Sommaire du N° 784 (2010 T4)

Éditorial

  • « Une fois Dieu a parlé, deux fois j'ai entendu » par James Woody

Dossier : L'argent

  • Introduction par Marc Pernot
  • Et nous, que disons-nous de l'argent ? par Philippe Gaudin
  • Aux origines médiévales du capitalisme occidental par Philippe Braustein
  • Petite éthique de l'argent par Olivier Abel
  • L'Eglise de l'Oratoire du Louvre: ses éfforts de soutien et de solidarité par Francine Braunstein
  • Pour soutenir matériellement l'Oratoire du Louvre dans son service par les trésoriers de l'Oratoire

Activités & nouvelles de l'Oratoire du Louvre

  • Calendrier des cultes
  • Agenda des activités
  • Éducation biblique
  • Groupes de jeunes
  • Repas mensuels
  • Soirées du mardi
  • Cours de grec ou d'hébreu bibliques
  • Scoutisme
  • Lecture Biblique
  • Initiation à la théologie
  • Nouvelles de l’Oratoire
  • Annonces

Textes

  • Prière Seigneur, tu connais mon coeur
  • Professions de foi

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Dossier du mois
Et nous, que disons-nous de l'argent ?

Introduction

L’Église ne vit que des dons des personnes qui choisissent de la soutenir. Il y a donc une question très concrète, très matérielle, derrière la question de l’argent et du don : quelle église, quel Oratoire du Louvre voulons-nous aujourd’hui, que laisserons-nous aux générations suivantes ? Cela dit, l’Eglise est un moyen utile mais ce n’est qu’un moyen. Le plus important, c’est de faire place à Dieu dans notre existence, dans notre cité, dans notre monde. Ce qui est essentiel, c’est « que son règne vienne » comme Jésus nous propose de l’espérer dans la prière pour ensuite essayer de le vivre.

C’est pourquoi nous avons finalement fait ce numéro de la Feuille Rose sur l’argent et le don. Parce que donner personnellement est un exercice spirituel fondamental au service de notre propre foi. Quand on s’arrache le cœur en offrant du bon argent pour une chose aussi immatérielle que la foi nous faisons bouger des lignes dans notre être profond.

Notre condition humaine fait que nous sommes sans cesse tiraillés entre le monde matériel et le monde spirituel. Nos besoins biologiques ont une certaine tendance à être tyranniques et si nous nous laissons faire, bientôt, nous ne sommes plus chez nous dans notre vie mais nous sommes possédés par nos possessions, nous sommes pris d’une sorte de fièvre. Prendre le contrôle n’est pas facile, il s’agit de faire glisser petit à petit notre esprit aux commandes et que nos possessions apprennent qui est le chef.

Chaque fois que nous arrivons à arracher quelque chose du domaine matériel (des possessions, des efforts ou du temps) pour une raison spirituelle, c’est une victoire qui nous grandit, qui nous libère, qui nous rend un petit peu plus fort. Même quand on arrive, par exemple, à accepter de payer pour visiter une exposition ou à faire des gammes au piano, c’est déjà une démarche. Mais alors, quand on arrive à décider de mettre le matériel au service de la foi, de l’espérance et de l’amour c’est à chaque fois une victoire, et même plus que cela, c’est une œuvre de construction, c’est une bénédiction.

Marc Pernot

Et nous, que disons-nous de l'argent ?

Et nous, que disons nous de l’argent ? Ce numéro de notre Bulletin l’Oratoire entend mettre l’accent sur la question de l’argent sous tous ses aspects, en tous les cas ceux qui peuvent concerner la vie d’une paroisse comme la nôtre, et ils sont nombreux ! Je vous propose pour ma part une petite méditation sur ce que la Bible peut nous dire de l’argent et sur ce que nous – paroisse réformée - pouvons en dire et en faire aujourd’hui.

Pour le premier point je m’inspirerai largement d’un article de Daniel Marguerat, professeur de Nouveau Testament à Lausanne, Dieu et l’argent font-ils bon ménage ? Paru dans le N° 172 de la revue « Le monde de la Bible ».

Que nous dit la Bible de l’argent ?

Sait-on que lorsque l’on parle d’abondance pécuniaire, on est dans la joie du berger ? En effet ce mot désigne étymologiquement le troupeau. La Bible entière résonne de métaphores pastorales, tout simplement parce qu’elle vient d’un peuple qui vit avec ses troupeaux, qui mesure sa richesse à l’abondance de son bétail, qui peut offrir ainsi un sacrifice à Dieu, qui peut se réjouir et faire bombance lors des fêtes qui scandent l’année avec les saisons, qui peut offrir l’hospitalité, qui peut fêter le retour de l’enfant prodigue. Un peuple qui doit marcher pour faire paître ses bêtes, qui doit se lever pour les faire boire. Un peuple dont le Dieu lui a dit qu’il fallait croître et multiplier, qui ne se contente pas de garder ses troupeaux mais les fait croître par le don de la vie reproductrice. L’argent n’est que le signe de cela, une métaphore encore. Pourquoi donc s’étonner qu’il soit signe de bénédiction, promesse de réjouissance ? Dieu donne et fait croître, Dieu est richesse. L’Ancien Testament est comme nourri et tissé de cette non-contradiction entre les biens célestes et les biens terrestres, de cet accueil de la vie et du monde plutôt que de leur refus. Mais cette bénédiction n’est toutefois pas séparée de la vie sociale et du souci d’autrui. En effet, elle est comme enchâssée dans un pacte social si l’on considère la règle du glanage qui permet aux plus démunis de récolter eux aussi (Dt 24, 19), l’année sabbatique qui demande la remise des dettes tous les 7 ans (Lv 25 ; Dt 15), les dons en sacrifice des prémices de la récolte et des premiers-nés du troupeau (Lv 23, 10-14). Bénédiction que les prophètes rappellent aussi à la modération dans son usage et sa signification, « Tu t’es gonflé d’orgueil à force de richesses » (Ez 28,5) ; « Malheur à ceux qui (…) écartent du tribunal les petites gens, privent de leur droit les pauvres de mon peuple, font des veuves leur proie et dépouillent les orphelins. Que ferez-vous au jour du châtiment ? » (Es 10,1-3). Si le peuple de Dieu est celui qui sait recevoir les richesses et s’en réjouir, il l’est d’autant plus qu’il est aussi celui qui sait traverser le désert, garder foi quand on ne peut plus croire et se nourrir de la manne (Ex 16) plutôt que de viandes grasses.

La prédication de Jésus, quant à elle, semble déplacer le problème et fait entendre des accents tout à fait radicaux : « Nul ne peut servir deux maîtres ; ou bien il faut haïr l’un et aimer l’autre, ou bien se vouer à l’un et faire fi de l’autre. Vous ne pouvez servir Dieu et Mamon » (Mt 6,24). L’argent peut donc devenir un « Mamon d’injustice » (Luc 26, 9-11). Il y a déplacement car il ne s’agit plus tant de savoir quel usage on fait de l’argent mais de savoir ce que l’on met au fondement de sa vie, de savoir quel dieu se donne-t-on. Or, l’argent est une formidable puissance séductrice car il est un signe universel qui permet de se procurer une infinité de choses et de se soumettre tant de gens ; il peut prétendre commodément être la seule manière de mesurer la valeur sociale et humaine des personnes. Il peut donc être un véritable dieu pour soi qui est incompatible avec celui prêché par Jésus.

On le voit dans de nombreux passages des Evangiles. En Luc 12, 16-20 il faut comprendre la vanité (au sens fort de ce mot) qu’il y a à accumuler des biens qui ne nous protègent en rien de ce qui nous fait le plus peur, notre fragilité et notre mort. En Luc 19, 1-10 on comprend que Zachée était isolé par son argent et le type de relations que cela induisait entre lui et les autres ; en venant dans sa maison, Jésus le convertit et du coup il convertit la fonction qu’il attribuait à l’argent car cette fois-ci il le donne. Et réciproquement, c’est dans cette conversion de la fonction de l’argent qu’il se convertit. L’argent est donc un instrument de conversion dans bien des sens. Il permet de convertir une chose en une autre chose, une pièce en un pain par exemple ; il permet de convertir la joie en tristesse en dépouillant autrui, en l’affamant et la tristesse en joie en donnant, en rassasiant ; il convertit la relation en séparation ou en liaison ; il coupe de Dieu, comme il lui permet de se manifester.

La leçon évangélique sur l’argent est finalement au plus près de sa nature étrange : l’argent n’est pas une chose mais une relation aux choses et aux personnes. Il n’est donc ni bon ni mauvais en lui-même, mais quiconque veut en faire une chose en soi et le poursuivre pour lui-même pervertit sa relation aux choses et aux personnes. D’où la belle formule de Daniel Marguerat, « il faut profaner l’argent », ce n’est ni un dieu ni un temple, il est fait pour l’échange et pour la vie ; il est bien ce bon serviteur et ce très mauvais maître.

Et nous, que disons-nous ?

Il faut bien en parler : les protestants et l’argent ! Cela sonne comme un titre d’hebdomadaire en panne d’idées. Mais les lieux communs sont toujours intéressants. Il ne faut d’ailleurs jamais creuser longtemps pour se rendre compte que la représentation selon laquelle les protestants aiment l’argent et aiment le cacher (et l’argent et son amour) est très présente, en France notamment où un anti-protestantisme a survécu inconsciemment tandis que le catholicisme s’affaiblissait. Commençons par admettre qu’il peut y avoir là quelque chose de vrai. L’idée de l’autonomie, de ne pouvoir s’en remettre à des confessions, des absolutions et des sacrements pour régler sa vie conduit inévitablement à une éthique de l’intériorisation et de l’auto-surveillance.

Pour le meilleur et pour le pire, les protestants ont toujours tendance à confondre la vie de la foi avec la morale et à force de se savoir pécheurs finissent par se donner des airs de perfection. L’amour de la règle par angoisse de la perte est un formidable facteur de développement scientifique et économique. On retrouve la fameuse thèse de Max Weber, ce qui caractérise la société moderne c’est l’implacable entreprise de rationalisation et les protestants, calvinistes en particulier, semblent plus aptes que les autres à mener cette entreprise. A défaut de pouvoir se reposer sur une Eglise censée régler la relation à Dieu et la perspective de mon salut, je ne peux que me rassurer dans l’effort, ma capacité de m’imposer des règles et de m’y tenir. Tout cela développe une éthique du travail comme vocation tandis que le monde et la société – et non plus la clôture monastique – deviennent le terrain privilégié de la grâce. Je travaille pour investir plus et j’investis pour pouvoir travailler plus et surtout je ne jouis de rien sinon de mon sentiment de puissance à me contrôler et à éventuellement contrôler les autres. Les protocoles du FMI sont une plaisanterie à côté de cela, car ils ne sont que des effets et non des causes ! Cette éthique protestante a donc bien des vertus mais peut avoir des vices aussi. Cette peur de se « laisser aller », l’horreur de la prodigalité, de la dépense « sans compter ». Cependant, compter sur soi seulement peut devenir une absence de foi ; tout régler, haïr l’imprévu est un manque de confiance. Mais on peut heureusement voir la face claire de l’éthique protestante, celle sur laquelle Alain Peyrefitte a beaucoup travaillé dans son livre La société de confiance. La réussite scientifique, économique, sportive des sociétés marquées par le protestantisme ne vient pas de l’angoisse mais de la confiance justement. Parce que je n’ai pas à faire sans cesse mes « preuves » devant un Dieu qui m’aime au-delà de tout, malgré mes faiblesses et mes défauts. A partir de mon peu de forces, je peux toujours entreprendre ceci ou cela, demander conseil à Dieu et à mes amis et progresser, trébucher, tomber même mais me relever toujours. Celui qui « confie à Dieu sa route » sait qu’il n’y a pas d’obscurité qui ne sera trouée par un point de lumière qui grandira. Toute « réussite » sera alors bénie, parce qu’elle sera tout à fait mienne et en même temps je saurai qu’elle appartient aussi à Dieu et aux autres.

Mais quelles leçons tirer de tout cela quand il faut mener la barque d’une paroisse comme la nôtre ? D’abord que les questions matérielles et financières sont spirituelles ! Nous sommes d’ailleurs reconnaissants à ceux qui, parmi nous, dispensent leurs compétences techniques mais aussi leur discernement car ils les mettent au service du bon combat. Il y a des réponses aux questions que nous nous posons dans la Bible ! Non pas toutes faites, mais nous y trouvons des principes, des paraboles qui nous mettent dans une dynamique intellectuelle et pratique. Qu’avons-nous que nous n’ayons reçu ? Dirions-nous à la suite de Paul… Raison de plus pour faire fructifier et ne pas enterrer nos talents ! Faire fructifier pour pouvoir transmettre et maintenir mais pas seulement, car entre vouloir survivre et exister il faut choisir ! Vouloir survivre est l’assurance de périr, qui veut sauver sa vie la perdra. L’enseignement évangélique par excellence est que la folie peut être sagesse et la sagesse folie. La Bible nous dit que la richesse est bonne mais que l’argent est très dangereux car il peut être le faux dieu de ceux qui ont peur de l’amour, de la vie et de la mort. Il peut devenir un ami si on comprend qu’il est fait pour circuler, pour aider, créer de belles choses et de beaux liens. Nous aimons notre protestantisme mais nous ne sommes pas dupes des défauts qu’il engendre parfois. Il faut donc savoir acquérir et préserver, il faut savoir dépenser aussi. Notre façon d’acquérir tient à la générosité de ceux qui veulent bien donner de leur argent, par leurs cotisations régulières, des dons exceptionnels ou des legs ; cela tient à l’estime et à la confiance qu’ils nous font à porter quelque chose qui nous dépasse. Préserver veut dire bien gérer comme le ferait n’importe quel foyer ou entreprise, nous nous y attachons et notre traversée des récentes turbulences financières le montre. Dépenser veut dire faire des choix, aider à la construction d’un temple, aider l’Institut protestant de Théologie et la Recherche, soutenir plusieurs actions sociales, fêter aussi, embellir.

Souvenons-nous qu’être frugal veut d’abord dire porter du fruit et non se contenter de peu. Puissions-nous être d’une sobriété frugale mais n’oublions jamais cette femme sublime qui verse son parfum de prix sur la tête de notre Seigneur qui la soutient (Mt 26,6-13 ; Mc 14, 3-9). Nous sommes alors au cœur de notre foi : la gratuité.

Philippe Gaudin

Aux origines médiévales du capitalisme occidental

C’est à l’époque médiévale, entre 13° et 15° siècle, qu’ont été inventées et mises au point dans les villes d’Italie, Gênes, Venise et Florence, les formes d’un capitalisme commercial et financier, qui, grâce à l’étendue de ses réseaux et à la puissance de ses entreprises,  a précédé de plusieurs siècles ce qu’on appelle le capitalisme industriel des temps modernes.

L’agilité de l’économie occidentale  a été construite grâce à la circulation des hommes, des marchandises – au premier rang desquelles figurent l’argent et le cuivre de l’Europe Centrale -  et des techniques, qu’il s’agisse du retour de la frappe de l’or – le ducat vénitien ou le florin rhénan jouent le rôle repris par le dollar, puis l’euro- , des opérations internationales de change et de crédit sur les places européennes, des écritures comptables (l’usage du zéro et des chiffres arabes) et de la comptabilité à partie double, d’abord en usage  à Gênes vers 1330 dans les institutions publiques, puis largement attestée dans les grandes entreprises à partir de 1400.

Hors du grand commerce méditerranéen et des liaisons régulières par terre et par mer entre les métropoles du Sud et du Nord de l’Europe, l’économie monétaire (et la spéculation qui en dérive) a profondément transformé l’agriculture intensive (vigne, safran) et l’élevage qui approvisionne en viande les grandes villes, mais aussi le marché immobilier en plein essor et l’exploitation minière.

Sans doute une carte financière de l’Europe à la fin du Moyen Age ferait apparaître de grandes disparités entre les régions, plus ou moins irriguées par le flux des échanges lointains : mais l’« économie-monde », selon l’expression chère à Fernand Braudel, se déplace insensiblement du monde méditerranéen, dominant au 13° siècle, vers la Haute-Allemagne, la Flandre et Londres au milieu du 14° siècle.

Lorsqu’elle s’ouvre vers le grand large, l’économie européenne s’illustre à Anvers, qui crée la Bourse en 1531 : marché mondial des épices portugaises, marché des métaux précieux, marché des emprunts publics, toutes les fonctions qu’assume ce grand port prolongent et portent à son apogée le développement européen de l’économie médiévale depuis trois siècles.

Philippe Braunstein

Petite éthique de l'argent

L’éthique de l'argent peut être développée selon deux caractéristiques de l'argent lui-même : l'argent comme « limite » et l'argent comme « possible ». Ma thèse est que tout critique s'appuie sur une légitimation qui, en fondant, donne les limites et les instruments de la critique. C'est parce qu'il y a un usage légitime possible de l'argent que l’on peut en critiquer les usages pervers.

Les vertus de l'argent

Reprenons les deux caractéristiques indiquées au commencement. Dans sa première fonction l'argent donne une limite à la cupidité. C'est ce que diversement des auteurs comme Locke ou Hegel ont observé en montrant que la propriété, avant d'être considérée comme l'orgueil de l'avoir, devait être considérée comme la modestie du pouvoir, le lieu d'exercice d'une liberté qui accepte ses limites. Cette obligation à ne pas tout vouloir, à ne pas désirer l'infini, on la trouve dans la manière dont l'argent, par une éducation séculaire, a obligé les acteurs de l'échange à un minimum de cohérence, de non-contradiction : avec mon argent je peux faire ceci ou cela, mais pas tout en même temps ; je suis obligé de choisir. C'est ainsi que l'argent a pu donner une limite à la cupidité.

Cette cohérence avec soi-même marqua aussi une obligation à la cohérence avec les autres : c'est ce qu'on appelle la réciprocité. Je ne dois pas traiter autrui comme je ne voudrais pas qu'il me traite si j'étais à sa place. L'échange réglé par l'argent a obligé les générations à intégrer cette réciprocité élémentaire. Elle suppose, cette réciprocité, que la mesure de l'échange soit constante, solide. Il faut qu'un sou soit un sou. Une société qui connaît une inflation ou une dévaluation galopantes ne subit pas seulement une catastrophe économique. Ce sont les moeurs, c'est la vie morale entière qui est atteinte ; il n'y a plus de cohérence, de responsabilité, de réciprocité possible, tout est mensonge.

Dans sa deuxième fonction l'argent brise la superstition en ouvrant le sens du possible. Il libère celui qui était attaché à une condition par un système de croyance et de domination, il détache celui qui était asservi à une forme de vie sans pouvoir en sortir. C'est par son biais que des populations entières se sont, à diverses occasions dans l'Histoire, émancipées de la tutelle conjointe « du sabre et du goupillon ». Cette manière d'ouvrir des possibles, de représenter dans la main de son détenteur l'ouverture même du possible, a façonné par une éducation séculaire l'imagination des possibles, le sens de la comparaison critique et le sentiment de la liberté.

Parce que l'argent, comme un joker, peut être placé dans tous les échanges, il a permis l'anticipation des échanges possibles, il a permis d'imaginer d'autres types de services ou de biens qui n'étaient jusque là par entrés dans l'échange. Il a permis l'invention de la pluralité des types d'échanges et donc de valeurs et de libertés. Et de fait l'argent a favorisé la différenciation du tissu social, la diversification des formes de travail, de biens, et de vie visées par les uns et les autres. Tout cela a supposé le développement du crédit. Une société sans crédit ne peut plus rien anticiper ni inventer. Elle ne peut plus que tenter de s'épargner et se conserver.

Une double perversion

Les vertus de l'argent que nous venons d'énumérer peuvent se retourner en vice, et c'est là que réside le problème actuel dans l'usage de l'argent. Jusqu'où l'argent donne-t-il une limite à la cupidité par un principe de non-contradiction qui oblige les acteurs de l'échange à un minimum de cohérence, de solidarité ? Jusqu'où l'argent, comme pur symbole, anticipe- t-il et permet-il l'invention de la pluralité des types d'échanges et donc de valeurs et de libertés? Enfin l'argent est-il encore capable d'assurer en même temps ces deux fonctions, et que faudrait-il pour qu'il ne soit pas lui-même l'objet d'un désir illimité et le moyen d'écraser la diversité humaine ? Que faudrait-il pour que l'argent cesse d'être l'objet par excellence de la cupidité et le symbole de la superstition?

Il semble bien en effet que l'argent, loin de limiter notre cupidité et d'être la règle commune qui favorise la réciprocité dans nos sociétés, soit devenue l'idole à laquelle on sacrifie tout, et d'abord tout ceux qui ne sont plus solvables, aussitôt exclus de la course à l'échange. Il semble aussi que l'argent, loin de briser les superstitions et d'ouvrir au sentiment de la pluralité des formes de vie possibles, soit devenu la Loi impérieuse qui nous oblige tous à rentrer sous son jeu unique ou plutôt sous son joug.

Dans la mesure où il ne remplit plus ses fonctions fondamentales, on peut dès lors se demander si l'argent a un avenir. Il ne semble pas permettre ni éduquer le sens de la limite, de la cohérence, et de la solidarité en face des grandes inégalités planétaires, qui produisent aujourd'hui les grandes forteresses nationalistes, intégristes ou autoritaires. Il ne semble pas davantage permettre ni favoriser assez de pluralisme pour sauver de la disparition les « poches de différences » (culturelles, esthétiques ou spirituelles, mais ces différences reposaient aussi sur des formes de vie entières et donc sur des différences économiques) qui subsistent encore dans le raz de marée planétaire du marché.

Dans tous les cas, si nous ne parvenons pas inventer une nouvelle forme de monnaie, capable de nous redonner le sens des limites et le sens du possible, capable de revaloriser les échanges de proximité autant que les grandes répartitions planétaires, et pour un futur maintenant proche, je ne donne pas cher de l'argent.

Olivier Abel
Professeur de philosophie à la faculté de théologie protestante

 

L’Église de l’Oratoire du Louvre
Ses efforts de soutien et de solidarité

L’Église Réformée de France s’est toujours efforcée d’assurer une solidarité entre toutes les églises membres, de sorte que les secteurs les plus pauvres ou peu peuplés puissent avoir néanmoins les services de l’église pour accompagner les familles.

L’Église de l’Oratoire du Louvre (APEROL) répond de son mieux à cet effort de solidarité en honorant la contribution que lui propose chaque année le Conseil Régional. Cette contribution n’a cessé d’augmenter au cours des dix dernières années, pour suivre l’inflation et pour faire face aux projets de l’Église. Notre contribution qui était de 137 661 € en 2001, a été fixé à 172 000€ pour 2010. Notre « cible » a donc augmenté de 25% depuis 2001 (soit une augmentation de 5% si l’on tient compte de l’inflation).

Contribution régionale total des dons.
La contribution que nous versons à la région correspond aux deux postes de pasteurs affectés à l’Oratoire, plus une part de solidarité.

Le graphique ci-dessus montre que le soutien des membres et sympathisants de l’Église de l’Oratoire du Louvre (APEROL) ne suit pas l’effort constant consenti par la paroisse.

NB: le don moyen par foyer est actuellement de 368 €

Le tableau ci-dessous montre l’utilisation de cette contribution régionale :

Avec cette contribution, l’Église de l’Oratoire fait preuve de solidarité, mais bien moins que d’autres paroisses de la région parisienne, ce qui est étonnant compte tenu du nombre important de fidèles présents à l’Oratoire. Cela est dû en partie au fait que les membres de notre paroisse viennent de milieux sociaux très divers. Il est possible également que certaines personnes ne savent pas que l’Église ne reçoit aucune subvention. Peut-être que certaines personnes, éblouies par ce magnifique temple que nous avons la chance d’avoir, pensent à tort que l’Oratoire serait riche (ce qui est loin d’être le cas)…

Le total des dons, après avoir couvert le montant de la contribution régionale en 2001 et 2002, a diminué puis est resté légèrement inférieur au montant de la « cible » de 2003 à 2005. Il a subitement diminué en 2006 pour rester ensuite très inférieur aux montants annuels versés à l’ERF RP, laissant apparaître, au titre de 2009, un écart de 19% entre le total des dons perçus et le montant de la contribution régionale versée par la paroisse.

Or en 2005 le taux de déductibilité des dons aux associations au titre de l’impôt sur le revenu a augmenté pour être porté à 66%, dans la limite de 20% du revenu imposable. Ainsi si vous êtes imposé sur le revenu, lorsque vous versez nominativement 100 €, cela ne vous coûte que 34 €.

Compte tenu de l’augmentation des incitations fiscales, à coût constant, par rapport à 2002, les contributions nominatives auraient pu être majorées de 47%.

Le tableau ci-contre montre que l’effort fait par l’Etat à travers ses incitations fiscales ne semble pas avoir encouragé les membres et sympathisants de la paroisse à majorer leur participation financière.

Il n’est jamais trop tard pour le faire car si l’amour de Dieu n’a pas de prix, l’Eglise et la solidarité ont un coût.

Merci à tous ceux qui permettent ainsi à l’Oratoire de vivre, mais aussi de maintenir une constante tradition de solidarité efficace dans l’Eglise Réformée de France en région parisienne.

Francine Braunstein
La trésorière de l’APEROL 

 

Pour soutenir matériellement l'Oratoire du Louvre dans son service

En France, l’Église ne reçoit aucune subvention. Mais l'Etat  encourage notre générosité par des dispositions importantes (déductions d'impôt et exonération totale des droits de mutation).

Pour soutenir l’Oratoire vous avez le choix entre trois affectations :

1) L'Eglise de l’Oratoire du Louvre (APEROL)

Si vous désirez que votre don serve à faire vivre et développer l'Eglise locale de l'Oratoire du Louvre, dans l'annonce de l'Évangile par le culte, le catéchisme d'enfants et d'adultes, l'accompagnement des familles... vous privilégierez l'Eglise de l'Oratoire (ou APEROL), 1 rue de l'Oratoire 75001 Paris.

2) La Fondation de l'Oratoire du Louvre

Si vous désirez que votre don serve au rayonnement de l'Eglise Réformée en région parisienne, dans des projets suivis par l'Oratoire, par exemple la construction d'une église, la faculté de théologie, ou une œuvre caritative... vous privilégierez la Fondation de l'Oratoire,  1 rue de l'Oratoire 75001 Paris.

3) L'Entraide de l'Oratoire du Louvre

Si vous désirez que votre don serve pour apporter une aide matérielle et morale aux personnes en difficulté, directement ou par des œuvres que nous sélectionnons et suivons, dans notre paroisse mais également en dehors... vous privilégierez l'Entraide de l'Oratoire, 1 rue de l'Oratoire 75001 Paris.

Comment donner ?

1) Un don avec réduction d'impôt sur le revenu

Vous pouvez faire un don anonyme lors de l'offrande au cours du culte, mais seuls les dons nominatifs permettent cet important avantage fiscal.

Vous pouvez donner ainsi :

  • par chèque à l'ordre de l’Église, de la Fondation ou de l’Entraide selon votre choix (voir ci-dessus)
  • par un don par carte bancaire, sur ce site internet pour l’Eglise ou à la sortie du culte pour l’Entraide ou l’Eglise.
  • en espèces, en indiquant votre nom et adresse.
  • par prélèvement automatique (se renseigner)

Les dispositions fiscales en vigueur en France permettent de déduire 66% des dons nominatifs dans la limite de 20% du revenu imposable.

Les dons faits par une entreprise sont déductibles des bénéfices à hauteur de 60%, dans la limite de 5 pour mille du chiffre d’affaires.

2) Un legs, une dation ou une assurance vie

L'Église Réformée de l'Oratoire et la Fondation de l'Oratoire sont habilitées à recevoir un legs, une dation ou une assurance-vie sans aucun frais de mutation.

  • Un legs permet de transmettre à l’Église une partie de son patrimoine après son décès. Il suffit de rédiger un testament (écrit, daté et signé à la main).
  • Une dation permet à l’Eglise de recevoir l’usufruit d’un patrimoine, elle permet également au donateur d’obtenir une réduction d’impôt, sur plusieurs années.
  • Une assurance-vie.Vous pouvez nous désigner comme bénéficiaire.
  • Une donation temporaire d’usufruit, tout en conservant la nue-propriété.
  • Un don sur héritage. Tout héritier peut effectuer un don sur la part nette qu’il va recueillir. En tel cas, il ne paiera pas de droits de mutation sur ce don.

3) Un don au titre de l’impôt sur la fortune (ISF)

Les particuliers redevables de l’ISF peuvent s’acquitter de leur contribution à hauteur maximale de 50.000 euros par des dons à des organismes reconnus d’utilité publique (ce qui est le cas de la Fondation de l’Oratoire, mais pas de l’Église ni de l'Entraide).

Une déduction de 75% des montants donnés sera opérée.

Les dons doivent être effectués en numéraire ou sous forme de titres de sociétés cotées.

Les 25% ne donnant pas droit à réduction ISF ne peuvent pas non plus bénéficier d’un autre avantage fiscal. Par contre, en cas de dons supérieurs à 75.000 euros et donc de dépassement du plafond, la fraction au-delà de 75.000 euros peut bénéficier de l’avantage fiscal du don manuel au titre de l’IRPP si, bien entendu, les 20% du revenu ne sont pas déjà atteints par ailleurs. 

Pour plus de précisions, n’hésitez pas à consulter :

  • Pour l’Église : Mme Francine Braunstein
  • Pour la Fondation de l’Oratoire : M. Alain Moynot,
  • Pour l’Entraide : M. Christophe Mallet

(01 42 60 21 64 - tresorier@oratoiredulouvre.fr)

Vos trésoriers de l’Oratoire