Les œuvres de l'Oratoire

"Que sert-il à quelqu'un de dire qu'il a la foi s'il n'a pas les œuvres ? ... Si la foi ne produit pas d'œuvres, elle est morte en elle-même." (Épitre de Jacques, ch.2, v. 14, 17 ) Les œuvres, dans le protestantisme, ne sont pas destinées à mériter le salut, qui est obtenu sola gratia, mais elles sont une marque de la reconnaissance pour cette grâce reçue. Aider son prochain est un témoignage de foi.

Aider son prochain

Les "secours aux pauvres" sont notés dans le Registre du Consistoire de Paris, dès ses débuts en 1792. On y lit qu'en avril 1792, le trésorier va visiter plusieurs personnes protestantes de Paris et en rapporte 2130 livres. Cette pratique d'aller chercher à la source dons ou cotisations va se perpétuer jusqu'à la fin du XIXe siècle. En plus s'y ajoutent les collectes. Une circulaire est envoyée "au troupeau" pour lui signaler que les deux premiers dimanches de décembre aura lieu "une collecte extraordinaire d'hiver pour subvenir aux besoins des pauvres qui se trouvent extrêmement multipliés par les circonstances ."

Les troubles révolutionnaires interrompent la vie religieuse. C'est après la promulgation des Articles Organiques, le rétablissement du culte réformé et l'installation du Consistoire que les Registre reprennent et que l'on peut y suivre ses activités charitables. On y voit qu'aux Anciens, les membres du Consistoire, sont aussitôt (9 février 1803) adjoints "un certain nombre de diacres spécialement chargés de la réception, de la distribution et de l'emploi des aumônes". Deux membres du Consistoire sont affectés à chaque arrondissement de Paris pour aller collecter pour les besoins du culte et de la charité. Les registres attestent que la préoccupation essentielle des séances est accordée à aider les personnes en difficulté, veuves, malades, sans travail... L'aide peut être régulière sous forme de pension ou occasionnelle. En plus le Consistoire accorde un mandat sur la Caisse des Pauvres à MM. les Pasteurs pour qu'ils puissent répondre immédiatement aux besoins des "pauvres honteux". Ils remplissent alors une feuille d'assistance avec le nom des récipiendaires. Cette somme qui était de 300 f. en 1803 est de 6000 en 1817.

Cette organisation n'est pas modifiée par le déménagement de l'église Saint-Louis-du-Louvre à l'Oratoire, mais par la chute de l'Empire. À partir du 26 janvier 1816, le Diaconat a une existence distincte du Consistoire. Le nombre de diacres s'accroit avec les besoins. On en compte 40 en 1831 et leur activité s'étend. Ils visitent les membres de l’Église, les intéressent au dénuement des pauvres. Ils sont des intermédiaires entre les fidèles et les pasteurs. En effet le Diaconat se réunit le mardi et les pauvres viennent là exposer leur situation. Ils obtiennent alors des secours en argent ou en bons. D'autres malheureux reçoivent à domicile les visites des diacres. Une commission qui se réunit une fois par mois, le mercredi, gère les secours mensuels et les pensions.

Les rentrées ordinaires sont : collectes, dons et legs, dons lors des cérémonies, rentes sur l’État par suite de placements ; et extraordinaires, tels les "dons reçus de la munificence du Roi et de SAR Madame le Duchesse d'Angoulême" à savoir 1000 f. chacun , et de la mairie d'arrondissement, 1000 aussi, et des dons à l'issue des services anglais et américain qui ont eu lieu dans le temple, soit 2700 francs .

Aux dépenses habituelles (en 1817, pensions à environ 200 familles, assistances passagères et "pauvres honteux"), on peut ajouter des distributions de vêtements, de couvertures, de bons de soupe, l'achat de cartes de dispensaire et le rachat de reconnaissances du Mont de Piété. Ces indications très concrètes montrent quel rôle d'assistance quotidienne a le Diaconat.

Dans une société où n'existe aucune protection sociale autre que la charité municipale (par le Bureau de Bienfaisance) ou privée, l'action des Églises est essentielle. Surtout dans une ville comme Paris qui, par suite de l'exode rural, voit sa population doubler à l'intérieur de l'enceinte des Fermiers Généraux, de 500 000 habitants en 1800 à plus d'un million en 1850. L'Oratoire est situé en marge d'une des zones les plus surpeuplées et les plus sordides de Paris, le quartier des Halles. Cet entassement dû à un manque de logements signifie absence totale d'hygiène, surmortalité, épidémies, misère absolue... Ainsi, en 1832, année du choléra, les dépenses du Diaconat occasionnées par l'épidémie se montent à 30 000 f., par suite des distributions de médicaments, de pain et autres soins médicaux. Il en sera de même pour l'épidémie de 1854. Cette population va doubler encore entre 1850 et 1870, en partie par suite de l'annexion, en 1860, des commune proches.

À mesure que les engagements de l’Église se diversifient, les dépenses du Diaconat augmentent, notamment avec les écoles. Le Diaconat accorde des dizaines de bourses, il fournit l'habillement de douze jeunes filles et des paires de chaussures à trente-six garçons. S'ajoutent les dépenses du Comité de patronage des apprentis de l’Église réformée de Paris ; formé dans les années 1840, mais remodelé en 1853, il aide les familles dans le placement des enfants et participe aux dépenses, contrôle les contrats d'apprentissage, surveille les patrons par des visites mensuelles. Les jeunes sont étroitement suivis dans leur éducation religieuse, intellectuelle et professionnelle pour qu'ils prennent notamment des habitudes d'ordre et de prévoyance. En 1861, il gère une centaine d'apprentis, des garçons aux deux-tiers. En 1871, aux 51 garçons s'ajoutent 25 jeunes filles formées dans un établissement de typographie à Puteaux . En 1892, le Comité gère 316 apprentis, 166 garçons et 150 filles.

Vu les besoins, le Diaconat dépense toujours plus que les sommes allouées par la Commission des Finances, qui proteste. En 1842, pour équilibrer les comptes, il faut vendre de la rente. Mais dans ces années, le Diaconat reçoit plusieurs legs à l'occasion de décès : Hottinguer, Pelet de la Lozère, Delessert et surtout, en 1843, Lambrechts qui permet une Fondation et l'ouverture d'un Asile destiné aux vieillards des deux confessions protestantes. Les places paires sont pour les réformés, les impaires pour les luthériens ! Il y est ajouté un pensionnat et une école pour garçons, orphelins pauvres, de 7 à 13 ans. Le Diaconat entretient là quarante boursiers et verse à d'autres une allocation pour les aider à payer la pension. En 1854, cette Fondation abrite vingt vieillards et soixante-dix enfants

Cette même année, le Diaconat ouvre l'Asile de la Muette grâce à un legs. En 1862, il y accueille cinquante personnes âgées de plus de 65 ans. Pour y être accepté, il faut être valide à l'entrée et justifier de 35 f. de ressources mensuelles, quelquefois payés par le Diaconat. En plus de ces deux établissements qu'il gère directement avec le Conseil presbytéral, il assure l'entretien de nombreuses personnes dans d'autres établissements, notamment des jeunes gens et des jeunes filles dans divers pensionnats.

Avec l'agrandissement de Paris en 1860, la ville est divisée en paroisses officieuses, mais l'Oratoire, siège du Consistoire, est considéré comme "le temple-cathédrale", où se succèdent les différents pasteurs du Paris intra muros d'avant 1860. Des Comités paroissiaux se constituent, le nombre de diacres passe à 90 en 1866. Désormais, en plus de ses réunions locales, le Diaconat (général) se réunit une fois par trimestre pour procéder à une répartition des fonds en fonction des besoins des paroisses. Cette péréquation entre paroisses riches et pauvres se maintiendra. À l'Oratoire, le Comité du mardi distribue vêtements, souliers et camisoles de laine, des bons de pain, des médicaments, des secours en chauffage (sous quelle forme ?) et donne une indemnité annuelle de 600 f. aux six médecins visiteurs. Ces secours en argent du mardi sont considérables en nombre. Ils ne sont pas destinés aux seuls Français : Suisses et Allemands nécessiteux en bénéficient aussi.

En octobre 1871, le Diaconat est réorganisé. Désormais il est administré par 120 membres laïques qui se partagent le département de la Seine sous la présidence des pasteurs. "Il réunit tous les éléments nécessaires pour la pratique la plus large et la plus éclairée de la charité chrétienne. Puisé dans toutes les conditions sociales, en rapport avec l'administration municipale, lié par ses patronages et subventions avec neuf hospices et asiles, et avec douze pensionnats à Paris et en Province, il a des moyens d'action, de renseignements et de surveillance qui commandent la confiance à tous égards. Il n'est arrêté dans son œuvre que par la limite de ses ressources."

Pour l'exercice 1870-1871, ses dépenses atteignent 82 000 francs ; elles ont doublé en trente ans. Le Diaconat entretient alors 107 vieillards "dont 50 à la Muette, asile créé par notre Église", 200 enfants dans divers pensionnats , mais surtout il a fourni aide et assistance à plus de 2000 familles et individus, en argent, vêtements, nourriture , secours médicaux (dont hospitalisation) pour près de 50 000 f. Les événements ayant entraîné une réduction des recettes (et une augmentation des dépenses), il faut procéder, fin 1871, à une quête à domicile exceptionnelle, par des "jeunes gens de bonne volonté, ayant fait leur première communion et bien qualifiés pour la bonne exécution de ce service." Nous disposons des feuilles imprimées des donateurs avec leur adresse et les sommes versées. Elles sont réparties entre sept "paroisses" parisiennes ; aucune feuille n'est au nom de l'Oratoire, puisque ce n'est pas encore une "paroisse" mais le siège du Consistoire. En 1871, le budget prévisionnel du Diaconat pour 1872 est de 75 000 f. pour les recettes, 65 000 pour les dépenses.

Après le décret du 25 mars 1882 qui fractionne l’Église de Paris en huit paroisses distinctes, le Diaconat général est remplacé par une Délégation composée de quatre délégués de chacune des huit paroisses, se réunissant mensuellement sous la présidence successive des pasteurs et sous la direction d'un Bureau dont la composition est restée la même. Une assemblée générale annuelle fixe le budget de chaque exercice et l'allocation reçue par chaque paroisse. La péréquation est indispensable car, sur l'ensemble des paroisses du département de la Seine, seuls l'Oratoire, le Saint-Esprit et Pentemont ont des excédents, grâce aux quêtes et aux dons reçus lors des cérémonies, par rapport à leurs assistés. Depuis cette date, l'Oratoire, tout en reversant 20 000 f. au "tronc commun", a ses œuvres propres. Beaucoup sont anciennes comme les vestiaires, les pensions régulières à des familles ou à des vieillards, les contributions à des hospitalisations et à des frais de pharmacie, la distribution de charbon, de "bons de fourneaux et de lait". À cela s'ajoute la misère quotidienne, telle que la voit un des pasteurs : "Quatre fois par semaine, dans la grande sacristie, devant les bustes solennels, des loqueteux sans travail et sans domicile, viennent étaler leur misère. S'il y a parmi eux des trompeurs, des paresseux qu'il faut éconduire, les malheureux qui sont réellement des victimes, des épaves jetées au rivage de la compassion chrétienne par la tempête sociale, que faisons-nous pour eux ? Après ces lugubres défilés, combien vos pasteurs ont le cœur lourd... Ils restent fatalement inférieurs à la tâche, faute de concours appropriés à la situation, car c'est ici un domaine qui échappe à la juridiction officielle du Diaconat."

En fait les diacres ne sont pas seuls. Depuis 1824, ils sont assistés de "dames". Certes, elles apparaissent peu dans les archives, mais comme le dit joliment le pasteur Decoppet : "Assistent aux séances du Diaconat deux déléguées du Comité de Bienfaisance des dames de l'Oratoire ; après que ces messieurs aient voté le pain, des voix plus douces obtiennent que ce ne soit pas du pain sec ." Le Règlement de 1824 précise les charges de cette "Société de Dames de charité protestantes" qui ont été choisies par les diacres eux-mêmes. Elles sont seize en 1824. Leur nombre a-t-il augmenté avec celui des diacres ? Elles les accompagnent ou même peuvent les "remplacer dans les visites à faire aux mères chargées de famille, aux femmes en couches." Elles doivent aussi "procurer du travail aux femmes et aux jeunes filles, surveiller la section des filles à l’École du Dimanche, enfin concourir avec les diacres visiteurs à donner aux femmes pauvres de notre Église tous les secours physiques, moraux, religieux dont elles auront besoin ."

À la fin du XIXe siècle, sous l'influence à la fois de la Mission populaire évangélique de France et du Christianisme social, d'autres préoccupations apparaissent. La lutte contre l'immoralité publique et privée suscite la création de l’Étoile Blanche dont une section est organisée à l'Oratoire. Contre le fléau de l'alcoolisme se réunit à l'Oratoire, le quatrième mardi de chaque mois, une Ligue antialcoolique. Ses fêtes annuelles sont destinées à sensibiliser la jeunesse. "La grande réunion générale des sections de L'Espoir et de L’Étoile Bleue a vu accourir dans le temple près de 500 enfants appartenant aux diverses Ecoles du Dimanche de Paris" (été 1911). Une autre œuvre fondée en 1904, est consacrée à l'Amélioration des logements. Situé en marge du populeux quartier des Halles où la tuberculose fait des ravages dans les taudis surpeuplés, le Diaconat de l'Oratoire ne peut qu'être sensible à ce problème. Le principe est que s'il trouve un meilleur logement pour une famille, il prend à sa charge le supplément de loyer qui en résulte. Une caisse a été créée dans ce but ; elle est alimentée par des dons, qu'évidemment le Diaconat souhaite plus nombreux. Signalons enfin que, pour les enfants pré-tuberculeux, les anciens catéchumènes du pasteur Roberty ont créé une petite association qui permet que cinq ou six soient reçus au bon air à Nanteuil-lès-Meaux. Cette œuvre issue de l'Oratoire en est en même temps indépendante - tout comme la Réunion de Charité fondée en 1860 par les anciens catéchumènes du pasteur Athanase Coquerel fils et qui, reconnue d'utilité publique, peut recevoir des legs.

Mais le Diaconat n'est pas seul dans le monde protestant du XIXe siècle à secourir la misère. De nombreuses œuvres ont été créées que l'on ne peut séparer du mouvement du Réveil. Après un XVIIIe siècle rationaliste, un besoin de renouveau religieux, de piété a traversé le monde protestant. Le Réveil, c'est un appel à la conversion du cœur, un retour à l'émotion, à la prière, à la lecture quotidienne de la Bible. Pour atteindre le plus grand nombre de personnes, pour les amener à la conversion, des œuvres d'évangélisation vont se multiplier, notamment les sociétés bibliques. La première, la Fondation Léo, est due à un pasteur allemand qui, prêchant aux Billettes en 1811, est stupéfait de l'ignorance de la Bible où se trouvent ses auditeurs . Léo lance alors une large souscription de manière à faire imprimer des Bibles et surtout des Nouveaux Testaments. "Son but était de pouvoir distribuer gratuitement le Nouveau Testament à des écoliers pauvres et à des chrétiens peu fortunés." Les deux consistoires, réformé et luthérien, sont les dépositaires des exemplaires et des planches stéréotypées. De 1814 à 1820, 34 000 exemplaires sont tirés. Mais déjà, en 1818, s'est créée la Société Biblique protestante de Paris avec l'aide de la Société biblique britannique. Non seulement Bibles et Nouveaux Testaments sont imprimés, mais il faut les diffuser. De toutes parts se créent des Sociétés auxiliaires, notamment de dames (comme à l'Oratoire), des Comités. À partir de 1833, la Société biblique décide de donner gratuitement un Nouveau Testament à chaque catéchumène, et une Bible à chaque couple lors de son mariage. Des distributions sont aussi prévues dans les écoles, les hôpitaux, les prisons. La version adoptée jusqu'en 1845 est celle de Martin, puis celle d'Ostervald, avant qu'elle ne soit remplacée par celle de la traduction Segond, à la fin du XIXe siècle.

Le Réveil, comme l'écrit Léonard, "sut se soucier des misères du corps autant que du salut des âmes." La foi des fidèles, réformés et luthériens, a suscité un nombre incalculable d'œuvres qu'ils ont fondées ensemble . On ne peut dans cette histoire de l'Oratoire les citer toutes, ne serait-ce même que les parisiennes. Certaines sont liées au Consistoire, tels les Asiles de La Muette ou Lambrechts, ou les multiples orphelinats dans lesquels, nous l'avons vu, le Consistoire paie la pension de ses protégés. Mais la plupart n'ont plus guère de lien. Ainsi la Société protestante de Prévoyance et de secours, si elle a été fondée par un diacre de l'Oratoire, M. Vauchez, en 1825, a acquis son indépendance. Ses statuts sont tellement précurseurs qu'ils servent de modèle au gouvernement français en 1850 quand il souhaite développer la prévoyance. Ses membres honoraires apportent à la société une cotisation annuelle. Ses sociétaires, eux, bénéficient de sa protection, en cas de maladie et pour percevoir une retraite. Citons encore pour mémoire, et seulement pour Paris, l'Œuvre protestante des prisons de femmes (1839), l'Institution des Diaconesses évangéliques (1841), l'Œuvre évangélique du quartier Saint-Marcel (1847), l'Œuvre des dames visiteuses des malades protestants dans les hôpitaux de Paris. Cette entreprise paraît modeste, mais elle est en fait de grande importance car les infirmières des hôpitaux sont le plus souvent des religieuses pour qui le salut des âmes, la conversion de l'hérétique, passe avant les soins du corps. Entrer dans les hôpitaux, repérer les malades protestants, les signaler aux pasteurs, empêcher leur conversion in extremis était un des buts de cette œuvre, tout en apportant du réconfort aux malades. Les registres du Consistoire regorgent de plaintes sur ce genre d'abus repérés dans les hôpitaux.

L'Œuvre de la Chaussée du Maine est créée par Élise de Pressensé dans le faubourg déshérité de Saint-Marcel, en 1871. Au départ, il s'agit d'un simple ouvroir pour procurer travail et vêtements aux victimes de la guerre civile. Vont bientôt s'y ajouter des écoles, un dispensaire, une bibliothèque, un centre d'apprentissage, une caisse d'épargne, une caisse des loyers... La réorganisation de l'instruction primaire par la Ville de Paris fait abandonner les écoles, sauf les maternelles, et sauf les écoles du dimanche et du jeudi qui fonctionnent comme des patronages. L'originalité de l'œuvre, c'est son asile temporaire destiné aux enfants dont les mères sont malades. Et à partir de 1881, pendant trois mois, cet Asile se transporte dans une ferme du Loiret. On a là les premières colonies de vacances, deux ans avant celles de la Ville de Paris. Cette fondation va prendre une grande extension, notamment sous la seconde présidente, Julie Siegfried, autre grande dame d'œuvre. La même année, Mme Lorriaux fonde l'Œuvre des trois semaines pour envoyer, chez des paysans, des enfants parisiens. Le placement est individuel. Bientôt, dans une station balnéaire, l'œuvre aura des installations collectives. C'est à ces deux organisations que l'Oratoire confie les enfants malheureux qu'il veut envoyer en vacances. Une collecte leur est spécialement destinée. Leur nombre est régulièrement noté dans la Feuille Rose. Il tourne autour de 40 à 50 auxquels s'ajoutent quelques mères de famille en mauvaise santé.

En 1893, à l'occasion de l'Exposition universelle de Chicago, Frank Puaux dirige un gros livre de 480 pages : Les œuvres du protestantisme français au XIXe siècle. Un nombre infime a été cité ici. Ces fondations sont la marque de la réimplantation vigoureuse du protestantisme dans la société française et aussi de l'effort financier consenti par tous ceux que le Réveil avait touchés. À l'Oratoire même, en plus des nombreux dons, ce sont les deux grandes collectes destinées "aux pauvres" qui rapportent le plus. Mais déjà en 1910, les diacres constatent qu'elles ont baissé. Il va en être de même pour les ressources des œuvres en général car, à la suite de la loi de Séparation, les Églises doivent maintenant assurer le financement du culte, les traitements des pasteurs et leurs retraites. D'ailleurs, désormais, les différentes activités des paroisses sont distinctes. Le culte, l'évangélisation, l’École du dimanche, la vie religieuse dépendent des associations cultuelles, loi de 1905, alors que tout ce qui est charitable correspond à des Associations, loi de 1901. Ainsi le Bulletin paroissial L'Oratoire précise que "les dons et legs ne doivent pas être libellés ni directement pour les pauvres, ni aux pasteurs, ni au Diaconat, mais à l'Association de Bienfaisance parmi les protestants réformés de Paris et du département de la Seine", reconnue d'utilité publique et siégeant au 4, rue de l'Oratoire. À la veille de 1914, les ressources des Églises doivent faire face à de plus en plus de sollicitations. Bientôt elles vont être encore plus fragilisées car beaucoup de fidèles vont être atteints par la mise en place de l'impôt sur le revenu (même s'il est encore fort léger), la guerre, l'inflation, et les destructions.

Les écoles

L'école protestante répond à un double but. Le premier a été défini par les réformateurs, permettre à chacun, garçon ou fille de lire la Bible. Calvin est le premier qui ait créé l'école gratuite et obligatoire. Le second, pour la France du XIXe siècle, est de soustraire les enfants protestants à l'influence catholique puisque, jusqu'à la loi Ferry de mars 1882, le catéchisme est la première matière enseignée dans le cadre de l'Instruction publique. C'est pourquoi, dès ses débuts, le Consistoire va se préoccuper de créer des écoles, ce qui est dans la ligne du Réveil. Toutes ces écoles dont il va être question, sont destinées aux enfants des classes populaires. Les enfants des milieux aisés sont instruits à la maison, dans des cours privés ou, pour les garçons, dans les collèges et lycées publics qui, eux, ont des aumôniers et continueront à en bénéficier même après la loi de Séparation de 1905.

Vue du côté de l’État, l'instruction primaire participe à l'acculturation des classes populaires comme le montre cette lettre adressée au Consistoire par le Grand Maître de l'Université impériale, Fontanes, le 15 mars 1809. L'instruction primaire "destinée à répandre les premiers principes de la religion et les éléments des connaissances humaines, exerce une influence inévitable sur les mœurs de la classe laborieuse indigente. Je vous prie d'engager MM. les Ministres qui vous sont subordonnés à vous donner des notes détaillées sur les instituteurs de la religion protestante qui tiennent des écoles publiques." L'instruction des enfants pauvres est vue dans le cadre de la charité. Jusqu'en 1836, l'Instruction Publique dans l'espace municipal dépend de l'Administration des hospices. Les subventions aux écoles sont allouées par le Bureau de Bienfaisance.

La première école protestante à Paris l'a été aux Billettes, créée par le Consistoire luthérien, en 1811. Pour les réformés, c'est Étienne Delessert qui, en 1816, offre la location d'une maison pour y installer deux écoles, 5 rue du Coq Saint-Jean. En décembre 1817, elle regroupe 70 garçons et autant de filles. L'enseignement y est "mutuel" et gratuit . Le Consistoire donne 500 à 600 f. annuels. Le 29 août 1830, le nouveau gouvernement alloue 300 f. pour l'instruction. Quelques années plus tard, deux écoles se sont ajoutées, 20 rue Bergère et 7 rue d'Aval, enfants réformés et luthériens mêlés. A ce moment, en 1829, est créée à Paris une institution qui va jouer un rôle fondamental dans l'instruction des petits protestants à travers la France, la SEIPP (Société pour l'encouragement de l'instruction primaire parmi les protestants de France) . Elle est fondée et subventionnée par les plus grands noms du protestantisme parisien qui sont ceux de membres du Consistoire. Cette société qui ne va vivre que de dons, de legs, de collectes dans les temples et de vente de charité "où quêtent les baronnes", va créer près de 1800 écoles à travers la France et plusieurs écoles modèles ou Ecoles normales d'instituteurs et d'institutrices. La dernière à fermer, en 1939, est celle de Boissy-St-Léger, installée sur un terrain donné par la famille Hottinguer. Les présidents en ont été le marquis de Jaucourt, de 1829 à 1852, puis Guizot de 1852 à 1872. Leur succèdent Félix Vernes (1873-1880), Charles Robert (1881-1892) puis le baron Fernand de Schickler.

La première grande loi scolaire est due à Guizot, ministre de l'Instruction Publique, en 1833. Elle établit la distinction entre écoles privées et écoles publiques dont le coût est assuré par la commune. Elle rend obligatoire la création d'une école de garçons par commune et d'une Ecole normale d'instituteurs par département. Elle fixe les programmes: l'éducation morale et religieuse est la première matière enseignée. Désormais, la SEIPP va chercher à faire communaliser les écoles qu'elle a créées (et qu'elle continuera de fonder), en s'assurant que l'instituteur est bien protestant pour donner le cours de religion. Les instituteurs sont nommés par le ministre, sur proposition du Consistoire. Ces écoles communales sont contrôlées par un comité de surveillance composé évidemment de notables; dans ces premières années à Paris, en plus des pasteurs Marron et Jean Monod, y figure tout l'armorial huguenot !

Un Rapport de 1835 cite deux écoles gratuites d'enseignement mutuel - celles d'Etienne Delessert qui a déménagé 15 Passage Pecquet - avec 112 garçons et autant de filles, et six écoles payantes où se retrouvent réformés et luthériens, mais où l'enseignement religieux est donné par les pasteurs de chaque confession. Les deux Consistoires donnent des bourses. Des souscripteurs en assurent le montant pour plusieurs années, sorte de parrainage d'enfants. Frédéric Monod, pasteur adjoint (jusqu'à sa titularisation en 1832) est président de la Commission des écoles. C'est à lui qu'il faut s'adresser pour avoir une bourse. Le Conseil municipal de Paris attribue 500 f. à chacune des six écoles qui "reçoivent des enfants de familles affiliés à l'Eglise réformée de Paris. " (16 mai 1834).

La Loi Falloux (15 mars 1850) prévoit que "dans les communes où les différents cultes sont professés publiquement, des écoles séparées seront établies pour les enfants de chacun des cultes." A Paris, où les enfants protestants sont suffisamment nombreux pour avoir leurs écoles, la loi est appliquée, mais non là où les protestants sont disséminés. C'est pourquoi la SEIPP a encore de beaux jours. La Loi crée un Conseil Supérieur de l'Instruction Publique et prévoit qu'en fasse partie un ministre de l'Eglise réformée. Juillerat, pasteur à Paris, est désigné. La Loi Falloux renforce la surveillance des Eglises sur les maîtres par le biais de Conseils académiques où siègent des représentants des cultes, en l'occurrence le pasteur si nécessaire. A Paris un pasteur est nommé dans chaque arrondissement où il y a une école protestante.

André Encrevé, étudiant l'Eglise réformée à Paris entre 1850 et 1860, distingue quatre sortes d'écoles : d'abord celles qui sont des fondations privées, telles celles du Passage Pecquet. Par suite de dons et legs, elles bénéficient de 2500 f. de rentes annuelles et sont gratuites. Gratuite aussi l'école de filles situées dans la Maison des Diaconesses, rue de Reuilly, avec une centaine d'enfants et beaucoup plus pour la salle d'Asile. Une autre école de filles est située rue des Fossés Saint Victor. A ces écoles gratuites d'origine privée, on peut ajouter celles qui ont été communalisées, les deux de la rue de la Réforme (ou rue des Ecuries d'Artois), et les deux écoles (filles et garçons) du 9 de la rue d'Astorg. Le troisième groupe est constitué par les écoles payantes réformées (quelquefois mixtes, réformées/luthériennes) où le Consistoire réformé entretient un certain nombre d'élèves avec des bourses. Il donne parfois aussi des subventions aux instituteurs ou paie le loyer. Parmi ces écoles, citons celle située Passage Colbert (67 garçons dont 50 boursiers des deux confessions) et celle située rue de Reuilly (62 garçons dont 52 boursiers). Pour les filles, l'on dispose de plusieurs adresses, mais la plupart semblent avoir été éphémères. Le quatrième groupe est constitué de celles créées par le Consistoire lui-même, écoles consistoriales ou presbytérales, et gratuites. Une ouvre pour les garçons en octobre 1852 dans le temple même de Pentemont; celle des filles est rue Barouillère. Le certificat de baptême est demandé à l'inscription. Le système d'enseignement est mixte, à la fois simultané et mutuel. "Les enfants qui fréquentent ces écoles étaient en général de familles pauvres puisque le comité de surveillance demanda une allocation au Conseil presbytéral pour donner des vêtements à des enfants; trois ont cessé de fréquenter l'école faute de vêtements convenables ."

Quand fut ouverte la chapelle de la rue St Lazare, dans sa galerie supérieure est installée une école de garçons, gratuite et presbytérale (novembre 1858). La démolition de la chapelle pour construire la place de la Trinité entraîne sa disparition. Une autre école presbytérale de garçons ouvre en novembre 1859, rue de la Muette, dans une dépendance de l'hospice. A Plaisance, le Conseil presbytéral prête le local, dans le bâtiment même loué pour le culte. Les deux écoles (garçons et filles) sont payantes mais le Conseil presbytéral donne des bourses. L'ouverture de ces écoles répond à une demande croissante, mais elles restent insuffisantes. A Plaisance on entasse 64 élèves dans une salle prévue pour 20 à 30. La dernière école presbytérale est ouverte à l'Oratoire même, en 1876, pour les garçons. Elle est fermée en 1883.

Par une sorte de nostalgie, un vieux paroissien évoque cette école en 1940 . Elle avait deux classes : la grande classe, avec un maître, dans la salle ronde, au dessus de la salle consistoriale, chauffée par un poêle de faïence blanche; la petite classe, encore au dessus, sous le toit pointu, avec un sous-maître. On y accédait par un escalier en colimaçon, mal éclairé, aux marches usées. Les heures étaient données par St Germain l'Auxerrois. Les récréations avaient lieu là où est placé maintenant le monument Coligny. Une fontaine et quelques buis formaient le jardin et quand il faisait beau, les enfants pouvaient aller courir place du Carrousel. Chaque jour, à l'ouverture, la petite classe se plaçait sur des chaises autour de la grande salle, pour la prière et le cantique. Après une leçon de choses, les petits grimpaient à l'étage. L'instruction religieuse avait lieu le jeudi matin. Et une fois par semaine, une leçon générale de chant réunissait aux garçons les filles de l'école voisine (rue Bailleul).

Les sommes que le Consistoire dépensait pour les écoles sont allées croissant: traitement des maîtres, loyers, bourses, frais de livres etc... La Ville de Paris accordait une subvention qui, en 1854, passa de 5 000 à 10 000 f. Les dépenses scolaires du Consistoire, cette année-là, dépassaient les 13 000 f. En 1864, les dépenses pour les écoles atteignent 31 000 f. et la subvention municipale, 20 000 f. A la veille de la laïcisation, la subvention est de 30 000 f. mais cela reste insuffisant vis à vis des besoins, bien que le nombre d'écoles continue de croître.

Un rapport de la Commission des Ecoles (25 avril 1875) signale qu'il y a 112 écoles à Paris qui se réclament du protestantisme, dont 50 pour les enfants réformés (30 de filles, 15 de garçons et 5 salles d'Asile) regroupant 1 800 enfants. Mais il n'y a pas lieu de s'en féliciter : le Conseil parle de "misérables logis, mal installés, dépourvus de préau, de bibliothèque, et manquant quelquefois même de livres de classe." Faut-il alors s'étonner que, quand la Ville de Paris s'est dotée de ces belles maisons d'école, de pierre et de briques, avec cour le plus souvent arborée et préau, et que l'enseignement y était devenu laïque, les familles aient déserté les écoles privées ?

Car l'enseignement primaire en France est devenu laïque depuis les lois de Jules Ferry, gratuit, obligatoire et laïque, les trois adjectifs s'épaulant l'un l'autre. Et cette laïcisation - c'est à dire que l'instruction morale et civique remplace l'instruction religieuse - doit beaucoup au trio de protestants libéraux qui entourent Jules Ferry.

Ferdinand Buisson qui a appartenu au milieu revivaliste de la chapelle Taitbout, a évolué vers le protestantisme libéral. Agrégé de philosophie, il refuse de prêter serment à Napoléon III et va exercer en Suisse, à Neufchâtel. Il rentre en France dès la chute de l'Empire. D'abord Inspecteur de l'Instruction Publique, il est nommé en février 1879 Directeur de l'Enseignement primaire, poste qu'il garde jusqu'en 1896. Confident de la pensée de Jules Ferry, attaché à une "foi laïque", c'est à lui que l'on doit tous les projets de lois, décrets et circulaires qui organisent l'enseignement primaire de la IIIe République. Ses deux amis qu'il avait même invités en vain à Neufchâtel pour constituer une Eglise "sans dogmes et sans miracles", sont anciens pasteurs.

Félix Pécaut en 1880 est nommé Inspecteur général, chargé de la direction des études à la nouvelle Ecole normale supérieure de jeunes filles de Fontenay-aux-Roses. Jules Steeg, député de Gironde de 1881 à 1889, est rapporteur de la loi Goblet sur la laïcisation du personnel enseignant. Nommé Inspecteur général en 1889, il succède en 1896 à Pécaut. On peut y joindre Louis Liard, Directeur de l'Enseignement supérieur - dont les obsèques seront présidées à l'Oratoire en 1917 par le pasteur Roberty, Elie Rabier, à la tête de l'Enseignement secondaire, et Pauline Reclus qui épouse J. Duplessis- Kergomard à l'Oratoire en 1863. Première femme à entrer au Conseil Supérieur de l'Instruction Publique, c'est elle qui transforme les salles d'Asile en écoles maternelles. "Moment unique, et peut-être provisoire et fragile, où l'histoire de France n'a plus été écrite ni par les héritiers de Bossuet, ni par ceux de Voltaire, mais bien par les arrière-petits-fils de Calvin ou peut-être de Castillon... "

A la veille de 1914, le Consistoire ne subventionne plus d'écoles. Une ou deux quêtes annuelles sont faites dans le temple pour la SEIPP. C'est elle qui entretient, outre l'Ecole normale de Boissy-St-Léger (celle de Courbevoie, des garçons, a fermé en 1888), à Paris même trois écoles de filles, une de garçons et trois écoles maternelles. Elle subventionne ce qu'on appelle des "écoles de garde", en fait des patronages, quatre à Paris, - auxquels s'ajoutent quatre autres dépendant des paroisses : Oratoire, Batignolles, Passy et la Mission populaire de la rue Nationale.

Il reste des écoles protestantes privées à Paris, mais elles sont payantes et s'adressent à un autre milieu social que celles que le Consistoire a subventionnées pendant près d'un siècle. Pour les classes populaires, désormais l'enseignement est public et laïque. Mais les Eglises ne peuvent se désintéresser pour autant de ces enfants. Pour eux va être créée l'Ecole du Jeudi. Dès le vote de la loi de laïcisation, comme le Jeudi est laissé libre pour recevoir un enseignement religieux, la SEIPP envoie une circulaire à tous les pasteurs de France pour qu'ils l'organisent. Elle va d'ailleurs les aider financièrement ou avec du matériel pédagogique . L'Oratoire va avoir deux Ecoles du Jeudi, l'une dans ses locaux, l'autre à La Clairière. C'est même là nous le verrons, l'origine de La Clairière. Comme dans la plupart des paroisses, il y a à l'Oratoire deux fois plus d'inscrits à l'Ecole du Dimanche qu'à celle du Jeudi. Rares sont les enfants qui suivent les deux, malgré les souhaits des pasteurs qui voudraient qu'elles se complètent.

L’École du Dimanche

L'école du dimanche est la forme prise, dans les pays protestants pour l'instruction religieuse des jeunes enfants, avant qu'ils ne deviennent catéchumènes, en suivant un enseignement qui les mène à la confirmation et à la première communion. L'origine est en Grande-Bretagne où Robert Blakes de Gloucester se fit en 1781 l'initiateur du mouvement. Au départ, il avait réuni des enfants abandonnés à eux-mêmes le dimanche et engagé à ses frais quatre instituteurs pour apprendre à lire à tous les enfants pauvres qui voudraient suivre leurs leçons le dimanche, toute la journée, avec une pause d'une heure et un moment à l'église. Mais bientôt cette instruction primaire fut abandonnée et l'école du dimanche se transforma en culte pour enfants. C'est sous cette forme qu'elle se propagea dans le monde protestant.

En France, elle apparaît autour de 1815, dans la ligne des nombreuses créations nées du Réveil. A Paris, la première est ouverte à l'Oratoire, en août 1822, par Frédéric Monod. Elle se tient dans la salle supérieure du temple, de 10h et demie à midi. Dès 1823, on compte 250 enfants inscrits "de toutes les classes et même ceux des membres distingués de l'Eglise". Les leçons de Frédéric Monod sont tellement chaleureuses qu'elles attirent aussi un public adulte, tel le catholique Victor de Pressensé. "J'étais un auditeur assidu, bien que j'eusse alors 33 ans ." Converti par F. Monod, il devient un pilier de l'Eglise réformée... Certaines de ces écoles gardent les traits des premières écoles fondées par Raikes, puisqu'il a été édité un Alphabet à leur usage. Elles s'occupent donc d'apprendre à lire aux enfants illettrés. C'est le cas des écoles fondées dans les faubourgs populaires de Paris, ou pendant un temps (1823-1829) à Sainte-Marie. Dans les premiers pas de l'école du dimanche, on a déjà deux traits que l'on retrouvera plus tard dans les écoles du jeudi: l'intervention des femmes, dames pieuses, épouses et filles de pasteurs; et des sortes de patronage pour enfants des classes populaires à occuper et à évangéliser. Mais l'Oratoire s'en distingue : l'école du dimanche, avec son jeune et brillant pasteur, dans le "temple-cathédrale" attire les enfants des élites. On peut penser que, ne serait-ce que pour une question de vêtements, l'assistance à cette école était très choisie.

L'élan décisif à la multiplication des écoles du dimanche est donné par le pasteur Paul Cook, qui crée en 1852, la Société des Ecoles du Dimanche (SED). Cette même année 1852 se tient à l'Oratoire sa première fête de Noël pour les enfants, due à l'initiative d'une jeune monitrice venue de Genève avec son frère et qui a voulu imiter ce qui se faisait dans sa ville. Pendant deux mois, elle fait le tour des écoles du dimanche parisiennes pour enseigner quelques chants aux enfants. Grâce à des concours amicaux, elle peut acheter les petits cadeaux nécessaires que les enfants emporteront avec une petite bannière où est inscrit : "Aimez-vous les uns les autres." La fête réunit 300 enfants, autour d'un sapin illuminé, ce qui en France à l'époque est encore une nouveauté, mais dans la grande sacristie, ils devaient être bien serrés ! Tout se déroule comme prévu mais elle pense qu'il manque quelque chose pour couronner cette fête. Sachant que le Conseil presbytéral est en réunion, elle court chercher Adolphe Monod pour qu'il dise quelques mots aux enfants. "Mais dans l'entassement de cet étroit espace, où le mettre pour qu'on l'entendît ? On eut alors l'heureuse idée d'ouvrir l'église restée close. Voilà les enfants groupés dans ce premier espace qui avoisine la grande sacristie, tandis que M. Monod montait dans la niche à galerie à gauche de la porte, une petite lampe à ses côtés. Rien de plus saisissant, de plus pittoresque que cette scène : la grande église dans l'ombre, la sacristie seule éclairée, les enfants et les assistants dispersés plus qu'assis entre les bancs - et là-haut, dans cette chaire improvisée, le grand orateur debout, avec sa petite lumière comme une étoile ou comme une auréole." Les paroles qu'Adolphe Monod a improvisées ce soir-là étaient si bouleversantes qu'un demi siècle après, elle s'en souvient encore. "Inoubliable fut ce dernier acte de notre entreprise et ardentes les actions de grâce de ceux qui l'avaient tentée. C'est ainsi que s'acheva cette fête bien modeste en comparaison de ce qui se fait aujourd'hui, mais riche de bénédictions spirituelles et d'avenir." Effectivement, désormais l'arbre de Noël de l'Oratoire est devenu une institution, dont bientôt la Feuille Rose rendra compte. Il regroupe les enfants des écoles du dimanche - d'abord du Consistoire, puis seulement de la paroisse - et ceux de l'école du jeudi, quand elle ouvrira après 1882-1883, à l'Oratoire.

La Clairière

La Clairière est fille de l'école du jeudi et des œuvres sociales. Son origine : une école du jeudi qui ouvre, au début de 1908, au 8 boulevard Bonne Nouvelle, un poste avancé de la Mission Mac All dont l'Oratoire a hérité. Un quartier populaire et souvent mal famé. Wilfred Monod qui vient d'arriver à l'Oratoire connaît par ses postes antérieurs, notamment à Rouen, la misère du monde ouvrier. Dès 1909, il transforme la petite école du jeudi en patronage dont il assure la direction religieuse. Il est aidé et soutenu dans sa tâche par Mme Guy, qui va, jusqu'en 1924, se consacrer totalement à cette œuvre .

En 1910, se sentant trop à l'étroit, le patronage déménage au 60 rue Greneta et prend le nom qui lui est resté et qui "symbolise notre œuvre de lumière et d'espérance". Wilfred Monod exprime ainsi le but qu'il lui assigne : "Notre rôle est de fournir aux familles du quartier un appui moral, un foyer spirituel et des facilités aux indigents, par des enquêtes et des démarches personnelles, l'obtention des secours auxquels ils ont droit.." Un siècle plus tard dans des conditions sociales et des moyens d'action très différents, les buts n'ont guère changé. Le 12 novembre 1911, le pasteur expose à ses paroissiens ce qu'il veut faire: "L'Eglise de l'Oratoire, décidée à propager l'Evangile autour d'elle, inaugure au cœur même de Paris, dans le quartier des Halles et de la Banque, un immeuble intitulé La Clairière." Sa prédication prend un caractère prophétique, mais pour ne pas choquer certains de ses fidèles, il ne se recommande pas de ce qui le guide, le christianisme social. Rendre vivant l'Evangile. Unir profondément les murs gris de l'Oratoire et le gai local . Créer des liens entre des paroissiens favorisés et les malheureux de ce quartier misérable. Pour cela, il imagine le geste qui consiste, chaque fois que la Cène est célébrée à l'Oratoire, qu'un repas soit gratuitement offert aux déshérités de La Clairière, signe de communion entre tous les humains.

Bientôt l'école du jeudi regroupe près de 75 enfants. En avril 1912, Mme Guy est assistée de douze moniteurs et d'autant de monitrices. Des ateliers de vannerie et de brosserie occupent les garçons pendant que les filles se livrent ... aux travaux d'aiguille ! A l'école de garde quotidienne , on surveille ceux qui font leurs devoirs, à partir de 16 h 30. Les livres de la bibliothèque sont très demandés. Une œuvre des loyers est créée, sorte de caisse d'épargne pour éviter les expulsions. Tous les quinze jours, le jeudi matin, un cours de cuisine apprend aux jeunes filles à préparer des repas substantiels et peu coûteux. Tous les vendredis : une consultation antialcoolique en fin de journée. L'Espoir est une association de lutte contre l'alcoolisme par l'abstinence. Des sections cadettes d'enfants abstinents sont organisées à La Clairière à partir de l'âge de 10 ans. La consultation de nourrissons, le mercredi après-midi, va attirer les mères par dizaines et exercer un travail d'acculturation. Le budget nécessaire à son fonctionnement est assuré par des dons. Le deuxième dimanche du mois, se déroule une séance récréative pour les adultes, avec goûter et allocution évangélique. Les mères de famille ont une réunion mensuelle le quatrième mardi du mois et les hommes et jeunes gens au dessus de 13 ans , le quatrième samedi de chaque mois. Au printemps de 1914, plus de 70 familles ont été visitées. On le voit, les activités de ce "Centre d'activité chrétienne, sociale et fraternelle organisé par l'Oratoire du Louvre ," encadrent la population du quartier. Mme Guy note que, pendant les trois premières années, La Clairière a touché 151 familles et 352 enfants. La Fête de Noël et la Fête d'été regroupent tous les enfants. Ils ont droit à une séance de "science amusante" organisée par un cousin Monod, Arthur Good, plus connu sous le nom de Tom-Tit. Enfin dès 1913, 8 enfants de La Clairière partent en colonie de vacances. Leur nombre ne va cesser d'augmenter. En dehors d'une subvention de l'Oratoire pour le loyer, l'essentiel du budget de La Clairière est assuré par la vente annuelle dont la Feuille Rose enregistre les succès.

Pendant la guerre de 14, d'autres activités sont proposées, notamment aux femmes démunies, dont un ouvroir et des aides en nature. A la fête de Noël, il n'y a ni arbre ni jouets, mais des vêtements. Les responsables se réjouissent, en 1916, de pouvoir continuer à chauffer le local, malgré les restrictions, et même de pouvoir l'agrandir en louant un étage supplémentaire. En 1917, La Clairière peut envoyer 36 enfants à la campagne pendant trois mois. Et 38 en 1918, ainsi que trois mères avec des nourrissons, grâce aux bons résultats de la vente. Faisant, en 1921, le bilan des dix premières années de La Clairière, Wilfred Monod peut parler de "La haute, sereine et sobre poésie de l'Evangile intégral, dans le hideux quartier des Halles devenu Montagne de la Transfiguration ." Pour lui, La Clairière est "la proue du vaisseau de l'Oratoire, la figure sculptée à l'avant du navire qui a quitté l'abri du port et pousse vers le large ." Mais les charges trop nombreuses qu'il doit assumer, responsabilités internationales en plus de son enseignement à la Faculté de théologie, font qu'à la tête de La Clairière il est remplacé par le pasteur Fargues puis, en 1923, par son jeune suffragant, Paul Vergara qui restera attaché à cette œuvre jusqu'en 1955.

Les activités déjà nommées s'enrichissent de cours de gymnastique le jeudi matin, d'une troupe d'Eclaireurs, puis de louveteaux. La section cadette des enfants abstinents se maintient autour d'une vingtaine de jeunes. La Fête des Mères est célébrée à partir de 1923, le deuxième dimanche de mai, avec la participation des enfants en chants, musique, récitations et même pièce de théâtre. Elle se termine par un petit culte familial. La consultation gratuite des nourrissons requiert maintenant deux médecins. Dans les années 1930, il y a jusqu'à 70 bébés chaque mercredi. Ils constatent "non seulement les petites maladies de l'enfance, mais le rachitisme, les convulsions, les entérite rebelles, les retards au développement, l'insuffisance musculaire..." Une installation moderne de rayons-ultraviolets aide les traitements . Et l'œuvre embauche une infirmière visiteuse car l'état sanitaire de bien des logements est mauvais. Elle donne des consultations également au local. Cette aide médicale se fait sous forme mutualiste, les familles intéressées y adhérant, sans qu'il soit nécessaire de faire partie de La Clairière. Il est aussi proposé aux enfants, le jeudi, quand ils ne sortent pas, des films que les monitrices commentent, ou de nouveaux ateliers de cuir, de reliure, de découpage du bois. Dans les années 1930, 120 à 150 enfants viennent au patronage "dix douzaines de petits saute-ruisseaux habitués à la liberté" qu'il faut tenir pendant cinq heures ! Et près de 200 personnes assistent à la réunion du dimanche après-midi. Le vestiaire intéresse 82 familles. Des bons de lait et de charbon sont vendus à prix réduit. Une centaine de familles bénéficient de l'armoire aux médicaments gratuits et 55 personnes (enfants et adultes) partent en colonie pour un à plusieurs mois. Dans ce quartier parisien "malodorant et sans soleil", dans cette France de l'entre-deux guerres où la protection sociale tarde tant à se mettre en place, La Clairière, "remplit un ministère social parallèlement au ministère spirituel ." "C'est un centre de joie saine et d'éducation chrétienne dans la sombre forêt des taudis, des assommoirs, des hôtels louches. Il y a plus de distance entre les habitants du 2ème arrondissement et ceux du 8e ou du 16e qu'entre les habitants de Paris et ceux de Varsovie, parce que les classes s'ignorent, elles n'ont pas de lieu de rencontre et de communion ." Et Vergara de souhaiter que chaque famille de La Clairière ait une famille amie à l'Oratoire. Pour amorcer un rapprochement, les troupes d'Eclaireurs fusionnent, les Eclaireuses et les Routiers de l'Oratoire visitent les familles de La Clairière, et à la fin de l'année est organisée une sortie commune dans le bois de St Cloud, des enfants du patronage et des deux écoles (dimanche et jeudi) de l'Oratoire.

Paul Vergara est tellement attaché à La Clairière qu'il refuse en 1932 de succéder à John Viénot comme pasteur titulaire . L'année précédente, il a engagé une infirmière assistante sociale, Marcelle Guillemot. Elle a 24 ans. Sa forte personnalité, son engagement personnel vont profondément marquer l'œuvre. Embaucher une assistante sociale signifie que La Clairière passe "de la charité à un véritable service d'assistance " notamment pour les démarches administratives. Marcelle Guillemot s'y est consacrée par un dévouement total. Pour avoir la reconnaissance officielle des autorités civiles, des statuts sont adoptés en 1935, mais ils vont rester lettre morte jusque dans les années 1950. Le témoignage chrétien (mais non le prosélytisme), s'il n'est pas expressément indiqué, demeure la marque de l'œuvre.

Dans les années 1930, La Clairière doit faire face à bien des difficultés, financières (son premier déficit, dû à la crise), sociales (la montée du chômage et de la misère), et nouvelles (l'arrivée de populations immigrées différentes des habitants de l'arrondissement). En effet viennent s'installer dans ce quartier aux appartements sordides mais pas trop chers, des vagues d'étrangers, juifs allemands ou d'Europe centrale, républicains espagnols et autres nationalités. Ces réfugiés souvent fort instruits, de religions différentes, ne parlant guère le français, il faut les accueillir et les aider. Ainsi, dès la fin des années 1930, La Clairière commence à être confrontée à des problèmes humains qui prendront une allure dramatique pendant la guerre.

Gabrielle Cadier
extrait du livre du bicentenaire

La Clairière, un jeudi après-midi, en 1911

Notes

Pour replacer les œuvres dans une perspective théologique protestante, voir l'introduction du pasteur Olivier Pigeaud au N° 157 de LibreSens, Bulletin du Centre protestant d’Étude et de Documentation : Les œuvres protestantes en France au XIXe et au XXe siècles.

Les collectes ont lieu à la sortie du culte. Les premières collectes dans les rangs sont envisagées en mai 1883, le premier dimanche de chaque mois pour subvenir aux frais du culte, soit un an après le décret de mars 1882 qui a créé les huit paroisses parisiennes.

Le premier registre du Consistoire va du 16 décembre 1791 à juillet 1793. Le deuxième, du 20 janvier 1803 à décembre 1805.

Les Orléans, après 1830, semblent beaucoup plus "pingres" ... malgré leurs liens avec le protestantisme.

SHPF. Archives du Consistoire. Rapports financiers I. Finances du Diaconat général. Année 1817. Les cultes anglicans (deux par dimanche) ont lieu à l'Oratoire de 1814 à 1824.

Idem.

Les vêtement sont neufs ou confectionnés ou réparés par M. Laporte "employé actuellement d'une manière fixe au magasin (de l'Economat) pour distribuer, préparer les confections et les réparations de vêtements. Il jouit en 1860 d'un traitement de 100 f. par mois." A titre indicatif, en 1870, le salaire annuel d'un instituteur est porté à 700 f. annuels. Une sous-maîtresse gagne 200 f. par an.

SHPF. Archives du Consistoire. Rapports financiers II. Finances du Diaconat général.

Pensionnat Lambrechts, de Lemé, de Rayroux, de Reuilly. Orphelinat des Batignolles, de Plaisance, d'Orléans. Asile de La Force, Asile Fresnoy-le-Grand, etc...

En 1871 ont encore été distribués 16 000 bons de pain pour une valeur de 6 404 f. contre 700 f. pour une "année normale".

Franck PUAUX, Les œuvres du protestantisme français. Paris, 1893, 460 p.

Sur ces activités, nous suivons les indications de L'Oratoire, bulletin de la paroisse, communément appelé La Feuille Rose, et qui débute en 1896.

L'Oratoire, mars à juin 1913.

L'Oratoire, son passé, son présent, son avenir. Service annuel de rentrée, 18 octobre 1903. Allocutions par MM les Pasteurs Decoppet, Théodore Monod et Roberty.

SHPF. Finances du Consistoire. Le Diaconat.

Il faut rappeler que de 1678 à 1802, pas une Bible protestante, pas un Nouveau Testament non catholique, n'avaient été imprimés en France.

Frank PUAUX (dir.), Les Oeuvres du Protestantisme français au XIXe siècle. Exposition Universelle de Chicago. 482 p., p.4. Ce livre est essentiel pour voir l'importance des réalisations réformées et luthériennes.

cf SHPF, 006Y, Boîte 11, sur les relations entre le pasteur Léo et les deux Consistoires.

J.E. LEONARD, Histoire générale du Protestantisme, P.U.F., 1964, T. III, p. 403.

Maurice PONT, Le protestantisme parisien - et plus particulièrement réformé - à l'époque de la Restauration. Thèse présentée à la Faculté de Théologie protestante de Paris le 30 avril 1947. Dactylographiée. Il insiste sur les excellentes relations entre les deux confessions, les pasteurs allant jusqu'à faire des échanges de chaire.

Nous la retrouvons prenant la parole à l'Oratoire en 1916. Son service funèbre, comme celui de son frère le pasteur Frank Puaux, est célébré à l'Oratoire au printemps de 1923.

L'Oratoire, Juin-Septembre 1912. On l'appelle communément la Feuille Rose.

SHPF. Archives du Consistoire. 006Y, Boîte 10.

Pendant des années, à partir de 1825, le Consistoire fait don de douze habillements pour les jeunes filles et autant pour les garçons, ainsi que trente-six paires de souliers.

Patrick CABANEL et André ENCREVE (dir), Les protestants, l'école et la laïcité, XVIIIe - XXe siècles. Histoire de l'Education, N° 110, Mai 2006. En particulier : Patrick CABANEL : De l'école protestante à la laïcité. La société pour l'encouragement de l'instruction primaire parmi les protestants de France (1829-années 1880).

Rapport sur l'état des Etablissements d'instruction élémentaire de l'Eglise réformée de Paris, au 31 décembre 1835. Paris, Librairie protestante, 6 rue de l'Oratoire.

Diplôme d'Etudes Supérieures, sous la direction du professeur L. Girard, année 1963-1964. Centre d'Histoire du XIXe siècle, 17 rue de la Sorbonne, 75005 Paris, p. 207.

Idem, p. 215.

L'Oratoire, 1er novembre 1940.

Patrick CABANEL et André ENCREVE, op. cit. p. 15

Gabrielle CADIER-REY, La naissance de l'Ecole du Jeudi. Colloque international intitulé Dieu à l'école, organisé par l'Université du Littoral, Boulogne -sur-Mer. 2007. Sous presse.

Cité par Maurice PONT, op.cit.. C'est en 1818 que le Consistoire avaitenvisagé l'école du dimanche pour "les enfants des deux sexes de la classe pauvre, à initier aux vérités de l'Evangile et à préparer à l'admission à la Sainte Cène."

Brochure Souvenir du Jubilé, 1852-1902. L'Ecole du Dimanche en France. Supplément au Journal des Ecoles du Dimanche, mai 1902. Cette jeune monitrice est Clotilde Bouvier, future Mme William Rey, sœur du pasteur Auguste Bouvier, professeur de théologie à la Faculté de Genève, qui épousera Marguerite Monod, fille d'Adolphe, dont il a fait la connaissance lors de ce séjour parisien.

Catherine GOGUEL, Jacques POUJOL, La Clairière, 90 ans d'action sociale au cœur de Paris.

La Feuille Rose est l'autre source de documentation. Le N° d'octobre-novembre 1911 est consacré en grande partie à la naissance de La Clairière. Celui de décembre 1911 à mars 1912, à ses activités.

C'est l'âge de la fin de l'obligation scolaire, et donc éventuellement celui de l'entrée dans le monde du travail.

Telle est la définition de l'Annuaire protestant.

L'Oratoire, novembre 1920 à février 1921.

Idem, juin à octobre 1921.

Idem, avril 1928.

Idem, Rapport du pasteur Vergara, février 1933..

Idem, mai 1933.

Il le deviendra en 1938, succédant à Wilfred Monod.

Catherine GOGUEL, Jacques POUJOL, op.cit., p. 34