe dans une pensée théologique libérale ou dogmatique. Pour la pensée libérale, l’essentiel est, comme le dit Richard E. Rubenstein, de pouvoir garder ouverte la question que l’humanité ne peut pas trancher par un savoir, et comme le fait la théologie juive, de continuer la discussion et le dialogue sans jamais les fermer. Et c’est le cas de toutes les questions qui touchent au divin, puisque personne n’a jamais vu Dieu.

     Que Jésus soit divin ou humain reste une question parce que tous les croyants ne considèrent pas Jésus de la même façon selon la lecture qu’ils font des Écritures; une question passionnante, à condition qu’on ne soit pas mis en demeure d’y répondre définitivement. Jésus fut un homme, c’est une chose certaine, mais la part de divin en lui peut toujours se discuter : qu’entendons-nous par divin ?

     Ainsi, se tenir sur la ligne de crête en refusant d’adhérer à une doctrine plutôt qu’à une autre, ne revient pas à s’abstenir de toute réflexion, ni à manquer de courage intellectuel, mais relève d'un véritable exercice d’équilibriste entre ce que l’on croit et ce que l’on peut raisonnablement penser d’une question.

     La facilité serait de trancher la question (et les têtes) pour évincer les contradictions et les contradicteurs. L’exigence théologique, elle, requiert, de la part de ceux qui s’y soumettent, de tenir ensemble la raison et la foi. Mais ce qui est de l’ordre de la foi ne peut pas s’imposer aux autres.

      Alors faut-il renoncer à défendre ses positions quand on est protestant libéral ? Sûrement pas. Mais ces positions ne valent que si elles rendent compte de la complexité des questions qui les ont suscitées. La notion de Fils de Dieu n’est pas née avec le christianisme, et cette filiation peut être interrogée de diverses manières. Jésus est-il par nature le Fils de Dieu le Père ? L’est-il par l’esprit d’adoption qui le relie au Père ? L’est-il par sa foi seule ? Mais si un pouvoir déclare que tous nous devons croire de la même manière et exclut les autres possibilités, là commence la violence.

     Quand l’Évangile de Jean raconte un entretien entre Jésus et Nicodème, il rend compte d’une querelle très violente entre les pharisiens et les disciples du Christ. Et cette violence se ressent même dans la provocation de Jésus à l’égard de Nicodème : « Toi tu es le maître d’Israël et tu ne connais pas ces choses ? ». Ce récit rend compte, non pas d’un dogme, mais d’une tentation toute humaine de défendre sa foi comme la seule valable. En l’occurrence, Jésus croit en l’histoire du salut telle qu’on lui a transmise par les prophètes et pourtant ce sont les mêmes prophètes que connaissent les pharisiens. Des prophètes à qui Dieu a donné son souffle ; comme le prophète Élie qui, après avoir exterminé 450 prophètes de Baal avec une violence incroyable, entend la voix de Dieu dans un souffle ténu.

     Cet Esprit, ce souffle (πνεῦμα, pneuma en grec) dont on entend la voix, mais dont on ne sait ni d’où il vient ni où il va, n’est pas tant une des trois personnes du dogme de la trinité, que l’intervention divine au cœur de la vie des hommes et dont seuls ceux qui l’entendent peuvent rendre compte. Et peu importe si nous ne déclarons pas définitivement que Jésus est Dieu ou qu’il est homme et si nous ne savons pas comment distinguer ces deux natures ; dans cette discussion, il est celui qui croit que, à la suite d’Élie et de Moïse, il doit apporter une parole de salut à ses contemporains et que sur la violence il y a une voix ténue qui peut inspirer les hommes.

     Les Évangiles ont façonné un Christ à partir d’un homme. Mais qu’en est-il de la foi de cet homme nommé Jésus ? N’était-il pas lui aussi sur cette ligne de crête où chaque parole, chaque action risquait de le faire tomber dans la violence ordinaire des doctrinaires ? Quel dialogue avait-il dans l’intimité de sa foi avec celui qu’il reconnaissait comme son Père ? N’était-ce pas pour lui aussi davantage une discussion ouverte, plutôt qu’une affirmation définitive ?

     Jésus, le croyant, a fait de nous des frères parce qu’il a vécu sa foi devant Dieu comme s’il était son Fils. Bien sûr, il ne disait pas de lui-même qu’il était Fils de Dieu au sens d’une nature divine, mais sa foi, inscrite dans la foi de ses ancêtres et de tout un peuple avant lui, utilisait cette image du père qui aime ses enfants, de la mère qui couve ses petits, et cet amour-là est sans doute ce qui guida ses pas plus sûrement que toutes les doctrines aux-quelles on voulait qu’il adhère. Ce que nous dit l’Évangile de Jean, derrière tous les règlements de compte que cet Évangile contient, c’est que la foi nous fait devenir enfants de Dieu et que c’est une nouvelle naissance parce que les conditions de notre existence même dépendent de la foi que nous mettons en ce divin, infiniment plus grand que nous et qui nous appelle à être hors des doctrines qui limitent nos actes et oblitèrent nos espérances.

     « Personne ne peut faire les signes que tu fais si Dieu n’est pas avec lui » dit Nicodème à Jésus. Avec Jésus, nous pouvons oser annoncer le salut à notre monde, c’est-à-dire aimer notre prochain comme lui a essayé de le faire. Annoncer la justice comme lui l’a fait, même au péril de sa vie. Soigner et mettre tout en œuvre pour la guérison de ce qui défigure nos corps ou de ce qui fait souffrir le psychisme. Inventer des sociétés où la misère recule et ou celui qui devient pauvre est aidé et remis en route. Annoncer la grâce sur une humanité imparfaite qui n’a que faire de la perfection divine puisqu’elle est inaccessible, mais qui veut croire que le salut est promis dans toutes nos failles par la figure d’un homme qui a vécu sa foi comme une éthique de vie.

     Voilà ce que l’humanité de Jésus a partagé avec nous. Voilà ce que la part de divin qui était en lui, lui a inspiré. Voilà la part de divin qu’il a insufflé dans nos finitudes. Alors, quand nous baptisons au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit un petit garçon qui s’appelle Théodore,  Θεόδωρος, « cadeau de Dieu », ce n’est pas au nom d’un dogme de la sainte Trinité qu’il faudrait défendre contre l’humanité même, que nous le baptisons, mais au nom d’un homme à la suite duquel des hommes et des femmes ont cru que Dieu les aimait au-delà des dogmes. L’homme Jésus ne peut devenir le Christ pour nous, le Sauveur, que s’il nous apprend à dépasser la violence en reprenant sans cesse la discussion à laquelle l’intelligence nous oblige. L’homme Jésus est prophète dans tous les monothéismes et même si certains se sont entretués pour défendre sa divinité, je dirais avec Richard E. Rubenstein que : « D’une certaine façon, je crois que la figure de Jésus jouera un rôle important dans ce dépassement (de la violence). Je pense que sa vie nous enseigne ce que cela signifie vraiment que d’être membres d’une même humanité ».

Richard E. Rubenstein, [Le jour où Jésus devint Dieu. éd. La découverte, 2004. p. 16].

AMEN

Jeu d’orgue

Cantique : Louange et Prière n°297 « O Dieu des grâces éternelles ! », Strophes 1, 2, 4 [cliquer ici]

Annonces
Collecte

Liturgie de la Cène

Préface
« Un jour au milieu de nous
Il y eut un homme, un homme comme nous qui vécut et mourut comme nous ;
Un homme qui éprouva la peur, la colère, la confiance et la joie, comme nous.
Cet homme est le langage par lequel toi notre Dieu tu as adressé au monde la bonne nouvelle de ton amour inconditionnel.
Cet homme est un signe de ta grâce pour nous aujourd’hui et pour ce don que tu nous fais, nos te disons merci et nous chantons ta gloire.

Répons

Rappel de l’institution
Le soir venu, Jésus se mit à table avec les douze. Pendant le repas, il prit du pain et après avoir rendu grâces, il le rompit et le leur donna en disant : « prenez, mangez, ceci est mon corps. »
Ayant aussi pris la coupe et rendu grâces, il la leur donna en disant :
« Buvez-en tous, car ceci est mon sang, le sang de l’alliance qui est répandu pour la multitude, pour le pardon des péchés.
Je vous le dis, désormais, je ne boirai plus de ce fruit de la vigne jusqu’au jour où je le boirai nouveau, avec vous dans le royaume de mon Père. »

Prière de communion
Père, au moment où nous partageons ton repas, nous faisons mémoire des paroles et des gestes de Jésus-Christ, de sa mort et de sa résurrection.
Nous recevons de toi ce repas, nourriture pour ce monde.
Tu nous rassembles et nous invites.
Par ton Esprit, renouvelle notre foi afin que ce pain et ce vin soient les signes de la présence de ton Fils parmi nous.
Fais toutes choses nouvelles dans nos cœurs et dans le monde.

Prière d’intercession

Seigneur, nous te prions pour Théodore et sa famille, que ce baptême accompagne leur vie de tous les jours, Seigneur que ton règne vienne.

Seigneur nous te prions pour tous les hommes qui croient. Qu’ils appellent Dieu : Allah, Adonaï ou qu’il le reconnaissent dans l’eau, les pierres ou le feu. Qu’ils ne confessent aucun Dieu ou qu’ils s’attachent à des préceptes de sagesse. Nous te prions pour que toutes ces formes de foi se rejoignent quand il s’agit de l’homme et du respect de la vie. Seigneur, que ton règne vienne.

Seigneur nous te prions pour tous ceux qui n’osent pas demander d’aide et qui vivent leurs difficultés, seuls, sans voir d’issue à leur problème,
Seigneur, que ton règne vienne.

Seigneur nous te prions pour tous ceux qui sont victimes de la bêtise, dans leur travail, dans leur famille, où dans tout autre lieu. Aide-les à ne pas céder à a bêtise, et à la tenir pour ce qu’elle est.
Que ton règne vienne.

Pour les malades, les prisonniers, les endeuillés, tous ceux qui attendent un réconfort et le salut que tu promets, dans leur quotidien.
Seigneur, que ton règne vienne.
AMEN.

Notre Père
Notre Père qui es aux cieux, que ton nom soit sanctifié, que ton règne vienne, que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel. Donne-nous aujourd’hui notre pain de ce jour ; pardonne-nous nos offenses comme nous pardonnons aussi à ceux qui nous ont offensés. Ne nous laisse pas entrer en tentation mais délivre-nous du mal, car c’est à toi qu’appartiennent le règne, la puissance et la gloire, aux siècles des siècles. Amen.

Répons

Invitation à la cène

Fraction élévation
Voici le pain de vie que nous partageons, signe visible de la communion au corps du Christ.
Voici la coupe de l’alliance pour laquelle nous rendons grâce, signe visible de la communion au sang du Christ.

Bénédiction
Frères et soeurs, allez annoncer l’Evangile dans ce monde, allez proclamer sa grâce.
Recevons la bénédiction de Dieu :
Le Seigneur nous bénit et nous garde.

Répons : Bénis Ô Dieu nos routes [cliquer ici]

Jeu d’orgue.

Paroles des cantiques du dimanche 30 janvier 2022

Psaume : Psautier Français n°92 « Oh ! Que c'est chose belle », strophes 1 à 4

Strophe 1
Oh ! que c'est chose belle
De te louer, Seigneur,
De chanter ta splendeur
Au milieu des fidèles ;
Quand le jour vient à naître,
D'annoncer ta bonté,
Et ta fidélité
Quand la nuit va paraître.

Strophe 2
Tes œuvres surprenantes
Ont réjoui mon cœur,
Et je dirai, Seigneur,
Leur sagesse étonnante.
Tes pensées sont profondes ;
Plus il les étudie,
Plus l'homme est interdit :
Ta main garde le monde.
Strophe 3
Si le méchants fleurissent
Comme l'ivraie des champs,
Et si des arrogants
Les projets réussissent,
C'est pour qu'ils disparaissent
Par la mort emportés
Et que soient dévoilés
Les plans de ta sagesse.

 Strophe 4
Tu oins d'une huile fraîche
Le front de ton enfant ;
On le voit rayonnant,
Vigoureux comme un cèdre.
Sa gloire et sa richesse
Sont d'orner ta maison ;
Tes fruits, chaque saison,
Combleront ta vieillesse.

Cantique : Louange et Prière n°204 « Seigneur, dirige et sanctifie », Strophes 1 et 2

[Pour écouter, cliquer ici]

Strophe 1
Seigneur, dirige et sanctifie
Toute la vie
De ces enfants.
Que ta lumière
Sur leur carrière
Brille en tout temps !
Que, sous ta garde et sous tes ailes,
Ils soient fidèles,
Forts et constants !

Strophe 2
Soumets leur âme à l’Évangile,
Au joug facile,
Plein de douceur.
Fais-leur entendre
L’appel si tendre
De leur Sauveur.
Que, pour répondre à sa promesse,
Ils aient sans cesse
Le même cœur !

Psaume : Psautier Français n°107 « Louez Dieu pour sa grâce », strophes 1 & 4

Strophe 1
Louez Dieu pour sa grâce, Célébrez son amour,
Qui jamais ne se lasse, qui demeure à toujours.
Vous qu’il a sauvés des mains de l’adversaire,
Vous qu’il a rassemblés des confins de la terre !

Strophe 2
Ils erraient solitaires dans le désert sans fin
Aveuglés de poussière, privés d’eau et de pain.
Vers toi ils ont crié, Seigneur, dans leur déroute ;
Tu les as délivrés, les guidant sur la route.

Strophe 3
Dans les prisons obscures, des hommes enchainés
Aux peines les plus dures étaient abandonnés.
Vers toi ils ont crié, Seigneur, dans leur misère ;
Tu les as délivrés des fers qui les enserrent.


Strophe 4
Au Seigneur rendez grâce, Au Dieu libérateur ;
Chacun de ses miracles émerveille nos cœurs.
Que tous les rachetés, les hommes qu’il fait vivre,
S’unissent pour chanter l’amour qui les délivre.

Strophe 5
Cramponnés au cordage sur la mer en fureur,
Des marins en naufrage se mourraient de terreur.
Vers toi ils ont crié, dans l’effroi et la peine ;
Tu les as délivrés : au port tu les ramènes.

Strophe 6
D’autres, brûlants de fièvre, tordus par la douleur,
Écartaient le leurs lèvres le pain avec horreur.
Vers toi ils ont crié, Seigneur dans leur angoisse ;
Tu les as délivrés et guéris par ta grâce.

Strophe 7
Dieu rend le sol fertile où planter un verger,
Où bâtir une ville, abriter l’étranger.
Il donne à l‘affamé du pain en abondance ;
Il soutient l’opprimé, il est sa délivrance.

Strophe 8
Louez Dieu pour sa grâce, Célébrez son amour,
Qui jamais ne se lasse, qui demeure à toujours.
Que tous les rachetés, les hommes qu’il fait vivre,
S’unissent pour chanter l’amour qui les délivre.

Cantique : Louange et Prière n°297 « O Dieu des grâces éternelles ! », Strophes 1, 2, 4

Strophe 1
O Dieu des grâces éternelles !
Le temps est proche où ton amour
Fera toutes choses nouvelles,
Prépare-nous pour ce grand jour.
Au vrai bonheur tu nous appelles,
O Dieu des grâces éternelles !

Strophe 2
Auprès des sources de la vie,
Jésus fait paitre ses troupeaux,
Du berger la voix est suivie,
Par les brebis et les agneaux ;
Allons à lui nous qu’il convie,
Auprès des sources de la vie.
Strophe 3
Celui-là vit, ô Dieu ! qui t'aime,
Car ne pas t'aimer, c'est la mort ;
Il vit, et son heure suprême
Est sa paisible entrée au port.
Puisqu'en aimant tu vis toi-même,
Celui-là vit, ô Dieu ! qui t'aime.


Strophe 4
La foi doit se changer en vue,
Une autre aurore suit le soir :
Ainsi la grâce est attendue,
Ainsi la gloire est notre espoir.
Regardons plus haut que la nue,
Et que la foi se change en vue !


Paroles des répons du temps de l'Église

Après la salutation
Répons : « Bénissons Dieu le seul Seigneur » (Ps. 134, str.1).

Bénissons Dieu le seul Seigneur,
Nous qu’il choisit pour serviteurs.
Levons nos mains dans sa maison,
Pour bénir et louer son nom.

Après la volonté de Dieu
Répons : « Parle, parle Seigneur, ton serviteur écoute » (L&P n°193, str.1)

Parle, parle Seigneur, ton serviteur écoute :
Je dis ton serviteur, car enfin je le suis.
Je le suis, je veux l’être, et marcher dans ta route,
Et les jours et les nuits.

Après la prière de repentance
Répons : « J’aime mon Dieu, car il entend ma voix ». (Ps. 116, str.1)

J’aime mon Dieu car il entend ma voix,
Quand la frayeur ou le tourment m’oppresse,
Quand j’ai prié au jour de ma détresse,
Dans sa bonté, il s’est tourné vers moi.

Après l’annonce de la grâce
Répons « Combien grande est ta gloire » (Ps 92 selon L&P n° 38 str.2).

Combien grande est ta gloire, en tout ce que tu fais, 
Et combien tes hauts faits sont dignes de mémoire !
Tes œuvres sans pareilles  ont réjoui mon cœur,
Je veux chanter, Seigneur, tes divines merveilles !

Après la confession de foi  
Répons « Grand Dieu, nous te bénissons » (L&P n°69, str.1)

Grand Dieu, nous te bénissons, nous célébrons tes louanges,
Éternel, nous t’exaltons, de concert avec les anges,
Et prosternés devant toi, nous t’adorons, ô grand Roi !
Et prosternés devant toi, nous t’adorons, ô grand Roi !

Après la bénédiction
Répons : « Confie à Dieu ta route » (L&P n°309, str.5)

Bénis ô Dieu nos routes, nous les suivrons heureux,
Car toi qui nous écoutes, tu les sais, tu les veux.
Chemins riants ou sombres, j’y marche par la foi,
Même au travers des ombres, ils conduisent à toi.

Lecture de la Bible

Évangile de Jean, chapitre 3, versets 1 à 13

[Bible Louis Segond]

1 Mais il y eut un homme d'entre les pharisiens, nommé Nicodème, un chef des Juifs,
qui vint, lui, auprès de Jésus, de nuit, et lui dit: Rabbi, nous savons que tu es un docteur venu de Dieu; car personne ne peut faire ces miracles que tu fais, si Dieu n'est avec lui.
Jésus lui répondit: En vérité, en vérité, je te le dis, si un homme ne naît de nouveau, il ne peut voir le royaume de Dieu.
Nicodème lui dit: Comment un homme peut-il naître quand il est vieux? Peut-il rentrer dans le sein de sa mère et naître?
Jésus répondit: En vérité, en vérité, je te le dis, si un homme ne naît d'eau et d'Esprit, il ne peut entrer dans le royaume de Dieu.
Ce qui est né de la chair est chair, et ce qui est né de l'Esprit est Esprit.
Ne t'étonne pas que je t'aie dit: Il faut que vous naissiez de nouveau.
Le vent souffle où il veut, et tu en entends le bruit; mais tu ne sais d'où il vient, ni où il va. Il en est ainsi de tout homme qui est né de l'Esprit.
Nicodème lui dit: Comment cela peut-il se faire?
10 Jésus lui répondit: Tu es le docteur d'Israël, et tu ne sais pas ces choses!
11 En vérité, en vérité, je te le dis, nous disons ce que nous savons, et nous rendons témoignage de ce que nous avons vu; et vous ne recevez pas notre témoignage.
12 Si vous ne croyez pas quand je vous ai parlé des choses terrestres, comment croirez-vous quand je vous parlerai des choses célestes?
13 Personne n'est monté au ciel, si ce n'est celui qui est descendu du ciel, le Fils de l'homme qui est dans le ciel.

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