A-t-on peur du Dieu menaçant ?

Psaume 139 , Colossiens 1:12-17

Culte du 27 mai 2018
Prédication de Gilles Castelnau

Vidéo de la partie centrale du culte

J’ai toujours proposé ce Psaume 139 lors des cérémonies d’enterrement où l’on a besoin d’une parole de réconfort, de chaleur et jamais il n’a été choisi par les familles. On le trouvait peut-être menaçant alors qu’il ne l’est pas du tout !
Il est au contraire réconfortant. Imaginons ce que serait une parole contraire à ce psaume, elle serait terriblement angoissante :
Éternel ! tu ne te rends pas compte de notre vie, je ne me sens pas compris
je m'assieds, je me lève, et tu regardes ailleurs, quoi que je pense, tu n’en tiens pas compte.
Où irais-je pour toucher ton esprit ? tu n’es jamais là !
Aujourd’hui les ténèbres me couvrent, je ne vois aucune lumière devant moi.
Les ténèbres demeurent obscures autour de moi !
C’est contre cette conception terrifiante que le psalmiste s’élève. Quelle idée a-t-on donc de Dieu lorsqu’on se sent culpabilisé à la lecture du Psaume ? Sans doute celle d’un vieillard dominateur dans la ciel qui serait évidemment comme nous aimerions l'être si nous le pouvions, tout-puissant, omniscient, omniprésent. Nous l’imaginons à notre image, redresseurs de torts, arrêtant le chauffard dangereux, punissant le loubard : justiciers, culpabilisants, menaçants, méchants !
N'a-t-on pas dit que si les chevaux pouvaient penser à Dieu, ils le concevraient à leur image, comme un Grand Cheval ?

C’est cette fausse image – facilement culpabilisante - qu’on projette sur le Ps 139 lorsqu'on le redoute.
Et ce dérapage nous détourne de Dieu :
Certains rejettent la foi en disant : La religion c’est tout ce qui est interdit : les IVG, l'homosexualité et le mariage pour tous, le contrôle des naissances, l'assistance médicale à la procréation, la gestation pour autrui, l'euthanasie, le transhumanisme. On n’a pas besoin de Dieu pour penser librement en hommes du 21e siècle.
(Le protestantisme, il est vrai, n'en est pas là. Je remarque pourtant que dans - l'excellent - texte de la Fédération Protestante sur la bioéthique, les rédacteurs ne peuvent s'empêcher de faire un « appel à la modération »)
Mais voici une autre image de Dieu où je reçois un souffle d’apaisement, d’enthousiasme :
Laurène Van Ham, pasteur de l’aumônerie universitaire de Berkeley, Californie, écrit :
L’univers a commencé sa gigantesque expansion, complexe et impressionnante, il y a 13,7 milliards d’années. L’humanité n’est arrivée sur scène qu’il y a 5 millions d’années. Dieu est donc – et a été – le Dieu de bien des choses, et pas seulement de l’humanité. Tout ce qui a existé pendant ces milliards d’années et tout ce qui existe actuellement vivait de sa vie, de sa créativité. Toute vie est une manifestation de la vie, du mouvement, de l’être de Dieu – mon voisin de palier, les rangées de légumes du potager, l’hôtesse de l’air, les chats sauvages derrière la piste cyclable, les otaries du delphinarium etc. etc.

Dieu est la vie et la vie vibre partout autour de nous comme nous le constatons bien.
Elle a raison : C’est aussi la vision de l’Épitre aux Colossiens :
En lui ont été créées toutes les choses qui sont dans les cieux et sur la terre, les visibles et les invisibles...
Tout a été créé par lui et pour lui. Toutes choses subsistent en lui. (Col 1)
Ce dynamisme créateur a l’œuvre depuis la fondation du monde, Paul le nomme « le Fils de son amour » et le voit à l’œuvre en Jésus-Christ.

Déjà l’auteur de Proverbes 8 la nommait la Hokma – la sagesse – 
L’Éternel n'avait encore fait ni la terre, ni les campagnes, Ni le premier atome de la poussière du monde.
Lorsqu'il disposa les cieux, j'étais là ; Lorsqu'il posa les fondements de la terre, J'étais à l'œuvre auprès de lui, Et je faisais tous les jours ses délices, Jouant sans cesse en sa présence, Jouant sur le globe de la terre,
Et trouvant mon bonheur parmi les fils de l'homme.

Ézéchiel dira : la Rouah – l’Esprit - rend capables de voir une armée d’ossements desséchés reprendre vie comme une immense armée. (Ez 37)
Jean dira : le Logos, qu’il voit - comme Paul lorsqu'il écrit « le Christ » - s’incarner dans les gestes et les paroles de jésus :
Au commencement était le Logos, et le Logos était avec Dieu, et le Logos était Dieu. Il était au commencement avec Dieu. Toutes choses ont été faites par Lui, et rien de ce qui a été fait n'a été fait sans Lui. En elle Lui la vie, et la vie était la lumière des hommes. (Jean 1)
Paul disait au Athéniens :
En lui nous avons la vie, la respiration, le mouvement, et l'être. (Ac 17.25-28)
la vie : élan vital montant en nous comme la sève dans les plantes, comme l’électricité active les machines.
la respiration : sans lui nous serions enfermés en nous-mêmes, étouffés, asséchés.
le mouvement : sans lui nous serions sans force, fatigués, incapables le matin de nous lever en sachant ce qui nous attend dans la journée.

L'être : nous ne sommes pas des robots, une présence vivante, divine, nous anime.
Dieu est le Dieu de la vie et non du jugement, de la Résurrection et non de la destruction
Laurène Van Ham a raison de parler des légumes du potager, de l’hôtesse de l’air et des chats sauvages. Je prolonge sa confession de foi qui était celle la Hokma, la Rouah et le Logos de Dieu : Ils animaient la première bactérie il y a 3,5 milliards d’années. ils accompagnaient les premiers mammifères qui sont sortis des eaux il y a 400 millions d‘années.
Quand on dit « peut-être », Dieu dit « oui ». Il ne dit jamais « non » à tous nos élans de vie. Dieu est l'âme du monde. Il est l'harmonie, le grand mouvement de la vie du monde. Pour que nos esprits trouvent la paix, donnons-leur du repos en Dieu :
Ne disons pas :
Eternel ! tu ne te rends pas compte de notre vie, je ne me sens pas compris
je m'assieds, je me lève, et tu regardes ailleurs.

Disons :
Tu sais quand je marche et quand je me couche… Tu m'entoures par derrière et par devant, et tu mets ta main sur moi. Si je dis : les ténèbres me couvriront, la nuit devient lumière autour de moi;
la nuit brille comme le jour, les ténèbres comme la lumière.
Dieu en nous et nous en Dieu. 

La paix avec nous, la paix en nous, la paix par nous.

Lecture de la Bible

Psaume 139
Eternel ! tu me sondes et tu me connais, tu sais quand je m'assieds et quand je me lève,
tu pénètres de loin ma pensée. Tu sais quand je marche et quand je me couche, Et tu pénètres toutes mes voies. Car la parole n'est pas sur ma langue que déjà, ô Eternel ! tu la connais entièrement.
Tu m'entoures par derrière et par devant, et tu mets ta main sur moi.
Où irais-je loin de ton esprit, où fuirais-je loin de ta face ?
Si je monte aux cieux, tu y es; si je me couche au séjour des morts, t'y voilà.
Si je prends les ailes de l'aurore, et que j'aille habiter à l'extrémité de la mer,
Là aussi ta main me conduira, Et ta droite me saisira.
Si je dis : les ténèbres me couvriront, la nuit devient lumière autour de moi.
Même les ténèbres ne sont pas obscures pour toi, la nuit brille comme le jour, les ténèbres comme la lumière.


Colossiens 1/12-17
Rendez grâces au Père, qui vous a rendus capables d'avoir part à l'héritage des saints dans la lumière, qui nous a délivrés de la puissance des ténèbres et nous a transportés dans le royaume du Fils de son amour, en qui nous avons la rédemption, la rémission des péchés. Il est l'image du Dieu invisible, le premier-né de toute la création. Car en lui ont été créées toutes les choses qui sont dans les cieux et sur la terre, les visibles et les invisibles, trônes, dignités, dominations, autorités. Tout a été créé par lui et pour lui. Il est avant toutes choses, et toutes choses subsistent en lui.

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